Empereur de Chine
L'empereur de Chine (chinois : çćž ; pinyin : HuĂĄngdĂŹ) Ă©tait le dirigeant de la Chine de la dynastie Qin en -221 et jusqu'Ă la chute de la dynastie Qing en 1912. Les dirigeants de la Chine impĂ©riale prĂ©cĂ©dant les Qin Ă©taient appelĂ©s Wang, ce qui peut se traduire par « roi ». Avant le premier empereur de Chine, Qin Shi Huang, les caractĂšres HuĂĄng (« dieu-roi ») et DĂŹ (« roi sage ») Ă©taient utilisĂ©s sĂ©parĂ©ment et jamais consĂ©cutivement (voir Les trois Augustes et les cinq Empereurs). AprĂšs la dynastie Han, HuĂĄngdĂŹ commença Ă ĂȘtre abrĂ©gĂ© en HuĂĄng ou DĂŹ : les deux sinogrammes avaient perdu leur signification originelle prĂ©-Qin.
Appellation
On ne connaĂźt pas lâorigine des noms le plus souvent monosyllabiques des souverains Xia â dynastie dont lâhistoricitĂ© nâest dâailleurs pas certaine. Les noms des souverains Shang, le plus souvent disyllabiques et se terminant pour la plupart par un caractĂšre des tiges cĂ©lestes, sont probablement des noms posthumes. Les souverains Zhou Ă©taient appelĂ©s wĂĄng (ç), que l'on traduit gĂ©nĂ©ralement par « roi ». En 221 avant JĂ©sus-Christ, aprĂšs que le roi de Qin d'alors eut terminĂ© la conquĂȘte des diffĂ©rents Royaumes combattants qui s'affrontaient, il adopta un nouveau titre pour reflĂ©ter son prestige en tant que souverain plus grand que tous ceux qui l'avaient prĂ©cĂ©dĂ©. Il crĂ©a le nouveau titre de huĂĄngdĂŹ ou « Empereur », et se dĂ©signa lui-mĂȘme sous le nom de ShÇ HuĂĄngdĂŹ, le Premier Empereur. HuĂĄng (ç) nâĂ©tait connu avant les Qin que dans lâexpression sÄn huĂĄng (äžç) « les Trois HuĂĄng », souvent traduit comme « les Trois Augustes », dĂ©signant un groupe Ă composition variable de trois souverains mythiques de la haute AntiquitĂ©. DĂŹ (ćž) apparaĂźt en premiĂšre syllabe du nom posthume de deux souverains Shang et est parfois ajoutĂ© devant le nom de certains souverains de lâantiquitĂ© comme Yao ou Shun.
Le nom personnel de l'empereur n'Ă©tait jamais utilisĂ©. De son vivant, pour s'adresser Ă lui ou le mentionner, on utilisait le terme « empereur » ou des pĂ©riphrases (voir plus bas Questions protocolaires). AprĂšs sa mort il recevait un nom posthume (shĂŹ hĂ o, è«Ąè) et un nom d'ancĂȘtre pour le temple ancestral, appelĂ© « nom de temple » (miĂ o hĂ o, ć»è). Le nom posthume se termine en principe depuis les Han par huĂĄngdĂŹ (çćž) (forme longue) ou dĂŹ (ćž) (forme courte), le nom de temple par zĆng (ćź) « lignĂ©e ancestrale » ou zÇ (ç„) « ancĂȘtre » ; pour le fondateur de la dynastie â ou parfois son pĂšre ou son grand-pĂšre sâil veut les intĂ©grer dans les ancĂȘtres impĂ©riaux â le nom de temple est souvent TĂ izÇ (ć€Șç„) ou GÄozÇ (é«ç„), « haut ancĂȘtre ». Les souverains des dynasties dâorigine Ă©trangĂšre portaient des titres propres Ă leur ethnie, exclusivement ou parallĂšlement aux titres dâempereur chinois, selon quâils Ă©taient ou non sinisĂ©s. NĂ©anmoins, dans la mesure oĂč leur dynastie a Ă©tĂ© intĂ©grĂ©e dans lâhistoire de Chine, presque tous se sont vu attribuer un titre chinois posthume et/ou de temple.
Dans les textes historiques
Le premier empereur Qin et son fils, qui avaient choisi respectivement ShÇ HuĂĄngdĂŹ (ć§çćž) « premier empereur » et Ăr ShĂŹ HuĂĄngdĂŹ (äșäžçćž) « empereur de la deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration », ont vu leur nom prĂ©cĂ©dĂ© de celui de leur dynastie, et souvent raccourci Ă trois syllabes (QĂn ShÇ HuĂĄng 秊ć§ç, QĂn Ăr ShĂŹ 秊äșäž), par les auteurs des gĂ©nĂ©rations postĂ©rieures.
Les historiens contemporains mentionnent parfois les empereurs sous leur nom personnel. Cependant, traditionnellement, ils sont gĂ©nĂ©ralement appelĂ©s de la dynastie Han Ă la dynastie Song par leur nom posthume court ou leur nom de temple, prĂ©cĂ©dĂ© Ă©ventuellement du nom de leur dynastie. Parmi les exceptions notables on compte les souverains de la dynastie Xin considĂ©rĂ©s comme des usurpateurs et les souverains des Trois Royaumes. Les empereurs de la dynastie Yuan sont mentionnĂ©s sous leur nom de temple par les historiens chinois, mais aussi par la transcription de leur titre mongol (ex:Khubilai Khan) par les historiens occidentaux. Les empereurs des dynasties Ming et Qing, qui prirent lâhabitude de ne pas changer dâĂšre durant leur rĂšgne, sont en gĂ©nĂ©ral appelĂ©s du nom de leur Ăšre (ex: empereur Kangxi), mais le nom de temple est aussi utilisĂ© pour les empereurs Ming par les historiens chinois. Les souverains des dynasties dâorigine Ă©trangĂšre sont gĂ©nĂ©ralement mentionnĂ©s dans lâhistoire chinoise par un nom dâempereur chinois posthume ou de temple, mĂȘme si eux-mĂȘmes ou leurs descendants ne lâutilisaient pas.
Nombre d'empereurs
Depuis la dynastie des Qin jusqu'Ă celle des Qing (1644-1912), il y a eu prĂšs de 400 empereurs. Certains se sont proclamĂ©s eux-mĂȘmes empereurs et ont fondĂ© leur propre empire en opposition Ă la lĂ©gitimitĂ© de l'empereur rĂ©gnant, tels que Li Zicheng et Yuan Shu. Tous ces empereurs n'ont pas toujours Ă©tĂ© reconnus comme lĂ©gitimes.
Parmi les empereurs connus, les plus célÚbres sont : Qin Shi Huang (dynastie Qin), l'empereur Wudi de la dynastie Han, l'empereur Taizong (dynastie Tang), Kubilai Khan (dynastie Yuan), l'empereur Kangxi (dynastie des Qing).
Position et pouvoir
Avant que n'apparaissent les empereurs, les dirigeants de la dynastie des Zhou portaient le titre de « Fils du Ciel » (怩ć). Qin Shi HuĂĄngdĂŹ n'utilisa pas ce titre, peut-ĂȘtre parce qu'il impliquait une forme d'autoritĂ© divine supĂ©rieure Ă la sienne ; mais, sous les Han, ce titre fut de nouveau portĂ© et employĂ© dĂšs lors pour tous les souverains Ă venir de la Chine. En tant que reprĂ©sentant du Ciel sur terre, l'empereur exerçait un pouvoir absolu sur toutes les affaires, petites ou grandes, qui se dĂ©roulaient sous le Ciel (怩äž). Son mandat pour gouverner Ă©tait considĂ©rĂ© comme un mandat divin et prĂ©destinĂ©. Contrairement aux relations internationales modernes, l'Empereur de Chine n'Ă©tait pas considĂ©rĂ© en ExtrĂȘme-Orient comme Ă©tant simplement le chef d'un Ă©tat parmi d'autres, mais aussi comme le seul et unique chef suprĂȘme de l'ensemble du monde civilisĂ©.
RĂšgles de succession
Le titre d'empereur Ă©tait hĂ©rĂ©ditaire, et passait traditionnellement de pĂšre en fils, dans chaque dynastie. Il y avait aussi quelques cas oĂč le trĂŽne allait Ă un frĂšre cadet de l'empereur, si celui-ci venait Ă mourir sans hĂ©ritier mĂąle. Par convention, dans la plupart des dynasties, c'Ă©tait le fils aĂźnĂ© de l'impĂ©ratrice (ć«Ąé·ć) qui succĂ©dait Ă son pĂšre sur le trĂŽne. Dans quelques cas, lorsque l'impĂ©ratrice n'avait pas eu d'enfants, elle adoptait un fils comme le sien (tous les enfants de l'empereur Ă©taient rĂ©putĂ©s ĂȘtre les enfants de l'impĂ©ratrice, quelle qu'ait Ă©tĂ© la mĂšre gĂ©nĂ©tique). Dans certaines dynasties, la succession du fils aĂźnĂ© de l'empereur Ă©tait contestĂ©e, et comme de nombreux empereurs eurent un nombre d'enfants trĂšs important, il y eut des guerres de succession entre fils rivaux. Pour Ă©viter ce genre de situation, l'empereur, alors qu'il Ă©tait encore vivant, dĂ©signait souvent un dauphin, le Prince de la couronne (ć€Șć). MĂȘme ainsi, la jalousie et la mĂ©fiance venaient souvent perturber une succession ainsi prĂ©parĂ©e, soit que le Prince de la couronne complote contre l'empereur, ou que les frĂšres complotent les uns contre les autres. Certains empereurs, tel l'empereur Yongzheng, aprĂšs avoir aboli la position de Prince de la couronne, placĂšrent leur testament politique dans une boĂźte scellĂ©e, Ă n'ouvrir qu'aprĂšs leur mort.
Questions protocolaires
Comme l'empereur avait, de par la loi, une position de pouvoir absolu que nul ne pouvait contester, ses sujets devaient lui tĂ©moigner le respect le plus absolu en sa prĂ©sence, que ce soit lorsqu'on lui adressait la parole ou en toute autre circonstance. Lors d'une conversation avec l'empereur, il Ă©tait considĂ©rĂ© comme criminel de se comparer Ă l'empereur de quelque façon que ce soit. Il Ă©tait formellement interdit de s'adresser Ă l'empereur par son nom personnel, mĂȘme lorsque c'Ă©tait la propre mĂšre de l'empereur qui s'adressait Ă lui ; celle-ci devait alors s'adresser Ă lui en utilisant le terme HuĂĄngdĂŹ (empereur), ou simplement Er (fils). Il Ă©tait interdit de s'adresser Ă l'empereur en lui disant « vous ». Quiconque parlait Ă l'empereur devait utiliser des termes tels que Bixia (éäž), correspondant à « Votre MajestĂ© ImpĂ©riale », Huang Shang (çäž, littĂ©ralement : Empereur d'En Haut, ou Altesse ImpĂ©riale, Tian Zi (怩ć, littĂ©ralement : Fils du Ciel), ou Sheng Shang (èäž, littĂ©ralement : DivinitĂ© d'En Haut, ou Altesse Sainte).
Les serviteurs s'adressaient souvent Ă l'empereur en disant Wan Sui Ye (èŹæČçș, littĂ©ralement : Seigneur des Dix Mille Ans). Quant Ă l'empereur, lorsqu'il parlait de lui-mĂȘme devant ses sujets, il utilisait le mot Zhen (æ), que l'on peut traduire par « Nous » ; c'Ă©tait lĂ une pratique rĂ©servĂ©e au seul empereur.
Famille impériale
La famille impĂ©riale Ă©tait formĂ©e de l'empereur, qui en Ă©tait le chef, et de l'impĂ©ratrice (çć) en tant que premiĂšre Ă©pouse et MĂšre de la nation (ćæŻ). De plus, l'empereur avait d'autres Ă©pouses et des concubines, qui figuraient par ordre d'importance dans un harem, oĂč l'impĂ©ratrice rĂ©gnait sans partage. Chaque dynastie avait ses propres rĂšgles concernant la constitution numĂ©rique du harem. Pendant la dynastie Qing (1644-1912), par exemple, le protocole impĂ©rial prĂ©voyait qu'Ă n'importe quel moment il devait y avoir une impĂ©ratrice, une Huang Guifei, deux Guifei, quatre fei, et six pin, plus un nombre illimitĂ© d'autres Ă©pouses et concubines. Bien que l'empereur eut le statut le plus Ă©levĂ© de par la loi, la tradition voulait que la mĂšre de l'empereur, c'est-Ă -dire l'impĂ©ratrice douairiĂšre (çć€Șć), Ă©tait en gĂ©nĂ©ral la personne la plus respectĂ©e du palais et prenait les dĂ©cisions dans la plupart des affaires de famille. Parfois, en particulier lorsqu'un jeune enfant montait sur le trĂŽne, l'impĂ©ratrice douairiĂšre gouvernait de facto. Les enfants de l'empereur, les princes (çć) et les princesses (ć Źäž»), Ă©taient souvent appelĂ©s selon leur rang de naissance, par exemple « Fils AĂźnĂ© », ou « TroisiĂšme Princesse », etc.
Dynasties impériales de Chine
- Dynastie Zhou (-1047 ; -256)
- Dynastie Qin (-221 ; -207)
- Empereurs de la dynastie Han (-202 ; 220)
- Empereurs du Royaume de Wei (220-265)
- Empereurs du Royaume de Wu (229-280)
- Empereurs du Royaume de Shu (221-265)
- Empereurs de la dynastie Jin (265-420)
- Empereurs des Dynasties du Nord et du Sud (317-589)
- Empereurs de la Dynastie Sui (581-619)
- Empereurs de la Dynastie Tang (618-907)
- Wu Zetian (seule monarque de la seconde dynastie Zhou) (690-705)
- Empereurs de la période des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes (907-979)
- Empereurs de la dynastie Song (960-1279)
- Dynastie Liao (907-1125)
- Dynastie des Xia occidentaux (1032-1227)
- DeuxiĂšme dynastie Jin (1115-1234)
- Empereurs de la dynastie Yuan (1279-1368)
- Empereurs de la dynastie Ming (1368-1662)
- Li Zicheng (seul monarque de la dynastie Shun) (1606-1644)
- Empereurs de la dynastie Qing (1644-1912)