AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Wu Zetian

Wu Zetian (chinois simplifiĂ© : æ­Šćˆ™ć€© ; chinois traditionnel : æ­Šć‰‡ć€© ; pinyin : Wǔ ZĂ©tiān ; Wade : WuÂł TseÂČ-t'ienÂč), nĂ©e le Ă  Lizhou et morte le , fut la seule impĂ©ratrice rĂ©gnante de toute l'histoire de Chine[1]. Le titre et la fonction d'empereur de Chine Ă©taient exclusivement rĂ©servĂ©s, dans le systĂšme impĂ©rial, aux hommes, les femmes ne pouvant exercer le pouvoir que provisoirement, dans le cadre d'une rĂ©gence ou d'un inter-rĂšgne, sans avoir le titre d'empereur et assistĂ©es le plus souvent d'un conseil de rĂ©gence. Seule, Wu Zetian fonda sa propre dynastie, la dynastie Zhou (摹) deuxiĂšme du nom, dont elle fut, sous le nom d'« empereur saint et suprĂȘme » (è–ç„žçš‡ćž, ShĂšngshĂ©n huĂĄngdĂŹ) de 690 Ă  705, la seule monarque.

Wǔ ZĂ©tiān
æ­Šćˆ™ć€©
Image illustrative de l’article Wu Zetian
Portrait de Wu Zetian.

Naissance
Lizhou, Sichuan
DĂ©cĂšs
Luoyang
Nom de famille Wǔ (æ­Š)
PrĂ©nom Zhao (曌) puis Mei (ćȘš)
Dates 1er rùgne —
Dynastie Dynastie Zhou (en)
Nom posthume
(complet)
Zetian Shunsheng (ć‰‡ć€©é †è–çš‡ćŽ)
Nom posthume
(court)
Zetian (扇怩皇搎)

Son ascension et son rĂšgne sont fortement critiquĂ©s par les historiens confucianistes. Les annales des Tang hĂ©sitent entre le silence sur son long rĂšgne et l’entretien Ă  son sujet d’une lĂ©gende noire. Certains aspects de son rĂšgne ont Ă©tĂ© rĂ©Ă©valuĂ©s en Chine Ă  partir des annĂ©es 1950, aprĂšs l'accession au pouvoir du Parti communiste.

(Dates indiquées selon le calendrier julien.)

Les origines de Wu Zetian

L’époque des Tang Ă©tait une Ă©poque relativement libre pour les femmes de Chine. Parce que la culture et l’éducation se transmettaient alors plus gĂ©nĂ©reusement aux filles, il ne fut pas rare de voir des femmes contribuer aux arts picturaux, poĂ©tiques ou littĂ©raires voire Ă  la politique. Il n’est donc pas Ă©tonnant que la future impĂ©ratrice ait Ă©tĂ© initiĂ©e aux Ɠuvres classiques, Ă  la peinture, la danse, la musique et Ă  la poĂ©sie. La tradition la fait naĂźtre en 625 Ă  Chang an, capitale de l’Empire mais les annales indiquent que son pĂšre Ă©tait magistrat dans le Sichuan lors de sa naissance. Son prĂ©nom n'est pas mentionnĂ© dans les annales officielles. Comme elle se donna plus tard le nom de Wu Zhao (歊曌), pour lequel elle fit crĂ©er un caractĂšre jusqu'alors inexistant, on a avancĂ© l'hypothĂšse qu'elle avait Ă©tĂ© prĂ©nommĂ©e Zhao (照).

Son pĂšre, Wu Shiyue (æ­ŠćŁ«ćœ ) (577-635), un maĂźtre d'Ɠuvre, avait su se faire des relations dans l'exercice de son travail. Il avait ainsi accĂ©dĂ© Ă  un poste de sous-officier, puis s'Ă©tait distinguĂ© lors de la campagne militaire de 617, obtenant finalement le titre enviable de duc de Taiyuan (ć€Ș掟郡慬, TĂ iyuĂĄn jĂčngƍng) (Shanxi), rĂ©gion d'origine de la famille Wu (Wenshui 文氎, district de Bingzhou ćč¶ć·ž). L'empereur Gaozu lui aurait fait Ă©pouser en secondes noces une femme approchant la quarantaine, fille d'un parent de la famille impĂ©riale Sui nommĂ© Yangda (愊達). Elle donna le jour Ă  trois filles dont Wu Zetian. Devenue veuve, il semble qu'elle n'ait guĂšre reçu de soutien de la part de sa famille d'origine et encore moins de ses demi-frĂšres.

Wu Zetian fut la seule impĂ©ratrice rĂ©gnante de Chine[2], fonda sa propre dynastie, les Zhou (摹) et rĂ©gna sous le nom d'« empereur Shengshen » (è–ç„žçš‡ćž, ShĂšngshĂ©n huĂĄngdĂŹ) de 690 Ă  705. C’était une femme dite dotĂ©e d'un grand charme et d'un tempĂ©rament ferme.

Son ascension vers le trĂŽne sur un chemin d’intrigues constellĂ© de sang, et son rĂšgne marquĂ© par la terreur et de nombreux outrages Ă  la tradition furent l’objet de critiques virulentes des historiens confucianistes, mais certains aspects en ont Ă©tĂ© rĂ©Ă©valuĂ©s Ă  partir des annĂ©es 1950, notamment par les historiens communistes.

De concubine à impératrice

La famille Wu s'Ă©tait Ă©levĂ©e au-dessus de la condition ordinaire, mais l'ascension du pĂšre Ă©tait trop rĂ©cente pour en faire une authentique grande famille. C'est donc en concubine de modeste extraction aux yeux de la cour qu'Ă  douze ans elle accĂšde au harem de Taizong avec le grade de « talentueuse » (才äșș, cĂĄirĂ©n), l'un des plus bas. Selon la tradition, elle reçoit un nouveau prĂ©nom : elle sera dĂ©sormais Mei (ćȘš). Il semble que, dĂšs cette pĂ©riode, elle entretĂźnt une relation privilĂ©giĂ©e avec le prince hĂ©ritier Li Zhi, futur empereur Gaozong. Le , l’empereur dĂ©cĂšde des suites d’une longue maladie contractĂ©e en 645 et Wu, ainsi que toutes les « veuves » sans enfant, sont envoyĂ©es dans un monastĂšre[3]. Elle restera au temple de Ganyesi (æ„Ÿæ„­ćŻș) jusqu’à ses 28 ans, c'est-Ă -dire pendant environ trois ans ; pour les sinologues Danielle Elisseeff et Barbara Benett Peterson, ce n’est qu’à l’occasion d’un pĂšlerinage dans ce temple que le jeune empereur Gaozong remarquera Wu pour la premiĂšre fois, dĂ©plorant que « la rigueur de la tradition gĂąche sans discernement les richesses de la nature », mais il est permis de douter d’une rencontre aussi romanesque qu’improbable, juste Ă  la fin de la pĂ©riode de deuil. Quoi qu'il en soit, en tant qu’ancienne concubine de son propre pĂšre, il ne saurait en faire la sienne sans commettre d’inceste. Cependant, Ă  cette Ă©poque, la cour des Tang subissait l’influence des coutumes « barbares » (le lĂ©virat mongol) au point que le tabou d’un tel procĂ©dĂ© Ă©tait sinon effacĂ© du moins bien diminuĂ© : « Chez les nomades, on n’écartait jamais les femmes ; le mĂąle survivant, frĂšre ou fils, les prenait toutes en charge[4] ». Par ailleurs la premiĂšre Ă©pouse, l'impĂ©ratrice Wang (王皇搎, WĂĄng huĂĄnghĂČu), issue de la famille Wang , encore stĂ©rile, en voulait « Ă  la terre entiĂšre » et craignait que le jour oĂč le Fils du Ciel dĂ©signerait son successeur ne marquĂąt la fin de son titre d'impĂ©ratrice. Elle voit alors en Dame Wu, dont elle sait la beautĂ© remarquĂ©e, un moyen de saper l’influence de Xiaoshufei (è•­æ·‘ćŠƒ), la seconde Ă©pouse auprĂšs du Fils du Ciel ; elle la fait donc sortir de sa retraite forcĂ©e, sachant que son mari lui aurait vantĂ© les charmes inemployĂ©s.

Quand le jeune empereur Gaozong l'a revue, il serait devenu fou au point de nĂ©gliger les questions de sa succession. Il chasse les conseillers opposĂ©s Ă  son engagement avec cette femme, et l’accueille dans son gynĂ©cĂ©e Ă  nouveau avec le rang de cairen (才äșș, cĂĄirĂ©n). Dans un premier temps, le projet de la premiĂšre fonctionne et Xiaoshufei tombe en disgrĂące. Mais elle sous-estime l’ambition de Wu. Depuis son retour au palais Ă  28 ans, elle a consacrĂ© beaucoup de temps Ă  nouer des alliances au sein du palais. Tandis que sa faveur auprĂšs de Gaozong grandit, elle se tisse un rĂ©seau de fidĂšles et rallie les ennemis de l'impĂ©ratrice. Toujours concubine, son grade s'est Ă©levĂ© cependant. AccĂ©dant au rang de zhaoyi (æ˜­ć„€, zhāoyĂ­), elle est dĂ©sormais la cinquiĂšme dame du palais dans la hiĂ©rarchie du gynĂ©cĂ©e, et la premiĂšre pour l'influence auprĂšs de Gaozong.

Toutefois, son premier enfant est une fille. Wu Zetian l'aurait Ă©touffĂ©e de ses propres mains peu aprĂšs avoir reçu la visite de l'impĂ©ratrice (mais ce n’est pas prouvĂ©), et l'empereur, qui lui rend visite juste aprĂšs, dĂ©couvre le bĂ©bĂ© mort. Wu est surprise (ou feint la surprise) en laissant accuser ses suivantes qui rejettent la faute sur l'impĂ©ratrice[3]. L'impĂ©ratrice est rĂ©pudiĂ©e, et Wu Zetian prend sa place. Apprenant que l'empereur continue de la visiter en secret, elle fait couper les mains et les pieds Ă  sa rivale.

Dame Wu aurait nĂ©anmoins passĂ© par la suite ses nuits Ă  pratiquer des rituels magiques pour se dĂ©barrasser des deux fantĂŽmes dont elle se croyait hantĂ©e. Elle avait toutefois obtenu ce qu'elle souhaitait : l'Empereur lui accorde la place tant convoitĂ©e de premiĂšre Ă©pouse malgrĂ© les objections des conseillers, qui lui donnĂšrent alors le titre de Zetian, littĂ©ralement : « selon la volontĂ© du Ciel ». Elle est alors ĂągĂ©e de 32 ans. Depuis le retour du monastĂšre, il ne lui aura fallu que quatre ans pour parvenir au plus haut degrĂ© de l’État accessible Ă  une femme. Ce n'est cependant pas la fin de son ascension, malgrĂ© les limites que lui imposerait son statut de femme dans la Chine de l'Ă©poque.

C'était, semble-t-il, une belle grosse femme dont on peut découvrir aujourd'hui le visage replet dans une niche des grottes de Longmen, à Luoyang, Henan. Ses caractéristiques physiques semblent refléter ou infléchir le modÚle de l'esthétique féminine en vigueur, sous les Tang et les Cinq Dynasties, depuis son rÚgne[5].

Maitreya au visage attribué à Wu Zetian. Grottes de Longmen[6].

D'impératrice consort à impératrice régnante

Par la suite, son ascendant sur l’empereur ne fera que s’accroĂźtre, Ă  mesure que la santĂ© fragile de l’empereur commence Ă  se dĂ©grader, cinq ans aprĂšs que Wu Zetian ait commencĂ© Ă  siĂ©ger Ă  ses cĂŽtĂ©s. À la cour, elle gagne de l'importance en faisant tuer les mandarins qui s'opposent Ă  elle[3].

Elle s'illustre en repoussant les traditions confucianistes qu'elle ressent comme une insulte et une humiliation. C'est au cours du rituel de sacrifice fengshan (氁çŠȘ, fēngshĂ n) de l’annĂ©e 666 qu'elle saisit l'occasion de le signifier Ă  la cour. En effet, traditionnellement, l’empereur effectue chaque annĂ©e un rituel sacrificiel au ciel et Ă  la terre, destinĂ© Ă  attirer la bienveillance cĂ©leste sur les rĂ©coltes de l'empire. Mais Wu Zetian fait valoir que si le ciel est associĂ© au masculin selon les croyances en vigueur, la terre est associĂ©e au fĂ©minin. Elle dĂ©clare donc que c'est Ă  une femme de procĂ©der au sacrifice Ă  la terre. C'est un mouvement adroit de sa part : rien dans la tradition ne mentionnait la nĂ©cessitĂ© qu’un sexe ou l’autre procĂ©dĂąt au rituel, qui Ă©tait l'attribution exclusive de l'Empereur, seul lien entre le Ciel et la Terre. Aucun des conseillers, ni des lettrĂ©s impĂ©riaux par consĂ©quent, ne peut s'y opposer frontalement. Et dans ces conditions, l'empereur tranche en faveur de la demande de Wu Zetian : il abandonne le rituel de la terre, permettant ainsi chaque annĂ©e Ă  Wu Zetian de montrer son importance et sa nĂ©cessitĂ© au bon fonctionnement de l’Empire. Une autre de ses rĂ©clamations concerne le titre de l’impĂ©ratrice ; arguant que l’Empereur est appelĂ© Fils du Ciel (怩歐, Tiānzǐ), son alter ego fĂ©minin devait ĂȘtre appelĂ©e logiquement ImpĂ©ratrice CĂ©leste (怩搎, TiānhĂČu). Encore une fois, elle ne rencontra pas d'opposition.

Dans un document rĂ©sumant ses « douze propositions » (ć»șèš€ćäșŒäș‹, jiĂ nyĂĄn shĂ­'ĂšrshĂŹ), elle liste plusieurs suggestions politiques assez variĂ©es : elle prĂ©conise une baisse des impĂŽts, des efforts en direction de l'agriculture, l'encouragement de l'expression des opinions de diffĂ©rentes sources. Elle a aussi ƓuvrĂ© pour le statut des femmes.

Une impératrice féministe ?

D’aprĂšs Sherry J. Mou[7], si elle se montre particuliĂšrement cruelle envers ses opposants, elle n'est jamais « proto-fĂ©ministe » Ă  travers les rĂ©formes sociales que son gouvernement promulgue. Elle fait pourtant beaucoup pour les femmes, leur Ă©ducation, leur bien-ĂȘtre et leur accĂšs aux examens et aux postes officiels[8]. Ses « douze dĂ©crets » ou « douze propositions » disposent, dĂšs 674, qu’il faut harmoniser les relations entre belles-sƓurs, organiser des funĂ©railles publiques pour les femmes sans-abri, prendre soin des veuves, organiser des centres de soins pour femmes, des hospices pour vieilles femmes, des maisons pour les jeunes filles et des temples pour les nonnes vouĂ©es Ă  la chastetĂ©[2]. La proposition la plus significative, ou du moins celle qui provoqua le plus les autres membres de la cour fut l’augmentation Ă  trois ans de la pĂ©riode de deuil pour rendre hommage Ă  la mort de la mĂšre, Ă  l’égal de celle du pĂšre, que celui-ci fut vivant ou non[2]. Wu Zetian ne parvient d'ailleurs Ă  imposer ce dĂ©cret qu'au moyen de pressions pĂ©cuniaires.

Mais malgrĂ© les oppositions et les dĂ©bats qu'elle suscite, la nouvelle impĂ©ratrice se fait Ă©galement remarquer sous un jour diffĂ©rent : trĂšs impliquĂ©e dans la gestion politique, elle soutient de nombreux projets et rĂ©formes d'ordre social. Entre autres : une baisse des impĂŽts pour encourager le travail agraire des hommes et la sĂ©riciculture des femmes, ainsi qu'une opposition aux corvĂ©es qu’elle souhaite proscrire (simples travaux de voirie ou service militaire). Elle veut aussi diminuer l’importance de l’armĂ©e, afin de la garder seulement comme un moyen d’« Ă©ducation morale » pour le peuple. Elle favorise une plus libre expression des critiques, dans le but de mieux repĂ©rer ses contestataires.

Derniers renforcements du statut

Afin de parachever la promotion sociale de sa famille, elle fait inscrire le clan Wu parmi ceux de premiĂšre importance dans les registres des « Grandes Familles » (ć§“æ°éŒ„, xĂŹngshĂŹlĂč) en changeant le « Livre des Clans » en « Livres des Noms » ; contre les traditions impĂ©riales.

Des quatre fils qu'elle a donnĂ©s Ă  Gaozong, les deux premiers sont trĂšs apprĂ©ciĂ©s de l'empereur et des ministres. Ils seront successivement dĂ©signĂ©s prince hĂ©ritier, mais Wu Zetian les Ă©carte du pouvoir. L'aĂźnĂ©, Li Hong (æŽćŒ˜), meurt empoisonnĂ©, le second, Li Xian (æŽèłą), est assassinĂ© aprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©gradĂ© et banni. C'est Ă  leur mĂšre que les historiens chinois attribuent ces morts[9].

Le troisiĂšme fils, plus acquis Ă  sa mĂšre, accĂšde Ă  son tour au rang de prince hĂ©ritier. Il devient un temps empereur Ă  la mort de son pĂšre en 683 sous le nom de Zhongzong (攐侭漗), mais Wu Zetian reste chargĂ©e de la politique comme Gaozong l'avait stipulĂ© dans ses derniĂšres volontĂ©s. Peu aprĂšs, Zhongzong, prenant trop de libertĂ© au goĂ»t de sa mĂšre, est dĂ©mis par elle et remplacĂ© par son jeune frĂšre, Ruizong (攐睿漗)[9].

Mort de l'Empereur Gaozong

Les Annales de la Cour racontent comment l'Ă©puisement chronique du jeune empereur Ă©volua en une maladie qui lui coĂ»ta la vie : « Sa tĂȘte enfla et il devint comme aveugle. Son mĂ©decin offrit de ponctionner les parties tumĂ©fiĂ©es. Wu Zetian s’écria que porter la main sur la face de l’empereur Ă©tait un crime de lĂšse-majestĂ© passible de mort. Le mĂ©decin tint bon, pratiqua les ponctions et la vue de l’empereur se dĂ©gagea [
]. Feignant alors d’ĂȘtre ravie, elle courut chercher cent piĂšces de soie qu’elle offrit elle-mĂȘme par brassĂ©es au mĂ©decin. Mais un mois plus tard, on apprit que l’Empereur Ă©tait retombĂ© soudainement malade et qu’il venait de dĂ©cĂ©der sans tĂ©moin () ». Selon une interprĂ©tation rĂ©pandue de ce passage, il est envisageable que les auteurs laissent planer un soupçon sur la responsabilitĂ© de Wu Zetian dans la mort de l’empereur.

Un « destin écrit d'avance »

Wu Zetian prĂ©pare d'ores et dĂ©jĂ  son accession Ă  la position d'empereur. Elle change le nom de Luoyang en Shendu (焞郜, ShĂ©ndƍu), dĂ©voilant ainsi son intention de dĂ©placer la capitale de l'empire, et attribue de nouveaux titres aux fonctionnaires du palais. L'intention qui se cache derriĂšre ces transformations n'Ă©chappe pas Ă  un certain nombre d'opposants qui cherchent Ă  y mettre fin. En 684, elle doit faire rĂ©primer une rĂ©volte menĂ©e par Xujingye (ćŸæ•Źæ„­), un dignitaire banni.

Cherchant dĂ©jĂ  une lĂ©gitimation spirituelle, en Wu Zetian commence sa propagande personnelle : elle demande Ă  son neveu du clan Wu de faire graver une stĂšle de huit caractĂšres (è–æŻè‡šäșșïŒŒæ°žæ˜Œćžæ„­, shĂšngmǔ lĂ­nrĂ©n, yǒngchāng dĂŹyĂš) oĂč on peut lire : « La sage mĂšre est descendue sur la terre » Ă©galement traduit : « avĂšnement d'une sainte mĂšre qui reprendra avec Ă©clat la fonction impĂ©riale ». Puis elle fait en sorte que la stĂšle soit trouvĂ©e dans la riviĂšre Luo, dont serait jadis « sortis » dit-on les symboles du Yi Jing. Ses partisans voulurent accrĂ©diter l'idĂ©e que Wu Zetian Ă©tait investie du Mandat CĂ©leste. Elle change alors le nom de l'Ăšre en Yongchang (氞昌) : Ă©ternitĂ© et prospĂ©ritĂ© ; il y aura ainsi dix-huit changements d'Ăšre durant son rĂšgne. Elle se fait attribuer par Ruizong et les ministres l'appellation rĂ©vĂ©rencielle de « Sainte mĂšre et empereur divin » (è–æŻç„žçš‡, ShĂšngmǔ shĂ©nhuĂĄng). Pour mieux imprimer sa marque, elle fait Ă©galement crĂ©er par le lettrĂ© Zong Qinke une dizaine de nouveaux caractĂšres qui devront remplacer les sinogrammes d'origine.

Enfin en 690, le jour de la fĂȘte du double neuf, elle dĂ©grade Ruizong au rang de simple prince hĂ©ritier et s’auto-proclame « empereur de la dynastie Zhou » (摹), prĂ©tendant descendre de l'antique dynastie Zhou, dont elle fait le premier roi, Wenwang, le fondateur de sa propre dynastie sous le nom d'empereur Shizuwen (ć§‹ç„–æ–‡çš‡ćž, ShǐzǔwĂ©n huĂĄngdĂŹ). Quant Ă  son propre pĂšre, elle le fait nommer empereur Xiaoming (ć­æ˜Žé«˜çš‡, XiĂ omĂ­ng gāohuĂĄng) Ă  titre posthume et prend elle-mĂȘme le nom de rĂšgne d’empereur Shengshen (è–ç„žçš‡ćž, ShĂšngshĂ©n huĂĄngdĂŹ). Son neveu prĂ©fĂ©rĂ©, Wu Chengsi (æ­Šæ‰żć—Ł), reçoit Ă©galement un titre.

Wu Zetian et le bouddhisme

AprĂšs avoir Ă©tĂ© nommĂ©e impĂ©ratrice en 690, elle se fait dĂ©cerner le titre de « Roue d’or, Divine ImpĂ©ratrice de Sagesse ». Ses titres variĂšrent au cours des annĂ©es : la Roue d’or Éternelle, la Divine Roue d’or DouĂ©e, et mĂȘme Maitreya, c'est-Ă -dire le Bouddha-Ă -venir, sorte de Messie Bouddhique. La nouvelle fut colportĂ©e par l’entremise des moines qui, la mĂȘme annĂ©e, Ă©crivent un commentaire du Sutra du Nuage SupĂ©rieur dans lequel ils prĂ©sentent l’impĂ©ratrice comme l’incarnation terrestre de Maitreya. Wu Zetian fait alors construire le MonastĂšre du Nuage SupĂ©rieur oĂč Maitreya allait ĂȘtre l’icĂŽne la plus reprĂ©sentĂ©e. Le bouddha gĂ©ant de Dunhuang, site appelĂ© aussi grottes de Mogao ou grottes des 1000 bouddhas (patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987) dans la grotte no 96 est dit-on reprĂ©sentĂ© avec les traits de l’impĂ©ratrice et le bouddha Vairocana de la grotte de Fengxian Ă  Longmen sont autant de reliefs du rĂšgne trĂšs marquĂ© par le bouddhisme de Wu Zetian.

Le bouddhisme trouve un puissant promoteur en l’ImpĂ©ratrice Wu Zetian. En cooptant le bouddhisme, Wu contrebalance le taoĂŻsme qu’embrassait totalement le clan royal d’alors, une maniĂšre pour elle de s’affranchir encore de la lĂ©gitimitĂ© de la famille royale Li, le clan fondateur des Tang, en allant chercher dans sa propre famille les fondements de son Empire. Victime des moyens par lesquels elle s'est hissĂ©e au sommet de l’empire - la superstition - elle craignait toujours les prĂ©sages et les augures autant que les traĂźtrises et les coups d’État. De 401 Ă  690, le Shazhou Tujing (æČ™ć·žćœ–ç¶“, « GĂ©ographie du district de Sha ») enregistre trente prĂ©sages de bon augure dont dix sous le rĂšgne de Wu Zetian : une forte concentration quand son rĂšgne effectif n’a pas durĂ© trente ans. Au moment de sa prise de rĂšgne par exemple, de nombreuses provinces signalent que des poules se sont changĂ©es en coqs, comme pour marquer l’accord du ciel Ă  son coup d’état[2].

L’intĂ©rĂȘt de Wu Zetian pour le bouddhisme est peut-ĂȘtre sincĂšre et pas uniquement politique : Wu Zetian fait faire plusieurs milliers de copies du SĆ«tra du Lotus Ă  la mort de sa mĂšre afin que les moines de tous les temples de l’Empire se recueillent dans un deuil bouddhique[10]. En 657, la cour impĂ©riale publie un dĂ©cret qui dispense les moines de rendre hommage Ă  leurs parents ; c'est un changement marquant : Ă  l'opposĂ© du cadre familial du confucianisme, trĂšs prĂ©sent dans le pays, le bouddhisme impose aux moines de quitter leur famille et de pratiquer l’abstinence sexuelle. Puis, cinq ans plus tard, elle change de politique : la cour dĂ©crĂšte Ă  nouveau que les moines doivent rendre les hommages coutumiers Ă  leurs parents. Une premiĂšre supposition Ă  cette dĂ©cision serait que Wu Zetian a dĂ» cĂ©der aux pressions des conservateurs; tandis qu'une seconde la dĂ©peindrait comme envisageant sa propre fin, et donc, Ă  son fils et son Ă©ventuel hommage posthume - le rĂšgne de Wu Zetian ayant fortement renforcĂ© le deuil de la MĂšre dans la piĂ©tĂ©. En 684, la cour dĂ©cide que la mĂšre de Laozi serait vĂ©nĂ©rĂ©e comme l’ImpĂ©ratrice Choisie des Anciens Temps (ć…ˆć€©ć€Ș搎, xiāntiān tĂ ihĂČu). Autre fait marquant : elle accorde son soutien au pĂšlerin Yin Ling qui ramĂšne des textes sanscrits aprĂšs une pĂ©rĂ©grination de 24 annĂ©es et qui consacra le reste de sa vie Ă  traduire les textes qu’il avait ramenĂ©.

Cependant, l'annĂ©e 695 marque un tournant dans l’attitude de Wu Zetian vis-Ă -vis du bouddhisme ; elle abandonne cette annĂ©e le titre de Maitreya qu’elle ne portait alors que depuis sept mois ; pour se concentrer davantage sur l’aspect mĂ©ditatif et scolastique de cette spiritualitĂ©, sous la tutelle de Fa Xiang (643-712) et Shen Xiu (600-706), respectivement des courants Huayan et Chan. Mais, comme les fidĂšles de Confucius, les bouddhistes lui refusent une totale Ă©galitĂ© sexuelle. En effet, selon le SĆ«tra du Lotus chapitre 11 : « Apparition d'un temple » : « [...] C'est qu'une femme ne peut obtenir, mĂȘme aujourd'hui, les cinq places. Et quelles sont ces cinq places ? La premiĂšre est celle de BrahmĂą ; la seconde, celle de Çakra ; la troisiĂšme, celle de grand roi ; la quatriĂšme, celle de monarque universel ; la cinquiĂšme, celle d'un ĂȘtre d'Éveil incapable de retourner en arriĂšre. »

Wu Zetian et le taoĂŻsme

Jusqu’en 687, elle accorde une importance marquĂ©e au taoĂŻsme dont les conceptions sur les pratiques sexuelles justifient, pour la prĂ©servation de sa santĂ©, qu’elle ne se contente pas de l’empereur et se constitue, Ă  l'instar des empereurs hommes, un harem Ă  sa convenance. NĂ©anmoins, en 686, de nombreuses protestations visant le « matriarcat » aurait commencĂ© Ă  modifier sa position. Certains spĂ©cialistes de l’Histoire des Tang Ă©voquent une rumeur selon laquelle les autoritĂ©s bouddhistes l’auraient acquise Ă  leur cause en lui envoyant un moine qui lui expliqua les principes de la mĂ©tempsycose et des Trois illusions, de sorte que l'impĂ©ratrice pense ĂȘtre la rĂ©incarnation d’un bodhissattva. SĂ»re de renaĂźtre un jour dans le Paradis de l’Ouest, son ambition se dĂ©cuple : en 688, profitant de la rĂ©bellion des princes de sang, instiguĂ©e par Lo-Ping Wang, elle fait mettre Ă  mort du mĂȘme coup, selon les Annales, plus de 3 000 personnes au sein de la famille royale.

Mais voyant sa santé décroßtre, elle retourne dix ans plus tard vers les moyens de préservation de la vie professés par le taoïsme et fait rénover le temple de l'immortel Wang Zijin.

Sa politique intérieure et extérieure

Elle continue de mettre en place sa politique autocratique, entre despotisme et décisions plus modérées.

Elle fait revenir le recrutement des fonctionnaires Ă  une sĂ©lection sur examen, dont l'instauration avait Ă©tĂ© Ă©bauchĂ©e sous les Sui ; systĂšme dans lequel l'origine familiale du candidat n'est plus un critĂšre. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, elle recrute et promeut ses conseillers et ministres sans considĂ©ration de l'appartenance clanique. Sur l'avis d'un conseiller, elle met en place un systĂšme (銅挭, tĂłngguǐ) de dĂ©lation, sous la forme de quatre urnes placĂ©es au palais oĂč l'on peut venir dĂ©poser des messages avertissant de situations mettant le rĂ©gime en danger. Un document prĂ©cise que ces informateurs doivent ĂȘtre traitĂ©s avec Ă©gard lors de leur voyage vers et depuis la capitale.

ParallĂšlement, elle emploie des « inquisiteurs » (é…·ć, kĂčlĂŹ) chargĂ©s d'obtenir des informations de ses ennemis, sans restriction de mĂ©thode - ce qui les autorise Ă  pratiquer la torture - et de les exĂ©cuter. Parmi ces ennemis, se trouvent en particulier les membres et partisans du clan Li, fondateur des Tang. Ce rĂ©gime subsistera une dizaine d'annĂ©es, Ă  l'issue desquelles Wu Zetian fera exĂ©cuter les inquisiteurs eux-mĂȘmes pour se laver aux yeux de l'opinion de sa part de responsabilitĂ© dans cette institution.

C’est par ailleurs sous son rĂšgne que la Chine recouvre en 692 les quatre garnisons du Tarim : Kartcha, Karachahr, Kachgar et Khotan ; en rĂ©ponse, les Turcs attaquent sans relĂąche les provinces du Shanxi, du Shaanxi, du Gansu et du Hebei. Presque chaque annĂ©e, les Kouchans mĂšnent des razzia sur la Chine de l’Ouest. « En ce temps-lĂ , chez nous, les esclaves Ă©taient eux-mĂȘmes propriĂ©taires d’esclaves tant nous avions fait d’expĂ©ditions victorieuses »; cette inscription Turque de Kocho-TsaĂŻdam tĂ©moigne de l'Ă©tat rĂ©pĂ©tĂ© des attaques menĂ©es contre la Chine. L'impĂ©ratrice Wu comprit la nĂ©cessitĂ© d'apaiser les Turcs pour faire cesser les razzias et gagner un appui contre les ennemis de l’ouest. Mais le souverain turc BĂšktchor renvoie l’ambassade dĂ©pĂȘchĂ©e sur place, en proposant d'unir sa fille au neveu de Wu Zetian. Il n'acceptera de rĂ©server sa fille Ă  l’empereur qu'il estime lĂ©gitime, et exige que ce dernier soit restaurĂ©. L’impĂ©ratrice feint alors de reconnaĂźtre les droits de son fils Zhonggong, mais continue de rĂ©gner en autocrate.

Vers une dynastie propre

NĂ©anmoins, un obstacle inhĂ©rent aux conceptions sociales et familiales de son rang remet encore en question sa suprĂ©matie complĂšte : si une femme peut de son vivant se dĂ©barrasser de la famille de son mari et diriger seule un pays, une fois morte, elle se range immanquablement parmi les ancĂȘtres du clan marital et non de son clan de naissance. Or, Wu Zetian souhaite obtenir la reconnaissance intĂ©grale de sa position, y compris aprĂšs sa mort. Depuis son accession au trĂŽne, elle Ɠuvre Ă  l'effacement de la famille Li. Cette logique la conduit au nĂ©potisme : elle promeut les hommes de son clan d'origine, Wu, Ă  des postes de plus en plus importants, et elle est un moment tentĂ©e de dĂ©signer un de ses neveux, Wu Chengsi (æ­Šæ‰żć—Ł) hĂ©ritier Ă  la place d'un de ses fils. Toutefois, celui-ci Ă©tant liĂ© au clan Li, il la disqualifierait de sa place dans la lignĂ©e des empereurs fondateurs d'une dynastie appartenant aux Wu. Elle choisit donc finalement de laisser son nouvel empire Zhou Ă  ses fils, hĂ©ritiers des Tang. ÂgĂ©e de 74 ans, elle rassemble ses enfants survivants et leur fait part de sa dĂ©cision de nommer prince hĂ©ritier l'aĂźnĂ© des deux fils survivants.

La fin

En 704, elle tombe malade et ne peut plus rencontrer ses ministres. Une nouvelle rĂ©bellion a lieu en 705, menĂ©e par le premier ministre Zhang Jian (ćŒ”æŸŹ) qui l'oblige Ă  abdiquer le en faveur de l'hĂ©ritier, lequel restaure la dynastie Tang[11]. Un important objectif de ce coup d'État Ă©tait de mettre fin aux agissements de deux favoris, les frĂšres Zhang Yizhi (ćŒ”æ˜“äč‹) et Zhang Changzong (ćŒ”æ˜Œćź—), accusĂ©s d'ĂȘtre ses amants. MalgrĂ© plusieurs stratĂ©gies pour Ă©viter de perdre le trĂŽne, y compris des tentatives d'intimidation de son fils, Wu Zetian ne peut pas tenir tĂȘte Ă  tous ses opposants. Wu Zetian se retire au palais de Shangyang (äžŠé™œćźź) au sud-ouest de Luoyang. Son fils lui dĂ©cerne Ă  titre symbolique le titre de « Grand et saint empereur Zetian » (ć‰‡ć€©ć€§è–çš‡ćž, ZĂ©tiān dĂ shĂšng huĂĄngdĂŹ).

Elle meurt peu aprĂšs, en . Dans l'unique document existant qui pourrait prĂ©senter ses derniĂšres volontĂ©s - bien que son authenticitĂ© ne soit pas certaine -, elle demande que le titre d'empereur dĂ©cernĂ© par Zhongzong soit transformĂ© en « impĂ©ratrice » et qu'on l'enterre en tant que telle auprĂšs de Gaozong. Elle rend leur position aux familles de l'impĂ©ratrice Wang et de Xiaoshufei, ainsi qu'aux fonctionnaires et ministres dĂ©mis pendant le rĂ©gime des inquisiteurs. Son nom posthume changera plusieurs fois pour se fixer en 749 : « ImpĂ©ratrice Zetian Shunsheng » (ć‰‡ć€©é †è–çš‡ćŽ, ZĂ©tiān shĂčn shĂšng huĂĄnghĂČu).

SĂ©pulture

Sa dépouille repose dans le mausolée de Qianling[12].

Vision académique et présence dans la culture

Les historiens Edwin O. Reischauer et John F. Fairbank Ă©crivent Ă  son sujet : « en tant qu’usurpatrice et en tant que femme, elle fut sĂ©vĂšrement condamnĂ©e par les historiens chinois, mais fut en fait un dirigeant fort et capable ».

  • L'Encyclopediae universalis de 1968 adopte un autre point de vue : « [Le pouvoir ImpĂ©rial] commence Ă  ĂȘtre menacĂ© Ă  la suite de l’usurpation de l’impĂ©ratrice Wu Zetian qui [
] fonde la nouvelle dynastie des Zhou (690-704) ; cette pĂ©riode se trouve englobĂ©e dans celle des Tang par l’histoire traditionnelle. AprĂšs avoir Ă©liminĂ© la famille rĂ©gnante et transfĂ©rĂ© sa capitale Ă  Luoyang, Wu Zetian cherche Ă  s’appuyer sur une nouvelle classe d’administrateurs. [
] Sous son rĂšgne, les concours de recrutement commencent Ă  assurer une fonction importante dans les systĂšmes politiques chinois alors que depuis les Han les examens n’avaient jouĂ© qu’un rĂŽle secondaire dans le recrutement et la promotion des fonctionnaires »[13].
  • Dans son Livre Chine, Charis Chan en fait le portrait suivant : « AprĂšs la mort de Taizong, la cour fut dominĂ©e par une femme au caractĂšre impitoyable qui Ă  force d’intrigues sut s’élever du rang de concubine Ă  celui d'impĂ©ratrice. Pendant quelques annĂ©es, elle se contenta de rĂ©gner en coulisse, manipulant Ă  son grĂ© l’empereur, avant de devenir impĂ©ratrice elle-mĂȘme sous le nom de Wu Zetian. » Autre extrait : « AprĂšs la mort de Wu Zetian et la restauration de la dynastie des Tang, la Chine connut une longue pĂ©riode de prospĂ©ritĂ© et de stabilitĂ© »[14].
  • Mao Zedong considĂ©rait Wu Zetian comme une gouvernante Ă©clairĂ©e quant Ă  la maniĂšre de gĂ©rer ses ministres et sa comprĂ©hension de la nature mĂȘme de l’autoritĂ© politique.

Wu Zetian est Ă©galement prĂ©sente dans des Ɠuvres de fictions, traditionnelles comme modernes.

  • Parmi les « visages blancs » de l'OpĂ©ra chinois traditionnel, elle est reprĂ©sentĂ©e aux cĂŽtĂ©s de Cao Cao et de Wang Mang « l'usurpateur », soit deux figures de « traĂźtres » et de monarques connus pour ĂȘtre impitoyables.
  • Dans Le Seigneur de la satisfaction parfaite, (titre original : Ruyijun zhuan)[15], conte Ă©rotique se dĂ©roulant dans un dĂ©cor inspirĂ© de fragments historiques et traduit en anglais par Charles R. Stone en 2003 ; l'auteur imagine une version fantasmĂ©e de l'impĂ©ratrice qu'il dĂ©peint comme dĂ©mesurĂ©ment active sexuellement. FocalisĂ© exclusivement sur cet aspect de Wu Zetian, le livre contient de longues descriptions crues - entre le grotesque et l'Ă©rotisme, du fait de la caricature - s'attardent sur les rapports trĂšs frĂ©quents et dĂ©crits comme « frĂ©nĂ©tiques » de la Wu Zetian de fiction, lui prĂȘtant de vĂ©ritables orgies. Dans cet imaginaire Ă©rotisĂ©, un certain nombre d'Ă©lĂ©ments du rĂšgne de Wu Zetian devient liĂ©s Ă  sa sexualitĂ© : par exemple, l’auteur anonyme originel du livre impute Ă  l'appĂ©tit dĂ©mesurĂ© de l'impĂ©ratrice la « dĂ©gĂ©nĂ©rescence Ă©nergĂ©tique » qui coĂ»ta la vie Ă  son Ă©poux.
  • Le livre ImpĂ©ratrice de Shan Sa, Ă©crit en français en 2003 est une biographie fictive de Wu Zetian[16].
  • Dans le roman fantastique « Les fleurs dans un miroir » de Li Ju Chen, l'action se dĂ©roule sous le rĂšgne de Wu Zetian, et empruntĂ© donc quelques Ă©lĂ©ments historiques. Dans cette fiction, Wu Zetian commande aux fleurs. Exemple de mĂ©lange historico-fantastique : dans un passage du livre, l'impĂ©ratrice ordonne Ă  cent fleurs de s'Ă©panouir par une nuit d'hiver vers l'an 700. Seules les pivoines restĂšrent sourdes Ă  son appel, ce qui leur valut d'ĂȘtre bannies de Chang'an pour Luoyang, la capitale secondaire, dont elles sont devenues l'emblĂšme.
  • Le magistrat Di Renjie (狄仁悑, 630-700) qui fut popularisĂ© comme dĂ©tective sous le nom du « juge Ti » par les romans de Robert van Gulik (continuĂ©s par FrĂ©dĂ©ric Lenormand), termina sa carriĂšre comme ministre de Wu Zetian[17].
  • Wu Zetian est le personnage jouable incarnant la civilisation chinoise dans le jeu de stratĂ©gie Civilization V[18].
  • L'impĂ©ratrice Wu est une Immortelle de classe lĂ©gendaire dans le jeu sur application mobile Infinity Kingdom dĂ©veloppĂ© par l’éditeur Yoozoo Games[19].
  • L'impĂ©ratrice Wu est un commandant de raretĂ© lĂ©gendaire dans le jeu sur application mobile Rise of Kingdoms[20].
  • La sĂ©rie de romans Iron Widow de Xiran Jay Zhao rĂ©imagine l'accĂšs au pouvoir de l'impĂ©ratrice, dans un univers de Young Adult avec des armures robotisĂ©es (mecha)[21].

Références

  1. Patrice Dallaire, « Une femme impératrice en Chine », sur HuffPost Québec, (consulté le )
  2. Jean-Michel Normand, « « Sexe et pouvoir » : Wu Zetian, l’impĂ©ratrice qui a scandalisĂ© la Chine », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  3. André Larané, « Wu Zetian (625 - 705) Le pouvoir envers et contre tout », sur herodote.net, (consulté le )
  4. Elisseeff 1988, p. 190
  5. (en) Angela Falco Howard, Wu Hung, Li Song et Yang Hong, Chinese sculpture, New Haven, Yale University Press, , 521 p., 31 cm. (ISBN 978-0-300-10065-5, lire en ligne), p. 146-147.
  6. Official Website of the Longmen Grottoes Scenic Area, « Empress Wu Zetian and Longmen Grottoes », sur China Daily.com, (consulté le ).
  7. (en) Sherry J. Mou, Presence and presentation : women in the Chinese literati tradition, New York, St Martin Press,
  8. Elle fut nĂ©anmoins une figure inspiratrice du fĂ©minisme chinois durant son histoire : Hou Zhi, par exemple, dans son livre La Re-crĂ©ation du ciel Ă©voque Wu Zetian en tant que figure; et surtout Li Ruzhen dans Fleurs dans un miroir, dĂ©crit le rĂšgne de Wu Zetian comme une pĂ©riode tendant vers une forme d'utopie oĂč hommes et femmes inversent leurs rĂŽles dans la sociĂ©tĂ©.
  9. Pierre-Étienne Will, « Wu Zetian [Wou Tsö-T'Ien] (624 ?-705) impĂ©ratrice de Chine », EncyclopĂŠdia Universalis
  10. (en) Eugene Yuejin Wang, Shaping the Lotus Sutra : Buddhist visual culture in medieval China, p. 123 et sq.
  11. (en) Anne Commire et Deborah Klezmer, Women in World History, Yorkin Publications, , p. 848
  12. « Le mausolée qian & l'imperatrice Wu Zetian », sur Site de massonregis !, (consulté le )
  13. Encyclopaedia Universalis et Les Grands Articles, Histoire de la Chine jusqu'en 1949: Les Grands Articles d'Universalis, Encyclopaedia Universalis, (ISBN 978-2-85229-928-3)
  14. Charis Chan, Chine, Editions Olizane, (ISBN 978-2-88086-340-1)
  15. (en) Charles R. Stone, The fountainhead of chinese erotica (lire en ligne)
  16. Shan Sa, Impératrice: roman, Le Grand livre du mois, (ISBN 978-2-7028-8668-7)
  17. « Le Juge Ti | 13Úme RUE », sur www.13emerue.fr (consulté le )
  18. « Civilization V Strategies - China - Wu Zetian », sur www.carlsguides.com (consulté le )
  19. « Infinity Kingdom strategy Official website », sur infinitykingdom.gtarcade.com (consulté le )
  20. (en-US) « Wu Zetian », sur Rise of Kingdoms, (consulté le )
  21. (en) « Get A Sneak Peek At Xiran Jay Zhao's Much Anticipated YA Novel, 'Iron Widow' », sur Bustle (consulté le )

Voir aussi

Littérature

Études historiques

  • Danielle Elisseeff, La Femme au temps des empereurs de Chine, Paris, Éditions Stock, coll. « Le Livre de poche », , 383 p. (ISBN 2-253-05285-X)
  • Lin Yutang (trad. du chinois par Christine Barbier-Kontler), L'impĂ©ratrice de Chine : roman, Paris, Éditions Philippe Picquier, , 267 p. (ISBN 2-87730-189-3)
  • Annette Motley, Le Pavillon des parfums verts, Belfond, 1988
  • RenĂ© Grousset, Histoire de la Chine, Fayard,
  • EncyclopĂŠdia Universalis - 1968
  • (en) Charles R. Stone, The fountainhead of chinese : Lord of Perfect Satisfaction [« Ruyijun zhuan »], University of HawaĂŻ press,
  • Anonyme (trad. EugĂšne Burnouf), Sutra du lotus, Paris,
  • (en) Eugene Yuejin, Shaping the Lotus Sutra : Buddhist visual culture in medieval China, University of Washington Press,
  • (en) Sherry J. Mou, Presence and presentation : women in the Chinese literati tradition, New York, St Martin Press,
  • (en) Quigyun Wu, Female rule in Chinese and English literary utopias, Syracuse (New York), Syracuse University Press,
  • (en) Barbara Benett Peterson, Notable women of China : Shang dynasty to the early twentieth century, Armonk & London, M.E. Sharpe,
  • (en) Xuezhi Guo, The ideal Chinese political leader : a historical and cultural perspective,
  • Keith Mc Mahon, Sexe et pouvoir Ă  la cour de Chine, Les Belles lettres, 2016, traduit de l'anglais par Damien Chaussende.

Filmographie

Jeux vidéo

Wu Zetian est la dirigeante de l'empire chinois dans Civilization V et Civilization VI (via un DLC sorti le 19 janvier 2023).

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.