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Juge Ti

Le juge Ti est un personnage littĂ©raire inspirĂ© de Di Renjie (狄仁杰, Ti Jen TsiĂ© selon la romanisation de l'EFEO, employĂ©e dans la traduction française des romans oĂč il apparaĂźt, et DĂ­ RĂ©njiĂ© en pinyin), une figure historique qui vĂ©cut en Chine sous la dynastie des Tang, au VIIe siĂšcle de notre Ăšre.

Juge Ti
Naissance Ti Jen-Tsie
Origine Chinois sous la Dynastie Tang
Sexe Masculin
Activité Magistrat,
détective

Créé par Robert van Gulik
Interprété par Michael Goodliffe
Khigh Dhieg
Chongliang Sun
Andy Lau
Jiming Chen
PremiĂšre apparition Trois enquĂȘtes rĂ©solues par le juge Ti (1949)
DerniĂšre apparition Assassins et PoĂštes (1968)

L'extraordinaire capacité de déduction du juge Ti le rendit célÚbre de son vivant, si bien qu'il entra dans les annales judiciaires chinoises. Il termina sa carriÚre comme ministre de l'impératrice Wu Zetian.

Littérature

Le magistrat est repris dĂšs le XVIIIe siĂšcle comme hĂ©ros d'un roman policier chinois, Dee Goong An (Trois affaires criminelles rĂ©solues par le juge Ti). Ce texte, redĂ©couvert et traduit en anglais par le diplomate nĂ©erlandais Robert van Gulik dans les annĂ©es 1940, est publiĂ© en 1949. DĂ©sireux de faire renaĂźtre le roman policier chinois traditionnel, van Gulik amorce Ă  partir de 1957 une sĂ©rie en dix-sept volumes des aventures du juge Ti Jen-tsie, romans et nouvelles, alliant rigueur historique et qualitĂ© littĂ©raire, qui relatent un total de vingt-quatre enquĂȘtes.

Le personnage du juge Ti est ensuite repris dans les annĂ©es 1990 par deux AmĂ©ricains, Eleanor Cooney et Daniel Altieri, dans deux romans : L'ImpĂ©ratrice des mensonges et La RĂ©volte des lettrĂ©s. Ces rĂ©cits sont indĂ©pendants de ceux de Van Gulik.

Le Français Frédéric Lenormand a ressuscité à son tour le juge Ti dans une série de romans toujours en cours aux éditions Fayard. La série compte 21 tomes à ce jour. Contrairement aux affaires racontées par Eleanor Cooney et Daniel Altieri, les récits français s'insÚrent scrupuleusement dans la chronologie tracée par Robert van Gulik mais la psychologie des personnages diffÚre radicalement de celle des héros de ce dernier.

Le Néerlandais Janwillem van de Wetering, mieux connu pour sa série des policiers Grijpstra et De Gier, a donné en 1997 le recueil Le juge Ti prend son luth, incluant la courte piÚce homonyme.

Plus rĂ©cemment, Zhu Xiaodi (æœ±ć°æŁŁ), un auteur chinois vivant aux États-Unis, a Ă©crit un recueil de nouvelles intitulĂ© Les Nouvelles Affaires du Juge Ti (Tales of Judge Dee) (2006).

Le Français Sven Roussel a quant Ă  lui publiĂ© en 2008 La DerniĂšre EnquĂȘte du juge Ti.

Autour du Juge Ti : une Ă©quipe haute en couleur... et efficace

Comme tous les juges de district de son époque, le Juge Ti s'est entouré d'une équipe qui le suit de poste en poste ; différents mais complémentaires, ils lui permettent d'atteindre un redoutable niveau d'efficacité.

  • Le sergent Hong : enquĂȘteur discret mais efficace c'est un ancien serviteur de la famille du juge, qu'il connaĂźt depuis l'enfance. MĂ©ticuleux, tenace et perspicace, son allure de vieillard effacĂ© et insignifiant lui permet de collecter d'utiles renseignements.
  • Tao Gan : c'est un ancien escroc, gĂ©nie des dĂ©s pipĂ©s et des cartes truquĂ©es. Le Juge Ti l'a sauvĂ© de paysans qu'il avait dupĂ©s et qui voulaient lui faire un mauvais sort. PassĂ©, comme Vidocq du bon cĂŽtĂ© de la loi, c'est un homme camĂ©lĂ©on qui se dĂ©guise en un clin d'Ɠil grĂące Ă  un habit Ă  transformations et un sac Ă  malices contenant un assemblage de bambous permettant de simuler des livres, des outils, des instruments de peintre, etc. Connaissant les us et coutumes de la pĂšgre, il est Ă©galement habile Ă  dĂ©tecter les passages secrets, les meubles Ă  double-fond et autres chausse-trappes, si prĂ©sents dans les romans de Van Gulik.
  • Ma Jong et Tsiao-TaĂŻ : deux insĂ©parables colosses, infatigables, experts au sabre, Ă  la boxe chinoise et aux arts martiaux qui sont le bras armĂ© du Juge Ti, lui-mĂȘme redoutable bretteur quand il dĂ©gaine son Ă©pĂ©e fĂ©tiche, nommĂ©e Dragon-de-pluie. Tous deux sont d'anciens bandits de grand chemin (rĂ©duits Ă  cette condition Ă  la suite d'une injustice) poĂ©tiquement dĂ©nommĂ©s "Chevaliers des Vertes ForĂȘts". Ils ont tentĂ© de rançonner le Juge Ti qui leur a opposĂ© une telle dĂ©fense, sabre en main, qu'ils ont choisi, admiratifs, de se mettre Ă  son service et Ă  celui de la loi. Loin d'ĂȘtre de simples exĂ©cutants musclĂ©s, ils sont d'habiles enquĂȘteurs, connaisseurs des bas fonds et des façons des mauvais garçons. Chacun a sa personnalitĂ© : Ma Jong, impulsif et chevaleresque est trĂšs portĂ© sur le beau sexe, et apprĂ©cie la dive bouteille, ce qui vaut au lecteur de savoureuses scĂšnes de taverne, dignes du Falstaff de Shakespeare , tandis que Tsiao-TaĂŻ, plus rĂ©flĂ©chi est un fin gourmet, parfois sentimental, il lui arrivera de tomber amoureux.

Procédés scénaristiques et narratifs : la marque de fabrique de Van Gulik

Robert Van Gulik, orientaliste et sinologue distingué, dit avoir voulu mettre au goût du lecteur occidental le roman policier chinois (sous sa forme écrite mais aussi théùtrale) qui présente des caractéristiques inaccoutumées pour lui[1] : le nom du coupable est connu dÚs le début (Van Gulik se libérera de cette convention-là), les supplices infligés au criminel (qu'il s'agisse de la torture au tribunal ou de l'application de la peine capitale) sont décrits dans leurs moindres détails.

Les fantĂŽmes des victimes se mĂȘlent parfois de l'enquĂȘte et viennent guider le magistrat enquĂȘteur, qui peut aussi ĂȘtre inspirĂ© par des rĂȘves (lĂ  encore Van Gulik recourt Ă  ce procĂ©dĂ©, parfois en introduisant son roman par une sĂ©quence onirique situĂ©e Ă  une Ă©poque bien plus rĂ©cente que celle de la Dynastie Tang).

L'aspect Ă©nigme Ă  rĂ©soudre (le Whodunnit cher aux anglo-saxons) est certes prĂ©sent, c'est la concession faite aux habitudes du lecteur occidental mais les enquĂȘtes du Juge Ti revĂȘtent des caractĂ©ristiques bien spĂ©cifiques qui en font tout leur charme.

Les affaires criminelles Ă  rĂ©soudre vont toujours par trois, suivant ainsi la matrice du Dee Gong An (trois affaires criminelles rĂ©solues par le juge Ti) un roman chinois du XIIIe siĂšcle que Van Gulik a traduit et adaptĂ© avant de composer lui-mĂȘme les autres opus de la sĂ©rie. Il reconnait toutefois s'ĂȘtre inspirĂ© d'ancien romans et nouvelles chinois pour nombre d'entre eux, les citant dans certaines Ă©ditions.

Les procédés criminels sont parfois d'un étonnant raffinement, rappelant certains romans d'Agatha Christie, mais les mobiles des crimes sont solidement ancrés dans la réalité la plus triviale : appùt du gain, crimes à caractÚre sexuel, appétit du pouvoir, complot politique, etc.

Pour les années 1940 - 1950, les romans de Van Gulik font preuve d'une audace inaccoutumée, profitant de ce que l'environnement exotique lui permet de s'affranchir de certaines pudeurs et bienséances qui étaient la norme des romans policiers anglais contemporains : l'auteur n'hésite pas à aborder des réalités alors dérangeantes : homosexualité masculine ou féminine, déviations sexuelles, maladie mentale, viol, corruption, contrebande, crimes couverts par la raison d'Etat.

La religion est aussi quelque peu malmenĂ©e : le juge Ti est amenĂ© Ă  enquĂȘter dans deux monastĂšres, l'un taoĂŻste (Le MonastĂšre hantĂ©) oĂč un pieux laĂŻc retirĂ© se livre Ă  la dĂ©pravation la plus sordide sous la protection du supĂ©rieur du monastĂšre, et l'autre bouddhiste (Le Squelette sous cloche) dans lequel de pseudo-moines violent des femmes en mal de descendance pour faire croire aux vertus de fĂ©conditĂ© de leur dĂ©esse.

Le Juge Ti, profondément confucéen, méprise aussi bien le taoïsme que le bouddhisme, quitte à se faire des ennemis à la Cour Impériale.

L'Ă©lĂ©ment Ă©rotique est trĂšs prĂ©sent dans les enquĂȘtes du Juge Ti : on n'en sera pas surpris, car l'auteur a Ă©galement Ă©crit un traitĂ© sur la vie sexuelle dans la Chine ancienne, et illustre ses livres de gravures Ă©rotiques de sa propre main.

L'auteur insiste aussi sur la modernitĂ© des mĂ©thodes d'enquĂȘte du VIIe siĂšcle chinois : la police scientifique et la mĂ©decine lĂ©gale y sont trĂšs prĂ©sentes, incarnĂ©es par l'indispensable fonctionnaire qu'est le ContrĂŽleur des dĂ©cĂšs.

Les rapports de pouvoir et les complexités administratives de la société impériale sont un autre thÚme récurrent : le juge Ti, petit magistrat intÚgre, doit faire preuve d'habileté pour faire triompher la justice dans une société menée par les puissances d'argent et les intrigues de palais.

Le petit peuple des villes chinoises est un autre hĂ©ros rĂ©current des enquĂȘtes du juge Ti : artisans, boutiquiers et mĂȘme mendiants organisĂ©s en guildes aux rĂšgles strictes, moines, vagabonds, poĂštes de cour, Ă©tudiants et candidats aux examens littĂ©raires, acrobates, actrices, courtisanes de haut vol et putains de bas Ă©tage, voyous et escrocs de tous poils sont les acteurs pittoresques et bien campĂ©s des enquĂȘtes criminelles du perspicace magistrat.

Toutes les classes de la société chinoise ont leur place dans les romans de Van Gulik, façon de rappeler que dans la Chine médiévale était supposée régner une égalité devant la loi dont le magistrat local était le premier garant.

Le juge Ti, mĂȘme s'il dĂ©lĂšgue souvent les enquĂȘtes dans les bas-fonds Ă  ses lieutenants, ne manque pas d'aller lui-mĂȘme sur le terrain, dĂ©guisĂ© en mendiant, en mĂ©decin ambulant ou en herboriste, un trait qui n'est pas sans rappeler certaines enquĂȘtes de Sherlock Holmes.

Van Gulik affectionne aussi les scĂšnes de table (qu'il s'agisse de rĂ©ceptions dans la haute sociĂ©tĂ© oĂč de ripailles dans une accueillante taverne) les scĂšnes de beuverie (oĂč l'ivresse rĂ©vĂšle parfois les caractĂšres et aide la vĂ©ritĂ© Ă  se manifester) les Ă©vocations de spectacles d'acrobates, de danse et de jonglerie et les scĂšnes de thĂ©Ăątre chinois ou de concours de poĂ©sie (qui n'ont rien de dĂ©coratif ou de gratuit car s'y retrouvent des indices propres Ă  faire avancer l'enquĂȘte).

Les bagarres (oĂč les femmes tiennent parfois la dragĂ©e haute au sexe supposĂ© fort) sont l'occasion d'Ă©voquer les arts martiaux et l'escrime chinois moins connus dans les annĂ©es 1940 que de nos jours.

Au total, l'auteur, à travers ses techniques narratives et scénaristiques réussit à créer un univers trÚs personnel, qui, loin de lasser le lecteur par la répétition d'un procédé, contribue au contraire à le fidéliser.

Chronologie dans les romans

  • Le juge Ti historique est nĂ© en 630, Ă  Tai-yuan, et est dĂ©cĂ©dĂ© en 700. Van Gulik, et Ă  sa suite Lenormand, Zhu et Roussel ont pris soin d'inscrire leurs enquĂȘtes dans ce laps de temps.

Trois affaires criminelles résolues par le juge Ti

Ce livre est le précurseur de tous les autres écrits de Robert Van Gulik. C'est à la suite de cette traduction et en puisant dans ce roman que Van Gulik écrira la suite des aventures du juge. Le juge est ici en poste dans le district de Tchang-ping, dans la province du Shandong.

663-664 : nommé magistrat à Peng-Lai, il résout les affaires suivantes

En 664, le juge Ti est convoqué à Pien-fou

  • La Nuit des juges (par FrĂ©dĂ©ric Lenormand)

En 666, il est nommé à Han-yuan

En 668, il est nommé à Pou-yang

En 670, il devient magistrat de Lan-fang

En 676, il se rend Ă  Pei-tcheou

  • L'Énigme du clou chinois
  • La Nuit du Tigre, enquĂȘte du recueil Le Singe et le Tigre
  • Mort d'un maĂźtre de go (par FrĂ©dĂ©ric Lenormand)
  • Un Chinois ne ment jamais (par FrĂ©dĂ©ric Lenormand)

À partir de 677, il est prĂ©sident de la Cour mĂ©tropolitaine de justice, Ă  Tch'ang-ngan, capitale de l'Empire

  • Mort d'un cuisinier chinois (par FrĂ©dĂ©ric Lenormand)
  • MĂ©decine chinoise Ă  l'usage des assassins (par FrĂ©dĂ©ric Lenormand)
  • Guide de survie d'un juge en Chine (par FrĂ©dĂ©ric Lenormand)
  • Diplomatie en kimono 678 (par FrĂ©dĂ©ric Lenormand)
  • Divorce Ă  la chinoise (par FrĂ©dĂ©ric Lenormand)
  • Le Motif du saule
  • Meurtre Ă  Canton
  • L'ImpĂ©ratrice des mensonges (par Cooney et Altieri)
  • La RĂ©volte des lettrĂ©s (par Cooney et Altieri)

Télévision, cinéma et jeux vidéo

Films

Notes et références

  1. Wright, Daniel Franklin (2004). Chinoiserie in the novels of Robert Hans van Gulik (M.A. thesis) Wilfrid Laurier University

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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