Cao Cao
Cao Cao (155 Ă Bozhou - Ă Luoyang) ou Tsâao Tsâao (chinois : æčæ ; pinyin : ), de son prĂ©nom social Mengde (ććŸ·, MĂšngdĂ©), Ă©tait un seigneur de guerre, Ă©crivain et poĂšte de la fin de la dynastie Han en Chine antique.
Chinois simplifiĂ© | æčæ |
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Chinois traditionnel | æčæ |
Hanyu pinyin | CĂĄo CÄo |
Wade-Giles | Ts'aoÂČ Ts'aoÂč |
PrĂ©nom social | MĂšngdĂ© (ććŸ·) |
Nom japonais | SĆsĆ MĆtoku (æčæ) |
nom posthume | Wu (æŠ) |
nom de temple |
Wudi (æŠćž) Taizu (ć€Șç„) |
Nom d'enfance |
A-Man (éżç) Ji-Li (ćć©) |
Premier ministre du dernier empereur de la dynastie Han, Han Xiandi, il se rendit maĂźtre de tout le nord de la Chine et Ă©tablit les fondations du royaume de Wei dont il recevra Ă titre posthume le nom d'Empereur Wu (éæŠćž, WĂši WÇdĂŹ). SurnommĂ© le « HĂ©ros du chaos », il Ă©tait l'auteur de nombreux livres portant sur la stratĂ©gie et la tactique militaire et est l'un des commentateurs traditionnels de L'Art de la guerre de Sun Zi. En tant que poĂšte, il est avec ses fils Cao Pi et Cao Zhi la figure de proue du style dit jian'an (du nom de l'Ăšre jian'an) ; ils sont surnommĂ©s les Trois Cao.
à l'instar du Cardinal de Richelieu dans Les Trois Mousquetaires, le roman de Luo Guanzhong Les Trois Royaumes, ainsi que le théùtre et l'opéra chinois contribuÚrent à déformer l'image de Cao Cao en faisant de lui, dans la tradition populaire, l'archétype du ministre félon et machiavélique.
Cao Cao est connu au Japon sous le nom de SĆsĆ MĆtoku, en CorĂ©e sous le nom de Jojo Maengdeog, et au ViĂȘt Nam sous celui de TĂ o ThĂĄo MáșĄnh Äức.
Biographie
Généalogie[1]
Cao Cao naĂźt en 155 (2e annĂ©e de Yongxin) Ă Qiao (è) dans le district de Pei (æČ), aujourdâhui la prĂ©fecture de Bozhou dans la province dâAnhui. Il est le fils de Cao Song, officier de la Cour impĂ©riale des Han, lequel Ă©tait le fils adoptif de Cao Teng, un des eunuques favoris de lâempereur Huandi.
Selon certaines sources historiques, dont la Biographie de Cao le Fourbe[2], Cao Song aurait eu pour nom de famille Xiahou, ce qui aurait fait de Cao Cao le cousin de Xiahou Dun et Xiahou Yuan qui avait comme cousin Ă©loignĂ© Cao Ren. Câest Ă©galement cette gĂ©nĂ©alogie qui est reprise dans le roman Les Trois Royaumes.
Cao Cao reçoit pour prĂ©nom « tabou » CÄo (æ), pour prĂ©nom dâenfance Ä-MĂĄn (éżç), et pour prĂ©nom social MĂšngdĂ© (ććŸ·). Cao Cao aurait Ă©galement Ă©tĂ© appelĂ© JĂ LĂŹ (ćć©)[3].
Enfance et jeunesse
Lors de son enfance, Cao Cao se montre brillant. Il est cependant plus connu pour sa roublardise et sa dĂ©bauche que pour ses talents politiques et littĂ©raires. Selon la Biographie de Cao le Fourbe, Ă©galement repris dans le roman Les Trois Royaumes, Cao Cao se complaĂźt dans la chasse et la musique en compagnie de Yuan Shao. Cette situation dĂ©plait Ă son oncle qui reproche rĂ©guliĂšrement Ă Cao Song son indulgence envers son fils. Un jour, Cao Cao fait semblant dâavoir une attaque devant son oncle, lequel se prĂ©cipite pour en informer Cao Song. Lorsque celui-ci vient voir son fils, il le trouve en parfaite santĂ© et sâen Ă©tonne. Cao Cao lui dit : « Je nâai jamais souffert dâaucune maladie de cette sorte, mais jâai perdu lâaffection de mon oncle, et celui-ci tâa trompĂ©. » Ă la suite de cet Ă©pisode, Cao Song cesse de prĂȘter attention Ă tout ce que lâoncle puisse lui dire, et Cao Cao se fait de plus en plus tĂ©mĂ©raire.
Les Anecdotes contemporaines et nouveaux propos de Liu Yiqing[4] dans le chapitre Duperie et fourberie narrent une anecdote selon laquelle dans leur jeunesse, Cao Cao et Yuan Shao font irruption dans une cérémonie de mariage, et crient : « Au voleur ! » Tous les invités sortent dans le jardin, et profitant de la confusion, Cao Cao enlÚve la mariée, la viole[5] sous la menace d'un couteau, imité ensuite par Yuan Shao. En partant, Yuan Shao se prend dans les ronces d'un oranger[6] et ne peut bouger. Cao Cao crie alors : « le voleur est ici ». Finalement, Yuan Shao parvient à s'extirper et à s'enfuir.
En raison de son comportement dĂ©bauchĂ©, peu de personnes sâintĂ©ressent vraiment au talent de Cao Cao, en dehors du commandant Qiao Xuan, rĂ©putĂ© dâaprĂšs les Annales des Han de Zhang Fan[7] pour son impartialitĂ© et par le Livre du Wei pour Ă©valuer correctement le potentiel des gens. Qiao Xuan assoit la rĂ©putation de Cao Cao en reconnaissant ne jamais avoir vu un tel talent, et lui conseille de faire partie du cercle des connaissances de Xu Zijiang (le devin Xu Shao dans le roman Les Trois Royaumes) afin de faire connaĂźtre son nom.
Selon les Chroniques de Sun Sheng[8], Cao Cao aurait un jour demandĂ© Ă Xu Zijiang : « Quelle sorte de personne suis-je ? ». Xu Zijiang aurait au dĂ©but refusĂ© de lui rĂ©pondre, puis pressĂ© Ă plusieurs reprises lui aurait dit : « En temps de paix, tu serais un ministre capable, en temps chaotiques tu serais un hĂ©ros fĂ©lon. »[9]. FlattĂ©, Cao Cao Ă©clate de rire. C'est cette scĂšne, qui apparaĂźt Ă©galement dans le roman Les Trois Royaumes, qui a valu Ă Cao Cao son surnom de « HĂ©ros du chaos » ou « HĂ©ros des temps chaotiques » (äșäžäčć„žé).
à vingt ans, Cao Cao est cité pour sa piété filiale et son incorruptibilité. Il est fait mandarin et reçoit la magistrature du district nord de Luoyang, alors la capitale. Selon la Biographie de Cao le Fourbe, Cao Cao n'hésite pas à faire fouetter à mort tous ceux qui ne respectent pas le couvre-feu, indépendamment de son rang ou de sa richesse. Jian Shuo, eunuque favori de l'empereur Lingdi, viole le couvre-feu et est exécuté. Cao Cao accumule alors les rancunes d'autres mandarins qui le recommandent pour qu'il soit muté hors de la capitale, dans le district de Dunqiu.
Cao Cao est ensuite promu Ă Yilang. Selon le Livre du Wei[10], vers cette Ă©poque, le grand gĂ©nĂ©ral Dou Wu et le grand tuteur Chen Fan tentent de sâen prendre aux eunuques. Mais ces derniers les font tomber en disgrĂące. Cao Cao Ă©crit alors un mĂ©moire Ă lâempereur dans lequel il fait lâapologie de la probitĂ© de Dou Wu et Chen Fan, et se montre extrĂȘmement critique envers le climat de traĂźtrise et dâiniquitĂ© qui rĂšgne Ă la Cour. Lâempereur Lingdi sâen fĂąche et fait publier un Ă©dit dĂ©clarant que « quiconque prĂ©sente un mĂ©moire critiquant lâinefficacitĂ© du gouvernement dans les affaires locales et rĂ©gionales se verra considĂ©rĂ© comme un semeur de rumeurs et sera dĂ©mis de ses fonctions. » Cao Cao envoie nĂ©anmoins un nouveau mĂ©moire qui expose les failles des Trois MinistĂšres qui dans leurs Ă©dits se dĂ©robent Ă leur devoir afin dâĂ©viter tout conflit avec la noblesse. Lâempereur, cette fois sensible aux arguments de Cao Cao, pense rĂ©soudre le problĂšme par la dissolution des Trois MinistĂšres, mais cette action ne fait quâempirer la situation politique. Pensant la rĂ©solution de ces problĂšmes impossible, Cao Cao ne dit plus rien.
DĂ©buts militaires
En 184 (derniĂšre annĂ©e de Guanghe et 1re annĂ©e de Zhongping) Ă©clate la rĂ©volte des Turbans Jaunes, une insurrection populaire oĂč les paysans s'enroulaient une Ă©toffe jaune autour de la tĂȘte en signe de ralliement avec la secte religieuse La voie de la grande paix menĂ© par Zhang Jiao. Cao Cao est promu commandant de la cavalerie (éšéœć°, qĂ dĆuwĂši) et est envoyĂ© combattre les bandits du fleuve Yin. Il reçoit ensuite la chancellerie du pays de Ji'nan, lequel englobait alors dix districts. Selon le Livre du Wei, les mandarins recevaient alors de nombreux pots-de-vin et la corruption rendait toute administration efficace impossible. En outre, les bourgeois de la rĂ©gion au fil des siĂšcles avaient fait construire de nombreux temples Ă leur nom. En prenant la direction de Ji'nan, Cao Cao Ă©crit un mĂ©moire pour faire dĂ©poser huit fonctionnaires corrompus et ce faisant, faciliter l'administration du pays. Il fait Ă©galement interdire les sacrifices, fait dĂ©molir de nombreux temples et en fait exorciser les fantĂŽmes.
Cao Cao est ensuite rappelĂ© pour ĂȘtre nommĂ© Grand Administrateur du district de Dong (æ±éĄć€Șćź, DĆng-jĂčn tĂ ishÇu), mais il refuse cette promotion, et se fait passer malade pour rentrer dans son village natal. Selon le Livre du Wei, il craint alors que sa rĂ©gion natale nâait Ă souffrir de ses critiques du pouvoir, et prĂ©fĂšre ĂȘtre sur place pour la garder. Il fait construire une cabane en dehors des murs de la ville et sâen sert comme base pour Ă©tudier les classiques durant le printemps et lâĂ©tĂ©, et pour chasser Ă lâarc durant lâautomne et lâhiver.
Peu aprÚs, l'inspecteur de Jizhou, Wang Fen, ainsi que Xu You de Nanyang et Zhou Jing de Peiguo montent un complot pour déposer l'empereur Lingdi et établir à sa place le marquis de Hefei. Ils tentent d'associer Cao Cao à leur entreprise mais ce dernier refuse, et le complot finit par échouer.
Cette mĂȘme annĂ©e, Ă Jincheng, deux hommes, Bian Zhang et Han Sui, assassinent l'inspecteur de la rĂ©gion et montent une rĂ©bellion Ă laquelle se joignent plus de cent mille personnes. Cao Cao reçoit la charge de « colonel qui s'occupe de l'armĂ©e » (ć žè»æ Ąć°, diÇn jĆ«n jiĂ o wĂši).
En 189 (6e année de Zhongping), l'empereur Lingdi meurt et son fils aßné, Bian (l'Empereur Shaodi), lui succÚde.
RĂ©bellion contre Dong Zhuo
La mĂšre du nouvel empereur, l'impĂ©ratrice douairiĂšre He, assure la rĂ©gence. Ă cette Ă©poque, le frĂšre de cette derniĂšre, le marĂ©chal He Jin, complote avec Yuan Shao contre les eunuques. Toutefois, ceux-ci bĂ©nĂ©ficient du soutien de l'impĂ©ratrice, qui refuse de le leur retirer. He Jin dĂ©cide donc d'appeler Dong Zhuo Ă la cour, avec l'intention d'utiliser ses troupes militaires pour faire pression sur sa sĆur. Mais avant que Dong Zhuo n'atteigne Luoyang, He Jin se fait assassiner par les eunuques. Lorsque Dong Zhuo arrive dans la capitale, il dĂ©pose l'empereur Shaodi pour faire monter sur le trĂŽne le jeune frĂšre de ce dernier, Xian, qu'il estime plus apte Ă rĂ©gner. Puis, Dong Zhuo nomme Cao Cao « colonel de la cavalerie vaillante » (é©éšæ Ąć°, xiÄo qĂ jiĂ o wĂši) dans l'intention de s'associer ses talents de stratĂšge. NĂ©anmoins, Cao Cao prĂ©fĂšre fuir la capitale et retourner vers son village natal, Ă l'est, en suivant les petites routes sous un nom d'emprunt (selon le Livre du Wei, il aurait dĂ©jĂ prĂ©vu la dĂ©faite de Dong Zhuo et ne dĂ©sirait pas s'associer Ă lui). D'aprĂšs diverses chroniques dont les avis divergent quant aux circonstances, il aurait Ă©tĂ© contraint de tuer la famille de LĂŒ Boshe, un de ses vieux amis qui l'hĂ©bergeait (voir plus bas la section Citations attribuĂ©es Ă Cao Cao).
Dong Zhuo lance un mandat d'arrĂȘt contre Cao Cao et, tandis qu'il traverse Zhongmou, celui-ci est arrĂȘtĂ© par des gardes suspicieux. Il est reconnu par un des habitants de la ville qui se porte garant pour lui et le fait libĂ©rer. En arrivant Ă Qiao, il vend toutes ses possessions familiales afin de monter vers janvier 190 une armĂ©e contre Dong Zhuo. Selon lâHistoire du monde[11], Wei Zi de Chenliu lui vient en aide financiĂšrement, ce qui lui permet d'ajouter cinq mille hommes Ă ses troupes.
Vers fĂ©vrier-mars[12] 190 (1re annĂ©e de Chuping), Cao Cao rejoint l'alliance de Yuan Shu, Han Fu, Kong Zhou, Liu Dai, Wang Kuang, Yuan Shao, Zhang Miao, Qiao Mao, Yuan Yi et Bao Xin. Yuan Shao est Ă©lu chef de l'alliance et Cao Cao prend la fonction de « gĂ©nĂ©ral vigoureux » (ć„źæŠć°è», fĂšn wÇ jiÄngjĆ«n). En avril, Dong Zhuo dĂ©couvre la levĂ©e de l'armĂ©e rebelle. Il dĂ©cide de transfĂ©rer la capitale Ă Chang'an (aujourdâhui Xi'an) et d'y dĂ©mĂ©nager l'empereur tandis que lui-mĂȘme demeure en garnison Ă Luoyang et boute le feu au palais. Yuan Shao avait alors postĂ© ses troupes Ă Henei, Miao, Dai, Mao, Yuan Yi Ă Suanzao, Yuan Shu Ă Nanyang, Kong Zhou Ă Yingzhuan et Han Fu Ă Ye. L'armĂ©e de Dong Zhuo jouit de la supĂ©rioritĂ© numĂ©rique et aucun seigneur de l'alliance n'ose ĂȘtre le premier Ă l'attaquer. Cao Cao aurait alors dit : « Une armĂ©e vertueuse est maintenant levĂ©e pour mettre fin Ă la rĂ©bellion, et nous voilĂ donc tous rĂ©unis. Messeigneurs, pourquoi hĂ©sitez-vous donc ? Lorsque Dong Zhuo apprendra qu'une armĂ©e se lĂšve Ă Shandong, il usera du pouvoir impĂ©rial pour occuper les positions stratĂ©giques des deux Zhou desquels il pourra dĂ©pĂȘcher des troupes vers l'est pour assurer sa mainmise sur l'Empire. Ses actions auront beau ĂȘtre immorales, elles suffisent Ă nous mettre en pĂ©ril ! Il vient de bouter le feu au palais, a contraint l'Empereur Ă fuir la capitale, et mis l'Empire en Ă©tat de choc. Le peuple ne sait plus Ă quel dirigeant se vouer. C'est le moment qu'ont choisi les Cieux pour le faire pĂ©rir. Une seule bataille nous suffira pour sĂ©curiser l'Empire. Nous ne pouvons pas gĂącher cette occasion ! »
En conséquence, Cao Cao mÚne son armée vers l'ouest pour capturer Changgao. Zhang Miao le fait accompagner par Wei Zi et sa troupe. Une fois arrivé au fleuve Bian à Xingyang, Cao Cao affronte l'armée du général Xu Rong et subit une lourde défaite. Au cours de la bataille, Cao Cao reçoit une flÚche dans l'épaule et son cheval est blessé. Son cousin Cao Hong lui offre son cheval pour qu'il puisse prendre la fuite à la faveur de la nuit. Xu Rong pense venir rapidement à bout de l'armée de Cao Cao, en infériorité numérique, mais est surpris par sa longue résistance et finit par battre en retraite.
Une fois arrivé à Suanzao, Cao Cao remarque que bien que la coalition réunisse plus de cent mille hommes, leurs dirigeants préfÚrent passer leur temps à boire plutÎt qu'à planifier leur avance. Cao Cao les sermonne et leur fait ce discours : « Messeigneurs, écoutez ma stratégie. Le seigneur Yuan Shao peut mener ses troupes établies à Henei pour attaquer Mengjin tandis que les autres dirigeants garderont Chenggao, et captureront Aocang, Huanyuan et Taigu. Nous contrÎlerons ainsi tous les points stratégiques. Le général Yuan Shu pourra de son cÎté mener son armée de Nanying vers Dan et Xi afin de pouvoir traverser le défilé de Wu et ce faisant perturber les trois districts entourant la capitale. Il nous faudra prendre position derriÚre des murs élevés et des tranchées profondes, ne pas engager ouvertement l'ennemi, et user d'artifices pour induire le doute chez l'adversaire. C'est en montrant notre puissance à tout l'empire et en chùtiant les rebelles de notre vertu que nous pouvons établir rapidement la paix. Nos hommes ont rejoint notre juste cause, mais en hésitant nous ne pouvons plus avancer et l'Empire perd alors tout espoir. Messeigneurs, j'ai honte pour vous ! ». Zhang Miao et les autres chefs de la coalition rejettent son plan.
L'armée de Cao Cao est faible. Il s'associe donc à Xiahou Dun pour se rendre à Yangzhou, afin de recruter des hommes. L'inspecteur de la région, Chen Wen, et le grand administrateur de Danyang leur offrent plus de quatre mille hommes. Lors d'un voyage à Longkang, la plupart des soldats se rebellent : selon le Livre du Wei, plusieurs d'entre eux mettent le feu à la tente de Cao Cao et il est forcé d'en occire une dizaine de son épée avant de les mettre en fuite. Il ne lui reste plus que cinq cents hommes. Une fois à Jiangping, dans le district de Zhi, il recrute à nouveau des troupes et ajoute plus d'un millier d'hommes à son armée, avant de se mettre en garnison à Henei.
Liu Dai et Qiao Mao s'entendent mal. Liu Dai finit par tuer Qiao Mao. De leur cÎté, Yuan Shao et Han Fu complotent pour établir Liu Yu, le gouverneur de Youzhou, en tant qu'empereur. Cao Cao s'y oppose : « Faire un changement aussi brusque avec l'Empire dans l'état qu'il est, qui pourrait le pacifier ? Messeigneurs, si vous, vous faites face au nord, pour ma part je me tourne vers l'ouest[13] ». Yuan Shu entre alors en possession du sceau de jade impérial, et, assis à cÎté de Cao Cao, il nargue ce dernier en lui faisant tapoter le sceau sur son épaule. Cao Cao rit de dérision et garde de la rancune envers Yuan Shu. Selon le Livre du Wei, lors de cet épisode, Cao Cao aurait éclaté de rire en disant « Non, je ne t'écouterai pas ! ». Yuan Shu aurait insisté et envoyé quelqu'un pour persuader Cao Cao, en lui annonçant : « Le seigneur Yuan commande maintenant de nombreux hommes, ses deux fils sont adultes, et tous se rallient à son héroïsme. Qui donc le surpasse ? » Cao Cao ne répond pas, préférant ne pas sacrifier l'alliance en se querellant avec Yuan Shu.
Au printemps[14] 191 (2e année de Chuping), Yuan Shao et Han Fu continuent à comploter pour faire monter Liu Yu sur le trÎne, mais ce dernier se rétracte, n'osant pas endosser un tel rÎle. Au mois d'avril, Dong Zhuo se rend à Chang'an et, en juillet, Yuan Shao oblige Han Fu à le laisser prendre le contrÎle de Jizhou.
Les bandits de Heishan, menĂ©s par Yu Du, Bai Rao et Sui Gu sont forts de cent mille hommes. Ils pillent les cantons de Wei et Dong. Wang Dong est incapable de leur rĂ©sister et Cao Cao dirige bientĂŽt ses troupes sur Dong, oĂč il dĂ©fait Bai Rao Ă Puyang. Yuan Shao recommande alors Cao Cao au rang de grand administrateur de Dong, le mĂȘme poste que Cao Cao avait refusĂ© naguĂšre.
Au printemps[14] 192 (3e année de Chuping), tandis que l'armée de Cao Cao est stationnée à Dunqiu, Yu Du et ses compagnons assiÚgent Wuyang (la capitale administrative de Dong, que dirige Cao Cao). Cao Cao, plutÎt que d'aller à la rescousse de Wuyang, préfÚre faire marcher ses troupes vers l'ouest, à travers les collines, afin d'assiéger directement le campement de Yu Du. Selon le Livre du Wei, à ses généraux qui mettent sa stratégie en doute, il répond : « Si ces bandits apprennent que je suis parti vers l'ouest pour attaquer leur camp, ils devront lever le siÚge pour m'affronter et Wuyang se sera alors libérée toute seule. Et si d'aventure ils ne venaient pas, je pourrai raser leur campement logistique, et il leur sera alors probablement impossible de capturer Wuyang. » Lorsqu'il a vent des mouvements de Cao Cao, Yu Du lÚve le siÚge pour défendre son propre campement. Cao Cao assaille alors Sui Gu, puis Yufulo, le chef des Xiongnu du sud, à Neihuang et les bat à plate couture.
En mai 192, le ministre Wang Yun s'associe avec LĂŒ Bu et ce dernier assassine Dong Zhuo. Les gĂ©nĂ©raux de Dong Zhuo, Li Jue et Guo Si, tuent Wang Yun et assiĂšgent LĂŒ Bu. Battu, ce dernier se replie Ă travers le dĂ©filĂ© de Wu tandis que Li Jue et ses compagnons prennent le pouvoir Ă la Cour.
Fin de la rébellion des Turbans Jaunes
Entre-temps, la rĂ©volte des Turbans Jaunes atteint son paroxysme et les rebelles se comptent par millions[15]. Ils entrent dans la province du Yan, tuent Zheng Sui, le chancelier de Rencheng, puis envahissent Dongping. Liu Dai lance une attaque ouverte contre eux malgrĂ© une mise en garde de Bao Xin, et se fait tuer, laissant le Yan sans gouverneur. Selon lâHistoire du monde, câest Chen Gong qui recommande Cao Cao comme nouveau gouverneur. Bao Xin, accompagnĂ© des mandarins du Yan se rendent dans le district de Dong pour offrir Ă Cao Cao la charge de gouverneur de Yan.
Cao Cao et Bao Xin sâunissent pour attaquer les Turbans Jaunes Ă lâest de Shouzhang, mais Bao Xin est tuĂ© lors dâune bataille. Cao Cao fait organiser des fouilles pour retrouver le corps mais sans succĂšs. Il fait tailler une statue de bois Ă son effigie pour remplacer son corps lors des funĂ©railles.
Selon le Livre du Wei, Cao Cao dĂ©ploie un millier de cavaliers et de fantassins pour inspecter le champ de bataille, mais doit se battre dans des conditions dĂ©favorables et perd plusieurs centaines dâhommes. Il ne reste Ă Cao Cao que peu de vĂ©tĂ©rans, les nouvelles recrues Ă©tant inexpĂ©rimentĂ©es. Afin de maintenir la discipline, il participe en personne aux rondes, en armure et en heaume, et fait clairement comprendre les rĂ©compenses ou punitions que les soldats peuvent espĂ©rer tirer de leur comportement.
Lors de lâhiver[16] 192-193, lâarmĂ©e de Cao Cao parvient Ă faire reculer les Turbans Jaunes jusquâĂ Jibei. Cao Cao reçoit la reddition de 300 000 soldats, ainsi que celle de plus dâun million de femmes, enfants et vieillards. Il fusionne son armĂ©e avec celle des Turbans Jaunes vaincus pour former une troupe dâĂ©lite baptisĂ©e « lâarmĂ©e de Quingzhou. »
Escarmouches contre Yuan Shu
Des frictions apparaissent entre Yuan Shao et Yuan Shu. Ce dernier cherche du soutien auprĂšs de Gongsun Zan, lequel envoie Liu Bei en garnison Ă Gaotang, Dan Jiang Ă Pingyuan et Tao Qian Ă Fagan afin de faire pression sur Yuan Shao. Cao Cao dĂ©cide de sâallier Ă Yuan Shao, et dĂ©fait les troupes de Gongsun Zan Ă chaque bataille.
Au printemps[14] 193 (4e annĂ©e de Chuping), Cao Cao stationne ses troupes Ă Juancheng. Liu Biao, alors gouverneur de la province de Jing, coupe lâapprovisionnement de Yuan Shu et ce dernier envoie son armĂ©e Ă Chenliu pour la mettre en garnison Ă Fengqiu oĂč les bandits de Heishan et de Yufuluo lâattaquent. Yuan Shu envoie le gĂ©nĂ©ral Liu Xiang Ă Kuangting, et Cao Cao attaque ce dernier, obligeant Yuan Shu Ă lui venir en aide. Yuan Shu subit une dĂ©faite sĂ©vĂšre et doit se replier pour dĂ©fendre Fengqiu. Cao Cao commence le siĂšge de cette derniĂšre et, avant que les prĂ©parations du siĂšge ne soient complĂštes, Yuan Shu sâenfuit vers Xiangyi, poursuivi par Cao Cao, qui fait dĂ©tourner les eaux du fleuve Qu'pour inonder Xiangyi. Yuan Shu sâenfuit vers Ningling, mais est encore pris en chasse par Cao Cao et doit poursuivre vers Jiujiang. Lors de lâĂ©tĂ©[17] 193, Cao Cao replie ses troupes sur Dingtao.
La mort de Cao Song
Ă Xiapei, Que Xuan assemble quelques milliers de partisans et se proclame empereur. Tao Qian, alors gouverneur du Xu, lĂšve une armĂ©e pour lui assurer son soutien. Il capture les villes de Hua et Fei de la prĂ©fecture de Taishan avant de piller Rencheng. Lors de lâautomne[18] 193, Cao Cao attaque Tao Qian et capture plus dâune dizaine de villes, mais sans parvenir Ă dĂ©loger ce dernier.
Au printemps[14] 194 (1re annĂ©e de Xingping), Cao Cao se rend en personne Ă Xu. En effet, son pĂšre Cao Song avait Ă©tĂ© assassinĂ© par Tao Qian Ă lâĂ©poque de la lutte contre Dong Zhuo, et Cao Cao avait jurĂ© vengeance[19] :
- selon l'Histoire du monde, Cao Song, alors dans le district de Hua comptait retourner Ă son village natal et Cao Cao avait demandĂ© Ă Ling Shao, le grand administrateur de Taishan, dâescorter Cao Song Ă travers le Yan, mais ce dernier nâen fit rien. Tao Qian envoya alors quelques milliers de cavaliers et Cao Song, croyant quâil sâagissait de lâescorte de Ling Shao, ne prĂ©para aucune dĂ©fense. Lorsque les soldats de Tao Qian arrivĂšrent, ils tuĂšrent Cao De, le petit frĂšre de Cao Cao. Cao Song tenta de sâenfuir Ă cheval, mais sa concubine â fort grosse selon la chronique â lui bloqua le passage. Cao Song tente alors de fuir par les toilettes mais est rattrapĂ© et assassinĂ© avec sa concubine et sa famille. Ling Shao, terrorisĂ© de devoir subir la vengeance de Cao Cao pour son manquement Ă ses obligations, abandonna son poste et se rĂ©fugia auprĂšs de Yuan Shao. Plus tard, quand Cao Cao arriva pour prendre le contrĂŽle de la province de Ji, Ling Shao sera dĂ©jĂ mort ;
- selon les Chroniques du Wu de Wei Yao[20], Cao Song possédait avec son escorte de nombreux biens. Tao Qian envoya son officier Zhang Kai avec deux cents cavaliers pour protéger Cao Song, mais ce dernier préfÚre tuer Cao Song pour prendre ses possessions et déserter. Cao Cao estima que Tao Qian était le responsable et monta une expédition contre lui.
Lors de l'été[17] 194, Cao Cao déploie Xun Yu et Cheng Yu pour garder Juancheng, puis envoie une nouvelle expédition contre Tao Qian, capturant cinq villes fortifiées et pousse son armée jusqu'à la mer de Chine orientale. Il marche sur Tan, et Tao Qian envoie Cao Bao et Liu Bei à l'est pour faire pression. Cao Cao attaque ces derniers et les défait, puis capture Xiangben. Ses troupes dévastent tout sur leur passage et font de nombreuses victimes.
Lutte contre LĂŒ Bu
Cao Cao (Ă l'extrĂȘme droite) proclame Ă Liu Bei : « Dans tout l'Empire, il n'y a d'autre vĂ©ritable hĂ©ros que vous et moi. ». Liu Bei lĂąche ses baguettes de surprise, croyant que Cao Cao a devinĂ© ses ambitions politiques et son implication dans le complot de Dong Cheng.
Entre-temps, Chen Gong trahit Cao Cao et s'unit Ă LĂŒ Bu. Plusieurs districts se joignent Ă eux. Xun Yu et Cheng Yu dĂ©fendent Juancheng, Fan et Dong'e. Cao Cao doit abandonner sa campagne contre Tao Qian pour dĂ©fendre ses terres. LĂŒ Bu tente d'assiĂ©ger Juancheng sans succĂšs et s'Ă©tablit Ă Puyang. Cao Cao aurait dit : « En l'espace d'une journĂ©e, LĂŒ Bu a conquis toute une province, mais il n'a ni occupĂ© Dongping, ni coupĂ© la route entre le Kangfu et le Taishan qui sont les points stratĂ©giques pouvant me mettre en danger. En prĂ©fĂ©rant se poster Ă Puyang, il me montre son incompĂ©tence. » Il mĂšne son armĂ©e en consĂ©quence pour lâattaquer. LĂŒ Bu lui envoie sa cavalerie et parvient Ă disperser les troupes de Cao Cao. Lors de la confusion, Cao Cao tombe de cheval et se brĂ»le la paume gauche dans un incendie. Il est sauvĂ© par Sima Lou qui le prend sur son cheval. Selon les Annales de lâempereur Xiandi de Yuan Wei[21], Cao Cao assiĂšge Puyang, et le clan Tian qui dirige la citĂ© lui offre sa reddition et le laisse entrer. Cao Cao met le feu aux portes de la ville pour montrer sa dĂ©termination Ă ne pas faire demi-tour. Son armĂ©e est alors attaquĂ©e par LĂŒ Bu et vaincue. Cao Cao est interpellĂ© par des soldats de LĂŒ Bu qui ignorent son identitĂ© : « OĂč est Cao Cao ? ». Cao Cao leur rĂ©pond : « Câest cette personne lĂ -bas, sur le cheval jaune. » Les hommes de LĂŒ Bu se mettent alors en chassent de lâhomme au cheval jaune, laissant Cao Cao fuir Ă travers les portes de la ville en feu.
Les gĂ©nĂ©raux de Cao Cao, ayant perdu de vue ce dernier au cours de la fuite de leur armĂ©e, sâinquiĂštent. Lorsquâil rejoint les restes de son armĂ©e dispersĂ©e, Cao Cao sonne lui-mĂȘme la levĂ©e des troupes pour montrer Ă tous quâil est bien en vie, et donne lâordre de construire rapidement des armes de siĂšges. Son armĂ©e affronte celle de LĂŒ Bu durant plus de cent jours. Cette annĂ©e-lĂ , une grande famine avait eu lieu en raison dâune invasion de sauterelle, et LĂŒ Bu se trouve bientĂŽt sans provisions, ni fourrage pour ses chevaux. Les deux armĂ©es doivent alors se replier.
En octobre 194, Cao Cao rentre Ă Juancheng. LĂŒ Bu se replie sur Chengshi mais est dĂ©fait par Li Jin et doit fuir vers lâest et sâĂ©tablir Ă Shanyang. Yuan Shao envoie un Ă©missaire auprĂšs de Cao Cao pour proposer une alliance, et ce dernier, qui venait de perdre le Yan et Ă bout de provisions, pense accepter. Cependant Cheng Yu sây oppose et Cao Cao suit ses conseils. En novembre 194, Cao Cao se rend Ă Dengâe.
Cette annĂ©e, en raison de lâinvasion de sauterelles, le prix dâun hu de millet (environ cent litres) atteint plus dâun demi million d'unitĂ©s monĂ©taires de l'Ă©poque, et le cannibalisme apparaĂźt. Cao Cao doit arrĂȘter le recrutement de nouveaux soldats. Tao Qian meurt sans que Cao Cao ait pu venger la mort de son pĂšre, et Liu Bei le remplace Ă son poste de gouverneur du Xu.
Au printemps[14] 195 (2e annĂ©e de Xingping), Cao Cao attaque Dingtao. En Ă©tĂ©[17], Xue Lan et Li Feng, deux gĂ©nĂ©raux de LĂŒ Bu, occupent Juye. Cao Cao assiĂšge cette derniĂšre et LĂŒ Bu vient pour renforcer Xue Lan mais ces derniers sont battus et LĂŒ Bu doit fuir. Cao Cao fait exĂ©cuter Xue Lan et LĂŒ Bu retourne Ă Dongmin avec Chen Gong pour lever une armĂ©e de plus de dix mille hommes. Cao Cao ayant une armĂ©e trĂšs faible en nombre, il dĂ©cide de tendre une embuscade : selon le Livre du Wei, la plupart de lâarmĂ©e de Cao Cao part en quĂȘte de nourriture et il lui reste moins de mille hommes. Il dĂ©cide dâemployer des femmes pour garder le camp, lequel est Ă lâouest dâune digue et au sud dâune grande forĂȘt. LĂŒ Bu nâenvisage pas que Cao Cao puisse lui monter une embuscade et ses conseillers le mettent en garde : « Cao Cao est particuliĂšrement fourbe, prenez garde Ă ne pas entrer dans ses guets-apens. » Il campe son armĂ©e plus de dix li au sud (environ 5 km). Le lendemain, alors quâil manĆuvre, Cao Cao, qui avait ses troupes cachĂ©es dans la digue, envoie la moitiĂ© hors de celles-ci pour appĂąter LĂŒ Bu. Ce dernier presse son avancĂ©e et donne lâordre dâattaquer. Lorsquâil joint le combat, Cao Cao envoie la deuxiĂšme moitiĂ© de son armĂ©e hors de sa cachette et inflige une sĂ©vĂšre dĂ©faite Ă LĂŒ Bu, capture son tambour et le poursuit jusquâĂ son camp avant de se replier.
Cao Cao capture alors Dingtao, puis disperse ses troupes pour pacifier les districts environnants. LĂŒ Bu se rallie Ă Liu Bei et Zhang Liao le rejoint, envoyant son jeune frĂšre Zhang Chao pour dĂ©fendre Yongqiu. En octobre 195, Cao Cao assiĂšge Yongqiu. En novembre de la mĂȘme annĂ©e, lâempereur nomme Cao Cao protecteur du Yan (ć ć·ç§, YÇnzhĆu mĂč). Entre janvier et fĂ©vrier, Yongqiu tombe, Zhang Chao se suicide, et le clan Zhang de la ville est exterminĂ© sur trois gĂ©nĂ©rations. Cao Cao pacifie le Yan puis attaque le Chen Ă lâest.
Cette annĂ©e-lĂ , des troubles agitent Changâan et lâempereur doit fuir vers lâest. Son escorte est vaincue Ă Caoyang et il doit traverser le fleuve Jaune pour se rĂ©fugier Ă Anyi.
Au printemps[14] 196 (1re annĂ©e de Jianâan), Cao Cao arrive Ă Wuping, et Yuan Si, qui avait Ă©tĂ© affectĂ© lĂ par Yuan Shu en tant que gouverneur, se rend. Cao Cao se prĂ©pare Ă accueillir lâempereur, mais certains de ses gĂ©nĂ©raux ont des rĂ©serves. ConseillĂ© par Xun Yu et Cheng Yu, il envoie Cao Hong Ă lâouest pour escorter lâempereur, mais Dong Cheng ainsi que Chang Nu, un gĂ©nĂ©ral de Yuan Shu, lâempĂȘchent dâavancer.
Entre-temps, une nouvelle rĂ©bellion des Turbans Jaunes se prĂ©pare, menĂ©e par He Yi, Liu Bi, Huang Shao, et He Man, chacun menant plusieurs dizaines de milliers dâhommes. Entre mars et avril 196, Cao Cao lĂšve une armĂ©e pour les mater, fait exĂ©cuter Liu Bi et Huang Shao, et reçoit la soumission de He Yi. Lâempereur nomme Cao Cao « gĂ©nĂ©ral qui Ă©tablit la vertu » (ć»șćŸ·ć°è», jiĂ n dĂ© jiÄnjĆ«n). Vers juillet-aoĂ»t 196, sa charge est amendĂ© en « gĂ©nĂ©ral qui garde lâEst » (éźæ±ć°è», zhĂšn dĆng jiÄnjĆ«n) et lâempereur lui octroie le titre de marquis de Feiting (èČ»äșäŸŻ, FĂšitĂng hĂłu). Vers aoĂ»t-septembre, Yang Feng et Han Xian escortent lâempereur Ă Luoyang. Yang Feng se poste en garnison Ă Liang, et Cao Cao se rend Ă Luoyang pour sĂ©curiser la capitale, forçant Han Xian Ă fuir. Lâempereur transmet Ă Cao Cao la hache cĂ©rĂ©monielle et lui confĂšre la charge dâintendant des maĂźtres des Ă©crits (éć°æžäș, lĂč shĂ ngshĆ« shĂŹ). Selon les Annales de lâempereur Xiandi, Cao Cao reçoit Ă©galement le titre de colonel des serviteurs (éžæ Ąć°, lĂŹ jiĂ o wĂši). En raison des guerres, Luoyang est en ruines et Dong Zhao recommande Ă Cao Cao de transfĂ©rer la capitale Ă Xu. En septembre, le cortĂšge impĂ©rial voyage Ă lâest et traverse le col de Huanyuan. Cao Cao est nommĂ© gĂ©nĂ©ral en chef (性ć°è», dĂ jiÄnjĆ«n) et fait marquis de Wuping (æŠćčłäŸŻ, WÇpĂng hĂłu). Selon les Annales des Han, Wang Li, le conseiller de lâempereur, rĂ©pĂšte plusieurs fois Ă ce dernier : « Le mandat cĂ©leste Ă©volue et les cinq Ă©lĂ©ments sont rarement fixes. De mĂȘme que du feu naĂźt la terre, des Han naĂźtra le Wei. Le clan Cao a les capacitĂ©s de pacifier lâempire. Il nây a rien dâautre Ă faire que de lui donner le contrĂŽle ». Cao Cao, mit au courant de ces paroles, envoie un message Ă Wang Li disant : « Je vous sais probe et loyal Ă lâEmpire, mais les vĂ©ritables voies cĂ©lestes sont profondes et lointaines. JâespĂšre que vous ne direz plus mot Ă ce sujet. »
Alors que lâempereur part vers lâest, Yang Feng pense monter une embuscade pour le capturer mais Ă©choue. En novembre, Cao Cao mĂšne une compagne contre Yang Feng qui doit se rĂ©fugier au sud auprĂšs de Yuan Shu. Cao Cao assiĂšge et capture Liang. Yuan Shao reçoit le titre de grand commandant (ć€Șć° tĂ i wĂši) mais celui-ci se sent insultĂ© Ă lâidĂ©e de devenir le subordonnĂ© de Cao Cao, refuse le poste, et Cao Cao abandonne son rang de gĂ©nĂ©ral en chef pour lâoffrir Ă Yuan Shao. Lâempereur lui offre en Ă©change les postes de ministre du travail (ćžç©ș, sÄ« kĆng) et de gĂ©nĂ©ral des chariots et de la cavalerie (è»éšć°è», chÄ qĂ jiÄngjĆ«n). Cette annĂ©e, sur les conseils de Zao Zhi et de Han Hao, il institue la politique des colonies agraires dite tuntian.
LĂŒ Bu attaque ensuite Liu Bei et capture Xiapei. Liu Bei se rĂ©fugie auprĂšs de Cao Cao et Cheng Yu lui aurait dit : « Liu Bei a les talents dâun hĂ©ros et capture les cĆurs des gens. Il ne suivra pas vos ordres Ă©ternellement et il vaudrait mieux disposer de lui au plus vite. » Cao Cao aurait rĂ©pondu : « Nous vivons une Ă©poque oĂč nous avons besoin de recruter des hĂ©ros. En tuer un nous ferait perdre les cĆurs de lâempire. Je ne peux pas. »
Ă la mort de Zhang Ji, son neveu Zhang Xiu prend le contrĂŽle de son armĂ©e. Au printemps[14] 197, Cao Cao arrive Ă Wan. Zhang Xiu se soumet dans un premier temps, puis se rebelle Ă nouveau, furieux que Cao Cao ait choisi sa tante, Zhou Ji, comme concubine. Cao Cao lâaffronte, mais son armĂ©e se fait battre. Il est lui-mĂȘme atteint par une flĂšche, et son fils aĂźnĂ© Cao Ang et son neveu Cao Anmin sont tuĂ©s, ainsi que son garde du corps Dian Wei. Selon le Livre du Wei, Cao Cao et son cheval, nommĂ© Jue Ying, sont touchĂ©s par des flĂšches, blessant Cao Cao au bras droit et son cheval Ă la joue et aux pattes. Selon lâHistoire du Monde, Cao Ang, son fils aĂźnĂ©, ne savait pas monter Ă cheval et prĂȘta son cheval Ă Cao Cao. Ne pouvant plus sâenfuir, il trouva la mort au cours de la bataille.
Cao Cao replie ses troupes Ă Wuyin, et tandis que Zhang Xiu prĂ©parait une expĂ©dition, Cao Cao lâattaque et lui inflige une dĂ©faite, forçant Zhang Xiu Ă sâenfuir Ă Rang auprĂšs de Liu Biao. Cao Cao dit alors Ă ses gĂ©nĂ©raux : « Jâai acceptĂ© la reddition de Zhang Xiu mais je nâai pas immĂ©diatement pris des otages. Je comprends les causes de ma dĂ©faite. Soyez tous tĂ©moin quâĂ partir dâaujourdâhui je ne serai plus jamais vaincu. » Il retourne alors Ă Xu.
Entre-temps, Yuan Shu pense se dĂ©clarer empereur et envoie un Ă©missaire en informer LĂŒ Bu, qui rapporte le fait Ă la Cour impĂ©riale. Furieux, Yuan Shu assiĂšge LĂŒ Bu mais se fait battre par ce dernier. En automne[18] 197, Yuan Shu envahit Chen, et Cao Cao envoie ses troupes pour lâattaquer. Ayant vent de son approche, Yuan Shu se retire pour traverser le Huai, en laissant ses gĂ©nĂ©raux Qiao Rui, Li Feng, Liang Gang et Yue Jiu assurer sa retraite. Cao Cao bat ces derniers et les fait exĂ©cuter avant de retourner Ă Xu. Les districts de Nanyang et Zhangling se soulĂšvent sous la banniĂšre de Zhang Xiu et Cao Cao envoie Cao Hong pour les mater, mais ce dernier est battu. Cao Hong doit se retirer Ă Ye oĂč il est harcelĂ© en permanence par les armĂ©es de Zhang Xiu et Liu Biao. En novembre, Cao Cao fait campagne au sud Ă Wan et attaque Huyang, alors occupĂ©e par Deng Ji, un gĂ©nĂ©ral de Liu Biao. Cao Cao capture Deng Ji et occupe Huyang, puis assiĂšge et occupe Wuyin.
En fĂ©vrier 198 (3e annĂ©e de Jianâan), Cao Cao se replie sur Xu et institue pour la premiĂšre fois la charge de responsable des sacrifices militaires (è»ćž«ç„é , jĆ«n shÄ« jĂŹ jiÇ). En mai, il encercle Zhang Xiu Ă Rang. En juillet, Liu Biao envoie des renforts Ă Zhang Xiu et coupe la retraite des troupes de Cao Cao. Selon les Annales de lâempereur Xiandi, Cao Cao est averti par Yuan Shao dâun complot de Tian Feng visant lâempereur et dĂ©cide de rentrer Ă la capitale. Il est pris en chasse par les troupes de Zhang Xiu et ses troupes ne peuvent pas manĆuvrer efficacement. ArrivĂ© Ă Anzhong, il se rend compte que les points stratĂ©giques sont tenus par Zhang Xiu et Liu Biao et son armĂ©e est prise en tenaille. Ă la faveur de la nuit, il fait creuser un tunnel dans les cols et y fait passer ses fournitures militaires tandis quâil prĂ©pare ses soldats pour une embuscade. Le lendemain, les troupes de Zhang Xiu et de Liu Biao pensent que Cao Cao sâest enfui et lui donnent chasse mais tombent dans lâembuscade de ce dernier.
LĂŒ Bu se joint Ă nouveau Ă Yuan Shu et envoie Gao Shun pour assiĂ©ger Liu Bei. Cao Cao envoie Xiahou Dun pour venir en aide Ă Liu Bei, mais les efforts de ce dernier sont infructueux et Liu Bei est battu par Gao Shun. En octobre-novembre, Cao Cao dirige son armĂ©e Ă lâest pour affronter LĂŒ Bu et en octobre pille Pencheng et capture son gouverneur, Hou Xie. Il se rend alors Ă Xiapei et LĂŒ Bu en personne et sa cavalerie lâaffrontent. LâarmĂ©e de Cao Cao le dĂ©fait complĂštement, et lors de la bataille capture le gĂ©nĂ©ral Cheng Lian. Les troupes de Cao Cao sâintroduisent dans la ville et LĂŒ Bu panique et pense se rendre, mais Chen Gong et ses autres conseillers sây opposent, conseillant de continuer le combat et de demander des renforts Ă Yuan Shu. LĂŒ Bu est Ă nouveau battu et bat en retraite. Entre-temps, les soldats de Cao Cao, fatiguĂ©s, pensent eux aussi battre en retraite. Pour finir la bataille au vite, sur les conseils de Xun Yu et Guo Jia, Cao Cao dĂ©cide de dĂ©tourner le cours des fleuves Si et Xin pour inonder la ville. Plus tard, ce mĂȘme mois, les gĂ©nĂ©raux Song Xian et Wei Xu trahissent LĂŒ Bu et offrent la ville Ă Cao Cao. LĂŒ Bu et Cheng Gong sont capturĂ©s et exĂ©cutĂ©s. Zang Ba, Sun Guan, Wu Guo, Yin Li, Chang Xi de Taishan, qui avaient offerts leurs services Ă LĂŒ Bu lorsque ce dernier avait battu Liu Bei, sont traitĂ©s gĂ©nĂ©reusement par Cao Cao qui leur offre des postes dans son gouvernement. Cao Cao capture Ă©galement Bi Chen : celui-ci Ă©tait autrefois au service de Cao Cao Ă lâĂ©poque oĂč il Ă©tait gouverneur du Yan mais lâavait quittĂ© pour rejoindre Zhang Liao, ce dernier ayant pris sa mĂšre et sa famille en otage. PlutĂŽt que de lâexĂ©cuter pour sa trahison, Cao Cao annonce : « Celui qui montre de la piĂ©tĂ© filiale sera Ă©galement loyal Ă son souverain. VoilĂ le genre de personne que je recherche ! » et le nomme gouverneur du Lu. Cao Cao redessine les frontiĂšres des districts de Langya, Donghai et Beihai pour former les nouveaux districts de Chengyang, Licheng et Changlu.
PremiĂšres escarmouches contre Yuan Shao
En mars-avril 199 (4e annĂ©e de Jianâan), Cao Cao replie son armĂ©e sur Changyi, puis entre mai et juin ordonne Ă Cao Ren et Shi Huan de traverser le fleuve Jaune et dâattaquer Gui Gu, qui venait de rejoindre Yuan Shao et sâĂ©tait postĂ© en garnison Ă Shequan. Gui Gu laisse Xue Hong et Miao Shang diriger Shequan pendant quâil part au nord chercher de lâaide auprĂšs de Yuan Shao, mais il rencontre les troupes de Cao Ren et Shi Huan Ă Quancheng et est tuĂ© au cours de la bataille qui sâensuit. Cao Cao et son armĂ©e traversent alors le fleuve Jaune pour assiĂ©ger Shequan. Xue Hong et Miu Shang se rendent et Cao Cao leur offre le titre de marquis puis se replie sur Aocang et nomme Wei Zhong grand administrateur de Henei (æČłć §ć€Șćź, HĂ©nĂši tĂ ishÇu) et lui donne le contrĂŽle des terres au nord du fleuve He.
Ă cette Ă©poque, Yuan Shao avait absorbĂ© les territoires de Gongsun Zan, dirigeait quatre provinces, et se prĂ©parait Ă attaquer Xu. Aux gĂ©nĂ©raux qui pensent ne pas pouvoir se mesurer Ă lui, Cao Cao aurait dit : « Je connais bien la façon dâagir de Yuan Shao : il a une forte volontĂ©, mais peu de discernement, son apparence est sĂ©vĂšre, mais son courage est mince, il a de lâambition mais peu de prestige. Ses soldats sont nombreux mais sa stratĂ©gie nâest pas Ă©tablie. Ses gĂ©nĂ©raux sont fiers mais leur commandement nâest pas uni. Son territoire est vaste et ses ressources abondantes, ce qui fait de lui une cible rĂȘvĂ©e pour moi. »
En septembre, Cao Cao dĂ©ploie ses troupes vers Liyang, ordonne Ă Zhang Ba dâavancer vers Qingzhou pour assiĂ©ger Qi, Beihai et Dongan, et laisse Yu Jin garder le fleuve Jaune. Au mois de septembre, il revient Ă Xu et prĂ©pare des troupes pour sĂ©curiser Guandu. En dĂ©cembre, Zhang Xiu fait sa soumission et Cao Cao le nomme marquis. En janvier 200, Cao Cao se rend avec son armĂ©e Ă Guandu.
Depuis sa dĂ©faite Ă Chen, Yuan Shu tombe malade et Yuan Tan est envoyĂ© Ă ses cĂŽtĂ©s depuis le Qing pour l'assister. Yuan Shu pense se rendre au nord pour traverser Xiapi. Cao Cao envoie Liu Bei et Zhu Ling pour le capturer, mais Yuan Shu meurt de maladie. Lorsque Cheng Yu et Guo Jia apprennent que Cao Cao a envoyĂ© Liu Bei, ils le mettent en garde : « Liu Bei ne doit pas ĂȘtre libre de ses gestes ! » Ayant changĂ© d'avis, Cao Cao envoie des hommes pour lui donner chasse, mais ceux-ci ne parviennent pas Ă le rattraper : Liu Bei s'est entendu avec Dong Cheng pour s'Ă©manciper de Cao Cao. Une fois Ă Xiapi, il tue Che Zhou, l'inspecteur de Xuzhou, et poste son armĂ©e en garnison Ă Pei. Cao Cao envoie Liu Dai et Wang Zhong pour l'attaquer, mais sans succĂšs. Entre-temps Liu Xun, le grand administrateur de Lujiang, fait sa soumission Ă Cao Cao et reçoit le titre de marquis.
La bataille de Guandu
En février 200 (5e année de Jian'an), un complot de Dong Cheng pour assassiner Cao Cao est révélé et tous les conjurateurs sont exécutés. Cao Cao se prépare à attaquer Liu Bei, mais ses généraux le mettent en garde contre la menace que représente Yuan Shao. Cao Cao leur aurait répondu : « Liu Bei est un héros parmi les hommes. Si je ne le frappe pas maintenant, il me causera sûrement du souci à l'avenir[22]. Il est vrai que Yuan Shao a de grandes ambitions, mais il est lent à saisir les opportunités, et ne m'attaquera pas. » Guo Jia soutient son opinion et Cao Cao parvient à infliger une défaite à Liu Bei, et à capturer un de ses généraux, Xiahou Bo. Liu Bei se réfugie auprÚs de Yuan Shao et Cao Cao capture ses femmes. Liu Bei envoie Guan Yu pour garder Xiapi, mais ce dernier, assiégé par Cao Cao, doit se rendre. Chang Xi se soulÚve à son tour en soutien à Liu Bei mais est lui aussi vaincu par Cao Cao. Cao Cao revient alors à Guandu pour affronter Yuan Shao, mais ce dernier ne se manifeste alors pas.
En mars, Yuan Shao envoie Guo Tu, Chunyu Qiong et Yan Liang assiĂ©ger Liu Yan Ă Baima, et part pour Liyang oĂč il se prĂ©pare Ă traverser le Fleuve Jaune. En avril, Cao Cao envoie des renforts Ă Liu Yan, et, sur les conseils de Xun You, fait mine dâaller Ă Yanjin pour traverser le Fleuve Jaune, comme pour prendre Ă revers lâarmĂ©e de Yuan Shao. Ce dernier rĂ©agit en dirigeant ses troupes Ă lâouest, mais Cao Cao se dirige en fait vers Baima, et envoie Zhang Liao et Guan Yu affronter Yan Liang. Ceux-ci le tuent et mettent son armĂ©e en dĂ©route. Cao Cao dĂ©fait alors le siĂšge de Baima et en dĂ©mĂ©nage les habitants Ă lâouest du Fleuve Jaune.
Yuan Shao traverse Ă son tour le Fleuve Jaune pour poursuivre Cao Cao et arrive au sud de Yanjin. Les soldats de Cao Cao rapportent Ă celui-ci que lâarmĂ©e de Yuan Shao est « trop nombreuse pour ĂȘtre comptĂ©e » et Cao Cao leur ordonne dâabandonner chevaux et selles. Les caravanes de rationnement de Baima sont alors renversĂ©es sur le chemin et les gĂ©nĂ©raux de Cao Cao lui conseillent de vite les mettre Ă lâabri tandis que Xu You conseille plutĂŽt dâen faire un appĂąt pour les troupes adverses. Yuan Shao envoie Wen Chou et Liu Bei poursuivre Cao Cao et leur donne six cents cavaliers. Lorsque ceux-ci arrivent, les gĂ©nĂ©raux conseillent Ă Cao Cao de prendre les chevaux et de sâenfuir, mais Cao Cao sây refuse, et donne lâordre dâattaquer au moment oĂč les troupes ennemies ont mis pied Ă terre pour prendre possession des provisions et des chevaux abandonnĂ©s par Cao Cao. Les troupes de Cao Cao gagnent le combat et Wen Chou est tuĂ© dans la bataille. Cao Cao se replie alors sur Guandu, tandis qu'Yuan Shao part dĂ©fendre Yangwu, et Guan Yu quitte Cao Cao pour rejoindre Liu Bei.
Au mois de septembre, Yuan Shao Ă©tablit son camp en face de celui de Cao Cao, et fait construire des dunes sur dix li (5 km) dâest en ouest pour le renforcer. Cao Cao fait Ă©galement construire des fortifications en rĂ©ponse. Selon les Annales des dynasties Han et Jin[23], Xu You conseille Ă Yuan Shao de ne pas affronter Cao Cao directement mais de se contenter de le retenir avec une division et dâaller capturer lâempereur, mais Yuan Shao ne veut pas suivre son conseil.
Cao Cao a alors moins de dix mille soldats et un sur cinq étaient blessés[24], tandis que selon les Chroniques des origines[25], Yuan Shao a plus de cent mille hommes. Yuan Shao approche Guandu et commence à creuser des fortifications et des tranchées, imité par Cao Cao. Yuan Shao attaque les soldats de Cao Cao avec ses archers par-dessus les fortifications et ces derniers doivent se déplacer à travers le camp en se couvrant de leurs boucliers. En outre, Cao Cao souffre de problÚmes de ravitaillement et écrit à Xun Yu en lui manifestant son intention de retourner à Xu. Dans sa réponse, Xun Yu lui conseille de continuer le combat.
Entre-temps, Sun Ce apprend que Cao Cao est occupĂ© Ă combattre Yuan Shao et entreprend de monter une armĂ©e pour attaquer Xu, mais est assassinĂ© avant de pouvoir mettre son plan Ă exĂ©cution. Ă Runan, sur la demande de Yuan Shao, Liu Pi, un ancien commandant des Turbans Jaunes, pille Xu. Yuan Shao envoie Liu Bei pour lâassister tandis que Cao Cao envoie Cao Ren pour attaquer Liu Pi. Liu Bei sâenfuit et Cao Ren dĂ©truit le campement de Liu Pi.
Yuan Shao fait transporter Ă son camp plusieurs milliers de wagons de ravitaillement. Cao Cao, sur une idĂ©e de Xun You, envoie Xu Huang et Shi Huan pour intercepter la caravane et en brĂ»ler tous les wagons. En octobre, Yuan Shao fait escorter ses chariots de ravitaillement par plus de dix mille hommes, placĂ©s sous les ordres de Chunyu Qiong et cinq autres gĂ©nĂ©raux, pour les entreposer dans une rĂ©serve Ă 20 km au nord. Entre-temps, Xu You, furieux de voir Yuan Shao faire peu cas de ses conseils, finit par le dĂ©serter, se placer sous les ordres de Cao Cao, et soumet Ă ce dernier lâidĂ©e dâattaquer Chunyu Qiong.
Selon la Biographie de Cao le Fourbe, lorsque Cao Cao apprend que Xu You vient le rejoindre, il va lâaccueillir en personne et pieds nus. Xu You lâinterroge :
« Combien de provisions avez-vous ?
- â De quoi tenir un an.
- â Ce nâest pas vrai, rĂ©pondez-moi Ă nouveau.
- â De quoi tenir six mois.
- â Manifestement vous ne dĂ©sirez pas vaincre le malĂ©fique clan Shao. Vous ne me dites pas la vĂ©ritĂ©.
- â Je plaisantais, en rĂ©alitĂ© jâai de quoi tenir un mois, mais puis-je faire autrement ?
- â Seigneur, vous nâavez quâune armĂ©e pour vous dĂ©fendre, personne pour venir Ă votre secours, vos rĂ©serves de grain sont bientĂŽt Ă©puisĂ©es et votre situation est critique. Le clan Yuan repose sur les nombreux vivres quâils ont entreposĂ©s Ă Wuchao Ă Gushi et leur camp manque de discipline. Ils ne sâattendent pas Ă une attaque : vous devriez utiliser une troupe lĂ©gĂšre pour les attaquer et brĂ»ler leurs vivres. Dâici trois jours, le clan Yuan sera battu. »
Cette scÚne est reprise de façon plus dramatisée dans le roman Les Trois Royaumes.
La plupart de ses subordonnĂ©s hĂ©sitent dâexĂ©cuter ce plan, mais Xun You et Jia Yi approuvent, et Cao Cao ordonne donc Ă Cao Hong de dĂ©fendre le camp tandis quâil part de nuit en personne avec cinq mille hommes et atteint lâentrepĂŽt de Yuan Shao Ă lâaurore. Chunyu Qiong, en voyant lâarmĂ©e de Cao Cao approcher, estime celle-ci faible et dĂ©cide de lâattaquer en dehors des remparts. Mais son armĂ©e et dĂ©sorganisĂ©e et câest Cao Cao qui attaque le premier, forçant Chunyu Qiong Ă se replier. Cao Cao fait alors le siĂšge de la rĂ©serve, mais Yuan Shao dĂ©pĂȘche des cavaliers pour venir en aide Ă Chunyu Qiong. Quelques gĂ©nĂ©raux de Cao Cao lui proposent de se concentrer sur ces cavaliers, mais Cao Cao leur annonce que lâobjectif premier est le siĂšge. Les hommes de Cao Cao, pris en tenaille sont forcĂ©s combattre avec lâĂ©nergie du dĂ©sespoir, et finissent par envahir la rĂ©serve et battre Chunyu Qiong qui sera exĂ©cutĂ© avec les autres gĂ©nĂ©raux de Yuan Shao. La Biographie de Cao le Fourbe relate que bien que Cao Cao fait dĂ©capiter les officiers Sui Yuanjin, Han Juzi, LĂŒ Weihuang et Zhao Rui, il se contente de faire couper le nez de Chunyu Qiong et lui laisse la vie sauve. Il fait tuer ensuite mille hommes, leur fait couper le nez, et fait trancher les lĂšvres et langues de tous les chevaux et les bĆufs pour les exposer devant lâarmĂ©e de Yuan Shao. Lorsquâil interroge Chunyu Qiong, celui-ci lui dit : « Victoire ou dĂ©faite viennent du ciel, pourquoi se poser plus de questions ? » Cao Cao souhaite lâĂ©pargner, mais Xu You le met en garde : « Une fois que le jour sera levĂ© et quâil se verra dans la glace, il nâaura peut-ĂȘtre pas Ă©tĂ© bĂ©nĂ©fique de lâĂ©pargner. » En consĂ©quence Cao Cao le fait exĂ©cuter.
Lorsque Yuan Shao apprend le sort de Chunyu Qiong et de son ravitaillement, il dĂ©cide de profiter de lâabsence de Cao Cao pour attaquer son camp principal et envoie Zhang He et Gao Lan pour assiĂ©ger Cao Hong. Mais lorsque ceux-ci apprirent la dĂ©faite de Chunyu Qiong, ils se rendent. Yuan Shao et Yuan Tan battent en retraite et traversent le Fleuve Jaune. Cao Cao lui donne chasse sans succĂšs, mais prend possession de toutes les affaires abandonnĂ©es par lâarmĂ©e de Yuan Shao : bibliothĂšque, et trĂ©sors, et fait de nombreux prisonniers. Parmi les papiers capturĂ©s, se trouvent des documents prouvant que des officiers de Cao Cao avaient traitĂ© avec Yuan Shao. Cao Cao dĂ©cide de les faire brĂ»ler sans punir quiconque. Selon les Annales du clan Wei[26], il donne cette justification : « Jâai subi la puissance de Yuan Shao et je ne pensais pas moi-mĂȘme pouvoir mâen protĂ©ger, alors que dire de mes hommes ! »
Avec cette victoire, Cao Cao se rend maĂźtre de toute la province de Ji, mettant ainsi une bonne partie du nord de la Chine sous sa direction.
Mort de Yuan Shao
MalgrĂ© sa dĂ©faite Ă Guandu, Yuan Shao est encore actif. Vers mai-juin 201 (6e annĂ©e de Jian'an), Cao Cao dirige une expĂ©dition du cĂŽtĂ© du Fleuve Jaune, attaque les troupes de Yuan Shao Ă Cangting et les dĂ©fait. Il profite du retrait de Yuan Shao pour pacifier les districts en rĂ©volte puis en septembre, rentre Ă la capitale. Yuan Shao donne Ă Liu Bei la mission de piller Runan, accompagnĂ© du rebelle Gong Du. Cao Cao envoie Cai Yang pour sâopposer Ă Gong Du, mais cette expĂ©dition se solde par une dĂ©faite. Cao Cao monte alors une expĂ©dition contre Liu Bei, mais ce dernier, apprenant que Cao Cao en personne vient lâaffronter, se rĂ©fugie auprĂšs de Liu Biao tandis que lâarmĂ©e de Gong Du se dĂ©mantĂšle.
Vers février-mars 202 (7e année de Jian'an), Cao Cao se rend avec son armée à Qiao et fait émettre un décret :
- « Jâai levĂ© une armĂ©e vertueuse pour mater toute sĂ©dition dans lâEmpire. Les habitants de mon pays natal ont tous pĂ©ri. Il nâest personne que je puisse reconnaĂźtre quand je parcours lâEmpire toute une journĂ©e, et cette pensĂ©e me plonge dans lâaffliction. Depuis que jâai levĂ© ma vertueuse armĂ©e, Ă chaque fois quâun officier ou simple soldat mourait sans laisser de descendance, jâai toujours cherchĂ© des parents Ă qui je pouvais transmettre son hĂ©ritage, ses terres et son bĂ©tail, et jâai dĂ©pĂȘchĂ© des tuteurs pour les Ă©duquer. Jâai fait construire des temples Ă lâusage des vivants pour quâils puissent offrir des sacrifices en mĂ©moire de leurs ancĂȘtres. Car si vraiment les Ăąmes existent, aprĂšs ma mort, il nâest rien que je puisse regretter ! »
Il se dirige alors Ă Junyi pour faire rĂ©parer les canaux dâirrigation de Suiyang et organise un sacrifice en mĂ©moire de Qiao Xuan. Il dĂ©pĂȘche ensuite son armĂ©e en direction de Guandu.
AprĂšs sa derniĂšre dĂ©faite, Yuan Shao tombe malade et vomit du sang. Il meurt au mois de juin et câest son fils Yuan Shang qui lui succĂšde. Yuan Tan se dĂ©clare gĂ©nĂ©ral des Chariots et de la Cavalerie et se poste en garnison Ă Liyang. Au mois de septembre, Cao Cao dirige en personne une expĂ©dition contre eux et les bat Ă plusieurs reprises si bien qu'Yuan Shang et Yuan Tan doivent battre en retraite.
Lutte contre Yuan Tan et Yuan Shang
En avril 203 (8e annĂ©e de Jianâan), Cao Cao fait assiĂ©ger de nombreuses villes aux alentours de Liyang, et dĂ©fait Yuan Tan et Yuan Shang qui doivent fuir Ă faveur de la nuit. Au mois de mai, il avance sur le district de Ye (aujourdâhui dans la province de Henan) puis au mois juin retourne Ă la capitale, confiant la ville de Liyang Ă Jia Xu.
Le (jour du jiyou), Cao Cao Ă©met un dĂ©cret par lequel tout gĂ©nĂ©ral ayant perdu une campagne sera jugĂ©, relevĂ© de ses fonctions et privĂ© de ses titres de noblesse hĂ©rĂ©ditaires : « Jâai rĂ©compensĂ© les rĂ©ussites sans punir les Ă©checs, or ceci est contraire aux us du pays ! » Selon le Livre du Wei, il Ă©met un nouveau dĂ©cret le 3 juillet (jour du gengshen) rĂ©pondant Ă des critiques selon lesquels des officiers talentueux nâavaient pas reçu de poste de responsabilitĂ© : « De mĂȘme que je ne peux rĂ©compenser un soldat qui ne se bat pas, je ne puis accorder de poste de responsabilitĂ© Ă des officiers qui nâont pas Ă©prouvĂ© leurs capacitĂ©s. Câest sur le mĂ©rite que doivent se distribuer les rĂ©compenses. »
En septembre, il Ă©met un nouveau dĂ©cret imposant lâĂ©tude de littĂ©rature afin dâĂ©duquer les habitants. Des professeurs sont envoyĂ©s dans les villes de plus de cinq cents habitants pour trouver des nouveaux talents et les instruire.
Alliance temporaire avec Yuan Tan
En octobre, Cao Cao attaque Liu Biao et met son armĂ©e en garnison Ă Xiping. Alors quâil mĂšne son expĂ©dition au sud, les frĂšres Yuan Tan et Yuan Shang se disputent la direction de la province de Ji. Yuan Tan doit battre en retraite Ă Pingyuan et Yuan Shang monte un siĂšge. En dĂ©sespoir de cause, Yuan Tan envoie Xin Pi auprĂšs de Cao Cao pour faire sa soumission en espĂ©rant que celui-ci vienne Ă son aide. ConseillĂ© par Xun You, Cao Cao accepte cette reddition et abandonne en consĂ©quence sa campagne contre Liu Biao. Selon le Livre du Wei, il justifie cette dĂ©cision par le fait que dâune part Liu Biao nâa jamais pu saisir les opportunitĂ©s de lâattaquer quand il fallait et quâil Ă©tait toujours possible de mener campagne contre lui plus tard, et d'autre part quâil Ă©tait primordial de profiter de la discorde entre Yuan Shang et Yuan Tan et de se servir de Yuan Tan pour vaincre Yuan Shang. En octobre, en arrivant Ă Liyang, il prĂ©pare le mariage dâune de ses filles avec Yuan Tan[27]. Apprenant que Cao Cao se dirigeait vers le nord, Yuan Shang abandonne le siĂšge de Pingyuan et se rĂ©fugie Ă Ye. Les frĂšres LĂŒ Kuang et LĂŒ Xiang de Dongping trahissent alors Yuan Shang, et sâĂ©tablissent Ă Yangping puis se soumettent Ă Cao Cao qui offre Ă chacun le titre de marquis. Selon le Livre du Wei, une fois le siĂšge dĂ©fait, Yuan Tan envoie secrĂštement un sceau de gĂ©nĂ©ral contrefait Ă LĂŒ Kuang. LĂŒ Kuang remet alors celui-ci Ă Cao Cao qui annonce : « Je connais bien les mĂ©diocres stratĂ©gies de Yuan Tan. Il aimerait que jâattaque Yuan Shang pour quâil puisse entre-temps piller la population et monter une armĂ©e afin que lorsque Yuan Shang aura Ă©tĂ© battu, il ait Ă sa disposition une force avec laquelle il pourra profiter de mon Ă©tat de faiblesse. Mais je bĂ©nĂ©ficierai Ă©galement de la dĂ©faite de Yuan Shang : de quelle faiblesse pourra-t-il donc tirer avantage ? »
Vers fĂ©vrier-mars 204 (9e annĂ©e de Jianâan), Cao Cao traverse le Fleuve Jaune et fait dĂ©tourner les eaux de la riviĂšre Qi vers le barrage de Bai afin de faciliter la logistique et le ravitaillement. Vers mars-avril, Yuan Shang assiĂšge Ă nouveau Yuan Tan, laissant la garde de Ye Ă Su You et Shen Pei. LâarmĂ©e de Cao Cao avance sur la riviĂšre Huan et attaque Ye avec une stratĂ©gie faisant intervenir des collines artificielles et la construction de tunnels. Entre mai et juin, Cao Cao confie Ă Cao Hong le siĂšge de Ye pour attaquer Yin Kai, le chef de Wuâan, qui venait de sâĂ©tablir Ă Maocheng, lieu duquel il pouvait contrĂŽler le passage du ravitaillement venant de Shangdang. Cao Cao parvient Ă vaincre Yin Kai, puis attaque Handan, gardĂ©e par Ju Jiu, un gĂ©nĂ©ral de Yuan Shang, et capture la ville. Han Fan, le protecteur de Yiyang, et Liang Qi, le chef de She, font Ă©galement leur soumission et reçoivent en rĂ©compense le titre de marquis.
Vers juin-juillet, Cao Cao fait dĂ©truire les collines artificielles et les tunnels et fait construire un canal encerclant Ye pour dĂ©tourner les eaux de la riviĂšre Zhang et inonder la ville. La moitiĂ© des habitants meurent de la famine qui en rĂ©sulte. Vers aoĂ»t-septembre, Yuan Shang revient pour assister Ye et les gĂ©nĂ©raux de Cao Cao conseillent ce dernier dâĂ©viter de lâaffronter, car des soldats luttant pour eux-mĂȘmes et leur ville natale sont redoutables. Cao Cao annonce : « Si Yuan Shang arrive par la voie principale, nous lâĂ©viterons, mais sâil arrive par les collines Ă lâouest, nous pourrons le capturer. » Yuan Shang arrive par les collines de lâouest et fait stationner son armĂ©e sur les rives de la riviĂšre Fu puis attaque Cao Cao de nuit pour tenter de briser le siĂšge mais sans succĂšs. Cao Cao met son armĂ©e en dĂ©route et encercle son campement. PaniquĂ©, Yuan Shang tente dâenvoyer Chen Ling et Yin Kui, lâinspecteur du Yu, afin de se soumettre, mais Cao Cao refuse sa reddition. Yuan Shang tente de fuir Ă la faveur de la nuit pour se rĂ©fugier dans les collines de Qi, mais Cao Cao le rattrape et lâattaque. Avant le dĂ©but de la bataille, les gĂ©nĂ©raux Ma Yan et Zhang Yi se rendent. Yuan Shang subit une dĂ©faite Ă©crasante et part se rĂ©fugier Ă Zhongshan en laissant toutes ses possessions sur place, y compris son sceau et sa hache de cĂ©rĂ©monie. Cao Cao fait exposer les soldats capturĂ©s Ă leurs familles Ă Ye afin dâaccentuer le dĂ©sespoir des assiĂ©gĂ©s. Vers septembre-octobre, Shen Rong, un neveu de Shen Pei, fait ouvrir la porte est pour que lâarmĂ©e de Cao Cao puisse sâintroduire dans la ville. Shen Pei tente dâaffronter cette derniĂšre mais se fait capturer et exĂ©cuter. Cao Cao prend le contrĂŽle de Ye, puis offre un sacrifice sur la tombe de Yuan Shao en pleurant, prĂ©sente ses condolĂ©ances Ă sa veuve, rend Ă la famille Yuan toutes leurs possessions et leur fait don de soieries, et de vivres.
En octobre, Cao Cao fait Ă©mettre un dĂ©cret exonĂ©rant dâimpĂŽt les habitants du Hebei, durement touchĂ©s par la guerre, et fait dĂ©crĂ©ter de nouvelles lois populaires limitant sĂ©vĂšrement le pouvoir des dirigeants locaux. Lâempereur nomme Cao Cao protecteur du Ji (ćć·ç§, JĂŹzhĆu-mĂč), mais celui-ci refuse, prĂ©fĂ©rant la province du Yan.
Mort de Yuan Tan
Alors que Cao Cao menait le siĂšge de Ye, Yuan Tan avait capturĂ© les villes de Ganling, Anping, Bohai et Hejian et lorsque Yuan Shang se rĂ©fugia Ă Zhongshan aprĂšs sa dĂ©faite contre Cao Cao, Yuan Tan lâassiĂ©gea, le forçant Ă fuir Ă Guâan. Cao Cao envoie une lettre Ă Yuan Tan dans laquelle il lui reproche dâavoir violĂ© leur arrangement, et annule la proposition de mariage, puis dirige son armĂ©e pour attaquer Yuan Tan. Ce dernier abandonne Pingyuan pour dĂ©fendre Nanpi, et en janvier 205, Cao Cao capture Pingyuan.
En fĂ©vrier 205 (10e annĂ©e de Jianâan), Cao Cao assiĂšge Yuan Tan. Comme des paysans tentent de se dĂ©rober de la corvĂ©e de briser la glace en fuyant chez lâennemi, Cao Cao leur interdit de se rendre[28]. Le chef des fuyards revient pour se rendre, et Cao Cao lui dit : « Si je te laisse te rendre, je viole mon propre dĂ©cret, et si je te tue je dois exĂ©cuter tous les fuyards. Pars loin te cacher et ne te fais pas capturer par les nĂŽtres. » Les fuyards repartirent mais se firent Ă nouveau capturer. Cao Cao finit par dĂ©faire Yuan Tan, et le fait exĂ©cuter avec toute sa famille, se rendant maĂźtre de la province de Ji. Il offre par dĂ©cret le pardon aux personnes ayant travaillĂ© pour le clan Yuan, mais interdit toute vengeance personnelle ou lâorganisation de funĂ©railles extravagantes.
Lutte contre Yuan Shang et Yuan Xi
Ce mĂȘme mois, Jiao Chu et Zhang Nan, deux gĂ©nĂ©raux en chef de Yuan Xi, trahissent ce dernier et lâassiĂšgent avec Yuan Shang. Yuan Xi et Yuan Shang fuient se rĂ©fugier auprĂšs des Wuhuan des trois districts. Jiao Chu et Zhang Nan offrent la reddition de leurs districts Ă Cao Cao qui offre Ă chacun le titre de marquis.
Au mois de mai, Zhang Yan se soumet Ă son tour avec ses cent mille hommes Ă Cao Cao et reçoit Ă©galement le titre de marquis. Zhao Du de Guâan et Huo Nu assassinent lâinspecteur du You et le grand administrateur de Zhuojun tandis que les Wuhuan des trois districts assiĂšgent le district de Xianyu Ă Guangping. En septembre, Cao Cao les attaque, fait exĂ©cuter Zhao Du et ses hommes, puis traverse le fleuve Lu pour aider Guangping, forçant les Wuhuan Ă fuir au-delĂ de la frontiĂšre.
En octobre, Cao Cao fait passer un dĂ©cret visant Ă corriger les mĆurs de la province de Ji, notamment lâĂ©clatement familial, les luttes fratricides et parricides et lâinceste, puis en novembre se rend Ă Ye.
Tandis que Cao Cao affrontait les Wuhuan, Gao Gan, un neveu de Yuan Shao qui avait fait sa soumission Ă Cao Cao aprĂšs la capture de Ye, se rebelle, capture le grand administrateur de Shangdang, et ordonne Ă ses soldats de sĂ©curiser le col de Hu. Cao Cao envoie Yue Jin et Li Dian pour lâattaquer et Gao Gan doit battre en retraite et se rĂ©fugier Ă Huguan. En fĂ©vrier 206 (11e annĂ©e de Jianâan), Cao Cao dirige une campagne contre Gao Gan. Ce dernier, apprenant quâun expĂ©dition est lancĂ©e contre lui, confie la ville Ă ses gĂ©nĂ©raux et part demander de lâaide au Chanyu des Huns (Xiongnu) mais celui-ci refuse. Cao Cao assiĂšge Huguan durant trois mois et la capture, forçant Gao Gan Ă fuir dans la province de Jing oĂč Wang Yan, le commandant en chef de Shangluo, lâarrĂȘte et le fait exĂ©cuter.
Vers septembre-octobre, Cao Cao part Ă lâest en campagne contre le pirate Guan Cheng. Une fois Ă Chunyu, il confie lâattaque Ă Le Jin et Li Dian, forçant Guan Cheng Ă se rĂ©fugier sur une Ăźle. Cao Cao ĂŽte Ă Donghai les trois districts de Rangben, Tan et Qi, quâil ajoute Ă Langya, puis rĂ©duit la taille du district de ChanglĂŒ.
Lutte contre les Wuhuan et victoire définitive contre le clan Yuan
Les Wuhuan des trois districts font alors de nombreuses excursions Ă travers la Grande Muraille et pillent la province de You. Comme Yuan Shao de son vivant avait passĂ© des alliances avec eux, et bien traitĂ© Tadun, le puissant chanyu de Liaoxi, Yuan Xi et Yuan Shang partent les rejoindre. Cao Cao mĂšne une campagne contre eux et commence le creusement dâun canal, quâil baptisera « canal de Pinglu », visant Ă dĂ©tourner les eaux du Hutuan dans la riviĂšre Gu, ainsi que dâun second canal, quâil baptisera « canal de Quanzhou », visant Ă dĂ©tourner les eaux de lâembouchure de la riviĂšre Ju dans la riviĂšre Lu. Ces canaux offrent ainsi Ă Cao Cao un passage vers la mer.
En mars 207 (12e annĂ©e de Jianâan), Cao Cao quitte Chunyu pour rentrer Ă Ye. Le (jour du dingyou), il fait Ă©mettre un dĂ©cret reconnaissant Ă ses subordonnĂ©es leurs mĂ©rites dans ses victoires. Il offre Ă vingt hommes au service exceptionnel le titre de marquis et rĂ©compense tous ses autres subordonnĂ©s proportionnellement Ă leur mĂ©rite. Il exonĂšre Ă©galement les orphelins des mandarins dĂ©cĂ©dĂ©s au combat de la conscription et de lâimpĂŽt.
Cao Cao prĂ©pare ensuite une campagne contre les Wuhuan. Ses gĂ©nĂ©raux tentent au dĂ©but de lâen dissuader : il est peu probable que les Wuhuan obĂ©issent Ă Yuan Shang, et faire une campagne contre eux pourrait donner Ă Liu Bei lâoccasion de demander Ă Liu Biao de le laisser attaquer la capitale laissĂ©e sans dĂ©fense. Cependant Guo Jia sâoppose Ă ce raisonnement : Liu Biao ne saura sans doute pas faire assez confiance Ă Liu Bei pour lui offrir cette responsabilitĂ©. Vers juin-juillet, Cao Cao arrive Ă Wuzhong avec son armĂ©e. Au mois d'aoĂ»t, des inondations rendent les routes costales impraticables et Tian Chou propose Ă Cao Cao de le guider Ă travers les campagnes et le mĂšne jusquâĂ la garnison de Lulong, mais le chemin Ă©tait obstruĂ©. Cao Cao ordonne la creuse sur plus de cinq cents li (250 km) dans les vallĂ©es afin de frayer un passage passant Ă travers Baitan et Pinggang, puis dans le territoire des Xianbei, et vers lâest en direction de Liucheng. Alors quâil leur reste deux cents li Ă parcourir (100 km), Yuan Shang et Yuan Xi sont prĂ©venus de son approche et se prĂ©parent Ă lâattaquer avec Tadun, Louban (le chanyu de Liaoxi) et Nengchendizhi (le chanyu de Youbeiping). En septembre, Cao Cao entreprend lâascension du mont Bailang et est surpris par lâarmĂ©e ennemie. Comme les Ă©quipements Ă©taient restĂ©s Ă lâarriĂšre de lâexpĂ©dition, peu de soldats Ă©taient en armure. Cependant, Cao Cao se rend compte que lâarmĂ©e adverse est mal organisĂ©e et dĂ©cide de quand mĂȘme donner la charge et confie cette opĂ©ration Ă Zhang Liao. Les Wuhuan sont battus, Tadun est exĂ©cutĂ© et plus de deux cent mille soldats font leur soumission. Supuwan, le chanyu de Liaodong, sâenfuit en abandonnant ses hommes, accompagnĂ© de Yuan Shang et Yuan Xi et se rĂ©fugient Ă Liaodong. MalgrĂ© cette dĂ©faite, Yuan Shang a encore plusieurs milliers de cavaliers Ă sa disposition.
Les gĂ©nĂ©raux de Cao Cao pressent ce dernier dâattaquer Gongsun Kang, le grand administrateur de Liaodong afin de pouvoir capturer les frĂšres Yuan mais Cao Cao refuse : « Je laisse Ă Gongsun Kang le soin de mâapporter les tĂȘtes de Yuan Shang et Yuan Xi. Inutile de dĂ©ranger mon armĂ©e. » En octobre, Cao Cao quitte Liucheng avec son armĂ©e. Gongsun Kang fait exĂ©cuter Yuan Shang, Yuan Xi et Supuwan et expose leurs tĂȘtes. Ă ses gĂ©nĂ©raux perplexes, Cao Cao dit : « Gongsun Kang a toujours craint Yuan Shang. Si je lâavais mis sous pression il aurait joint ses forces avec Yuan Shang et Yuan Xi. En partant et en relĂąchant la pression, je leur laissais lâoccasion de comploter les uns contre les autres. » En dĂ©cembre, il atteint la riviĂšre Yi oĂč Pufulu et Nalou, les chanyu des districts de Dai et Shang, viennent lui offrir leurs fĂ©licitations.
Bataille de la Falaise rouge
En fĂ©vrier 208 (13e annĂ©e de Jianâan), Cao Cao retourne Ă Ye et entreprend lâentraĂźnement dâune armĂ©e sur le lac Xuanwu pour la familiariser avec les manĆuvres maritimes. En juillet, il fait abolir lâinstitution des Trois ducs[29] (äžć Źćź, sÄn gĆng guÄn), pour restaurer en leur place les postes de Premier ministre (äžçž, chĂ©ng xiÄng) et de grand tuteur (ćŸĄćČ性怫, yĂč shÇ dĂ ifu). Le 9 juillet (jour du guisi), Cao Cao se fait proclamer Premier ministre.
En aoĂ»t, Cao Cao part en campagne contre Liu Biao, mais celui-ci meurt de maladie au mois de septembre. Son fils Liu Zong lui succĂšde et sâĂ©tablit Ă Xiangyang tandis que Liu Bei se met en garnison Ă Fan. En octobre, Cao Cao arrive Ă Xinye, Liu Zong se soumet, et Liu Bei fuit Ă Xiakou. Cao Cao avance alors son armĂ©e Ă Jiangling, offre par dĂ©cret le pardon aux mandarins de la province de Jing, puis les rĂ©compense, offrant Ă quinze dâentre eux le titre de marquis et Wen Pin, un gĂ©nĂ©ral de Liu Biao, reçoit la charge de grand administrateur de Jiangxia. Cao Cao fusionne les soldats du Jing Ă sa propre armĂ©e et se rattache les services de Han Song et de Deng Yi. Cao Cao force Ă©galement Liu Zhang, le protecteur de Yi, Ă lever des troupes pour les intĂ©grer Ă son armĂ©e. Le (jour renzi), Cao Cao ordonne l'exĂ©cution du mandarin Kong Rong et de tout son clan, ce dernier ayant dit du mal de Cao Cao Ă un Ă©missaire de Sun Quan.
En janvier 209, Sun Quan, venant en aide Ă Liu Bei, attaque Hefei. Cao Cao part alors en campagne contre Liu Bei, et une fois Ă Baqiu, envoie Zhang Xi pour venir en renfort Ă Hefei. Apprenant lâarrivĂ©e de Zhang Xi, Sun Quan abandonne le siĂšge. Cao Cao arrive alors Ă Chibi oĂč il affronte la coalition formĂ©e par Sun Quan et Liu Bei. LâarmĂ©e de Cao Cao souffre alors dâune Ă©pidĂ©mie, Cao Cao perd de nombreux soldats et officiers et doit battre en retraite.
En outre, selon les MĂ©moires annuelles de Son Excellence de Shan Yang[30], la flotte de Cao Cao est brĂ»lĂ©e au cours de la bataille par Liu Bei. Au cours de sa retraite, la route est complĂštement boueuse et impraticable : Cao Cao doit ordonner Ă ses soldats de la combler pour que sa cavalerie puisse avancer, et perd de nombreux hommes au cours de l'opĂ©ration. Une fois sauf, Cao Cao se montre joyeux : « Liu Bei et moi faisons vraiment la paire ! Sa stratĂ©gie comportait pourtant un petit dĂ©faut en mâattaquant de nuit. Sâil avait allumĂ© ses feux au matin, il ne me resterait plus beaucoup dâhommes. » Liu Bei poursuit Cao Cao mais ne parvient pas Ă le capturer. Profitant de sa victoire, Liu Bei sâempare de la province de Jing, incluant les districts au sud du Yangzi Jiang.
En mai 209 (14e annĂ©e de Jianâan), Cao Cao arrive Ă Qiao et fait construire des embarcations pour entraĂźner son armĂ©e au combat maritime. Vers aoĂ»t-septembre, il arrive Ă la riviĂšre Guo via la riviĂšre Huai, traverse la riviĂšre Fei et Ă©tablit son campement Ă Hefei. Le (jour du xinwei), il Ă©met un dĂ©cret par lequel le gouvernement offre de la nourriture aux familles ne pouvant subvenir Ă leurs besoins. Il ordonne aux mandarins du Yang de faire Ă©tablir des tuntian Ă Juebei. Vers janvier-fĂ©vrier 210, il rentre Ă Qiao.
Au printemps[14] 210 (15e annĂ©e de Jianâan), Cao Cao, en quĂȘte de nouveaux talents, Ă©met un dĂ©cret par lequel il demande Ă ses mandarins de ne pas hĂ©siter Ă lui recommander des subalternes sur la base de leurs aptitudes. En hiver[16], la construction du pavillon du moineau de bronze est achevĂ©e, et selon lâHistoire de lâempereur Wu du Wei[31], le (jour du jihai), Cao Cao dĂ©clare quâil diminue la taille de son propre fief des trois districts de Yangxia, Zhe et Ku, et dâune partie de Wuping, au total plus de trente mille foyers, pour rĂ©duire ses propres responsabilitĂ©s et diminuer les critiques faites Ă son encontre. Cependant, selon le livre du Wei, le (16e annĂ©e de Jianâan, jour du gengchen), lâempereur Xiandi offre en Ă©change par dĂ©cret impĂ©rial Ă trois des fils de Cao Cao un fief de cinq mille foyers et un titre de noblesse : Cao Zhi est fait marquis de Pingyuan, Cao Ju marquis de Fanyang, et Cao Biao marquis de Raoyang. Lâempereur nomme Ă©galement Cao Pi gĂ©nĂ©ral des gentilshommes et des cinq mandarins (äșćźäžéć°, wÇ guÄn zhĆng lĂĄng jiÄng) et lâinstaure comme vice-Premier ministre (äžçžćŻ, chĂ©nxiÄng fĂč).
Lutte contre Ma Chao
Ă Daling, Shang Yao de Taiyuan montre une rĂ©bellion et Cao Cao envoie Xiahou Yuan et Xu Huang pour lâaffronter. Ceux-ci triomphent mais entre-temps, Zhang Lu capture la ville de Hanzhong, et au mois d'avril, Cao Cao envoie Zhong Yao en expĂ©dition punitive. Il ordonne Ă©galement Ă Xiahou Yuan de traverser le Hedong pour joindre ses forces avec celles de Zhong Yao.
Croyant que Zhong Yao allait les attaquer, Ma Chao, Han Sui, Yang Qiu, Li Kan et Cheng Yi se soulĂšvent, et Cao Cao doit envoyer Cao Ren pour les affronter. Ma Chao Ă©tablit son armĂ©e au col de Tong, et Cao Cao, estimant sa position trop solide et lâarmĂ©e adverse trop expĂ©rimentĂ©e recommande Ă ses gĂ©nĂ©raux de ne pas lâattaquer. Au mois d'aoĂ»t, Cao Cao part en campagne contre Ma Chao et prend lâarmĂ©e de ce dernier en tenaille en occupant les positions de part et dâautre du col. Voulant en finir vite, Cao Cao envoie secrĂštement Xu Huang et Zhu Ling de nuit pour traverser Puban, occuper le banc ouest du Fleuve Jaune et y Ă©tablir leur campement.
Cao Cao traverse en personne le Fleuve Jaune au col de Tong, mais ses bateaux sont attaquĂ©s par Ma Chao. Cependant, le colonel Ding Fei libĂšre le bĂ©tail et les chevaux, causant le dĂ©sordre dans les rangs ennemis, permettant Ă Cao Cao de dĂ©barquer en toute quiĂ©tude et dâassurer ses positions sur la rive sud du Fleuve Jaune. Ma Chao se replie sur lâembouchure de la riviĂšre Wei. Cao Cao fait alors construire des mannequins pour que les troupes de Ma Chao ne se rende pas compte quâil envoie une escouade construire un pont avec des navires. Cao Cao lance lâattaque de nuit, prenant Ma Chao complĂštement par surprise. Ce dernier doit se replier au sud de la riviĂšre Wei et envoie un Ă©missaire auprĂšs de Cao Cao, proposant de lui offrir les terres de lâouest du Fleuve Jaune en Ă©change de la paix, mais Cao Cao refuse.
En novembre, Cao Cao traverse la riviĂšre Wei avec son armĂ©e, et Ma Chao tente de le dĂ©fier au combat Ă plusieurs reprises, mais Cao Cao refuse. Ma Chao et ses compagnons proposent alors de lui cĂ©der des terres et dâenvoyer leurs fils en otage. Sur les conseils de Jia Xu, Cao Cao fait semblant dâaccepter. Han Sui demande audience auprĂšs de Cao Cao, sur prĂ©texte que ce dernier avait Ă©tĂ© recommandĂ© auprĂšs de la Cour pour sa piĂ©tĂ© filiale et son incorruptibilitĂ© la mĂȘme annĂ©e que son pĂšre (vers 174-175). Cao Cao accepte lâaudience mais ne fait part Ă aucun moment d'affaires militaires, se contentant de parler de leur jeunesse Ă la capitale et dâavoir une conversation plaisante. Lorsque Han Sui revient de son audience, Ma Chao lui demande : « Quâa dit le duc ? [Cao Cao] », Han Sui rĂ©pondit : « Pas grand chose. » Comme lâavait prĂ©vu Jia Xu, Ma Chao n'en croit rien et conçoit dĂšs lors de la mĂ©fiance pour Han Sui, se demandant si ce dernier ne lâa pas trahi. Quelques jours plus tard, Cao Cao envoie Ă Han Sui une lettre, mais dans laquelle il avait volontairement rayĂ© et insĂ©rĂ© de nombreux passages, donnant lâimpression Ă Ma Chao que Han Sui avait fait lui-mĂȘme ces modifications et augmentant la tension entre les deux alliĂ©s. Cao Cao dĂ©cide alors de passer Ă l'offensive et envoie ses troupes lĂ©gĂšres attaquer de front, puis prend lâarmĂ©e adverse en pincette en envoyant sa cavalerie sur les deux flancs. Au cours de la bataille, Cheng Yi et Li Kan trouvent la mort, tandis que Han Sui et Ma Chao fuient vers la province de Liang et Yang Qiu vers Anding. Victorieux, Cao Cao sâempare du Guanzhong.
En dĂ©cembre, Cao Cao part en campagne contre Yang Qiu et monte le siĂšge de Anding. Yang Qiu finit par se soumettre et Cao Cao lui rend son ancien titre de noblesse de marquis de Linying, et lui donne la mission de sâoccuper des affaires locales. Vers janvier-fĂ©vrier 212, Cao Cao rentre Ă la capitale et laisse Xiahou Yuan en garnison Ă Changâan.
En (17e annĂ©e de Jianâan), Cao Cao retourne Ă Ye et lâempereur lui octroie le privilĂšge de pouvoir se prĂ©senter devant lui sans sâĂȘtre fait annoncer, et de pouvoir porter Ă©pĂ©es et bottes dans le palais. Ma Chao sâĂ©tablit Ă Lantian avec Liang Xing, et Cao Cao envoie Xiahou Yuan pour lâaffronter. Cao Cao redessine les frontiĂšres administratives et attache au district de Wei de nombreux cantons des districts de Henei, Dong, Julu, Guangping et Zhao. Vers novembre-dĂ©cembre, Cao Cao prĂ©pare une campagne contre Sun Quan.
Création du duché de Wei
En fĂ©vrier 213 (18e annĂ©e de Jianâan), Cao Cao dirige son armĂ©e vers lâembouchure de la riviĂšre Ruxu, et Ă Jianxi, traverse le campement de Sun Quan, capturant Gongsun Yang. Un Ă©dit impĂ©rial fusionne alors les quinze provinces pour restaurer les neuf provinces historiques. En mai, Cao Cao rentre Ă Ye.
Le (jour du bingshen), lâempereur donne Ă Cao Cao le titre de duc de Wei (éć Ź, WĂši gĆng) et lui offre les neuf sacrements[32]. En aoĂ»t, Cao Cao commence Ă Ă©tablir le gouvernement du Wei et Ă faire construire des temples. Lâempereur Ă©pouse trois de ses filles, et en octobre, Cao Cao fait construire le pavillon du tigre dorĂ©, ainsi quâun canal pour dĂ©tourner les eaux du Zhang Ă travers la digue de Bai jusque dans le Fleuve Jaune. En novembre, il divise administrativement le duchĂ© de Wei en un district Est et un district Ouest, chacun dirigĂ© par un commandant en chef, puis en dĂ©cembre, institue le poste de maĂźtre des Ăcrits, ainsi que lâinstitution des serviteurs rĂ©guliers et des six ministĂšres. Selon les Annales du clan Wei, il offre Ă Xun You le poste de prĂ©fet des maĂźtres des Ăcrits, Ă Liang Mao le poste de superviseur, Ă Mao Jie, Cui Yan, Chang Lin, Xu Yi, et He Kui le poste de maĂźtre des Ăcrits, et Ă Wang Can, Du Xi, Wei Ji et He Qia le rang d'intendant du Palais.
Ma Chao, alors Ă Hanyang, sâallie avec les Qiang et les Wu Hu. Le roi des Di, Qian Wan, se joint Ă lui et se rebelle, sâĂ©tablissant Ă Xingguo. Cao Cao envoie Xiahou Yuan en expĂ©dition punitive.
En fĂ©vrier 214 (19e annĂ©e de Jianâan), Zhao Qu de Nanan et Yin Feng de Hanyang montent une expĂ©dition punitive contre Ma Chao, et exĂ©cutent ses femmes et ses enfants, forçant Ma Chao Ă fuir vers Hanzhong. Han Sui se rend Ă Jincheng et sâallie avec le roi des Di pour affronter Xiahou Yuan, mais perd le combat et fuit Ă Xiping. Xiahou Yuan assiĂšge alors Xingguo et en massacre ses habitants. Cao Cao supprime les districts de Andong et Yongyang.
Cao Cao nomme Guanqiu Xing au poste de grand administrateur de Anding, un district faisant tampon avec les territoires des Qiang et des Wu Hu. Cao Cao lui donne comme conseil de nâenvoyer personne pour traiter avec ces peuples : en effet, un Ă©missaire pourrait dĂ©cider de rejoindre les Qiang et les Wu Hu pour son propre bĂ©nĂ©fice, et de leur apprendre comment traiter plus efficacement avec les Chinois au dĂ©triment de ces derniers qui verront une personne de talent se retourner contre eux. Guanqiu Xing nâĂ©coute pas les conseils de Cao Cao et envoie Fan Ling traiter avec les Qiang, et ce dernier dĂ©cide de les rejoindre et se hisse au rang de mandarin dâun Ătat vassal.
Au mois d'avril, lâempereur Ă©lĂšve le rang de Cao Cao « au-dessus des seigneurs et des rois » (è«žäŸŻçäž, zhĆ«hĂłu wĂĄng shĂ ng) et lui offre le sceau dâor, le ruban Ă©carlate et la coiffe pour les longs trajets. Au mois de septembre, Cao Cao prĂ©pare une nouvelle campagne contre Sun Quan. Selon les Annales des neuf provinces[33], le conseiller militaire Fu Gan sâoppose Ă cette dĂ©cision : le pouvoir militaire ne doit selon lui sâutiliser que lorsque le pouvoir civil est suffisamment installĂ© et le Wu dirigĂ© par Sun Quan bĂ©nĂ©ficie de trop dâavantages gĂ©ographiques pour ĂȘtre aisĂ©ment conquis. Il conseille Ă Cao Cao de se concentrer sur lâadministration de lâempire et lâĂ©ducation afin dâorganiser lâassimilation des provinces rebelles sur le long terme. Cependant Cao Cao ne suit pas ses conseils et la campagne se solde par un Ă©chec.
Cao Cao envoie Xiahou Yuan Ă Fuhan en campagne contre Song Jian de Longxi, qui sâĂ©tait rebellĂ© contre lâempire trente ans auparavant. Vers novembre-dĂ©cembre, Xiahou Yuan parvient Ă capturer Fuhan, et fait exĂ©cuter Song Jian, permettant Ă Cao Cao de prendre possession de la province de Liang.
Vers dĂ©cembre 214-janvier 215, une lettre haineuse de lâimpĂ©ratrice Fu est interceptĂ©e dans laquelle elle Ă©crit que lâempereur en veut Ă Cao Cao dâavoir fait exĂ©cuter Dong Cheng. Craignant que cette lettre ne serve de prĂ©texte pour lĂ©gitimer de nouveaux complots Ă son encontre, Cao Cao fait dĂ©poser et exĂ©cuter lâimpĂ©ratrice et une centaine de membres de son clan.
Fin janvier 215, Cao Cao se rend Ă Mengjin, et le 5 fĂ©vrier (jour du yiwei), Ă©met un Ă©dit crĂ©ant la position de ministre de la vĂ©ritĂ© (çæčæŸ, lÇ cĂĄo yĂčan) dĂ©sormais seul habilitĂ© Ă appliquer la torture aux prisonniers. En effet, jusquâici, les bourreaux pouvant appliquer la torture aux prisonniers nâĂ©taient pas des mandarins et donc pas choisi par le concours extrĂȘmement sĂ©lectif que ces derniers devaient passer qui garantissait une bonne connaissance des lois en vigueur.
Vers fĂ©vrier-mars 215 (20e annĂ©e de Jianâan), lâempereur choisit pour nouvelle impĂ©ratrice une des filles de Cao Cao. Cao Cao remanie les frontiĂšres administratives et Ă©limine les districts de Yunzhong, Dingxiang, Wuyuan et Shuopang et les rĂ©unit en un unique district nommĂ© Xinxing.
Vers avril-mai, Cao Cao mĂšne une campagne Ă lâouest contre Zhang Lu, arrive Ă Chencang, puis fait le trajet de Wudu jusquâau territoire des Di. Ces derniers tentent de bloquer son avancĂ©e mais sont mis en dĂ©route par Zhang He et Zhu Ling. Vers mai-juin, Cao Cao traverse le col San et atteint Hechi oĂč il affronte les Di quâil finit par vaincre en mai. Les gĂ©nĂ©raux Qu Yan et Jiang Shi de Xiping et Jincheng offrent Ă Cao Cao la tĂȘte de Han Sui.
En aoĂ»t, Cao Cao atteint le col Yangping oĂč il affronte Zhang Wei, le frĂšre de Zhang Lu, et le gĂ©nĂ©ral Yang Ang. Leur position Ă©tant trop solide pour ĂȘtre aisĂ©ment vaincue, Cao Cao fait semblant de lever le siĂšge et plier bagage afin que le soulagement relĂąche la vigilance des troupes ennemies, puis envoie Jie Piao et Gao Zuo pour les attaquer de nuit. Ces derniers infligent une dĂ©faite massive et exĂ©cutent le gĂ©nĂ©ral Yang Ren. Zhang Wei s'enfuit, imitĂ© plus tard par Zhang Lu qui sâenfuit en direction de Bazhong, laissant lâarmĂ©e de Cao Cao entrer dans Nanzheng. Les districts de Ba et Han capitulent, et Cao Cao fusionne le district de Hanning avec celui de Hanzhong, ĂŽte Ă Hanzhong les districts de Anyang et Xicheng pour former le district de Xicheng et divise la rĂ©gion de Xi pour former le district de Shangyong.
Création du royaume de Wei
En octobre, lâempereur donne Ă Cao Cao le privilĂšge de pouvoir offrir lui-mĂȘme les titres de noblesse, puis en novembre, Cao Cao instaure de nouveaux titres de noblesse visant Ă rĂ©compenser les services militaires, mais auxquels ne sont jointes ni terres ni rente. En dĂ©cembre, Zhang Lu offre sa reddition, et Cao Cao lui octroie, ainsi quâĂ cinq de ses fils, le titre de marquis. De son cĂŽtĂ©, Liu Bei attaque Liu Zhang et prend possession de la province de Yi et Cao Cao riposte en envoyant Zhang He pour lâaffronter.
En mars 216 (21e annĂ©e de Jianâan), Cao Cao rentre Ă Ye, et le 29 mai (jour du jiawu), lâempereur le nomme roi du Wei (éç, WĂši wĂĄng), faisant officiellement du Wei un royaume. Au mois de septembre, Cao Cao nomme Zhong Yao au poste de Premier ministre du Wei, et en novembre, prĂ©pare une nouvelle campagne contre Sun Quan.
En fĂ©vrier 217 (22e annĂ©e de Jianâan), lâarmĂ©e de Cao Cao atteint Juchao, et en avril se met en garnison Ă Haoqi, Ă lâouest du Yangzi. Sun Quan fortifie ses positions sur lâembouchure du Ruxu, mais doit battre en retraite devant Cao Cao. Cependant, au mois de mai, Cao Cao se retire Ă son tour, laissant Xiahou Dun, Cao Ren et Zhang Liao en garnison Ă Juchao. En juin, lâempereur autorise Cao Cao Ă porter les banniĂšres impĂ©riales, et vers novembre-dĂ©cembre lui offre une coiffe cĂ©rĂ©monielle et un chariot dorĂ©. Cao Pi est nommĂ© hĂ©ritier du royaume de Wei.
Liu Bei envoie Zhang Fei, Ma Chao et Wu Lan en garnison Ă Xiabian, et Cao Cao envoie Cao Hong pour les affronter.
Le (23e annĂ©e de Jianâan, jour du jiazi), le grand prĂ©fet Ji Ben, le trĂ©sorier Geng Ji et le ministre de la Droiture Wei Huang se rebellent, assiĂšgent Xu et brĂ»lent les bureaux du chancelier Wang Bi. Wang Bi part en expĂ©dition punitive, mais est tuĂ©. Selon les Chroniques du duc de Shanyang[34], en apprenant la mort de Wang Bi, Cao Cao entre dans une fureur noire et convoque tous les mandarins de Xu Ă la capitale. Il ordonne Ă ceux ayant luttĂ© contre lâincendie de se tenir Ă gauche, et Ă ceux qui nâont pas combattu le feu de se tenir Ă droite. Tous les mandarins se placĂšrent Ă gauche, pensant ĂȘtre ainsi innocentĂ©s, mais Cao Cao annonça : « Ceux qui nâont pas combattu le feu nâont pas ajoutĂ© Ă la confusion. Ceux qui ont combattu le feu sont les vĂ©ritables rebelles. » Tous furent exĂ©cutĂ©s. Cet Ă©pisode est repris dans le Roman des Trois Royaumes[35].
Vers mai-juin, Cao Cao Ă©met un dĂ©cret par lequel il offre aux veuves, aux jeunes orphelins et aux invalides le droit dâĂȘtre nourris par le gouvernement, et impose aux personnes de plus de quatre-vingt-dix ans dâavoir une personne rĂ©sidant avec eux. En juillet, il fait de Shouling un cimetiĂšre militaire : les soldats doivent ĂȘtre enterrĂ©s sur des terres dures et stĂ©riles afin que lâendroit oĂč ils reposent ne soit pas dĂ©rangĂ© par les laboureurs. Il choisit Ă©galement dâĂȘtre enterrĂ© sur un monticule de la rĂ©gion.
En aoĂ»t, Cao Cao part en campagne contre Liu Bei et en octobre arrive Ă Chang'an. Au mois de novembre, Ă Wan, Hou Yin se rebelle et Cao Cao envoie Cao Ren pour assiĂ©ger la ville. En fĂ©vrier 219 (24e annĂ©e de Jianâan), Cao Ren capture Wan et Hou Yin est exĂ©cutĂ©. Xiahou Yuan affronte les troupes de Liu Bei Ă Yangping, mais est tuĂ© dans la bataille, et Cao Cao, au mois d'avril, sĂ©curise les points stratĂ©giques et attaque Ă son tour Liu Bei mais ce dernier rĂ©siste en se servant des avantages gĂ©ographiques que lui fournissent les cols Ă©troits. Selon les Annales des neuf provinces, Cao Cao aurait Ă©mis lâordre « cĂŽte de poulet » et aucun de ses officiers ne comprenait le sens de ces mots. Seul le maĂźtre des Ă©crits Yang Xiu aurait commencĂ© Ă lever le camp en fournissant Ă ses hommes lâexplication : « Un homme ayant une cĂŽte de poulet sâen dĂ©fait sans arriĂšre pensĂ©e, celle-ci ayant trop peu de viande et ainsi en est-il pour Hanzhong. »
En juin, Cao Cao bat en retraite et son armĂ©e arrive Ă Changâan. En aoĂ»t, il fait de Dame Bian sa reine, et envoie Yu Jin pour renforcer Cao Ren, alors en train de combattre Guan Yu. En septembre, la riviĂšre Han dĂ©borde et inonde lâarmĂ©e de Yu Jin, laissant Ă Guan Yu lâoccasion de capturer Yu Jin et dâassiĂ©ger Cao Ren. Cao Cao envoie Xu Huang en renfort. En octobre, Cao Cao destitue le Premier ministre Zhong Yao pour son implication dans la rĂ©bellion de Wei Fang. En novembre, lâarmĂ©e de Cao Cao rentre Ă Luoyang, et Sun Quan envoie un missive dans laquelle il se soumet, et manifeste son souhait que Guan Yu soit dĂ©fait. Cao Cao se prĂ©pare Ă lancer une nouvelle expĂ©dition, mais Guan Yu est finalement battu par Xu Huang et doit lever le siĂšge quâil menait Ă Cao Ren. La missive de Sun Quan lĂšve la question de savoir si Cao Cao pense dĂ©poser l'empereur et prendre le mandat cĂ©leste. Cao Cao est pressĂ© par plusieurs de ses conseillers de prendre le trĂŽne, mais refuse en se comparant au roi Wen de Zhou[36]
En mars 220 (25e annĂ©e de Jianâan), Cao Cao arrive Ă Luoyang. Sun Quan parvient Ă triompher de Guan Yu, et offre Ă Cao Cao sa tĂȘte. Le 15 mars (jour du gengzi), Cao Cao meurt Ă lâĂąge de soixante-cinq ans. Son testament indique :
- « LâEmpire nâest pas encore pacifiĂ© et il nâest donc pas possible de suivre les rites. Une fois mon enterrement fini, que lâon dispose de mes oripeaux. Que les soldats en garnison aux frontiĂšres ne quittent pas leur poste. Que les mandarins de tout rang continuent de se concentrer sur leurs tĂąches. Je souhaite dâĂȘtre enterrĂ© habillĂ© de vĂȘtements ordinaires, sans or ni jade ni autres trĂ©sors. »
Le 11 avril (jour du dingmao), Cao Cao est enterrĂ© Ă Gaoling. Il reçoit le titre posthume de roi Wu (æŠç, WÇ wĂĄng, « roi martial »). Son fils Cao Pi lui succĂšde et dans lâannĂ©e dĂ©pose lâempereur Xiandi des Han, et se proclame premier empereur de la dynastie Wei. Cao Cao recevra le titre posthume dâempereur Wu de Wei (éæŠćž, WĂši WÇ dĂŹ).
DĂ©couverte de la tombe de Cao Cao
En dĂ©cembre 2009, fut annoncĂ©e la dĂ©couverte de la tombe de Cao Cao, prĂšs du Huang He, dans le village de Xigaoxue (è„żé«ç©Žæ - 36° 14âČ 45âł N, 114° 16âČ 05âł E), lui-mĂȘme dans le Xian d'Anyang, en province d'Henan. Les lĂ©gendes prĂ©disaient que la tombe Ă©tait protĂ©gĂ©e par 72 leurres pour en garder le lieu secret, bien que les dĂ©couvertes rĂ©centes rĂ©futent cette lĂ©gende[37]. La tombe fut dĂ©couverte par des ouvriers d'un four voisin, occupĂ©s Ă rĂ©colter de la boue pour rĂ©aliser des briques, mais la dĂ©couverte ne fut pas directement annoncĂ©e aux autoritĂ©s. Le pillage de tombe Ă©tait donc dĂ©jĂ entamĂ©. Les archĂ©ologues identifiĂšrent la tombe lorsque les autoritĂ©s arrĂȘtĂšrent des pilleurs de tombes et saisirent seize tablettes de pierre portant l'inscription "Roi Wu de Wei" (éæŠç), la rĂ©fĂ©rence posthume de Cao. Les archĂ©ologues commencĂšrent Ă Ćuvrer en [38].
La tombe est constituée d'un mausolée carré d'une taille approximative de 8 934 mÚtres carrés comprenant deux fosses éloignées d'environ 30 mÚtres et datant toutes deux de l'époque du royaume Wei.
La fosse principale d'une superficie approximative de 740 mĂštres carrĂ©s, une taille habituelle pour une sĂ©pulture de roi, comprenait le crĂąne d'un homme ayant plus de 60 ans, ainsi que ceux de deux femmes, ĂągĂ©es respectivement d'approximativement 20 et 50 ans[37], le tout accompagnĂ© de tablettes identifiant la tombe comme Ă©tant celle de Cao Cao, ainsi que de quelque 250 objets dont des armes, des armures et de la poterie[39]. Il n'a pas Ă©tĂ© trouvĂ© d'objets de grande valeur, en accord avec le souhait de Cao d'ĂȘtre enterrĂ© simplement[39]. Les corps sont vraisemblablement ceux de Cao et de sa femme, ainsi que celui d'une servante
La deuxiĂšme fosse, plus petite et moins dĂ©corĂ©e, reste un mystĂšre puisqu'elle ne contenait qu'une Ă©pĂ©e. Vu sa plus petite taille, les archĂ©ologues en ont conclu qu'il s'agissait sĂ»rement d'une "tombe satellite". Plusieurs hypothĂšses ont Ă©tĂ© Ă©mises Ă son sujet, notamment qu'elle soit celle de Cao Ang, le fils ainĂ© de Cao Cao, mort en mĂȘme temps que Dian Wei, aprĂšs avoir donnĂ© son cheval Ă Cao Cao pour lui permettre de fuir lors d'un traquenard tendu par Zhang Xiu. Une autre Ă©tant qu'elle soit un symbole, qu'elle indique la conception du monde de Cao Cao dans la mort. EnterrĂ© dans une fosse sĂ©parĂ©e de son Ă©pĂ©e, une grande place est laissĂ©e Ă extrapolation. Par contre, une hypothĂšse ayant Ă©tĂ© rejetĂ©e est qu'il s'agisse de la tombe de la femme de Cao Cao, en effet, cette fosse Ă©tant plus petite, il semblerait que si elle avait Ă©tĂ© prĂ©vue pour contenir quelqu'un, il se serait agi de quelqu'un de rang infĂ©rieur.
L'état de la tombe était malheureusement désastreux, au point d'impressionner les archéologues. Sept trous avaient été creusés, probablement par les pilleurs de tombes, pour y accéder, de plus, toutes les tablettes identifiant la tombe qui ont été trouvées étaient brisées. Pour finir, le crùne de l'homme indiquait que le corps avait été traßné hors de la tombe et la face frappée. TrÚs probablement par des adversaires politiques de l'époque[40].
à cause de l'état de la tombe, ainsi que de la légende des 72 leurres, il y a toujours une controverse sur le propriétaire de la tombe[41].
Ćuvre littĂ©raire
On doit Ă Cao Cao de nombreux journaux de guerre, ainsi qu'un commentaire de l'Art de la guerre, le Sun Zi LĂŒe Jie (ć«ćç„è§Ł), l'un des plus anciens du genre. Ce commentaire est toujours traditionnellement fourni avec les Ă©ditions de lâArt de la guerre. Lionel Giles, un des premiers traducteurs anglais de l'Art de la Guerre fait remarquer l'extrĂȘme concision du texte de Cao Cao : « En effet, parfois, Ă force de concision ses commentaires sont Ă peine comprĂ©hensibles et nĂ©cessitent aussi bien un commentaire que le texte ».
Cao Cao était également un poÚte accompli : il est le fondateur du style jian'an, repris par ses fils Cao Pi et Cao Zhi. On a également conservé plusieurs édits de main.
Citations attribuées à Cao Cao
- « PlutĂŽt trahir qu'ĂȘtre trahi »[1] (ă毧æèČ äșșïŒæŻäșșèČ æïŒă). Il s'agit de la citation telle qu'elle figure dans la chronique officielle (Chroniques des Trois Royaumes), et reprise sous diffĂ©rentes formes, notamment dans le roman Les Trois Royaumes oĂč elle apparaĂźt comme : « Je prĂ©fĂšre trahir le monde que d'ĂȘtre trahi par le monde » (ă毧ææèČ ć€©äžäșșïŒäŒæ怩äžäșșèČ æă, litt. « PlutĂŽt que je trahisse les hommes sous le ciel que les hommes sous le ciel me trahissent moi »). Il existe plusieurs versions des faits qui auraient amenĂ© Cao Cao Ă prononcer ces paroles :
- Selon le Livre du Wei, qui figurent dans les Chroniques des Trois Royaumes, en 190, alors qu'il fuyait Dong Zhuo, Cao Cao s'abrite chez un de ses vieux amis, LĂŒ Boshe. Celui-ci est alors absent et le fils de LĂŒ Boshe et d'autres invitĂ©s tentent de voler le cheval de Cao Cao et ses provisions, mais Cao Cao les tue tous avec sa dague.
- Cette scĂšne est racontĂ©e diffĂ©remment dans lâHistoire du monde, qui figure Ă©galement dans la chronique officielle : LĂŒ Boshe est absent, parti pour un long voyage, et ses cinq fils accueillent Cao Cao gĂ©nĂ©reusement. Cao Cao, paranoĂŻaque, soupçonne que ceux-ci vont le dĂ©noncer et prĂ©fĂšre tuer tous les habitants de la maison avant de fuir.
- C'est Ă peu prĂšs cette version qui est relatĂ©e par les Chroniques de Sun Sheng selon lesquelles Cao Cao aurait interprĂ©tĂ© des ordres lancĂ©s aux cuisiniers lors de la prĂ©paration de son repas comme un complot contre lui. Ayant tuĂ© la toute maisonnĂ©e, il annonça : « PlutĂŽt trahir qu'ĂȘtre trahi » avant de s'enfuir.
- Dans la version popularisĂ©e par le roman[42], LĂŒ Boshe est le frĂšre jurĂ© de Cao Song, le pĂšre de Cao Cao, ce qui fait donc de lui l'oncle jurĂ© de Cao Cao. Ayant ratĂ© sa tentative d'assassinat contre Dong Zhuo, Cao Cao s'abrite en compagnie de Chen Gong chez LĂŒ Boshe. Ce dernier part acheter du vin au village voisin. Cao Cao et Chen Gong entendent alors le bruit d'un couteau que l'on aiguise. Inquiet, Cao Cao s'approche et entend « Vas-tu l'attacher avant de le tuer ? » (ăçžèæźșäčïŒäœćŠïŒă). Croyant Ă une trahison, Cao Cao fait irruption avec Cheng Gong et tue tous les hommes et les femmes de la maison. En fouillant la maison, ils dĂ©couvrent alors un cochon ligotĂ©, prĂȘt Ă ĂȘtre Ă©gorgĂ©. Cao Cao et Chen Gong comprennent leur erreur et prennent la fuite. En chemin ils croisent LĂŒ Boshe qui revient du village avec du vin et des victuailles.
« Cher neveu, Messire, oĂč allez-vous donc ?
â Nous sommes des criminels recherchĂ©s et nous n'osons pas rester avec vous trop longtemps.
â Mais j'ai dĂ©jĂ donnĂ© l'ordre de tuer un cochon ! Cher neveu, Messire, mon hospitalitĂ© vous dĂ©plaĂźt-elle ? Je vous en prie, revenez donc avec moi. »
Cao Cao ne prĂȘta aucune attention Ă LĂŒ Boshe, et fait mine de partir, puis soudain tire son Ă©pĂ©e et s'approche de LĂŒ Boshe.
« Qui vient vers nous ? » demande-t-il. Tandis que LĂŒ Boshe se retourne pour regarder, Cao Cao le tue. Chen Gong lui fait alors des reproches :
« Nous avions déjà fait une terrible erreur, alors pourquoi ce geste ?
â S'il Ă©tait arrivĂ© chez lui et avait vu sa famille massacrĂ©e, l'aurait-il supportĂ© patiemment ? S'il avait alors sonnĂ© l'alerte et lancĂ© une poursuite contre nous, nous aurions Ă notre tour Ă©tĂ© tuĂ©s.
â Mais tuer de façon dĂ©libĂ©rĂ©e est d'une grande dĂ©loyautĂ© !
â Je prĂ©fĂšre trahir le monde que d'ĂȘtre trahi par le monde. »
HorrifiĂ© par l'attitude de Cao Cao, Chen Gong le quittera un peu plus tard pour se mettre au service de Zhang Miao, puis de LĂŒ Bu.
- « Ă chaque vassal son Seigneur. Laissez-le partir. »[43] (ăćœŒćçșć ¶äž»ïŒćżèżœäčăă). En 200, Cao Cao aurait rĂ©pondu ceci Ă ses conseillers qui le pressent de donner chasse Ă Guan Yu, alors qu'il rejoint Liu Bei aprĂšs un bref passage Ă son service.
- « J'emploierai les sages et les puissants de ce monde, je les guiderai de ma vertu, et rien ne me sera impossible ! »[1] (ăćŸä»»ć€©äžäčæșćïŒä»„éćŸĄäčïŒçĄæäžćŻăă) Cao Cao aurait tenu ce discours Ă Yuan Shao en 191, lors d'une discussion oĂč ils comparaient leurs stratĂ©gies.
- « On a beau enfermer le vieil Ă©talon dans l'Ă©curie, il aspire encore Ă galoper mille lieues ! » (ăèé©„äŒæ«ȘïŒćżćšćèŁĄă). Cette citation, tirĂ©e de son poĂšme Bien que la torture vive longtemps (éŸéćŁœ, GuÄ« suÄ« shĂČu) est devenue en chinois un proverbe Ă part entiĂšre.
- « J'aime Ă tuer dans mes rĂȘves ; faites attention Ă ne pas trop m'approcher quand je m'endors » (ćŸć€ąäžć„œæźșäșșïčćĄćŸçĄèïŒæ±çććżèżć, WĂș mĂšng zhĆng hÇo shÄrĂ©n, fĂĄn wĂș shuĂŹzhÄo, rÇ dÄng qiĂšwĂč jĂŹn qiĂĄn)[44] Dans le roman, Cao Cao prononce cette phrase dans un excĂšs de paranoĂŻa. Les Anecdotes contemporaines et nouveaux propos de Liu Yiqing reprennent une citation Ă©quivalente : « Lorsque je dors, que l'on ne fasse pas la folie de m'approcher. Je tuerai quiconque vient trop prĂšs sans m'en rendre compte. Faites trĂšs attention ! » (ă(æç äžäžćŻćŠèżïŒèżäŸżæ«äșșïŒäșŠäžèȘèŠșïŒć·Šćłćźæ·±æ æ€ïŒă)
- Citations du Sun Zi LĂŒe Jie
- « Lorsque l'on Ă©tablit une loi, il ne faut pas qu'elle soit violĂ©e. Si elle est violĂ©e, il faut absolument punir. » ăèšèäžçŻïŒçŻèćż èȘ ă. (Commentaire du chapitre I de lâArt de la Guerre).
- « Les affaires militaires ne se traitent pas comme les affaires d'Ătat, les affaires d'Ătat ne se traitent pas comme les affaires militaires. On ne dirige pas une armĂ©e par les us et coutumes. » (ăè»ćźčäžć „ćïŒććźčäžć „è»ïŒçŠźäžćŻä»„æČ»ć ”äčăă) (Commentaire du chapitre III de lâArt de la Guerre).
- « Il faut savoir voir la plante avant qu'elle ait germĂ©e » (ăç¶èŠæȘèăă) (Commentaire du chapitre IV de lâArt de la Guerre).
- « Ămergez du vide et frappez les points vides, fuyez les endroits dĂ©fendus, attaquez lĂ oĂč l'adversaire ne s'attend pas. » (ăćșç©șæèïŒéżć ¶æćźïŒæć ¶äžæăă) (Commentaire du chapitre VI de lâArt de la Guerre).
- « Faites croire que vous ĂȘtes loin puis couvrez vite la distance pour vous trouver sur les lieux avant l'adversaire. » (ăç€ș仄é ïŒéć ¶ééïŒć æ”èłäčăă) (Commentaire du chapitre VI de lâArt de la Guerre).
- « Ne faites pas une marche de cent li pour gagner un avantage tactique, sous peine de voir vos gĂ©nĂ©raux se faire capturer. » (ăçŸéçć©ïŒéäčïŒäžć°è»ç仄çșæăă) (Commentaire du chapitre VII de lâArt de la Guerre).
- « Dans une situation avantageuse gardez Ă l'esprit que le dĂ©sastre peut survenir ; dans une situation dĂ©sastreuse gardez Ă l'esprit qu'une aubaine peut survenir. » (ăćšć©æćźłïŒćšćźłæć©ă) (Commentaire du chapitre VIII de lâArt de la Guerre).
- « Les soldats peuvent se rĂ©jouir une fois que tout est fini, mais il ne faut pas les inquiĂ©ter au dĂ©but du combat. [sous-entendu par rapport au contexte du commentaire : il ne faut pas discuter des plans avec les soldats avant le combat pour Ă©viter l'angoisse et si nĂ©cessaire tromper l'ennemi] » (ăæ°ćŻèæšæïŒäžćŻèæ źć§ăă) (Commentaire du chapitre XI de lâArt de la Guerre).
- « RĂ©compenser la bonne conduite ne doit pas attendre un seul jour ! » (ăèłćäžèž°æ„äčăă) (Commentaire du chapitre XII de lâArt de la Guerre).
Cao Cao dans la tradition populaire
MalgrĂ© ses accomplissements lors de son vivant, et le fait quâil ait globalement eu plus de succĂšs que ses principaux rivaux Liu Bei et Sun Quan, Cao Cao est trĂšs rapidement devenu dans la tradition populaire chinoise lâarchĂ©type du ministre rusĂ© et fĂ©lon dont les valeurs machiavĂ©liennes faisaient nettement contraste avec les valeurs confucĂ©ennes que lâon prĂȘtait Ă ses adversaires.
Avant mĂȘme que soit compilĂ©e sa biographie dans les Chroniques des Trois Royaumes par Chen Shou au IIIe siĂšcle et par Pei Shongzhi au Ve siĂšcle, furent Ă©crites des biographies dĂ©favorables, comme la Biographie de Cao le fourbe qui souligne Ă de nombreuses reprises son caractĂšre hypocrite, cruel et vicieux, en lâagrĂ©mentant par de nombreuses anecdotes salĂ©es.
Ainsi, la biographie de Cao Cao qui figure dans les Chroniques des Trois Royaumes, qui est en quelque sorte une compilation de ces textes qui s'opposent dans certains faits imputĂ©s Ă Cao Cao et dans leurs interprĂ©tations, est donc dĂ©jĂ particuliĂšrement ambiguĂ«. Celle-ci se clĂŽt Ă la fois sur une citation du Livre des Wei, extrĂȘmement positive, et une citation de la Biographie de Cao le fourbe, particuliĂšrement nĂ©gative.
Le commentaire final de Chen Shou, le premier compilateur des chroniques est cependant assez positif, mais il se contente de louer les exploits et talents de Cao Cao sans faire le moindre éloge sur sa personnalité, contrairement à ce qu'il avait fait dans la biographie de Liu Bei pour qui il avait plus de sympathie :
- « Lors du dĂ©clin des Han, le trouble Ă©tait sur l'Empire, des hĂ©ros et chevaliers se sont levĂ©s Ă l'unisson et tel un tigre, Yuan Shao occupait quatre provinces, et sa puissance et ses richesses Ă©taient telles que nul ne pouvait l'Ă©galer. Mais le Grand AncĂȘtre (Cao Cao) Ă©labora des stratagĂšmes et unifia le monde. Il combina les mĂ©thodes de Shen et Shang et les tactiques de Han et Bai, et sut utiliser les mandarins en fonction de leurs aptitudes, sans leur tenir rigueur de leurs loyautĂ©s passĂ©es. Il put ainsi prendre le contrĂŽle de l'Empire, et par ses stratĂ©gies supĂ©rieures, accomplir de grandes choses. On peut dire qu'il fut un homme exceptionnel et un hĂ©ros qui transcende les Ăąges. »
Pei Songzhi, au Ve siÚcle ajouta la conclusion de la Biographie de Cao le fourbe, nettement plus négative :
- « Le grand ancĂȘtre Ă©tait frivole et sans le moindre prestige. Il aimait la musique et passait ses journĂ©es Ă en Ă©couter. (âŠ) Il lui arrivait de rire si fort que sa coiffe tombait dans sa coupe et salissait sa nourriture. Il Ă©tait extrĂȘmement sĂ©vĂšre : si un gĂ©nĂ©ral avait une meilleure stratĂ©gie que la sienne, il le faisait exĂ©cuter si bien quâil ne lui restait ni amis ni ennemis. Lorsquâil faisait exĂ©cuter quelquâun, il pleurait Ă grandes larmes, mais jamais ne suspendait lâexĂ©cution. (âŠ) Lors dâune campagne il donna lâordre : « quiconque dĂ©truit du blĂ© [en marchant dessus] sera exĂ©cutĂ© » mais son cheval sâenfuit en piĂ©tinant les champs (âŠ) Il dit : « Jâai violĂ© la loi et je devrais ĂȘtre puni, mais un commandant peut-il ĂȘtre puni par un subordonnĂ© ? Je ne puis non plus me suicider. Je vais moi-mĂȘme me punir. » Il se coupa les cheveux au lieu de se faire couper la tĂȘte. » Un jour, avant de faire une sieste, il ordonna Ă une concubine de le rĂ©veiller aprĂšs un moment mais celle-ci le voyant si bien dormir nâosa pas le dĂ©ranger. Ă son rĂ©veil il la fit bastonner Ă mort. Un autre jour, nâayant que peu de vivres, il chargea son intendant dâutiliser des louches plus petites pour servir moins Ă manger aux soldats. Lorsque son armĂ©e sâen rendit compte, le grand ancĂȘtre dit Ă lâintendant : « Je te prends ta vie pour calmer mes hommes afin que ma campagne puisse se poursuivre » et le fit dĂ©capiter. Il prĂ©senta sa tĂȘte Ă lâarmĂ©e en disant : « Cet homme a servi de plus petites rations aux soldats pour dĂ©rober le bien public et a Ă©tĂ© dĂ©capitĂ© aux portes du camp. » Telles Ă©taient sa tyrannie et ses ruses.
Au dĂ©but du Ve siĂšcle, les Anecdotes contemporaines et nouveaux propos compilĂ©es par Liu Yiqing narrent Ă©galement quelques frasques et ruses de Cao Cao au milieu de sa galerie de personnages. Il apparaĂźt dans une dizaine d'anecdotes aux chapitres 11 (Entrevoir la victoire) et 27 (Duperie et fourberie) oĂč il enlĂšve et viole une fille lors d'une cĂ©rĂ©monie de mariage, trompe ses soldats assoiffĂ©s en leur faisant croire Ă l'existence d'un prunier pour leur donner l'eau Ă la bouche et les faire avancer ou Ă©chappe Ă une tentative d'assassinat de Yuan Shao.
Cependant, Ă lâĂ©poque de la dynastie Tang (618-907), Cao Cao Ă©tait encore perçu trĂšs positivement, la dynastie Wei Ă©tant encore considĂ©rĂ©e comme lĂ©gitime par la majoritĂ© des historiens de lâĂ©poque. Lâempereur Xuanzhong se serait lui-mĂȘme dĂ©signĂ© au moins une fois sous le nom de A-Man, prĂ©nom dâenfance de Cao Cao. Il sâest cependant trouvĂ© un historien, Liu Zhiji (661-721), pour critiquer la lĂ©gitimitĂ© du royaume de Wei et sâinsurger contre le traitement glorieux quâa reçu Cao Cao par la postĂ©ritĂ©.
Au fur et Ă mesure que la tradition bardique reprenait les Ă©vĂ©nements des Trois Royaumes, les actions des figures du royaume de Shu, notamment Liu Bei, Guan Yu, Zhang Fei et Zhuge Liang furent fortement amplifiĂ©s afin dâen faire des adversaires Ă la hauteur de Cao Cao. Guan Yu fut mĂȘme divinisĂ© quelques siĂšcles aprĂšs sa mort alors que son importance historique a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme relativement mineure par les historiens peu aprĂšs sa mort (la biographie historique faite par Chen Song au IIIe siĂšcle fait Ă peine mille caractĂšres et la version annotĂ©e de Pei Shogzhi du Ve siĂšcle en comporte Ă peine deux mille). Initialement, le personnage de Cao Cao dans cette tradition bardique nâĂ©tait pas nĂ©cessairement villainisĂ©.
Sous la dynastie Song (960-1279), le caractĂšre symbolique des personnages de Cao Cao et Liu Bei fut nettement accentuĂ©, notamment avec lâĂ©criture du Zizhi Tongjian, une sorte de livre dâhistoire de vulgarisation attribuĂ© Ă Sima Guang. Tandis que le contenu du Zizhi Tongjian reste largement tributaire des annales historiques officielles telles les Chroniques des Trois Royaumes et le Livre des Han postĂ©rieurs, son style romancĂ© en fait un prĂ©curseur Ă lâĂ©criture du roman de Luo Guanzhong. Cependant cet ouvrage reconnaĂźt encore la lĂ©gitimitĂ© de la dynastie Wei.
Les écrits des poÚtes Wang Shipeng et Lu You contribuÚrent à glorifier les héros du royaume de Shu, cherchant à faire un parallÚle avec les conflits contemporains avec les dynasties du nord et du sud qui séparaient la Chine. Cao Cao est alors plus dépeint comme un conquérant étranger que comme un vassal félon. En 1172, le confucianiste Zhu Xi réecrivit sa propre version du Zizhi Tongjian, faisant de Liu Bei le successeur légitime de la dynastie Han et villainisant nettement Cao Cao.
Sous la dynastie Yuan (1271-1368), la tradition orale ayant trait aux personnages historiques de la dynastie Han gagne en popularitĂ© et des compilations dâhistoires et piĂšces de thĂ©Ăątre commencent Ă ĂȘtre Ă©crites sous la dynastie Ming. Des piĂšces transmises de cette Ă©poque, si Cao Cao n'y est pas nĂ©cessairement villanisĂ©, il n'est jamais le hĂ©ros. Dans lâun des premiers romans, le Sanguozhi Pinghua Ă©crit dans les annĂ©es 1320, Cao Cao apparaĂźt comme la rĂ©incarnation de Han Xin, un gĂ©nĂ©ral injustement exĂ©cutĂ© par Liu Bang, le fondateur de la dynastie Han. Ainsi, si le premier empereur des Han avait causĂ© du tort Ă celui qui lâavait aidĂ© Ă fonder son empire, la rĂ©incarnation de ce dernier sera celui qui mettra fin Ă la dynastie Han, bouclant le cycle karmique. Le Sanguo Pinghua est cependant ouvertement hostile Ă Cao Cao.
Entre 1330 et 1400, Luo Guanzhong Ă©crit la version populaire du roman Les Trois Royaumes qui achĂšve de fixer Cao Cao comme le ministre fĂ©lon dans la culture populaire. Ayant Ă©tĂ© Ă©crit au dĂ©but de la dynastie Ming, le roman visait Ă©galement Ă instaurer une lĂ©gitimitĂ© Ă lâempereur et Ă la dynastie rĂ©gnante. Ce phĂ©nomĂšne peut se remarquer dans dâautres romans de cette Ă©poque comme dans Au bord de l'eau, lâhistoire de 108 hors-la-loi qui se regroupent et se rĂ©voltent contre lâempereur, que Shi Nai'an prĂ©fĂšre brutalement couper en plein milieu Ă la rĂ©union des bandits, avant que ceux-ci ne se rĂ©voltent. Liu Bei, descendant du clan impĂ©rial des Han, Ă©tait plus propice Ă la dĂ©finition d'un hĂ©ros que Cao Cao, Ă la gĂ©nĂ©alogie incertaine, ayant transformĂ© lâempereur en marionnette et dont le fils renverse la dynastie rĂ©gnante. Pourtant, Cao Cao possĂšde dans ce roman une personnalitĂ© extrĂȘmement complexe, capable tour Ă tour de la plus grande gĂ©nĂ©rositĂ© et de la plus grande cruautĂ©, des plus vifs Ă©clairs de gĂ©nie et du plus grand aveuglement, des actions les plus hĂ©roĂŻques et de la plus vile couardise.
Dans lâopĂ©ra chinois, Cao Cao est souvent associĂ© Ă la couleur blanche, symbole de duplicitĂ© et de deuil. Le personnage de Cao Cao inspira Ă©galement un proverbe chinois, toujours utilisĂ© de nos jours : « Dites âCao Caoâ et Cao Cao arrive ! » (èȘȘæčæïŒæčæć°, ShuĆ CĂĄo CÄo, CĂĄo CÄo dĂ o, parfois utilisĂ© sous la forme èȘȘæčæïŒæčæć°±ć°, ShuĆ CĂĄo CÄo, CĂĄo CÄo jiĂč dĂ o pour insister sur la rapiditĂ© de son arrivĂ©e), l'Ă©quivalent chinois de « Quand on parle du loup. »
Dans la culture populaire
jeux vidéo
Cao Cao apparaĂźt dans le jeu vidĂ©o Romance of the Three Kingdoms de Koei. Il est Ă©galement un personnage principal et un antagoniste rĂ©current de les sĂ©ries de jeux vidĂ©o Dynasty Warriors et Warriors Orochi du mĂȘme Ă©diteur, y figurant comme un personnage jouable et le chef de la faction du Wei. Il est aussi retrouvable dans le jeu vidĂ©o Kessen II de Koei Tecmo Games, toujours.
Cao Cao apparaßt notamment dans le jeu vidéo de stratégie Total War: Three Kingdoms de Creative Assembly comme leader de faction jouable et disponible dÚs le début du jeu.
Cao Cao est aussi retrouvable sur le jeu de stratégie Civilization IV en tant que Grand Personnage et comme Grand Général dans sa suite, Civilization V.
Il est aussi retrouvable dans le jeu de stratégie en temps réel Rise of Kingdoms en tant que Commandant Légendaire.
Cao Cao est un personnage principal de la sĂ©rie de jeux vidĂ©o Tenchi wo Kurau de Capcom, adaptĂ© du manga du mĂȘme nom.
Enfin il apparaßt aussi dans le jeu Puzzle and Dragons, faisant partie des divinités issue des Trois Royaumes.
Famille
Ăpouses et Concubines
- Dame Bian
Ses fils
Faisant partie de la puissante famille Cao, Cao Cao eut beaucoup de descendants. Parmi les plus importants notons ses six fils :
Ses filles
- Cao Jie
- Cao Xian
- Cao Hua
Autres membres de la famille
D'autres membres du clan Cao ont aussi laissé leur trace dans l'histoire :
- Cao Anmin (æčćźæ°)
- Cao Ren (æčä»)
- Cao Chun (æčçŽ)
- Cao Hong (æčæŽȘ)
- Cao Xiu (æčäŒ)
- Cao Zhen (æčç)
Il est Ă©galement cousin avec Xiahou Dun et Xiahou Yuan.
Références
- ChĂ©n ShĂČu et PĂ©i SĆngzhÄ«, Chroniques des Trois Royaumes (äžććż, SÄnguĂłzhĂŹ), Chronique des WĂši, livre 1 - (zh) Disponible sur Wikisource
- æčçćł, CĂĄo MĂĄn zhuĂ n
- Chroniques des Trois Royaumes citant la Biographie de Cao le Fourbe, Chronique des WĂši, livre 1.
- ćçŸ©æ ¶ăäžèȘȘæ°èȘă, LiĂș YĂŹqĂŹng « shĂŹ shuĂŹ xÄ«n yÇ Â» - (zh) Disponible sur Wikisource
- Le caractĂšre ć«, jĂe, trĂšs formel, possĂšde un sens extrĂȘmement large, incluant « voler », « piller », « contraindre », « imposer », « menacer », « dĂ©sastre », « malheur », etc.
- æł, zhÇ, est un oranger Ă feuilles trifoliĂ©es.
- ćŒ”ç ăæŒąçŽă, ZhÄng FĂĄn « HĂ n jĂŹ »
- ć«çăéèšă, SĆ«n ChĂ©ng « ZĂĄjĂŹ »
- ăćæČ»äžäčèœèŁïŒäșäžäčć„žéăă Un jiÄnxiĂłng (ć„žé), littĂ©ralement « fĂ©lon hĂ©ros », dĂ©signe une personne pour qui la fin justifie les moyens, surtout du point de vue de sa carriĂšre.
- éæž, WĂši shĆ« - (zh) Disponible sur Wikisource
- äžèȘ, ShĂŹ yÇ
- Les annales utilisent l'ancien systÚme de calendrier lunaire. Cao Cao rejoint Yuan Shu « au 1er mois de la 1re année de Chuping » qui a lieu entre le 23 février et le 23 mars 190. En général, les dates ont une précision de l'ordre du mois, mais ceux-ci sont parfois à cheval sur deux mois du calendrier occidental.
- Chroniques des Trois Royaumes citant le Livre du Wei
- Le printemps en Chine commençait entre le 2 et le 5 février, et se terminait entre le 5 et 7 mai.
- çŸçŸèŹ : il sâagit du chiffre donnĂ© dans les Chroniques des Trois Royaumes qui est peut-ĂȘtre une figure de style.
- L'hiver en Chine commence traditionnellement le 7 ou 8 novembre, et se termine entre le 3 et 5 février.
- L'été commence en Chine entre le 5 et 7 mai et se termine entre le 7 et 9 août.
- L'automne commence en Chine entre le 7 et 9 août, et se termine le 7 ou 8 novembre.
- Le meurtre de Cao Song nâest pas datĂ©e dans les Chroniques des Trois Royaumes et a probablement eu lieu entre 192 et 194.
- éæăćłæžă, WĂ©i YĂ o « WĂș shĆ« »
- èąæăç»ćžæ„ç§ă, YĂșan WÄi « XiĂ ndĂŹ chĆ«nqiĆ« »
- Les Annales de l'empereur Xiandi reprennent la réplique sous la forme : « Liu Bei est un héros parmi les hommes et à l'avenir me causera des inquiétudes. » En mentionnant cette différence, Chen Shou, le premier auteur de la chronique, semble douter de la pertinence des archives historiques qu'il trouve trop embellies. Il ajoute que de cette citation de par l'étroitesse d'esprit qu'elle implique ne semble pas du tout correspondre à la personnalité de Cao Cao.
- 矜éżéœăæŒąææ„ç§ă, YÇ ZĂčochÇ, « HĂ n-JĂŹn ChĆ«nqiĆ« »
- Chen Shou met en doute ce chiffre et expose trois raisons pour lesquelles il trouve ce chiffre trop faible :
1) Yuan Shao a Ă©tabli un camp de 5 km de long, et Cao Cao en fait autant, ce qui serait difficile sâil avait si peu dâhommes ;
2) si Yuan Shao avait vraiment dix fois plus dâhommes que Cao Cao, rien ne l'empĂȘchait dâĂ la fois faire le siĂšge tout en faisant dĂ©fendant son ravitaillement. Mais Yuan Shao sâest montrĂ© incapable de se dĂ©fendre quand Cao Cao tentait des sorties ;
3) toutes les annales Ă©crivent que lâarmĂ©e de Cao Cao aurait enterrĂ© vivant 70 000 voire 80 000 hommes de Yuan Shao : mais si une armĂ©e si nombreuse se disperse et sâenfuit, il est impossible Ă 8 000 hommes de les capturer et les attacher.
Chen Shou cite alors une autobiographie de Zhong Yao dans laquelle Zhong Yao, en tant que directeur des serviteurs, envoie Ă Cao Cao deux mille chevaux en renfort. Chen Shou conclut alors : « Si les annales prĂ©tendent que Cao Cao nâavait que six cents cavaliers, pourquoi Zhong Yao a-t-il jugĂ© que tant de chevaux Ă©taient nĂ©cessaires ? » - æŹçŽ, BÄn jĂŹ
- éæ°æ„ç§, WĂši-shĂŹ chĆ«nqiĆ«
- Pei Songzhi fait noter que seulement cinq mois sâĂ©taient Ă©coulĂ©s depuis la mort de Yuan Shao, et que Yuan Tan Ă©tait tombĂ© en disgrĂące auprĂšs de son pĂšre depuis plus de trois ans. Il Ă©met lâhypothĂšse que câest pour ses raisons que Cao Cao a pu sâarranger avec Yuan Tan pour ne pas avoir Ă payer de dot.
- Pei Songzhi Ă©met lâhypothĂšse que les riviĂšres et canaux avaient gelĂ© et que Cao Cao avait employĂ© des paysans pour briser la glace afin que les bateaux puissent naviguer, et que les paysans, fatiguĂ©s, ont prĂ©fĂ©rĂ© fuir pour Ă©chapper Ă cette corvĂ©e.
- Il sâagit des postes de grand chancelier (性ćžćŸ), ministre de la Cavalerie (性ćžéŠŹ), et ministre du Travail (性ćžç©ș) qui Ă©taient les trois postes plus importants de la dynastie Han et premiers conseillers de lâempereur.
- ć±±éłăć Źèœœèź°ă, ShÄn YĂĄng « GĆng zÇi jĂŹ »
- éæŠæ äș, WĂši WÇ gĂčshĂŹ
- JiÇ xĂ (äčé«) - RĂ©compenses que lâempereur offre Ă ses mandarins les plus mĂ©ritants. Selon le Classique des rites, ces neuf sacrements Ă©taient :
1) don dâun chariot et de chevaux : lorsque le mandarin est modeste dans sa dĂ©marche et nâa plus besoin de marcher ;
2) don de vĂȘtements : lorsque le mandarin Ă©crit Ă©lĂ©gamment et pour montrer ses bonnes actions ;
3) don dâune partition musicale : lorsque le mandarin a lâamour en son cĆur, pour quâil enseigne la musique aux siens ;
4) don dâune porte rouge : lorsque le mandarin gĂšre bien sa maisonnĂ©e, pour que lâon montre que sa maison est diffĂ©rente des autres ;
5) don dâune rampe : lorsque le mandarin fait ce qui est appropriĂ©, pour quâil puisse marcher sur la rampe en maintenant sa force ;
6) don de gardes : lorsque le mandarin est brave et prĂȘt Ă dire la vĂ©ritĂ©, pour quâil soit protĂ©gĂ© ;
7) don dâarmes, dâun arc et de flĂšches : lorsque le mandarin a bonne conscience et puisse reprĂ©senter le gouvernement et Ă©craser la trahison ;
8) don dâune hache cĂ©rĂ©monielle : lorsque le mandarin est fort, sage et loyal envers le clan impĂ©rial, afin dâexĂ©cuter les criminels ;
9) don de vin : lorsque le mandarin fait preuve de piĂ©tĂ© filiale et puisse offrir des libations Ă ses ancĂȘtres. - äčć·æ„ç§, JiÇ zhĆu chĆ«nqiĆ«
- ć±±éœć ŹèŒèš, ShÄnyĂĄng gĆng zÇijĂŹ
- LuĂł GuĂ nzhĆng, Les Trois Royaumes (äžćæŒçŸ©, SÄnguĂł yÇnyĂŹ), Chapitre 69 - (zh) Disponible sur Wikisource
- Le roi Wen de Zhou (XIe siĂšcle av. J.-C.), bien qu'ayant renversĂ© la dynastie Shang et fondĂ© la dynastie Zhou, n'a de son vivant jamais pris le trĂŽne, ayant selon la tradition populaire, voulu rester fidĂšle aux Shang. Ce seront ses fils, le roi Wu de Zhou puis le duc de Zhou qui se proclameront empereur, de mĂȘme que ce sera le fils de Cao Cao, Cao Pi qui renversera la dynastie Han pour fonder la dynastie Wei.
- Lin Shujuan, "Tomb of legendary ruler unearthed.". Le China Daily. Updated: 2009-12-28.
- Tomb of legendary general Cao Cao unearthed in central China. Xinhua. 2009-12-27.
- Li Xinran. "Tomb of Cao Cao, early ruler, is found." Shanghai Daily. 2009-12-28.
- http://www.chinadaily.com.cn/china/2010-06/12/content_9972436_2.htm
- http://www.china-daily.org/China-News/National-23-experts-questioned-fake-Henan-Anyang-tomb-of-Cao-Cao/
- LuĂł GuĂ nzhĆng, Les Trois Royaumes (äžćæŒçŸ©, SÄnguĂł yÇnyĂŹ), Chapitre 4 - (zh) Disponible sur Wikisource
- ChĂ©n ShĂČu et PĂ©i SĆngzhÄ«, Chroniques des Trois Royaumes (äžććż, SÄnguĂłzhĂŹ), Chronique des ShÇ, livre 6 - (zh) Disponible sur Wikisource
- LuĂł GuĂ nzhĆng, Les Trois Royaumes (äžćæŒçŸ©, SÄnguĂł yÇnyĂŹ), Chapitre 72 - (zh) Disponible sur Wikisource
Bibliographie
Voir aussi
Articles connexes
Dessin animé japonais : Souten Kouro produit par le studio Mad House. Narre l'ascension de Cao Cao.