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Guan Yu

Guan Yu ou Kouan Yu (chinois simplifiĂ© : ć…łçŸœ ; chinois traditionnel : 關矜 ; pinyin : guān yǔ ; EFEO : Kouan Yu), nĂ© vers 160-162 et dĂ©cĂ©dĂ© vers octobre 219-220, qui avait pris comme prĂ©nom usuel Yunchang[1] (chinois simplifiĂ© : äș‘é•ż ; chinois traditionnel : é›Č長 ; pinyin : yĂșn chĂĄng), et qu'on mentionne souvent sous le nom de Guan Gong (chinois traditionnel : 關慬, Seigneur Guan), Ă©tait un gĂ©nĂ©ral chinois de la fin de la dynastie Han et du dĂ©but de la pĂ©riode des Trois Royaumes.

Guan Yu
Biographie
Naissance

District de Yanhu (Hedong Commandery (en), dynastie Han)
DĂ©cĂšs
Prénom social
é›Č長
Nom posthume
棯çč†
Activités
Officier, army officer
Enfants
Autres informations
Propriétaire de
Glaive du dragon vert (en)
Grade militaire
Marque ou logotype

Il servit sous les ordres de Liu Bei, le fondateur du royaume de Shu, dont il est le frĂšre d'arme avec Zhang Fei, et aurait Ă©tĂ© un des cinq « gĂ©nĂ©raux tigres », avec Huang Zhong, Ma Chao, Zhang Fei et Zhao Yun, bien qu’on ignore s’il a effectivement portĂ© ce titre. RĂ©putĂ© de son vivant guerrier invincible, il a Ă©tĂ© capturĂ© et exĂ©cutĂ©, avec son fils Guan Ping par les troupes de Sun Quan, par Lu Meng lors du siĂšge de Fan. Il a Ă©tĂ© divinisĂ© quelques siĂšcles aprĂšs sa mort sous le nom de Guanshengdijun (é—œè–ćžć›) ou Guandi, « Saint empereur Guan ». Il est toujours vĂ©nĂ©rĂ© de nos jours en Chine, aussi bien par les taoĂŻstes que par les bouddhistes. Il est particuliĂšrement populaire Ă  Hong-Kong comme dieu de la guerre, des hommes d’affaires et des policiers. On le reprĂ©sente traditionnellement comme un gĂ©ant Ă  face rouge (symbolisant la loyautĂ© et la droiture) avec une trĂšs longue barbe et portant un guandao (une arme d’hast Ă  hampe moyenne de l’époque des Song) qui pesait, selon la lĂ©gende, plus de 80 jins (environ 40 kg). Il a Ă©tĂ© immortalisĂ© dans le roman des Trois Royaumes, oĂč il est dĂ©peint comme un guerrier loyal et honorable capable d'exploits surhumains.

Il est le pĂšre de Guan Ping, Guan Xing, Guan Suo et Guan Yinping.

Au Japon, il est connu sous le nom de Kan'u Unchƍ, en CorĂ©e, sous le nom de Gwanu Unjang, et au ViĂȘt Nam, sous celui de Quan VĆ© VĂąn Trường.

Biographie

La biographie officielle de Guan Yu est dans le Sanguo zhi, chapitre 36 (livre des Shu, volume 6)

Les trois frÚres dont la rencontre et la détermination à restaurer la dynastie Han constitue le début de l'histoire des Trois Royaumes. Guan Yu(en haut), Liu Bei(à gauche), Zhang Fei(à droite)

Jeunesse

Guan Yu est natif de Hedong dans le district de Xie (è§Ł, correspondant au sud-ouest de l'actuel Xian de Linyi dans le Shanxi). Il porte Ă  l'Ă©poque le prĂ©nom usuel de Changsheng (traditionnel : 長生, simplifiĂ© : 长生). AprĂšs y avoir tuĂ© un potentat local, il y devient fugitif et se rĂ©fugie dans la prĂ©fecture de Zhuo (aujourd'hui appelĂ©e Zhuozhou) et y rencontre Liu Bei et Zhang Fei, qui recrute alors des hommes pour faire face aux rĂ©voltes des Turbans Jaunes. GrĂące Ă  ses succĂšs militaires, Liu Bei est nommĂ© prĂ©fet du district de Pingyuan. Celui-ci fait de Guan Yu et Zhang Fei ses commandants (揾马) et donne Ă  chacun une armĂ©e privĂ©e.

Tous trois partagent la mĂȘme couche et se comportaient comme des frĂšres. Zhang Fei et Guan Yu se tiennent nĂ©anmoins toujours prĂȘt Ă  servir Liu Bei lors des longues rĂ©unions en se tenant debout Ă  ses cĂŽtĂ©s du lever au coucher du soleil. Ils le suivaient en tout lieu sans s'inquiĂ©ter du danger de la situation.

Selon les Annales du Shu[2] et les Printemps et Automnes du clan Wei[3], lorsqu’en 198, Cao Cao et Liu Bei assiĂšgent LĂŒ Bu Ă  Xiapi, Guan Yu demande Ă  Cao Cao la femme de Qin Yilu, Dame Du, en mariage et Cao Cao condescend. Mais peu avant la bataille finale, Guan Yu rĂ©itĂšre sa demande Ă  plusieurs reprises si bien que Cao Cao commence Ă  se demander si la dame ne devait pas ĂȘtre de grande beautĂ©. AprĂšs la victoire, il la fait mander et la garde pour lui-mĂȘme, ce qui cause Ă  Guan Yu une vive contrariĂ©tĂ©.

Plus tard, Liu Bei lance une attaque surprise contre Che Zhou, l’inspecteur de la province de Xu, et ordonne Ă  Guan Yu de s’établir en garnison Ă  Xiapi et d’y prendre la charge de grand administrateur. Selon le Livre des Wei, il lui offre Ă©galement la direction de la province de Xu.

Plus tard dans le courant de l'année, Liu Bei se retourne contre Cao Cao.

Sous les ordres de Cao Cao

Guan Yu triomphant de Guan Hai

En la 5e annĂ©e de Jian’an (200), Cao Cao part en campagne Ă  l’est et Liu Bei se rĂ©fugie auprĂšs de Yuan Shao. Cao Cao capture Guan Yu et dĂ©cide de le garder Ă  son service. Il le nomme pian jiangjun (恏氆憛 - sorte de lieutenant-gĂ©nĂ©ral) et le traite gĂ©nĂ©reusement.

Cao Cao apprĂ©cie Ă©normĂ©ment Guan Yu, mais sent bien que ce dernier n’a guĂšre envie de demeurer longtemps Ă  son service. Il demande donc Ă  Zhang Liao d’aller parler avec Guan Yu pour sonder ses sentiments. Guan Yu aurait dit Ă  Zhang Liao : « Je suis parfaitement conscient que le Seigneur Cao m’a montrĂ© beaucoup de respect et de gĂ©nĂ©rositĂ©, mais le Seigneur Liu m'a Ă©galement bien traitĂ© et j'ai jurĂ© de mourir pour lui. Je ne compte donc pas rester, mais je saurai nĂ©anmoins offrir au seigneur Cao une action d'Ă©clat avant de partir ». Zhang Liao hĂ©sita Ă  rapporter ces paroles Ă  Cao Cao car elles auraient pu signifier une condamnation Ă  mort pour Guan Yu. Finalement il soupira et dit Ă  Cao Cao : « Vous ĂȘtes mon seigneur et donc comme mon pĂšre, alors que Guan Yu n'est qu’un frĂšre. » Il rapporta donc son entrevue Ă  Cao Cao qui conclut: « Servir son seigneur et ne pas oublier ses origines. Vraiment quel homme droit parmi tous ceux de l’empire! Quand pensez-vous qu’il partira? ». Zhang Liao rĂ©pondit: « Guan Yu a reçu votre traitement de faveur. Il ne partira donc pas avant de vous l’avoir repayĂ©. ».

Yuan Shao envoie un de ses gĂ©nĂ©raux, Yan Liang, pour attaquer Liu Yan, l’administrateur de la prĂ©fecture de Dongjun. L’affrontement a lieu Ă  Baima et Cao Cao envoie Zhang Liao et Guan Yu en renfort. Guan Yu, dans la mĂȘlĂ©e, tue Yan Liang et ramĂšne sa tĂȘte. Cao Cao, sachant que Guan Yu va le quitter, le rĂ©compense gĂ©nĂ©reusement et lui offre le titre de marquis de Hanshouting. Mais Guan Yu scelle toutes ses rĂ©compenses, laisse une lettre d’adieu, et part rejoindre Liu Bei chez Yuan Shao. MalgrĂ© ses conseillers, qui le pressent de lui donner la chasse, Cao Cao s’y refuse : « À chaque vassal son Seigneur. Laissez-le partir. »

Capture de Jingzhou

Une peinture sur bois japonaise du XIXe siÚcle, peinte par Utagawa Kuniyoshi. Guan Yu se fait gratter l'os du bras, empoisonné par une flÚche, par le médecin Hua Tuo en jouant une partie de go.

À la mort de Yuan Shao (202), Liu Bei se rĂ©fugie auprĂšs de Liu Biao et ce dernier meurt en 208 tandis que Cao Cao pacifie la rĂ©gion de Jingzhou. Liu Bei veut alors traverser le Jiang pour aller Ă  Fan, et confie Ă  Guan Yu une flotte d’une centaine de navires pour le rejoindre Ă  Jiangling. De lĂ , ils vont jusqu’à Xiakou et Sun Quan lui prĂȘte des troupes pour affronter Cao Cao. Cao Cao doit battre en retraite tandis que Liu Bei rĂ©cupĂšre une bonne partie du Jiangnan, distribuant des rĂ©compenses aux plus mĂ©ritants. Il nomme Guan Yu grand administrateur de Xiangyang, et dang kou jiangjun (èĄćŻ‡ć°†ć†›), « gĂ©nĂ©ral qui extermine les criminels ») et lui ordonne de se poster en garnison Ă  Jiangbei. Liu Bei conquiert ensuite la province du Yizhou et offre Ă  Guan Yu l’administration de la province du Jingzhou.

Vers cette Ă©poque, Guan Yu apprend que Ma Chao, qui n’a jamais Ă©tĂ© un alliĂ©, vient de faire sa soumission Ă  Liu Bei. Il Ă©crit Ă  Zhuge Liang pour savoir « Ă  qui on pouvait comparer Ma Chao ». Zhuge Liang lui rĂ©pond :

« Mengqi (le surnom de Ma Chao) est particuliĂšrement versĂ© dans les affaires militaires et civiles. Il est bien plus brave et plus fort que le commun des mortels et pourrait se comparer Ă  Ying ou Peng des temps anciens. Il pourrait sans doute rivaliser au combat avec Yide (surnom de Zhang Fei), mais ne peut absolument pas Ă©galer le “barbu”. »

Guan Yu était en effet doté de ce que la chronique a retenu comme étant une « magnifique barbe », et le fait que Zhuge Liang faisait référence à lui était donc évident. Au comble de la joie, Guan Yu montra la lettre à ses invités.

Lors d'une bataille, Guan Yu est blessĂ© par une flĂšche au bras gauche (l’évĂ©nement n'est pas datĂ©) et bien que la blessure se soit guĂ©rie, l’os le faisait encore souffrir. Le mĂ©decin lui dit :

« La pointe de la flĂšche Ă©tait empoisonnĂ©e, du poison est entrĂ© dans l'os. Il faudra ouvrir le bras et gratter l’os avant que le problĂšme n'empire. »

Guan Yu tendit immĂ©diatement son bras, et pendant l’opĂ©ration, mangea, but, et rit en compagnie de ses collĂšgues tandis que le sang coulait dans un petit bassinet.

Chute

Lors de la 24e annĂ©e de Jian’an (219), Liu Bei est proclamĂ© prince de Hanzhong et nomme Guan Yu qian jiangjun (才氆憛) « gĂ©nĂ©ral de l’avant-garde ». La mĂȘme annĂ©e, Guan Yu dirige une expĂ©dition contre Cao Ren Ă  Fan. Cao Cao dĂ©pĂȘche Yu Jin pour aider Cao Ren mais comme c’est l’automne, de nombreuses prĂ©cipitations font dĂ©border le fleuve Han. Yu Jin perd ses sept armĂ©es et se soumet Ă  Guan Yu qui fait exĂ©cuter le gĂ©nĂ©ral Pang De, aprĂšs lui avoir demandĂ© de rejoindre le Shu et Ma Chao. Les bandits Liang, Jia et Lu, acceptent de se rallier Ă  Guan Yu et son prestige s’étend Ă  toute la Chine.

Cao Cao se demande alors s’il faudrait dĂ©mĂ©nager la capitale Ă  Xudu pour Ă©viter les forces de Guan Yu et Sima Yi opine que Sun Quan ne pouvait se permettre de laisser Guan Yu connaĂźtre davantage de victoires. Ils envoient donc un Ă©missaire auprĂšs de Sun Quan pour lui conseiller d’attaquer les arriĂšres de Guan Yu, laissant ainsi Jiangnan Ă  Sun Quan en tant que tribut de guerre et dissolvant ainsi les forces de Fan.

Initialement, Sun Quan dĂ©pĂȘche un Ă©missaire auprĂšs de Guan Yu pour arranger un mariage entre son fils, Sun Deng, et la fille de Guan Yu, Guan Yinping. Mais Guan Yu insulte le messager et rejette l’offre, ce qui provoque la fureur de Sun Quan. De plus, Mi Fang, le gouverneur de Nanjun et le gĂ©nĂ©ral Fu Shiren ont Ă©galement l’impression que Guan Yu ne les estime guĂšre. Ceux-ci Ă©taient responsables du rationnement des armĂ©es mais s’étaient tenu Ă  l’écart des batailles et Guan Yu jure de les « discipliner Ă  son retour ». Ils prennent peur et Sun Quan en profite pour les inciter Ă  se soumettre Ă  lui, laissant ainsi l’armĂ©e du Wu pĂ©nĂ©trer. Cao Cao envoie alors Xu Huang pour assister Cao Ren. DĂšs son arrivĂ©e, Xu Huang annonce « Celui qui prendra la tĂȘte de Guan Yu recevra une rĂ©compense de 1 000 jins (livres) d’or ! ». Guan Yu, fort effrayĂ© lui demande : « Grand-frĂšre, que signifient ces paroles ? ». Xu Huang lui rĂ©pond : « Ce sont les affaires de l’État ! »

Guan Yu ne peut contenir ses adversaires et appelle Ă  la retraite, mais les troupes de Sun Quan de leur cĂŽtĂ© avaient dĂ©jĂ  capturĂ© Jiangling et pris en otage les femmes et enfants des troupes de Guan Yu, ce qui se traduisit par la dispersion de son armĂ©e. Sun Quan fait capturer Guan Yu et l’exĂ©cute avec son fils, Guan Ping, par Lu Meng, Ă  Lingju.

Il semblerait que Sun Quan ait voulu le garder à son service, mais ses conseillers s’y opposùrent :

« Élever le louveteau ne peut qu’amener des problĂšmes. Le Seigneur Cao l’avait laissĂ© en vie, s’apportant ainsi le dĂ©sastre sur lui-mĂȘme au point qu’il en est presque venu Ă  dĂ©mĂ©nager sa capitale. Comment dans ces conditions pouvons-nous le laisser vivre ? ».

Cependant Pei Songzhi, l’historien qui compila les chroniques officielles, semble mettre en doute cette assertion en raison d’impossibilitĂ©s gĂ©ographiques (Guan Yu fut exĂ©cutĂ© presque aussitĂŽt aprĂšs sa capture et Sun Quan, se trouvant Ă  150 km de lĂ  n’avait donc pas l’opportunitĂ© de prendre une dĂ©cision quelconque).

Sun Quan envoie Ă  Cao Cao la tĂȘte de Guan Yu tandis qu’il prĂ©pare des funĂ©railles honorables pour le reste du corps. Guan Yu est promu Ă  titre posthume au rang de marquis de Zhuangmou et son fils survivant, Guan Xing, hĂ©rite du titre. Celui-ci Ă©tait fort estimĂ© de Zhuge Liang et il fut nommĂ© intendant au palais et reçut la charge de zhong jian jun (侭监憛) « superviseur de l’armĂ©e ». Son fils, Guan Tong, Ă©pousa une princesse et fut promu au rang de hu bi zhong lang jiang (虎èŽČ侭郎氆) « gĂ©nĂ©ral gentilhomme qui a la rapiditĂ© du tigre » et meurt sans hĂ©ritier mĂąle. C’est donc le fils bĂątard de Guan Xing, Guan Yi, qui hĂ©rite du titre. Le clan de Guan Yu est entiĂšrement exterminĂ© en 263, lorsque le Wei envahit le Shu, par Pang Hui, le fils de Pang De, car il voulait venger la mort de son pĂšre, exĂ©cutĂ© par Guan Yu.

Guan Yu dans le roman des Trois Royaumes

Guan Yu captura le général Pang De

Guan Yu ayant été trÚs tÎt divinisé, les troubadours chinois avaient souvent chanté pendant des siÚcles ses exploits avant que la version sur papier des Trois Royaumes ne soit écrite. Ses actions ont donc bien souvent été amplifiées et son personnage avait déjà atteint une dimension mythique que le roman a repris. Si de nombreux faits du roman concernant Guan Yu ont effectivement un fond historique, il y a néanmoins des différences notables.

Guan Yu est un des premiers personnages qui apparaissent dans le roman car celui-ci commence au moment de sa rencontre avec Liu Bei et Zhang Fei, et leur serment de fraternitĂ©. Dans la rĂ©alitĂ© historique, Guan Yu Ă©tait ĂągĂ© d’un an de plus que Liu Bei, et bien que les trois se comportaient comme des frĂšres, ils n’avaient pas fait de serment fraternel. Or dans le roman, Guan Yu devient le 2e frĂšre de la bande, cĂ©dant la place d’aĂźnĂ© Ă  Liu Bei.

Le roman souligne trĂšs vite son sens de l’honneur : si historiquement, on ignore pourquoi Guan Yu Ă©tait un fugitif, pour l’auteur du roman, c’est parce qu'il avait tuĂ© un potentat local dont il ne pouvait supporter la tyrannie. Il devient ainsi un hĂ©ros qui extermine les tyrans, quitte Ă  se mettre sur le dos les autoritĂ©s.

Le roman prĂ©sente Guan Yu comme « bien bĂąti, une longue barbe, la face rouge comme une pomme (le rouge symbolise la dignitĂ©). Il avait les yeux du phƓnix et des sourcils broussailleux comme des vers Ă  soie. Son apparence globale Ă©tait digne et exaltante. » C’est souvent fidĂšle Ă  cette description que sont faites les reprĂ©sentations de Guan Yu.

Guan Yu (à droite) faisant ses adieux à Cao Cao aprÚs avoir servi à ses cÎtés

Le roman attribue Ă  Guan Yu la victoire contre Hua Xiong (en rĂ©alitĂ© capturĂ© et exĂ©cutĂ© par Sun Jian) : Cao Cao propose une coupe de vin chaud (les chinois le boivent chauffĂ© au bain-marie Ă  tempĂ©rature du corps humain) Ă  Guan Yu mais celui-ci le refuse sur le moment. Il charge tout seul l’armĂ©e adverse et le temps qu'il revienne avec la tĂȘte de Hua Xiong, le vin Ă©tait encore tiĂšde.

Dans le roman, tout comme dans la rĂ©alitĂ© historique, Guan Yu se rend Ă  Cao Cao. Mais dans le roman, il ne se soumet qu’à trois conditions, soulignant sa loyautĂ© envers Liu Bei :

  • s’il doit se soumettre, c’est Ă  l’empereur des Han et non Ă  Cao Cao. Cette condition pose peu de problĂšmes Ă  Cao Cao, pour qui il ne s’agit aprĂšs tout que de la mĂȘme chose ;
  • les deux femmes de Liu Bei ne seraient pas dĂ©shonorĂ©es, mais traitĂ©es avec tout le respect qui leur est dĂ» et nourries et logĂ©es convenablement. LĂ  encore Cao Cao accepte ;
  • la derniĂšre condition fut que si Guan Yu apprenait oĂč Ă©tait Liu Bei, il partirait librement le rejoindre. À cette derniĂšre condition Cao Cao tique, puis finit par accepter en espĂ©rant que Guan Yu serait Ă©mu par sa gĂ©nĂ©rositĂ© et accepterait de rester sous ses ordres.

Guan Yu reçoit de Cao Cao LiĂšvre Rouge, le cheval de LĂŒ Bu, capable de parcourir 1 000 li (lieues) en un seul jour. En outre, c’est lors de son sĂ©jour Ă  la cour qu’il reçoit de l'Empereur son surnom de mei ran gong (çŸŽé«Żć…Ź) « seigneur belle barbe ».

Dans le roman, Cao Cao et Guan Yu affrontent Yan Liang Ă  Baima (historiquement Cao Cao n'Ă©tait pas prĂ©sent). S’il est vrai que Guan Yu avait tuĂ© Yan Liang dans la bataille, le roman en fait une scĂšne plutĂŽt Ă©pique : Guan Yu fonce seul sur l’armĂ©e adverse (de 50000 hommes) et renverse tous les soldats sur son passage jusqu’à ce qu’il parvienne Ă  hauteur de Yan Liang, l’abatte, le dĂ©capite et rapporte la tĂȘte jusqu’à son camp sans encombre.

Le roman impute Ă©galement Ă  Guan Yu la victoire sur Wen Chou, bien qu’historiquement on ignore qui l’a vraiment tuĂ©.

Dans le roman, Guan Yu, apprenant oĂč Liu Bei s’était rĂ©fugiĂ©, quitte Cao Cao et tue tour Ă  tour cinq gĂ©nĂ©raux venus s’interposer et parcourt 1 000 lieues pour retrouver son frĂšre, tout en trainant ses deux femmes avec lui. Dans la rĂ©alitĂ© historique, Guan Yu est libre de retourner auprĂšs de Liu Bei sans encombre.

Un autre passage cĂ©lĂšbre du roman, pourtant purement fictif, est la scĂšne oĂč Cao Cao, qui vient de subir la plus grande dĂ©faite militaire de sa carriĂšre Ă  la bataille de la Falaise rouge bat en retraite et se fait arrĂȘter en chemin par Guan Yu. Guan Yu, se souvenant de la gĂ©nĂ©rositĂ© de Cao Cao Ă  son Ă©gard, dĂ©cide de le laisser fuir sans combattre, soulignant encore davantage sa noblesse.

Guan Yu devient un dieu

Autel Ă  l’effigie de Guan Yu, placĂ© dans un restaurant chinois. La prĂ©sence d'une telle statue dans un commerce est trĂšs courante en Chine et a pour but de rassurer les clients et d'apporter la prospĂ©ritĂ© aux commerçants
Manifestant hongkongais en faveur de la démocratie se recueillant devant une statue de Guan Yu

La mort de Guan Yu prĂ©sente une suite de scĂšnes de nature Ă©sotĂ©rique, illustrant que l’ñme de Guan Yu avait atteint l’illumination. Ainsi, juste aprĂšs sa dĂ©capitation, son Ăąme alla errer au mont Yuquan, un peu en dehors de l'ancienne province de Dangyang. C'est alors que son Ăąme rencontra un moine sur qui il hurla : « Rendez-moi ma tĂȘte ! ». Le moine demanda Ă  l'Ăąme de Guan Yu pourquoi celle-ci rĂ©clamerait sa tĂȘte alors que lui-mĂȘme a tuĂ© et dĂ©capitĂ© des gens dans l’accomplissement de leur devoir, comme les gĂ©nĂ©raux de Cao Cao que Guan Yu avait tuĂ©s dans sa fuite. Comprenant les paroles du moine, Guan Yu atteint l’illumination et devint bodhisattva.

Son Ăąme ira nĂ©anmoins se venger de LĂŒ Meng, le stratĂšge qui avait causĂ© sa perte. Il prend possession de son corps et attaque Sun Quan en jurant vengeance sur LĂŒ Meng. Puis LĂŒ Meng s’évanouit et meurt. EffrayĂ©, Sun Quan envoie la tĂȘte de Guan Yu Ă  Cao Cao, espĂ©rant ainsi attirer les foudres du royaume de Shu sur le Wei. Au moment oĂč Cao Cao regarde la tĂȘte, la bouche de Guan Yu et ses paupiĂšres s'ouvrent. Cao Cao, s’évanouit et quand il se rĂ©veille proclame :

« Le général Guan est vraiment devenu un dieu ! ».

Il fait alors arranger des funĂ©railles nationales dignes d’un prince.

Bien que son rĂŽle dans les trois royaumes soit important mais tout de mĂȘme mineur par rapport Ă  d'autres personnages tels que Zhuge Liang ou son frĂšre Liu Bei, il ne fait aucun doute que parmi tous les personnages des trois royaumes, Guan Yu est celui qui a le plus marquĂ© spirituellement et culturellement la culture chinoise

Il est aujourd'hui considéré à la fois comme le dieu de la guerre et de la loyauté, et a fait l'objet de nombreuses adaptations dans la culture populaire (livres, bandes dessinés, séries télévisées, films, jeux vidéo, etc.).

TrĂšs nombreux sont les commerçants possĂ©dant une statue Ă  son effigie dans leur commerce. Sa lĂ©gende est d'une telle ampleur qu'il en est venu Ă  ĂȘtre vĂ©nĂ©rĂ© Ă  la fois par les forces de l'ordre et par les organisations de crime organisĂ©.

Dans la Santería, il est connu sous le nom de San Fancón, il est considéré comme un avatar de l'orisha Changó[4].

Notes et références

  1. Guan Yu : Jusqu'à une époque assez récente, le nom chinois comportait le patronyme (p. ex. : Guan) et un autre idéogramme (p. ex. : Yu). Cependant, toute personne ayant une certaine culture se fabriquait en devenant adulte un alias à partir de son deuxiÚme idéogramme (le zi). Cao Cao se faisait appeler Mengde. Certains avaient un patronyme double, comme Zhuge Liang qui avait pour prénom de lettré Kong Ming.
  2. 蜀蚘
  3. 魏氏昄秋
  4. https://www.ecured.cu/San_Fanc%C3%B3n

Voir aussi

Sources

  • Sanguo Zhi (säž‰ć›œćż— / 侉朋濗) Les Chroniques historiques des Trois Royaumes, chapitre 36
  • Sanguo Yanyi (äž‰ć›œæŒ”äč‰ / äž‰ćœ‹æŒ”çŸ©), Histoire des Trois Royaumes

Articles connexes

Liens externes

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