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Liu Bei

Liu Bei (161 - 222/) ou Lieou Pei en transcription EFEO (en chinois traditionnel : 抉悙, simplifiĂ© : ćˆ˜ć€‡, pinyin : LiĂș BĂši) Ă©tait un puissant seigneur chinois de la fin de la dynastie Han et du dĂ©but de la pĂ©riode des Trois Royaumes. Son prĂ©nom social Ă©tait Xuande (çŽ„ćŸ·, XuĂĄndĂ©). Il fonda avec l'aide du stratĂšge Zhuge Liang le royaume de Shu dont il se proclama empereur en 221, Ă©tablissant l'Ă©phĂ©mĂšre dynastie des Shu-Han. AprĂšs sa mort, il reçut le nom posthume d’empereur Zhaolie (æ˜­çƒˆćž, ZhāolĂŹe dĂŹ). Liu Bei fut immortalisĂ© dans le roman Histoire des Trois Royaumes oĂč il est dĂ©peint comme un monarque vertueux, empli des valeurs confucĂ©ennes.

Liu Bei
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Portrait de Liu Bei
Empereur de royaume de Shu
Naissance
district de Zhuo, région de Zhuo, province de You [1]
DĂ©cĂšs
palais de Yufu
Successeur Liu Shan
Noms
Chinois simplifiĂ© ćˆ˜ć€‡
Chinois traditionnel 抉悙
Hanyu pinyin LiĂș BĂši
EFEO Lieou Pei
nom posthume Empereur Zhaolie

Liu Bei est connu au Japon sous le nom de Ryƫbi Gentoku et en Corée sous celui de Yubi Hyeondeog.

Il est le pÚre de Liu Shan. Il a été marié à Dame Gan, Dame Mi, Sun Shangxiang et Dame Mu.

Son cheval se nomme Empreintes des TĂ©nĂšbres.

Il est le frĂšre d'armes de Guan Yu et de Zhang Fei.

Biographie[2]

La statue dans le temple de Zhuge Liang, Chengdu,Chine

Généalogie, enfance et jeunesse

Liu Bei est natif du district de Zhuo (æ¶ż) dans la rĂ©gion de Zhuo (æ¶ż) dans la province de You (aujourd'hui Zhuozhou dans le Hebei). Il est un lointain descendant de Liu Zhen, qui Ă©tait le fils de Liu Sheng, un des fils de l'empereur Jingdi des Han (156 - 141 av. J.-C.). Selon le DianlĂŒe de Yu Huan[3], Liu Bei descend Ă©galement de la mĂȘme branche que le marquis de Linyi.

Bien que de descendance impĂ©riale, Liu Bei Ă©tait membre d'une branche tombĂ©e dans la pauvretĂ© depuis trois siĂšcles : son ancĂȘtre Liu Zhen, vers 117 av. J.-C. (6e annĂ©e de Yuanshou), reçoit le titre de marquis de Lucheng et est envoyĂ© dans le district de Zhou. Malheureusement il ne peut payer le tribut annuel Ă  temps et est dĂ©mis de ses fonctions et de son titre.

Liu Bei est le petit-fils de Liu Xiong, et le fils de Liu Hong, qui furent chacun des mandarins à Zhuo. Liu Xiong parvint à se faire nommer pour sa piété filiale et son incorruptibilité (xiaolian). Liu Bei perd trÚs tÎt son pÚre et vit avec sa mÚre du tissage et de la vente de matelas et sandales de paille.

Selon sa biographie dans les Chroniques des Trois Royaumes, au sud-est de la maison oĂč habite Liu Bei pousse un grand mĂ»rier, haut de cinq zhang (environ seize mĂštres) dont la forme rappelle celle d'un chariot. Selon les Annales des dynasties Han et Jin de Xi Zaochi[4], Li Ding, un homme de la rĂ©gion se serait exclamĂ© : « De cet endroit naĂźtra certainement un grand homme ! » Lorsqu'il est enfant, Liu Bei joue avec les autres enfants de sa famille sous ce mĂ»rier et annonce : « Certainement, un jour je conduirai ce chariot cĂ©leste ! » mais son oncle paternel le sermonne : « Ne dis pas de bĂȘtises ! Tu vas amener le malheur sur la famille ! » [5].

À quinze ans, la mĂšre de Liu Bei envoie celui-ci au loin pour Ă©tudier sous la tutelle de Lu Zhi (盧怍) alors grand administrateur de Jiujiang et natif du mĂȘme district que Liu Bei. Liu Bei a pour compagnons d'Ă©tude Liu Deran (ćŠ‰ćŸ·ç„¶) – un membre de sa famille – ainsi que Gongsun Zan, avec qui il tisse de profonds liens d'amitiĂ©. Le pĂšre de Liu Deran, Liu Yuanqi (ćŠ‰ć…ƒè”·), subvient non seulement aux besoins de son fils, mais Ă©galement Ă  ceux de Liu Bei. Lorsque sa femme lui demande « Nous sommes de deux maisonnĂ©es diffĂ©rentes, pourquoi l'aides-tu ? », il rĂ©pond : « Cet enfant de notre clan est exceptionnel. »

Apparence physique et caractĂšre

La chronique dĂ©crit Liu Bei comme n'Ă©tant pas trĂšs portĂ© sur ses Ă©tudes mais apprĂ©ciant les chiens, les chevaux, la musique et les beaux vĂȘtements[6]. Une fois adulte, il est haut de sept chi et cinq cun (1,72 m Ă©tant donnĂ© la valeur de ces unitĂ©s Ă  l'Ă©poque des Han), ses bras lui tombant en dessous des genoux. Il est Ă©galement capable de voir ses propres oreilles[7]. La chronique le dĂ©crit Ă©galement comme un homme de peu de mots, mais bon envers les gens, et sachant masquer ses Ă©motions avec une apparence paisible. Il aime lier des liens avec les gentilshommes et de nombreux jeunes l'idolĂątrent.

RĂ©volte des Turbans Jaunes - DĂ©buts guerriers

Liu Bei (Ă  gauche), Guan Yu (armĂ© d’un guandao) et Zhang Fei (Ă  droite) sur une illustration de l’Histoire des Trois Royaumes, peinture sur soie de Sekkan Sakurai (1715-1790), avec la permission du musĂ©um Field.

Zhang Shiping (ćŒ”äž–ćčł) et Su Shuang (蘇雙), deux riches[8] marchands de Zhongshan s'arrĂȘtent Ă  Zhuo pour y vendre des chevaux et font la rencontre de Liu Bei. ImpressionnĂ©s, ils lui offrent de l'or et Liu Bei commence Ă  rassembler des troupes sous ses ordres. Selon la tradition populaire, c'est Ă  ce moment qu'il prend Ă  son service Guan Yu et Zhang Fei.

Vers 184, la rĂ©volte des Turbans Jaunes Ă©clate et un appel Ă  la population pour s'enrĂŽler et combattre les rebelles est envoyĂ© dans toutes les provinces. Liu Bei dĂ©cide d'y rĂ©pondre et part avec ses partisans en compagnie du colonel Zou Jing (鄒靖). Selon le DianlĂŒe, Liu Bei est envoyĂ© pour affronter Zhang Zhun Ă  Pingyuan. Liu Bei est sĂ©rieusement blessĂ© dans la bataille mais les rebelles sont mis en dĂ©route et Liu Bei a pu ĂȘtre ramenĂ© au camp pour y ĂȘtre soignĂ©. AprĂšs ses succĂšs contre les Turbans Jaunes, Liu Bei reçoit en rĂ©compense de ses services un poste de mandarin Ă  Anxi (漉斜).

Plus tard, un inspecteur arrive Ă  Anxi et Liu Bei vient Ă  sa rencontre, mais se voit refuser une entrevue. Furieux, il attache l'inspecteur et lui donne deux cents coups de cravache. Il suspend ensuite Ă  son cou son sceau de mandarin en annonçant sa dĂ©mission, puis s'enfuit[9]. Le DianlĂŒe raconte cette anecdote en ajoutant plus de dĂ©tails : un Ă©dit impĂ©rial avait Ă©tĂ© Ă©mis qui avait pour but de relever de leur fonctions tous les mandarins de faible importance qui avaient eu leur poste grĂące Ă  leurs mĂ©rites militaires et Liu Bei s'attendait Ă  ĂȘtre la cible de celui-ci. Lorsque l'inspecteur arriva Ă  Anxi, Liu Bei, ayant appris oĂč il rĂ©sidait, alla lui demander une audience. Sous prĂ©texte de maladie, l'inspecteur refusa de le recevoir et Liu Bei, ayant compris qu'il lui faudrait abandonner son poste, en conçut de la rancƓur. Il se rendit avec ses hommes Ă  la rĂ©sidence de l'inspecteur et lui dit : « Moi, Bei, ai reçu l'ordre secret de mon suzerain de venir vous chercher. » Il l'attacha Ă  une clĂŽture puis prit son sceau de mandarin et le mit autour du cou de l'inspecteur avant de lui donner cent coups de cravache en manifestant le dĂ©sir de le tuer. Comme l'inspecteur supplia qu'on lui laisse la vie sauve, Liu Bei le laissa partir.

Service sous Gongsun Zan

Peu auparavant, le marĂ©chal He Jin avait chargĂ© le commandant Guan Qiu de lever des troupes pour affronter les Turbans Jaunes. Liu Bei dĂ©cide de rejoindre Guan Qiu et part Ă  Xiapi oĂč il affronte et vainc les Turbans Jaunes. En rĂ©compense de ses services, il est fait dĂ©putĂ© de Xiami (例毆). Il abandonne plus tard ce poste pour prendre la magistrature de Gaotang (é«˜ć”).

Selon la Chronique des hĂ©ros de Wang Can[10], en 189, lorsque l'empereur Han Lingdi meurt, Liu Bei fait partie des troupes prĂ©sentes Ă  Luoyang, la capitale. À la suite de la mort de l'empereur et des nombreux troubles relatifs Ă  la succession, le gĂ©nĂ©ral Dong Zhuo dĂ©pose et fait assassiner Liu Bian, le nouvel empereur, pour introniser Ă  sa place Liu Xie, l'empereur Han Xiandi, et s'en sert pour contrĂŽler l'empire. Cependant, de nombreux chefs de guerre s'opposent Ă  cette situation. Cao Cao et Liu Bei repartent chacun dans sa rĂ©gion afin de lever des troupes pour affronter Dong Zhuo.

Vaincu en 190, Liu Bei se rĂ©fugie auprĂšs de Gongsun Zan qui lui offre un poste dans son armĂ©e, puis l'envoie avec Tian Kai (ç”°æ„·) pour affronter Yuan Shao, le protecteur de la province de Ji. Liu Bei parvient Ă  dĂ©fendre Pingyuan (ćčłćŽŸ) et en reçoit la magistrature en rĂ©compense. Plus tard, il est nommĂ© gouverneur de Pingyuan.

Liu Ping (抉ćčł), un homme de la rĂ©gion, Ă©prouve alors beaucoup de jalousie pour Liu Bei et lui envoie des assassins. Cependant, Liu Bei s'est rendu populaire dans la rĂ©gion et les assassins dĂ©cident de ne pas mener Ă  bien leur mission. Selon le Livre des Wei[11], Liu Bei, reçoit chez lui les assassins sans se douter de leurs intentions et les traite avec une telle gĂ©nĂ©rositĂ© que ceux-ci, honteux, partent. Toujours selon le Livre du Wei, le peuple est alors dans la disette et Liu Bei les protĂšge des bandits et divise Ă©quitablement les richesses entre eux. Il mange assis en compagnie des paysans comme s'il Ă©tait l'un d'entre eux.

Gouvernance du Xu

Liu Bei (en haut, portant deux Ă©pĂ©es), Guan Yu (portant un guandao) et Zhang Fei (portant une lance) affrontent LĂŒ Bu (Ă  gauche) au dĂ©troit de Hulao. D'aprĂšs une Ă©dition de l'Histoire des Trois Royaumes de la dynastie Qing.

Vers 194, Yuan Shao s'en prend Ă  nouveau Ă  Gongsun Zan et Liu Bei est envoyĂ© en garnison Ă  Qi sous les ordres de Tian Kai. Entre-temps, Cao Cao, dĂ©sirant venger la mort de son pĂšre, attaque la province de Xu dirigĂ©e par Tao Qian et celui-ci demande Ă  Tian Kai son aide. Liu Bei et Tian Kai se rendent alors Ă  Xu. L'armĂ©e de Liu Bei comporte alors environ un millier de soldats, des cavaliers des tribus Wuwan de la province de You, ainsi que quelques milliers de paysans. Tao Qian lui confie quatre mille soldats supplĂ©mentaires et Liu Bei quitte Tian Kai et Gongsun Zan pour se joindre Ă  Tao Qian. Ce dernier le recommande au poste d'inspecteur de la province de Yu et l'envoie se poster Ă  Xiaopei (氏æț).

Peu aprĂšs, Tao Qian tombe gravement malade. Sur son lit de mort, lorsqu'il envisage la succession, il dit Ă  son conseiller Mi Zhu (éș‹ç«ș) : « Seul Liu Bei peut assurer la sĂ©curitĂ© de cette province. » En consĂ©quence, Mi Zhu offre Ă  Liu Bei la province de Xu, cependant celui-ci n'ose pas accepter en ces temps chaotiques. Chen Deng lui dit alors : « Monseigneur, je souhaite que vous preniez sous vos ordres nos centaines de milliers de soldats et cavaliers. Au mieux, vous pourrez rectifier les troubles de Empire, aider le peuple et devenir l’un des cinq hĂ©gĂ©mons. Au pire vous pourrez prendre un territoire et en dĂ©fendre les frontiĂšres et entrer dans l'Histoire. Je prie pour que Monseigneur considĂšre mon opinion. » Kong Rong, le gouverneur de Beihai donne Ă©galement son opinion : « Comment Yuan Gonglu (surnom de Yuan Shao) peut-il se soucier du pays quand il oublie ses habitants ? Il n’est qu’un squelette sĂ©chant dans sa tombe et ne mĂ©rite pas qu’on s’intĂ©resse Ă  lui. Aujourd’hui, tout le peuple souhaite que vous acceptiez cette charge et si vous la refusez, vous finirez par le regretter. » Convaincu par Chen Deng et Kong Rong, Liu Bei accepte de diriger la province de Xu. Selon les Annales de l’empereur Xiandi[12], Chen Deng envoie un message Ă  Yuan Shao pour lui faire part de la nouvelle. Celui-ci rĂ©pond : « Liu Xuande [surnom de Liu Bei] est extrĂȘmement raffinĂ© et d’une grande droiture et tout le Xu se rĂ©jouit certainement de sa nomination. »

En 196 (1re annĂ©e de Jian’an), Cao Cao recommande Liu Bei au rang de « gĂ©nĂ©ral qui conquiert l’est » (éŽźæ±ć°‡è», zhĂšn dƍng jiāngjĆ«n) et au titre de marquis de Yicheng (漜柎äș­äŸŻ, YĂ­chĂ©ng tĂ­nghĂłu). Yuan Shu attaque Liu Bei et celui-ci se rend Ă  Xuyi et Huaiyin (æ·źé˜Ž) pour dĂ©fendre la province. Tous deux s’affrontent pendant un mois, puis le gĂ©nĂ©ral Cao Bao qui gardait Xiapi (例邳) trahit Liu Bei et livre la ville Ă  LĂŒ Bu, qui capture en mĂȘme temps les femmes de Liu Bei. Liu Bei bat en retraite Ă  Haixi (æ”·è„ż).

Selon la Chronique des hĂ©ros, lorsque Liu Bei Ă©tait parti Ă  Huaiyin affronter Yuan Shu, il confia Xiapi Ă  Zhang Fei. Celui-ci voulut tuer Cao Bao, un gĂ©nĂ©ral du dĂ©funt Tao Qian. Craignant pour sa vie, Cao Bao alla auprĂšs de LĂŒ Bu chercher de l’aide. LĂŒ Bu attaqua Xiapi, captura la ville et Zhang Fei s’enfuit[13]. En apprenant la nouvelle, Liu Bei tenta de reprendre Xiapi mais sans succĂšs. Il se rendit Ă  Guangling pour affronter Yuan Shu et perdit la bataille.

Liu Bei affronte Yang Feng (æ„Šć„‰) et Han Xian (韓æšč), deux bandits qui sĂšment le trouble dans la province. Il les vainc et les fait dĂ©capiter. Il fait ensuite la paix avec LĂŒ Bu et ce dernier lui rend ses femmes. Liu Bei confie alors Xiapi Ă  Guan Yu puis part Ă  Xiaopei oĂč il monte une armĂ©e d’environ dix mille hommes.

Au service de Cao Cao

Une illustration du chapitre 21 de l’Histoire des Trois Royaumes : En chauffant du vin, Cao Cao discute des hĂ©ros. Cette scĂšne du roman est fortement inspirĂ©e d'une anecdote des chroniques historiques. Cao Cao est Ă  l'extrĂȘme droite et en bas Ă  droite se trouve Liu Bei qui a lĂąchĂ© ses baguettes de surprise. À gauche se trouvent Guan Yu et Zhang Fei qui viennent s'assurer que leur maĂźtre Liu Bei ne risque rien. Au fond Ă  gauche, on peut apercevoir les nuages en forme de dragon dont Cao Cao discutait auparavant.

LĂŒ Bu dĂ©cide d’attaquer Ă  nouveau Liu Bei et le vainc, le forçant se rĂ©fugier auprĂšs de Cao Cao. Ce dernier l’accueille gĂ©nĂ©reusement et lui offre le poste de protecteur du Yu (è±«ć·žç‰§, YĂčzhƍu mĂč). De retour Ă  Xiaopei, Liu Bei entreprend de rĂ©unir ses troupes prĂ©cĂ©demment dispersĂ©es.

Au printemps 198 (3e annĂ©e de Jian’an), LĂŒ Bu envoie Gao Shun et Zhang Liao pour attaquer Xiaopei (selon la Chronique des hĂ©ros, LĂŒ Bu avait envoyĂ© quelqu’un Ă  Henei (æȳ憅郡) pour acheter des chevaux et ceux-ci avaient Ă©tĂ© dĂ©robĂ©s par les soldats de Liu Bei). Cao Cao envoie Xiahou Dun Ă  Xiaopei en renfort mais vers octobre-novembre, Liu Bei et Xiahou Dun sont tous deux battus et doivent fuir. Les femmes de Liu Bei sont Ă  nouveau capturĂ©es et Gao Shun les rapporte Ă  LĂŒ Bu. Vers novembre-dĂ©cembre, Cao Cao dĂ©cide de mener personnellement une expĂ©dition contre LĂŒ Bu. Liu Bei se rend Ă  la frontiĂšre oĂč il se joint Ă  Cao Cao. Cao Cao assiĂšge Xiapi et LĂŒ Bu est finalement capturĂ© et exĂ©cutĂ© tandis que Liu Bei rĂ©cupĂšre ses Ă©pouses.

Cao Cao rentre Ă  Xuchang, oĂč il recommande Liu Bei pour la charge de gĂ©nĂ©ral de la gauche (ć·Šć°‡è», zuǒ jiāngjĆ«n). Selon les Chroniques des Trois Royaumes, Cao Cao a Ă©normĂ©ment de respect pour Liu Bei et tous deux marchent souvent ensemble dans le mĂȘme chariot ou siĂšgent ensemble aux banquets. Au nord, Yuan Shu menace de joindre ses forces Ă  celles de son frĂšre Yuan Shao et Cao Cao envoie Liu Bei pour attaquer Yuan Shu, mais ce dernier meurt de maladie avant l’arrivĂ©e de Liu Bei.

Avant son dĂ©part, Liu Bei avait reçu de l’oncle impĂ©rial Dong Cheng une ceinture oĂč Ă©tait Ă©crit un Ă©dit secret de l’empereur Xiandi ordonnant l’assassinat de Cao Cao et Liu Bei attendait son heure pour agir.

Un jour qu’ils sont en train de manger, Cao Cao dit Ă  Liu Bei : « Dans tout l’Empire, les seuls hĂ©ros d’aujourd’hui ne sont que vous et moi-mĂȘme. Benchu [surnom de Yuan Shao] et ses partisans n’ont pas ce qu’il faut. » De surprise, Liu Bei lĂąche ses baguettes. Selon les Chroniques du soleil de Chine de Chang Qu[14], il y avait alors un violent orage avec beaucoup d’éclairs et tonnerre. Pour masquer le vĂ©ritable motif de sa surprise, Liu Bei dit : « Comme le sage [Confucius], “ Quand le tonnerre grondait ou que le vent se dĂ©chaĂźnait, il blĂȘmissait.”[15]. Ce coup de tonnerre Ă©tait tellement puissant qu’on aurait pu le croire tombĂ© ici mĂȘme ! »

Le complot de Dong Cheng, auxquels s’étaient joints Zhong Ji (ç§èŒŻ) et [Wang Zifu (çŽ‹ć­æœ) est dĂ©couvert et ceux-ci sont exĂ©cutĂ©s, ainsi que leurs clans. Selon les Annales de l’empereur Xiandi, au moment de leur capture, Liu Bei est absent de la capitale et son implication dans le complot n’est pas dĂ©couverte. Cependant, selon les Chroniques du Wu de Hu Chong[16], Cao Cao se montre mĂ©fiant et fait espionner Liu Bei. Ce dernier avait commencĂ© Ă  cultiver des lĂ©gumes dans son jardin pour signifier qu’il ne s’intĂ©ressait pas Ă  la politique. Il dit Ă  ses compagnons Guan Yu et Zhang Fei : « Mais pourquoi ai-je donc entrepris la culture de lĂ©gumes ? Je vais finir par Ă©veiller des soupçons chez le seigneur Cao. Nous ne devons pas rester ici longtemps. » Cette nuit, Liu Bei abandonne tous les cadeaux que lui avait fait Cao Cao et part par une porte de service avec Guan Yu et Zhang Fei. De retour Ă  Xiaopei, il entreprend de rassembler ses troupes. Cependant, Pei Songzhi, le commentateur traditionnel des Chroniques des Trois Royaumes qualifie de trĂšs Ă©trange et tirĂ© par les cheveux le rĂ©cit de Hu Chong et il lui parait improbable que la culture de lĂ©gumes ait eu quoi que ce soit Ă  voir avec la fuite de Liu Bei : malgrĂ© les rĂ©serves de ses conseillers comme Guo Jia, Cao Cao envoie Liu Bei affronter Yuan Shao. C’est l’opportunitĂ© que saisit Liu Bei pour quitter Cao Cao.

Dong Hai et Chang Ba se rebellent contre Cao Cao et se joignent Ă  Liu Bei, formant une armĂ©e de plusieurs dizaines de milliers de personnes. Liu Bei envoie Sun Qian (ć­«äčŸ) auprĂšs de Yuan Shao afin de nĂ©gocier un pacte de non-agression avec lui. Cao Cao dĂ©pĂȘche Liu Dai (抉ćȱ) et Wang Zhong (王濠) contre Liu Bei mais ceux-ci sont battus.

En 200 (5e annĂ©e de Jian’an), Cao Cao, pris en tenaille entre Yuan Shao et Liu Bei, dirige personnellement une expĂ©dition pour venir Ă  bout de Liu Bei. Selon le Livre des Wei, au nord, il laisse ses gĂ©nĂ©raux Ă  Guandu, afin de contenir une Ă©ventuelle agression de Yuan Shao. Liu Bei ne s’attend pas Ă  ce que Cao Cao vienne l’attaquer en personne et croit au dĂ©but avoir affaire Ă  ses subalternes. Lorsqu’il apprend la vĂ©ritĂ©, il prend peur mais dĂ©cide de vĂ©rifier l’information et se rend prĂšs du camp ennemi. Apercevant les banniĂšres personnelles de Cao Cao, il panique et dĂ©cide de fuir.

À l’issue de ce conflit, Cao Cao capture les femmes de Liu Bei, ainsi que le gĂ©nĂ©ral Guan Yu qu’il prend temporairement Ă  son service.

Court service sous Yuan Shao

Liu Bei se rend dans la province de Qing, oĂč Yuan Tan, le gouverneur de la rĂ©gion, ayant eu vent de sa rĂ©putation, vient Ă  sa rencontre. Liu Bei suit Yuan Tan jusqu’à Pingyuan et Yuan Tan envoya un messager pour prĂ©venir son pĂšre, Yuan Shao, de l’arrivĂ©e de Liu Bei. Yuan Shao envoya ses gĂ©nĂ©raux pour accueillir Liu Bei Ă  quelque deux cents li de la ville (environ 83 km).

AprĂšs un mois au campement de Yuan Shao, la plupart des troupes dispersĂ©es de Liu Bei viennent le rejoindre. Yuan Shao et Cao Cao mĂšnent une guerre d’usure Ă  Guandu (bataille de Guandu), et Liu Pi, un ancien chef des Turbans Jaunes, se soulĂšve contre Cao Cao et s’allie Ă  Yuan Shao. Ce dernier envoie Liu Bei rejoindre Liu Pi afin d’attaquer Xuchang, la capitale, laissĂ©e sans dĂ©fense et prendre ainsi Cao Cao Ă  revers, mais Cao Cao envoie Cao Ren pour l’intercepter. Guan Yu Ă©tant revenu Ă  ses cĂŽtĂ©s, Liu Bei pense quitter Yuan Shao. Il lui rend ses soldats, et se propose d’aller Ă  la province de Jing pour proposer Ă  Liu Biao une alliance. Yuan Shao l’envoie en consĂ©quence rĂ©unir ses troupes Ă  Ru'nan, quelques milliers d’hommes. Cao Cao envoie Cai Yang pour l’attaquer, mais celui-ci est battu et tuĂ© au cours de la bataille.

SĂ©jour au Jing

Cao Cao sort vainqueur de la bataille de Guandu, et, Yuan Shao n'offrant plus de menace au nord, il se tourne vers le sud pour attaquer Liu Bei à Ru'nan. Entre-temps, Liu Bei envoie Mi Zhu et Sun Qian pour parlementer avec Liu Biao. Ce dernier offre à Liu Bei des hommes et des vivres et le laisse se mettre en garnison à Xinye. De nombreux hommes de talent de la région viennent se placer sous les ordres de Liu Bei, et Liu Biao, suspicieux, prend garde de ne pas lui offrir de poste trop vital.

Selon les Annales des neuf provinces[17], Liu Bei s’établit au Jing pendant quelques annĂ©es. Un jour, en se levant du siĂšge des toilettes, il se rend compte que ses cuisses ont grossi et saisi de tristesse, se met Ă  pleurer. Liu Biao demande Ă  Liu Bei ce qui ne va pas et celui-ci lui rĂ©pond : « Autrefois, je ne quittais jamais mon cheval et mes cuisses Ă©taient fermes. Aujourd’hui, je ne monte plus de cheval, et mes cuisses ont grossi. Les mois ont passĂ© au galop et me voilĂ  dĂ©jĂ  dans mes vieux jours, bientĂŽt plus capable d’accomplir de grandes choses. VoilĂ  la cause de ma tristesse. » Liu Bei a alors la quarantaine.

Selon l’Histoire des dynasties Wei et Jin[18], Liu Bei s’établit en garnison Ă  Fancheng et Liu Biao se montre attentionnĂ© envers lui. Liu Biao se montre cependant extrĂȘmement mĂ©fiant envers lui et ne lui accorde aucune confiance. Il convie Liu Bei Ă  un banquet et Kuai Yue et Cai Mao lui conseillent de profiter de cette occasion pour capturer Liu Bei. Liu Bei dĂ©couvre le complot, s’excuse pour aller aux toilettes et s’enfuit. Toutefois, Ă  l’ouest de Xiangyang, le ruisseau Tan lui bloque le passage. Il hurle alors Ă  son cheval : « Dilu ! Nous voilĂ  dans l’adversitĂ©. Puisses-tu faire un exploit ! » Dilu fait alors un saut de trois zhang (environ 15 m) par-dessus le ruisseau. Alors que ses poursuivants arrivent et sont bloquĂ©s par le ruisseau, il leur demande de transmettre ses remerciements Ă  Liu Biao. Alors qu’il part au loin, ceux-ci lui crient : « Mais pourquoi ĂȘtes-vous parti avec tant d’empressement ? » Le lettrĂ© Sun Cheng met en doute cette anecdote de l’Histoire des dynasties Wei et Jin : « Cette histoire ne tient pas debout. Si les choses s’étaient dĂ©roulĂ©es ainsi, en sa qualitĂ© d’invitĂ©, comment Liu Bei aurait-il pu oser partir sans auparavant s’ĂȘtre excusĂ© auprĂšs de Liu Biao lui-mĂȘme ? Cette histoire est absurde et ne reflĂšte aucune rĂ©alitĂ©. »

Cao Cao envoie Xiahou Dun attaquer Liu Bei et tous deux se rencontrent Ă  Bowang. Liu Bei prĂ©pare une embuscade, boute le feu Ă  son propre campement et fait mine de s’enfuit pour appĂąter Xiahou Dun. Xiahou Dun donne la chasse et tombe dans l’embuscade de Liu Bei.

En 207 (12e annĂ©e de Jian’an), Cao Cao part en campagne au nord contre les tribus Wuwan. Liu Bei conseille Ă  Liu Biao de profiter de l’occasion pour attaquer la capitale, mais Liu Biao n’ose pas intervenir. Selon les Annales des dynasties Han et Jin, lorsque Cao Cao rentre, Liu Biao dit Ă  Liu Bei : « Je ne t’ai pas Ă©coutĂ©, et j’ai perdu cette grande occasion. » Liu Bei rĂ©torque : « L’Empire est maintenant divisĂ©, lances et boucliers se croisent, les occasions arrivent. Comment celle-ci pourrait ĂȘtre la derniĂšre ? Mais lorsque la prochaine occasion arrivera, soyez sĂ»r de la prendre de peur que vous ne le regrettiez. »

Cao Cao s’en prend Ă  Liu Biao, mais celui-ci meurt de maladie peu aprĂšs. Son fils Liu Zong lui succĂšde, mais les chroniques ne sont pas claires sur les circonstances de la succession. Ainsi, selon la Chronique des hĂ©ros, Liu Biao demande Ă  Liu Bei de devenir gouverneur du Jing Ă  sa place. Selon le Livre des Wei, Liu Biao fait la demande en ces termes : « Mes fils n’ont pas de talent et mes gĂ©nĂ©raux sont dispersĂ©s. AprĂšs ma mort, je souhaiterais que tu assistes le Jing. » Cependant, Liu Bei dĂ©cline l’offre : « Vos fils sont capables. Monseigneur, il n’y a pas lieu de vous inquiĂ©ter. » D’autres personnes pressent Liu Bei de gouverner le Jing, mais Ă  chaque fois il refuse : « Cet homme [Liu Biao] a Ă©tĂ© gĂ©nĂ©reux envers moi. Si j’accĂ©dais Ă  sa demande, il se trouverait certainement des gens pour dire que j’ai pris sa province par arrivisme, et cela, je ne puis le supporter. » Enfin, selon Pei Songzhi, le commentateur des chroniques a une opinion diffĂ©rente sur la question : « Liu Biao et sa femme aimaient leur fils Zong et avait prĂ©vu depuis longtemps que lui succĂšderait. Il n’y avait donc pas de raisons qu’il fasse une telle offre Ă  Liu Bei. »

Bataille de Changban

Liu Zong envoie un Ă©missaire pour offrir sa reddition Ă  Cao Cao. Liu Bei est alors postĂ© en garnison Ă  Fan et ignore encore l’arrivĂ©e de Cao Cao et la reddition de Liu Zong. Il se met en route pour Xiangyang. Zhuge Liang tente de le convaincre d’attaquer Liu Zong pour s’emparer du Jing, mais Liu Bei lui rĂ©pond : « Je ne pourrais supporter une telle action. »

Selon les Annales des dynasties Han et Wei de Kong Yan[19], Liu Zong se rend Ă  Cao Cao, mais n'ose pas faire part de la nouvelle Ă  Liu Bei. Longtemps aprĂšs, Liu Bei finit par l'apprendre et envoie un messager Ă  Liu Zong pour avoir confirmation. Liu Zong envoie Song Zhong afin de bien confirmer qu'il s'est soumis. Cao Cao avait alors dĂ©jĂ  atteint Wan, et Liu Bei, paniquĂ©, dit Ă  Song Zhong : « C'est maintenant que le dĂ©sastre est proche que vous venez m'informer, quel drame ! » Il sort alors son sabre et le pointe sur Zhong en disant : « Si je te prends ta tĂȘte, ça ne calmera pas ma fureur, mais la honte d'un grand homme qui tue un ministre avant son dĂ©part resterait inscrite dans les annales. » En consĂ©quence, il laisse Song Zhong partir et organise une rĂ©union entre ses gĂ©nĂ©raux. Au cours de celle-ci, certains suggĂšrent l'idĂ©e de prendre Liu Zong en otage, de quitter le Jing, et de partir en direction du sud pour Jiangling. Liu Bei rĂ©pond : « Liu de Jing [Liu Biao], sur son lit de mort, m'a demandĂ© de venir en aide Ă  son fils. Je ne puis trahir sa confiance, sinon, Ă  ma mort, comment pourrais-je jamais lui faire face ? »

En arrivant au campement de Liu Zong, Liu Bei le hĂšle, mais celui-ci n'ose pas se lever pour lui rĂ©pondre. De nombreux hommes quittent alors Liu Zong pour rejoindre Liu Bei. Selon le DianlĂŒe, avant de quitter la rĂ©gion, Liu Bei se rend sur la tombe de Liu Biao pour pleurer.

En arrivant à Dangyang, Liu Bei recrute quelque cent mille hommes et achÚte des vivres et de l'équipement pour quelques milliers de taels. Comme son armée ne parcourt qu'une dizaine de li par jour (environ km), Liu Bei envoie Guan Yu avec quelques centaines de navires en direction de Jiangling. Liu Bei reçoit des critiques pour sa gestion de la logistique : « Nous devons nous hùter d'arriver à Jiangling. Nous avons de nombreux hommes, mais peu sont convenablement équipés. Quand le seigneur Cao et ses hommes seront là, comment pourrons-nous lui faire face ? » Mais Liu Bei répond : « Un homme voulant accomplir de grandes choses doit considérer avant tout le peuple. Les hommes du peuple m'ont suivi, comment pourrais-je les abandonner ? »

Sachant que Jiangling comprenait des vĂ©tĂ©rans, et craignant que Liu Bei n'en prenne possession, Cao Cao abandonne ses chariots logistiques et une partie de son armĂ©e Ă  Xiangyang, ne gardant que cinq mille cavaliers lĂ©gers, et donne chasse Ă  Liu Bei jour et nuit, parcourant trois cents li par jour (environ 125 km). Finalement, Cao Cao rattrape Liu Bei Ă  Changban. Liu Bei est forcĂ© d'abandonner Ă  nouveau ses femmes tandis que Zhuge Liang, Zhang Fei et Zhao Yun sont battus par Cao Cao. Ce dernier s'empare de leur Ă©quipement et fait de nombreux prisonniers. En arrivant Ă  Hanjin, Liu Bei retrouve Guan Yu et rencontre Liu Qi, le grand protecteur de Jiangxia et fils de Liu Biao, en compagnie de plusieurs dizaines de milliers d'hommes. Tous se rendent Ă  alors Ă  Xiakou.

Alliance avec Sun Quan - Bataille de la Falaise Rouge

Liu Bei envoie Zhuge Liang pour nĂ©gocier une alliance avec Sun Quan. Selon les MĂ©moires du fleuve Jiang[20], Sun Quan envoie Lu Su auprĂšs de Liu Bei pour discuter d'une alliance avec Liu Bei sous couvert de se rendre aux funĂ©railles de Liu Biao et prĂ©senter ses respects Ă  ses fils, mais entre-temps, Cao Cao avait dĂ©jĂ  capturĂ© Hanlin. Lu Su rencontre donc Liu Bei Ă  Dangyang et lui demande : « OĂč pensez-vous aller ? » et Liu Bei lui rĂ©pond : « Le grand protecteur de Cangwu, Wu Ju, est une de mes connaissances. Je pense aller le voir. » Lu Su lui dit alors : « Le seigneur Sun est intelligent, vertueux et gĂ©nĂ©reux. Il respecte les hommes de mĂ©rite et est lui-mĂȘme un vĂ©ritable hĂ©ros du fleuve Jiang. Il a dĂ©jĂ  capturĂ© six districts et a de nombreux soldats et de nombreuses provisions, ce qu'il faut pour accomplir de grandes choses. Mon seigneur m'a donnĂ© a tĂąche de vous convaincre de forger une alliance avec lui. Ensemble, vous pourrez venir en aide Ă  la dynastie. Oubliez Wu Ju. Celui-ci est ordinaire, et son district est trop Ă©loignĂ©. Comment pourriez-vous compter sur lui ? » Convaincu, Liu Bei part pour Fankou dans le Hebei, et charge Zhuge Liang d'accompagner Lu Su auprĂšs de Sun Quan afin de nĂ©gocier l'alliance.

Sun Quan dĂ©pĂȘche Zhou Yu et Cheng Pu auprĂšs de Liu Bei. Selon les MĂ©moires du fleuve Jiang, Liu Bei apprend l'intention de Cao Cao de mener une expĂ©dition au sud et, fort inquiet, attend les renforts de Sun Quan avec impatience. Lorsque ceux-ci arrivent, dirigĂ©s par Zhou Yu, ce dernier lui envoie un message : « J'ai reçu une tĂąche Ă  accomplir et je ne puis venir vous prĂ©senter mes respects Ă  votre camp. Si cela Ă©tait possible, je souhaiterais donc que vous puissiez venir me voir. »[21] Liu Bei dit alors Ă  Guan Yu et Zhang Fei : « Cela ne me dĂ©range pas : si je veux forger une alliance avec l'est, il me faut y aller. » Liu Bei se rend donc auprĂšs de Zhou Yu et lui demande : « C'est le seigneur Cao que nous devons affronter et il nous faut une stratĂ©gie profonde. Combien d'hommes avez-vous amenĂ© ? » Zhou Yu rĂ©pond : « Trente mille hommes. » Liu Bei s'Ă©tonne : « Si peu ? » Zhou Yu lui dit alors : « Ça suffira amplement ! Regardez donc comment moi, Yu, je vais pulvĂ©riser Cao Cao. » Liu Bei manifeste le dĂ©sir de rencontrer Lu Su afin que tous puissent discuter ensemble de la stratĂ©gie, mais Zhou Yu dit : « J'ai reçu mes ordres et je ne puis accĂ©der Ă  une requĂȘte aussi ridicule. Si vous voulez absolument voir Zijing [le prĂ©nom social de Lu Su], allez donc le voir. Kongming [le surnom de Zhuge Liang] devrait arriver bientĂŽt, d'ici peut-ĂȘtre trois jours. » Bien que Liu Bei se sente extrĂȘmement insultĂ© par Zhou Yu, il ne peut croire que celui-ci puisse venir Ă  bout des troupes de Cao Cao et en consĂ©quence ne lui donne pas d'hommes, prĂ©fĂ©rant donner deux mille hommes Ă  Guan Yu et Zhang Fei. Lorsque Zhou Yu se montrera victorieux, Liu Bei regrettera ne pas lui avoir donnĂ© d'hommes pour recevoir du mĂ©rite dans la bataille[22].

Liu Bei et Sun Quan sortent victorieux de la bataille de la Falaise Rouge en incendiant les navires de Cao Cao. Liu Bei poursuit Cao Cao jusqu'à Nanjun sans parvenir à le capturer. Comme ses troupes souffraient d'épidémies, Cao Cao abandonne la région.

Selon les Mémoires du fleuve Jiang, aprÚs la débùcle de Cao Cao, de nombreux hommes autrefois sous les ordres de Liu Biao qui s'étaient joint à Cao Cao se rallient à Liu Bei. Sun Qian lui octroie le commandement de la province de Jing.

Liu Bei monte alors une expĂ©dition pour reprendre les districts de Wuling, Changsha, Guiyang et Lingling et pousse Ă  la reddition leurs gouverneurs respectifs : Jin Shun, Han Xuan, Zhao Fan et Liu Du. Le gouverneur de Lujiang, Lei Xu, se rend en personne avec dix mille hommes devant Liu Bei pour faire sa soumission. Liu Qi meurt de maladie peu aprĂšs et Liu Bei, poussĂ© par le peuple, se retrouve protecteur du Jing. Sun Quan se mĂ©fie alors de Liu Bei et lui offre sa petite sƓur, Sun Shangxiang, en mariage. Liu Bei se rend Ă  la capitale du Wu pour rencontrer Sun Quan et organiser le mariage. Selon les Chroniques du duc de Shanyang[23], Liu Bei aurait dit avant le dĂ©part : « Sun Quan est un mauvais chef. Je n'ai pas envie de le revoir. » et aurait doublĂ© la marche jour et nuit[24].

Sun Quan envoie un messager auprĂšs de Liu Bei pour proposer une attaque concertĂ©e contre le Shu, le Jing faisant en effet tampon entre le Shu et le Wu. Yan Guan, le secrĂ©taire du Jing, propose Ă  Liu Bei : « Si nous accĂ©dons Ă  la requĂȘte du Wu, mais que nous Ă©chouons dans notre attaque contre le Shu, le Wu peut nous prendre Ă  revers. Mais si nous faisons mine d'accepter leur requĂȘte, et que nous leur disons que comme nous venons seulement de nous installer dans la province, nous ne pouvons pas encore lancer d'attaque, le Wu n'osera pas traverser nos frontiĂšres pour attaquer le Shu. » Liu Bei adopte le plan de Yan Guan. Selon les Annales de l'empereur Xiandi, Liu Bei fait cette rĂ©ponse Ă  Sun Quan : « Les habitants de la province de Yi [autre nom du Shu] sont riches, puissants, et bĂ©nĂ©ficient d'avantages gĂ©ographiques considĂ©rables. Bien que Liu Zhang soit faible, il a les moyens de se dĂ©fendre. Zhang Lu est un hypocrite et n'a aucune allĂ©geance envers Cao Cao. Envoyer maintenant une expĂ©dition au Shu, sur plus de dix mille li (environ 4 150 km) a peu de chances d'aboutir et mĂȘme Wu Qi et Sun Wu ne pourraient y imposer leur volontĂ©. Bien que Cao Cao n'ait pas de respect envers l'empereur, il rĂšgne pourtant en son nom. On raconte que la dĂ©faite de Cao Cao Ă  la Falaise rouge indiquerait un dĂ©clin dans sa puissance, mais il n'en est rien. Aujourd'hui, Cao Cao possĂšde les deux-tiers de l'Empire. Il a rĂ©uni ses chevaliers Ă  Canghai et assemblĂ© ses troupes Ă  Wuhui. Pensez-vous qu'il va rester assis jusqu'Ă  mourir de vieillesse ? Si les alliĂ©s s'attaquent les uns les autres sans bonne raison, ils offrent Ă  Cao Cao un pivot duquel il pourrait tirer avantage. Attaquer le Shu est donc un plan qui manque de recul. » Cependant Sun Quan ne suit pas l'avis de Liu Bei et commence Ă  rĂ©unir des troupes Ă  Xiakou. Liu Bei envoie alors Ă  Zhou Yu ce message : « Si vous dĂ©sirez attaquer le Shu, je ne vous laisserai pas agir Ă  votre guise afin de ne pas perdre la confiance des habitants de l'Empire. » Il envoie Guan Yu se poser Ă  Jiangling, Zhang Fei Ă  Zigui et Zhuge Liang Ă  Nanjun tandis qu'il part lui-mĂȘme pour Canling. Voyant que Liu Bei est sĂ©rieux, Sun Quan ordonne Ă  Zhou Yu de se replier.

ConquĂȘte du Shu

Portrait de Liu Bei d'aprĂšs une Ă©dition du Roman des Trois Royaumes de la dynastie Qing.

En 211 (16e année de Jian'an), Liu Zhang apprend les intentions de Cao Cao d'attaquer Zhang Lu à Hanzhong. Sur les conseils de Zhang Song, il se tourne vers Liu Bei pour chercher une alliance et envoie Fa Zheng comme émissaire. Cependant Zhang Song et Fa Zheng trahissent Liu Zhang et proposent à Liu Bei de prendre le contrÎle de la province.

Liu Bei part pour le Yi avec Pang Tong et quelques dizaines de milliers d'hommes, laissant Guan Yu et Zhuge Liang pour garder le Jing. En arrivant Ă  Fucheng, Liu Zhang vient les accueillir. Zhang Song et Fa Zheng convainquent Pang Tong de suggĂ©rer Ă  Liu Bei de profiter du banquet pour capturer Liu Zhang, mais Liu Bei refuse : « C'est une affaire trop importante pour ĂȘtre rĂ©glĂ©e de façon aussi expĂ©ditive. »

Liu Zhang recommande Liu Bei au rang de commandant en chef (ć€§ćžéŠŹ, dĂ sÄ«mǎ) et de colonel des domestiques (ćžéšžæ Ąć°‰, sÄ«lĂŹ jiĂ owĂši) tandis que Liu Bei recommande Liu Zhang au rang de « marĂ©chal qui conquiert l'ouest » (éŽźè„żć€§ć°‡è» zhĂšn xÄ« dĂ jiāngjĆ«n) et protecteur du Yi (益淞牧, YĂŹzhƍu mĂč). Liu Zhang donne Ă  Liu Bei des soldats pour attaquer Zhang Lu et l'envoie superviser l'armĂ©e Ă  Baishui. De son cĂŽtĂ©, Liu Bei apporte trente mille hommes Ă©quipĂ©s. Liu Zhang rentre Ă  Chengdu tandis que Liu Bei avance au nord. Cependant, Liu Bei n'attaque pas immĂ©diatement Zhang Lu et se fait des partisans dans la rĂ©gion.

En 212, Cao Cao attaque Sun Quan et ce dernier demande de l'aide Ă  Liu Bei. Liu Bei envoie un messager auprĂšs de Liu Zhang avec ce message : « Le seigneur Cao est en train d'attaquer le Wu et ce dernier est dans une situation critique. Sun Quan et moi sommes comme les lĂšvres et les dents. À Qingni, Guan Yu est aux prises avec Yue Jin et si je ne pars pas l'assister, Yue Jin risque fort de l'emporter et de prendre toute ma province. Cette menace est plus importante que celle que reprĂ©sente Zhang Lu. Ce dernier est en train de se dĂ©fendre et ne nous pose pas d'inquiĂ©tude dans l'immĂ©diat. » À cet effet, il demande Ă  Liu Zhang dix mille hommes, mais celui-ci ne lui en octroie que quatre mille, avec seulement la moitiĂ© de l'Ă©quipement. Selon le Livre du Wei, furieux, Liu Bei aurait alors dit Ă  ses soldats : « Nous sommes venu nous battre pour le Yi et nous n'avons pas mĂ©nagĂ© nos efforts. Liu Zhang a amassĂ© des richesses considĂ©rables, mais rĂ©pugne Ă  rĂ©compenser les mĂ©rites militaires. Et il souhaite que nous nous battions Ă  la mort pour lui ? »

Entre-temps, Zhang Su, le frÚre aßné de Zhang Song et grand gouverneur de Guanghan, dénonce le complot de son frÚre. En conséquence, Liu Zhang ordonne l'exécution de Zhang Song et ordonne à ses soldats de ne pas laisser Liu Bei quitter la région. Furieux, Liu Bei fait exécuter Yang Huai, le commandant des troupes de Baishui, en prétextant que celui-ci avait été grossier envers lui et donne ensuite l'ordre à Huang Zhong et Zhuo Ying d'envoyer leurs troupes contre Liu Zhang. Liu Bei dirige personnellement l'expédition à Guanzhong et attaque Fucheng défendue par Liu Gui, Leng Bao, Zhang Ren et Deng Xian. Ces derniers sont battus et battent en retraite à Mianzhu. Liu Zhang envoie alors Li Yan à Mianzhu pour réorganiser l'armée, mais celui préfÚre se soumettre à Liu Bei et lui offrir ses troupes. Liu Bei envoie Zhuge Liang, Zhang Fei et Zhao Yun attaquer Baidi, Jiangzhou et Jiangyang et charge Guan Yu de garder le Jing. Liu Bei assiÚge pendant un an Luocheng, gardée par Liu Xun, le fils de Liu Zhang.

Lors de l'été 214 (19e année de Jian'an), Liu Bei vient à bout de Luocheng. Liu Bei assiÚge Chengdu quelques jours et Liu Zhang offre sa reddition. Liu Bei se proclame alors protecteur du Yi et fait de Zhuge Liang son bras droit, de Fa Zheng son stratÚge, de Guan Yu, Zhang Fei et Ma Chao ses généraux. Il offre également des postes aux anciens subordonnés de Liu Zhang, mais aussi à des personnes qui avaient été mises à l'écart par Liu Zhang comme Liu Ba ou Peng Yang.

En 215 (20e annĂ©e de Jian'an), Sun Quan envoie un messager auprĂšs de Liu Bei lui demandant de lui rendre le Jing. Liu Bei rĂ©pond : « Il me faut d'abord obtenir le Liang avant de pouvoir vous rendre le Jing. » Furieux, Sun Quan envoie LĂŒ Meng attaquer les districts de Changsha, Guiyang et Lingling. Liu Bei dirige cinquante mille hommes Ă  Gong’an et laisse Guan Yu Ă  Yiyang. Entre-temps, Cao Cao capture Hanzhong et Zhang Lu s’enfuit. Craignant d’ĂȘtre pris en tenaille, Liu Bei propose Ă  Sun Quan de diviser le Jing en deux. Sun Quan hĂ©rite de Jingxia, Changsha et Guiyang et Liu Bei de Nanjun, Lingling et Wuling. Liu Bei se replie sur Jiangzhou. Entre-temps, Zhang Lu se soumet Ă  Cao Cao et ce dernier confie la dĂ©fense de Hanzhong ainsi que l’attaque du Shu Ă  Xiahou Yuan et Zhang He. Liu Bei envoie Zhang Fei Ă  Yanchu pour affronter Zhang He au dĂ©filĂ© de Wakou. Ce dernier est vaincu et se replie sur Nanzheng. Liu Bei rentre Ă  Chengdu.

Établissement du royaume de Shu

Liu Bei en tant qu'empereur Zhaolie, par le peintre Yan Liben de la dynastie Tang.

En 218 (23e annĂ©e de Jian’an), Liu Bei lance une attaque gĂ©nĂ©ralisĂ©e contre Hanzhong et charge Wu Lan et Lei Tong de capturer Wudu mais tous deux sont tuĂ©s par les troupes de Cao Cao. Liu Bei s’établit dans le dĂ©troit de Yangping, face Ă  Xiahou Yuan et Zhang He.

Au printemps 219 (24e annĂ©e de Jian’an), Liu Bei traverse la riviĂšre Mian et monte son camp dans les monts Dingjun. Xiahou Yuan tente de s’emparer de la rĂ©gion et Liu Bei envoie Huang Zhong l’affronter. Xiahou Yuan et Zhao Yu sont tous deux tuĂ©s dans la bataille. Cao Cao envoie des renforts au sud pour venir Ă  bout de Liu Bei. Celui-ci dit : « MĂȘme si Cao Cao arrive, il ne peut rien faire. Hanchuan est Ă  moi ! » Lorsque Cao Cao arrive, Liu Bei se dĂ©fend, mais ne cherche pas Ă  attaquer.

En été, Cao Cao se replie et Liu Bei capture Hanzhong. Il envoie Liu Feng, Meng Da et Li Ping pour attaquer Shen Dan à Shangyong.

En automne, de nombreux mandarins dĂ©sirent instaurer Liu Bei en tant que roi de Hanzhong (æŒąäž­çŽ‹, HĂ nzhƍng wĂĄng). Ils envoient Ă  l’empereur Xiandi une pĂ©tition signĂ©e par plus de cent trente personnalitĂ©s du Shu dont Zhuge Liang, Guan Yu, Zhang Fei, Ma Chao et Huang Zhong. Liu Bei lui-mĂȘme envoie Ă  l’empereur un mĂ©moire pour briguer ce titre.

Guan Yu est envoyĂ© affronter Cao Ren et Yu Jin et capture Fancheng. Cependant, Sun Quan parvient Ă  le capturer, l’exĂ©cute et envoie sa tĂȘte Ă  Cao Cao puis s’empare du Jing.

En mars 220 (25e annĂ©e de Jian’an), Cao Cao meurt. Vers octobre, son fils Cao Pi dĂ©trĂŽne l’empereur Xiandi, se nomme empereur et proclame l’ùre Huangchu. À la suite des rumeurs faisant Ă©tat de la mort de Xiandi, Liu Bei dĂ©clare le deuil et lui donne le titre posthume d'empereur Xiaomin (ć­æ„çš‡ćž, XiĂ omǐn huĂĄngdĂŹ). Selon le Livre du Wei, apprenant la mort de Cao Cao, Liu Bei envoie Han Ran pour prĂ©senter ses condolĂ©ances et des cadeaux, mais Cao Pi, furieux que l’on utilise la mort de son pĂšre pour faire de la diplomatie, ordonne au gouverneur du Jing d'exĂ©cuter Han Ran afin de couper la mission diplomatique. Selon le DianlĂŒe, Han Ran se porte malade et Ă©crit Ă  Liu Bei qu’il lui est impossible d'accomplir sa mission Ă©tant donnĂ© que Cao Pi venait d’ordonner son exĂ©cution. En consĂ©quence, Liu Bei annule la mission.

De nombreux mandarins du Shu dont Zhuge Liang, Mi Zhu, Liu Bao ou Xiang Ju font alors pression sur Liu Bei pour qu’il se proclame lui-mĂȘme empereur et continue la lignĂ©e de la dynastie Han. Liu Bei accĂšde aux demandes, et en (26e annĂ©e de Jian’an) s’intronise en tant qu’empereur, proclame l’ùre Zhangwu et dĂ©clare une amnistie gĂ©nĂ©rale. Il nomme Zhuge Liang Premier ministre (侞盾, chĂ©ngxiāng) et Xu Jing ministre du Peuple (ćžćŸ’, sÄ«tĂș) et instaure un temple Ă  la mĂ©moire de Liu Bang et de ses descendants[25]. En juin, il intronise Dame Wu en tant qu’impĂ©ratrice et nomme son fils Liu Shan prince hĂ©ritier. En juillet, il nomme son fils Liu Yong prince de Lu (魯王, Lǔ wĂĄng) et son fils Liu Li prince de Liang (æąçŽ‹, LiĂĄng wĂĄng). Liu Bei, furieux de l’exĂ©cution de Guan Yu, prĂ©pare une expĂ©dition contre Sun Quan. Zhang Fei est assassinĂ© par ses propres subordonnĂ©s lors des prĂ©parations. L’attaque est lancĂ©e en aoĂ»t. Sun Quan propose Ă  Liu Bei une offre de paix mais Liu Bei, trop en colĂšre, refuse et capture Zigui.

Chronologie des événements importants
161Naissance Ă  Zhuozhou dans le Hebei.
184Lutte contre les Turbans Jaunes.
194Gouvernance du Xu
198Battu par LĂŒ Bu.
Alliance avec Cao Cao.
200Battu par Cao Cao.
Se réfugie auprÚs de Yuan Shao.
Rejoint Liu Biao.
208Alliance avec Sun Quan.
Gagne la bataille de la Falaise Rouge contre Cao Cao.
S'empare du Jing.
215Bat Liu Zhang et conquiert le Yi.
219Capture Hanzhong.
Se proclame roi de Hanzhong.
221Se proclame empereur.
222Perd la bataille de Yiling contre Sun Quan.
223Meurt dans le palais de Yong'an Ă  Baidi.

En (2e annĂ©e de Zhangwu), Liu Bei lance une nouvelle attaque contre Wu, mais en juillet, Lu Xun lui inflige une dĂ©faite Ă©crasante Ă  la bataille de Yiling. Liu Bei bat en retraite Ă  Zigui puis Ă  Yufu. Les gĂ©nĂ©raux Li Yi et Liu A du Wu poursuivent Liu Bei jusqu’à Nanshan puis en octobre se replient Ă  Wu.

En dĂ©cembre, Liu Bei ordonne Ă  Zhuge Liang de renforcer les dĂ©fenses nord et sud de Chengdu. Sun Quan, apprenant que Liu Bei est Ă  Baidi, lui propose une nouvelle offre de paix. Cette fois, Liu Bei accepte et envoie Zhong Wei auprĂšs de Sun Quan afin d’en nĂ©gocier les dĂ©tails.

Vers janvier -février 223, Huang Yuan, le grand gouverneur de Hanjia, apprend que Liu Bei est malade et fomente une rébellion mais elle est vite réprimée par Zhuge Liang. Liu Bei, trop malade, confie la gestion du royaume à Zhuge Liang et Li Yan.

Selon les Recueils des Ɠuvres de Zhuge Liang[26], le dernier Ă©dit de Liu Bei Ă  son fils Liu Shan dit :

« Ma maladie avait commencĂ© sur une simple diarrhĂ©e mais a Ă©voluĂ© en quelque chose de plus sĂ©rieux et je suis condamnĂ©. Quand un homme atteint la cinquantaine, on ne peut plus le considĂ©rer comme jeune. J’ai dĂ©jĂ  la soixantaine et je n’ai pas de regrets. Ne t’afflige donc pas et lis ceci avec tes frĂšres. Le seigneur She est venu me voir et m’a dit que le Premier ministre avait remarquĂ© que ta sagesse avait beaucoup augmentĂ©. J’espĂšre que les choses continueront ainsi, et je n’aurais aucune inquiĂ©tude. Fais des efforts, fais des efforts ! Ne fais pas un mal sous prĂ©texte que ce n’est qu’un petit mal, ne laisse pas un bien ne pas se produire sous prĂ©texte que ce n’est qu’un petit bien. Seuls le mĂ©rite et la vertu doivent parer un homme. La vertu de ton pĂšre est mince, ne m’imite donc pas. Si tu le peux, Ă©tudie le Livre des Han et le Classique des rites et si tu as le temps, les livres de Zhu Zi, Liu Tao et Shang Jun afin d’étendre ton savoir. J’ai entendu dire que le Premier ministre avait compilĂ© des Ă©crits des maĂźtres Shen, Han et Guan ainsi que Liu Tao mais je ne les ai pas lus. »

Sentant qu’il allait mourir, Liu Bei fait mander son fils Liu Yong et lui dit : « AprĂšs ma mort, toi et tes frĂšres Ă©coutez le Premier ministre comme s’il Ă©tait votre pĂšre et voyez avec lui pour toutes choses. »

Le 21 juin (jour du guisi), il meurt des suites d'une dysenterie dans le palais de Yong’an Ă  l’ñge de soixante-trois ans. Zhuge Liang ramĂšne son corps Ă  Chengdu et il est inhumĂ© dans le mausolĂ©e Huiling Ă  proximitĂ© immĂ©diate du temple en l'honneur de Zhuge Liang. Il reçoit le titre posthume d’empereur Zhaolie et son fils Liu Shan lui succĂšde en tant qu’empereur Houshu.

Liu Bei dans le Roman des Trois Royaumes

Il rencontre son frÚre d'armes Zhang Fei devant une affiche de l'empereur qui réclame de l'aide face à l'invasion des turbans jaunes. Guan Yu les rejoint aprÚs avoir sympathisé avec eux. Liu Bei leur explique son plan pour restaurer la grandeur de la dynastie Han. Il est général, quand il participe avec ses frÚres d'armes Guan Yu et Zhang Fei à la guerre contre Dong Zhuo en 192 aux cÎtés de Cao Cao.

AprĂšs s’ĂȘtre alliĂ© au royaume de Wu, il fonde le royaume de Shu avec l’aide du stratĂšge Zhuge Liang. Il conquiert les provinces de Jing, puis celle de Yi dirigĂ©e par Liu Zhang. Cet assaut avait Ă©tĂ© organisĂ© par le brillant stratĂšge Pang Tong (stratĂšge venant de la mĂȘme Ă©cole que Zhuge Liang) mais ce dernier meurt Ă  Luo Feng Po. Zhuge Liang devient alors le principal stratĂšge de Liu Bei. Cependant, lors de la bataille du chĂąteau de Fan, le frĂšre d’armes de Liu Bei, Guan Yu, est capturĂ© par l’armĂ©e Wu et exĂ©cutĂ© en prĂ©sence de Sun Quan. La mort de Guan Yu rend Liu Bei fou de rage, il engage une bataille contre les Wu Ă  Yiling et meurt. Son fils Liu Shan reprend le trĂŽne.

Il était marié à la fille de l'empereur Wu, la belle et intelligente Sun Shang Xiang. Leur mariage, bien que purement politique, déboucha sur une véritable passion, néanmoins emportée dans le tourment de la guerre.

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. ce qui correspond Ă  l'heure actuelle Ă  Zhuozhou dans le Hebei
  2. ChĂ©n ShĂČu et PĂ©i SƍngzhÄ«, Chroniques des Trois Royaumes (侉朋濗, SānguĂłzhĂŹ), Chronique des Shǔ, livre 2 - (zh) Disponible sur Wikisource
  3. é­šè±ąă€Šć…žç•„ă€‹, YĂș HuĂ n « DiǎnlĂŒĂš ». Le DianlĂŒe, ou Chronologie des classiques, Ă©galement connu sous le nom de Chronologie du Wei (ă€Šé­ç•„ă€‹, WĂšilĂŒĂš), est un livre Ă©crit par Yu Huan entre 239 et 265 aujourd'hui disparu. Plusieurs citations survivent cependant dans les notes des Chroniques des Trois Royaumes ajoutĂ©es par Pei Songzhi, qui dĂ©crivent notamment les royaumes et peuples de l'ouest, dont les romains.
  4. çż’é‘żéœ’ă€ŠæŒąæ™‰æ˜„ç§‹ă€‹, XĂ­ ZĂĄochǐ « HĂ n JĂŹn chĆ«nqiĆ« ». Les Annales des dynasties Han et Jin sont un ouvrage Ă©crit au IVe siĂšcle, sous la dynastie des Jin orientaux. Il est principalement centrĂ© sur le royaume de Shu et la dynastie Shu-Han.
  5. La rĂ©action de l'oncle est plus comprĂ©hensible dans le roman des Trois Royaumes oĂč Liu Bei annonce : « Je suis le Fils du Ciel, et voici mon chariot ! » Cependant dans la version populaire du roman, l'oncle est impressionnĂ© par Liu Bei et dĂ©cide de subvenir aux besoins de la famille.
  6. Bien que le roman reprenne en grande partie la description de ce paragraphe, il passe ces éléments sous silence, préférant lui accorder des goûts plus sobres et correspondant mieux à une personne vertueuse.
  7. Les oreilles longues sont symbole de bonne fortune en Chine. Dans le roman, ses oreilles sont décrites comme tombant sur ses épaules.
  8. Selon la chronique, ceux-ci avaient mille piÚces d'or, valeur à sans doute prendre dans le sens figuré.
  9. Le roman impute la bastonnade de l'inspecteur Ă  Zhang Fei.
  10. 王çČČă€Šè‹±é›„èš˜ă€‹, WĂĄng CĂ n « YÄ«ngxiĂłng jĂŹ » La Chronique des hĂ©ros est un recueil de textes de la Chronique des hĂ©ros au dĂ©clin du Han (ă€ŠæŒąæœ«è‹±é›„èš˜ă€‹, HĂ n mĂČ yÄ«ngxiĂłng jĂŹ), compilĂ©s par Wang Can au dĂ©but du IIIe siĂšcle.
  11. 王æČˆă€è€éĄ—ă€é˜źç±ă€Šé­æ›žă€‹, WĂĄng Shěn, XĂșn Yǐ et Ruǎn JĂ­ « WĂši ShĆ« » - (zh) Disponible sur Wikisource. Le Livre du Wei une chronique centrĂ© sur le royaume de Wei. Comme il a Ă©tĂ© achevĂ© peu aprĂšs la fin de la dynastie Wei, il grandit considĂ©rablement le personnage de Sima Yi pour lĂ©gitimer la dynastie Jin.
  12. èąæšă€Šç»ćžæ˜„ç§‹ă€‹, YuĂĄn Wěi « XiĂ ndĂŹ chĆ«nqiĆ« ». Les Annales de l'empereur Xiandi ou Printemps et automne de l'empereur Xiandi ont Ă©tĂ© fortement critiquĂ©es par Pei Songzhi, le commentateur des Chroniques des Trois Royaumes.
  13. Dans le roman, Zhang Fei bat Cao Bao pour avoir refusĂ© de boire du vin. Pour se venger, il envoie une lettre Ă  LĂŒ Bu lui recommandant d’attaquer Xiapi et ouvre les portes de la ville.
  14. ćžžç’©ă€ŠèŻé™œćœ‹èš˜ă€‹, ChĂĄng QĂș, « HuĂĄ yĂĄng guĂł jĂŹ » Les Chroniques du soleil de Chine suivent les Ă©vĂ©nements de la fin de la dynastie Han Ă  la dynastie Jin, en se centrant principalement sur le Shu. Il s'agit Ă©galement d'un des textes parlant de Meng Huo et de ses sept captures par Zhuge Liang.
  15. ă€Œèż…é›·ïŒŒéąšçƒˆïŒŒćż…èźŠă€‚ă€, xĂčn lĂ©i, fēng liĂš, bĂŹ biĂ n. Il s’agit d’une citation du chapitre 10 des Entretiens de Confucius. (fr) Disponible sur Wikisource
  16. èƒĄèĄă€Šćłæ­·ă€‹, HĂș Chƍng, « WĂș lĂŹ »
  17. 揾马ćœȘ《äčć·žæ˜„秋》, SÄ«mǎ Biāo « Jiǔzhƍu chĆ«nqiĆ« »
  18. éƒ­é ’ă€Šé­æ™‰äž–èȘžă€‹, Guƍ Bān, « WĂši JĂŹn shĂŹ yǔ »
  19. ć­”èĄă€ŠæŒąé­æ˜„ç§‹ă€‹, Kǒng Yǎn, « HĂ n WĂši chĆ«nqiĆ« »
  20. 虞æș„ ă€Šæ±ŸèĄšć‚łă€‹, YĂș Pǔ « Jiāng biǎo chuĂĄn » - Les MĂ©moires du fleuve Jiang est un recueil de biographies des personnalitĂ©s du fleuve Jiang compilĂ© par Yu Pu Ă  l'Ă©poque de la dynastie des Jin orientaux (317–420). Fortement romancĂ© et comprenant de nombreux Ă©lĂ©ments qui se contredisent, son contenu a Ă©tĂ© remis en doute par de nombreux lettrĂ©s.
  21. La demande de Zhou Yu est arrogante et quelque peu insultante dans la mesure oĂč entre deux Ă©gaux c'est celui qui arrive qui est censĂ© venir prĂ©senter ses respects Ă  son hĂŽte. En faisant cette demande, Zhou Yu montre qu'il se sent supĂ©rieur Ă  Liu Bei.
  22. Sun Cheng émet de fortes réserves sur ce passage des Mémoires du fleuve Jiang : « Liu Bei avait les talents d'un héros mais se trouvait dans une situation sans espoir et a été contraint de demander l'aide du Wu. Il est douteux qu'il ait pu participer aux décisions militaires. Ce récit des Mémoires du fleuve Jiang est trop enjolivé et centré sur les personnalités du Wu. »
  23. æš‚èł‡ă€Šć±±é™œć…ŹèŒ‰èš˜ă€‹, YuĂš ZÄ« « ShānyĂĄng gƍng zǎi jĂŹ ». Les Chroniques du duc de Shanyang traitent principalement de l'empereur Xiandi (qui avait reçu aprĂšs son abdication le titre de duc de Shanyang). Une bonne partie de l'ouvrage a Ă©tĂ© fortement critiquĂ©e par Pei Songzhi, le commentateur des Chroniques des Trois Royaumes.
  24. Pei Songzhi met fortement en doute ce récit des Chroniques du duc de Shanyang repris par d'autres chroniques : « Selon le Livre du Wei, Liu Bei aurait fait ce commentaire sur Sun Quan. Cependant, la Chronique du Shu attribue ce commentaire à Zhuge Liang. Liu Bei, aux prises avec le Wei, n'avait probablement jamais rencontré Sun Quan jusqu'alors et n'a donc pu faire ce commentaire. Je pense donc que la Chronique du Shu est correcte. »
  25. Pei Songzhi, le commentateur des Chroniques des Trois Royaumes fait cependant remarquer : « Bien que le Premier souverain [Liu Bei] dise descendre de l'empereur Jing, trop d’annĂ©es le sĂ©parent pour dĂ©terminer avec certitude quel empereur introniser en tant qu’ancĂȘtre fondateur. Et bien que dans le palais se trouvaient nombre de personnes Ă©mĂ©rites et lettrĂ©s pour rĂ©guler le temple et Ă©tablir la gĂ©nĂ©alogie, il se trouvaient trop de trous dans les chroniques. Vraiment, quel dommage ! »
  26. é™łćŁœă€Šè«žè‘›äșźé›†ă€‹, ChĂ©n ShĂČu « ZhĆ«gĂ© LiĂ ng jĂ­ ». Également nommĂ© ƒuvres choisies de maĂźtre Zhuge (ă€Šè«žè‘›æ°é›†ă€‹, « ZhĆ«gĂ© ShĂŹ jĂ­ »), les Recueils des Ɠuvres de Zhuge Liang sont un ensemble de documents Ă©crits par Zhuge Liang compilĂ©es par Chen Shou, Ă©galement le compilateur des Chroniques des Trois Royaumes.
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