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Zhou Yu

Zhou Yu (175 - 210) 摹瑜, Ă©galement orthographiĂ© Tcheou Yu (systĂšme EFEO), avait pour prĂ©nom social Gongjin (ć…Źç‘Ÿ). C’était un stratĂšge militaire chinois de la fin de la dynastie Han et du dĂ©but de la pĂ©riode des Trois Royaumes. Il Ă©tait le frĂšre d’armes de Sun Ce, fondateur du royaume de Wu, et servit ensuite le frĂšre de celui-ci, Sun Quan. Il est considĂ©rĂ© comme le principal artisan de la victoire de la Bataille de la Falaise rouge (208) qui opposa la coalition Shu/Wu Ă  Cao Cao et qui obligera ce dernier Ă  renoncer Ă  unifier la Chine. Son personnage a Ă©tĂ© immortalisĂ© dans le roman Histoire des Trois Royaumes et dans de nombreux opĂ©ras. On le connaĂźt au Japon sous le nom de ShĆ«yu Kƍkin.

Zhou Yu
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Formation
Affiliated Senior High School of National Taiwan Normal University (en)
Activité
StratĂšge
PĂšre
摹異 (d)
Fratrie
Zhou Yin (d)
Conjoint
Enfants
Zhou Xun (d)
Zhou Yin (d)
Autres informations
Grades militaires
Conflit

Il est marié avec Xiao Qiao.

A l'instar de Zhang He, il fut également reconnu pour sa beauté.

Le personnage historique

La principale rĂ©fĂ©rence historique de l’époque est le Sanguo Zhi (Chroniques des Trois Royaumes) qui est la source de la biographie suivante :

Zhou Yu naquit la 4e annĂ©e de Xi Ping (175) dans la prĂ©fecture de Shu. Lors de la 1re annĂ©e de Chu Ping (190), Sun Jian part rejoindre les autres chefs de guerre dans l’alliance contre Dong Zhuo et dĂ©mĂ©nage sa famille dans la prĂ©fecture de Shu. C’est ainsi que son fils, Sun Ce, y fait la connaissance de Zhou Yu. Les deux ayant presque le mĂȘme Ăąge se lient rapidement d’amitiĂ©.

L’oncle de Zhou Yu, Zhou Shang, Ă©tait le Grand Administrateur de Dan Yang. Quelques annĂ©es plus tard, lors de la 1re annĂ©e de Xin Ping (194), un jour que Zhou Yu partait lui rendre visite, il croise Sun Ce par coĂŻncidence. Ce dernier Ă©tait en train de faire traverser le fleuve Yangze Ă  une armĂ©e afin de se rendre Ă  Li Yang et commencer la reconquĂȘte des terres de son pĂšre. Sun Ce envoya une lettre Ă  Zhou Yu qui en retour prĂȘta Ă  Sun Ce une partie de ses propres troupes et dĂ©cida de le rejoindre, au grand ravissement de Sun Ce. Le duo capture ensuite Heng Jiang et Dang Li, et attaquent Mo Ling oĂč ils battent Ze Rong et Xue Li. Ils poussent ensuite jusqu’au sud vers Hu Shu, Jiang Cheng et marchent sur Qu'Ah, forçant Liu Yao Ă  prendre la fuite.

L’armĂ©e de Sun Ce est Ă  ce moment forte de plusieurs dizaines de milliers et Sun Ce estime pouvoir pousser jusqu’à conquĂ©rir les prĂ©fectures de Wu et de Han Ji, soumettant du mĂȘme coup les tribus de Shan Yue. Il demande alors Ă  Zhou Yu de revenir dĂ©fendre Dan Yang.

Peu aprĂšs, Yuan Shu ordonne Ă  son cousin, Yuan Yin, de remplacer Zhou Shang en tant que grand administrateur de Dan Yang, obligeant Zhou Yu et son oncle Ă  s’en aller vers Shou Chun. Yuan Shu envisage de prendre Zhou Yu Ă  son service, mais ce dernier refuse, probablement parce qu’il avait envisagĂ© la dĂ©faite future de celui-ci. Il brigue nĂ©anmoins le poste de magistrat de Juchao, ville situĂ©e prĂšs du Yangze, qui lui aurait donnĂ© l’occasion de revenir Ă  Jiang Dong pour rejoindre Sun Ce en cas de problĂšme. Ignorant les vĂ©ritables intentions de Zhou Yu, Yuan Shu lui accorde le poste.

En la 3e annĂ©e de Jian An (198), Sun Ce accueille Zhou Yu en personne et lui offre le titre de ć»ș湁侭郎氆, jian wei zhong lang jiang « gĂ©nĂ©ral en chef qui Ă©tablit la puissance » et lui offre 2000 troupes et 50 chevaliers sous son commandement. Zhou Yu, qui n’avait alors que 24 ans, Ă©tait communĂ©ment appelĂ© « Zhou Lang » (摹郎 - Zhou, le jeune gentilhomme). Son caractĂšre charitable et loyal Ă©tait reconnu dans la rĂ©gion de Lu Jiang. On lui demande de dĂ©fendre la rĂ©gion de Niu Zhu, et en rĂ©compense on lui offre le poste de magistrat de Chun Gu. Lorsque Sun Ce dĂ©cide d’attaquer Jing Zhou, il offre Ă  Zhou Yu le poste de grand administrateur de Jiang Xia et le titre de äž­æŠ€ć†› zhong hu jun « GĂ©nĂ©ral qui protĂšge le centre ». Tous deux capturent ensuite la ville de Wan.

L’annĂ©e suivante, Sun Ce et Zhou Yu Ă©pousent chacun l’une des deux filles de Qiao Gong. L’histoire ne retint pas leurs noms (on sait juste que Zhou Yu Ă©pousa la plus jeune : Xiao Qiao, xiao signifiant « benjamine »), mais mentionne leur grande beautĂ©. Ils assaillent ensuite Xun Yang, battant ainsi Liu Xun. Ils attaquent ensuite la prĂ©fecture de Jiang Xia et dĂ©tournent leurs armĂ©es afin d’impressionner Yu Zhang et Lu Ling. Zhou Yu reçoit ensuite l’ordre de dĂ©fendre Ba Qiu.

Lors de la 5e annĂ©e de Jian An, Sun Ce meurt et son jeune frĂšre Sun Quan prend sa succession. Zhou Yu se rend aux funĂ©railles. De retour Ă  la prĂ©fecture de Wu, Zhang Zhao et Zhou Yu se partagent la gestion des affaires d’État.

Lors de la 11e annĂ©e de Jian An, Zhou Yu et Sun Yu attaquent Ma Tun et Bao Tun, font dĂ©capiter les chefs et font 10 000 prisonniers. Le grand administrateur de Jiang Xia dĂ©pĂȘche alors Deng Long avec une armĂ©e de quelques milliers de soldats pour attaquer Chai Sang. Zhou Yu riposte et capture Deng Long vivant.

Lors du printemps de la 13e annĂ©e de Jian An, Sun Quan attaque Jiang Xia et nomme Zhou Yu au rang de MarĂ©chal. Lors de cette annĂ©e-lĂ , Cao Cao envahit Jing Zhou et Liu Zong doit lui faire soumission, ajoutant des dizaines de milliers d’hommes aux troupes de Cao Cao ainsi que les forces navales de Jing Zhou. Cao Cao envoya une lettre proposant Ă  Sun Quan de se soumettre pacifiquement. Ceci inquiĂ©ta Sun Quan qui rassembla ses gĂ©nĂ©raux pour avoir leur opinion sur la politique Ă  suivre. Nombre d’entre eux proposĂšrent de se soumettre Ă  Cao Cao, en avançant les arguments suivants :

  • la rĂ©putation de Cao Cao Ă©tait dĂ©jĂ  bien Ă©tablie et ses exploits militaires forçaient le respect ;
  • Ă©tant donnĂ© que Cao Cao tenait Jing Zhou en son contrĂŽle, le royaume de Wu ne pouvait plus compter sur son avantage gĂ©ographique (il fallait traverser le fleuve Yang Ze pour les attaquer et Cao Cao dĂ©tenait la voie la plus aisĂ©e pour les atteindre)
  • Cao Cao venait Ă©galement de faire l’acquisition de la flotte navale de Liu Biao, ajoutant environ mille vaisseaux Ă  sa flotte. Ceci lui permettait si nĂ©cessaire de lancer une invasion de grande envergure via Jiang Dong.
  • enfin, l’armĂ©e de Cao Cao Ă©tait beaucoup plus importante en taille que celle du royaume de Wu.

Zhou Yu Ă©mit pourtant un avis diffĂ©rent et exposa les points faibles de l’expĂ©dition de Cao Cao vers le sud :

  • Cao Cao pouvait ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un traĂźtre Ă  l’empereur car il maintenait celui-ci en captivitĂ© en profitant de sa position de Premier Ministre.
  • les rĂ©gions que Cao Cao avait conquises dans le nord n’étaient pas encore stabilisĂ©es et il restait dans son dos la menace de Ma Chao et Han Sui Ă  Guan Xi.
  • les armĂ©es de Cao Cao, bien qu’émĂ©rites, ignoraient tout de l’art des combats navals, ce qui n’était pas le cas des habitants du sud.
  • la saison Ă©tant l’hiver, il y avait de fortes probabilitĂ©s pour que l’armĂ©e de Cao Cao s’épuise sur les longues marches dans le nord.
  • enfin, l’armĂ©e de Cao Cao n’était pas habituĂ©e au climat du sud et risquait de nombreuses maladies et Ă©pidĂ©mies.

Zhou Yu Ă©tait donc convaincu que la situation Ă©tait non seulement loin d’ĂȘtre en leur dĂ©faveur, mais Ă©tait mĂȘme sans doute la meilleure occasion de capturer Cao Cao. Il demanda donc 30 000 hommes Ă  Sun Quan pour les stationner Ă  Xia Kou et lui annonça ĂȘtre certain de pouvoir vaincre Cao Cao.

Liu Bei venait alors de se faire battre par Cao Cao et se rendit Ă  Dang Yang pour voir Lu Su (un conseiller de Zhou Yu). Chacun envisagea des plans d’alliance pour battre Cao Cao et Liu Bei dĂ©cida de poster ses troupes Ă  Xia Kou et d’envoyer Zhuge Liang Ă  Sun Quan comme Ă©missaire.

Sun Quan dĂ©pĂȘcha Zhou Yu, Cheng Pu et d’autres gĂ©nĂ©raux Ă  la rencontre de Liu Bei afin de renforcer leurs positions contre Cao Cao. La rencontre entre l’alliance formĂ©e par Sun Quan et Liu Bei eut lieu Ă  la bataille de la Falaise rouge. L’armĂ©e de Cao Cao Ă©tait affaiblie et malade et battit en retraite trĂšs vite malgrĂ© sa grande supĂ©rioritĂ© numĂ©rique afin de rejoindre la cĂŽte nord du fleuve Yang Ze. Cela pourrait permettre d'Ă©tablir un camp, se reposer et rĂ©cupĂ©rer en espĂ©rant pouvoir bientĂŽt reprendre les hostilitĂ©s.

Jugeant l’armĂ©e de Cao Cao trop nombreuse, Huang Gai ne trouva pas possible de lui rĂ©sister bien longtemps, mais fit observer que les navires de Cao Cao avaient Ă©tĂ© attachĂ©s ensemble. Il suggĂ©ra Ă  Zhou Yu d’incendier la flotte adverse.

La ruse Ă©tablie fut la suivante : Zhou Yu fit copieusement bastonner Huang Gai en public en prĂ©textant que celui-ci l’avait dĂ©fiĂ© en faisant l’apologie de la reddition, afin donner le change aux espions de Cao Cao. Peu aprĂšs, une lettre fut envoyĂ©e Ă  Cao Cao, annonçant la reddition de Huang Gai et donnant une date Ă  son arrivĂ©e. Tombant dans le piĂšge, les soldats de Cao Cao attendirent l’arrivĂ©e de Huang Gai sur les bateaux. Huang Gai en arrivant, boutta le feu Ă  son propre navire, et les vents forts rĂ©pandirent bientĂŽt l’incendie Ă  travers toute la flotte de Cao Cao, d’autant plus facilement que les bateaux Ă©taient enchaĂźnĂ©s entre eux. Le feu se propage mĂȘme aux camps sur la cĂŽte, infligeant de lourdes pertes Ă  l’armĂ©e de Cao Cao. Ce dernier est contraint de battre en retraite. Liu Bei et Zhou Yu lancent leurs troupes Ă  sa poursuite, mais ne parviennent pas Ă  le capturer. Celui-ci devait nĂ©anmoins oublier ses espoirs d’unifier toute la Chine de son vivant et ne parviendra plus jamais Ă  franchir le Yangze.

En la 14e annĂ©e de Jian An (209), Zhou Yu et Cheng Pu attaquent la prĂ©fecture de Nan, dĂ©fendue par Cao Ren. Attaquants et dĂ©fenseurs campaient alors chacun d’un cĂŽtĂ© du fleuve. Avant l’attaque, Zhou Yu envoie Gan Ning et s’installe Ă  Yi Ling. Cao Ren dĂ©cide alors de diviser ses forces et d’attaquer Gan Ning. Zhou Yu reçut un appel Ă  l’aide, et, sur les conseils de Lu Meng, confie Ă  Ling Tong les arriĂšres et part Ă  la rescousse de Gan Ning. Zhou Yu mĂšne ensuite ses troupes en personne pour traverser le fleuve et attaquer Cao Ren. Lors de la bataille, il reçoit une flĂšche Ă  la poitrine au cĂŽtĂ© droit, l’obligeant Ă  battre en retraite. Cao Ren veut profiter de la blessure de Zhou Yu pour l’attaquer, mais malgrĂ© son Ă©tat, Zhou Yu va faire un discours Ă  ses troupes pour gonfler leur moral. Ce fut au tour de Cao Ren de battre en retraite.

Sun Quan nomma Zhou Yu 恏氆憛 pian jiang jun « gĂ©nĂ©ral loyal » et grand administrateur de la prĂ©fecture de Nan. Il reçoit l’ordre de stationner ses troupes Ă  Jiang Ling. Liu Bei part s’installer Ă  Jing Zhou en tant que gouverneur, et lorsqu'il va rendre une visite Ă  Sun Quan dans la ville de Jing Kou, Zhou Yu demande Ă  Sun Quan de s’en dĂ©fier. Il dĂ©sirait sĂ©parer Liu Bei de Guan Yu et Zhang Fei, ses frĂšres d’armes, et de l’installer dans la prĂ©fecture de Wu, oĂč dans l’indolence, il ne reprĂ©senterait plus un risque politique. Zhou Yu espĂšre ainsi rallier Ă  lui Guan Yu et Zhang Fei et leurs talents. Cependant, Sun Quan dĂ©sire exploiter tous les talents en raison de la menace imposĂ©e par Cao Cao et de ne pas faire de Liu Bei une exception. De plus, Sun Quan ne pense pas pouvoir contrĂŽler Liu Bei aussi facilement et rejette la proposition de Zhou Yu.

À ce moment-lĂ , Liu Zhang Ă©tait le gouverneur de Yi Zhou et devait faire face Ă  Zhang Lu. Zhou Yu rend visite Ă  Sun Quan Ă  Jing Kou et lui expose son plan pour capturer les territoires de Cao Cao au nord. Son intention Ă©tait de mener avec Sun Yu une armĂ©e pour capturer les territoires du Shu (les terres de Liu Bei), puis de s’allier avec Zhang Lu, d’installer Sun Yu au Shu, et de boucler les territoires avec celui de Ma Chao. Zhou Yu aurait ainsi pu revenir Ă  Jing Zhou et lancer avec Sun Quan l’attaque sur Cao Cao en direction de Xiang Yang. Sun Quan approuva le plan et Zhou Yu revint Ă  Jiang Ling pour faire les prĂ©parations. Zhou Yu devait malheureusement mourir de maladie en se rendant Ă  Ba Qiu, en la 15e annĂ©e de Jian (210), seulement ĂągĂ© de 35 ans.

Outre son gĂ©nie militaire, l’histoire retiendra de lui sa grande beautĂ©, son charisme, son gĂ©nie musical, ses relations d’amitiĂ© avec Sun Ce mais Ă©galement l’amour que ses proches lui vouaient.

Cheng Pu aurait dit de lui, toujours selon le Sanguo Zhi : « Être avec Zhou Gongjin, c’est comme de boire du vin froid non coupĂ© d'eau (les chinois le buvaient chaud et coupĂ©) : on est ivre avant de s’en rendre compte. » Quant Ă  Dame Wu, la mĂšre de Sun Ce et de Sun Quan, elle aurait affirmĂ© : « Gongjin est comme un fils pour moi ».

Un dicton de l’époque disait : « æ›Č有èȘ€ïŒŒć‘šéƒŽéĄ§ » (s'il y a une erreur dans la chanson, Zhou s’en occupera), car on le disait ĂȘtre capable, mĂȘme aprĂšs avoir bu de nombreuses coupes de vin, de repĂ©rer n’importe quelle erreur de rythme ou fausse note. Il est aussi parfois fait mention de ses talents de poĂšte, mais aucun poĂšme ne nous est parvenu Ă  ce jour.

Le personnage de la tradition populaire : un stratÚge génial mais jaloux

Au-delĂ  des faits historiques, de nombreux portraits de Zhou Yu ont Ă©tĂ© dressĂ©s en Chine, Ă  travers de nombreux opĂ©ras et romans. Il a d’ailleurs Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ© dans des poĂšmes de la dynastie Tang. C’est celui dressĂ© dans le roman Histoire des Trois Royaumes, un des romans les plus lus en Chine Ă©crit sous la dynastie Ming, qui est le plus retenu par les Chinois.

Celui-ci est quelque peu mitigĂ© : Zhou Yu y figure certes parmi les meilleurs et les plus rusĂ©s stratĂšges de l’époque. C’est sur ses stratĂ©gies et conseils que Sun Ce (dont il est le frĂšre jurĂ© dans le roman) posa les bases du royaume de Wu. Il Ă©tait, de plus, trĂšs aimĂ© de ses hommes et de Sun Quan qui regretta longtemps sa mort. Il est Ă©galement fait rĂ©fĂ©rence de son talent musical dans la scĂšne oĂč il fait une danse du sabre en chantant un poĂšme de sa composition.

Le roman ne renie pas non plus son talent Ă  inventer des ruses : peu avant la bataille de Chibi, Cao Cao lui envoie un de ses anciens amis, Jiang Gan, pour tenter de le rallier Ă  lui. Mais Zhou Yu parvient en fait en retour Ă  convaincre Cao Cao de faire exĂ©cuter Cai Mao et Zhang Yun, les deux seuls gĂ©nĂ©raux qui avaient l’expĂ©rience du combat naval.

Par contre, on retient surtout de lui son intolĂ©rance et son orgueil dĂ©mesurĂ© face au gĂ©nie de Zhuge Liang, le stratĂšge du royaume Shu, pourtant son alliĂ©. Le roman populaire des « Trois Royaumes », dĂ©sirait en effet mettre en avant la lĂ©gitimitĂ© du royaume du Shu et devait donc montrer la supĂ©rioritĂ© du talent de Zhuge Liang. C’est pourquoi, bien que les sources historiques n’aient jamais retenu de relation particuliĂšre entre eux, les auteurs ont dĂ©sirĂ© nĂ©anmoins mettre Zhuge Liang en compĂ©tition avec Zhou Yu. Opposer Zhuge Liang Ă  Zhou Yu, pourtant un stratĂšge de tout premier ordre, et en montrant comment il pouvait le tourner en ridicule sans trop se fatiguer, ce qui servait Ă  illustrer son talent divin.

Le personnage de Zhou Yu, Ă©clipsĂ© au profit de Zhuge Liang est donc bien souvent associĂ© Ă  la jalousie dĂ©mesurĂ©e et Ă  la frustration que peut ressentir ceux qui ne parviennent pas Ă  surpasser leurs rivaux malgrĂ© tous leurs efforts. Bien que brillant, il ne peut se rĂ©soudre Ă  demeurer infĂ©rieur Ă  Zhuge Liang et cherche Ă  comploter dans l’ombre pour l’abattre sans jamais pouvoir y parvenir.

Leur rivalitĂ© commence dĂšs leur premiĂšre rencontre : face Ă  la menace posĂ©e par Cao Cao, Zhuge Liang et Zhou Yu comprirent trĂšs vite qu’il fallait s’allier pour y faire face. Mais pour des raisons symboliques, chacun se refusait de demander le premier l’aide de l’autre. Aussi lors de leur premiĂšre rencontre, Zhou Yu faisait mine d’avoir l’intention de vouloir se soumettre Ă  Cao Cao, voulant amener Zhuge Liang Ă  s’opposer Ă  l’idĂ©e et faire les premiĂšres propositions. Pourtant ce fut Zhuge Liang qui fut le plus subtil : il fĂ©licita Zhou Yu pour l’idĂ©e et lui rĂ©vĂ©la, l’air de rien, que Cao Cao se contenterait somme toute d’un tribut de deux femmes. Zhou Yu lui demanda lesquelles, Zhuge Liang lui rĂ©pondit qu’il s’agissait des sƓurs Qiao, rĂ©putĂ©es pour leur grande beautĂ©. Il ajouta que Cao Zhi, le fils de Cao Cao, avait composĂ© Ă  la demande de son pĂšre un poĂšme faisant l’éloge de leur grande beautĂ© et sa volontĂ© de s’emparer d’elles pour son harem.

A l’écoute de la rĂ©citation du poĂšme, Zhou Yu entra dans une colĂšre noire : non seulement l’une des sƓurs Qiao Ă©tait la femme de son frĂšre jurĂ© dĂ©cĂ©dĂ©, mais l’autre Ă©tait Ă©galement sa propre femme ! Zhuge Liang fit l’innocent, ne prĂ©tendant rien savoir de cet Ă©tat de fait. Zhou Yu jura de contrarier les plans de Cao Cao et fut ainsi le premier Ă  demander l’aide de Zhuge Liang.

Mais avec le temps, voyant la subtilitĂ© des manƓuvres de son nouvel alliĂ©, il finit par comprendre comment il avait Ă©tĂ© flouĂ© et sa jalousie ne fit alors que s’accroĂźtre.

Bien que dans la rĂ©alitĂ© historique il semblerait que ce soit Zhou Yu l’artisan de la victoire de la bataille de Chibi, dans le roman, son rĂŽle est moins louable : Zhuge Liang crĂ©e les stratĂ©gies, mais en laisse Ă  Zhou Yu toute la gloire afin d’attirer les foudres de Cao Cao Ă  son encontre.

Initialement, Zhou Yu voulait rallier Zhuge Liang Ă  son service mais n’y parvint pas. Aussi prĂ©fĂ©ra-t-il le faire assassiner au moment oĂč le Shu Ă©tait encore faible, avant que celui-ci ne puisse ĂȘtre atteint et devienne un adversaire redoutable. Zhou Yu tentera de nuire Ă  Zhuge Liang par trois fois, mais non seulement celui-ci s’en tirera, mais retournera les plans de Zhou Yu contre lui de façon humiliante et lui causera en retour trois grandes fureurs.

Zhou Yu donna Ă  Zhuge Liang la tĂąche d’obtenir 100 000 flĂšches en moins de 10 jours dans l’espoir que celui-ci, en Ă©chouant, lui fournisse un prĂ©texte pour l’écarter. Mais Zhuge Liang se contenta d’aller narguer les archers de Cao Cao et de rĂ©cupĂ©rer les flĂšches que ceux-ci lui tireront. Zhou Yu sentit qu’il devait absolument se dĂ©barrasser du royaume de Shu si celui-ci devait possĂ©der un tel stratĂšge. Ce sont les Ă©checs rĂ©pĂ©tĂ©s qui causĂšrent les « trois grandes fureurs » :

  • aprĂšs la bataille de la Falaise rouge, le royaume de Shu et celui de Wu s'intĂ©ressaient tous deux Ă  la ville de Jingzhou. Zhou Yu Ă©tait persuadĂ© de pouvoir le conquĂ©rir facilement, mais fut griĂšvement blessĂ© par une flĂšche empoisonnĂ©e tirĂ©e par Cao Ren. AprĂšs de nombreuses batailles qui lui coutĂšrent cher, Zhou Yu parvint enfin Ă  battre Cao Ren. Mais entre-temps, Zhuge Liang fit une fausse lettre au nom de Cao Cao qui permit Ă  Zhang Fei d’entrer dans la ville et de la prendre sans aucun effort. Zhou Yu fut tellement furieux qu’il hurla Ă  la mort et sa blessure s’ouvrit.
  • la deuxiĂšme fois, sentant que Liu Bei risquait de devenir un voisin dangereux dans le futur, il voulait l’attirer au royaume de Wu sous le prĂ©texte d’un mariage avec la sƓur de Sun Quan. Zhuge Liang comprit la ruse et
 avertit la population du mariage. Zhou Yu changea un peu le plan en tentant de garder Liu Bei dans le royaume de Wu, en lui faisant construire un palace splendide. L’idĂ©e Ă©tait qu’en l’absence de leur maĂźtre, Guan Yu, Zhang Fei et Zhuge Liang ne parviendraient pas Ă  garder le contrĂŽle du royaume et leur armĂ©e finirait par se disperser. Mais avant mĂȘme que le plan ne soit mis Ă  exĂ©cution, Liu Bei s’enfuit avec sa nouvelle femme. Zhou Yu tenta d’envoyer des hommes pour l’assassiner, mais fut battu Ă  plate couture. Zhou Yu, dĂ©jĂ  en colĂšre, devint vĂ©ritablement fou de fureur en entendant les soldats de Liu Bei qui lui criaient Ă  l’unisson depuis les navires sur l’ordre de Zhuge Liang : « Le plan de la conquĂȘte de la Chine du Sieur Zhou Yu s’achĂšve par la perte de Dame Sun et de ses troupes. » Sa blessure se rouvrit Ă  nouveau et il perdit connaissance.
  • ces Ă©checs rĂ©pĂ©tĂ©s avaient poussĂ© Zhou Yu Ă  bout. Il proposa un plan : attaquer et conquĂ©rir Xichuan pour le compte de Liu Bei, Ă  la condition que celui-ci revienne de Jingzhou. Il ne s’agissait en fait que d’un prĂ©texte pour en fait faire mine d’attaquer Xichuan et en fait attaquer Jingzhou par surprise lorsque Liu Bei viendrait pour les accueillir. Mais en arrivant, Liu Bei n’apparut pas et Zhao Yun annonça Ă  Zhou Yu du haut des murs que Zhuge Liang avait parfaitement compris son petit manĂšge. Zhou Yu voulut donner le change en menant ses troupes vers Xichuan. Mais en chemin, il reçut un courrier moqueur de Zhuge Liang, qui lui expliquait comme on explique Ă  un enfant, que mener une attaque contre Xichuan, alors que Cao Cao ne brĂ»le que de se venger de la dĂ©faite de la bataille de Chi Bi et profiterait de la moindre occasion pour attaquer le royaume de Wu, serait ridicule. Et du haut de la colline, il voit Zhuge Liang confortablement installĂ© qui rit de sa dĂ©confiture. HumiliĂ©, Zhou Yu entra pour une troisiĂšme et derniĂšre fois dans une fureur noire et sa blessure se rouvrit pour une derniĂšre fois, le laissant mourant.

Juste avant d’expirer, il prononça les paroles suivantes Ă  l’encontre du Ciel :ă€Œæ—ąç”Ÿç‘œïŒŒäœ•ç”ŸäșźïŒŸă€ (Ji sheng Yu, he sheng Liang : « AprĂšs que moi, Yu, sois nĂ©, pourquoi avoir aussi fait naĂźtre Liang ? »).

Ironiquement, Zhuge Liang se servit de la mort de Zhou Yu Ă  son avantage en allant faire son apologie sur sa dĂ©pouille lors de la veillĂ©e funĂ©raire, s’attirant ainsi les sympathies du royaume de Wu. Quant Ă  Pang Tong, la seule personne suffisamment intelligente pour comprendre l’insulte que faisait Zhuge Liang au royaume de Wu avec un tel comportement, Zhuge Liang parvient Ă  le convaincre Ă  s’enrĂŽler dans son camp. Ainsi, mĂȘme mort, Zhou Yu n’était jamais restĂ© que la marionnette de Zhuge Liang, incapable d’échapper Ă  son emprise et n’ayant jamais rĂ©ussi Ă  le surpasser


Voir aussi

Sources

Articles connexes

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