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Guo Jia

Guo Jia (170, Yingchuan – Septembre 207, Liucheng) (chinois simplifiĂ© : 郭昉), anciennement orthographiĂ© Kouo Kia, Kuou Tsia, ou Kuo Chi a Ă©tĂ© un stratĂšge chinois de l’époque de la fin de la dynastie Han. Il avait pour prĂ©nom social Fengxiao (ć„‰ć­) et servit le seigneur de guerre Cao Cao lors des premiĂšres campagnes de celui-ci, entre 196 et 207 et s’illustra pour la justesse de ses pronostics lors de la planification des expĂ©ditions. Au XVIe siĂšcle, son personnage est dramatisĂ© par le roman de Luo Guanzhong, Histoire des Trois Royaumes.

Guo Jia
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Nom dans la langue maternelle
郭昉
Activité

Guo Jia est connu au Japon sous le nom de Kakuka Hƍkƍ, en CorĂ©e sous celui de Gwagga Bonghyo, et au ViĂȘt Nam sous celui de QuĂĄch Gia PhỄng Hiáșżu.

Biographie

DĂ©buts

Guo Jia naĂźt vers 170 Ă  Yangdi (é™œçżŸ) dans le district de Yingchuan (æœć·), qui correspond Ă  l’actuel comtĂ© de Yu dans le Henan.

À vingt-six ans, il est fait officier et il se rend au nord pour briguer un poste auprĂšs de Yuan Shao, alors un des plus puissants seigneurs de guerre de la Chine de l’époque, et fait forte impression auprĂšs de celui-ci. NĂ©anmoins, Guo Jia trouve Yuan Shao trop indĂ©cis, ne prĂȘtant pas l’oreille Ă  ses conseillers, et aprĂšs quelques dizaines de jours quitte son service.

Vers octobre 196, Xi Zhicai, un conseiller du seigneur de guerre Cao Cao, meurt. Cao Cao Ă©crit Ă  Xun Yu, un de ses autres conseillers, pour savoir s’il connaĂźtrait un talent pouvant remplacer Xi Zhicai, et Xun Yu lui recommande Guo Jia, qui venait du mĂȘme district que lui. Cao Cao accorde Ă  Guo Jia une entrevue durant laquelle ils discutent des affaires du monde et chacun en sort satisfait. Cao Ca se serait exclamĂ© : « Si je dois accomplir de grandes choses, ce sera certainement par l’aide de cet homme ! » tandis que Guo Jia aurait dit : « J’ai enfin trouvĂ© mon vĂ©ritable seigneur ! » Au cours de sa carriĂšre, Cao Cao aura l’occasion de dire : « Seul Fengxiao connaĂźt mes vĂ©ritables dĂ©sirs ! »

Cao Cao fait de Guo Jia son assistant militaire (揾ç©ș軍), et lui offre Ă©galement la charge de mener les sacrifices et les libations (ç„­é…’).

Campagne contre LĂŒ Bu

Vers fĂ©vrier 197, Cao Cao reçoit une lettre de Yuan Shao extrĂȘmement arrogante et Cao Cao considĂšre lancer une expĂ©dition punitive mais craint de ne pas pouvoir ĂȘtre militairement Ă  la hauteur. Il demande Ă  Xun Yu et Guo Jia de le conseiller. Selon le Fuzi (悅歐), Guo Jia fait alors une liste de dix dĂ©savantages de Yuan Shao comparĂ©s Ă  dix avantages de Cao Cao :

  1. Yuan Shao est trop porté sur les cérémonies grandiloquentes et le faste tandis que Cao Cao privilégie une apparence débonnaire et naturelle ;
  2. Yuan Shao peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un traĂźtre tandis que Cao Cao agit au nom de l'empereur ;
  3. Tandis que la dynastie Han est sur le déclin, Yuan Shao se laisse lui aussi aller dans la gestion de ses tùches tandis que Cao Cao veille au bon fonctionnement de l'administration et en connaßt tous les rouages ;
  4. Yuan Shao ne fait confiance qu'aux membres de sa famille et à aucun de ses conseillers tandis que Cao Cao n'hésite pas à recourir aux services de gens talentueux ;
  5. Yuan Shao fait beaucoup de plans mais manque de conviction pour mener leur exécution tandis que Cao Cao n'hésite pas à se donner les moyens nécessaires pour mener ses projets à bien ;
  6. Yuan Shao ne pense qu'à sa réputation, Cao Cao est sincÚre ;
  7. Yuan Shao fonctionne selon le proverbe « loin des yeux loin du cƓur » tandis que Cao Cao traite ses subalternes de la mĂȘme façon, que ceux-ci soient prĂšs ou loin de lui ;
  8. Yuan Shao prĂȘte facilement l'oreille aux calomnies de son entourage et se laisse ainsi induire en erreur tandis que Cao Cao sait voir oĂč est la vĂ©ritĂ© ;
  9. Yuan Shao ne sait pas distinguer le bien du mal tandis que Cao Cao est familier avec les rites et les lois ;
  10. Yuan Shao est fier de sa puissance militaire mais ignore tout du maintien de son armée tandis que Cao Cao sait avec peu de soldats comment venir à bout d'une grande armée et possÚde un talent divin dans la direction de ses troupes.

Guo Jia conclut Ă  une victoire de Cao Cao mais lui conseille nĂ©anmoins de ne pas s’en prendre Ă  Yuan Shao dans l’immĂ©diat, et de profiter de ce que celui-ci soit en guerre avec Gongsun Zan au nord pour attaquer LĂŒ Bu au sud qui risquerait de reprĂ©senter une menace si Cao Cao devait affronter Yuan Shao.

Cao Cao suit les conseils de Guo Jia et prĂ©pare une expĂ©dition contre LĂŒ Bu qu'il mĂšne personnellement. En novembre 198, aprĂšs plusieurs batailles, LĂŒ Bu se rĂ©fugie derriĂšre les murailles de la ville de Xiapi et Cao Cao monte le siĂšge. Vers janvier 199, Xun You et Guo Jia conseillent Ă  Cao Cao de dĂ©tourner les eaux des riviĂšres Yi et Si pour inonder Xiapi. Un mois plus tard, LĂŒ Bu, trahi par ses hommes, est exĂ©cutĂ©.

Batailles contre Liu Bei

Au cours de sa campagne contre LĂŒ Bu, Cao Cao recueille Liu Bei et lui offre la charge de gouverneur de la province de Yu, mais aprĂšs un temps est pris de doutes et craint que les ambitions de Liu Bei ne lui causent du tort. Il demande l’avis de Guo Jia et celui-ci lui rappelle que Liu Bei bĂ©nĂ©ficie d’un grand soutien auprĂšs des gens du peuple et qu’en le faisant assassiner, Cao Cao ne peut que se faire des ennemis sur le long terme. Cao Cao Ă©coute l’avis de Guo Jia.

Plus tard, Cao Cao envoie Liu Bei attaquer Yuan Shu, malgrĂ© l'avis opposĂ© de plusieurs de ses conseillers, dont Guo Jia. Selon le Fuzi, Guo Jia dit Ă  Cao Cao : « Liu Bei a les talents des hĂ©ros et rallie Ă  lui les cƓurs des multitudes. Zhang Fei et Guan Yu valent chacun dix-mille adversaires et rĂ©pandent la mort. Tel que je le vois, Liu Bei n’est pas un homme Ă  rester sous les ordres d’un autre. Les gens d’autrefois disaient : “Laissez une seule journĂ©e de rĂ©pit Ă  votre adversaire et vous vous assurez une gĂ©nĂ©ration de souffrances.” Vous devriez le rappeler au plus vite. » Cao Cao tente de rappeler Liu Bei Ă  lui, mais il est trop tard : celui-ci ne reviendra plus jamais se placer sous les ordres de Cao Cao.

Vers fĂ©vrier 200, Cao Cao pense lancer une expĂ©dition punitive contre Liu Bei, mais craint de se faire attaquer par Yuan Shao. Guo Jia lui rappelle le caractĂšre indĂ©cis de Yuan Shao et postule que mĂȘme si celui-ci se dĂ©cide Ă  attaquer Cao Cao, son arrivĂ©e sera trĂšs lente, et qu’en outre, Liu Bei n’a pas eu le temps de renforcer sa position et qu’une frappe rapide devrait le vaincre. Cao Cao suit les conseils de Guo Jia, attaque Liu Bei et lui inflige une sĂ©vĂšre dĂ©faite, capturant ses femmes, ainsi que le gĂ©nĂ©ral Guan Yu. Entre-temps, les conseillers de Yuan Shao pressent ce dernier pour qu’il attaque Cao Cao, mais son fils tombe malade et Yuan Shao estime que ce n’est pas le moment de prĂ©parer une expĂ©dition.

Campagne contre Yuan Shao et ses fils

AprĂšs avoir Ă©cartĂ© les menaces que formaient LĂŒ Bu et Liu Bei, Cao Cao prend l’initiative d’attaquer Yuan Shao. Cette guerre mobilise la plupart de ses ressources, ce qui laisse le champ libre Ă  d’autres rivaux pour attaquer Xuchang, sa capitale, et capturer l’empereur. Le plus menaçant de ces rivaux est Sun Ce, qui s’est rapidement rendu maĂźtre d’une bonne partie des terres Ă  l’est du fleuve Yangzi. Guo Jia prĂ©voit que Sun Ce, trop impulsif et s’étant fait de nombreux ennemis, se fera certainement assassiner avant de pouvoir mener une campagne contre Cao Cao. L’avenir donne raison Ă  Guo Jia : en mai 200, Sun Ce est tuĂ© dans une embuscade, ce qui permet Ă  Cao Cao de mener sa campagne contre Yuan Shao en toute quiĂ©tude. Finalement, Cao Cao remporte la bataille de Guandu et affaiblit considĂ©rablement la position de Yuan Shao.

En juin 202, Yuan Shao meurt et ses fils Yuan Tan et Yuan Shang se disputent son hĂ©ritage. Cao Cao mĂšne en parallĂšle une guerre contre eux mais en mai 203, Guo Jia lui conseille de les laisser se battre entre eux, car si Cao Cao les pousse Ă  bout, ils risqueraient de s’allier. Guo Jia recommande que Cao Cao tourne plutĂŽt ses efforts vers la province de Jing, dirigĂ©e par le seigneur de guerre Liu Biao. En octobre 203, Yuan Tan, battu par Yuan Shang, vient se soumettre Ă  Cao Cao, et lui offre ses territoires. En 204, Cao Cao et Yuan Tan viennent Ă  bout de Yuan Shang. Ce dernier, accompagnĂ© de Yuan Xi, un de ses autres frĂšres, se rĂ©fugie auprĂšs des tribus Wuhuan. Vers fĂ©vrier 205, Cao Cao achĂšve de pacifier la province de Ji, et, sur les conseils de Guo Jia, fait retirer ses troupes des territoires rĂ©cemment conquis et nomme des lettrĂ©s cĂ©lĂšbres pour les administrer afin de s'attirer les grĂąces de la population. En rĂ©compense de ses services, Cao Cao nomme Guo Jia marquis de Weiyang (控陜äș­äŸŻ).

Expédition contre les Wuhuan

Vers avril 207, Cao Cao considĂšre lancer une expĂ©dition contre les tribus Wuhuan et les frĂšres Yuan, mais la plupart de ses gĂ©nĂ©raux pensent qu’il est prĂ©fĂ©rable de disposer auparavant de Liu Biao et de Liu Bei. Seul Guo Jia s’oppose Ă  ce raisonnement et fait remarquer que Yuan Shao et ses fils se sont toujours bien entendus avec les Wuhuan et que leur alliance risque de reprĂ©senter une grande menace dont il vaut mieux disposer tant qu’ils sont encore faibles et peu prĂ©parĂ©s. Il postule que Liu Biao, Ă©ternel indĂ©cis, n’osera jamais attaquer Cao Cao, et se mĂ©fie trop de Liu Bei pour suivre ses conseils ou lui confier des responsabilitĂ©s. Écoutant les conseils de Guo Jia, Cao Cao lance son expĂ©dition contre les Wuhuan.

Guo Jia recommande de voyager avec le minimum de provisions et d’équipement afin de pouvoir se dĂ©placer le plus vite possible et prendre les Wuhuan par surprise. Cao Cao Ă©coute ses conseils et en septembre 207 inflige une sĂ©vĂšre dĂ©faite aux Wuhuan et aux frĂšres Yuan, tuant Ta Dun, le shanyu des Wuhuan, ainsi que son alliĂ©, le roi Ming. Yuan Shang et Yuan Xi s’enfuient du champ de bataille et se rĂ©fugient auprĂšs de Gongsun Kang, le gouverneur de Liaodong.

Cao Cao ne se lance pas Ă  leur poursuite, sachant qu’il inciterait Gongsun Kang Ă  s’allier aux frĂšres Yuan. En octobre 207, Cao Cao lĂšve le camp et peu aprĂšs reçoit de la part de Gongsun Kang les tĂȘtes des frĂšres Yuan, ce qui parachĂšve la conquĂȘte du nord de la Chine.

Mort et postérité

Au cours de l’expĂ©dition contre les Wuhuan, Guo Jia tombe malade. Il reste Ă  Liucheng pour se reposer et Cao Cao, inquiet, s’enquiert souvent de son Ă©tat de santĂ©, mais Guo Jia finit par mourir Ă  l’ñge de trente-sept ans. Au cours des funĂ©railles, Cao Cao le pleure abondamment. Il dit Ă  Xun You et ses autres officiers : « Vous et moi sommes dĂ©jĂ  ĂągĂ©s. Seul Fengxiao Ă©tait d’une gĂ©nĂ©ration plus jeune. Je dĂ©sirais me servir de ses talents pour accomplir de grandes choses, mais voilĂ  qu’il nous quitte dans la fleur de l’ñge ! Ce devait ĂȘtre sa destinĂ©e. » Puis il annonça : « Mon officier chargĂ© des sacrifices et libations Guo Jia m’a fidĂšlement servi pendant onze ans. À chaque fois que j’étais confrontĂ© Ă  un problĂšme, il m’apportait une solution qui me permettait d’avoir le dessus sur mes adversaires. (...) Quel malheur qu’il nous ait quittĂ© si tĂŽt, avant que j’ai pu achever ma grande entreprise ! Je me souviendrai toujours de son mĂ©rite et n’oublierai jamais son honnĂȘtetĂ©. » À titre posthume, Guo Jia est nommĂ© marquis zhen (èČžäŸŻ) signifiant « loyal » ou « vertueux ». Son fils, Guo Yi, hĂ©rite de ses fonctions et sera nommĂ© prince lettrĂ© (ć€Șć­æ–‡ć­ž) mais comme son pĂšre mourra jeune.

Un an aprĂšs la mort de Guo Jia, lors de la bataille de la Falaise rouge, Cao Cao connaĂźt sa plus sĂ©vĂšre dĂ©faite militaire et alors qu’il bat en retraite, annonce : « Si seulement Guo Fengxiao Ă©tait lĂ , je ne serais pas dans un tel Ă©tat ! », puis, selon le Fuzi, se lamente : « HĂ©las, Fengxiao ! Quel douleur, Fengxiao ! Quel malheur, Fengxiao !. »

Sources et références

  • Chen Shou et Pei Songzhi, San guo zi, Livre des Wei, chapitre 14 : Biographies de Cheng Yu, Guo Jia, Dong Zhao, Liu Ye, Jiang Ji et Liu Fang.
  • Sima Guang, Zizhi Tongjian, chapitres 62 Ă  65

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