Trégunc
Trégunc [tʁegœ̃] est une commune du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France. C'est l'une des communes les plus étendues du Finistère, qui regroupe de nombreux villages ou hameaux. On peut mentionner plusieurs plages de sable fin, une zone naturelle protégée pour la faune et la flore autour des marais de Trévignon.
Trégunc | |
Port de Trévignon. | |
Administration | |
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Pays | France |
Région | Bretagne |
Département | Finistère |
Arrondissement | Quimper |
Intercommunalité | Concarneau Cornouaille Agglomération |
Maire Mandat |
Olivier Bellec 2020-2026 |
Code postal | 29910 |
Code commune | 29293 |
Démographie | |
Gentilé | Trégunois ou Tréguncois |
Population municipale |
7 058 hab. (2020 en diminution de 0,07 % par rapport à 2014) |
Densité | 139 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 47° 51′ 20″ nord, 3° 51′ 10″ ouest |
Altitude | Min. 0 m Max. 89 m |
Superficie | 50,61 km2 |
Type | Commune rurale et littorale |
Unité urbaine | Concarneau (banlieue) |
Aire d'attraction | Commune hors attraction des villes |
Élections | |
Départementales | Canton de Moëlan-sur-Mer |
Législatives | Huitième circonscription |
Localisation | |
Liens | |
Site web | Le site officiel de la ville de Trégunc |
Géographie
Limites communales et relief
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La commune de Trégunc est située sur le littoral Atlantique, dans le Finistère, au sud de Concarneau et à l'ouest de Pont-Aven. Le bourg, situé à l'intérieur des terres, occupe une position excentrée au nord de la commune. Il s'est établi à une certaine distance de la côte, sur le plateau ; c'est là une caractéristique commune à de nombreuses communes littorales bretonnes (par exemple à Riec-sur-Belon, Clohars-Carnoët, Moëlan-sur-Mer, Névez, Beuzec-Conq, Nizon, etc.), les premiers émigrants bretons fixèrent le centre de leurs plous à l'intérieur des terres, probablement par crainte des pirates saxons[1].
Le finage communal est délimité à l'ouest par le fleuve côtier Minaouët et l'Anse du Moulin à Mer, qui séparent Trégunc de Concarneau ; au nord il longe la D 122 qui traverse le hameau de Croaz Hent Bouillet, partagé avec les communes de Melgven et Concarneau ; au nord-est le ruisseau de Kerfrances et le ruisseau du Moulin de Kergunus, tous deux affluents de rive gauche du Minaouët, servent de tracé à la limite communale avec Pont-Aven (avec en fait l'ancienne commune de Nizon) ; à l'est la limite communale avec Névez suit pour partie le tracé du ruisseau de Dourveil.
La présence de plusieurs petits fleuves côtiers déjà cités pour ceux qui servent de limite communale, mais d'autres ont leur cours totalement dans la commune de Trégunc comme ceux qui aboutissent aux plages de Trez Cao et de La Baleine, et de leurs affluents entraîne un relief assez vallonné car ils échancrent le plateau par ailleurs en pente générale vers le sud, les zones les plus élevées se trouvant au nord de la commune, atteignant 84 mètres d'altitude à l'est de Kerstrat et même 88 mètres à l'est de Cros Hent Bouillet. Le bourg, ainsi que toute la partie médiane du territoire communal, se trouve vers une quarantaine de mètres d'altitude ; la partie méridionale, proche de l'océan Atlantique se trouve vers une vingtaine de mètres d'altitude, par exemple autour des hameaux de Trévignon, Saint-Philibert et Kersidan.
Géologie
La commune est située sur l'affleurement d'un pluton granitique, dit granite de Tregunc, visible de la ria de Pont-Aven à la pointe de Trévignon et Concarneau. L'érosion de ce pluton formé il y a environ 330 millions d'années, à l'époque hercynienne, s'est fait en boules[2]. Le granit qui le constitue est à grains grossiers, avec par endroits de gros feldspaths se détachant sur un grain plus fin. Il est de couleur gris clair, presque blanc avec des reflets bleutés, de petits éclats de biotite, et plus parcimonieusement, de muscovite[2]. De nombreuses boules granitiques parsèment le paysage de Trégunc, dont trois roches tremblantes, la plus connue étant la roche tremblante « Men Dogan », près du village de Kerouel, dite aussi « Pierre du cocu » car selon la légende seuls les cocus ne parviennent pas à l'ébranler[3]. Ernest du Laurens de la Barre en a fait un conte[4].
Cette énorme pierre branlante, connue sous le nom de Men Dogan (« Pierre à Cocu »), était consultée par les maris qui éprouvaient des doutes sur la fidélité de leur épouse ; s'ils arrivaient à la mettre en mouvement, c'était que l'accusée était innocente, mais si elle restait immobile, c'était qu'hélas leurs soupçons étaient fondés[5]. En 1867, Félix Benoist a décrit en ces termes les « pierres de Trégunc », dont hélas beaucoup ont disparu depuis, victimes des carriers :
« Sur la rive gauche du ruisseau de Pouldohan, qu'on traverse au Pont-Minaouet (...) s'étend une vaste plaine de bruyères de plus de 6 kilomètres carrés, semée d'énormes blocs de granit arrondis et moussus, lesquels posés à nu, sans adhérence avec le sol, semblent y avoir été placés de main d'homme. Cette réunion de pierres (...) est considérée comme un sanctuaire druidique. À l'une de ses extrémités se dressent plusieurs menhirs, dont la plus grande élévation atteint 8 mètres, et un dolmen d'une dimension prodigieuse. Â proximité de ce dolmen on voit, sur le bord de la route, une pierre de 3 mètres 67 centimètres de longueur moyenne, sur une épaisseur de 2 mètres 67 centimètres, posée en équilibre par une saillie en cône renversé sur une autre roche presque à fleur de terre. On la nomme dans le pays la pierre "aux maris trompés" ("Men Dogan"), et d'après Ogée, elle était consultée par les maris pour éprouver la vertu de leurs femmes. Aujourd'hui encore, celui dont la femme n'est pas sage ne pourrait, dit-on, imprimer à la pierre branlante de Trégunc les mouvements oscillatoires qu'elle reçoit facilement de toute autre personne[6]. »
En 1847 Gustave Flaubert et Maxime Du Camp la visitèrent.
D'autres rochers de Trégunc ont des formes très pittoresques comme, entre le bourg et Kergunus, la "Table des sacrifices" (en fait un impressionnant chaos granitique) et la "Tête de l'éléphant", ou encore les rochers se l'estran aux environs de la Pointe de la Jument, dont certains ont visiblement été modifiés par l'homme et ont des formes telles que l'hypothèse d'un ancien sanctuaire préhistorique à cet endroit a été émise.
- Le chaos granitique de la "Table des sacrifices".
- Trégunc (entre la Pointe de la Jument et la plage de Pendruc) : rochers façonnés par l'homme (forme arrondie et base circulaire horizontale), pouvant laisser supposer l'existence à cet endroit d'un ancien lieu de culte préhistorique 1.
- Trégunc (entre la Pointe de la Jument et la plage de Pendruc) : rochers façonnés par l'homme (forme arrondie et base circulaire horizontale), pouvant laisser supposer l'existence à cet endroit d'un ancien lieu de culte préhistorique 2.
- Pointe de la Jument : rochers aux formes modifiées par les hommes pouvant correspondre à un ancien sanctuaire préhistorique.
- Pointe de la Jument, rocher en forme de tête humaine (penchée).
- Pointe de la Jument, un des rochers aux formes étranges.
La capacité de ce granit a être débité en longues planches de 2,50 mètres est à l'origine d'un mode de construction traditionnel en orthostates, dit localement « en pierres debout »[2].
Le littoral
Trégunc dispose de 23 km de littoral car celui-ci est très découpé : à l'ouest, limitrophe de l'ancienne commune de Lanriec, désormais de Concarneau, l'Anse de Pouldohan est une ria aux multiples indentations, se subdivisant principalement en deux parties principales : la branche nord-est forme l'Anse du Moulin à Mer, qui se prolonge en amont par la ria du Minaouët (propriété depuis 2020 du Conservatoire du littoral) et qui possède elle-même une ramification, l'Anse de Kerambreton ; la branche sud-est, séparée de la précédente par la Pointe de Grignallou, l'Anse de Pouldohan stricto sensu se subdivise elle aussi, sa partie orientale formant l'Anse de Ster Greich. Peu profonde, l'Anse de Pouldohan découvre largement à marée basse.
- Les rochers marquant le détroit séparant le fond de l'anse du Moulin à Mer de la ria du Minaouët entre Grignallou et Kerambreton.
- Les rochers marquant le détroit séparant le fond de l'anse du Moulin à Mer de la ria du Minaouët.
- L'Anse de Kerambreton, annexe de l'Anse du Moulin à Mer, à marée basse.
- Le chantier naval « Marée Haute » à Grignallou sur la rive est de l'Anse du Moulin à Mer.
- Le moulin à marée du fond de l'Anse du Moulin à Mer (ria du Minaouët).
- Rocher au milieu de la ria du Minaouët (photo prise de la digue du moulin à marée).
- Le fond de la ria du Minaouët à marée haute vu du pont de la D 783.
- L'entrée de l'Anse de Pouldohan vue de sa rive sud.
- L'entrée de l'Anse de Pouldohan vue de la Pointe de Grignallou.
- Anse de Pouldohan : la Pointe de Grignallou vu de la rive sud de l'anse.
- L'Anse de Pouldohan vue depuis la plage de Ster Greich (à marée haute).
- La plage de Ster Greich au fond de l'Anse de Pouldohan (à marée basse).
- Le fond de l'Anse de Pouldohan à marée basse (face à la cale de Porz an Halen).
- Restes d'épaves dans l'ancien cimetière à bateaux du fond de l'Anse de Pouldohan.
En allant vers le sud, la côte présente quelques falaises au nord de la Pointe de la Jument, mais ensuite, entre cette pointe et celle de Trévignon, située plus à l'est, la côte est basse et forme un cordon dunaire rectiligne de 6 km de long. Plusieurs étangs, en fait des marais maritimes car de l'eau de mer y pénètre lors des grandes marées ou des tempêtes, appelés localement loc'h, certains temporaires, se sont créés à l'arrière de ce cordon sableux. Les plus importants se nomment Loc'h Louargar et Loc'h Coziou. Il s'agit d'une zone naturelle protégée depuis 1982 où les eaux salées et douces provenant de la mer et des cours d'eau côtiers se mélangent. Une longue plage s'est formée le long de ce cordon littoral, portant les noms successifs de plage de Pendruc, Kerlaëren, Kerdallé, Kerouini, Pen Loc'h, Trévignon, La Baleine et Feunteunodou selon les endroits. À l'est de ce cordon dunaire une ancienne usine à iode a été transformée en « Maison du littoral ».
- La Pointe de Trévignon vue depuis la plage de Kerouini.
- La plage de Trévignon, les dunes et étangs maritimes du littoral.
- Plage de Trévignon : Ty an Aodou, la maison du littoral (ancienne usine à iode, désormais propriété du Conservatoire du littoral).
- L'un des étangs de Trévigon : le loc'h Coziou.
- L'exutoire de l'étang de Kerdallé.
- Le Loc'h Louriec, longé par le sentier littoral GR 34.
- La plage de Loc'h Louriec (plage de Kerlaëren).
- Le Loc'h Ven au sud de la Pointe de la Jument (un héron cendré à gauche).
- L'émissaire du Loc'h Ven (au sud de la Pointe de la Jument).
- La plage de Loc'h Roz vue de la cale de Pors Breign.
À l'est de la Pointe de Trévignon, s'étendent des falaises assez basses et des plages plus courtes : plage de Trez Cao, plage de Don, plage de Kersidan, plage Dourveil, cette dernière située pour partie dans la commune voisine de Névez.
- La plage Dourveil.
- La plage de Kersidan.
- Le continent vu de l'île de Raguenez.
Le long littoral dont dispose Trégunc n'a guère été propice à la création de véritables ports ; plusieurs, dans les anses de Moulin à Mer et de Pouldohan, sont de simples havres et de simples ports d'échouage, notamment Porz an Halen au fond de l'Anse de Pouldohan ; d'autres n'ont que des aménagements sommaires (Pors Breign, Port de Trévignon) et ne sont fréquentés désormais que par des bateaux de plaisance.
- Le port de Trévignon.
- La plage de Pouldohan et le port de Pors Breign.
- Le port de Pors Breign et la plage de Pouldohan (plage de Loc'h Roz) vus de l'entrée de l'anse de Pouldohan.
- Le port d'échouage du fond de l'Anse de Poudohan (Porz an Halen) et l'ancien cimetière à bateaux.
L'habitat
Le bourg de Trégunc, d'importance modeste les siècles passés, s'est nettement développé ces dernières décennies, développant des extensions en doigts de gants le long des principaux axes routiers, principalement le long de la D 783 tant à l'ouest (quartier de Kerouel) qu'à l'est (Kergleuhan) du bourg, ainsi que le long de la route en direction de Croaz Hent Bouillet en direction du nord ; des lotissements se sont développés en périphérie du bourg, principalement au sud (Kermac'h, Roudouhic), mais aussi du nord (Beg Rouz Vorch). Une zone industrielle et artisanale a aussi été créée à l'est du bourg.
Trégunc présente traditionnellement un habitat rural dispersé en nombreux hameaux et fermes isolées ; la commune conserve cet aspect dans les parties nord et est de son finage. Par contre la partie ouest, en raison de la proximité de la ville de Concarneau, connait par endroits une périurbanisation importante, qui se caractérise par la présence de lotissements résidentiels augmentant la taille de ces anciens hameaux, notamment à Croaz Hent Bouillet au nord-ouest et à Kermao, Pen Prat, Kerbiquet, Lambell, Kerlogoden et Coat Pin en allant vers le sud-ouest. Une zone industrielle s'est également développée à Kermao, à proximité de Pont Minaouët. La partie sud de la commune, riveraine de l'Océan Atlantique, a aussi connu par endroits une importante urbanisation diffuse, notamment autour des hameaux de Pouldohan et Pendruc au sud-ouest, de Saint-Philibert et surtout Trévignon au sud, ainsi que dans le quartier du Paradis au sud-est ; néanmoins les mesures de protection prises ont empêché l'urbanisation le long d'une partie notable du littoral, qui est ainsi préservé, principalement entre Loc'h Louriec et les abords de la Pointe de Trévignon.
Trévignon
La pointe de Trévignon, sur laquelle se dresse une villa-château (propriété privée), s'avance dans l'océan en direction du sud-ouest, et constitue le point le plus au sud de la commune de Trégunc[7]. Le port de Trévignon est protégé par une jetée équipée d’un phare. En son centre une construction sur pilotis abrite le canot de la SNSM. La pointe de Trévignon est entourée de petites plages et constitue le point de départ pour la visite de la zone naturelle protégée des étangs de Trévignon[8].
- La pointe de Trévignon.
- L’abri de la SNSM et le canot de sauvetage SNS 127 Ar Beg.
- La pointe de Trévignon avec sa villa-château (privé).
Climat
Le climat qui caractérise la commune est qualifié, en 2010, de « climat océanique franc », selon la typologie des climats de la France qui compte alors huit grands types de climats en métropole[9]. En 2020, la commune ressort du type « climat océanique » dans la classification établie par Météo-France, qui ne compte désormais, en première approche, que cinq grands types de climats en métropole. Ce type de climat se traduit par des températures douces et une pluviométrie relativement abondante (en liaison avec les perturbations venant de l'Atlantique), répartie tout au long de l'année avec un léger maximum d'octobre à février[10].
Les paramètres climatiques qui ont permis d’établir la typologie de 2010 comportent six variables pour les températures et huit pour les précipitations, dont les valeurs correspondent aux données mensuelles sur la normale 1971-2000[11]. Les sept principales variables caractérisant la commune sont présentées dans l'encadré ci-après.
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Avec le changement climatique, ces variables ont évolué. Une étude réalisée en 2014 par la Direction générale de l'Énergie et du Climat[13] complétée par des études régionales[14] prévoit en effet que la température moyenne devrait croître et la pluviométrie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations régionales. Ces changements peuvent être constatés sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Melgven », sur la commune de Melgven, mise en service en 1982[15] et qui se trouve à 6 km à vol d'oiseau[16] - [Note 3], où la température moyenne annuelle est de 11,9 °C et la hauteur de précipitations de 1 132 mm pour la période 1981-2010[17]. Sur la station météorologique historique la plus proche, « Quimper », sur la commune de Pluguffan, mise en service en 1967 et à 28 km[18], la température moyenne annuelle évolue de 11,5 °C pour la période 1971-2000[19], à 11,8 °C pour 1981-2010[20], puis à 12 °C pour 1991-2020[21].
Urbanisme
Typologie
Trégunc est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 4] - [22] - [23] - [24]. Elle appartient à l'unité urbaine de Concarneau, une agglomération intra-départementale regroupant 2 communes[25] et 26 091 habitants en 2017, dont elle est une commune de la banlieue[26] - [27]. La commune est en outre hors attraction des villes[28] - [29].
La commune, bordée par l'océan Atlantique, est également une commune littorale au sens de la loi du , dite loi littoral[30]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique du littoral, comme par exemple le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si le plan local d’urbanisme le prévoit[31] - [32].
Occupation des sols
Le tableau ci-dessous présente l'occupation des sols de la commune en 2018, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d'occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC).
Type d’occupation | Pourcentage | Superficie (en hectares) |
---|---|---|
Tissu urbain discontinu | 14,3 % | 728 |
Équipements sportifs et de loisirs | 0,5 % | 27 |
Terres arables hors périmètres d'irrigation | 31,8 % | 1 313 |
Prairies et autres surfaces toujours en herbe | 1,0 % | 52 |
Systèmes culturaux et parcellaires complexes | 38,8 % | 1 606 |
Surfaces essentiellement agricoles interrompues par des espaces naturels importants | 1,9 % | 94 |
Forêts de feuillus | 4,8 % | 243 |
Forêts mélangées | 4,3 % | 219 |
Plages, dunes et sable | 1,0 % | 51 |
Marais maritimes | 0,8 % | 43 |
Zones intertidales | 0,06 % | 3 |
Plans d'eau | 0,7 % | 34 |
Mers et océans | 0,06 % | 3 |
Source : Corine Land Cover[33] |
Toponymie
Les formes anciennes attestées sont Treguent (1038), Treguenc (1084), Treguenc (XIe siècle), Treguenc (1112), Treguent (XIIe siècle), Tregunc (1270), Trefguen (1368), Trefguenc (1368), Tresguenc (1368), Tregueuc (1370), Treguenc (1516), Treguenc (1536), Treguen (1630).
Selon le toponymiste Bernard Tanguy, "Tré" ne semble pas désigner une trève mais signifierait trans et propose Konk comme seconde partie de ce toponyme et lui donne le sens de « bras de mer » ou « bras de mer se mêlant à la terre » et serait à rapprocher de Konk de Concarneau, le toponyme signifiant « au-delà du bras de mer » (baie de Concarneau).
Le Chevalier de Fréminville proposait en 1844 une autre explication, liée à l'abondance des mégalithes dans la commune qui est la plus abondante du Finistère ; cette abondance s'explique selon lui par le fait qu'il s'agissait d'un cimetière préhistorique (qu'il qualifie à tort de "celtique"), un carneillou[34] : « Trégunc, ou plutôt Trecunc'h (...) signifie en celtique vallée des plaintes, des gémissements, ce qui peut se traduire par lieu de deuil et de douleur, dénomination parfaitement applicable à un cimetière[35].
Histoire
Préhistoire
« Henri Martin a décrit dans les landes qui s'étendent de Pont-Aven à Concarneau (...) une table monolithe d'environ 10 mètres de long, et posée sur une autre masse allongée; on remarque à la surface quelques dépressions ou petits bassins qui peuvent à la rigueur être naturels ; mais deux cavités plus larges et plus profondes, se correspondant sur les deux côtés de la table, ont été évidemment pratiquées de main d'homme, dans un but qui n'a rien d'équivoque. Deux blocs de moindre dimension sont couchés à droite et à gauche de la table ; on montait sur ces blocs, puis, de là, on mettait le pied dans les cavités pour gravir sur la table, où pouvait se tenir un groupe de prêtres en vue d'une nombreuse assistance. Les paysans appellent encore ce dolmen l'autel (an aoter) »[37].
En 1845, Charles Nodier, Justin Taylor et Alphonse de Cailleux évoquent « la "Pierre vacillante" de Trégunc, qu'on voit au bord de la route de Pont-Aven (...). C'est un bloc d'un volume considérable, posé en équilibre, et comme suspendu sur la pointe d'une autre pierre adhérente au sol » qu'ils qualifient de "monument celtique"[38] [en fait il s'agit d'un phénomène naturel dû à l'érosion].
La même année, A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent « un cromlec'h formé de onze pierres granitiques qui n'aurait pas moins de 82 mètres de diamètre. Le douzième bloc qui le composait a dû être détruit pour faire place à la route de Concarneau à Pont-Aven »[39].
Benjamin Girard indique en 1889 : « La commune de Trégunc possède de nombreux monuments celtiques [en fait préhistoriques] : ainsi, après avoir passé le pont Minaouët, sur la route départementale no 1, on trouve une vaste plaine de bruyères de plus de six kilomètres carrés, cimetière ou sanctuaire druidique, semée de blocs de granite arrondis et moussus, parmi lesquels on reconnaît plusieurs menhirs de huit mètres de hauteur, et un dolmen d'une dimension considérable »[40].
Les dolmens étaient nombreux mais ont presque tous disparu, détruits par les carriers ; un seul subsiste, très abîmé (seule une pierre empêche la table de tomber), à Kermadoué[41]. Deux menhirs subsistent à Kérangallou et Kergleuhan ; d'autres monuments mégalithiques ont disparu comme le tumulus de Keriquel[42] qui fut fouillé par Paul du Châtellier[43].
- La stèle protohistorique de Kerdallé (inscrit monument historique par arrêté du ).
- Les deux stèles protohistoriques situées devant la chapelle Saint-Philibert 2.
- Une des deux stèles protohistoriques situées devant la chapelle Saint-Philibert.
- L'autre des deux stèles protohistoriques situées devant la chapelle Saint-Philibert.
Le menhir christianisé de Kernalec est situé dans le hameau du même nom. Cette stèle protohistorique christianisée est classée monument historique par arrêté du [44].
- Le menhir christianisé de Kernalec.
- Le menhir christianisé de Kernalec.
Le menhir christianisé de Kerangallou, classé par arrêté du ,situé sur le domaine privé des Grandes Roches, va être autorisé à la visite à la suite d'un accord entre les proproiétaires et la comune de Trégunc[45].
Antiquité
Le haut Moyen Âge
Le "Pou Trégunc" aurait été l'un des pagi de la Cornouaille au haut Moyen Âge.
Les seigneuries vers 1420
En 1420, neuf manoirs nobles, nommés Ker-Aergugruz (Kergunus), Le Pollay, Ker-Guen, Kerguern, La Motte, Pouleaul, Stanguen, Ker-Madezoac, et La Rivière (ce dernier appartenant en 1360 à Pierre de Rostrenen) étaient recensés dans la paroisse de Trégunc[46].
La seigneurie de Penanrun
Penanrun (le toponyme signifie en breton "sommet du tertre") est déjà cité en 1246 dans le cartulaire de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé. La seigneurie aurait été créée au XVe siècle, son premier seigneur connu étant Yvon de Penanrun qui, en 1513, fait construire le moulin à marée du Minaouët. La montre de Cornouaille de 1562 cite Pierre de Penanrun. Dans la seconde moitié du XVIe siècle, la famille de Penanrun tombe en quenouille en raison du mariage de Jeanne de Penanrun, héritière de la seigneurie, avec Christophe de la Rocherousse, seigneur de Penanros en Nizon, auquel succède son fils Yves de la Rocherousse, puis son petit-fils Charles de la Rocherousse. Au début du XVIIIe siècle, la seigneurie tombe à nouveau en quenouille en raison du mariage de Marguerite de la Rocherousse avec Pierre Aubert[47], sieur de Ferrière et de Vincelles[48].
En 1845 « le vieux manoir de Pennanrunt [est] flanqué de deux tourelles et d'un pavillon carré qui semble l'appuyer par l'arrière. Ce manoir est en mauvais état et mériterait d'être réparé »[39]. De nos jours, il n'en subsiste que quelques éléments : acrotère, fronton de la porte piétonnière et archère canonnière[48].
La seigneurie de Kergunus
La première mention connue de Kergunus se trouve dans le cartulaire de Quimper, qui date de 1086, sous le nom de Kaerkennus. La seigneurie de Kergunus appartenait depuis le XIVe siècle aux seigneurs de Kerymerch (en Bannalec), puis à la famille de Guer à partir de 1603. Un membre de cette famille, Alain de Guer, devint en 1657 marquis de Pont-Callec ; son petit-fils, Chrysogone-Clément de Guer, troisième marquis de Pont-Callec, fut l'un des meneurs de la Conspiration de Pontcallec. Cette seigneurie avait un pouvoir de juridiction (au moins de basse justice), qui subsistait encore en 1789[49].
Les vestiges du vieux château fortifié de Kergunus ont été retrouvés « à un kilomètre au nord du bourg de Trégunc, à 400 mètres au-delà du grand menhir de Kerangallou, [dans] le bois taillis de Kergunus » à la suite d'un abattage de bois par le chanoine Jean-Marie Abgrall en 1906[50].
« La forme générale de l'enceinte est un pentagone irrégulier, se rapprochant plutôt du triangle ; la longueur intérieure de ce qu'on pourrait appeler l'axe est de 50 m ; la largeur maxima, 37 m. Cette enceinte est formée de retranchements de terre, avec douves au sud-ouest et au sud, retranchements qui en certains points ont 5, 6 ou 7 m de hauteur au-dessus du fond des douves. (...) Aux angles ouest, nord-est et sud-est sont des tours rondes de 4 m de diamètre, celle de l'ouest formant une sorte d'éperon. (...) La maçonnerie de cette tour, ainsi que celle des murs d'enceinte, est faite en moellons de gneiss micacé (...). Le mortier est simplement de l'argile ou de la terre glaise ; on ne trouve pas la moindre trace de chaux, ce qui doit faire attribuer à cet établissement une date antérieure au XIIe siècle. (...) La forteresse de Kergunus (...) n'est pas (...) une véritable motte, c'est plutôt un plateau fortifié, pris dans une sorte de promontoire qui s'avance dans le vallon. (...) Il semble que cet établissement appartient à la famille des châteaux et mottes du Xe siècle et XIe siècle[50]. »
L'importance de l'alcoolisme
Le père Maunoir, célèbre prédicateur, découvrit à Trégunc un très vieux curé[Note 5] « qui ne s'était jamais enivré, ce qui lui parut stupéfiant dans un pays où, même parmi les prêtres, la sobriété était une vertu héroïque[51].
Le pillage de La Dame Regineau
Le , La Dame Regineau, un navire suédois de Wismar de cent tonneaux fait naufrage aux Glénan et son épave dérive jusqu'à Trégunc. Le lieutenant de l'amirauté René Ranou décrit ainsi le pillage de l'épave :
« Au long de la côte était une multitude de personnes de différents sexes, hommes, femmes et enfants, au nombre de trois cents personnes, presque toutes ayant des brocs, pots ou autres vases, et plusieurs armés de haches et bâtons, auxquelles nous avons représenté que le port de pareilles armes ne leur était point permis et annonçait de mauvais desseins sur ce bâtiment. Mais inutilement les avons requis de se retirer, même d'emporter leurs pots et autres vases, et sur ce que nous avons demandé les noms du procureur terrien de la paroisse de Trégunc, des gardes-côtes et des officiers, ces gens nous ont répondu qu'ils étaient absents de la paroisse. Et autour de la coque du bâtiment nous avons vu cinq chaloupes qui en retiraient des barriques, lesquelles nous avons fait héler pour se rendre à terre, à quoi elles n'ont porté aucun état et ont mis à la voile faisant route vers les Glénan[52]. »
Le pillage de la Parfaite
En 1754 la Parfaite, en raison d'un mât cassé, dérive et s'échoue sur une anse de sable à Trégunc. Le navire, non endommagé par ailleurs, est pillé la nuit suivante, et incendié. Yves Maurice, dit Campin, aubergiste et cordonnier à Saint-Philibert, accusé d'avoir allumé l'incendie du navire, fut condamné à mort le par la Cour de justice de Quimper ; il fut pendu et son corps resta accroché à la potence « dressée proche de l'endroit de l'écoulement et incendie du dit navire » à Kerouini. Pendant quatre ans les pillages de navires cessèrent[53]
Trégunc vers 1778
En 1759 la paroisse de Trégunc devait chaque année fournir 46 hommes pour servir de garde-côtes[54].
Jean-Baptiste Ogée décrit ainsi Trégunc vers 1778 :
« Cette paroisse (...) compte 3 000 communiants[55]. (...) Le territoire, bordé au Sud par la mer et coupé de ruisseaux qui coulent dans les vallons, est très bien cultivé et fertile en toutes sortes de grains. On remarque, près le grand chemin[56], une pierre d'une grosseur prodigieuse, élevée d'environ quinze pieds de hauteur, et soutenue en équilibre par les rochers sur lesquels elle est placée. On la fait mouvoir sensiblement en la poussant avec force des deux mains. On la nomme la pierre aux cocus, parce que les habitants du pays prétendent qu'elle résiste aux efforts de ceux dont la femme n'est pas sage ; de sorte que celui qui, malgré ses efforts, ne peut lui donner du mouvement, est réputé cocu[46]. »
Révolution française
Dans la nuit du 16 au 17 floréal an IV (5 au ), « des inconnus pénètrent chez Jean-Julien-Marie Robert, notaire et président du canton de Trégunc et l'assassinèrent. Ils coupèrent en outre l'arbre de la liberté et commirent un vol chez Luc Martin »[57]. Il s'agissait d'une bande de chouans, probablement dirigée par Jean François Edme Le Paige de Bar.
La batterie de la Pointe de la Jument
La batterie de Beg ar Gazel ("Pointe de la Jument") est construite en 1807, elle remplace un corps de garde existant depuis l'époque de Vauban[58].
- La Pointe de la Jument : l'amer et l'ancienne batterie.
- La Pointe de la Jument : l'ancienne batterie.
Le pays des « pierres debout » (men zao, en breton)
Les premières constructions en « pierre debout » (orthostates) remonteraient au XVIIe siècle (un acte de vente de maison en parle en 1695), mais elles se seraient développées surtout au XIXe siècle à Trégunc et Névez, servant de murs à de nombreuses maisons, d'autres « pierres debout » étant dressées en clôture des parcelles ou des propriétés ; leur origine serait due à la nécessité de débarrasser les champs des nombreux chaos rocheux qui les encombraient, particulièrement sur les bords de l'Aven. De nombreuses constructions en « pierre debout » ont été détruites, car méprisées, dans le courant du XXe siècle, mais une soixantaine d'entre elles subsistent[59].
Jean-François Brousmiche, vers 1830, les décrit ainsi :
« Elles forment d'une seule longueur la hauteur des édifices ; on les applique l'une contre l'autre sans chaux ni ciment : elles se soutiennent de leur propre poids et forment des murailles inébranlables[60]. »
Les « pierres debout » et leur exploitation sont évoquées dans un cahier d'écolier :
« Dans presque tous les champs, on voit de gros rochers qui gênent les laboureurs ; les carriers les font sauter. Il y en a d'énormes. Sur l'un d'entre eux pousse un arbre ; un autre, énorme,que l'on peut faire bouger, se nomme « La Roche tremblante ». Au bord de la route de Concarneau, on peut voir un dolmen naturel. Des pierres plates et longues, enfoncées dans la terre, côte à côte, servent de talus, ou de murs aux vieilles maisons. Sur la côte, de gros cailloux ont des formes bizarres, exemple "La Tête de la Jument". (...) [Le carrier] fait un trou dans le granit avec une barre qu'il enfonce à grands coups de marteau. Il met de la poudre dans le trou, la tasse, introduit une longe mèche, y met le feu, s'éloigne, souffle dans une trompe et gare à la mine ! Et... boum, les cailloux sautent. Un cric soulèvera les gros blocs[61]. »
Jusqu'au XIXe siècle, l'exploitation du granit constituait la principale activité à Trégunc et Névez ; elle faisait vivre des centaines de tailleurs de pierre. À Trégunc, il existait une douzaine de lieux d'extraction et d'exploitation disséminés sur l'ensemble de la commune. De nombreux manoirs, châteaux, chapelles, églises, puits, fours à pain, moulins, maisons, etc. de la région sont construits en granit bleu de Trégunc, de même que de nombreux linteaux de cheminée[59].
Trégunc décrit vers le milieu du XIXe siècle
Pendant la Monarchie de Juillet, la municipalité de Trégunc affirme que l'utilité de la création d'une école en application de la loi Guizot n'est pas démontrée, « les élèves n'ayant de communication qu'avec des personnes parlant breton, ne parviendraent jamais, à l'aide des leçons de leurs instituteurs, qu'à lire et parler breton, quand l'important serait de leur apprendre à lire et parler français »[62].
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Trégunc en 1845 :
« (...) Principaux villages : Lanvintin, Kergoat, Kerhalon, Kerlary, Trévic, Pouldohan, Kerhariou, Trémot, Querrin, Trévignon, Tréberrouant. Maisons importantes : manoirs de Kerminaouët, de Keraouennec. Superficie totale : 5 098 hectares dont (...) terres labourables 1952 ha, prés et pâtures 233 ha, bois 161 ha, vergers et jardins 32 ha, canaux et étangs 12 ha, landes et incultes 2 212 ha (...). Moulins : 5 (à eau : de Runt, de Kerléau ; à vent : de Pennanrunt, de Kerbrat, un à marée. (...) Outre [l']église, il y a trois chapelles : Saint-Philibert, Notre-Dame de Kervern et Sainte-Élisabeth. (...) Géologie : granite, gneiss au nord du bourg. On parle le breton[39]. »
En 1853 une épidémie de fièvre typhoïde d'une forte intensité survient à Trégunc. Le docteur Gestin décrit les mauvaises conditions d'hygiène des habitations rurales, la situation des malades « croupissant dans des crèches sans paille fraîche, et sans autre couverture que leurs haillons », une nourriture végétale insuffisante et l'absence de médecins qui n'ont presque jamais été appelés à Trégunc. De plus « nulle part dans le canton de Concarneau les cultivateurs ne se livrent avec plus de fréquence aux excès alcooliques et surtout à l'usage habituel du cidre mal préparé et souvent altéré par une fermentation acide trop prononcée »[63].
En 1885-1886 une épidémie de choléra fit plusieurs victimes à Trégunc[64].
La reconstruction de l'église paroissiale
L'ancienne église paroissiale de Trégunc avait été construite à plusieurs époques, sa principale reconstruction datant de la première moitié du XVIIIe siècle[39].
La reconstruction de l'église paroissiale Saint-Marc, par l'architecte diocésain Joseph Bigot, était prévue en moellons recouverts de mortier. Des protestations et manifestations des tailleurs de pierre locaux, qui se rassemblèrent chaque dimanche plusieurs semaines durant devant l'enclos paroissial, et de l'argent supplémentaire collecté parmi les paroissiens, permirent finalement sa construction en granit du pays. Surnommée "la cathédrale" en raison de ses dimensions imposantes, elle fut consacrée par l'évêque de Quimper le . L'instabilité des fondations, entraînée par le déblaiement de terres lors du transfert du cimetière, imposa a construction de deux escaliers pour les porches ouest et sud, ainsi que celle d'un contrefort, le tout en granit[59].
- Femmes de Trégunc (vers 1880, photographie, auteur anonyme).
En 1887 la commune de Trégunc fut dans l'obligation de construire une école publique de filles et une de garçons afin de respecter la loi du sur les constructions d'office qui oblige les communes dépourvues d'école publique à en construire une[65].
Une chasse à l'homme à Trégunc
En une véritable chasse à l'homme fut organisée à Trégunc et dans les communes avoisinantes afin de rechercher Yves Le Terrec, accusé d'avoir commis le un incendie volontaire, précédé d'un vol d'argent, dans lequel avaient péri 4 infirmes. Il fut arrêté le [66]. Une gwerz chantait (extrait traduit du breton) :
Celui qui a eu le cœur d'accomplir un tel méfait
Devrait être mis vivant entre quatre chevaux
Et ensuite mis au bûcher pour servir d'exemple en Basse-Bretagne
Et ses cendres jetées au vent.
La Belle Époque
L'abbé Fleiter, recteur de Trégunc, écrit en 1903 : « La paroisse est essentiellement bretonne [bretonnante] (...). Nous rencontrerions certainement une très forte opposition de la part des parents si nous poussions au changement de langage » pour l'enseignement du catéchisme[67].
Trois membres d'une même famille de Trégunc, Nicolas Colin, son épouse Marie-Anne Bellec et leur fille Marie, âgée de 14 ans, se noyèrent à bord de leur charrette lors d'un retour de noces dans l'étang de Kérennével en Melgven, appartenant à M. de Saint-Georges. Leur cheval aurait fait une embardée à un endroit où la route longe l'étang[68].
La voie ferrée allant de Quimperlé à Concarneau dessert entre autres les gares de Pont-Aven, Nizon, Névez, Trégunc et Lanriec à partir de 1908 ; c'est une ligne ferroviaire à voie métrique exploitée par les Chemins de fer départementaux du Finistère ; la ligne ferma en 1936.
- Goémonières à la Pointe de Trévignon (1912, photographie de Charles Lhermitte).
La Première Guerre mondiale
Le monument aux morts de Trégunc porte les noms de 188 soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Parmi eux, trois au moins (Jean Dagorn, Yves Furic, Joseph Jaffrezic) sont morts sur le front belge lors de la Course à la mer ; trois au moins (Guillaume Burel, décédé en Grèce ; Yves Costiou, décédé en Turquie lors de la bataille de Sedd-Ul-Bahr ; Joseph Le Beux, décédé en Serbie) sont décédés dans les Balkans car ils étaient membres de l'Armée française d'Orient ; deux au moins (François Le Bail, Alain Tallec) sont décédés alors qu'ils étaient prisonniers en Allemagne ; cinq au moins (Jean Costiou, André Marrec, Pierre Morvan, Louis Rica, Nicolas Roblet) sont disparus en mer ; la plupart des autres sont décédés sur le sol français. Le capitaine René De La Lande de Calan[69] fut à titre posthume décoré de la Légion d'honneur et de la Croix de guerre[70].
L'Entre-deux-guerres
L'ouverture d'une école catholique à Trégunc en 1931 déchaîna de vives controverses entre catholiques et anticléricaux[71].
- Jeune fille de Trégunc à la fontaine vers 1920 (carte postale Villard).
- Jeune fille de Trégunc priant [vers 1920] (carte postale Villard).
- La carrière de granite de Kervern (carte postale Leclaire, vers 1935).
La Seconde Guerre mondiale
Le , quatre aviateurs britanniques sont abattus au-dessus de la baie de Concarneau ; deux des aviateurs, les sergents John Allan Macnaughton et Cyril Kenneth Woolnough[72], sont inhumés à Trégunc (l'un d'entre eux, le lieutenant J.R. Bendell, pilote, a sa tombe dans le cimetière de Lanriec et un autre à Fouesnant)[73].
Le , un avion américain s'écrase sur le territoire de la commune de Trégunc, les deux aviateurs, ayant sauté en parachute, atterrissent dans la commune voisine de Névez. Le , les cadavres de quatre aviateurs américains dont l'avion s'est perdu en mer aux large de l'archipel des Glénan, sont trouvés au large de la passe de Trévignon en Trégunc[74].
La kommandantur de Trégunc se trouvait à l'école des filles. Le , Marcel Michelet[75], 24 ans, est tué par les Allemands alors qu'il tentait d'échapper à un contrôle d'identité[76].
Le monument aux morts de Trégunc porte en tout les noms de 65 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale[70]. Parmi elles, des marins disparus en mer, par exemple Jean Jambou[77], Yves Guinvarch[78] et Louis Quentel[79] ; des soldats morts au champ d'honneur, Mathieu Furic, tué le et François Gouarant, tué le , tous les deux en Allemagne vers la fin de la guerre. Jean Bourhis, prisonnier de guerre, est mort en captivité en Allemagne.
Plusieurs résistants originaires de Trégunc ont été victimes de la guerre : Pierre Carduner, né le à Trégunc, militant communiste, coiffeur à Lanriec (son salon de coiffure fut une plaque tournante de la Résistance), fut déporté le depuis la gare de l'Est à Paris vers le camp de concentration de Struthof-Natzwiller et mourut à Dachau le [80]. Jean Marie Jaffrezic[81] fut arrêté le lors d'une rafle au Cosquer en Trégunc, pour faits de résistance, et est mort en déportation au camp de concentration de Neuengamme le . Jean Sellin[82] est également mort en déportation à Buchenwald le .
Marc Bourhis, instituteur à Trégunc, militant communiste trostkiste, détenu au camp de Choisel à Châteaubriant, fut fusillé le en même temps que Pierre Guéguin, lui aussi instituteur communiste et maire de Concarneau[83].
La ferme de Keramborn en Trégunc, dont le fermier était Jules Girard, fut un point de ralliement par les résistants du groupe "Vengeance" de Concarneau dirigé par Georges Martin. Deux aviateurs américains, Joe Lilly (blessé à la cheville) et Bill Hawkins, dont l'avion tomba le près du bar de Beg Postillon en Trégunc, y furent aussi cachés[84].
Yves Berth[85] fut tué le près de la ferme de la Pointe du Postillon (en Trégunc), sur la route Trégunc - Pont-Aven, lors des combats de l'embuscade de Kernaourlan (en Nizon), l'attaque d’un convoi allemand par une trentaine de résistants du réseau Vengeance faisant une quarantaine de morts côté allemand[86]. Trégunc est libéré le .
L'après-Seconde-Guerre-mondiale
Un Trégunois est mort pour la France pendant la guerre d'Indochine (le lieutenant René De La Lande de Calan[87]) et trois pendant la guerre d'Algérie (Jean Le Don, René Le Heurt, Paul Trolez)[70].
Le XXIe siècle
Le le chalutier Amaryllis, de Concarneau, fit naufrage près de la pointe de Trévignon et les deux marins à bord dérivaient en raison du courant et étaient à bout de force lorsqu'ils furent secourus par des riverains[88].
Politique et administration
Liste des maires
Population et société
Évolution démographique
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[94]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[95].
En 2020, la commune comptait 7 058 habitants[Note 7], en diminution de 0,07 % par rapport à 2014 (Finistère : +1,25 %, France hors Mayotte : +1,9 %). Le maximum de la population a été atteint en 2014 avec 7 063 habitants.
Pyramide des âges
La population de la commune est relativement âgée. En 2018, le taux de personnes d'un âge inférieur à 30 ans s'élève à 24,7 %, soit en dessous de la moyenne départementale (32,5 %). À l'inverse, le taux de personnes d'âge supérieur à 60 ans est de 40,0 % la même année, alors qu'il est de 29,8 % au niveau départemental.
En 2018, la commune comptait 3 373 hommes pour 3 666 femmes, soit un taux de 52,08 % de femmes, légèrement supérieur au taux départemental (51,41 %).
Les pyramides des âges de la commune et du département s'établissent comme suit.
Les écoles primaires et maternelles
- École maternelle et élémentaire publique Marc-Bourhis.
- Groupe scolaire René-Daniel (à Saint-Philibert).
- École Saint-Michel (privé).
- École Diwan (privé/associatif).
Enseignement secondaire
- Collège et lycée Saint-Marc (annexe de l'ensemble scolaire privé Saint-Joseph de Concarneau).
Économie
Entreprises trégunoises
- Brasserie de Bretagne, brasserie locale produisant entre autres la bière Britt et le Britt Cola.
- Guy Cotten, spécialiste du vêtement de mer et de mode marine.
Culture locale et patrimoine
Une partie des scènes du court-métrage L'Ami y'a bon de Rachid Bouchareb a été tournée dans les ruines de la chapelle Sainte-Élisabeth.
Langue bretonne
L’adhésion à la charte Ya d’ar brezhoneg a été votée par le conseil municipal le .
À la rentrée 2018, 57 élèves étaient scolarisés à l’école Diwan (soit 9,2 % des enfants de la commune inscrits dans le primaire)[100].
Sites
- La Ria du Minaouët et l'Anse de la Jument.
- La Pointe de la Jument et ses environs.
- Les marais et étangs à l'est de la Pointe de Trévignon.
- La Pointe de Trévignon.
- Le moulin à marée du Minaouët. Bâti au début du XVIe siècle, cet ancien moulin seigneurial, est placé sur une digue barrant la ria qui sépare les communes de Trégunc et Concarneau[101].
Monuments
- Église paroissiale Saint-Marc.
- La Roche tremblante ;
- Menhir de Kérangallou classé au titre des monuments historiques par arrêté du 13 mai 1930[102] ;
- Menhir de Kergleuhant classé au titre des monuments historiques par arrêté du 29 juin 1965[103].
- La chapelle Saint-Philibert et ses deux stèles protohistoriques ;
- Vue extérieure d'ensemble et stèles protohistoriques.
- La façade.
- Détail des décors de la fenêtre-pignon du bas-côté sud.
- Une des gargouilles sculptées du clocher.
- Vue intérieure d'ensemble, la net et le chœur.
- Le maître-autel datant du XVIIIe siècle.
- Groupe sculpté représentant sainte Anne, la Vierge et l'Enfant Jésus.
- Vue d'ensemble depuis le sud-ouest.
- Vue du sud.
- Vue extérieure d'ensemble et la stèle.
- Stèle devant la chapelle.
- Croix située à proximité de la chapelle.
- Le château de Trévignon ;
- Le château de Kerminaouët, construit en 1905 par l'architecte Charles Chaussepied.
- Le château (villa privée) de la Pointe de Trévignon.
- Le château de Kerminaouët.
Personnalités liées à la commune
- Marc Bourhis, militant trotskiste, l’un des vingt-sept fusillés de Châteaubriant (1941).
- Stéphane Guivarc'h, entraîneur de l'équipe de football de l'US Trégunc, ancien attaquant de l'équipe de France de football championne du monde en 1998.
- Guy Cotten, entrepreneur ayant fondé la marque du même nom et aujourd’hui un des leaders mondiaux des équipements pour marins-pêcheurs et plaisanciers.
- Henri Ponthier de Chamaillard, ancien maire, ancien sénateur du Finistère.
Notes et références
Notes
- L'amplitude thermique annuelle mesure la différence entre la température moyenne de juillet et celle de janvier. Cette variable est généralement reconnue comme critère de discrimination entre climats océaniques et continentaux.
- Une précipitation, en météorologie, est un ensemble organisé de particules d'eau liquide ou solide tombant en chute libre au sein de l'atmosphère. La quantité de précipitation atteignant une portion de surface terrestre donnée en un intervalle de temps donné est évaluée par la hauteur de précipitation, que mesurent les pluviomètres[12].
- La distance est calculée à vol d'oiseau entre la station météorologique proprement dite et le chef-lieu de commune.
- Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
- Il s'agit de Jean de Paradis, nommé ainsi car né dans le village de Paradis en Trégunc.
- Philippe Balthazar de Bonnafos de La Motte, né le à Mourjou (Cantal), décédé le à la Métaierie de Kerminaouët en Trégunc.
- Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2023, millésimée 2020, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2022, date de référence statistique : 1er janvier 2020.
- Assure l'intérim au décès d'Alexandre Prouhet.
- Assure l'intérim à la mort de Joseph Marie Prouhet.
- Nommé par le gouvernement de Vichy.
- Retrouve son mandat à la libération de Trégunc, le 8 août 1944.
Références
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- « Men dogan », sur Topic-Topos (consulté le ).
- Yann Brékilien, La vie quotidienne des paysans bretons au XIXe siècle, Librairie Hachette, 1966
- Félix Benoist, La Bretagne contemporaine, tome "Finistère", 1867, Henri Charpentier imprimeur-éditeur
- A noter qu'un thonier, le Trévignon, a été baptisé d'après le nom de cette pointe.
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- Personnes en âge de communier
- Il s'agit de la route allant de Quimperlé à Concarneau
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- Jean-François Brousmiche, "Voyage dans le Finistère, 1829, 1830 et 1831"
- Extraits d'un cahier d'écolier, non daté, reproduit dans Marylène Naviner, Les tailleurs de pierre debout de Trégunc et de Névez, revue "Micheriou Koz" n° 22, hiver 2009-2010
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- « Menhir », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
Voir aussi
Bibliographie
- Le petit train de Pont-Aven, Annick Fleitour, Éditions Ressac, Quimper, 1999. (Historique de la petite ligne de chemin de fer à voie étroite qui desservait Trégunc de 1908 à 1936)