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Ministre d'État (France)

En France, le titre de ministre d'État est utilisé sous différents régimes dans des situations très différentes. Sous la Cinquième République, le ministre d'État jouit d'une prééminence protocolaire dans le gouvernement, devant les ministres, et, selon une interprétation non admise par tous[1], dispose de la prérogative d'organiser des réunions interministérielles, tel un vice-Premier ministre[2].

Ministre d'État
Image illustrative de l’article Ministre d'État (France)
Titulaire actuel
Poste vacant
depuis le
Création Ancien Régime
Mandant Président de la République et Premier ministre
Dernier titulaire François de Rugy

Ancien RĂ©gime

Le titre de ministre d'État est apparu sous Louis XIII pour dĂ©signer les conseillers du roi qui siĂ©geaient au Conseil d'en haut, futur Conseil d'État. Les ministres d'État Ă©taient alors nommĂ©s par lettres patentes[3]. Ă€ partir de 1661, dĂ©but du « pouvoir personnel » de Louis XIV, la nomination par lettres patentes disparaĂ®t : le roi appelle qui il veut Ă  son Conseil d'en haut. Les invitations royales n'Ă©taient valables que pour une sĂ©ance et devaient donc ĂŞtre renouvelĂ©es tant que la personne dĂ©signĂ©e gardait la confiance du souverain. Cependant, le fait d'avoir Ă©tĂ© invitĂ©e une fois au Conseil donnait droit Ă  cette personne d'ĂŞtre appelĂ©e ministre d'État sa vie durant[4], et mĂŞme de toucher une pension viagère d'environ 20 000 livres[3]. Les ministres d'État prĂ©sents au Conseil restaient peu nombreux, entre trois et cinq au cours du règne de Louis XIV, moins d'une dizaine sous Louis XV et Louis XVI. Ils participaient aussi au Conseil des DĂ©pĂŞches. Il n'y a pas de recouvrement systĂ©matique entre la fonction de secrĂ©taire d'État et le titre de ministre d'État, mais plusieurs personnalitĂ©s rĂ©unissaient les deux qualitĂ©s, surtout les secrĂ©taires d'État des Affaires Ă©trangères[3].

Premier Empire

SupprimĂ© au moment de la RĂ©volution française, le titre de ministre d'État a Ă©tĂ© recrĂ©Ă© sous le Premier Empire, NapolĂ©on donne le titre de ministre d'État Ă  des personnalitĂ©s titulaires de hautes fonctions administratives. Mais ce titre, purement honorifique, ne met pas les bĂ©nĂ©ficiaires au mĂŞme niveau que les ministres Ă  portefeuille. L'Empereur lui-mĂŞme l'a exprimĂ© clairement : « Je ne considère donc l'institution de mes ministres d'État que comme une grande rĂ©compense [...]. Mes ministres d'État peuvent et doivent ĂŞtre, pour le travail, sous les ordres de mes ministres, comme le sont les conseillers d'État chargĂ©s d'une branche de l'administration Â». Cette dignitĂ© est viagère mais ceux qui la reçoivent restent, pour leur travail au moins, sous les ordres des ministres de plein exercice. Jusqu'en 1813, les ministres d'Ă©tat ne participent pas au conseil des ministres. Ils sont en revanche admis au Conseil privĂ© et, quoique rarement, Ă  des conseils extraordinaires de cabinet qui se tiennent dĂ©but 1813 en vue de reformer la rĂ©gence.

Quinze personnalités seront décorées de ce titre :

Restauration

Sous la Restauration, le titre est essentiellement honorifique. Il était alors attribué, sans que cela soit systématique ni exclusif, aux ministres sortis de charge, après leur démission. Cette tradition est suffisamment habituelle pour que, par contraste, le fait, pour le roi, de ne pas le donner à un ancien ministre, était considéré comme un affront. En 1815, Louis XVIII a créé un Conseil privé, distinct du Conseil des ministres, et auquel devaient assister les ministres d'État, ce qui n'était pas sans rappeler l'Ancien Régime. Toutefois, ce Conseil privé n'a presque jamais été réuni. Le rôle de ce titre honorifique de ministre d'État est proche de celui utilisé actuellement en Belgique.

Second Empire

La situation était nettement différente sous le Second Empire. Napoléon III avait en effet institué un ministère d'État et le ministre d'État était le titulaire de ce ministère. Le ministère d'État était chargé de la politique de prestige de l'Empire, en particulier de l'organisation de fêtes et cérémonies. Il intervenait dans le domaine des beaux-arts, des théâtres et des musées. Le ministre d'État était donc un ministre à part entière[5] - [6].

La RĂ©publique

Les différents régimes républicains ont repris le titre de ministre d'État pour l'attribuer à des membres du Gouvernement qu'il convenait d'honorer.

Sous la Troisième République et la Quatrième République, le titre de ministre d'État était attribué à des personnalités politiques ou non, afin de leur permettre de participer au gouvernement sans avoir la charge d'un ministère. Ces ministres étaient considérés comme des cautions politiques.

Voir aussi Liste des ministres français sans portefeuille.

Sous la Cinquième République, le ministre d'État est placé protocolairement après le Premier ministre et avant les ministres de pleine délégation, les ministres délégués et les secrétaires d'État. Au sens large, ministre signifie tout membre du gouvernement. La seule prérogative d'un ministre d'État est de pouvoir organiser des réunions interministérielles, normalement apanage du Premier ministre.

Le titre de ministre d'État a jusqu'alors été attribué à des personnalités politiques charismatiques, à des leaders de parti politique (ou de façon rare, à des personnes apolitiques comme André Malraux ou Nicolas Hulot), pour légitimer la politique générale du gouvernement envers les administrés et déterminer par l'action des ministères ce qui est considéré comme une priorité gouvernementale. Il peut y avoir plusieurs ministres d'État au sein d'un même gouvernement (jusqu'à six dans le deuxième gouvernement Rocard) mais plusieurs gouvernements n'en ont pas compté (tous les gouvernements sous la présidence de Jacques Chirac, sauf les deux derniers; les gouvernements Raffarin III et Villepin avec Nicolas Sarkozy, et tous les gouvernements sous la présidence de François Hollande). Les ministres d'État sont quelquefois comparés à des vice-premiers ministres.

Trois femmes ont été nommées ministres d'État, toutes sous la Cinquième République : Nicole Questiaux, Simone Veil et Michèle Alliot-Marie.

Liste des ministres d'État de la Troisième République

Liste des ministres d'État du Gouvernement provisoire de la République française

Liste des ministres d'État de la Quatrième République

Gouvernement Michel Debré (1959-1962)

Gouvernements Georges Pompidou I, II, III et IV (1962-1968)

Gouvernement Maurice Couve de Murville (1968-1969)

Gouvernement Jacques Chaban-Delmas (1969-1972)

Gouvernements Pierre Messmer I, II et III (1972-1974)

Gouvernement Jacques Chirac I (1974-1976)

Gouvernement Raymond Barre I (1976-1977)

Gouvernements Raymond Barre II et III (1977-1981)

  • Aucun ministre d'État

Gouvernements Pierre Mauroy I et II (1981-1983)

Gouvernement Pierre Mauroy III (1983-1984)

  • Aucun ministre d'État

Gouvernement Laurent Fabius (1984-1986)

Gouvernement Jacques Chirac II (1986-1988)

Gouvernements Michel Rocard I et II (1988-1991)

Gouvernement Édith Cresson (1991-1992)

Gouvernement Pierre Bérégovoy (1992-1993)

Gouvernement Édouard Balladur (1993-1995)

Gouvernements Alain Juppé I et II (1995-1997)

  • Aucun ministre d'État

Gouvernement Lionel Jospin (1997-2002)

  • Aucun ministre d'État

Gouvernement Jean-Pierre Raffarin I et II (2002-2004)

  • Aucun ministre d'État

Gouvernement Jean-Pierre Raffarin III (2004-2005)

Gouvernement Dominique de Villepin (2005-2007)

Gouvernements François Fillon I, II et III (2007-2012)

Gouvernements Jean-Marc Ayrault, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve (2012-2017)

  • Aucun ministre d'État

Gouvernements Édouard Philippe I et II (2017-2020)

Gouvernement Jean Castex (2020-2022)

  • Aucun ministre d'État

Gouvernement Élisabeth Borne (depuis 2022)

  • Aucun ministre d'État

Notes et références

  1. « Ministre d'Etat : un titre honorifique sans conséquence juridique », sur Public Senat, (consulté le ).
  2. « Quelle différence entre un « ministre » et un « ministre d’État » ? », Ouest-France.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Bernard Barbiche, Les institutions de la monarchie française à l'époque moderne, PUF, Paris, 1999 (ISBN 2-13-048195-7), p. 291-292.
  4. Philippe Sueur, Histoire du droit public français (XVe-XVIIIe siècles), t. 1, La constitution monarchique, 2e éd., PUF, Paris, 2013 (ISBN 2-13-045012-1), p. 200.
  5. [Les archives du ministère d'État sous le Second Empire sont conservées aux Archives nationales dans la sous-série F/70. Voir la salle des inventaires virtuelle des Archives nationales « https://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/pog/consultationPogN3.action?nopId=c614wveivem-5morqi3nw5t0&pogId=FRAN_POG_03&search= »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
  6. Les archives de la gestion des travaux au bâtiment du ministère d'État pour le Second Empire sont conservées aux Archives nationales (France)
  7. Nicole Questiaux fut ministre de la Solidarité nationale dans les gouvernements Mauroy I, et Mauroy II (jusqu'au 29 juin 1982) mais ministre d'État seulement dans le premier, donc qu'un mois, du 21 mai 1981 au 22 juin 1981.
  8. Ministre de l'industrie Ă  partir de 1992.


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