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Adolphe Billault

Adolphe Augustin Marie Billault, né le à Vannes (Morbihan) et mort le à Basse-Goulaine[1] (Loire-Atlantique), est un avocat et homme politique français, d'orientation au départ libérale, ensuite rallié au régime impérial, plusieurs fois député de la Loire-Inférieure et ministre.

Adolphe Billault
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  57 ans)
Basse-Goulaine
Nationalité
Activités
Père
Augustin Billault (d)
Mère
Marie-Rose Jamet du Kergoët (d)
Conjoint
Françoise Bourgault-Ducoudray (d)
Enfants
Fanny Billault (d)
Marie Billault (d)

Biographie

Origines, formation et vie familiale

Fils d'Augustin Billault, receveur des douanes, nommé à Morlaix en 1815, et de Marie-Rose Jamet du Kergoët, d'une famille d'armateurs ruinée par les guerres napoléoniennes, Adolphe Billault fait ses études secondaires au collège de Saint-Pol-de-Léon, puis passe le baccalauréat à Rennes en 1822.

Il fait des études de droit à Rennes[2] où il se lie avec un autre Morbihannais et futur Nantais, Ange Guépin[3]. Il obtient sa licence en 1825, et s'installe comme avocat à Nantes à la suite de son stage (1825-1828) ; il devient membre du Conseil de l'ordre en 1830.

En 1830, il épouse Françoise Bourgault-Ducoudray, fille de l'armateur Guillaume Bourgault-Ducoudray, président de la Chambre de commerce de Nantes et propriétaire du domaine des Grézillières à Basse-Goulaine, dont une partie échoit à Adolphe Billault et où il fera bâtir le château qui existe actuellement (architecte : Joseph-Fleury Chenantais[4]), et nièce de Louis-François de Tollenare. Ils auront deux filles, Fanny et Marie, dont les époux adopteront le nom de leur beau-père : Julien-Henri Busson-Billault (ministre-président du Conseil d'État) et François Colas de La Noue-Billault (conseiller d'État et secrétaire-général du Conseil d'État).

Monarchie de Juillet

Sur le plan professionnel, il connaît la réussite et sera bâtonnier de l'ordre des avocats de Nantes en 1838. Parmi les procès où il plaide, on peut citer en 1832 celui du général de Kersabiec[5], impliqué dans la tentative de soulèvement légitimiste de la duchesse de Berry, qui échappe à la peine de mort. Adolphe Billault devient aussi avocat-conseil de plusieurs personnalités : le duc d'Aumale, la duchesse de Valençay, le duc de La Rochefoucaud-Liancourt[6].

Il fait partie avec Camille Mellinet, Ange Guépin et le fondeur Voruz de la Société industrielle destinée à améliorer la condition ouvrière[7]. Il est aussi membre de la Société académique. Il écrit des articles dans le journal Le Breton de Camille Mellinet. Adolphe Billault se montre notamment favorable à l'établissement d'un système de protection sociale.

Il entame une carrière politique comme conseiller municipal de Nantes en 1830 ; il est réélu en 1831 et en 1837. Proche des milieux bourgeois nantais, il est le porte-parole des industriels et négociants réclamant une orientation pratique de l'enseignement[8].

En 1830, hostile à l'orientation pédagogique du lycée royal, il propose que le conseil municipal décide d'accorder à l'enseignement primaire les bourses d'études jusqu'alors destinées aux élèves du lycée issus des familles aisées. L'idée entre en application, la moitié des fonds sont transférés[9]. Adolphe Billault contribue à l'établissement de l’École primaire supérieure en 1833, s'appuyant sur la loi sur l'école primaire promulguée cette année-là[8]. En 1834, il publie De l'Éducation en France et de ce qu'elle devrait être pour satisfaire aux besoins du pays[10], brochure où il expose sa conception de l'organisation de l'enseignement, et qui sera remarquée par François Guizot[8]. Billault échoue dans un projet de rétablir la faculté de Médecine[6].

Adolphe Billault. Portrait par Charles-Louis Bazin.

Il devient conseiller général de la Loire-Inférieure en 1833 (3e canton). Il démissionne de ces deux mandats lorsqu'il s'installe à Paris en 1841[6].

Il est élu député le à Ancenis (4e collège électoral de la Loire-Inférieure) avec 146 voix sur 192 votants et 458 inscrits et à Pont-Rousseau (3e collège). Il opte pour Ancenis ; il est réélu le par 103 voix sur 113 votants et 146 inscrits et le par 99 voix sur 117 votants et 166 inscrits. En 1842, il est aussi élu dans la 3e circonscription de Paris, mais reste député d'Ancenis.

En 1838, il devient membre et secrétaire de la Commission des chemins de fer. Saint-simonien et anticlérical, il siège dans les rangs de la gauche et vote avec l'opposition jusqu'en 1840.

Le , il est nommé sous-secrétaire d'État à l'Agriculture et au Commerce dans le second ministère Thiers, où Alexandre Goüin est ministre de l'Agriculture et du Commerce.

Il rentre dans l'opposition lorsque le cabinet se retire le , et y demeure jusqu'en 1848. Il se signale dans le débat sur le droit de visite des navires, contraignant Guizot à remettre en chantier la convention négociée le avec le Royaume-Uni. Il intervient aussi à propos de l'affaire Pritchard et du protectorat français sur Tahiti, faisant quatre discours à ce sujet de 1842 à 1845.

Continuant de voter le plus souvent avec l'opposition dynastique, il tend à se rapprocher du ministère Guizot dans les années 1845. C'est ainsi qu'il soutient le gouvernement sur la question des mariages espagnols. Il ne participe pas à la campagne des banquets républicains qui a lieu en 1846-47. Dans la discussion de l'adresse de janvier 1848, il refuse de s'associer à la demande de mise en accusation du cabinet.

Deuxième République

Après la RĂ©volution de 1848, il est Ă©lu reprĂ©sentant de la Loire-InfĂ©rieure Ă  l'AssemblĂ©e constituante le sur la liste modĂ©rĂ©e dite « de l'hĂ´tel d'Aux », dont le premier Ă©lu est Victor Lanjuinais ; il est lui-mĂŞme 4e sur 13 avec 88 858 voix sur 121 699 votants et 153 494 inscrits).

Il fait une déclaration républicaine et vote avec le parti démocratique modéré du général Cavaignac : contre le cautionnement (9 août), pour les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière (26 août), pour le rétablissement de la contrainte par corps (1er septembre), contre la suppression de l'impôt du sel (27 septembre), pour l'ordre du jour en l'honneur de Cavaignac (25 novembre), contre l'interdiction des clubs (), pour l'amnistie des transportés (2 mai). Il ne prend pas part aux divers scrutins relatifs à l'expédition de Rome. « À la Constituante, observe le Dictionnaire des parlementaires français, Billault parut chercher sa voie ; votant le plus souvent avec la droite, contre la Montagne, il affectait par moments de se rapprocher de ce dernier groupe, et réclamait, par exemple, le droit au travail » (c'est-à-dire l'inscription du droit au travail dans la Constitution). Il est absent de l'assemblée en raison d'un problème familial au moment de la discussion sur le mode de scrutin pour l'élection du président de la République, privant les adversaires de l'élection au suffrage universel d'un orateur important.

En 1849, il n'est pas réélu à l'Assemblée législative et échoue en 1850 dans une élection partielle à Mâcon. Cela ne l'empêche pas de redoubler d'activité politique et de se trouver mêlé aux conciliabules extra-parlementaires qui vont décider du sort de la Deuxième République. Rallié à la politique de Louis-Napoléon Bonaparte, il devient en 1851 un des familiers du palais de l'Élysée. Il y est un conseiller écouté et reçoit même la mission, à la retraite de Léon Faucher, de former un ministère mais la combinaison échoue.

Second Empire

Habit de grande tenue d'Adolphe Billault, président du Corps législatif. (Collection privée)

Après le coup d'État du 2 dĂ©cembre 1851, il se prĂ©sente comme candidat officiel dans la 2e circonscription de l'Ariège ; il est Ă©lu au Corps lĂ©gislatif le (26 962 voix sur 27 009 votants) et nommĂ© prĂ©sident de cette assemblĂ©e par Louis-NapolĂ©on ; dans son discours d'installation, il prononce, non sans un certain embarras, l'oraison funèbre du rĂ©gime parlementaire : « Nous n'aurons plus autour de l'urne lĂ©gislative les Ă©volutions des partis tenant sans cesse le ministère en Ă©chec, le forçant de s'absorber en un soin unique, celui de sa dĂ©fense, et n'aboutissant trop souvent qu'Ă  Ă©nerver le pouvoir. »[11].

En sa qualité de président du Corps législatif, il est chargé dans la soirée du de porter à Saint-Cloud le résultat officiel du plébiscite en faveur du rétablissement de la dignité impériale. Premier à saluer Napoléon III du titre de Sire, il déclare : « Abritant dans un immense souvenir de gloire ce qu'elle a de plus précieux, son honneur au dehors, sa sécurité au dedans, et ces immortels principes de 89, bases désormais inébranlables de la nouvelle société française si puissamment organisée par votre oncle, notre nation relève avec un orgueilleux amour cette dynastie des Bonaparte, sortie de son sein, et qui ne fut point renversée par les mains françaises. »

En , il est nommé vice-président du Conseil supérieur du Commerce et de l'Industrie, où il défend un point de vue protectionniste.

L'Empereur, dĂ©sireux de donner la prĂ©sidence du Corps lĂ©gislatif Ă  Morny, profite du renvoi de Persigny pour nommer Billault ministre de l'IntĂ©rieur le . Il entre au SĂ©nat le , laissant le siège de Saint-Girons Ă  son gendre, Julien-Henri Busson-Billault. En tant que ministre, il obtient de bons rĂ©sultats Ă©lectoraux aux Ă©lections cantonales de 1855 (il est Ă©lu sur le canton de Mirepoix) avec 944 candidats officiels Ă©lus sur 975 et aux lĂ©gislatives de 1857 (5 400 000 voix pour les candidats officiels contre 660 000 ; mais 5 dĂ©putĂ©s de Paris sur 10 sont rĂ©publicains). En revanche, il est moins efficace en tant que responsable de la police et l'attentat d'Orsini le entraĂ®ne son remplacement par le gĂ©nĂ©ral Espinasse ().

Billault redevient ministre de l'Intérieur le . Il assure l’intérim de l’Instruction publique et des Cultes du 29 août au . Durant cette période, il a à s'occuper de l'annexion de la Savoie et du comté de Nice et des conséquences politiques de l'intervention française en Italie, qui crée de fortes tensions avec les catholiques, en particulier avec le journal de Louis Veuillot, L'Univers.

Le , il devient un des trois ministres sans portefeuille, chargés de défendre la politique impériale devant les Chambres ; il peut ainsi déployer ses talents oratoires et domine nettement ses deux collègues. En 1861, Napoléon III lui fait don de l'hôtel Saltykoff à Paris[12] et le nomme ministre d'État le ; il apparaît alors comme un personnage très important du régime. Mais en réalité il n'a pas de pouvoir ; les joutes parlementaires épuisent sa santé et il connaît une forme de dépression, qui apparaît dans la correspondance qu'il entretient avec la princesse Julie Bonaparte[13] ; il est aussi affecté par la mort de sa femme.

Il meurt prématurément dans sa propriété des Grézillières. Dans une lettre du , Prosper Mérimée écrit « La mort de M. Billault, est un coup funeste ; c'était assurément le plus habile et le plus propre à lutter avec courage contre les orateurs de l'opposition. Ce n'était pas un homme d'État, mais c'était un instrument merveilleux entre les mains d'un homme d'État. » Napoléon III se montre aussi très affecté par cette perte. Ses funérailles ont lieu à l'église Saint-Germain-l'Auxerrois.

DĂ©corations

Hommages

Publications

  • Adolphe Billault, De l'Éducation en France et de ce qu'elle devrait ĂŞtre pour satisfaire aux besoins du pays, Nantes, Imprimerie de Mellinet, , 43 p. (BNF 30105631).
  • Question Italienne - Discours de son excellence M. Billault, ministre sans portefeuille, au sĂ©nat et au corps lĂ©gislatif, Paris, Imprimerie impĂ©riale, , 120 p..

Notes et références

  1. Acte de décès cité dans le Bulletin de la Société archéologique de Nantes
  2. Le Marec, page 10, pour les Ă©tudes d'Adolphe Billault.
  3. Philippe Le Pichon, "Ange Guépin dans l'histoire de Nantes", dans : Alain Croix (dir.), Du sentiment de l'histoire dans une ville d'eau : Nantes, Thonon-les-Bains, Haute-Savoie, Editions de l'Albaron Société présence du livre Groupe NPE, (ISBN 9782908528312), p. 155-172
  4. Cf. site sur le patrimoine de Basse-Goulaine et Bulletin de la Société archéologique cité supra.
  5. Jean-Marie-Angélique Sioc'han de Kersabiec, vicomte, né le à Saint-Pol-de-Léon, décédé le à Nantes, maire de Pont-Saint-Martin et père de Marie Louise Eulalie Sioc'han de Kersabiec.
  6. Henri de Berranger, 1960.
  7. Philippe Le Pichon, "Ange Guépin dans l’histoire de Nantes", page 162
  8. Suteau 1999, p. 31.
  9. Suteau 1999, p. 32.
  10. Billault 1834.
  11. cité par le Dictionnaire des parlementaires français
  12. 10 rue de Saint-Arnaud, actuellement rue Volney.
  13. Julie Charlotte Bonaparte (1830-1900), fille de ZĂ©naĂŻde Julie. Cf. : site The peerage.
  14. Jean-Charlez Cozic et Daniel Garnier, La presse à Nantes de 1757 à nos jours, t. I. Les années Mangin (1757-1876), Nantes, L'Atalante, (ISBN 978-2-84172-395-9), p. 249-250.

Annexes

Ouvrages généraux

    Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
    • Billault, par Victor Frond, Le panthĂ©on des illustrations françaises au XIXe siècle, tome II (lire en ligne)
    • Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, vol. 1, Paris, Edgar Bourloton, 1889-1891
    • Claude Kahn et Jean Landais, Nantes et les Nantais sous le Second Empire, Nantes, Ouest Éditions, (ISBN 978-2-908261-92-9).
      Fiche biographique ; détails sur la statue d'Adophe Billault à Nantes.

    Ouvrages spécialisés

    • Henri de Berranger, Un Nantais ministre de NapolĂ©on III, Adolphe Billault, 1805-1863, dans Bulletin de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique de Nantes et de Loire-Atlantique, 1960 (vol. 99, p. 60-72) et 1961 (vol. 100, p. 3-18)Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
    • NoĂ«l Blayau, Adolphe Billault, ministre de NapolĂ©on III d'après ses papiers personnels, 1805-1863, Éditions Klincksieck, Paris, 1969. Recension critique de Geneviève Massa-Gille dans Bibliothèque de l’École des Chartes, 1971, vol. 129, no 2, p. 488-491, disponible sur le site PersĂ©e
    • Yann Le Marec, L'entrĂ©e en politique d'Adolphe Billault, dans Politix, 1996, vol. 9, no 35, p. 7-22, disponible sur le site PersĂ©e
    • Marc Suteau, Une ville et ses Ă©coles : Nantes, 1830-1940, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 254 p. (ISBN 2-86847-428-4). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

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