Différences de genre en psychologie humaine
Les différences de genre en psychologie humaine se réfÚrent aux différences observées entre hommes et femmes dans les domaines habituellement étudiés dans cette discipline (tels que la personnalité, la cognition, le comportement, les émotions et les relations sociales) par le biais de méthodes scientifiques.
L'Ă©tude des diffĂ©rences psychologiques de genre a nourri des controverses en raison des interprĂ©tations politiques ou idĂ©ologiques qui en ont Ă©tĂ© proposĂ©es. Par exemple, ils peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour proposer des modĂšles de rĂ©partition des rĂŽles sociaux[1]. Les travaux sur les diffĂ©rences psychologiques de genre ne distinguent pas toujours le genre de l'assignation sexuelle[2].
Concepts et terminologie
Genre vs sexe
Il est important de différencier le genre du sexe ainsi que de le situer culturellement. Ainsi, dans la littérature scientifique anglo-saxonne, les deux termes sont différenciés. Le genre qualifierait les rÚgles (implicites ou explicites) qui définissent les relations entre les hommes et les femmes alors que le sexe serait quant à lui défini par le biologique.
Dans la littérature scientifique francophone, sexe et genre sont confondus et désignent tant l'identité biologique que sociale. Marzano, docteur en psychologie et sociologie, explique que le genre serait davantage lié aux relations hommes-femmes et a fortiori l'identité sexuelle (relation avec son conjoint).
LâidentitĂ© de genre est un processus complexe influencĂ© par les expĂ©riences de lâindividu tout au long de sa vie. Marzano dĂ©finit le sexe comme une dimension physiologique qui est caractĂ©risĂ©e par les attributs gĂ©nitaux[3], tandis que le genre est liĂ© Ă la conformitĂ© des comportements aux normes sociales de rĂŽles attribuĂ©s aux hommes et aux femmes en fonction de la culture dans laquelle ils vivent. Il existe donc des personnes dont le sexe est masculin, mais le genre fĂ©minin et vice-versa.
Genre comme dimension continue vs genre comme dimension catégorielle
Traditionnellement, le genre est associĂ© Ă deux dimensions distinctes (femmes/hommes) alors que Carothers et Reis, par une mĂ©thode taxomĂ©trique, ont montrĂ© quâen rĂ©alitĂ© le sexe se comporte comme une variable continue[4].
Pour ce faire, leur raisonnement se base sur une distribution de moyennes du poids et de la longueur des cheveux dâun Ă©chantillon[4]. Ce schĂ©ma compare les moyennes obtenues Ă chaque groupe (femme/homme) au groupe complet (femmes et hommes) afin d'Ă©tablir la corrĂ©lation entre la variable indĂ©pendante (le genre) et les variables dĂ©pendantes (taille et longueur de cheveux). Le choix de ces variables dĂ©pendantes s'explique par le fait qu'elles sont objectivables et qu'elles diffĂ©rencient clairement femmes et hommes. « Les membres d'un taxon ont plus de chance de possĂ©der des traits qui sont caractĂ©ristiques de ce taxon que ceux qui n'en font pas partie »[4]. On voit apparaĂźtre deux groupes dans le graphique (grand et cheveux court vs petit et cheveux long) indĂ©pendamment du sexe. La taille et la longueur des cheveux ne sont pas corrĂ©lĂ©s au sein des groupes-mĂȘmes (comme le montrent les droites de rĂ©gression horizontales de chacun des groupes). Cependant, lorsqu'on regarde la droite de rĂ©gression pour l'Ă©chantillon entier, on voit tout de mĂȘme une corrĂ©lation. Toutefois, on ne peut pas savoir si cette corrĂ©lation est due au sexe ou aux attributs physiques mesurĂ©s.
En définitive, les différences entre les sexes ne sont rien de plus que des différences résultant de l'individu propre qu'il soit femme ou homme. L'idée que le genre est parfaitement binaire est donc contestable. Il semble plus pertinent de considérer que l'individu se place sur un continuum du plus féminin au plus masculin[4].
Historique
Jusqu'au XIXe siÚcle, les scientifiques et les philosophes s'intéressant à l'humain considéraient le plus souvent par défaut des individus de sexe masculin. La plupart ne s'intéressaient aux femmes que dans le but d'étudier leurs différences avec les hommes. Ainsi, la nature des femmes a concerné les philosophes de toutes les époques[5].
Avant l'Ă©poque moderne, peu de sources suggĂšrent l'existence d'un concept tel que celui de genre. Selon Sandra Boehringer, maĂźtresse de confĂ©rences et spĂ©cialiste en histoire grecque, la diffĂ©renciation sexe / genre n'existait pas dans la GrĂšce antique. Cependant, la question du genre est sous-jacente dans plusieurs rĂ©cits, Ă travers la forme de « mĂ©taphores sexuelles rĂ©elles » (hors du mythe), oĂč des enfants hermaphrodites, au dĂ©part filles, deviennent des garçons (de maniĂšre naturelle ou par assistance chirurgicale). Elle avance l'hypothĂšse que le contexte culturel a jouĂ© un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant dans la dĂ©termination du sexe social pour ces enfants. Pour elle, l'absence ou la prĂ©sence du pĂ©nis fonctionnel est le critĂšre dominant pour l'attribution du sexe social, le sexe fĂ©minin Ă©tant le sexe par dĂ©faut[6].
Pendant longtemps, la rĂ©fĂ©rence en la matiĂšre est venue de la religion, et en particulier du rĂ©cit de la GenĂšse. La femme y est dĂ©crite comme diffĂ©rente mais complĂ©mentaire Ă l'homme. Dans ce rĂ©cit, c'est Ăve qui est Ă l'origine du pĂ©chĂ© et de l'expulsion des humains du paradis. S.A. Shields y voit une justification sĂ©culaire de la domination de l'homme sur la femme[5].
Shields[5] mentionne également une étude de Juan Huarte datant de 1575 expliquant les différences d'intelligence entre hommes et femmes par les différences de quantité des humeurs (que l'on pourrait aujourd'hui rapprocher des hormones).
XIXe siĂšcle
Les premiers travaux scientifiques sur les différences entre hommes et femmes remontent au XIXe siÚcle. Ainsi, en 1859, Charles Darwin donne naissance à la théorie de la sélection sexuelle dans De l'origine des espÚces. Il applique ensuite cette théorie à l'Homme dans La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe en 1871. Cependant, il n'envisage ces répercussions que d'un point de vue anatomique ou physiologique (comme la présence de barbe chez les hommes) et non psychologique, puisque ces « marqueurs sexuels » sont déterminants dans le choix d'un partenaire.
C'est également du XIXe siÚcle que remontent les premiÚres tentatives d'étude de la spécificité d'un caractÚre psychologique chez la femme en comparaison avec l'homme. Elles ont concerné l'intelligence. à cet égard, Franz Joseph Gall a été un pionnier avec ses travaux de phrénologie[7].
Pour Gall, puisque les particularitĂ©s psychiques Ă©taient identifiables physiquement Ă la forme des crĂąnes, et puisque les diffĂ©rences physiques entre hommes et femmes sont visibles, il devait ĂȘtre possible de distinguer l'intelligence des femmes de celle des hommes par l'observation minutieuse. Ainsi, il se vantait de pouvoir distinguer le cerveau d'un mĂąle de celui d'une femelle de n'importe quel animal - humain inclus - s'ils lui Ă©taient prĂ©sentĂ©s dans l'eau[5].
En 1861, Paul Broca, anthropologue français, a poursuivi les travaux de Gall. Il mesurait le poids des cerveaux pour ensuite les comparer. Il observe ainsi que le poids moyen d'un cerveau masculin est plus lourd d'en moyenne 10 % par rapport Ă un cerveau fĂ©minin. Il ne pense pas que cette diffĂ©rence s'explique entiĂšrement par la diffĂ©rence de taille moyenne. MĂȘme si sa thĂ©orie a Ă©tĂ© rĂ©futĂ©e[8], son argumentaire a Ă©tĂ© repris Ă l'Ă©poque pour justifier Ă la fois l'infĂ©rioritĂ© supposĂ©e des femmes et la domination intellectuelle des hommes.
« La femme Ă©tant plus petite que l'homme, et le poids du cerveau variant avec la taille, on s'est demandĂ© si la petitesse du cerveau ne dĂ©pendait pas exclusivement de la petitesse de son corps. [âŠ] Pourtant, il ne faut pas perdre de vue que la femme est en moyenne un peu moins intelligente que l'homme ; diffĂ©rence qu'on a pu exagĂ©rer, mais qui n'en est pas moins rĂ©elle. Il est donc permis de supposer que la petitesse du cerveau de la femme dĂ©pend Ă la fois de son infĂ©rioritĂ© physique et de son infĂ©rioritĂ© intellectuelle »
â Paul Broca , Sur le volume et la forme du cerveau[9].
Pendant ce temps, aux dĂ©buts de la psychologie scientifique, les travaux ont majoritairement portĂ© sur des Ă©tudiants en psychologie, trĂšs majoritairement masculins. En 1910, Helen Thompson Woolley se plaindra d'un manque de scientificitĂ© dans le domaine de la psychologie fĂ©minine et ira mĂȘme jusqu'Ă insinuer que les auteurs dans ce domaine sont de mauvaise foi[10].
De son cĂŽtĂ©, Sigmund Freud met au point la psychanalyse et propose une explication des diffĂ©rences entre hommes et femmes situĂ©e dans l'enfance, en particulier au Complexe d'Ćdipe. Pour Freud, les comportements liĂ©s au sexe[11] ont donc un caractĂšre acquis, et non innĂ©s.
XXe siĂšcle
Au tournant du siÚcle, apparaßt l'hypothÚse de variabilité dans le livre Man and Woman d'Havelock Ellis. Cette hypothÚse se fonde sur l'observation qu'il y avait plus d'hommes que de femmes parmi les génies, ainsi qu'au sein des institutions pour malades mentaux. Elle postule donc que les hommes ont une propension à plus de variabilité d'intelligence que les femmes. Karl Pearson contestera cette hypothÚse et, à la suite d'études anthropométriques sur déférentes populations, la qualifiera de « principe largement non prouvé ». Ce fut le début d'un débat vigoureux entre Ellis et Pearson, qui participa à la popularisation de cette hypothÚse. Si certaines explications évolutionnistes ont été proposées pour étayer cette observation, John Stuart Mill sera le premier auteur à privilégier l'explication de la différence d'éducation donnée aux femmes à l'époque, ainsi que la tendance humaine à se conformer aux attentes sociales liées au sexe.
à la suite d'une expérience impliquant 25 femmes et 25 hommes pendant prÚs de 20 heures de tests individuels sur leurs capacités intellectuelles, motrices et perceptives, Helen Thompson-Wooley conclut que l'hypothÚse de variabilité part du postulat discutable que des différences physiques impliquent des différences psychiques et que ces explications évolutionnistes négligent les facteurs environnementaux[5].
En 1914, dans l'une des premiÚres véritables études scientifiques des différences entre hommes et femmes sur une propriété psychologique, l'intelligence, Edward Thorndike conclut que les différences inter-sexes sont plus faibles que les différences intra-sexe[12].
En 1918, Leta Stetter Hollingworth publie ce qui constitue probablement la premiÚre méta-analyse des études disponibles sur les différences de genre dans les caractéristiques mentales, bien que cette méthode ne sera formellement mise au point que dans les années 1980. Elle conclut qu'il y a peu de preuves de la réalité de ces différences[12]. Ces deux exemples montrent que l'étude scientifique des différences entre hommes et femmes est alors devenu une réalité.
En 1930, Margaret Mead, anthropologue amĂ©ricaine perçue comme l'une des pionniĂšres sur la notion de genre, introduit le concept de rĂŽle sexuel. Elle avance, dans son livre MĆurs et sexualitĂ© en OcĂ©anie, que les tempĂ©raments ne sont pas exclusivement dĂ©terminĂ©s par le sexe mais sont diversement construits, en fonction de la sociĂ©tĂ©.
« Si certaines attitudes, que nous considĂ©rons comme traditionnellement associĂ©es au tempĂ©rament fĂ©minin - telles que la passivitĂ©, la sensibilitĂ©, l'amour des enfants - peuvent si aisĂ©ment ĂȘtre typique des hommes d'une tribu, et dans une autre, au contraire, ĂȘtre rejetĂ©es par la majoritĂ© des hommes comme des femmes, nous n'avons plus aucune raison de croire qu'elles soient irrĂ©vocablement dĂ©terminĂ©es par le sexe de l'individu. »
â Margaret Mead[13]
En 1949, Simone de Beauvoir, publie le premier tome de son livre, Le deuxiĂšme sexe. Elle y distingue, sur le plan thĂ©orique, la femelle de la femme. De par la citation « On ne naĂźt pas femme, on le devient. Aucun destin biologique, psychique, Ă©conomique ne dĂ©finit la figure que revĂȘt au sein de la sociĂ©tĂ© la femelle humaine ; câest lâensemble de la civilisation qui Ă©labore ce produit intermĂ©diaire entre le mĂąle et le castrat quâon qualifie de fĂ©minin[14] », elle exprime clairement que le genre est donc une construction sociale acquise, qui n'est pas innĂ©e. Elle remet donc en question les classifications naturalistes existantes. Ce livre, Ă l'origine d'une polĂ©mique sans prĂ©cĂ©dent, a Ă©tĂ© l'initiateur du mouvement fĂ©ministe et a inspirĂ© beaucoup de femmes[15].
En 1955, John Money met en Ă©vidence chez certains de ses patients une certaine forme d'inadĂ©quation entre sexe et genre. Ă la suite de ces Ă©tudes sur lâambiguĂŻtĂ© sexuelle, le terme de genre est employĂ© dans une dimension psychologique afin de spĂ©cifier le fait que lâon se sente plus homme ou femme. Selon Money, peu importe le sexe, un enfant Ă©levĂ© en garçon se sentira garçon, et il en est de mĂȘme dans le cas inverse[3]. Cet auteur s'intĂ©ressera aussi Ă la question de l'hermaphroditisme qu'on appelle plus communĂ©ment aujourd'hui l'intersexuation. Ainsi, lorsque le sexe n'est pas clairement dĂ©fini anatomiquement, le rĂŽle ne peut pas non plus ĂȘtre clairement dĂ©fini. Le genre permettrait donc de dĂ©signer l'Ă©cart entre le sexe et le rĂŽle[16].
En 1968, Robert Stoller, psychiatre et psychanalyste américain, introduit la distinction terminologique entre le sexe et le genre, grùce à ses études sur la transidentité, tandis que Money travaille plus sur la question de l'hermaphrodisme. Il est donc le premier à relier le sexe au biologique et le genre à l'identification psychologique[17]. Selon lui, le sexe n'est pas l'unique vecteur de l'identité sexuelle. L'environnement socioculturel, biographique et historique joue un rÎle prépondérant sur celle-ci. Stoller parle d'identité de genre (Gender Identity) pour séparer homosexualité et transidentité, que cela soit en termes d'identité de genre ou bien d'orientation sexuelle[18].
En 1970, John Money et Anke Ehrhardt, sexologues, insistent sur la distinction Ă rĂ©aliser entre le sexe (dĂ©terminĂ© anatomiquement et physiologiquement) et le genre (renvoyant Ă l'expĂ©rience contingente de soi comme homme ou femme). De plus, ils considĂšrent qu'il faut distinguer le rĂŽle de genre (gender role), dĂ©signant les comportements « publics » d'une personne et l'identitĂ© de genre (gender identity), l'expĂ©rience « privĂ©e » que la personne a d'elle-mĂȘme[19].
En 1972, Ann Oakley rend un point de vue critique de cette distinction, l'inscrivant pour la premiÚre fois dans une dimension féministe. Dans son livre Sex, Gender and Society, elle distingue donc : le sexe, invariant, renvoyant à la distinction biologique entre mùle et femelles; et le genre, contingent et modifiable par l'action politique, renvoyant à la distinction culturelle entre les rÎles sociaux, les attributs psychologiques et les identités des hommes et des femmes[20].
L'ouvrage The Psychology of Sex Differences publiĂ© en 1974 par Eleanore Maccoby et Carol Jacklin conclut Ă une grande ressemblance psychologique entre hommes et femmes aprĂšs une revue de plus de 2 000 Ă©tudes sur les diffĂ©rences de genre dans diffĂ©rents domaines tels que les habiletĂ©s, la personnalitĂ©, les comportements sociaux et la mĂ©moire[12]. Aujourd'hui, Guimond considĂšre cette conclusion comme politiquement correcte dans le contexte de l'Ă©poque oĂč il Ă©tait crucial de dire que la femme est l'Ă©gal de l'homme[21]. Ce livre, et la crĂ©ation de la mĂ©thode de la mĂ©ta-analyse en 1981[22] sont Ă l'origine d'un nouvel Ă©lan dans l'Ă©tude moderne des diffĂ©rences de genre d'un point de vue psychologique.
MĂ©thodologie
Les différences de genre sont principalement étudiées en psychologie différentielle. Cette discipline cherche à mesurer les différences psychologiques entre individus et entre groupes. Elle recourt à une variété de méthodes reprises ci-dessous.
Mesure des caractéristiques psychologiques
Dans le cadre de l'inférence statistique, on cherche à tirer des conclusions sur les caractéristiques de l'ensemble d'une population (« les femmes », « les hommes », etc.). Néanmoins, étant donné qu'il est généralement impossible de travailler avec l'ensemble de la population, on a recours à des groupes restreints. C'est ce qu'on appelle un échantillon. Il est préférable que ce dernier soit représentatif de la population étudiée[23].
Toutefois, on remarque que la plupart des Ă©chantillons Ă©tudiĂ©s dans la littĂ©rature sur les diffĂ©rences psychologiques entre hommes et femmes ne sont pas reprĂ©sentatifs de la population visĂ©e. Il s'agit mĂȘme, dans la majoritĂ© des Ă©tudes, d'un Ă©chantillon estudiantin: les tests sont rĂ©alisĂ©s sur des petits Ă©chantillons de convenance plutĂŽt que des Ă©chantillons reprĂ©sentatifs[24].
GĂ©nĂ©ralement, on recourt Ă des tests pour Ă©valuer les caractĂ©ristiques psychologiques des individus. Ces tests varient grandement selon le domaine Ă©tudiĂ©. Ils peuvent prendre la forme de questionnaires comprenant des mesures auto-rapportĂ©es. Ces mesures peuvent concerner des dimensions variables telles que les attitudes, la performance (comme des tests Ă©valuant le quotient intellectuel). Ces tests peuvent Ă©galement se baser sur l'observation de comportements. Ces comportements peuvent ĂȘtre verbaux (par exemple, interruption communicative, type de vocabulaire utilisĂ©, etc.) ou non verbaux (tels que le sourire, la posture). On peut Ă©galement Ă©valuer des comportements associĂ©s Ă diffĂ©rentes dimensions psychologiques: comportement prosocial, comportement d'achat, comportement impulsif, etc. Dans ce cas, un ou plusieurs observateurs indĂ©pendants notent la prĂ©sence ou l'absence du comportement visĂ© grĂące Ă une grille d'observation.
[style à vérifier]
Mesure auto-rapportée
Dans le cas d'une enquĂȘte auto-administrĂ©e, la personne remplit elle-mĂȘme le questionnaire. L'enquĂȘteur peut ĂȘtre prĂ©sent ou absent (enquĂȘte par voie postale ou par internet). Le questionnaire peut se prĂ©senter sous la forme de questions ouvertes ou fermĂ©es. S'il s'agit de questions fermĂ©es, le rĂ©pondant doit alors choisir parmi une liste d'affirmations. Ce type de questions peut Ă©galement se prĂ©senter sous deux grandes catĂ©gories: dichotomiques (oui/non) ou Ă choix multiples. L'Ă©chelle de Likert est utilisĂ©e spĂ©cifiquement pour les questions fermĂ©es et permet au rĂ©pondant d'exprimer l'intensitĂ© de son approbation[25].
La codification des questions fermées consiste à attribuer un code à chaque modalité de réponse. Ainsi, pour l'échelle de Likert, la codification peut se présenter comme suit :
Code | Degré d'accord |
---|---|
1 | Pas du tout d'accord |
2 | Pas d'accord |
3 | Ni en désaccord ni en accord |
4 | D'accord |
5 | Tout Ă fait d'accord |
Mesure de performance
Les tests dâintelligence ou dâaptitudes peuvent ĂȘtre utilisĂ©s dans le cadre dâĂ©tudes des diffĂ©rences de genre. Ces tests sâopposent aux tests Ă©valuant les aspects non cognitifs de la personnalitĂ©. Une distinction est Ă faire entre les tests Ă©valuant un niveau « global » et ceux plus « analytiques ». Ainsi, les tests Ă©valuant le dĂ©veloppement intellectuel (le QI) sont des bons exemples de tests de niveau « global ». Alfred Binet a Ă©tĂ© le premier Ă mettre en place une Ă©chelle permettant de dĂ©terminer « le rapport entre la dĂ©termination dâun Ăąge mental dâun sujet et son Ăąge rĂ©el ». David Wechsler, quant Ă lui, a mis en place des Ă©chelles toujours utilisĂ©es aujourd'hui permettant dâĂ©valuer lâintelligence via des Ă©preuves diverses (classement dâimages, reproduction de figure, etc.)[26].
Mesure de comportements non verbaux
Afin de mesurer des comportements non verbaux, on recourt gĂ©nĂ©ralement Ă la mĂ©thode dâobservation. Il en existe deux types : directe et indirecte.
Dans le cas de l'observation directe, l'observateur est prĂ©sent sur place alors que dans le cas de l'observation indirecte, l'observateur n'est pas prĂ©sent et utilise donc certains dispositifs pour enregistrer les comportements. Le recueil des donnĂ©es peut se faire Ă lâaide de divers supports (papier-crayon, enregistrement audio, vidĂ©o, etc.). Cependant, il nâexiste pas de protocole « tout prĂȘt » pour ce type de technique. Lâobservateur doit donc construire lui-mĂȘme sa grille dâobservation. Pour ce faire, on doit, dans un premier temps, « lister les comportements et leurs propriĂ©tĂ©s pertinentes Ă Ă©tudier ». Ă la suite de cette Ă©tape, il faut mettre en place une mĂ©thode pour pouvoir mesurer ces comportements (occurrence, durĂ©e, mesure de lâintensitĂ©, etc.).
Lâanalyse des donnĂ©es peut prendre diffĂ©rentes formes (analyse de la frĂ©quence, de la durĂ©e, de sĂ©quence, de simultanĂ©itĂ©, etc.). Ainsi, par exemple, lâanalyse de frĂ©quence dâun comportement consiste Ă compter le nombre de fois oĂč le comportement est observĂ© durant un certain laps de temps. Le traitement de ces donnĂ©es se fera via lâinfĂ©rence statistique.
En dâautres termes, pour mesurer les comportements non verbaux, les observateurs doivent mettre en place une grille dâobservation. Lorsque les rĂ©sultats sont obtenus, ils pourront Ă©ventuellement les confronter avec dâautres observateurs[27].
Analyse statistique des différences
L'analyse statistique des différences permet de rendre compte si les différences observées entre deux groupes sont significatives mais aussi d'estimer leur ampleur. Dans la plupart des cas, les variables psychologiques étudiées se distribuent selon la Loi Normale. Les chercheurs comparent les indices statistiques (moyenne, variance, écart-type) des distributions observées chez les deux sexes.
Différentes approches sont distinguées dans l'évaluation des différentes psychologiques entre les genres :
- la signification statistique ;
- la taille de la différence ;
- les méthodes taxométriques ;
- les tests d'Ă©quivalence.
Cependant, l'approche principale pour mesurer la différence de genre reste le d de Cohen.
Signification statistique
Ces approches visent Ă dĂ©terminer si la diffĂ©rence observĂ©e (en l'occurrence entre hommes et femmes) peut ĂȘtre fortuite. La signification statistique se base sur une hypothĂšse nulle (nommĂ©e ) et une hypothĂšse alternative (appelĂ©e ). Il est intĂ©ressant de comprendre en quoi consiste une hypothĂšse nulle. Il s'agit d'une hypothĂšse qui prend le parti d'affirmer l'absence de relation entre les variables. Autrement dit, indique l'indĂ©pendance entre le sexe (variable indĂ©pendante) et la variable dĂ©pendante. , quant Ă elle, exprime l'inverse, c'est-Ă -dire la dĂ©pendance des variables. Le test d'hypothĂšse est fait pour extrapoler les rĂ©sultats trouvĂ©s sur l'Ă©chantillon Ă la population dont l'Ă©chantillon Ă©tudiĂ© est extrait. AprĂšs avoir formulĂ© les hypothĂšses, on doit estimer une probabilitĂ© (p) que les diffĂ©rences observĂ©es dans l'Ă©chantillon sont dues au hasard. Cette probabilitĂ© a une distribution thĂ©orique qui dĂ©pendra du test choisi. On utilise gĂ©nĂ©ralement le p de Newman-Pearson qui se dĂ©finit Ă partir d'un seuil (0,05 ; 0,01 ; 0,001) que le chercheur choisi au prĂ©alable selon le taux d'erreur qu'il s'autorise Ă commettre (par exemple, choisir un seuil de 0,05 revient Ă s'autoriser Ă dire 5 fois sur 100 qu'une diffĂ©rence en rĂ©alitĂ© due au hasard est significative). Parmi les mĂ©thodes les plus utilisĂ©es, on retrouve le test t et l'analyse de variance. Ces mĂ©thodes permettent de dĂ©terminer si les diffĂ©rences de moyennes entre les groupes sont significatives, c'est-Ă -dire peu susceptibles d'ĂȘtre fortuites.
Toutefois, les deux types de problÚmes suivants sont rencontrés dans la réalisation de ce type de test :
- Il est difficile d'avoir accÚs à la totalité de la population. C'est pourquoi, le test d'hypothÚse sera réalisé sur un groupe restreint (échantillon).
- Lorsqu'une diffĂ©rence n'est pas due au hasard, cela ne signifie pas pour autant qu'elle soit importante ou qu'elle ait un quelconque intĂ©rĂȘt thĂ©orique. Par exemple, avec grand Ă©chantillon, une trĂšs petite diffĂ©rence peut ĂȘtre significative. On s'intĂ©resse donc Ă la taille des diffĂ©rences.
La taille des différences
La taille des différences entre femmes et hommes sur des variables psychologiques est généralement évaluée grùce au d de Cohen[24]. Il s'agit d'un indice qui correspond au rapport entre la différence de moyenne entre les deux groupes sur l'indice de dispersion (écart-type) : .
En d'autres termes, le d de Cohen permet, Ă travers la taille d'effet, de donner une indication sur la force de la relation.
L'indice varie gĂ©nĂ©ralement entre 0 et 1 bien qu'il puisse thĂ©oriquement ĂȘtre bien plus Ă©levĂ©. Cohen catĂ©gorise la valeur de d comme suit.
Valeur de d | Signification |
---|---|
0 à 0,10 | différence minime |
0,11 à 0,35 | petite différence |
0,66 à 1 | grande différence |
> 1 | trÚs grande différence |
Schématiquement, lorsque le d de Cohen est relativement grand (et qu'il existe des différences entre les deux groupes), les courbes des groupes se chevauchent trÚs peu. Cela atteste d'une certaine similitude de scores au niveau des membres de chacun des groupes.
Conventionnellement, lorsqu'une étude énonce un d négatif, il s'agit d'une différence en faveur des femmes[24].
Méthodes taxométriques
De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la reprĂ©sentation populaire Ă propos de la diffĂ©rence de sexe, consiste en une distinction fondamentale entre deux catĂ©gories discrĂštes (femmes/hommes). Ces catĂ©gories de l'Homme seront nommĂ©es taxons. Il s'agit lĂ d'une approche catĂ©gorielle des diffĂ©rences. Toutefois, il serait Ă©galement envisageable de considĂ©rer les diffĂ©rences comme dimensionnelles: cela signifierait que le degrĂ© de « fĂ©minitĂ© » ou de « masculinitĂ© » constituent une variable continue qui peut varier en intensitĂ©: plutĂŽt que d'ĂȘtre « femme » ou « homme », on pourrait ĂȘtre plus ou moins « fĂ©minin » ou « masculin » selon une large gamme de nuances possibles[4].
La méthode taxométrique consiste à analyser statistiquement si la différence entre les groupes est catégorielle ou dimensionnelle. Pour ce faire, ces méthodes placent sur un continuum les moyennes obtenues de chaque groupe. Ces moyennes déterminent si la structure mesurée est répartie de maniÚre disparate (continue) ou de maniÚre agglomérée (catégorielle)[4].
Test d'Ă©quivalence
Le test d'équivalence permet d'évaluer si les groupes sont similaires en fonction de la dimension étudiée. Dans le cas des différences de genre, par exemple, un test d'équivalence vérifie la dépendance entre le genre et la performance mathématique. Cependant, ces tests sont davantage utilisés dans les études pharmaceutiques. Ce n'est que depuis 2013 qu'on commence à utiliser ce type de tests en psychologie[28].
Le test d'équivalence (pour deux échantillons indépendants) le plus connu est celui développé par Donald Schuirmann (1987). Celui-ci se base sur le t de Student et un intervalle d'équivalence, nommé D.
De maniĂšre concrĂšte, le test d'Ă©quivalence de Schuirman part de deux hypothĂšses nulles :
Ces hypothÚses nulles sont mutuellement exclusives. Pour démontrer que les moyennes de groupe sont équivalentes, il faut rejeter l'hypothÚse nulle que l'on a choisie[28].
ModÚles généraux
Psychologie Ă©volutionniste
Les modĂšles Ă©volutionnistes sâinspirent des travaux de Charles Darwin concernant la thĂ©orie de la sĂ©lection naturelle et de la sĂ©lection sexuelle. Le principe de la thĂ©orie de la sĂ©lection naturelle repose sur les diffĂ©rences entre individus dĂ©terminĂ©es par l'hĂ©rĂ©ditĂ© : les individus qui, de par leurs caractĂ©ristiques hĂ©rĂ©ditaires, ont davantage de chances de survies sont plus susceptibles de voir leurs caractĂ©ristiques gĂ©nĂ©tiques transmises Ă leur progĂ©niture[29]. La thĂ©orie de la sĂ©lection sexuelle dĂ©coule de la thĂ©orie de la sĂ©lection naturelle et s'intĂ©resse plus prĂ©cisĂ©ment Ă la reproduction, condition essentielle de la transmission des caractĂ©ristiques hĂ©rĂ©ditaires qui ont permis la survie. Cette thĂ©orie postule que le choix de partenaires repose d'une part, sur les prĂ©fĂ©rences de la femelle pour certains mĂąles et d'autre part, sur la compĂ©tition entre les mĂąles pour choisir ou ĂȘtre choisi[30].
Selon Darwin, les individus mùles les plus vigoureux et donc les plus aptes à subsister laissent un plus grand nombre de descendants et ainsi voient la pérennité de leurs gÚnes assurée. Ainsi par exemple, un cerf n'ayant pas de bois aurait beaucoup moins de chance de prouver sa supériorité lors d'un combat intra-espÚce et aurait donc plus de chance de disparaßtre sans laisser de progéniture derriÚre lui[31].
Selon Stewart-Williams et Thomas, deux grands modĂšles issus de la psychologie Ă©volutionniste tentent d'expliquer les diffĂ©rences de comportements qu'il peut exister entre les hommes et les femmes : le modĂšle MCFC et le modĂšle MMC[32]. Le modĂšle MCFC (Males Contest, Females Choose ; mĂąles en compĂ©tition, femelles choisissent) postule que les mĂąles dâune espĂšce entreraient en compĂ©tition entre eux afin de sĂ©duire les femelles qui, en fin de compte, choisiraient leur partenaire. C'est par exemple le cas des paons dont les mĂąles possĂšdent un plumage trĂšs colorĂ© lorsqu'ils font la roue afin d'attirer les femelles. Les espĂšces oĂč ce modĂšle est trĂšs prĂ©sent possĂšdent gĂ©nĂ©ralement un dimorphisme sexuel marquĂ© (ce qui veut dire qu'il y aurait beaucoup de diffĂ©rences entre les mĂąles et les femelles). Pour certains, les diffĂ©rences importantes de pilositĂ© entre l'homme et la femme seraient un argument en faveur de cette thĂ©orie chez l'Homme. Cependant, appliquĂ©e Ă lâespĂšce humaine, cette thĂ©orie reste fort limitĂ©e.
Le modĂšle MMC (Mutual Mate Choice ; choix mutuel du partenaire) dĂ©crit lâespĂšce humaine comme Ă©tant monomorphique (ce qui signifie quâil nâexiste que peu de diffĂ©rences entre les hommes et les femmes). Tant les hommes que les femmes entreraient Ă la fois en compĂ©tition pour le sexe opposĂ© et Ă la fois choisiraient leur partenaire Ă long terme. De plus, avec l'Ă©volution de l'espĂšce humaine, l'homme a accordĂ© de plus en plus d'importance Ă l'investissement parental au point que les diffĂ©rences avec l'investissement de la mĂšre tendent Ă s'amenuiser.
Dans la littérature scientifique, l'espÚce humaine est parfois décrite comme une espÚce MCFC et parfois présentée comme une espÚce de type MMC.
Pour expliquer les diffĂ©rences psychologiques de genre, les modĂšles Ă©volutionnistes se fondent sur des caractĂ©ristiques biologiques. En effet, les caractĂ©ristiques biologiques sont diffĂ©rentes entre les hommes et les femmes et ce sont ces diffĂ©rences, surtout au niveau de la reproduction qui crĂ©eraient les diffĂ©rences psychologiques. Avec une telle approche, certains traits ont plus de chance d'ĂȘtre sĂ©lectionnĂ©s et transmis en fonction du genre. Ainsi par exemple[21] :
- une force musculaire plus importante aurait plus de chance d'ĂȘtre transmise Ă un homme, cette force aiderait l'individu de sexe masculin Ă se dĂ©marquer lors de la compĂ©tition intrasexuelle avec les autres pairs masculins ;
- les traits liés à la sociabilité et les qualités relationnelles seraient plus facilement transmises à la femme qui porte et allaite les enfants, ces capacités relationnelles permettraient à l'individu de sexe féminin de sélectionner l'individu de sexe masculin qui possÚde les caractéristiques les plus favorables pour celle-ci.
RÎle des hormones dans les différences psychologiques
Dans les modĂšles Ă©volutionnistes, le rĂŽle des caractĂ©ristiques biologiques est important. Les diffĂ©rences biologiques se manifesteraient Ă©galement au niveau hormonal : la testostĂ©rone prĂ©natale peut influencer le dĂ©veloppement du comportement sexuĂ© chez l'enfant[33]. En effet, en cours de la huitiĂšme semaine de gestation, le chromosome Y et plus prĂ©cisĂ©ment le gĂšne SRY (Sex-dĂ©termining Region Y) portĂ© par les fĆtus mĂąles dĂ©clenche la production dâandrogĂšnes (dont la testostĂ©rone). Ă lâinverse, chez les fĆtus femelles, la production en testostĂ©rone est relativement faible ce qui provoque une diffĂ©rence sexuelle dans le taux de testostĂ©rone lors de la gestation. La rĂ©gulation de la testostĂ©rone se fait via des rĂ©cepteurs androgĂšnes se situant dans le cerveau ce qui peut conduire Ă ce qu'une exposition diffĂ©rentes aux hormones donne des diffĂ©rences dans le cerveau et donc dans le comportement futur de lâindividu[33].
Des Ă©tudes portant sur les souris ont permis de mettre en Ă©vidence que :
- l'exposition à la testostérone lors du développement sur des souris femelles produit un comportement qualifié de mùle chez l'adulte ;
- inhiber la production de testostérone lors du développement des souris mùles a permis de mettre en évidence l'effet opposé[34].
Des cas similaires ont été observés chez des personnes souffrant de trouble du développement sexuel :
- Les fĆtus femelles souffrant d'hyperplasie congĂ©nitale des surrĂ©nales (HCS) reçoivent la mĂȘme quantitĂ© de testostĂ©rone qu'un fĆtus mĂąle. Le constat est qu'Ă la naissance, il y a une masculinisation des organes gĂ©nitaux ainsi qu'une prĂ©fĂ©rence pour des activitĂ©s dites plus masculines comme le sport, les appareils Ă©lectroniques, le type d'emploi dans la vie future[35].
- Le syndrome d'insensibilitĂ© aux androgĂšnes, qui touche exclusivement les fĆtus mĂąles et qui naissent sous l'apparence du sexe fĂ©minin, aurait l'effet inverse[33].
Chez les enfants, il a été observé que la concentration de testostérone avant la naissance influence le type de jeux ainsi que les activités de préférence sexuées de l'enfant. Par exemple, les filles jouent de préférence avec les poupées et les garçons avec des camions[33]. Or, les petites filles atteintes de HCS se tournent davantage vers des jeux masculins avec réduction pour les jeux de petites filles. L'effet inverse est également observé[33] ; voir : non conformité de genre dans l'enfance.
Théorie de l'investissement sexuel et parental
Les thĂ©ories de l'investissement sexuel et de l'investissement parental ont Ă©tĂ© initiĂ©s par les travaux de Trivers en 1972[36]. La thĂ©orie de l'investissement sexuel postule que c'est l'individu qui s'investit le plus dans sa descendance qui doit ĂȘtre le plus sĂ©lectif. L'auteur dĂ©finit deux types de compĂ©titions sexuelles :
- Dans la compétition intra-sexuelle, le sexe qui s'investit le moins entre en rivalité avec ses pairs pour avoir accÚs au sexe qui investit le plus dans la progéniture.
- Dans la compétition inter-sexuelle, le sexe qui serait le plus sélectif limiterait aussi l'investissement de l'autre sexe dans l'investissement parental.
Dans la majorité des cas, il s'agit de la femelle qui est la plus sélective. En effet, il peut y avoir un risque de mal choisir pouvant entrainer la disparition de l'espÚce[36]. Une autre hypothÚse avancée par Trivers est que la femelle s'investit plus dans sa progéniture car le coût attaché à la production de gamÚtes femelles est bien plus élevé que celui attaché à la production de gamÚtes mùles. Par exemple, la période de gestation représente un investissement important de la part de la mÚre. D'autres auteurs stipulent que la femelle choisit le mùle qui peut fournir le plus de ressources à elle et à sa future descendance[32].
Cette théorie permet de comprendre les comportements et les investissements que les parents, et surtout ceux de la mÚre, ont vis-à -vis de leurs progénitures pour garantir leurs chances de survie[24].
L'explication des homicides selon Daly et Wilson
Daly et Wilson ont proposé une explication théorique des différences de sexe parmi les auteurs et les victimes d'homicides. Cette explication se fonde sur l'hypothÚse selon laquelle certains traits psychologiques comme l'agressivité et la prise de risque sont utiles pour la compétition intrasexuelle. Ils étayent leurs travaux par rapport aux cas des homicides[37]. Ils constatent que ce sont majoritairement les hommes qui sont impliqués dans ce type de crimes. D'autres caractéristiques sont également observées :
- Ils sont en Ăąge d'avoir des enfants, mais n'en ont pas[37] ;
- Ils disposent de peu de ressources ce qui peut expliquer la prise de risque étant donné qu'ils n'ont presque rien à perdre[37].
Une des raisons pour expliquer les cas d'homicide est qu'il s'agit d'une tentative que font les hommes pour montrer que les femmes leur appartiennent dans le but de contrÎler leur sexualité et de préserver leur honneur[38]. Il faut également noter que la nature de ce type de crime est différente entre hommes et femmes (les femmes n'agissant pas dans le but d'une compétition intrasexuelle)[38].
Cette thĂ©orie permet donc de comprendre pourquoi les traits dâagressivitĂ© et de prise de risque sont plus rencontrĂ©s chez les hommes que chez les femmes[37].
Bien que cette théorie ait connu un certain succÚs dans la littérature scientifique, elle fut fortement critiquée[39]. Selon, Smith, Mulder et Hill, cette théorie présenterait de nombreux biais, tant sur le plan théorique que méthodologique.
Différences cérébrales entre hommes et femmes
Il existe des différences entre les hommes et les femmes au niveau de certaines structures cérébrales[40]:
- Les femmes ont un pourcentage plus important en matiĂšre grise que les hommes[40];
- Les hommes ont un pourcentage plus important en matiÚre blanche que les femmes, à l'exception de certaines régions cérébrales comme le splénium du corps calleux qui est plus important chez la femme[40];
- La zone appelée SDN-POA (sexually dimorphic nucleus (SDN) dans l'aire préoptique médiane (POA), ainsi que INAH3 qu'elle comprend, située dans l'aire pré-optique de l'hypothalamus, est d'une taille significativement plus grande chez l'homme que chez la femme. "Personne ne sait encore ce que fait cet amas de cellules" reconnaßt Rebecca Jordan-Young[41].
- Il existe une asymétrie cérébrale plus importante chez les hommes que chez les femmes pouvant expliquer les meilleures performances des hommes dans les épreuves visuo-spatiale[40];
- Ă l'inverse, il existe une symĂ©trie bilatĂ©rale plus importante chez la femme qui pourrait rendre compte de leur meilleure performance dans le domaine verbal[40]. Une Ă©tude d'imagerie par rĂ©sonance magnĂ©tique fonctionnelle menĂ©e sur des enfants s'est intĂ©ressĂ©e au traitement neuronal et a montrĂ© les diffĂ©rences suivantes : lâactivation chez les filles bilatĂ©ralement dans les gyrus frontal infĂ©rieur, gyrus temporal supĂ©rieur et gyrus fusiforme gauche est plus grande dans les 4 tĂąches (jugement orthographique auditif ou visuel, jugement phonologique auditif ou visuel)[42]. En revanche, la plus grande activation dans le gyrus temporal supĂ©rieur se limite aux tĂąches auditives[42]. Lâactivation du cerveau dans le gyrus occipital infĂ©rieur et dans le gyrus temporal moyen gauche est corrĂ©lĂ©e Ă la performance dâexactitude dans les 2 tĂąches, ce qui nâest pas le cas chez les garçons[42]. Chez eux, la corrĂ©lation avec lâexactitude se fait avec la modalitĂ© de prĂ©sentation du mot : pour les mots audibles, câest la rĂ©gion frontale infĂ©rieure qui est activĂ©e, tandis que pour les mots visibles, câest lâactivation du lobe pariĂ©tal supĂ©rieur gauche et le prĂ©cuneus qui entrent en jeu[42].
ModĂšles constructivistes
L'approche constructiviste, à l'instar du constructivisme social avance que les différences de genre observées s'expliquent par l'intériorisation des rÎles sexués dans l'environnement[18]. Ainsi, les différences psychologiques observées entre hommes et femmes ne seraient pas le fruit de différences biologiques mais s'expliqueraient par l'intériorisation des normes véhiculées au sein de la société. C'est au courant constructiviste que l'on doit la notion de genre.
Les théories constructivistes sont devenues le fer de lance des mouvements féministes. Simone de Beauvoir est perçue comme l'une des pionniÚres du constructivisme. Ses travaux ont marqué un tournant important dans les sciences humaines. En effet, elle remet en question le déterminisme biologique et elle oppose nature/culture ainsi qu'inné/acquis[43].
Il est important de souligner que la notion de genre, qui s'est implantĂ©e en Europe dans les annĂ©es 1990, est le fruit des recherches constructivistes, notamment menĂ©es dans les annĂ©es 1970, oĂč en France les sociologues et anthropologues (Christine Delphy, Nicole-Claude Mathieu, Colette Guillaumin et MichĂšle Perrot) associĂ©es au courant fĂ©ministe, parlaient plutĂŽt de sexe social ou encore de rapports de sexe et de rapports sociaux de sexe[44].
Dans les annĂ©es 1990, Judith Butler propose une vision anti-biologique de ce qui est masculin et fĂ©minin. Dans cette optique, le sexe serait une crĂ©ation de la sociĂ©tĂ©[45]. Selon cette thĂ©orie, on devient homme ou femme en fonction des rĂŽles que la sociĂ©tĂ© nous propose dâinterprĂ©ter. Dans cette optique, les travaux de Wittig, Preciado et Bourcier viendront plus tard jusquâĂ inciter lâindividu Ă sâopposer au sexe biologique, en dĂ©finissant soi-mĂȘme son genre[3].
Plusieurs auteurs, à travers le constructivisme, ont abordé le genre sous la relation de dominant-dominé tels que Simone de Beauvoir avec son analyse de la hiérarchie entre les sexes ou encore Pierre Bourdieu avec son ouvrage sur la domination masculine publié en 1998.
Depuis lors, de nouvelles approches ont fait surface. C'est le cas notamment de la « théorie des rÎles sociaux »[18], de « l'hypothÚse de la similitude des genres », ainsi que de la « théorie de la comparaison sociale ».
Théorie des rÎles sociaux
La théorie des rÎles sociaux est une théorie socioculturelle des différences de genre développée par Alice Eagly en 1987. Cette théorie, qui s'inscrit dans une vision constructiviste de la différence de genres, avance que les différences rencontrées sont davantage liées aux représentations socioculturelles de l'homme et de la femme qu'aux différences biologiques, bien qu'elle tienne compte de ces derniÚres. Cette théorie aborde sexe et genre comme « des constructions éminemment contextuelles, créées hic et nunc et ad hoc »[18].
C'est l'organisation sociale, elle-mĂȘme Ă©tablie par des diffĂ©rences biologiques et de socialisation, qui dĂ©finit les rĂŽles attribuĂ©s aux hommes et aux femmes. Ainsi, on s'attendra plus Ă voir des hommes occuper des postes Ă responsabilitĂ© ou nĂ©cessitant des compĂ©tences physiques, tandis que les femmes sont associĂ©es Ă des rĂŽles qui touchent plus au domaine de l'Ă©ducation.
Par exemple, concernant le leadership. Les femmes leader sont évaluées aussi positivement que les hommes leader (d = 0,05). Cependant, les femmes leader qui sont définies comme des autoritaires indifférentes, sont plus désavantagées que les hommes leader dépeints de cette façon (d = 0,30). Les femmes qui vont à l'encontre du stéréotype « prendre soin de » et apporter un soutien émotionnel reçoivent des évaluations plus négatives.
Des recherches plus rĂ©centes rĂ©alisĂ©es par Eagly et Sczeny, montrent dâailleurs que malgrĂ© une Ă©volution Ă©galitaire dans la vie de couple, avec notamment une plus grande rĂ©partition des tĂąches ; les rapports entre sexes restent asymĂ©triques Ă cause des stĂ©rĂ©otypes. Les femmes ayant par exemple toujours plus de difficultĂ©s Ă accĂ©der Ă des postes Ă responsabilitĂ© au sein dâune entreprise[46].
Cette image que nous intériorisons alors du rÎle de l'homme et de la femme va définir les qualités et comportements que nous allons développer pour remplir ce rÎle qui est attendu. Cette répartition des rÎles expliquerait l'existence de stéréotypes de genre et les différences de comportement observés selon le genre[21].
HypothĂšse de la similitude des genres
L'hypothĂšse de la similitude des genres a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e par Janet Shibley Hyde en 2005. Elle repose sur lâidĂ©e selon laquelle les hommes et les femmes seraient assez similaires sur la plupart des variables psychologiques. Le plus souvent, la variation serait mĂȘme plus grande au sein des groupes du mĂȘme sexe, quâentre les groupes de sexe diffĂ©rent[12].
Cette hypothĂšse est Ă©tayĂ©e par 46 mĂ©ta-analyses, rĂ©alisĂ©es aux Ătats-Unis, qui ont mis en Ă©vidence 124 tailles d'effet concernant les diffĂ©rences de genre. Ces mĂ©ta-analyses traitent de sujets tels que : les variables cognitives, la communication, le bien-ĂȘtre psychologique, les comportements moteurs, les attitudes sociales ainsi que la personnalitĂ©. En termes dâeffets de taille, lâhypothĂšse de similaritĂ© de genre met en Ă©vidence le fait que les plus grandes diffĂ©rences de genres sont pour la plupart proches de 0 (d †0,10) ou se situent dans les petites gammes (0,11 †d †0,35) quelques-unes sont dans la gamme modĂ©rĂ©e (0,36 †d †0,65), et trĂšs peu sont dans la large (0,66 †d †1,00) ou trĂšs large (d > 1,00)[12].
Cela a permis de mettre en Ă©vidence que 30 % Ă©taient proches de zĂ©ro et 48 % faibles. Dans 78 % des cas, l'importance des variations imputables aux diffĂ©rences entre les hommes et les femmes Ă©tait faible ou quasi nulle. Les diffĂ©rences entre hommes et femmes sont tellement faibles que, selon Hyde, elles devraient en gĂ©nĂ©ral ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme inexistantes[24].
Ce nâest cependant pas le cas de toutes les variables. Des diffĂ©rences plus importantes sont observĂ©es pour certains comportements moteurs (ex : distance du lancer), ou encore certains aspects de la sexualitĂ©. LâagressivitĂ© est Ă©galement une exception, puisque les hommes seraient plus susceptibles dâagresser physiquement que les femmes[47].
Ce modĂšle sâoppose donc Ă celui des diffĂ©rences, selon lequel les hommes et les femmes seraient trĂšs diffĂ©rents dâun point de vue psychologique[12].
Hyde souligne les risques liĂ©s au renforcement des stĂ©rĂ©otypes entre hommes et femmes. En effet, la surestimation de ces diffĂ©rences pourrait porter prĂ©judice au sexe fĂ©minin dans des domaines tels que le monde du travail, ou leurs capacitĂ©s mathĂ©matiques Ă lâĂ©cole. Concernant les couples, elle Ă©voque des difficultĂ©s de communication causĂ©es par les stĂ©rĂ©otypes et chez les jeunes adolescents, des problĂšmes d'estime de soi[12].
Théorie de la comparaison sociale
La thĂ©orie de la comparaison sociale[48] a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e par Leon Festinger en 1954. Cette thĂ©orie postule que les individus ont besoin de s'Ă©valuer continuellement de façon objective via des mĂ©thodes d'Ă©valuation mais aussi de façon subjective en se comparant Ă autrui. Il semblerait que les individus aient un goĂ»t plus prononcĂ© pour cette Ă©valuation relative, et non pas absolue, c'est-Ă -dire que les individus se comparent volontiers par rapport Ă autrui plutĂŽt que par rapport Ă des rĂ©sultats objectifs[21]. Par exemple, la note de 12 sur 20 obtenue Ă un cours de gĂ©omĂ©trie n'a pas la mĂȘme signification si les autres de la classe ont obtenu un 5 ou 9, plutĂŽt qu'un 16 ou un 18 sur 20.
Ces comparaisons sociales vont alors influencer nos perceptions et comportements. De ce point de vue, les diffĂ©rences entre hommes et femmes peuvent apparaĂźtre selon que les individus se comparent soit Ă d'autres individus, soit Ă un autre groupe dans son ensemble. La perception des individus de leurs propres compĂ©tences ou caractĂ©ristiques serait alors dĂ©finie par la conscience d'appartenir Ă un groupe qui rĂ©pond Ă certains stĂ©rĂ©otypes, en lâoccurrence le genre masculin ou fĂ©minin. Par exemple, un homme se dĂ©finira comme vantard et une femme comme conciliante si dans leur propre Ă©valuation, les individus prennent en compte la variable genre.
Données empiriques
à l'appui de cette hypothÚse, une recherche menée par Guimond et Roussel en 2002 a mis en évidence l'importance de ces comparaisons sociales pour l'évaluation de soi et de ses performances[21]. Dans cette étude, les auteurs ont demandé à des élÚves français ùgés de 14 à 15 ans, de s'auto-évaluer sur quinze caractéristiques différentes. La classe a été divisée en deux catégories distinctes répondant chacune à une condition différente :
- la condition « Soi/groupe » : dans cette condition, ou catĂ©gorie, les Ă©lĂšves doivent dans un premier temps s'Ă©valuer eux-mĂȘmes et ensuite Ă©valuer les hommes et les femmes quant Ă ces mĂȘmes caractĂ©ristiques ;
- la condition « Groupe/soi » : dans cette condition-ci, l'ordre est inversĂ©. Les Ă©lĂšves doivent d'abord Ă©valuer les hommes et les femmes en ce qui concerne ces quinze caractĂ©ristiques, et ensuite s'Ă©valuer eux-mĂȘmes.
Dans la premiÚre condition, « Soi/groupe », aucune différence significative dans la façon d'évaluer le soi entre les filles et garçons n'est observée: les filles s'évaluent comme étant aussi compétentes que les garçons. A contrario, dans la seconde condition, « Groupe/soi », une différence significative est relevée : les filles se perçoivent comme étant moins compétentes que les garçons.
En fait, dans cette seconde condition, ils se sont dĂ©finis davantage comme membre d'un groupe sexuĂ© et se sont donc appliquĂ© le stĂ©rĂ©otypes. « Ătant donnĂ© le stĂ©rĂ©otype largement partagĂ© selon lequel les garçons sont plus douĂ©s que les filles pour les sciences, la prise en compte de cette information a eu pour effet d'abaisser l'Ă©valuation des filles et de rehausser celle des garçons[21] ». Ces rĂ©sultats invitent alors Ă prendre en considĂ©ration que les diffĂ©rences de genre observĂ©es au niveau du soi puissent varier selon le contexte, tandis que le processus de comparaison sociale expliquerait ces diffĂ©rences significatives.
Une autre Ă©tude[49] a mis en Ă©vidence le lien entre la croyance des Ă©lĂšves en ces stĂ©rĂ©otypes de genre et leur propre Ă©valuation. Ainsi, plus les garçons croyaient en la vĂ©racitĂ© de ces stĂ©rĂ©otypes, meilleure Ă©tait la note qu'ils s'attribuaient, et chez les filles, plus elles accordaient du crĂ©dit Ă ces stĂ©rĂ©otypes, moins bonne Ă©tait leur propre Ă©valuation. Cette Ă©tude a Ă©galement donnĂ© d'autres rĂ©sultats qui corroboraient ce qui avait Ă©tĂ© observĂ© : ainsi, les filles de la deuxiĂšme condition avaient tendance Ă surestimer leurs compĂ©tences dans le domaine des arts, tandis que les garçons sous-estimaient leurs propres compĂ©tences. Alors que dans le groupe de la premiĂšre condition (celle qui ne met pas en Ă©vidence les diffĂ©rences sexuelles), les garçons s'octroyaient une note supĂ©rieure Ă celle que les filles s'accordaient Ă elles-mĂȘmes. Ces rĂ©sultats appuient fortement l'idĂ©e que les individus s'Ă©valuent en accord avec les stĂ©rĂ©otypes vĂ©hiculĂ©s au sein de leur milieu.
Toujours dans le champ de la comparaison sociale, Guimond et al. se sont intéressés à l'effet des comparaisons intragroupes et intergroupes. Cette recherche se décline en quatre expériences menées en France et en Angleterre. Ces expériences ont mis en lumiÚre, à l'instar de Cross et Madson[50] que les femmes se voient comme étant plus interdépendante ou plus axées sur le versant relationnel que les hommes, tandis que ces derniers se considÚrent comme plus indépendants ou agentiques que les femmes. Ceux-ci se qualifient aisément comme étant plus « vantards », « égoïstes » ou « dominateurs » que les femmes.
Par contre, lorsque ceux-ci doivent se comparer aux autres membres du groupe masculin, ces diffĂ©rences de genre s'estompent. C'est-Ă -dire, selon cette thĂ©orie, les hommes se comportent conformĂ©ment Ă leur perception: ils adoptent un comportement plus dominant ou vantard en prĂ©sence de femmes, tandis que ce comportement sera moins marquĂ© lorsqu'ils sont entre hommes uniquement. Il en va de mĂȘme pour le groupe des femmes. Par contre, lorsque les sujets devaient se comparer avec des membres de l'autre groupe de genre, l'effet du sexe du sujet sur soi indĂ©pendant et interdĂ©pendant se faisait beaucoup plus marquĂ© et plus important que l'effet de sexe observĂ© au sein du groupe contrĂŽle. « Lorsque des femmes se comparent Ă des hommes et inversement, les gens vont se catĂ©goriser au niveau de l'identitĂ© sociale, en tant que membre d'un groupe, et donc en tant qu'homme ou femme⊠Dans ces conditions, il y aura dĂ©personnalisation du soi et auto-stĂ©rĂ©otypie: les individus vont se dĂ©finir en utilisant les traits stĂ©rĂ©otypiques de leur endogroupe »[21]. C'est ce qui explique que nous observons rĂ©guliĂšrement des diffĂ©rences de genre importantes au niveau du concept de soi, lesquelles correspondent aux stĂ©rĂ©otypes de genre.
Culture et comparaison sociale
Les prĂ©mices de l'explication des diffĂ©rences de genre par la culture remontent aux annĂ©es 1980 et ont Ă©tĂ© posĂ©es par Hofstede. Ce dernier avance le fait que dans les pays Ă distance hiĂ©rarchique Ă©levĂ©e, c'est-Ă -dire oĂč est prĂ©sent un systĂšme de hiĂ©rarchie pyramidale ou de castes, comme le Mexique, l'Inde ou la Malaisie, les inĂ©galitĂ©s de pouvoir sont perçues comme lĂ©gitimes et adĂ©quates. Tandis que dans les cultures oĂč la distance hiĂ©rarchique est faible, comme la Belgique, la Suisse ou le Canada, ces inĂ©galitĂ©s de pouvoir sont perçues comme inappropriĂ©es et Ă©tant Ă rĂ©duire.
Ainsi, selon la thĂ©orie de l'identitĂ© sociale de Tajfel et Turner en 1986, et selon la thĂ©orie des relations intergroupes en cinq stades[51] de Taylor et McKirnan, dans les cultures oĂč la distance hiĂ©rarchique est importante, les comparaisons sociales ont lieu davantage au sein du groupe, elles sont donc de type intragroupe. En revanche, dans les cultures oĂč la distance hiĂ©rarchique est faible, ces comparaisons sociales seront plus intergroupes. Ce qui signifie que dans un contexte de diffĂ©rences de genre, dans les cultures Ă distance hiĂ©rarchique Ă©levĂ©e, les individus favorisent les comparaisons intra-genres. Tandis que dans les cultures Ă distance hiĂ©rarchique faible, comme la Belgique ou la France, les individus considĂšrent les comparaisons inter-genres comme adĂ©quates et pertinentes.
Les diffĂ©rences de genre sont alors plus marquĂ©es et mises en avant dans nos sociĂ©tĂ©s occidentales[21]. La culture a donc un impact important sur les perceptions des diffĂ©rences de genre. Une recherche[52] menĂ©e par Guimond et al. en 2007 a confirmĂ© cette prĂ©diction. Comme prĂ©vu, dans les cultures Ă faible distance hiĂ©rarchique telles que la France ou la Belgique, la comparaison intergroupe va favoriser les hommes et les femmes Ă se comporter et se dĂ©finir conformĂ©ment aux stĂ©rĂ©otypes de leur groupe[21]. Nos cultures occidentales sont propices alors Ă la mise en Ă©vidence des diffĂ©rences rencontrĂ©es entre les hommes et les femmes. Par extension, on peut mĂȘme dire que les diffĂ©rences de genre rencontrĂ©es sont exacerbĂ©es par notre propension Ă nous comparer entre groupes.
Ăthologie
Les travaux de Frans de Waal s'inscrivent en faux contre l'idĂ©e que le genre ne serait qu'une construction sociale. Selon lui, les grands singes - et notamment les bonobos et les chimpanzĂ©s, qui partagent avec les hommes plus de 96 % du patrimoine gĂ©nĂ©tique de ces derniers - tĂ©moignent du fait que les prĂ©fĂ©rences et les comportements que nous qualifions de genrĂ©s ont aussi une base biologique[53]. La biologie explique par exemple que « chez tous les primates, les jeunes mĂąles jouent avec les jeunes mĂąles, et les jeunes femelles avec les jeunes femelles ». Dans ces jeux, la force physique joue un rĂŽle clĂ© chez les premiers, largement absent chez les secondes. Un constat identique Ă ce que l'on peut observer dans les cours de rĂ©crĂ©ation[54]. Une autre conclusion nĂ©e de dĂ©cennies d'observation des primates est que les mĂąles sont « plus prĂ©occupĂ©s par leur rang social » et les femelles « plus tournĂ©es vers les ĂȘtres jeunes et vulnĂ©rables » dĂšs leur plus jeune Ăąge. Ces observations montrent Ă©galement que « les femelles se livrent elles aussi Ă une intense compĂ©tition sociale et assument, avec l'Ăąge, une position d'autoritĂ© au sein du groupe. »[54]
Ătude des diffĂ©rences et similitudes entre hommes et femmes dans diffĂ©rents domaines
Dans la littérature scientifique, il est question de différences et de similitudes de genre. Cette partie vise à confronter ces deux aspects afin de déterminer si les stéréotypes sont ou non réels.
DĂ©veloppement
Plusieurs études se sont intéressées aux différences de genre au niveau des enfants dont voici les principaux aspects: nous remarquons que les enfants sont sensibles au genre et ce de façon précoce mais aussi qu'ils adhÚrent rapidement aux rÎles qui sont attendus de par leur genre[55]. Il faut tenir compte de l'environnement social de l'enfant et ce pour deux raisons :
- D'une part, l'enfant mémorise et réutilise les modÚles familiaux dans des contextes différents ;
- D'autre part, l'entourage familial de l'enfant participe à la création des différences de genre[55]. En effet, l'entourage familial encourage ou non certaines attitudes "contraires à leur genre".
Le fait peut ĂȘtre Ă©tabli que les attitudes Ă©ducatives participent Ă la crĂ©ation des diffĂ©rences de genre[55].
Cognition
Certains auteurs ont mis en évidence l'existence de différences de genre en mathématiques ainsi que dans les compétences spatiales et verbales[24]. Les hommes ont tendance à surpasser les femmes dans les épreuves en mathématiques et spatiales tandis que les femmes ont tendance à avoir de meilleurs scores dans les épreuves verbales[24].
Performance mathématique
L'Ă©tude des mĂ©ta-analyses a permis de mettre Ă©vidence l'existence de diffĂ©rences entre hommes et femmes dans les performances en mathĂ©matiques. En effet, il est ressorti dans ces Ă©tudes datant de 1990 que les hommes parvenaient Ă mieux rĂ©soudre les problĂšmes complexes que les femmes (d = 0,29)[24]. Cependant, des Ă©tudes rĂ©centes ont mis en Ă©vidence que les femmes avaient tendance Ă avoir des scores similaires en mathĂ©matiques mais il est important de relativiser en prĂ©cisant que cette paritĂ© est atteinte aux Ătats-Unis[56]. Toutefois, il est Ă noter que les diffĂ©rences entre hommes et femmes dans les performances ont tendance Ă diminuer avec le temps grĂące notamment Ă l'Ă©ducation[57].
Performance spatiale
La notion de capacitĂ© spatiale est composĂ©e de plusieurs variables telles que la rotation mentale, la visualisation. Cette notion peut ĂȘtre dĂ©finie comme la manipulation dâinformation spatiale pour dĂ©terminer comment une figure donnĂ©e apparaĂźtrait si certaines parties de cette figure devraient ĂȘtre tournĂ©es, pliĂ©es, ou transformĂ©es autrement[58]. Les rĂ©sultats aux mĂ©ta-analyses peuvent ĂȘtre sensiblement diffĂ©rents d'une Ă©tude Ă une autre. En effet, certains auteurs ont montrĂ© qu'il existait une diffĂ©rence de genre, favorisant les hommes (d = 0,73) tandis que dans une mĂ©ta-analyse plus rĂ©cente, la diffĂ©rence se montre modĂ©rĂ©e (d = 0,56) entre les hommes et les femmes[24].
Pour expliquer ces différences, certains auteurs postulent que donner plus de temps lors des passations des tests permet aux femmes d'augmenter significativement leurs scores aux performances spatiales. Une méta-analyse a montré que lorsque les délais étaient courts, la différence de genre dans la rotation mentale était grande (d = 1,03) et en faveur des hommes tandis que dans le cas des tests présentant des délais inexistants, l'effet était modéré entre les hommes et les femmes (d = 0,51)[59].
L'exposition prĂ©natale aux androgĂšnes des fĆtus femelles entraĂźne une capacitĂ© spatiale amĂ©liorĂ©e semblable Ă celle des mĂąles comparativement Ă leurs sĆurs non exposĂ©es. Ceci suggĂšre qu'il pourrait y avoir un mĂ©canisme hormonal commun sous-jacent aux diffĂ©rences sexuelles dans ce domaine cognitif[60] - [61].
Performance verbale
Certains auteurs expliquent qu'il existe un stéréotype concernant le fait que les femmes ont de meilleurs résultats dans les épreuves verbales que les hommes. Cependant, l'analyse de différentes méta-analyses montrent que cette différence reste minime entre les hommes et les femmes (d = 0,11). Les différentes composantes de la capacité verbale ont été analysées et aucune différence de genre n'a été trouvée pour le vocabulaire (d = 0,02), la compréhension à la lecture (d = 0,03), ou l'écriture (d = 0,09). Le plus grand effet était pour l'aisance verbale en faveur des femmes (d = 0,33)[62].
Une Ă©tude menĂ©e aux Pays-Bas sâest intĂ©ressĂ©e Ă lâĂ©cart de genres dans lâacquisition de la langue seconde (ou L2) en se fondant sur la façon dont des migrants (18-50 ans), de 88 pays et de 49 langues maternelles diffĂ©rentes, acquĂ©raient le nĂ©erlandais[63].
Les quatre compétences linguistiques y ont été étudiées séparément : parler, écrire, lire et écouter[63]. Les tests de compétence ont été les suivants :
- Le test de compétence de la langue parlée consistait en 14 tùches de réponses orales à des questions[63]. Les réponses ont été enregistrées et validées par deux experts sur les critÚres suivants : si la réponse était appropriée ou non, puis quel était le vocabulaire employé ; la formation de mot/phrase, puis la prononciation[63].
- Le test de compĂ©tence Ă©crite consistait en 3 tĂąches diffĂ©rentes : Ă©crire 8 courtes rĂ©ponses ; Ă©crire 2 textes courts et Ă©crire un plus long texte[63]. Le premier critĂšre de contenu Ă©tait la comprĂ©hension ainsi que lâadĂ©quation ; le critĂšre principal linguistique Ă©tait lâusage de grammaire correcte[63].
- Le test de compétence de lecture consistait à lire neuf textes de longueurs différentes dans des sujets différents et à répondre à 53 questions à choix multiples (QCM)[63].
- Le test de compĂ©tence dâĂ©coute consistait Ă Ă©couter 6 interviews puis Ă rĂ©pondre Ă 41 questions Ă choix multiples (QCM)[63]. Les critĂšres dâĂ©valuation Ă©taient les Ă©coutes globale et sĂ©lective fondĂ©es sur des opinions orales[63].
Les rĂ©sultats de lâĂ©tude sont les suivants : les femmes sont en majoritĂ© meilleures que les hommes dans les compĂ©tences de langue parlĂ©e et de langue Ă©crite, câest-Ă -dire dans les tĂąches de production, leur score Ă©tant de 8 points supĂ©rieur Ă celui des hommes et ce peu importent leur pays dâorigine et leur langue maternelle (ou L1)[63]. Cela interagit avec le niveau dâĂ©ducation : les femmes bĂ©nĂ©ficient plus dâun haut niveau dâĂ©tudes que les hommes, c'est-Ă -dire que plus elles sont instruites, plus elles confirment leur avantage (cf. Effet Matthieu)[63]. Cependant, les hommes sâavĂšrent meilleurs dans la compĂ©tence de lecture de 2 points[63]. Concernant la compĂ©tence dâĂ©coute, il nây a pas dâeffet de genre significatif[63]. Ces rĂ©sultats proviennent du fait que les femmes sont moins bonnes dans les tĂąches de questions Ă choix multiples (QCM), or les tests dâĂ©coute et de lecture en sont[63]. Il sâavĂšre donc que la modalitĂ© du test est un dĂ©savantage pour elles et que câest un biais dans lâĂ©tude[63].
Cette Ă©tude permet de conclure que lâeffet de genre est significatif dans lâacquisition de la L2, tout comme dans celle de la L1[63].
Ămotions
Les Ă©motions se divisent selon deux aspects, les Ă©motions de base qui arrivent trĂšs tĂŽt dans l'enfance et les Ă©motions auto-conscientes (self-conscious emotions) qui apparaissent plus tard.
Ămotions de base
Selon certains auteurs, il existe des stéréotypes concernant les émotions entre les hommes et les femmes. En effet, la colÚre serait plus acceptable chez les hommes tandis que la tristesse et la peur le seraient davantage chez les femmes[24]. En réalité, peu de différences au niveau des émotions entre les hommes et les femmes sont présentes[24]. Lorsqu'il y en a, elles dépendent de l'ùge et du contexte[24]. Une méta-analyse réalisée par Chaplin et Aldao s'est intéressée aux différences de genre au niveau des émotions selon l'ùge et le contexte[24]. Elle s'est basée sur des enfants de la naissance à l'adolescence[24] :
- Ăge
Des diffĂ©rences minimes favorisant les femmes sont observĂ©es au niveau des Ă©motions positives comme la joie et l'amusement (d = â0,08) et des Ă©motions intĂ©riorisĂ©es telles que lâanxiĂ©tĂ© et la tristesse (d = â0,10)[24]. En revanche, au niveau des Ă©motions externalisĂ©es comme la colĂšre (d = 0,09), la diffĂ©rence est en faveur des hommes[24]. Toutefois, l'Ă©cart de genre au niveau des Ă©motions positives Ă©volue avec l'Ăąge[24]. En effet, la diffĂ©rence en faveur des femmes est de d = â0,20 dans l'enfance tandis qu'elle est de d = â0,28 Ă l'adolescence[24]. Cela peut ĂȘtre notamment dĂ» au fait que lâenfant entre dans la pĂ©riode dâadolescence et quâil commence, par consĂ©quent, Ă se « socialiser »[24].
- Contexte
La diffĂ©rence de genre au niveau des Ă©motions intĂ©riorisĂ©es chez les enfants seuls ou en compagnie d'adultes varie. En effet, chez les enfants seuls la diffĂ©rence est de d = â0,03 alors que pour ceux accompagnĂ©s d'adultes la diffĂ©rence est de d = â0,16[24]. Toutefois, ces diffĂ©rences sont toujours en faveur des femmes[24].
Ămotions secondaires
Else-Quest et al. ont mené une méta-analyse sur les émotions auto-conscientes (self-conscious emotions) (e.g., sentiment de honte, de fierté, d'embarras etc.)[24]. Celles-ci émergent plus tard et présupposent certaines capacités cognitives[64]. De plus, elles permettent aux individus de réguler leurs actions[65].
Des stĂ©rĂ©otypes sont connus pour ces Ă©motions dites auto-conscientes[24]. En effet, les femmes sont censĂ©es ressentir de la culpabilitĂ©, de la honte et de lâembarras quant Ă leurs expĂ©riences et les hommes, de la fiertĂ©[24]. En rĂ©sultat, est observĂ©e une faible diffĂ©rence, favorisant les femmes, au niveau de la culpabilitĂ© (d = â0,27) et de la honte (d = â0,29). Par contre, contrairement aux stĂ©rĂ©otypes, il n'existe pratiquement aucune diffĂ©rence en ce qui concerne l'embarras (d = â0,08), la fiertĂ© (d = â0,01) et l'arrogance (d = â0,09)[24]. Toutefois, ces diffĂ©rences, bien que minimes, favorisent les femmes[24].
Les diffĂ©rences dans la jalousie des hommes et des femmes peuvent Ă©galement ĂȘtre observĂ©s. Alors que la jalousie des femmes est plus susceptible d'ĂȘtre amenĂ©e par l'infidĂ©litĂ© Ă©motionnelle, la jalousie des hommes est le plus susceptible d'ĂȘtre provoquĂ©e par l'infidĂ©litĂ© sexuelle. Une nette majoritĂ© d'environ 62 % Ă 86 % des femmes ont dĂ©clarĂ© qu'elles seraient plus gĂȘnĂ©es par l'infidĂ©litĂ© Ă©motionnelle, alors que la majoritĂ© masculine de 47 % Ă 60% ont dĂ©clarĂ© qu'ils seraient plus gĂȘnĂ©s par l'infidĂ©litĂ© sexuelle.
Psychopathologie
Ce point reprendra les Ă©tudes rĂ©alisĂ©es sur lâexistence ou non dâune relation entre le sexe et certains troubles psychiques.
DĂ©pression
Les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes par la dépression. Cela dit ce constat n'est pas observé chez les enfants. Pour étayer cela, Hyde[24] se base sur deux méta-analyses.
La premiĂšre rĂ©alisĂ©e par Twenge et Nolen-Hoeksema (2002) montre une faible diffĂ©rence entre les scores obtenus par les enfants et les adolescents. Ces Ă©tudes sur la dĂ©pression sont mesurĂ©es Ă partir du CDI (Children Depression Inventory). Les rĂ©sultats obtenus indiquent pour les enfants ĂągĂ©s de 8 Ă 12 ans un d = 0,04 alors que pour les adolescents de 13 Ă 16 ans un d = â0,16. On explique cette faible diffĂ©rence au fait que lorsquâon mesure la taille des effets (d de Cohen), on sâintĂ©resse davantage aux moyennes. Cependant, pour mesurer la dĂ©pression, ce sont les scores extrĂȘmes qui doivent ĂȘtre examinĂ©s. Il est Ă noter que lâĂ©chelle CDI mesure les tendances Ă dĂ©velopper une dĂ©pression. Chez les garçons, cette tendance reste stable dans le temps. Contrairement aux filles oĂč lâon observe une aggravation (d = â0,22 pour les filles de 14 ans).
La deuxiĂšme mĂ©ta-analyse rĂ©alisĂ©e par Luppa et al. (2012) rapporte que les femmes ĂągĂ©es (plus de 75 ans) sont plus dĂ©primĂ©es que les hommes de cette mĂȘme tranche dâĂąge (d = 1,4 contre d = 2,2).
LâABC model de Hyde et al. explique pourquoi les femmes ont tendance Ă ĂȘtre plus dĂ©primĂ©es que les hommes. Trois facteurs (biologiques, affectifs et cognitifs) convergent vers un Ă©tat dĂ©pressif. En ce qui concerne les facteurs biologiques, les hormones ainsi que les facteurs gĂ©nĂ©tiques expliqueraient une tendance plus accrue Ă la dĂ©pression, principalement lors de la pubertĂ©. Alors que pour les facteurs affectifs, ce sont les Ă©vĂ©nements de vie nĂ©gatifs associĂ©s Ă la vulnĂ©rabilitĂ© (prĂ©existante) chez lâindividu, et plus particuliĂšrement chez les filles, qui expliqueraient la dĂ©pression.
Le dernier facteur concerne la cognition. Elle est abordĂ©e sous trois aspects : le dĂ©sespoir, la conscience du corps (lâindividu observe et critique leur apparence, leur corps) et la rumination. Le dĂ©sespoir sera Ă©tudiĂ© par Abramson et al. Ă travers la thĂ©orie de l'impuissance-dĂ©sespoir.
En conclusion, les Ă©tudes montrent quâil existe une diffĂ©rence des genres au niveau de la dĂ©pression. Celle-ci apparaĂźtrait dĂšs lâadolescence, et serait plus observĂ©e chez les femmes[24].
Rumination
Comme dit ci-dessus, la rumination est vue par certains thĂ©oriciens comme un facteur de la dĂ©pression. Mais, elle peut Ă©galement ĂȘtre perçue comme un comportement pathologique Ă part entiĂšre. Câest dâailleurs de cette maniĂšre que Rood et al. la perçoivent dans leur mĂ©ta-analyse. Ces auteurs montrent un d = â0,14 pour les Ă©chantillons d'enfants alors que le d de Cohen obtenu par les Ă©chantillons des adolescents, est de â0,36. De ce fait, tout comme la dĂ©pression, la rumination sâaccroĂźt avec lâĂąge[24].
Estime de soi
De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les femmes ont plus souvent des problĂšmes d'estime de soi que les hommes. Une mĂ©ta-analyse menĂ©e par Kling et al. a dĂ©montrĂ© une diffĂ©rence favorisant les hommes (d = 0,21). Toutefois, cette diffĂ©rence est trĂšs faible. Dâautres mĂ©ta-analyses ont permis de rendre compte que certaines caractĂ©ristiques chez les hommes favorisent leur "estime de soi" : lâapparence physique (d = 0,35), la sportivitĂ© (d = 0,41) et lâautosatisfaction (d = 0,33). Cependant dans ces analyses, les femmes ont des scores plus Ă©levĂ©s que les hommes en ce qui concerne les conduites comportementales (d = â0,17) et morales (d = â0,38). Aucune diffĂ©rence nâa Ă©tĂ© observĂ©e en ce qui concerne les aspects sociaux, scolaires et familiaux.
Schizophrénie
Selon la littĂ©rature, les hommes seraient plus atteints de schizophrĂ©nie que les femmes. Pour vĂ©rifier cette affirmation, AndrĂ© Aleman, RenĂ© Kahn et Jean-Paul Selten ont repris les Ă©tudes anglaises rĂ©alisĂ©es sur le sujet entre janvier 1980 et septembre 2001. Ils ont calculĂ© sur lâensemble des parutions un indice de 1,42. Cet indice permet d'indentifier la prĂ©sence de la schizophrĂ©nie chez les hommes par rapport aux femmes (rapport de risque). NĂ©anmoins, s'il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que le risque est plus Ă©levĂ© chez les hommes de voir apparaĂźtre la pathologie. La schizophrĂ©nie nâest pas forcĂ©ment plus importante chez ces derniers. On peut simplement conclure que la schizophrĂ©nie est plus facilement repĂ©rable chez les hommes[66].
Troubles alimentaires
Les facteurs socio-culturels et les facteurs Ă©cologiques jouent un rĂŽle important dans l'apparition des troubles des conduites alimentaires. Ainsi, aux Ătats-Unis, les adolescentes et les jeunes femmes sont plus susceptible de souffrir de troubles de l'alimentation (boulimie et anorexie). En plus de causer des problĂšmes de santĂ© physique (perte de poids par exemple), les troubles alimentaires peuvent ĂȘtre associĂ©s Ă d'autres pathologies telles que la dĂ©pression, l'anxiĂ©tĂ© voire les TOC. Cependant, une Ă©tude menĂ©e auprĂšs des personnes de culture arabe a permis de dĂ©montrer une prĂ©valence similaire pour les hommes et les femmes en ce qui concerne la boulimie et l'anorexie[67].
Personnalité
Des méta-analyses ont permis d'identifier les différences et les similitudes dans différents domaines liés à la personnalité[24].
- Le tempéramentDifférents tempéraments
Une méta-analyse a été réalisée par Else-Quest et al. sur des enfants ùgés entre 3 mois et 13 ans[24]. Plusieurs modÚles théoriques ont montré que le tempérament pouvait se diviser en trois facteurs : le contrÎle volontaire (p. ex., attention, persistance), l'affectivité négative (p. ex., émotion, détresse, peur, tristesse) et la réactivité émotionnelle positive (surgency) (p. ex., activité, impulsivité)[24].
Les rĂ©sultats sont les suivants : les femmes prĂ©sentent des scores plus Ă©levĂ©s que les hommes pour le contrĂŽle de lâinhibition (d = â0,41) et lâattention (d = â0,23)[24]. Au niveau de l'affectivitĂ© nĂ©gative, aucune diffĂ©rence n'est observĂ©e[24]. Ces rĂ©sultats sont surprenants Ă©tant donnĂ© le lien de lâaffect nĂ©gatif et de la dĂ©pression selon les genres[24]. Au niveau de l'impulsivitĂ©, une diffĂ©rence de genre, favorisant les hommes, existe et celle-ci est de d = 0,18[24].
Les diffĂ©rences de personnalitĂ© s'Ă©valuent par exemple selon le modĂšle du Big Five : Ce modĂšle dĂ©crit 5 grands traits ou facteurs de personnalitĂ© : lâouverture Ă lâexpĂ©rience, la conscienciositĂ©, lâextraversion, lâagrĂ©abilitĂ© et le neuroticisme[24]. Les diffĂ©rences entre hommes et femmes en termes de personnalitĂ© ont gĂ©nĂ©ralement une taille d'effet (ou un d de Cohen) faible ou moyen.
Les femmes obtiennent toujours de meilleurs rĂ©sultats que les hommes pour ce qui est de l'agrĂ©abilitĂ© et de ses mesures connexes, Ă savoir la compassion, la politesse, la confiance, lâaltruisme ou encore la modestie [68] - [69] - [70] - [71].
Les femmes obtiennent gĂ©nĂ©ralement de meilleurs rĂ©sultats dans le domaine de lâextraversion, mais la diffĂ©rence est faible : cela sâexplique par l'existence de diffĂ©rences entre les sexes dans des directions opposĂ©es au niveau des diffĂ©rentes facettes de lâextraversion. Les femmes ont tendance Ă obtenir de meilleurs rĂ©sultats que les hommes pour ce qui est de la chaleur (warmth, intĂ©rĂȘt et amabilitĂ© Ă lâĂ©gard des autres), de la sociabilitĂ© (gregariousness, prĂ©fĂ©rence pour la compagnie des autres) et des Ă©motions positives, tandis que les hommes obtiennent de meilleurs rĂ©sultats que les femmes pour ce qui est de l'affirmation de soi et de la recherche d'excitation[68] - [69] - [71].
On a constatĂ© que les femmes obtiennent des scores plus hauts que les hommes en nĂ©vrosisme de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, ainsi que sur la plupart des 6 facettes du nĂ©vrosisme[69]. Lâeffet mesurĂ© est gĂ©nĂ©ralement moyen[71]. De plus, les femmes obtiennent Ă©galement de meilleurs rĂ©sultats que les hommes pour des mesures connexes dâinstabilitĂ© Ă©motionnelle, comme les indices d'anxiĂ©tĂ©[68]. La seule facette du nĂ©vrosisme dans laquelle les femmes n'obtiennent pas toujours de meilleurs rĂ©sultats que les hommes est la colĂšre ou l'hostilitĂ©[69].
Les femmes obtiennent des rĂ©sultats un peu plus Ă©levĂ©s que les hommes pour certaines facettes de la conscience, comme l'ordre, le sens du devoir et l'autodiscipline[68] - [69]. Ces diffĂ©rences, cependant, ne sont pas uniformes d'une culture Ă l'autre, et aucune diffĂ©rence significative entre les sexes n'a gĂ©nĂ©ralement Ă©tĂ© constatĂ©e dans la conscienciositĂ© de maniĂšre gĂ©nĂ©rale[69]. NĂ©anmoins, dans lâĂ©tude de Weisberg de 2011[71], une diffĂ©rence significative entre les sexes a Ă©tĂ© constatĂ©e pour l'ordre (lâun des deux aspects de la conscienciositĂ©), oĂč les femmes obtiennent de meilleurs scores que les hommes. L'aspect de l'ordre reflĂšte les traits liĂ©s au maintien de l'ordre et de l'organisation, y compris le perfectionnisme.
On ne constate gĂ©nĂ©ralement pas de diffĂ©rences trĂšs significatives entre les sexes au niveau de l'ouverture au niveau le plus gĂ©nĂ©ral du domaine, ce qui sâexplique par des divergences dans les sous-catĂ©gories de lâouverture. En effet, on a constatĂ© que les femmes obtiennent de meilleurs rĂ©sultats que les hommes en ce qui concerne les aspects esthĂ©tiques et Ă©motionnels[69], tandis que les hommes ont tendance Ă obtenir de meilleurs rĂ©sultats en ce qui concerne les idĂ©es[68] - [69] - [71].
Une mĂ©ta-analyse rĂ©alisĂ©e par Cross et al. s'est basĂ©e sur plusieurs Ă©chantillons de personnes ĂągĂ©es de 11 ans et plus[24]. Cette mĂ©ta-analyse examine les diffĂ©rences dâimpulsivitĂ© dans trois types de situation : la rĂ©compense, la punition et le contrĂŽle volontaire[24]. Les femmes seraient plus sensibles aux punitions (d = -0,33)[24]. Au niveau de la rĂ©compense, il n'existe aucune diffĂ©rence de genre et contrairement Ă ce que nous pourrions penser, la mĂȘme constatation peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e au niveau du contrĂŽle volontaire[24]. Par contre, les hommes montrent plus de recherche de sensation que les femmes (d = 0,41)[24].
- Les intĂ©rĂȘts
Le terme intĂ©rĂȘt se dĂ©finit comme le « souci de ce qui va dans le sens de quelque chose, de quelqu'un, qui leur est favorable, constitue pour eux un avantage »[72]. D'aprĂšs les statistiques, nous remarquons que les femmes sont en majoritĂ© attirĂ©es par des mĂ©tiers de type social et littĂ©raire comme la santĂ©, les sciences sociales, etc. Les hommes, quant Ă eux, sont attirĂ©s par des mĂ©tiers liĂ©s aux mathĂ©matiques comme la science, l'informatique, etc[73].
Su et al. ont rĂ©sumĂ© diffĂ©rentes mĂ©ta-analyses comme ceci « les hommes et les choses, les femmes et les personnes »[24]. C'est d'ailleurs dans cette dimension que la diffĂ©rence est la plus importante (d = 0,93)[24]. En effet, les femmes seraient plus intĂ©ressĂ©es par le contact humain et les hommes, par les choses[24]. Selon ces mĂ©ta-analyses, il existe des diffĂ©rences, favorisant les hommes, au niveau de lâingĂ©nierie (d = 1,11), des sciences (d = 0,36) et des mathĂ©matiques (d = 0,34)[24]. Toutefois, les diffĂ©rences de genre au niveau des intĂ©rĂȘts ne sont pas immuables et peuvent Ă©ventuellement dĂ©pendre des facteurs socioculturels[24].
- Les jouets
Cette dimension se base sur des recherches réalisées auprÚs d'enfants cisgenres[55]. Elles ont démontré qu'à l'ùge de deux ans, les enfants [cisgenres] préféraient les jouets appropriés pour leur genre[55]. Cette différence s'affirme davantage lors de la période préscolaire[55]. En définitive, l'enfant valorise rapidement des comportements qui sont en adéquation avec son genre[55].
Alors que les sciences sociales expliquent les différences entre les sexes en matiÚre de préférence pour les jouets par l'influence des processus de socialisation, des parents ou de pairs qui encouragent le jeu avec des jouets sexospécifiques. De nouvelles études ont révélé des similitudes entre les humains et les singes. Les similitudes avec les résultats humains démontrent que de telles préférences peuvent se développer sans influence sociale explicite et que les préférences des enfants reflÚtent des biais comportementaux et cognitifs influencés par les hormones[74].
Une revue systĂ©matique et une mĂ©ta-analyse de 75 Ă©tudes Ă©tudes prĂ©cĂ©dentes montre que les garçons prĂ©fĂšrent les jouets liĂ©s aux garçons plus que les filles, et les filles inversement prĂ©fĂšrent les jouets liĂ©s aux filles plus que les garçons. Ces diffĂ©rences sont importantes (dââ„â1,60). Les filles prĂ©fĂšrent Ă©galement les jouets que les chercheurs ont classĂ©s comme neutres ddavantage que les garçons (dâ=â0,29). Les prĂ©fĂ©rences pour les jouets typiques du sexe par rapport au sexe atypique sont Ă©galement importantes et significatives (dââ„â1,20), et les filles et les garçons prĂ©sentent des diffĂ©rences liĂ©es au sexe d'une ampleur similaire. Lorsque seuls des jouets comme les poupĂ©es et les vĂ©hicules sont pris en compte, les diffĂ©rences intrasexes sont encore plus importantes et de taille comparable pour les garçons et les filles[75].
- Les couleurs
Le choix des couleurs est influencé par l'entourage social[55]. En effet, les nourrissons ne sont pas immédiatement attirés par une couleur en particulier[55]. En réalité, ces préférences stéréotypées de la fille pour le rose et du garçon pour le bleu apparaissent aprÚs deux ans[55].
Communication
Selon Goffman et Cosnier[76], le langage ne peut moduler Ă lui seul la communication. Lâinteraction intervient aussi et se dĂ©finit comme « des processus dâinfluence mutuelle quâexercent les uns sur les autres les participants Ă lâĂ©change [...] mais câest aussi le lieu oĂč sâexerce ce jeu dâactions et de rĂ©actions : une interaction, câest une rencontre, câest-Ă -dire lâensemble des Ă©vĂ©nements qui composent un Ă©change ».
Câest ainsi que se forme lâinteraction communicative puisque cette derniĂšre comprend le langage, la communication nĂ©cessaire Ă lâĂ©change et les moyens pouvant affecter les processus de communication[76]. Elle se marque Ă©galement par des actions verbales et corporelles. Dans ce cadre, les locuteurs doivent avoir la connaissance ou la capacitĂ© de comprendre ce que lâautre tente de transmettre comme information via lâaction, le geste et la parole. Il faut donc que chacun possĂšde un cadre social de rĂ©fĂ©rence et des contrats de communication identiques.
Le contrat de communication, prĂ©cĂ©demment Ă©noncĂ©, renvoie au fait quâune personne comprenne ce quâune autre lui dit, dans un contexte particulier. Chabrol et Olry-Louis[76] nous donnent Ă cet effet un exemple : « savoir si Marie dĂ©sire du cafĂ©, ce Ă quoi cette derniĂšre rĂ©pond : les excitants mâempĂȘchent de dormir ». Face Ă une telle rĂ©ponse, lâinterlocuteur doit refuser ou accepter selon le contenu et faire appel Ă sa pensĂ©e et sa rĂ©flexion. Pour cela, il est nĂ©cessaire que les deux locuteurs partagent le mĂȘme contrat de communication. Ce dernier se dĂ©finit « comme un systĂšme de reconnaissance entre les interlocuteurs ». Sans cela, les Ă©changes peuvent ĂȘtre difficiles, voire impossibles[76]. Le contrat de communication nous fait donc comprendre l'importance des comportements verbaux et non verbaux ainsi que leur comprĂ©hension entre locuteurs.
La communication verbale comme la non verbale, soit les interactions communicatives, qui permettent de dĂ©celer les Ă©motions, les intentions du locuteur, aident aux dialogues et aux Ă©changes. Les interactions communicatives font lâobjet de nombreuses recherches notamment dans le domaine de la psychologie. Ces interactions sâinsĂšrent dans la construction commune dâune solution mais aussi dans des situations dâincomprĂ©hension. Les relations peuvent influencer ces Ă©changes et dĂ©boucher sur des comportements propres au contexte, au genre et Ă la personne[76].
Interruptions
Anderson et Leaper[77] ont rĂ©alisĂ© une mĂ©ta-analyse sur les interruptions. Ces derniĂšres se dĂ©finissent comme le moment oĂč un deuxiĂšme interlocuteur usurpe le droit dâun autre interlocuteur de continuer Ă parler en prenant la parole dans la conversation, et ceci, sans Ă©vidence que le premier interlocuteur souhaite abandonner son tour de parole.
Anderson et Leaper[77] ont relevĂ© dans leur analyse diffĂ©rentes catĂ©gories dâinterruptions. Cependant, ils ne se sont intĂ©ressĂ©s quâĂ une seule dâentre elles, les interruptions dites intrusives. Ces derniĂšres correspondent au moment oĂč lâinterlocuteur interrompt avec succĂšs et s'approprie donc la parole. Elles rĂ©pondent Ă une motivation de domination.
Contrairement Ă certaines croyances, les hommes ne rĂ©aliseraient pas plus dâinterruptions intrusives que les femmes[77].
Anderson et Leaper[77] ont alors rĂ©alisĂ© une expĂ©rience dont les rĂ©sultats nâapparaissent pas significatifs (d = 0,15) : les hommes nâinterrompent pas plus que les femmes. Toutefois, l'importance de ces diffĂ©rences dĂ©pendraient de diffĂ©rents facteurs :
- En ce qui concerne le genre du premier auteur, les différences de genre apparaitraient plus dans les études ayant comme premier auteur une femme (d = 0,54) ;
- Par rapport Ă la composition des groupes, les hommes interrompraient davantage, de maniĂšre intrusive, que les femmes dans des interactions non mixtes (d = 0,24) ;
- Concernant la taille des groupes, les hommes interrompraient plus en groupe (d = 0,63) quâen dyade (d = 0,13) ;
- Selon la variable familiaritĂ©, les interruptions intrusives arriveraient plus entre les Ă©trangers (d = 0,38) quâentre les connaissances (d = 0,19) ;
- Les conditions naturelles dâobservations (d = 0,76) semblent plus propices Ă lâapparition de diffĂ©rences de genre ;
- Enfin, les activités de type non structuré sont plus enclins à favoriser les différences de genre (d = 0,73).
En conclusion, les résultats de cette méta-analyse soulignent que les différences de genre seraient donc influencées par des facteurs situationnels plutÎt que des différences propres au genre[77].
Loquacité
La loquacité correspond au débit de parole. Contrairement au stéréotype, les hommes seraient plus bavards que les femmes (d = 0,14)[78]. Ce constat diffÚre selon certaines situations :
- les hommes seraient lĂ©gĂšrement plus loquaces lors dâinteractions dyadiques (d = 0,16) que lors dâinteractions groupales (d = 0,07) ;
- les hommes seraient plus bavards dans les groupes mixtes (d = 0,28) que les groupes non mixtes (d = 0,08) ;
- aussi, les effets de genre seraient légÚrement plus importants dans des études réalisées en laboratoire (d = 0,17) que dans celles réalisées ailleurs (d = 0,03).
Discours affiliatif
Le discours affiliatif correspond Ă un discours permettant d'Ă©tablir des relations. Les femmes auraient tendance Ă avoir un discours plus affiliatif que les hommes (d = 0,12)[78]. Ce constat varie selon certaines situations :
- Les groupes contenant des étrangers (personnes ne se connaissant pas) seraient plus enclin à utiliser un discours plus affiliatif (d = 0,20) que les groupes constitués de personnes proches (d = 0,02) ;
- Les groupes du mĂȘme sexe (d = 0,33) emploieraient un discours davantage affiliatif que les groupes mixtes (d = 0,01).
Discours autoritaire
Le discours autoritaire est un discours de pouvoir. Les hommes utiliseraient un discours plus autoritaire que les femmes (d = 0,09)[78]. Ce constat varie selon certaines situations :
- Les diffĂ©rences de genre seraient lĂ©gĂšrement plus grandes pour les groupes du mĂȘme sexe (d = 0,29) que pour les groupes mixtes (d = 0,03) ;
- Lorsque le chercheur est présent lors de l'interaction, les différences de genre augmenteraient faiblement dans le discours (d = 0,46) et diminueraient quand le chercheur est absent (d = 0,10).
Intonation
DâaprĂšs Lakoff[79], les femmes rĂ©pondraient la plupart du temps Ă une question avec une intonation plutĂŽt montante que descendante. Ă travers cela, elles dĂ©montreraient plus de douceur et mĂȘme parfois un manque de confiance. Au contraire, les hommes utiliseraient plus une intonation descendante afin de montrer quâils sont confiants dans ce quâils disent. Une intonation descendante serait significative de plus de confiance et de pouvoir pour les hommes.
Mensonges
Quelques études anglo-saxonnes ont étudié les différences sur le mensonge entre les hommes et les femmes. Celles-ci ont été abordées par Biland[80] qui en explicite les différentes conclusions :
- Les femmes mentent autant que les hommes. NĂ©anmoins, celles-ci ont plus tendance Ă utiliser des mensonges altruistes (Ă hauteur de 50 %). Les hommes, quant Ă eux, utilisent plutĂŽt les mensonges Ă©goĂŻstes. L'auteure signale aussi que les femmes utilisent le mensonge altruiste auprĂšs d'autres femmes dans la plupart des cas.
- Les femmes ont tendance Ă exagĂ©rer leur sentiment afin de ne pas blesser quelqu'un. En revanche, les hommes qui mentent sont plus laconiques et circonspects. Globalement, une femme sera plus aimable et agrĂ©able qu'un homme placĂ© dans les mĂȘmes conditions d'un mensonge.
- Les femmes, lorsqu'elles mentent, se sentent plus coupables, plus anxieuses et plus effrayées de leur mensonge que les hommes. De plus, lorsqu'une femme perçoit qu'elle est la cible d'un mensonge, elle y voit un évÚnement fort négatif qui entache sa relation. Cela marquera celle-ci de maniÚre profonde et durable.
Sourires
Le sourire est une expression faciale pouvant prendre diffĂ©rentes formes dans une infinitĂ© improbable de situations. Ă lâheure actuelle, il est davantage considĂ©rĂ© comme un moyen de sâafficher aux autres que comme un signe dâĂ©motion sous-jacent[81]. Lafrance et al. soulignent dans leur mĂ©ta-analyse plusieurs perspectives thĂ©oriques quant aux diffĂ©rences de genre concernant les sourires. Ils avancent que la possibilitĂ© dâapparition, Ă divers degrĂ©s, des diffĂ©rences de genre pour les sourires dĂ©pend de lâenvironnement social et des normes sociales. Afin de mieux comprendre les diffĂ©rences de genre possible, les auteurs proposent dâanalyser celles-ci selon 3 facteurs contextuels centraux : les normes fondĂ©es sur le genre, les contraintes situationnelles et les contextes Ă©motionnels[81].
Pour ces facteurs, plusieurs prédictions ont été réalisées :
- Au niveau des normes fondées sur le genre : aprÚs avoir déterminé plusieurs variables modératrices (culturelles, développementales, démographiques, etc.), ils supposent que les comportements expressifs, tel que les sourires, sont influencés par le partenaire présent et le contexte dans lequel les comportements se produisent[81].
- Au niveau des contraintes situationnelles : les auteurs prédisent que les comportements expressifs sont engendrés et guidés par les situations, les rÎles et les tùches des individus.
Les diffĂ©rences de genre apparaĂźtraient quand les hommes et les femmes occuperaient des rĂŽles diffĂ©rents dans la sociĂ©tĂ©. Celles-ci seraient moins importantes quand les hommes et les femmes occuperaient des rĂŽles similaires, des contraintes dâexpĂ©riences Ă©gales et des mĂȘmes attentes comportementales[81].
- Au niveau des contextes Ă©motionnels : lâimportance des diffĂ©rences de genre varieraient selon le degrĂ© dâimplication des individus dans une situation Ă©motionnelle. Celle-ci serait plus importante quand les Ă©motions sont nĂ©gatives. De plus, les femmes sembleraient plus aptes Ă les gĂ©rer que les hommes[81].
Leurs rĂ©sultats avancent que les femmes et les adolescentes souriraient plus que les hommes et les adolescents (d = 0,41)[81]. Lâampleur de cette diffĂ©rence de genre varie selon plusieurs variables modĂ©ratrices.
En effet, les caractĂ©ristiques des Ă©tudes elles-mĂȘmes peuvent influencer les diffĂ©rences de genre au niveau des sourires[81]:
- Le sexe du premier auteur : lorsque le premier auteur est de sexe masculin, les différences de genre seraient plus importantes et montreraient que les hommes sourient moins que les femmes (d = 0,43).
De plus, lâimportance des diffĂ©rences de genre pour les sourires dĂ©pendrait des caractĂ©ristiques des groupes mais Ă©galement des conditions sociales des personnes. MĂȘme si les femmes sourient plus que les hommes, cette diffĂ©rence varierait selon[81]:
- La nationalité : les différences de genre « sourire » seraient plus importantes chez les Canadiens (d = 0,59) et chez les Américains (d = 0,45).
- Lâethnie : en AmĂ©rique, les diffĂ©rences de genre seraient davantage importantes chez les personnes de type caucasien (d = 0,43).
- LâĂąge : les diffĂ©rences de genre seraient plus prononcĂ©es chez les personnes ĂągĂ©es de 13 Ă 17 ans (d = 0,56) et celles ĂągĂ©es de 18 Ă 23 ans (d = 0,45).
- LâĂąge des partenaires : les personnes souriraient plus lorsque leur partenaire est ĂągĂ© de 18 Ă 23 ans (d = 0,40). De plus, les diffĂ©rences de genres seraient plus importantes quand les deux partenaires sont du mĂȘme Ăąge (d = 0,44).
- Le sexe des partenaires : lorsque le partenaire est de sexe fĂ©minin, les diffĂ©rences de genre seraient moins importantes (d = 0,29) que s'il est masculin (d = 0,55). Enfin, les dyades de mĂȘme sexe (d = 0,48) entraĂźneraient encore plus de diffĂ©rences au niveau des sourires que les dyades de sexe diffĂ©rent (d = 0,35).
En outre, les modalités imposées lors des expériences menées au sein de chaque étude renforceraient ou non les différences de genre concernant le sourire[81] :
- Quand les participants sont clairement informĂ©s quâils sont observĂ©s, les diffĂ©rences de genre seraient plus importantes (d = 0,46).
- Les conditions de type « laboratoire » dâobservation seraient plus propices aux diffĂ©rences de genre (d = 0,43).
- Les diffĂ©rences de genre seraient plus importantes quand les participants reçoivent l'instruction dâĂȘtre familier entre eux (d = 0,53).
- Lorsque les participants sont seuls (d = 0,50) ou en interaction avec un autre « imaginaire » (exemple : une camĂ©ra) (d = 0,63), lâampleur des diffĂ©rences de genre serait plus grande.
- Les interactions, comme les vifs débats, favoriseraient des différences de genre au niveau des sourires (d = 0,40).
Enfin, les contraintes situationnelles imposées aux personnes ou encore les contextes émotionnels (comme les tensions sociales) pourraient influencer les différences de genre concernant le sourire[81]:
- Quand les participants rĂ©alisent des tĂąches exigeant dâĂȘtre persuasif, les diffĂ©rences seraient plus importantes (d = 0,61).
- Les femmes et les adolescentes souriraient plus quand le climat émotionnel est stressant (d = 0,47), embarrassant (d = 0,70) et enclin à des révélations (d = 0,64).
Différences de genre et management
Les hommes et les femmes gÚreraient leurs équipes de maniÚres différentes et utiliseraient des styles de leadership qui divergent. Le style de leadership des hommes serait davantage centré sur la compétition, tandis que celui des femmes sur la coopération.
En effet, les hommes feraient appel aux instructions données et donc, à la hiérarchie. Les femmes préféraient quant à elles travailler en équipe. Les attentes des hommes et des femmes divergent: les hommes attendraient uniquement des résultats alors que les femmes chercheraient plus une production de qualité. Le style de leaderschip des hommes comme des femmes serait lié à des caractéristiques. Les hommes seraient dans la stratégie, dans l'analyse sans se montrer sensible envers leur équipe. Les femmes feraient preuve de plus d'empathie, de collaboration et d'exigence[82].
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Articles connexes
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- Ătudes de genre
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