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Intelligence

L'intelligence est l'ensemble des processus trouvĂ©s dans des systĂšmes, plus ou moins complexes, vivants ou non, qui permettent d'apprendre, de comprendre ou de s'adapter Ă  des situations nouvelles. La dĂ©finition de l'intelligence ainsi que la question d'une facultĂ© d'intelligence gĂ©nĂ©rale ont fait l'objet de nombreuses discussions philosophiques et scientifiques. L'intelligence a Ă©tĂ© dĂ©crite comme une facultĂ© d'adaptation (apprentissage pour s'adapter Ă  l'environnement) ou au contraire, facultĂ© de modifier l'environnement pour l'adapter Ă  ses propres besoins. Dans ce sens gĂ©nĂ©ral, les animaux, les plantes (intelligence primaire faite d’[instinct] et de [rĂ©flexes] conditionnĂ©s) ou encore certains outils informatiques (apprentissage automatique, [intelligence artificielle]) font preuve d'intelligence. L'acquisition de la parole articulĂ©e e t de l'Ă©criture, qui aident au dĂ©veloppement du raisonnement, font de l'intelligence humaine la rĂ©fĂ©rence.

Le Penseur, sculpture d'Auguste Rodin, représente un homme en pleine réflexion.

L'intelligence peut ĂȘtre Ă©galement perçue comme la capacitĂ© Ă  traiter l'information pour atteindre des objectifs.

L'intelligence est étudiée, entre autres, par la psychologie cognitive, la psychologie du développement, l'anthropologie (évolution), l'éthologie cognitive (intelligence animale), les neurosciences (biologie) ou encore la génétique.

Chez les animaux, ce sont principalement les systùmes de communication endocriniens et neuronaux qui produisent l’intelligence.

Étymologie et dĂ©finitions

Le terme intelligence de la langue française est empruntĂ© au latin intellĕgentÄ­a, lui-mĂȘme dĂ©rivĂ© du latin intellĕgƍ (« discerner, dĂ©mĂȘler, comprendre, remarquer ») dont le prĂ©fixe intĕr (« entre, parmi ») et le radical lĕgƍ (« ramasser, recueillir, choisir ») donnent le sens Ă©tymologique « choisir entre, ramasser parmi (un ensemble) »[1] - [2] - [3] - [4] - [5].

Selon les DĂ©finitions de Platon, l’intelligence est l' « activitĂ© qui permet d’acquĂ©rir la science ». D’aprĂšs Priscien de Lydie[6], ThĂ©ophraste et Aristote dĂ©finissent l’Intelligence comme une facultĂ© diffĂ©rente de la sensibilitĂ©, aussi bien que de l’opinion et de la raison.

Selon le Trésor de la langue française informatisé : « [Dans des circonstances nouvelles pour lesquelles l'instinct, l'apprentissage passé ou l'habitude ne dispose d'aucune solution] Aptitude à appréhender et organiser les données de la situation, à mettre en relation les procédés à employer avec le but à atteindre, à choisir les moyens ou à découvrir les solutions originales qui permettent l'adaptation aux exigences de l'action. »[7].

Selon le neurologue Edouard ClaparÚde, « l'intelligence est la capacité de résoudre par la pensée des problÚmes nouveaux. »[8].

DĂ©finitions scientifiques

En 1986, plus d'une vingtaine d'experts en psychologie ont été interrogés pour donner une définition de l'intelligence, mais aucun consensus ne s'est dégagé[9]. L'intelligence reste un concept encore mal défini sur le plan scientifique[10].

Une commission de psychologues experts sur la question de l'intelligence humaine, rappelle cependant qu'un manque de consensus sur une définition est un problÚme commun en science, lorsqu'un concept est encore exploré et comporte de nombreuses questions non résolues. (« Scientific research rarely begins with fully agreed definitions, though it may eventually lead to them. »)[10].

Concepts de l'intelligence selon les cultures

L'intelligence, certaines formes d'intelligence ou encore le manque d'intelligence sont ces concepts retrouvés dans toutes les cultures et dans toutes les langues, sous des noms variés, et qui ont changé selon les époques.

En français, de nombreux qualificatifs rĂ©fĂšrent Ă  l'intelligence ou au manque d'intelligence : on parle d'une personne intelligente, fine, lucide, sage, judicieuse, futĂ©e, rusĂ©e, douĂ©e, raisonnable, brillante, gĂ©niale, talentueuse, perspicace, pertinente, sensĂ©e, etc. Au contraire on qualifie une personne manquant d'intelligence d'ignorante, bĂȘte, stupide, idiote, dĂ©bile mentale, attardĂ©e, retardĂ©e, dĂ©raisonnable, simple, sotte, insensĂ©e, etc.

En psychologie, ce champ d'Ă©tude est parfois appelĂ© l'Ă©tude des thĂ©ories implicites de l'intelligence (en). Ce domaine de recherche fait l'hypothĂšse que des populations, dans une rĂ©gion donnĂ©e et Ă  une Ă©poque donnĂ©e, ont des croyances, valeurs, concepts sur l'intelligence. Il ne s'agit pas des thĂ©ories philosophiques ou autres thĂ©ories explicites, Ă©crites et discutĂ©es entre spĂ©cialistes, mais des croyances populaires, partagĂ©es sans ĂȘtre forcĂ©ment Ă©crites ni verbalisĂ©es, d'oĂč le terme "implicites". Ces concepts culturels ou thĂ©ories implicites ont des consĂ©quences sur les comportements, par exemple les comportements des parents envers l'enfant, ou des professeurs envers leur Ă©lĂšves.

Sources de biais dans les Ă©tudes scientifiques de l'intelligence

En psychologie interculturelle, l'objectif de l'Ă©tude des thĂ©ories implicites de l'intelligence est de mieux comprendre les diffĂ©rences interculturelles, ainsi que les points communs (et peut-ĂȘtre universels) entre les cultures. Elle est nĂ©cessaire pour rĂ©aliser l'adaptation interculturelle des tests d'intelligence, d'origine occidentale, aux populations non occidentales, afin d'Ă©viter des biais conceptuels[11]. Par exemple, en occident, la vitesse d'exĂ©cution d'une tĂąche tend Ă  ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une marque d'intelligence. Ce n'est pas le cas dans de nombreuses rĂ©gions africaines ou asiatiques qui valorisent d'autres qualitĂ©s comme Ă©tant des indices d'intelligence. La vitesse d'exĂ©cution qui est souvent prise en compte dans les tests d'intelligence introduit ainsi un biais culturel si le test est exĂ©cutĂ© sur un enfant venant d'une culture non occidentale[12] - [13].

Dans une culture donnée, les croyances relatives à l'intelligence diffÚrent d'un individu à l'autre ou d'un groupe à un autre. Les croyances des élÚves ou des professeurs sur le fait que l'intelligence est malléable ou non, ont des conséquences sur les performances des élÚves[14] (voir aussi effet Pygmalion qui réfÚre aux conséquences des croyances des enseignants sur les QI et résultats scolaires de leurs élÚves).

Les théories implicites des chercheurs influencent aussi leur point de vue et leur approche pour mesurer l'intelligence, d'aprÚs le psychologue américain Robert J. Sternberg[15].

Cultures africaines

En manding, langue de tradition orale parlĂ©e en Afrique de l’Ouest par les Bambara, les Dioula et les MalinkĂ©, l’équivalent du mot intelligence, hakili se dĂ©finit comme la facultĂ© mentale qui distingue l'humain des autres animaux et qui lui permet de gĂ©rer au mieux ses rapports avec la sociĂ©tĂ© humaine et avec son milieu naturel. L’intelligence se manifeste par deux opĂ©rations. La premiĂšre est Taasi : rĂ©flĂ©chir en faisant des dĂ©ductions Ă  partir de faits observĂ©s. La deuxiĂšme est Miiri : penser et induire des causes et des vĂ©ritĂ©s gĂ©nĂ©rales Ă  partir de faits observĂ©s. Les deux opĂ©rations sont complĂ©mentaires et conduisent Ă  l’action. Taasi conduit Ă  des actions efficaces Ă  travers l’élaboration de stratĂ©gies tenant compte de toutes les donnĂ©es. Miiri conduit Ă  des rĂšgles d’intervention gĂ©nĂ©rales et des plans d’action Ă  long terme. Taasi permet la survie devant les difficultĂ©s, les solutions des problĂšmes brĂ»lants, alors que Miiri projette dans l’avenir et permet la crĂ©ativitĂ©.

Cultures arabo-orientales

Pour Ibn Khaldoun, l'intelligence comporte plusieurs branches incluant l’intelligence discernante ou tactique ; l’intelligence expĂ©rimentale ou stratĂ©gique ; et l’intelligence spĂ©culative, scientifique ou politique[16].

Cultures occidentales

Dans la culture occidentale, l'intelligence est intimement liĂ©e Ă  l'idĂ©e de comprĂ©hension, rapide et/ou profonde, d'un « problĂšme » identifiĂ©, perçu a priori comme complexe, situĂ© dans un domaine de connaissance et/ou dans une utilisation des donnĂ©es de la nature et/ou dans un ensemble de relations sociales. Cette comprĂ©hension peut ĂȘtre singuliĂšre ou partagĂ©e. Elle sous-tend souvent l'idĂ©e d'une invention, d'une connaissance, d'un langage Ă  dĂ©couvrir pour rĂ©soudre ce problĂšme, pour adapter une solution. Cette comprĂ©hension peut prendre diverses formes : artistique, corporelle, littĂ©raire, artisanale, scientifique et technologique. Elle est gĂ©nĂ©ralement associĂ©e Ă  une activitĂ© dont on situe intuitivement la source Ă  la fois dans l'esprit de l'humain et dans son cerveau.

Cultures asiatiques

Le terme sanskrit « buddhi »[17] dĂ©signe l'intelligence dans l'Hindouisme et dans le Bouddhisme. Selon les donnĂ©es traditionnelles du brahmanisme, l'intelligence, la buddhi, « fait le pont » entre l'Ă©lĂ©ment purement matĂ©riel du composĂ© humain (corps et pensĂ©e) et l'Ăąme (ātman)[18]. Dans le bouddhisme, buddhi (qui ne doit pas ĂȘtre confondue avec bodhi, l'Éveil) dĂ©signe la capacitĂ© d'intelligence rĂ©flexive. Buddhicarita dĂ©signe la tendance subjective Ă  l'intellect et Ă  l'introspection, elle fait partie des six tendances du caractĂšre.

Intelligence dans le monde animal

L'intelligence animale est l'objet d'Ă©tude de l'Ă©thologie cognitive. En Ă©thologie, l'intelligence est ce qui permet d'augmenter l'adaptation Ă  l'environnement et donc la survie[19].

La question de l'intelligence animale permet de comprendre les capacitĂ©s de comprĂ©hension ou d'apprentissage de l'animal qui peuvent ĂȘtre utiles dans le cas du dressage d'animaux domestiques. Sur un plan plus fondamental, la comprĂ©hension et l'Ă©tude de l'intelligence animale permettent de comprendre la nature et l'Ă©volution de l'intelligence ainsi que les diffĂ©rences entre les espĂšces ; et permet d'explorer les liens entre la formation de l'intelligence et la conscience chez l'animal (en) ou la communication chez l'animal (ou langage animal).

L'espÚce qui désigne les humains a été nommée Homo sapiens, « homme qui sait», par le naturaliste Carl von Linné parce que les humains étaient considérés comme la plus intelligente des espÚces y compris par rapport aux autres hominidés[20].

L'intelligence en philosophie

Pascal distingue esprit de gĂ©omĂ©trie et esprit de finesse. Dans le cas du premier, certains individus Ă©prouvent de la difficultĂ© Ă  pencher la tĂȘte sur le cĂŽtĂ©, mais une fois l'effort effectuĂ©, les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments sont Ă©clairĂ©s. Dans le cas de l'esprit de finesse, les faits sont directement devant eux, mais ils ne disposent pas tous de l'acuitĂ© nĂ©cessaire pour les distinguer convenablement. Il s'agit d'une intelligence dans laquelle les facultĂ©s intuitives prennent une part plus importante.

Bergson entreprend dans L'Évolution crĂ©atrice, la critique de l'intelligence gĂ©omĂ©trique. Sa critique porte sur la paresse de l'esprit lorsqu'il se contente d'une intelligence qui dĂ©coupe indĂ©finiment les phĂ©nomĂšnes, crĂ©e des hiĂ©rarchies, des catĂ©gories... Selon Bergson, ces facultĂ©s manquent l'essentiel du cours du monde : la durĂ©e.

Intelligence humaine (psychologie)

Les débuts de l'étude scientifique de l'intelligence

Durant la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle, le gouvernement ayant votĂ© l'instauration d'une Ă©ducation obligatoire pour tous les enfants, voit ses professeurs se retrouver face Ă  diverses difficultĂ©s rencontrĂ©es par les Ă©lĂšves : troubles des apprentissages, dyslexie, etc. Les dĂ©buts de l'Ă©tude scientifique de l'intelligence par la psychologie sont gĂ©nĂ©ralement attribuĂ©s Ă  la crĂ©ation du premier test mesurant l'intelligence, l'Échelle mĂ©trique d'intelligence d'Alfred Binet et ThĂ©odore Simon. Ce test a connu immĂ©diatement un grand succĂšs et a Ă©tĂ© traduit puis amĂ©liorĂ©, en particulier par David Wechsler aux États-Unis. Les mesures de l'intelligence (le quotient intellectuel) relĂšvent du domaine psychomĂ©trique et ont beaucoup bĂ©nĂ©ficiĂ© des avancĂ©es de la statistique.

L'intelligence de nos jours : théories et avancées

Les tests de l'intelligence sont les meilleurs prĂ©dicteurs uniques connus des performances scolaires et acadĂ©miques des enfants, c'est pourquoi leur emploi s'est beaucoup rĂ©pandu dans les milieux scolaires. Cependant, il est Ă©galement dĂ©montrĂ© que malgrĂ© leur forte puissance statistique, ces tests ne prĂ©disent que 25 % de la variance des performances scolaires ou succĂšs scolaire (corrĂ©lations de r=0.50)[10]. De nombreux autres facteurs, Ă  la fois non cognitifs et cognitifs, influencent les rĂ©sultats aux tests d'intelligence, d'une part, et surtout le succĂšs scolaire[10]. Les limites de ces tests sont donc reconnues par tous les spĂ©cialistes et continuent Ă  ĂȘtre Ă©tudiĂ©es et discutĂ©es dans le champ de la psychomĂ©trie[10].

Les thĂ©ories de l'intelligence s'appuyant sur l'approche psychomĂ©trique ont mis en Ă©vidence un facteur g et des habiletĂ©s cognitives spĂ©cifiques indĂ©pendantes. Les modĂšles les plus employĂ©s combinent les facteurs reprĂ©sentĂ©s sous forme hiĂ©rarchique. Le modĂšle de Cattell-Horn-Carroll est le plus employĂ© et le plus Ă©tudiĂ©. Dans ce modĂšle, le facteur g est reprĂ©sentĂ©, prĂ©dit par des habiletĂ©s cognitives gĂ©nĂ©rales (intelligence fluide ou raisonnement, intelligence cristallisĂ©e ou comprĂ©hension et connaissance, compĂ©tences quantitatives, lecture, mĂ©moire de travail, mĂ©moire Ă  long-terme, etc), elles-mĂȘmes mesurĂ©es par des tests mettant en jeu des compĂ©tences plus spĂ©cifiques (70 sont dĂ©nombrĂ©es). Cependant, d'autres thĂ©ories prĂ©sentent des alternatives intĂ©ressantes, en particulier des thĂ©ories envisageant d'autres formes d'intelligence. Ainsi, la thĂ©orie triarchique de Robert Sternberg, met l'accent sur une intelligence pratique et sur une intelligence crĂ©ative. La thĂ©orie des intelligences multiples de Howard Gardner a remportĂ© un grand succĂšs dans les milieux Ă©ducatifs[10]. Ces thĂ©ories des intelligences multiples sont cependant loin de faire consensus dans la communautĂ© scientifique.

Les dĂ©veloppements technologiques dans le domaine de l'imagerie cĂ©rĂ©brale, de la gĂ©nĂ©tique, ont permis des avancĂ©es notables sur la question des relations entre le dĂ©veloppement de l'intelligence (de l'enfant Ă  la personne ĂągĂ©e) et les facteurs biologiques[10]. Les influences gĂ©nĂ©tiques sont reconnues et ont Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©es par des Ă©tudes sur des jumeaux. Ces influences gĂ©nĂ©tiques interagissent prĂ©cocement avec les fortes influences de l'environnement qui elles aussi ont Ă©tĂ© largement dĂ©montrĂ©es[10]. Ces interactions complexes qui semblaient ĂȘtre des paradoxes insolubles pendant deux dĂ©cennies, ont Ă©tĂ© comprises en 2001 par Dickens et Flynn dans la perspective du dĂ©veloppement Ă©pigĂ©nĂ©tique oĂč gĂ©nĂ©tiques et interactions avec l'environnement s'influencent mutuellement, fortement et prĂ©cocement[21].

Les débats sur l'intelligence et ses mesures ont été nombreux et de nombreuses questions restent encore sans réponse dans ce domaine[10].

Intelligence Ă©motionnelle (IE)

Le terme d'intelligence émotionnelle[22] est souvent abrégé « EI » (Emotional Intelligence) ou « IE » en français.

Les théories qui s'y intéressent divergent en 3 grandes conceptions majeures : IE capacités, IE trait et IE mixte.

L'intelligence émotionnelle est un terme assez récent puisqu'il voit le jour grùce à Salovey (en) et Mayer (en) (1990), en plein contexte d'une période que l'on appelle Révolution affective[23]. Le terme est ensuite popularisé par Daniel Goleman en 1995.

Intelligence émotionnelle capacités

Cette premiÚre conception décrit l'intelligence émotionnelle comme « un ensemble de capacités verbales et non verbales permettant de générer, reconnaßtre, exprimer, comprendre et évaluer nos propres émotions et celles des autres afin d'orienter les pensées et les actions pour faire face aux exigences et pressions issues de l'environnement »[24]. Ainsi, sont théorisées des capacités dont les 4 composantes majeures sont :

  1. La perception Ă©motionnelle
  2. L'assimilation
  3. La compréhension
  4. La régulation émotionnelle

Cette derniÚre composante est également appelée APEX en ce qu'elle est la capacité de plus haut niveau et qu'elle impacte un certain nombre de domaines. Selon Kluemper et al., 2013[25], lorsque cette composante est élevée chez un employé, elle permettrait à la fois de prédire positivement la performance au travail et également son comportement citoyen, mais négativement le comportement de déviance sur le lieu de travail.

Intelligence Ă©motionnelle trait

Cette seconde conception dĂ©crit l'intelligence Ă©motionnelle comme « une façon habituelle et prĂ©fĂ©rentielle Ă  chaque individu d'apprĂ©hender, de penser ou de ressentir ses Ă©motions et celles d'autrui et une façon particuliĂšre de gĂ©rer les situations relationnelles »[26]. Elle comprend donc des traits qui sont inhĂ©rents Ă  la personnalitĂ©. Des modĂšles dĂ©jĂ  existants, le modĂšle Ă  3 dimensions d'Eysenck et le Big Five, servent Ă  la conception d'un nouveau modĂšle : le TEIQue[27] (Trait Emotional Intelligence Questionnaire soit "Questionnaire sur l'Intelligence Émotionelle en tant que Trait"). Ce dernier permet d'apporter ce que l'on appelle une validitĂ© incrĂ©mentielle[28] en ce qu'il permet de prĂ©ciser certains points des 2 modĂšles prĂ©cĂ©dents.

De maniÚre générale, l'intelligence émotionnelle trait permet de renseigner sur la santé mentale des individus ou encore sur les stratégies de faire-face utilisées.

Intelligence Ă©motionnelle mixte

En 1999, Goleman développe un modÚle mixte de l'intelligence émotionnelle qui comprend 5 facettes, recoupant chacune 25 compétences. Les principales sont :

  • Domaine personnel
    • Conscience de soi
    • MaĂźtrise de soi
    • Motivation
  • Domaine social
    • Empathie
    • Aptitudes sociales

Ce modÚle permet de prédire le fonctionnement social d'un individu et le type de stratégie de faire-face qu'il utilise. Les principales qualités sont qu'il ressemble plus qu'aux précédents aux situations que peuvent vivre un individu au quotidien, mais également dans leur vie professionnelle. Le modÚle mixte est toutefois souvent critiqué pour son manque de précision du concept d'intelligence émotionnelle.

Intelligence artificielle

Andreas Kaplan et Michael Haenlein dĂ©finissent l'intelligence artificielle comme « la capacitĂ© d'un systĂšme Ă  correctement interprĂ©ter des donnĂ©es externes, d'apprendre de ces mĂȘmes donnĂ©es, et d'utiliser ces enseignements afin de rĂ©aliser des objectifs et des tĂąches spĂ©cifiques avec une adaptation flexible »[29]. Ce terme d'intelligence artificielle a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par John McCarthy. On trouve cette intelligence dans plusieurs domaines tels que la mĂ©decine, l'armĂ©e, la robotique, la logistique, les transports et les industries[30]. En 1956 lors de la confĂ©rence de Dartmouth, une premiĂšre dĂ©finition de l'intelligence artificielle a Ă©tĂ© proposĂ©e par Marvin Minsky affirmant que « La construction de programmes informatiques qui s'adonnent Ă  des tĂąches qui sont, pour l'instant, accomplies de façon plus satisfaisante par des ĂȘtres humains car elles demandent des processus mentaux de haut niveau tels que : l'apprentissage perceptuel, l'organisation de la mĂ©moire et le raisonnement critique »[31].

Test de Turing

En l'absence d'une dĂ©finition satisfaisante de l'intelligence, il est difficile de dĂ©cider si une machine (ou un animal) est ou non intelligent. Alan Turing propose donc de prendre l'humain comme Ă©talon. Ainsi, ce test consiste Ă  mettre en confrontation verbale un humain avec un ordinateur et un autre humain Ă  l’aveugle. Si l’humain qui engage les conversations n’est pas capable de dire lequel de ses interlocuteurs est un ordinateur, on peut considĂ©rer que le logiciel de l’ordinateur a passĂ© avec succĂšs le test. Cela sous-entend que l’ordinateur et l’humain essaieront d’avoir une apparence sĂ©mantique humaine.

ModÚle de l'intelligence comme capacité à simplifier l'information de Kolmogorov

Certains chercheurs se sont inspirĂ©s des travaux rĂ©alisĂ©s en informatique thĂ©orique autour de la notion de complexitĂ© descriptive, notamment la complexitĂ© de Kolmogorov, pour Ă©valuer l'intelligence comme la capacitĂ© Ă  dĂ©crire ou expliquer quelque chose aussi simplement que cela peut l'ĂȘtre.

En ce sens, l'intelligence serait la capacité à compresser l'information[32].

C'est en fait souvent le genre d'intelligence qui est implicitement Ă©valuĂ©e dans les tests de quotient intellectuel. Par exemple, Ă  la question : « considĂ©rez la suite de nombres 1,2,3,
 Quel est le nombre suivant ? » La rĂ©ponse attendue sera 4, avec la justification implicite « parce que c'est la suite des nombres entiers », alors qu'on pourrait trĂšs bien rĂ©pondre 5 (suite de Fibonacci), en justifiant que « chaque nombre de cette suite est la somme des deux prĂ©cĂ©dents » (ou tout autre nombre si tant est que la justification soit logiquement acceptable). Mais la rĂ©ponse attendue est « la plus simple », c'est-Ă -dire, plus formellement, c'est l'explication qui a la plus faible complexitĂ© de Kolmogorov.

ModÚle mathématique d'un agent intelligent

En 2000, Marcus Hutter (en) a proposĂ© un modĂšle mathĂ©matique (informatique fondamentale) d'un agent universellement intelligent[33] - [34], c'est-Ă -dire d'un systĂšme interagissant avec n'importe quel environnement (calculable) de maniĂšre optimale. Ce modĂšle se fonde d'une part sur le cadre de l'apprentissage par renforcement, oĂč l'agent interagit avec son environnement dans le but de maximiser l'espĂ©rance de ses rĂ©compenses et punitions, et d'autre part sur l'Induction de Solomonoff[35], qui permet d'attribuer une probabilitĂ© Ă  chaque futur possible, en fonction de sa simplicitĂ© (au sens de la complexitĂ© de Kolmogorov).

Ce modÚle, dénommé AIXI (en), permet à la fois de donner une définition rigoureuse de l'intelligence et d'en donner une borne supérieure. Il n'est pas utilisable en pratique pour créer une intelligence artificielle, car AIXI est un modÚle incalculable. Des approximations sont cependant réalisables, mais au prix d'un besoin en ressources (temps de calcul, espace mémoire) immense, et actuellement seulement dans le cas de problÚmes simplifiés ("toy problems")[36].

Intelligence et sélection naturelle

Au sein de l'humanité, l'intelligence est probablement un important facteur de bonne santé et donc soumis à la sélection naturelle. L'intelligence chez l'enfant est l'un des facteurs prédictifs de santé[37].

Une association positive entre l'intelligence et la taille d'un individu a été rapportée par plusieurs études[38], et selon une étude parue en 2009, l'intelligence et la qualité du sperme humain seraient positivement corrélés pour 3 indices clés de la qualité du sperme : concentration logarithmique des spermatozoïdes, nombre de spermatozoïdes et motilité de ces spermatozoïdes[39] (ces 3 facteurs étant également considérés comme gage de fertilité[40]).

Intelligence des plantes

Certains auteurs n'hĂ©sitent pas Ă  parler d'intelligence dans le domaine vĂ©gĂ©tal[41], de sensibilitĂ© des plantes ou d'intelligence Ă©motionnelle des plantes[42], mais cette notion est controversĂ©e, comme l'ont montrĂ© les critiques du livre La Vie secrĂšte des arbres de Peter Wohlleben[43]. Les biologistes reconnaissent les facultĂ©s sensorielles de plantes[44]. Les scientifiques s'accordent Ă  reconnaĂźtre la capacitĂ© des plantes Ă  communiquer entre-elles et Ă  s'adapter Ă  leur environnement[42], ce qui peut, par abus de langage, ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une certaine forme d'intelligence.

Notes et références

  1. Gaffiot, Félix., Le grand Gaffiot : dictionnaire latin-français, Hachette-Livre, (ISBN 2-01-166765-8 et 9782011667656, OCLC 45552377)
  2. Le Robert., Tomi, Marianne., Hordé, Tristan. et Tanet, Chantal., Dictionnaire historique de la langue française : contenant les mots français en usage et quelques autres délaissés, avec leur origine proche et lointaine..., Paris, Le Robert, 2767 p. (ISBN 978-2-321-00726-5, 2321007265 et 9782321010302, OCLC 962378951)
  3. Ernout, Alfred, 1879-1973. et André, Jacques, 1910-1994., Dictionnaire étymologique de la langue latine : histoire des mots, Paris, Klincksieck, , 833 p. (ISBN 2-252-03359-2 et 9782252033593, OCLC 469343405)
  4. Dubois, Jean, 1920-, Dauzat, Albert, 1877-1955. et Dauzat, Albert, 1877-1955., Grand dictionnaire étymologique & historique du français, Larousse, (ISBN 2-03-532310-X et 9782035323101, OCLC 300299961)
  5. Picoche, Jacqueline, 19.-, Dictionnaire étymologique du français, Paris, Dictionnaires Le Robert, dl 2006, 619 p. (ISBN 2-84902-316-7 et 9782849023167, OCLC 421643014)
  6. Commentaire du TraitĂ© de ThĂ©ophraste sur l’Imagination et l’Intelligence
  7. Article "Intelligence" du TLFi, définition B1.
  8. « Questions pédagogiques - Encyclopédie historique », sur Google Livres,
  9. Sternberg, Robert J., and Douglas K. Detterman, eds. What is intelligence?: Contemporary viewpoints on its nature and definition. Praeger Pub Text, 1986.
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  17. The Sanskrit Heritage Dictionary de GĂ©rard Huet
  18. BUDDHI, article dans l'EncyclopÊdia Universalis, de Jean VARENNE |lire en ligne=https://www.universalis.fr/encyclopedie/buddhi/%7Cconsulté le=2023-05-23
  19. Miller 2002, p. 311
  20. Jean-François Dortier, Le dictionnaire des sciences humaines, Sciences humaines Éditions, (ISBN 978-2-912601-73-5 et 2-912601-73-8, OCLC 320372360, lire en ligne)
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  22. RĂ©digĂ© grĂące au contenu du Cours Magistral d'Intelligence Émotionnelle (2020-2021) dispensĂ© par Mme LeĂŻla Bensalah, MaĂźtre de ConfĂ©rences Ă  l'UniversitĂ© de Reims-Champagne Ardenne. Les propos tenus ne sont pas exempts de quelques erreurs, qui sont toutefois de l'unique responsabilitĂ© de l'Ă©tudiante qui les a Ă©crits.
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Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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Liens externes

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