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Troubles dys

Les troubles dys ou dys- sont des troubles spĂ©cifiques durables, qui concernent les dysfonctionnements, plus ou moins sĂ©vères, des fonctions cognitives du cerveau relatives au langage, Ă  l'Ă©criture, au calcul, aux gestes et Ă  l'attention. Les personnes qui en souffrent n'ont pas de dĂ©ficience intellectuelle globale[1] - [2]. Ces troubles apparaissent au cours du dĂ©veloppement de l'enfant et persistent Ă  l'âge adulte. Environ 40 % des enfants concernĂ©s par un trouble des apprentissages en prĂ©sentent plusieurs[3]. Bien qu'ils concernent directement les apprentissages et ont donc un impact sur la vie scolaire, ces troubles ont Ă©galement une incidence sur la vie sociale et professionnelle de la personne concernĂ©e[4].

Étymologie

Le préfixe dys-, vient du préfixe grec δὺς, qui exprime une difficulté, qu'une chose est difficile ou mauvaise[5]. Son utilisation en médecine est fréquente pour exprimer des pathologies caractérisées par la difficulté (mais pas l'impossibilité) d'effectuer une action[6].

Description des troubles

Les troubles « dys » ne font pas l'objet d'une définition unique au sein des différentes classifications médicales. En France l'ensemble des troubles « dys » relèvent essentiellement des troubles du développement bien qu'ils n'aient pas toujours la même dénomination. Chaque trouble « dys » fait l'objet d'une définition propre, à défaut de définition englobante commune.

Ces troubles sont répertoriés dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5)[7], sous les appellations diverses suivantes :

  • trouble du langage (appelĂ© communĂ©ment « dysphasies ») ;
  • trouble spĂ©cifique des apprentissages :
    • avec dĂ©ficit en lecture (appelĂ© communĂ©ment « dyslexies »),
    • avec dĂ©ficit de l’expression Ă©crite (appelĂ© communĂ©ment « dysorthographies »),
    • avec dĂ©ficit du calcul (appelĂ© communĂ©ment « dyscalculies ») ;
  • trouble dĂ©veloppemental de la coordination (appelĂ© communĂ©ment « dyspraxies », incluant certaines formes de « dysgraphies ») ;
  • dĂ©ficit de l’attention avec ou sans hyperactivitĂ© (appelĂ© communĂ©ment « TDA/H »).

Le DSM-5 définit ainsi les troubles spécifiques des apprentissages :

  • Ils sont diagnostiquĂ©s par des outils d’évaluation standardisĂ©s rĂ©vĂ©lant des scores dĂ©ficitaires en rĂ©fĂ©rence aux normes attendues pour l'âge.
  • Ils sont spĂ©cifiques, ne pouvant pas ĂŞtre entièrement expliquĂ©s par une autre pathologie sensorielle (surditĂ©, vision), neurologique (lĂ©sions cĂ©rĂ©brales innĂ©es ou acquises), intellectuelle ou psychiatrique (troubles du dĂ©veloppement de la personnalitĂ©, de la sphère Ă©motionnelle et/ou comportementale), ni par un manque d’apport socioculturel.
  • Ils sont durables, persistants depuis au moins six mois en dĂ©pit d’une prise en charge individualisĂ©e et d’une adaptation pĂ©dagogique ciblĂ©e ; ils persisteront tout au long de la vie. Ils sont prĂ©sents dès les premières Ă©tapes du dĂ©veloppement, mais ils peuvent se manifester plus tardivement, lorsque l'enfant n'arrive plus Ă  mettre en place des stratĂ©gies de compensation de son ou ses troubles.
  • Ils interfĂ©rent de façon significative avec la rĂ©ussite scolaire, le fonctionnement professionnel ou les activitĂ©s de la vie courante.

Liste des troubles « dys »

Il s'agit des pathologies suivantes :

  • Dyscalculie : trouble dans les apprentissages numĂ©riques.
  • Dysgraphie : difficultĂ© Ă  accomplir les gestes de l'Ă©criture et du dessin.
  • Dyslexie : trouble de la lecture.
  • Dysorthographie : Ă©galement appelĂ© trouble de l'acquisition de l'expression Ă©crite.
  • Dysphasie : trouble liĂ© au dĂ©veloppement du langage oral.
  • Dyspraxie : trouble de la capacitĂ© Ă  exĂ©cuter des mouvements dĂ©terminĂ©s.
  • DyskinĂ©sie : il s'agit d'une activitĂ© motrice involontaire, lente et stĂ©rĂ©otypĂ©e affectant prĂ©fĂ©rentiellement la face (langue, lèvres, mâchoire) s’étendant au tronc et aux membres, comme le tremblement, la chorĂ©e, la dystonie, les myoclonies, l'astĂ©rixis, les tics.
  • DyskinĂ©sie tardive : un effet indĂ©sirable induit par les traitements neuroleptiques ou chez les enfants, comme effet secondaire de mĂ©dicaments contre les troubles gastro-intestinaux. C'est un effet indĂ©sirable de type extrapyramidal.
  • Dysmorphophobie : la crainte obsĂ©dante d'ĂŞtre laid ou malformĂ©.
  • Dysarthrie : dĂ©signe des troubles de la parole liĂ©s Ă  des lĂ©sions nerveuses.
  • Dyslalie : dĂ©signe un trouble de la communication caractĂ©risĂ© par des difficultĂ©s d'articulation.
  • Dyssynchronies[8] - [9] : dĂ©calage entre les fonctions intellectuelles et les fonctions Ă©motives et sociales, souvent observĂ© chez les enfants dits prĂ©coces.
  • Dys-exĂ©cution[10] : trouble affectant une ou plusieurs fonctions exĂ©cutives telles que la capacitĂ© Ă  s'organiser, la planification, la flexibilitĂ© mentale, ou encore la gestion de la mĂ©moire de travail. Ce trouble « dys » peut notamment se manifester (mais pas exclusivement) Ă  travers le TDA/H[3] - [11].

Diagnostic

Ces troubles peuvent handicaper au quotidien les personnes qui en sont atteintes. Les principaux signes d'appel des troubles dys- étant liés à la performance scolaire et des difficultés d'apprentissage, ces troubles sont évoqués le plus souvent lors de l'entrée en maternelle (notamment pour le langage oral ou le geste) ou en primaire (notamment pour le langage écrit) de l'enfant concerné. Le parent peut alors solliciter l'équipe pédagogique ou l'infirmière/médecin scolaire pour le recueil d'information sur les difficultés perçues (comportementales, affectives, relationnelles, etc.).

En France, le psychologue scolaire ou le Réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté[12] (RASED) peut également alerter sur la situation. Face à des difficultés durables, il convient de consulter les médecins du centre PMI (Protection Maternelle et Infantile[13]) et/ou les médecins scolaires, le pédiatre ou éventuellement un généraliste. Il est également possible de consulter un professionnel comme un pédiatre ou un pédopsychiatre[14].

À partir de l'analyse de la situation de l'enfant, une orientation spécialisée peut être décidée, par exemple vers un centre référent, un service d'éducation spéciale et de soins à domicile[15] (SESSAD), un centre médico-psycho-pédagogique [16](CMPP) ou un centre médico-psychologique (CMP). Des examens complémentaires pourront être demandés afin de poser le diagnostic, tel qu'un bilan orthophonique, un bilan psychomoteur ou ergothérapeutique, un bilan orthoptique, des tests psychométriques, neuropsychologiques ou une exploration neurosensorielle. Ces examens seront décidés selon les éléments sémiologiques présents à l'interrogatoire et lors de l'examen clinique, mais également en fonction de l'âge de développement de l'enfant, du degré de gêne ou de la sévérité des manifestations constatées[17].

Une fois le diagnostic posé, le généraliste, le pédiatre ou le pédopsychiatre libéral assure généralement la coordination et l'orientation de la prise en charge thérapeutique et psychopédagogique de l'enfant, en étroite collaboration avec les rééducateurs, les autres professions de santé et l'équipe scolaire. Si besoin, en France, un PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation[18]) pourra être mis en place.

Personnes atteintes

La proportion de personnes atteintes varie considĂ©rablement selon les Ă©tudes, les pays et les Ă©poques. Suivant la nature des troubles que l'on inclut dans l’étude et le degrĂ© de sĂ©vĂ©ritĂ© pris en compte, les chiffres varient de 1 Ă  10 %. Pour la France on parle de 6 Ă  % de cas parmi la population. On peut considĂ©rer que 4 Ă  % des Ă©lèves d’une classe d’âge sont dyslexiques, % sont dyspraxiques et % sont dysphasiques, mais aucune Ă©tude fiable ne fait rĂ©fĂ©rence.

Selon l'INSERM, 40 % des enfants dys- prĂ©sentent plusieurs troubles de l'apprentissage[3]. Ils ajoutent Ă©galement que plus de la moitiĂ© des personnes atteintes de dĂ©ficit de l'attention avec (TDAH) ou sans (TDA) hyperactivitĂ© prĂ©sentent des troubles de l'apprentissage associĂ©s.

Une enquĂŞte rĂ©alisĂ©e dans l'Union EuropĂ©enne par l'European Association for Special Education montre que 16 Ă  24 % des Ă©lèves en Europe ont des besoins d'apprentissage particuliers parce qu'ils prĂ©sentent des difficultĂ©s d'apprentissage[19]. Parmi eux, 4 Ă  6 % ne souffrent pas de dĂ©ficiences mais prĂ©sentent un trouble dys-.

Ces enfants souffrant de difficultĂ©s d'apprentissage durant leur parcours scolaire peuvent Ă©galement devenir des adultes connaissant des difficultĂ©s persistantes. L'ampleur des difficultĂ©s rencontrĂ©es varie d'une personne Ă  une autre et selon son trouble dys. Le niveau de diplĂ´me obtenu reste infĂ©rieur Ă  celui de la population gĂ©nĂ©rale : en effet, 69 % d'entre eux n'ont aucun diplĂ´me de l'enseignement gĂ©nĂ©ral[20].

Références

  1. « Troubles DYS », sur Fédération Française des DYS, (consulté le ).
  2. « Troubles DYS - HOPTOYS », sur HOPTOYS (consulté le )
  3. Institut national de la santé et de la recherche médicale, « Troubles spécifiques des apprentissages ⋅ Inserm, La science pour la santé », sur Inserm (consulté le )
  4. « Troubles DYS », sur Fédération Française des DYS, (consulté le )
  5. « dys- », sur Littré.org (consulté le )
  6. « Les troubles DYS », sur eed.ac-versailles (consulté le )
  7. Marc Antoine Crocq, Julien-Daniel Guelfi, Patrice Boyer, Charles-Bernard Pull et Marie-Claire Pull, DSM-5 - Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, Elsevier Masson, , 1176 p. (ISBN 9782294739293)
  8. Éditions Larousse, « Définitions : dyssynchronie - Dictionnaire de français Larousse », sur www.larousse.fr (consulté le )
  9. Jean-Charles Terrassier, « Le syndrome de dyssynchronie », Neuropsychiatrie de l'Enfance et de l'Adolescence, no 27 (10-11), sur www.anpeip.org, (consulté le ), p. 445-450
  10. Elsevier, « Syndrome Dys-exécutif : Aménagement des examens », sur Elsevier Connect (consulté le )
  11. Collège de la Haute Autorité de Santé, « Comment améliorer le parcours de santé d'un enfant avec troubles spécifiques du langage et des apprentissages » Accès libre, sur Haute Autorité de Santé, (consulté le )
  12. « Les réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased) », sur Ministère de l'Education Nationale de la Jeunesse et des Sports (consulté le )
  13. « Protection maternelle et infantile | Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques », sur drees.solidarites-sante.gouv.fr (consulté le )
  14. « Repérage & dépistage dès la petite enfance », sur Fédération Française des DYS, (consulté le )
  15. « Service d'éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD) : Tous les établissements de type Service d'éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD) », sur annuaire.action-sociale.org (consulté le )
  16. « Fédération des CMPP », sur www.fdcmpp.fr (consulté le )
  17. « Les enfants Dys | Livre | 9782294748776 », sur Elsevier Masson SAS (consulté le )
  18. « Enfant handicapé : qu'est-ce que le projet personnalisé de scolarisation (PPS) ? », sur www.service-public.fr (consulté le )
  19. (ar) Alain Pouhet et Michèle Cerisier-Pouhet, Difficultés scolaires ou troubles dys ?: Nouvelle édition revue et augmentée, Retz, (ISBN 978-2-7256-7870-2, lire en ligne)
  20. « Les adultes "dys" », sur unadys.org (consulté le )

Articles connexes

Bibliographie

  • Jean-Yves Chagnon (dir.), Approche clinique des troubles instrumentaux : (dysphasie, dyslexie, dyspraxie), Paris, Dunod, , 224 p. (ISBN 9782100782024), J. Chagnon, Chapitre 1. « Approche clinique et psychopathologique des troubles dĂ©veloppementaux et instrumentaux » (pp. 15-79)
  • Pierre Fourneret et David Da Fonseca, Les enfants Dys, Elsevier Masson, , 296 p. (ISBN 9782294750182)

Liens externes

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