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Dyspraxie

La dyspraxie, aussi appelĂ©e trouble dĂ©veloppemental de la coordination (TDC), trouble d’acquisition de la coordination (TAC) ou dyspraxie dĂ©veloppementale (DD), est un trouble neurologique chronique qui apparaĂźt dĂšs l'enfance.

Dyspraxie de développement
Classification et ressources externes
CISP-2 P24
CIM-10 F82
CIM-9 315.4
DiseasesDB 31600
MedlinePlus 001533
MeSH D019957

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

Ce trouble spĂ©cifique des apprentissages (TSAp)[1] (terminologie APA, 2013) se caractĂ©rise par une affection de la planification des mouvements et de la coordination en raison d'une altĂ©ration de la communication entre le cerveau et le corps. Ce trouble se caractĂ©rise en particulier par une altĂ©ration de la capacitĂ© Ă  exĂ©cuter de maniĂšre automatique des mouvements dĂ©terminĂ©s, en l'absence de toute paralysie ou parĂ©sie des muscles impliquĂ©s dans le mouvement[2] - [3] - [4] - [5] - [6]. Le sujet doit contrĂŽler volontairement chacun de ses gestes, ce qui est trĂšs coĂ»teux en attention, et rend la coordination des mouvements complexes de la vie courante extrĂȘmement difficile, donc rarement obtenue. C'est une apraxie d'origine dĂ©veloppementale[7] - [8] - [9] - [10] - [11]. Les dĂ©ficiences de l'habiletĂ© chez l'enfant interfĂšrent avec les activitĂ©s de la vie quotidienne[12].

La dyspraxie de dĂ©veloppement est un trouble spĂ©cifique de l’apprentissage, peu connu (qu'il faudrait repĂ©rer avant l'Ăąge de quatre ans) et qui concernerait pourtant 2 % Ă  4 % des enfants dans le monde. Les premiers travaux en France datent pourtant de 1964 (Stambak et al.). La dyspraxie perturbe le quotidien et la scolaritĂ© de l'enfant. Occasionnant des difficultĂ©s dans les gestes, les jeux, l'Ă©criture
 elle est souvent dĂ©pistĂ©e Ă  l'Ă©cole. Un bilan mĂ©dical est Ă©tabli par une Ă©quipe pluridisciplinaire permettant une approche globale des difficultĂ©s.

La dyspraxie est parfois mise Ă  tort sur le compte d'un retard intellectuel ou de la mauvaise volontĂ©. Il existe de nombreux types de dyspraxies qui sont alors des symptĂŽmes pouvant ĂȘtre prĂ©sents dans diffĂ©rents troubles ou syndromes et relever de causes diverses.

DĂ©finition

Il n’est pas toujours facile de dĂ©finir correctement la dyspraxie. Sa dĂ©finition est encore parfois dĂ©battue dans la littĂ©rature.

Selon Costini, Roy, Faure et Le Gall (2013), la dyspraxie est souvent dĂ©finie de maniĂšre trop gĂ©nĂ©rale englobant l’ensemble des difficultĂ©s liĂ©es Ă  la gestualitĂ© et Ă  l’apprĂ©hension de l’espace chez l’enfant. Or, ce n’est pas le cas. Toutes ces difficultĂ©s ne sont pas liĂ©es Ă  la dyspraxie. Bien souvent, il y a confusion entre la coordination motrice qui correspond Ă  la rĂ©alisation d’un mouvement fluide, rapide et prĂ©cis et les praxies qui correspondent Ă  des gestes complexes humainement et culturellement transmis. Il faut donc bien distinguer les deux.

La dyspraxie est un trouble dĂ©veloppemental durable affectant la planification, l’organisation, l’exĂ©cution ainsi que l’automatisation des gestes et des mouvements. Tous les gestes et mouvements peuvent ĂȘtre touchĂ©s.

Les dyspraxies sont dĂ©finies comme des anomalies survenant dans la planification et l’automatisation des gestes volontaires.

Elle concerne 5 Ă  7 % des enfants de 5 Ă  11 ans.

La dyspraxie est représentée par un trouble de la représentation du corps en mouvement qui semble échapper à la pensée[13].

"La dyspraxie de l’enfant fait partie des troubles dĂ©veloppementaux qui sont indĂ©pendants de l’environnement et de toute pathologie psychique ou dĂ©ficience. Vaivre-Douret[14] Ă©voque un dysfonctionnement neuropsychologique non verbal : « L’enfant conçoit bien les gestes mais n’arrive pas Ă  les organiser ni Ă  les rĂ©aliser de façon harmonieuse, il montre une grande maladresse et toutes rĂ©alisations motrices ou graphiques sont mĂ©diocres, informes, brouillonnes[15]" ».

Les troubles liés à la dyspraxie sur le plan neuropsychique

Les troubles de la dyspraxie permettent d’observer la formidable plasticitĂ© psychique et neuronale de l’enfant et la maniĂšre dont certains dysfonctionnements peuvent produire des compĂ©tences cognitives trĂšs dĂ©veloppĂ©es dans un processus transmodal qui impacte tout le dĂ©veloppement psychique. Le sujet dyspraxique se trouve obligĂ© de modifier ses perceptions en les transfĂ©rant d’un registre sensoriel Ă  un autre : du spatio-visuel au verbal et de du concret Ă  l’abstrait[13].

L’enfant dyspraxique semble sauter les marches du dĂ©veloppement linĂ©aire piagĂ©tien. Il est dĂ©sorientĂ© face Ă  des situations complexes et capable de rĂ©soudre des problĂšmes trĂšs abstraits[13].

On constate des troubles psychomoteurs constants avec un manque de libertĂ© motrice et perturbations frĂ©quentes du schĂ©ma corporel souvent en lien avec l’image du corps qui se traduit frĂ©quemment par un Ă©vitement du dessin de personnages[13].

Selon BergĂšs[16], la question du corps est problĂ©matique chez un enfant dyspraxique : La reprĂ©sentation des limites et des rapports des diffĂ©rentes parties du corps sont flous. L’enfant dyspraxique souffre d’une imprĂ©cision du geste (le boutonnage, le laçage et autres fermetures sont des sources de dĂ©sarroi), il se cogne souvent et a des difficultĂ©s Ă  Ă©valuer les distances Ă  partir de sa place. Il a des difficultĂ©s Ă  trouver « Le point de dĂ©part » d’une figure, d’une action ou d’un Ă©vĂ©nement (chronologie) d’oĂč des difficultĂ©s Ă  reproduire un rond oĂč il est censĂ© revenir au point de dĂ©part pour finir le tracĂ© de la figure ou pour trouver, par exemple, le mois qui suit le mois de juin, quand il doit commencer Ă  Ă©numĂ©rer les mois Ă  partir du mois de janvier.

Difficultés scolaires

Les enfants dyspraxiques ont une raideur dans leurs corps mais apprennent Ă  lire rapidement, et sont Ă  l’aise avec le raisonnement et les nombres ainsi que la logique et l’abstraction verbale. Ils ont plus de difficultĂ©s dans les mesures et la gĂ©omĂ©trie (notamment la reproduction de figures). Le facteur Visio-spatial peut les induire en erreur notamment dans les opĂ©rations mathĂ©matiques Ă  retenue, oĂč ils prĂ©fĂšrent les effectuer mentalement[13].

Les différents types de dyspraxies

Les dyspraxies constructives

DifficultĂ© Ă  assembler des piĂšces pour construire un tout. La difficultĂ© est dans l’assemblage des piĂšces les unes par rapport aux autres. Exemple : construire un objet avec des Lego, assembler des cubes, faire un puzzle


La dyspraxie constructive visuo-spatiale

DifficultĂ© Ă  se repĂ©rer dans l'espace. Exemple : fixer une ligne pour lire, suivre la trajectoire d’un objet, rechercher une information dans un texte, lire un plan, faire une figure gĂ©omĂ©trique avec des outils


La dyspraxie idéatoire

DifficultĂ© de rĂ©aliser un geste avec un objet ou un outil. Exemple : brosse Ă  dent, aiguille Ă  coudre, fer Ă  repasser, ciseaux, tournevis, fourchette, rasoir, crayon... Ce type de dyspraxie nĂ©cessite donc une concentration accrue pour tous les gestes un minimum minutieux, ce qui occasionne une grande fatigue au-delĂ  d'une certaine rĂ©pĂ©tition qui varie selon les cas. Rien n'est Ă  prendre au pied de la lettre avec ce genre de handicap ; tout le monde n'est pas touchĂ© au mĂȘme degrĂ©.


Selon certains auteurs, la dyspraxie peut prendre davantage de formes différentes :

  • la dyspraxie constructive qui concerne les activitĂ©s oĂč il faut assembler diffĂ©rents Ă©lĂ©ments.
  • la dyspraxie constructive visuo spatiale qui associe Ă  la dyspraxie constructive un trouble de l’organisation du geste, un trouble du regard et/ou un trouble de la construction spatiale.
  • la dyspraxie non-constructive qui concerne des troubles de la succession des gestes.
  • la dyspraxie idĂ©atoire qui concerne des difficultĂ©s d’utilisation d’un objet ou d’un outil pour rĂ©aliser le geste.
  • la dyspraxie idĂ©omotrice qui correspond Ă  la difficultĂ© de rĂ©aliser des gestes sans manipuler d’objet ou d’outil.
  • la dyspraxie de l’habillage qui concerne les difficultĂ©s liĂ©es Ă  l’habillage, c’est-Ă -dire Ă  la maniĂšre d’orienter ou de disposer les vĂȘtements, Ă  l’utilisation des diffĂ©rents systĂšmes de fermeture (boutons, tirette, lacets
).
  • la dyspraxie orofaciale qui correspond Ă  la difficultĂ© de rĂ©aliser des gestes Ă  l’aide des organes phonatoires et du visage (siffler, souffler, dĂ©glutir
).
  • la dysgraphie dyspraxique qui correspond aux difficultĂ©s rencontrĂ©es pour Ă©crire.

Comment diagnostiquer la dyspraxie ?

SymptĂŽmes possibles

  • Troubles du dĂ©veloppement moteur : maladresse, difficultĂ© Ă  exĂ©cuter des mouvements volontaires et coordonnĂ©s (marche, bicyclette, nage, jeux d'adresse, manier ses couverts, s'habiller seul, se brosser les dents, nouer ses lacets, se laver seul)[18].
  • Le bĂ©bĂ© n'utilise pas, ou trop peu, ses mains. Par exemple, il ne s'accroche pas, ou il lĂąche ses jouets.
  • dysgraphie : difficultĂ© Ă  Ă©crire Ă  la main et Ă  automatiser l'Ă©criture manuelle.
  • Troubles oculaires (oculomoteurs) : saccades et poursuite oculaire, fixation oculaire : difficultĂ©s Ă  lire, Ă  suivre sa ligne, Ă  se repĂ©rer sur une page et Ă  adopter une stratĂ©gie d'exploration de la page.
  • Troubles de la parole : apraxie buccolinguofaciale, difficultĂ©s d'Ă©locution.
  • Troubles orthophoniques (pseudo-dyslexie entraĂźnĂ©e par la dyspraxie), difficultĂ©s du langage Ă©crit.
  • Troubles logico-mathĂ©matiques : difficultĂ© Ă  poser des opĂ©rations en colonnes, Ă  apprĂ©hender les faits mathĂ©matiques, problĂšmes de sĂ©quences, difficultĂ© Ă  se positionner dans le temps, difficultĂ© des opĂ©rations par Ă©crit, avec la gĂ©omĂ©trie, les opĂ©rations de base, etc.[19]
  • L'organisation est un vĂ©ritable souci pour les dyspraxiques. Parmi les consĂ©quences pour les adultes du handicap des difficultĂ©s notoires concernent le rangement. Ces problĂšmes organisationnels peuvent ĂȘtre aperçus dans l'ensemble des tĂąches manuelles. Certaines capacitĂ©s sont acquises par le dyspraxique au cours du temps, d'autres resteront inaccessibles ou floues.
  • DifficultĂ© d’orientation dans l’espace et dans le temps : retard, maladresse, confusion des heures de cours, se perdre dans l’école, etc[20].
  • Isolement : le comportement peut ĂȘtre en dĂ©calage avec ses pairs.
  • Fatigue importante et fatigabilitĂ©.
  • Perte d’objets, oublis, etc. (FWB, 2018)

Grossesse et boisson alcoolisée

Si la mĂšre a consommĂ© des boissons alcoolisĂ©es lors de la grossesse, l'enfant peut naĂźtre avec des troubles. Dans une Ă©tude portant sur 71 enfants exposĂ©s Ă  l'alcool in utero, 34 % Ă©taient dyspraxiques[21].

Enfant prématuré

Un grand prĂ©maturĂ© a plus de risque d'ĂȘtre dyspraxique.

Neuroatypie

Elles se retrouvent quelquefois chez les enfants prématurés.

Des études évoquent aussi des anomalies situées au niveau des motoneurones qui ne se développent pas normalement. Les motoneurones (situés dans le tronc cérébral et dans la moelle spinale) transmettent le message nerveux du cerveau vers les muscles. En cas de dyspraxie, ces derniers seraient moins efficaces.

Trouble développemental

Certaines zones du cerveau, impliquées dans l'apprentissage, sont non fonctionnelles. La dyspraxie est considérée comme développementale, c'est-à-dire sans cause identifiée.

Accidents à la naissance : anoxie, AVC


La dyspraxie est souvent associée à la prématurité et à la précocité et elle est combinée avec un trouble du déficit de l'attention dans plus de la moitié des cas, ou avec d'autres troubles des apprentissages (dyscalculie, dysorthographie, dysgraphie). Attention, il ne faut pas confondre dyspraxie et apraxie. Dans le premier cas, les troubles sont présents avant la naissance.

Diagnostic

Pour diagnostiquer la dyspraxie, plusieurs tests doivent ĂȘtre rĂ©alisĂ©s : un bilan psychomoteur, un examen psychomĂ©trique, un bilan orthophonique, un bilan orthoptique et neurovisuel.

D’aprĂšs les rĂ©sultats obtenus Ă  ces tests, le neuropĂ©diatre pourra poser le diagnostic[22].

Ce trouble encore trop mĂ©connu se manifeste pour 80 % des enfants vers l’ñge de 4-5 ans, lors des premiers apprentissages scolaires. Par manque d’information ou de formation, la majoritĂ© des enseignants n’ont jamais entendu parler de la dyspraxie et sont incapables de la diagnostiquer.

En cas de suspicion de la part de l’enseignant ou des parents, il est conseillĂ© de faire un bilan complet et prĂ©cis chez un neuropsychologue, un ergothĂ©rapeute ou un psychomotricien.

Il est important d’essayer de dĂ©tecter la dyspraxie le plus tĂŽt possible chez l’enfant, car plus le diagnostic sera posĂ© tard, plus l’estime de soi chez l’enfant sera touchĂ©e.

Chaque enfant est diffĂ©rent et chaque enfant dyspraxique peut possĂ©der des dyspraxies diffĂ©rentes. C’est pourquoi il est important que la prise en charge de l’enfant se fasse selon un bilan prĂ©cis de l’enfant concernĂ© dans le but de rĂ©pondre Ă  ses besoins particuliers.

La dyspraxie, ou trouble dĂ©veloppemental de la coordination (TDC), est un diagnostic d'exclusion : l'Ă©valuation par un mĂ©decin, souvent un spĂ©cialiste en neuropĂ©diatrie ou pĂ©diatre, est nĂ©cessaire pour Ă©liminer les causes neurologiques (dĂ©ficience motrice cĂ©rĂ©brale, atteinte lĂ©sionnelle, ataxie), gĂ©nĂ©tiques (syndrome de Sotos, syndrome de Turner ou autres), sensorielles ou mĂ©taboliques. Ce diagnostic diffĂ©rentiel est complexe et, bien souvent, des Ă©valuations complĂ©mentaires ergothĂ©rapie, psychomotricitĂ© et neuropsychologie sont demandĂ©es afin d'aider Ă  prĂ©ciser le diagnostic. Les recommandations europĂ©ennes pour le diagnostic du TDC soulignent l’aspect multidisciplinaire de la pose du diagnostic de cette condition et affirment l’importance de se rĂ©fĂ©rer Ă  des outils standardisĂ©s qui limitent la subjectivitĂ©, tels que le Coordination Disorder Questionnaire’07 (DCDQ’07), rĂ©cemment adaptĂ© en français sous le nom de QTAC-FE-5-15[23].
Si les troubles du geste moteur s'expliquent davantage par un autre diagnostic mĂ©dical (trouble du spectre de l'alcoolisation fƓtale, dĂ©ficience intellectuelle, trisomie 21, trouble envahissant du dĂ©veloppement, par exemple), on parle alors de troubles praxiques associĂ©s plutĂŽt que de dyspraxie.

Le suivi

Le psychomotricien est le rééducateur de premiÚre instance. Il convient aprÚs, selon les résultats des bilans (psychomoteur, orthophoniques, neurovisuels réalisés par les orthoptistes), de compléter (sans surcharger) pour améliorer la situation. Le suivi est de longue haleine, car il nécessite diverses prises en charge.

Prise en charge de la dyspraxie

« La prise en charge de l’enfant porteur d’une dyspraxie ou de plusieurs dyspraxies dĂ©veloppementales s’organise au cas par cas, en fonction du ou des types de dyspraxie dĂ©pistĂ©s et des troubles associĂ©s Ă©ventuels. »[24]. Le traitement de la dyspraxie consiste principalement en une rĂ©Ă©ducation ou un mise en place de stratĂ©gies compensatoires du handicap[24].

Parmi les prises en charges existantes, on peut citer (liste non exhaustive) :

  • une rĂ©Ă©ducation psychomotrice[24], pour l’enfant jeune elle permet de travailler sur le schĂ©ma corporel, la latĂ©ralisation, les repĂšres dans l’espace et la motricitĂ© globale et permet entre autres Ă  l’enfant de situer ses parties du corps ;
  • une prise en charge ergothĂ©rapeutique[24], rĂ©Ă©duque le geste. Elle vise Ă  aider l’enfant Ă  planifier ses gestes, l’aide dans l’organisation visuospatiale. En outre, l’utilisation du clavier et de l’ordinateur peut-ĂȘtre proposĂ©e Ă  l’enfant pour pallier les Ă©ventuels troubles moteurs ;
  • une prise en charge orthophonique peut ĂȘtre envisagĂ©e en cas de troubles du langage oral ou Ă©crit ou de dyscalculie associĂ©s[24] ;
  • la verbalisation intĂ©rieure et des dĂ©coupages sĂ©quentiels de l’action[24] ;
  • une prise en charge psychothĂ©rapeutique en cas de troubles psychoaffectifs ;
  • une prise en charge kinĂ©sithĂ©rapeutique : exercices prĂ©graphiques, entraĂźnement Ă  la motricitĂ© fine et globale[24] ;
  • la CO-OP (Cognitive Orientation to daily Occupational Performance) est une approche cognitive basĂ©e sur la verbalisation. Le praticien dĂ©finit avec l’enfant des objectifs thĂ©rapeutiques, puis lui enseigne une stratĂ©gie globale de rĂ©solution de problĂšme qui sera utilisĂ©e pour acquĂ©rir les habiletĂ©s choisies[25] ;
  • la prise en charge orthoptique : « Les patients dyspraxiques prĂ©sentent des mouvements oculomoteurs perturbĂ©s. »[26] Cette prise en charge propose un ensemble de rĂ©Ă©ducation sur le plan sensoriel, moteur ou fonctionnel. Il s’adapte Ă  chaque individu avec des pratiques pĂ©dagogiques voire ludiques comme l’utilisation de labyrinthes ou de jeux de construction[26].

La scolarisation

Pour la plupart des enfants dyspraxiques, la scolarisation représentera un défi important. Les difficultés de manipulation des outils scolaires (gomme à effacer, rÚgle, ciseaux et autres), à l'écriture (dysgraphie), en dessin et dans les activités motrices (éducation physique) interfÚrent avec les apprentissages de l'enfant et sa réussite.

Pour pallier les incapacitĂ©s de l'enfant, certaines tĂąches scolaires seront donc rĂ©amĂ©nagĂ©es de façon Ă  compenser ou mĂȘme contourner les obstacles Ă  l'apprentissage. L'Ă©laboration d'un plan individualisĂ© de scolarisation sera une Ă©tape importante de ce processus, car il permettra d'identifier les limitations de l'enfant ainsi que la mise en place de solutions adaptĂ©es au profil d'incapacitĂ©s du jeune.

Les Ă©lĂšves montrant des difficultĂ©s plus marquĂ©es peuvent bĂ©nĂ©ficier de l'aide d'une personne en classe - auxiliaire de vie scolaire (France), Ă©ducatrice spĂ©cialisĂ©e (QuĂ©bec) ou aide Ă  l'intĂ©gration (Suisse). Cette personne rĂ©alisera certaines tĂąches Ă  la place de l'enfant, comme la prise de notes, la prĂ©paration des photocopies, ou encore adaptera le matĂ©riel d'Ă©tudes ou rĂ©visera certaines matiĂšres avec l'enfant. L'octroi de cette aide dĂ©pend du degrĂ© d'incapacitĂ©s de l'enfant et doit gĂ©nĂ©ralement faire l'objet d'une demande aux instances scolaires et Ă  la Maison dĂ©partementale des personnes handicapĂ©es (MDPH). En Belgique, une aide est possible, mais trĂšs difficile Ă  obtenir, car la dyspraxie n'est pas encore reconnue par l'Institut national d'assurance maladie invaliditĂ© (INAMI), par contre des aides en classe devraient bientĂŽt ĂȘtre mises en place.

L'élÚve peut aussi avoir recours à la technologie pour faciliter son apprentissage, notamment en ce qui a trait aux langues. Il existe des polices de caractÚres (Andika, Dyslexie, Lexia, OpenDyslexic, Tiresias) qui facilitent la lecture, et des logiciels qui offrent divers niveaux d'assistance. Ces logiciels peuvent en effet intégrer la prédiction des mots tapés, les conjugaisons, les synonymes, les antonymes, les définitions, les illustrations, et permettent de corriger l'orthographe et la grammaire, de visualiser les syllabes ou les lettres muettes, de prononcer, de dicter, de numériser et faire de la reconnaissance optique de documents, de transformer un texte en fichier audio, de remplir des fichiers PDF, le tout dans une ou plusieurs langues. Il existe plusieurs logiciels commerciaux, tels que KorectDys, Kurzweil 3000, Lexibar, Penfriend, Skippy, Sprint, WoDy, WordQ, ou logiciels libres, tels ceux regroupés sur la clé Framakey-Dys.

Le parcours scolaire des Ă©lĂšves dyspraxiques peut ĂȘtre trĂšs diffĂ©rent[27].

Lors de leur scolarisation en primaire, plusieurs possibilités s'offrent aux élÚves dyspraxiques. Ils vont soit fréquenter l'enseignement ordinaire en bénéficiant d'adaptations pour répondre à leurs besoins spécifiques, soit bénéficier d'un projet d'intégration, ou encore fréquenter l'enseignement spécialisé de type 8.

Les Ă©lĂšves prĂ©sentant des difficultĂ©s liĂ©es Ă  la dyspraxie vont Ă  l'Ă©cole comme les autres Ă©lĂšves. Parfois, ils intĂšgrent des classes inclusives. Les Ă©lĂšves sont donc insĂ©rĂ©s dans un systĂšme d'inclusion oĂč tous les enfants diffĂ©rents ou Ă  difficultĂ©s sont mĂ©langĂ©s aux autres enfants. Quand la prĂ©sence Ă  l'Ă©cole dans l'enseignement ordinaire ou dans les classes inclusives n'est plus possible, les Ă©lĂšves dyspraxiques sont redirigĂ©s vers l'enseignement spĂ©cialisĂ©. Les Ă©lĂšves rencontrerons alors des Ă©lĂšves comme eux, prĂ©sentant le mĂȘme genre de troubles[28].

Pour ce qui est de la scolarisation en secondaire, les Ă©lĂšves dyspraxiques ayant rĂ©ussi leur CEB frĂ©quentent l'enseignement ordinaire. L'enseignement spĂ©cialisĂ© de type 8 s'arrĂȘtant au niveau primaire[27].

Le challenge de l'inclusion se pose aussi au niveau des Ă©tudes post-secondaires/post-lycĂ©e (collĂšge, universitĂ©) pour permettre aux Ă©tudiants de bĂ©nĂ©ficier d'amĂ©nagements leur permettant d'apprendre et de progresser au mĂȘme titre que tout Ă©tudiant ne prĂ©sentant pas de trouble spĂ©cifique d'apprentissage.

La scolarisation des élÚves dyspraxiques en secondaire peut prendre une mauvaise tournure si l'enseignement ordinaire ne leur propose aucun aménagement pédagogique, ni d'outil adapté pour répondre à leurs besoins spécifiques. Ces élÚves vont alors vite se retrouver en situation d'échec scolaire et donc se voir réorientés vers l'enseignement technique ou professionnel alors que les métiers manuels ne sont pas leur point fort.

En France

La dyspraxie touche 4 Ă  6 % de la population.

Une circulaire ministérielle définit l'intégration de l'enfant dyspraxique en classe ordinaire, et mentionne que « Les troubles spécifiques du langage oral et écrit (dysphasies, dyslexies) qui font l'objet de cette circulaire sont à situer dans l'ensemble plus vaste des troubles spécifiques des apprentissages qui comportent aussi les dyscalculies (troubles des fonctions logico-mathématiques), les dyspraxies (troubles de l'acquisition de la coordination) et les troubles attentionnels avec ou sans hyperactivité » et que « l'existence de troubles spécifiques du langage est compatible avec une scolarité dans une classe ordinaire »[29].

En Belgique

Un dĂ©cret inclusion relatif Ă  la personne handicapĂ©e a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© en 2014. Celui-ci indique les diffĂ©rentes dispositions Ă  mettre en Ɠuvre en vue d’inclure la personne prĂ©sentant un handicap.

En complĂ©ment de celui-ci, le Gouvernement et la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles ont adoptĂ© un “DĂ©cret relatif Ă  l’accueil, Ă  l’accompagnement et au maintien dans l’enseignement fondamental (maternel et primaire) et secondaire des Ă©lĂšves prĂ©sentant des besoins spĂ©cifiques” (2017).

Il définit le besoin spécifique comme suit : « besoin résultant d'une particularité, d'un trouble, d'une situation permanents ou semi-permanents d'ordre psychologique, mental, physique, psychoaffectif faisant obstacle au projet d'apprentissage et requérant, au sein de l'école, un soutien supplémentaire pour permettre à l'élÚve de poursuivre de maniÚre réguliÚre et harmonieuse son parcours scolaire dans l'enseignement ordinaire fondamental ou secondaire. »

Afin de lutter contre certaines formes de discrimination, des amĂ©nagements sont indispensables afin de permettre Ă  ces Ă©lĂšves de s’épanouir dans leur apprentissage scolaire.

Une brochure établie par la Fédération Wallonie Bruxelles a été élaborée afin de sensibiliser parents, enseignants, etc[30].

En Belgique, comme les autres troubles d'apprentissage, la dyspraxie n'est toujours pas reconnue comme un handicap par l'INAMI. Cette non-reconnaissance aura un impact en termes de soutiens financiers pour les frais médicaux, l'achat d'ordinateurs ou de logiciels entre autres[31].

En Suisse

  • En Suisse, dans le canton de GenĂšve, la dyspraxie est reconnue dans les Ă©coles et les Ă©lĂšves disposent d'une feuille bleue sur laquelle sont affichĂ©es les mesures permettant de pallier le handicap de la dyspraxie.

“La dyspraxie n’est encore que peu connue et reconnue en suisse et le fait de ne pas dĂ©pister cette pathologie au plus tĂŽt condamne des enfants Ă  l’échec scolaire dĂ» Ă  un trouble moteur et non Ă  un trouble cognitif. La reconnaissance du handicap et le suivi adaptĂ© par des spĂ©cialistes permettent Ă  ces enfants de pouvoir compenser leurs difficultĂ©s et mener une scolaritĂ© dite « normale ».” [32]Florence Coupiac

Aux États-Unis

Aux États-Unis, la dyspraxie n’est pas considĂ©rĂ©e comme un trouble spĂ©cifique de l’apprentissage, mais comme un trouble impactant l’apprentissage.

Des Ă©tudiants atteints de Dyspraxie peuvent avoir accĂšs Ă  des services d’éducation spĂ©cialisĂ©s. La loi amĂ©ricaine couvre 13 catĂ©gories de pathologies qui impactent l’apprentissage. Les troubles d’apprentissage sont une des 13 catĂ©gories, cependant ce n’est pas la catĂ©gorie qui couvre la plupart des enfants atteints de Dyspraxie. Ils sont plutĂŽt couverts par les catĂ©gories  “Faibles capacitĂ©s de langage ou d’élocution” ou “Autres troubles de santĂ©â€[33].

Au Royaume-Uni

La dyspraxie est couverte par l’Equality Act (2010) au mĂȘme niveau qu’une autre pathologie officielle[34].

Selon la Dyspraxia Foundation (Royaume-Uni), « entre 5 et 10 % de la population ont des symptÎmes de dyspraxie. Il est probable que des personnes atteintes de dyspraxie travaillent dans votre organisation. Les adultes dyspraxiques sont souvent déterminés, travailleurs, et trÚs motivés, ils développent leurs propres stratégies pour travailler efficacement. De plusieurs façons, les personnes atteintes de dyspraxie sont similaires à celles atteintes de dyslexie : elles sont souvent créatives et innovantes et également capables de trouver des solutions stratégiques aux problÚmes rencontrés »[35].

Les Ă©lĂšves dyspraxiques

En France, 6 Ă  8 % des Ă©lĂšves sont dyspraxiques. C’est-Ă -dire qu’ils sont atteints de difficultĂ©s multiples et variables, notamment pour Ă©crire[36].

En temps normal, lors d’un nouvel apprentissage, le cerveau l’inscrit et il nous suffit par la suite de rĂ©activer cet apprentissage pour que le geste appris prĂ©cĂ©demment s’effectue de maniĂšre fluide et automatique. Ce n’est pas le cas chez les enfants dyspraxiques. En effet, la programmation du nouveau geste appris ne se fait pas correctement dans le cerveau. Leurs gestes manquent donc de coordination et sont souvent maladroits, comme s’ils les rĂ©alisaient pour la premiĂšre fois[22].

MalgrĂ© les faiblesses que ces Ă©lĂšves peuvent prĂ©senter, des forces peuvent ĂȘtre rĂ©vĂ©lĂ©es Ă©galement.

Parmi leurs points forts, nous pouvons relever[37] :

  • surinvestissement des compĂ©tences verbales,
  • performances amĂ©liorĂ©es lors des dictĂ©es Ă  l’adulte,
  • les loisirs et hobbies privilĂ©giant l’écoute,
  • imagination et don crĂ©atif,
  • curiositĂ©,
  • trĂšs bonne mĂ©moire Ă  long terme,
  • volontĂ© de se surpasser,
  • sensibilitĂ©,
  • sens profond de l’humain.

Les difficultés scolaires pour ces élÚves

Outre les difficultĂ©s liĂ©es Ă  leur apprentissage, de nombreux Ă©lĂšves dyspraxiques peuvent prĂ©senter un manque de confiance et se refermer sur eux-mĂȘmes. Il est indispensable que les enseignants puissent les accompagner. Il est Ă©galement conseillĂ©, avec le consentement de l’élĂšve, d’expliquer son trouble Ă  la classe.

En général

  • DifficultĂ©s Ă  prĂ©parer son cartable et Ă  le ranger.
  • ÉlĂšve plus lent que le reste de la classe.
  • Travail brouillon et peu soignĂ©.
  • Crainte des incertitudes et des imprĂ©vus.

En français

L’élĂšve :

  • se perd dans le texte, saut de lignes et/ou de mots.
  • peut avoir des difficultĂ©s pour tenir un livre ou tourner les pages correctement.
  • a des difficultĂ©s au niveau du sens de formation des lettres, leur orientation, leur forme, etc.
  • a une Ă©criture laborieuse.
  • a des difficultĂ©s Ă  copier une information Ă©crite au tableau sur une feuille (changement de plan).
  • peut ne pas comprendre ce qu’il Ă©crit.

En mathématiques

Huron (2017) relÚve un certain nombre de difficultés que peuvent rencontrer les élÚves dyspraxiques en mathématiques.

L’élĂšve :

  • a des difficultĂ©s Ă  utiliser correctement certains instruments (rĂšgle, compas, Ă©querre, etc.).
  • ne sait pas comment rĂ©aliser des activitĂ©s de construction.
  • a des difficultĂ©s Ă  suivre les lignes, en particulier celles qui s’entrecroisent.
  • a des difficultĂ©s Ă  se repĂ©rer sur un plan.
  • a des difficultĂ©s Ă  lire des tableaux, graphiques et Ă  illustrer des problĂšmes.
  • a des difficultĂ©s pour rechercher des informations dans un tableau Ă  double entrĂ©e.
  • a des difficultĂ©s de dĂ©nombrement (oubli d’élĂ©ment, rĂ©sultats diffĂ©rents, etc.).
  • a peu d’images mentales.
  • a des difficultĂ©s pour mĂ©moriser les tables d'addition et de multiplication.
  • a des difficultĂ©s pour poser les additions sur feuille sans faire d’erreur de position.
  • a peu de notion d’invariance du nombre.
  • a des difficultĂ©s Ă  compter terme Ă  terme.

Au niveau de la sociabilité

L’élĂšve a une mauvaise estime de lui-mĂȘme dans la majoritĂ© de ce qu’il entreprend. Il va avoir tendance Ă  s’isoler et ne pas vouloir participer aux activitĂ©s de groupe. Certains enfants dyspraxiques peuvent Ă©galement faire le choix de ne pas se socialiser avec les Ă©lĂšves de leur classe. Dans la cour, ils auront tendance Ă  jouer avec des enfants plus jeunes, seuls ou Ă  rester prĂšs du surveillant.

Ses camarades de classe le perçoivent comme quelqu’un de malhabile et peuvent le rejeter pour cette raison (choisi le dernier lors de composition d’équipes)[38].

Comment adapter l’apprentissage aux Ă©lĂšves dyspraxiques?

Divers conseils (FWB, 2018) sont proposĂ©s aux enseignants afin de pallier les difficultĂ©s d’apprentissage et d’adaptation de l’élĂšve. Au travers des diffĂ©rentes matiĂšres, des conseils sont rĂ©partis entre les supports et notes de cours, aux Ă©valuations, aux sanctions et au travail Ă  domicile.

En voici les principaux :

  • amĂ©nager une place dĂ©cisive Ă  l’élĂšve;
  • ĂȘtre patient et tolĂ©rant;
  • user de renforcement positif et d’encouragement;
  • permettre l’utilisation d’outils facilitant son apprentissage : tapis anti-dĂ©rapant, correcteur orthographique, calculatrice, logiciel adaptĂ©, etc.;
  • Ă©viter l’écrit au maximum,
  • adopter des codes couleurs comme repĂšres visuo-spatiaux;
  • privilĂ©gier tous les canaux d’apprentissage;
  • autoriser l’élĂšve Ă  se baser sur les notes de ses camarades et que celles-ci soient suffisamment claires pour lui;
  • veiller Ă  la tenue de son journal de classe;
  • autoriser l’utilisation de l’ordinateur/tablette/clavier en classe, Ă  condition qu’il ait appris Ă  s’en servir au prĂ©alable;
  • ne pas avoir de remarques dĂ©sobligeantes;
  • suggĂ©rer de rendre des textes dactylographiĂ©s plutĂŽt que des textes manuscrits;
  • ne pas s’attendre Ă  ce que l’élĂšve s’amĂ©liore;
  • donner accĂšs au programme des cours;
  • inscrire les grands axes au tableau;
  • fournir les supports numĂ©riques, avec une police suffisante et une prĂ©sentation aĂ©rĂ©e;
  • laisser l’élĂšve se mettre en ordre Ă  l’aide de photo, scanner de poche, etc.;
  • fournir des rectos uniquement;
  • numĂ©roter les feuilles;
  • accepter de relire les rĂ©sumĂ©s de cours;
  • accepter l’utilisation d’un Timer;
  • favoriser l’oral;
  • privilĂ©gier les textes lacunaires;
  • autoriser les marqueurs fluorescents;
  • coter l’orthographe avec bienveillance;
  • limiter la quantitĂ© d’exercices Ă  domicile;
  • s’aider de cartes heuristiques;
  • viser l’amĂ©lioration, le dĂ©passement de soi;
  • stimuler les compĂ©tences visuelles;
  • utiliser des outils adaptĂ©s pour les cours de mathĂ©matiques;
  • prĂ©fĂ©rer les histogrammes aux autres reprĂ©sentations en courbes;
  • 


Le numérique représente un outil incontournable dans leur apprentissage.

Il est indispensable de laisser l’élĂšve dyspraxique utiliser cet outil afin qu’il puisse se dĂ©passer et ainsi avoir une meilleure estime de lui-mĂȘme, souvent mĂ©prisĂ©e.

Selon Barray (2012), l’apprentissage de l’écriture peut s’avĂ©rer compliquĂ©e pour les enfants dyspraxiques. Une mĂ©thode spĂ©cifique, proposĂ©e par ValĂ©rie Barbay aurait de bons rĂ©sultats et permettrait aux Ă©lĂšves d’apprendre Ă  Ă©crire et d’obtenir une Ă©criture plus lisible et plus fluide.

Au niveau pratique, cette mĂ©thode demande des sĂ©ances de 30 minutes deux Ă  trois fois la semaine durant une annĂ©e scolaire. L’écriture script est privilĂ©giĂ© par rapport Ă  la cursive qui demande de soulever et de repositionner le crayon entre chaque lettre. Les majuscules sont quant Ă  elles apprises directement en Ă©criture cursive. Pour faciliter et simplifier l’écriture, certaines amorces et boucles peuvent ĂȘtre supprimĂ©es.

L’apprentissage se dĂ©compose en quatre Ă©tapes :

  1. Apprentissage du tracĂ© des lettres dont l’apprentissage des traits nommĂ©s unitĂ©s graphiques et l’apprentissage des graphĂšmes en se servant des unitĂ©s graphiques. Lors de cette Ă©tape, la guidance verbale doit ĂȘtre mise en place (description du geste graphique avec des informations spatiales prĂ©cises : direction, sens et repĂšre visuels.)
  2. Contrîle de l’amplitude des mouvements en fonction des limites visuelles.
  3. Pratique rĂ©guliĂšre pour favoriser l’automatisation.
  4. Transfert dans la vie scolaire et familiale.

Quel type d'activité proposer ?

Il existe Ă©galement des outils comme Ordyslexie. Cet outil, principalement mis en place au collĂšge, est une sorte de cartable - ordinateur qui va permettre de simplifier la scolaritĂ© des Ă©lĂšves en leur donnant directement accĂšs aux diffĂ©rents cours et exercices numĂ©risĂ©s des diffĂ©rentes disciplines (français, math, anglais, histoire, gĂ©o
) sur l’ordinateur[36]. En choisissant d’utiliser l’ordinateur et le numĂ©rique qui sont plus adaptĂ©s aux Ă©lĂšves dyspraxiques que la feuille de papier, l’enseignant leur permet de s’intĂ©grer et de participer normalement aux apprentissages et Ă  la vie de la classe, tout en gardant leur autonomie et en Ă©tant performant.

À titre d'exemple, il est Ă©galement possible de proposer une activitĂ© pĂ©dagogique qui travaille Ă  la fois la latĂ©ralisation et l'organisation spatiale en lien avec une application numĂ©rique ou un jeu en ligne pour permettre Ă  l'enfant de reproduire une sĂ©quence prĂ©sentĂ©e par l'enseignant.

L'enfant est positionnĂ© face Ă  l'adulte et dispose des mĂȘmes vignettes de couleurs. L’utilisation des vignettes de couleur permet Ă  l’enfant qui ne serait pas encore bien latĂ©ralisĂ© ou Ă  l’enfant dyspraxique de porter son attention sur la couleur plutĂŽt que sur le geste inversĂ© (effet miroir).

La stratĂ©gie de mise en place d’un code couleur ou d’un symbole va permettre Ă  l’enfant d’utiliser un autre canal (visuel) afin qu’il s’oriente plus facilement dans l’espace.

Le code couleur permet aussi Ă  l’enfant de composer mentalement la sĂ©quence des gestes pour la mĂ©moriser et la reproduire. Cela lui apporte un support visuel pour diminuer la charge mentale (double tĂąche) liĂ©e Ă  son positionnement dans l’espace et les dĂ©placements Ă  effectuer pour complĂ©ter la sĂ©quence de gestes.

L’évaluation se fera au fur et Ă  mesure de la reproduction de la sĂ©quence et l’enfant pourra recevoir une rĂ©troaction soit verbale soit visuelle en temps rĂ©el afin de corriger l’erreur qu’il a commise dans la sĂ©quence.

Une aide supplĂ©mentaire peut ĂȘtre apportĂ©e Ă  l’enfant via l’utilisation d’un logiciel d'entraĂźnement ou via des jeux en-ligne.

Des jeux d’orientation et de latĂ©ralisation en ligne[39] ou sur cd-rom[40] peuvent Ă©galement ĂȘtre proposĂ©s.

Notes et références

  1. Laurence Launay, Du DSM-5 au diagnostic orthophonique : Ă©laboration d’un arbre dĂ©cisionnel
  2. Polatajko H, Fox M, Missiuna C, « An International Consensus on Children with Developmental Coordination Disorder », Canadian Journal of Occupational Therapy, vol. 62, no 1,‎ , p. 3–6 (DOI 10.1177/000841749506200101)
  3. Barnhart RC, Davenport MJ, Epps SB, Nordquist VM, « Developmental coordination disorder », Physical Therapy, vol. 83, no 8,‎ , p. 722–31 (PMID 12882613, lire en ligne)
  4. « Consensus Statements », sur CanChild
  5. Blank R, Smits-Engelsman B, Polatajko H, Wilson P, « European Academy for Childhood Disability (EACD): recommendations on the definition, diagnosis and intervention of developmental coordination disorder (long version) », Developmental Medicine and Child Neurology, vol. 54, no 1,‎ , p. 54–93 (PMID 22171930, DOI 10.1111/j.1469-8749.2011.04171.x)
  6. Zwicker JG, Missiuna C, Harris SR, Boyd LA, « Developmental coordination disorder: a review and update », European Journal of Paediatric Neurology, vol. 16, no 6,‎ , p. 573–81 (PMID 22705270, DOI 10.1016/j.ejpn.2012.05.005)
  7. World Health Organization, « ICD-11 – Mortality and Morbidity Statistics: 6A04 Developmental motor coordination disorder », icd.who.int, (consultĂ© le )
  8. Henderson SE, Henderson L, « Toward an understanding of developmental coordination disorder: terminological and diagnostic issues », Neural Plasticity, vol. 10, nos 1–2,‎ , p. 1–13 (PMID 14640303, PMCID 2565424, DOI 10.1155/NP.2003.1)
  9. Gibbs J, Appleton J, Appleton R, « Dyspraxia or developmental coordination disorder? Unravelling the enigma », Archives of Disease in Childhood, vol. 92, no 6,‎ , p. 534–9 (PMID 17515623, PMCID 2066137, DOI 10.1136/adc.2005.088054)
  10. MagalhĂŁes LC, Missiuna C, Wong S, « Terminology used in research reports of developmental coordination disorder », Developmental Medicine and Child Neurology, vol. 48, no 11,‎ , p. 937–41 (PMID 17044965, DOI 10.1017/S0012162206002040)
  11. Kirby A, Edwards L, Sugden D, Rosenblum S, « The development and standardization of the Adult Developmental Co-ordination Disorders/Dyspraxia Checklist (ADC) », Research in Developmental Disabilities, vol. 31, no 1,‎ , p. 131–9 (PMID 19819107, DOI 10.1016/j.ridd.2009.08.010)
  12. S. Kotsopoulos, Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, vol. 26, American Psychiatric Association, coll. « Journal of Psychiatry and Neuroscience », , 991 p. (ISBN 978-0-89042-555-8, DOI 10.1176/appi.books.9780890425596.dsm01), chap. 3 (« Neurodevelopmental Disorders »)
  13. C. Weismann-Arcache, La dyspraxie, un objet neuroscientifique pour la psychanalyse? Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, Board, , p391-397
  14. L. Vaivre-Drouet, « Troubles d’apprentissage non verbal : les dyspraxies dĂ©veloppementales », Troubles d’apprentissage non verbal : les dyspraxies dĂ©veloppementales,‎ , p. 1341-1349 (lire en ligne AccĂšs libre [PDF])
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  16. Serge Lebovici, René Diatkine et Michel Soulé, Nouveau traité de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, Paris, Presses Universitaires de France, , 3264 p. (lire en ligne)
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  19. « Dyspraxie : symptÎmes, diagnostic et traitement de la dyspraxie », sur Ooreka.fr (consulté le )
  20. « Dyspraxie de l’enfant : symptĂŽmes, diagnostic et Ă©volution », sur www.ameli.fr (consultĂ© le )
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  25. ValĂ©rie Barray, « Dyspraxie/trouble de l'acquisition de la coordination et Ă©criture manuelle, partie 1 : PrĂ©sentation d'une mĂ©thode d'apprentissage », De Boeck SupĂ©rieur / DĂ©veloppements,‎ 2012/2 n° 11, pages 37 Ă  52 (ISSN 2103-2874, DOI 10.3917/devel.011.0037, lire en ligne AccĂšs libre [PDF])
  26. Hortense Chatard et GwenaĂ«lle Delfosse, « La dyspraxie dĂ©veloppementale chez l’enfant : quelles perspectives dans sa prise en charge orthoptique neurovisuelle ? », Revue Francophone d'Orthoptie, vol. 9, no 2,‎ , p. 98–103 (ISSN 1876-2204, DOI 10.1016/j.rfo.2016.04.008, lire en ligne, consultĂ© le )
  27. Floor 2016.
  28. Joselin et Pelbois 2016.
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  31. « 19.16/ Quelle place à l'école pour les élÚves dyspraxiques ? », sur Ufapec (consulté le )
  32. « FCA Dyspraxie | Proactif Formations & Coaching », sur PROACTIF (consulté le )
  33. (en) « Is Dyspraxia a Learning Disability? », sur www.understood.org (consulté le )
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  35. (en) « Dyspraxia | University of St Andrews », sur www.st-andrews.ac.uk (consulté le )
  36. Najjar 2014.
  37. Schyns 2018.
  38. Kirby et Peters 2010.
  39. « Jeu math en ligne Se repérer dans l'espace Gauche Droite » (consulté le )
  40. « LATÉRALISATION », sur Informatique Education (consultĂ© le )

Annexes

Bibliographie

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Dyspraxie et activitĂ©s extrascolaires Analyse UFAPEC 2016, Anne Floor
  • Le Cartable fantastique, association proposant des ressources pour faciliter la scolaritĂ© des enfants dyspraxiques.
  • Dyspraxies France Dys, association ayant pour buts de favoriser par tous les moyens possibles la connaissance et la reconnaissance de la dyspraxie ainsi que le repĂ©rage, le dĂ©pistage, le diagnostic et l’accompagnement des personnes atteintes de dyspraxie (ou suspectĂ©es de l’ĂȘtre) avec des troubles Ă©ventuellement associĂ©s.
  • Dyspraxique mais fantastique, association proposant de l'aide aux enfants dyspraxiques et leurs familles.
  • Fiche outil Dyspraxie, rĂ©alisĂ©e par la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles

Annexes

  • Troubles DYS : Infographie sur la dyspraxie. (2015, octobre 7). Blog Hop’Toys.
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