Yves d'Alègre
Yves d'Alègre, né en 1653 et mort le , cinquième du nom, marquis de Tourzel et seigneur de Montaigu, de Champeix, de Saint-Flour-le-Châtel, de Saint-Cirgues, de Cordès (dans le Puy-de-Dôme) et d'Orcival, de Salzuit, d'Aurouze et d'Aubusson, comte de Flageac (en Haute-Loire), maréchal de France en 1724.
Yves d'Alègre | ||
Naissance | ||
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Décès | (à 80 ans) |
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Origine | Français | |
Allégeance | Royaume de France | |
Dignité d'État | Maréchal de France | |
Commandement | Gouverneur et commandant de Metz | |
Conflits | Guerre de Hollande Guerre de Succession d'Espagne |
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Distinctions | Chevalier du Saint-Esprit | |
Autres fonctions | Commandant en chef en Bretagne (1724-1726) | |
Biographie
Garde du corps en 1675, il participe aux sièges de Limbourg, qui se rend le , de Condé, prise le , de Valenciennes, emportée le , de Cambrai, qui capitule le , sauf le château qui tient jusqu’au 17.
Capitaine au régiment de cavalerie de Biran par commission du , il sert dans l’armée d’Allemagne sous le maréchal de Créquy. Lors de la Bataille de Rheinfelden (1678) il contribue à la défaite du comte de Staremberg retranché à la tête du pont de Rhinfeld le , à la défaite du duc de Lorraine au passage de la Kintz le 23, à l'assaut du fort de Kell où il entre avec les grenadiers le 27.
Il est colonel du régiment Royal-Dragons le .
Il est au siège de Luxembourg qui se rend le . Il participe à la bataille de Walcourt en 1689, est fait brigadier le , et participe à la bataille de Fleurus le 1er juillet.
En 1692, il commande un corps séparé de 25 escadrons de cavalerie sous le maréchal de Luxembourg. Le , à la bataille de Steinkerque, il a le bras cassé d’un coup de feu.
Le , il est nommé maréchal de camp et quitte son régiment.
Lieutenant-général le , il sert à partir du à l’armée de Flandre sous le duc de Bourgogne.
À la mort du comte du Coigny, il commande l’armée de la Moselle par pouvoir du .
Alors qu’il sert dans l’armée de Flandre, il est pris par les ennemis le . Conduit en Hollande, il obtient de Louis XIV les pleins pouvoirs pour traiter la paix avec cette République. Après l'échec des négociations, il est réincarcéré.
Il obtient le gouvernement de Saint-Omer le , et la lieutenance générale du haut Languedoc le .
Il est échangé en 1712 après l’affaire de Denain. La même année, il participe aux sièges de Douai, qui se rend le , du Quesnoy, qui se rend le , et du Bouchain dont la garnison se rend le .
En , il se démet de la lieutenance générale du Languedoc et sert à l'armée du Rhin sous le maréchal de Villars, puis commande l’armée d’observation dans le Palatinat pendant le siège de Landau qui se rend le . Il passe le Rhin à fort Louis pour couvrir le siège de Fribourg, qui se rend le 1er novembre, sauf le fort et les châteaux le 19.
Il est nommé, à la suite de la démission du maréchal d'Estrées, le , commandant en chef en Bretagne. Il y restera en poste jusqu'au où il sera remplacé, à nouveau, par le maréchal d'Estrées[1].
Il est gouverneur de Metz et de Verdun le . Il est fait maréchal de France le et Chevalier du Saint-Esprit le .
Mariage et descendance
D'Alègre épouse le Jeanne (1658-1723), fille de Jean de Garaud, seigneur de Doneville. Ils auront 5 enfants :
- Yves-Emmanuel (?-1705) Comte d'Alègre et de Millau
- Marie Thérèse (?-1706) épouse (1696) Louis-François-Marie Le Tellier, marquis de Barbezieux, fils de Louvois
- Marie Marguerite (1688-1752) épouse (1705) Philippe de Recourt de Licques, comte de Rupelmonde (son nom est indiqué comme Joseph de Boulogne de Licques, comte de Rupelmonde, dans divers factums publiés en 1727)
- Marie Emmanuelle épouse (1713) Jean-Baptiste Desmarets, marquis de Maillebois, maréchal de France
- Marguerite-Thérèse
Il épouse en secondes noces, le , Madeleine d'Ancézune.
1) (Remarque : on orthographie souvent "Alegre" : la première dynastie féodale, "Alègre" : la seconde, et "Allègre" : la commune actuelle)[2] - [3].
Vers 1217/1220 au moins, une première famille seigneuriale de Alegrio est connue précisément à Allègre (c'est la famille qui est éponyme, qui donne son nom au village de Grasacum, et non l'inverse ; avait-elle un lien avec d'Alegrio ?), représentée par - Armand Ier d'Alegre (né v. 1180-†1222), époux d'Alais de Chalencon et fidèle de la royauté capétienne sous Philippe Auguste. Leur fils - Armand II d'Alegre (1210-1263) est un proche du roi Saint Louis, et il marie Élisabeth de Chalencon : leurs deux filles aînées, Alazaïs et Amphélize, épousent respectivement Pons III de Rochebaron (†1295) et Guillaume de Rochebaron-Usson (†vers 1312), et leur fils - Hugues d'Alegre, sire d'Allègre de 1263 à 1285, mari de Gilette de Courcelles, est suivi par leur fils aîné - Armand III d'Alegre (†vers 1343 ; sa postérité, féminine, venue de sa 2e femme Jourdaine de Montlaur — à Mayres, Coucouron — n'assume pas la succession d'Allègre). Alors qu'en 1320 un arrêt du Parlement de Paris ordonne que la baronnie soit rattachée au bailliage d'Auvergne — et non à celui du Velay, relevant du Languedoc — viennent ensuite - Eustache d'Alegre, frère cadet d'Armand III, puis - Armand IV (sgr. en 1343-1361), fils d'Eustache et Sibylle de La Roue, dernier représentant mâle de la première Maison d'Alègre. Armand IV fut en querelle tout son règne avec la famille de sa femme, - Alix de Chalencon ; ayant perdu son unique fils Eustache, il déshérita sa femme et ses deux filles Alix et Sibylle (sans postérité connue), laissant cependant à son épouse Alix la jouissance du domaine d'Allègre à titre viager, et il transmit ses biens à son neveu Bertrand III de Senneterre (fils de Casto II de Sennectère et d'Oudine/Ondine, fille d'Eustache d'Alegre). Armand IV meurt lors du siège de son château en 1361 par les "routiers" de Seguin de Badefol (à moins que ce soit les hommes de Thomas de La Marche, un ancien fidèle des rois Valois et du duc Louis II de Bourbon contre les Anglais, ensuite en révolte contre Jean de Berry et entretenant des relations difficiles avec l'aristocratie et les villes auvergnates...), qui ne peuvent s'en emparer mais ravagent le village et les environs.
À la suite de la donation testamentaire faite par Armand IV en faveur de son neveu Bertrand de Senneterre, sa veuve Alix est chassée des lieux par ce dernier en 1365, mais aidée de Jean Ier, comte d'Auvergne (certains disent que l'aide venait plutôt de Jean de Berry, duc d'Auvergne, ce qui semble cependant impossible, celui-ci étant otage en Angleterre de 1360 à 1367), elle assiège le château en 1365 pendant six mois : Bertrand capitule, Alix est indemnisée, mais Allègre reste en fait aux mains du duc d'Auvergne Jean de Berry (1340-1416 ; fils puîné du roi Jean le Bon, comte de Poitiers en 1369-1416, gouverneur du Languedoc en 1357-1360/1361, 1380-1390, 1401-1411 et 1413-1416, otage en Angleterre en 1360 et de retour en France vers 1366/67, duc d'Auvergne et de Berry en 1360-1416, aussi comte d'Auvergne de facto et par spoliation sur le comte Jean II en 1387-1404, puis légitimement et du chef de sa femme en 1404-1416), qui le confie à son propre beau-frère Jean II d'Armagnac.
2) À la mort d'Alix de Chalencon en 1385, le duc Jean de Berry, donne la baronnie à l'un de ses favoris auvergnats, - Morinot de Tourzel, qui écarte ses rivaux de 1385 à 1393, et fait rebâtir le château au tout début du XVe siècle, dont l'architecture illustre l'influence de la toute récente Bastille parisienne. Ainsi commence la 2e Maison d'Alègre ou Maison de Tourzel d'Alègre, sans lien généalogique avec la première[4] - [5] - [6]. Prince Valois, frère puîné de Charles V et l'un des oncles-régents de Charles VI, Jean de Berry conforte la frontière de ses domaines en plaçant des fidèles dans des forteresses : Viverols, Baffie, Allègre etc. Morinot de Tourzel devient ainsi son échanson, conseiller-chambellan et intendant des finances, aussi conseiller-chambellan royal. Sire de Tourzel, Champeix, Cunlhat..., il reçoit entre 1385 et 1393 du duc Jean et du comte d'Armagnac (Jean II, beau-frère du duc Jean de Berry, ou son fils Bernard VII, gendre et neveu dudit duc Jean) les droits sur Allègre (1385), Chamels, Saint-Just, Auzelles... ; et des comtes d'Auvergne et de Boulogne Jean Ier (dont la nièce Jeanne est la belle-mère du duc Jean) et Jean II (beau-père du duc Jean), il acquiert Viverols, Baffie et le Livradois.
Morin, dit Morinot puis Morinot de Tourzel (†1418), était le fils d'Assalit/Assailly de Tourzel (fl. 1364, 1386 ; époux de Marquise, fille de Guillaume d'Espinchal), capitaine de Nonette, qui avait acquis en 1387 — lui ou plutôt son fils Morinot ? — Tourzel et Millau du dauphin d'Auvergne Béraud II. Morinot épouse en 1387 Smaragde/Emeraude, fille de Guillaume de Vichy et d'Isabelle de Saligny, dame de Puysagut et de Busset, et leur postérité immédiate va remodeler la ville : autorisés et confirmés par Yves Ier et son fils Jacques Ier en 1435 puis en 1463 et 1484, les huit hôtels du XVe siècle sont alors bâtis. Des noces de Morinot et d'Emeraude de Vichy, viennent :
- Pierre de Tourzel, sire de Précy (né vers 1390, il laisse la vie à Azincourt en 1415), fils aîné prédécédé, épouse en 1409 Isabeau de La Trémoille, fille de Guy VI et sœur de Georges : dont Claude de Tourzel, dame de Précy (1410-av. 1462), x 1428 Claude, baron d'Apchier (sans postérité) ; la sœur de Pierre, Antoinette de Tourzel (vers 1388-1423), épouse Jean d'Apchon ; et leur frère cadet, fils héritier de Morinot :
- Yves Ier de Tourzel d'Alègre (né vers 1400-†1442) : Mari en 1428 de Marguerite d'Apch(i)er de La Gorce), il reçoit Charles VII et la reine en janvier 1425 au château, dont il avait achevé la construction.
- Bertrand de Tourzel (vers 1430-1478 ou v. 1449-1495/1499 ?), fils cadet ; x 1471 Isabelle de Lévis de Quélus/Caylus ; baron de Puysagut (Piégut à Busset), Busset et St-Priest, chambellan du Roi et capitaine de cent lances, il marie ses filles à deux personnages de la Maison de Bourbon :
- - Marguerite à Pierre de Bourbon, bâtard de l'évêque de Liège, souche de la branche de Bourbon-Busset ; et - Catherine à Charles de Bourbon, prince de Carency.
- Autres enfants d'Yves Ier et Marguerite d'Apchier : deux frères puînés, Gabriel et Christophe ; et des sœurs : Marie (x 1448 Gilbert/Gilles Brachet de Peyrusse et Magnac) ; Anne (†1499 ; x 1452 Antoine de La Roche-Tournoël) ; Louise (†1495 ; x 1459 Pierre III de Jaucourt de Dinteville) ; Antoinette de Tourzel (x 1466 Artaud de La Londe de Gorce, sire de Taillac en Margeride) ; et leur frère aîné :
- Jacques Ier (né vers 1429-†1490 ; x 1454 Gabrielle de Lastic), fils aîné. Père de :
- François de Précy (†1512 à Ravenne), fils cadet, vicomte d'Arques et de Beaumont-le-Roger, Grand-maître des Eaux et Forêts de France ; sire de Précy (en succession de sa tante à la mode de Bretagne Claude, fille de Pierre de Tourzel ci-dessus), comte de Joigny par son mariage vers 1506 avec Charlotte de Chalon, comtesse de Joigny, dame de Vitteaux, Précy, Lormes et Grignon, fille de Charles de Chalon-Vitteaux, comte de Joigny, et de Jeanne de La Trémoïlle de Bourbon-Lancy et d'Uchon, et veuve vers 1504/1507 d'Adrian de Ste-Maure de Montgauger de Nesle. Dont :
- Anne/Anaÿs d'Alègre, dame de Vitteaux et de Précy ; x 1° 1527 Antoine III du Prat (Duprat) de Nantouillet (1503-†1553/1557), baron de Thiers, prévôt de Paris, fils aîné du chancelier-cardinal Antoine II Duprat[7], et 2° 1559 Georges Ier de Clermont-Gallerande de La Ferté-Loupière — veuf, il se remaria à Anne de Savoie-Tende — avec une convention matrimoniale exorbitante qui amena le roi à prendre l'édit des Secondes Noces en juillet 1560[8] - [9]. Parmi la nombreuse postérité d'Anne et Antoine III Duprat :
- Antoinette du Prat (†1598) : protestante, elle épouse son cousin issu de germains Christophe Ier d'Alègre ci-dessous,
- Antoine IV du Prat (†1589), sire de Nantouillet et de Précy, prévôt de Paris,
- Guillaume du Prat, baron de Vitteaux, ami de Brantôme, il assassine lâchement à l'été 1573, quai des Augustins, son cousin Antoine d'Alègre de Millau/Meilhaud (ci-dessous), qui, il est vrai, avait tué son frère François du Prat en avril 1565 place St-André-des-Arts — après un premier accrochage en mars 1565, quai des Grands-Augustins, entre les deux frères Antoine IV et ledit François Duprat avec leur beau-frère Christophe Ier d'Alègre (ci-dessous), frère d'Antoine d'Alègre de Millau, sur un prétexte futile ; mais Guillaume Du Prat est lui-même tué en duel en août 1583 derrière les Chartreux de Paris par le fils de sa victime, le 2e marquis d'Allègre Yves (IV) de Meilhaud (ci-dessous) (la haine inextinguible entre les Du Prat et les d'Alègre, pourtant proches parents — Anne d'Alègre marie Antoine III du Prat, et leur fille Antoinette du Prat épouse Christophe Ier d'Alègre — est développée à l'article Du Prat),
- François du Prat, baron de Thiers, qu'on vient d'évoquer tué en duel le 8 avril 1565 par son cousin Antoine d'Alègre de Meilhaud. Sa postérité continue les barons de Thiers et de Vitteaux,
- Renée du Prat (vers 1541-1598 ; x 1561 François de Chabannes-Curton), et :
- Françoise du Prat (†1580) ; x François des Essarts, qui par une deuxième union sera le père de Charlotte.
- Anne/Anaÿs d'Alègre, dame de Vitteaux et de Précy ; x 1° 1527 Antoine III du Prat (Duprat) de Nantouillet (1503-†1553/1557), baron de Thiers, prévôt de Paris, fils aîné du chancelier-cardinal Antoine II Duprat[7], et 2° 1559 Georges Ier de Clermont-Gallerande de La Ferté-Loupière — veuf, il se remaria à Anne de Savoie-Tende — avec une convention matrimoniale exorbitante qui amena le roi à prendre l'édit des Secondes Noces en juillet 1560[8] - [9]. Parmi la nombreuse postérité d'Anne et Antoine III Duprat :
- Anne (née 1455) ; x 1474 Tristan, baron de Langeac et de Brassac, d'où une nombreuse postérité ;
- Marie d'Alègre, x 1472 Antoine II de Saint-Nectaire, arrière-petit-fils de Bertrand III de Sennectère ci-dessus (Pparents de Nectaire de St-Nectaire, père de François < père d'Henri Ier < père du maréchal-duc Henri II de La Ferté-Senneterre) ; et leur frère aîné :
- Yves II le Grand (fils aîné ; né v. 1452 à Allègre et mort le 11 avril 1512 à la bataille de Ravenne avec son frère cadet François de Précy et son propre fils Jacques (II), combat où mourut aussi Bayard) (un autel en marbre blanc — présentait une pietà , un saint Laurent et un saint Yves — et un beau gisant de marbre blanc dédié à Yves II d'Alègre, ornaient la chapelle castrale d'Allègre ; tous deux sont aujourd'hui exposés au château de Cordès, près d’Orcival, une des demeures des marquis d’Allègre : cf. Emmanuel d'Alègre ci-dessous, le père du maréchal Yves V d'Alègre)[10] ; x 1474 Jeanne, fille de Geoffroy de Chabannes et sœur du maréchal de La Palice, qui était donc le beau-frère d'Yves II. Yves II le Grand et Jeanne de Chabannes eurent :
- Jacques (II), †1512 à Ravenne avec son père et son oncle François de Précy ;
- Christophe de Viverols, fils puîné ; Postérité de sa femme Madeleine, fille de Blain Le Loup de Beauvoir, dont :
- Gaspard Ier d'Alègre de Viverols, mari de Charlotte de Beaucaire de Puyguillon/Péguillon, et père de :
- François d'Alègre de Viverols de Beauvoir, qui épouse sa cousine Madeleine d'Alègre ci-dessous.
- Gaspard Ier d'Alègre de Viverols, mari de Charlotte de Beaucaire de Puyguillon/Péguillon, et père de :
- Jean, seigneur de St-Diéry (†à Ferrare en 1511) ;
- et Gabriel d'Alègre (vers 1480-†av. 1540), conseiller-chambellan du roi, maître des requêtes de l'Hôtel en 1509, prévôt de Paris en 1512-1522, bailli de Caen en 1526, chef de famille à la †de son père Yves II et de son frère aîné Jacques II à Ravenne en 1512 ; il reçoit en 1532 François Ier à Côme dont il est gouverneur, puis à Allègre en juillet 1533. Héraldique : C’est lui qui ajoute à la tour des Tourzel 5 fleurs-de-lis d’or en 1526, puis 6, d’abord placés en orle puis en deux pals, en 1527. Il a plusieurs fils de sa femme Marie d'Estouteville, dame de Beynes, Blainville, Maisy, Marcilly, St-André, la Motte d'Alaincourt en Tillières, Obsonville et Oissery (épousée en 1513 ; petite-fille du prévôt de Paris Robert ; fille de Jacques d'Estouteville et de Gilette de Coëtivy, une petite-fille de Charles VII) :
- François, sire d'Oissery, Blainville et Marcilly (1515-†devant Binche en 1542/1543), x 1542 Madeleine, fille de Louis de Miolans-Montmajour ; et Gilbert, sire de Maisy puis de Blainville et Marcilly (1521-†1551/1552) : les deux successivement barons d'Allègre, et sans postérité,
- Yves III (né en 1523), sera blessé d'une arquebusade au mois de juin 1577, puis il assassiné peu après, une nuit d'été 1577 — le 13 juillet 1577 — au château d'Allègre, « à l'occasion d'une dame qu'il aimoit » dit l'Estoile, donc dans une intrigue amoureuse, une affaire de galanterie ayant mal tourné... Baron puis 1er marquis d'Allègre le 15 mars 1576 (créé marquis par Henri III, dont il était l'échanson), sénéchal du Puy, gentilhomme de la chambre du roi, il marie en 1551 Jacqueline (†1602), sœur du maréchal Jean VI d'Aumont, Sans postérité. Jacqueline d'Aumont devient donc la douairière d'Allègre en 1577, résidant au château jusqu'à sa mort en 1602 : le ligueur Charles-Emmanuel de Nemours, gouverneur du Lyonnais, Forez et Beaujolais, assiège Allègre puis s'en empare en août 1593, pille et ravage la région, mais l'intrépide Jacqueline réussit à le chasser et à reprendre Allègre en octobre 1593. Le marquisat d'Alègre avait été légué à Yves IV (1560-1572 ; évoqué à la fin de ce tableau),
- Christophe Ier (vers 1525-1580), sire de Saint-Just, St-Diéry, Blainville et Obsonville, rallié au protestantisme mais revenu au catholicisme en 1563, prétend abusivement au titre de marquis d'Allègre en 1577 contre Yves IV et la douairière d'Allègre Jacqueline d'Aumont, veuve d'Yves III ; de sa cousine issue de germain Antoinette du Prat (ci-dessus), il eut entre autres enfants :
- Christophe II (1565-†1640), 3e marquis d'Alègre (après Yves IV), gouverneur de Vitré, élevé dans le protestantisme. Il assassine en septembre 1592 à Vernon avec treize complices, « traîtreusement et de sang-froid » selon L'Estoile, François II de Montmorency, baron de Hallot, qui soignait là ses blessures reçues dans le camp du roi à la bataille d'Arques. Christophe II était en fait du même bord, mais atrocement jaloux de la faveur justifiée qu'Henri IV accordait à Montmorency, digne de confiance, solide, réputé pour sa modération, proche des Politiques, alors que d'Alègre était connu pour ses excès, ses cruautés, ses emportements furieux, les exactions et brigandages que, sous prétexte d'exterminer la Ligue, il exerçait sans cesse en Haute-Normandie à partir de son château de Blainville, où d'ailleurs il reçut le roi le 13 février 1592 ; Henri lui avait accordé la charge de bailli-gouverneur de Gisors mais avait dû la lui retirer, alors que Montmorency cumulait la lieutenance des bailliages de Rouen, Evreux et Gisors. Pour échapper à la justice, d'Alègre se rapprocha alors des Ligueurs, rejoignant le duc de Mayenne, le chef de la Ligue, puis fuit en Italie ; gracié par Henri IV et revenu de son exil en 1605, retiré à Allègre en 1607 — il avait retrouvé ses biens, confisqués après son crime (ou peut-être saisis dès les crises de succession du marquisat à la †d'Yves III et d'Yves IV), notamment Blainville et Allègre. Assagi, il se racheta par sa bienfaisance envers sa cité vellave, qu'il dota d'un hôtel-dieu. Monsieur Olier, abbé de Pébrac, célébra le miracle de "l'homme le plus violent, le plus vindicatif, le plus irascible, le plus intraitable, le plus dangereux", l'homme de "la finale explosion des passions violentes et tumultueuses de ces d'Alègre du XVIe siècle" (Pierre de Vaissière, Une famille : les d'Alègre, chap. VI, p. 234), enfin converti à une vie meilleure. Il meurt au château d'Allègre en mai 1640. De sa femme Marie de Flageac/Flaghac de Salzuit épousée en 1608, pieuse, bienveillante (voir Allègre > Culture & Patrimoine > Lieux & Monuments : Chapelles), il eut :
- Claude-Yves d'Alègre (†1664), marquis d'Allègre et sire de Blainville, x Marguerite-Gilberte de Roquefeuil de Bonaguil : leur fille Marie-Marguerite de Tourzel (†1678), marquise d'Allègre et dame de Blainville, est la 1re femme de Jean-Baptiste de Seignelay en 1675[11], d'où Marie/Marguerite-Jeanne Colbert (née en novembre 1676-†petite enfant en avril 1680), marquise d'Allègre et dame de Blainville (cette dernière terre restera à son père puis à son demi-frère à naître Colbert de Seignelay),
- Marguerite d'Alègre (1620-1683), x Charles-Emmanuel de Lascaris-Tende d'Urfé, d'où Louis et François-Saturnin d'Urfé. Au milieu du XVIIe siècle, Marguerite d’Alègre fait représenter les fameuses fleurs-de-lis en orle à la Bâtie d’Urfé,
- Emmanuel d'Alègre (1633-1690), sire de Montaigut par son mariage, acquéreur en 1659 de Cordès et d'Orcival ; x 1643/1645 Marie de Raimond de Modène (†1689), fille d'Esprit de Modène (1608-1670 ; il fut un amant de Madeleine Béjart), dame de Montaigut-le-Blanc (sans doute par ses 1re noces avec Jean-Gabriel Motier de Champetières[12]) : Parents de Marie-Louise d'Alègre (†1692 ; x 1683 Pierre du Cambout de Coislin), duchesse de Coislin ; et de notre maréchal Yves V (1653-1733), qui suit :
- Yves V de Tourzel d'Alègre (1653-1733) ; petit-fils de Christophe II), marquis de Tourzel et maréchal de France, gouverneur de Metz. Mari de Jeanne-Françoise de Garaud de Donneville, dont :
- Yves-Emmanuel (†1705 à 19 ans), comte d'Allègre et de Millau, colonel du Royal Cravates en 1697,
- Marie-Thérèse-Delphine-Eustachie d'Alègre (†1706), femme en 1696 de Louis-François de Barbezieux, fils de Louvois : d'où une illustre postérité par leurs descendants d'Harcourt,
- Marie-Marguerite (1688-1752), comtesse de Rupelmonde par son mariage en 1705 avec Maximilien-Philippe-Joseph-Eugène-François de Récourt de Lens de Licques (v. 1678-1710), baron de Wissekerke et comte de Rupelmonde, et marquise de Tourzel en 1742/1743, dame du Palais de la reine en 1725-1741. À Versailles où elles demeurent, l'épouse du maréchal Yves V et leur fille Marie-Marguerite se rendent célèbres par leurs prétentions fantaisistes et coûteuses. Marie-Marguerite et son mari enfantent Yves-Marie de Récourt de Rupelmonde de Wissekerke (1707-1745), maréchal de camp, époux en 1731/1733 de Marie-Chrétienne/Christine, fille de Louis de Gramont et de Geneviève de Gontaut-Biron[13],
- Marie-Emmanuelle (†1756), maréchale de Maillebois par son mariage en 1713, assure la suite des sires/marquis de Tourzel et d'Allègre :
- mais son fils Yves-Marie de Maillebois (1715-1791) vend le marquisat d'Allègre le 8 octobre 1766 à Claude Douet, et les terres d’Allègre seront dépecées.
- Passage du marquisat de Tourzel aux du Bouchet de Sourches par le mariage en 1741 de la sœur d'Yves-Marie, Marguerite-Henriette Desmarets de Maillebois (1721-1783), avec Louis II de Sourches (1711-1788) :
- d'où Louis-François du Bouchet de Sourches de Montsoreau, 3e marquis de Tourzel (1744-1786), mari en 1764 de la duchesse de Tourzel (1816) Louise-Elisabeth de Croÿ d’Havré (1749-1832). En 1791, sous le nom de baronne de Koorf, la future duchesse de Tourzel sera de la fuite à Varennes par attachement envers Marie-Antoinette et le petit Dauphin dont elle est la gouvernante. La duchesse et sa fille Pauline (1771-1839 ; épouse du comte de Béarn, futur grand chambellan de Napoléon Ier), suivront Marie-Antoinette et Louis XVI en prison avec la princesse de Lamballe, mais échapperont à la guillotine et rédigeront leurs mémoires.
- Yves V de Tourzel d'Alègre (1653-1733) ; petit-fils de Christophe II), marquis de Tourzel et maréchal de France, gouverneur de Metz. Mari de Jeanne-Françoise de Garaud de Donneville, dont :
- la sœur aînée de Christophe II, Anne d'Alègre (†1619), protestante, régente du marquisat d'Allègre en 1605-1607 pendant l'absence de son frère Christophe II et après le marquisat des Coupigny (Isabelle, sœur d'Yves IV, et son mari). Anne d'Alègre était la mère de Guy XX de Laval et la veuve de Guy XIX de Laval, alias Paul de Coligny (1555-1586 ; fils de François de Coligny d'Andelot, l'un des chefs du parti protestant et frère de l'Amiral) ; elle s'était remariée en 1599 avec le maréchal de Fervaques, ancien protestant rallié au catholicisme modéré ;
- leurs sœurs : - Madeleine, x son cousin François d'Alègre de Viverols de Beauvoir ci-dessus : Postérité, dont :
- Gaspard II, x Marie d'Estaing (fille de Jean III et petite-fille de François vicomte d'Estaing qui céda la vicomté de Cheylane à Claude de L'Estrange de Boulogne) :
- leur fils Claude d'Alègre, marquis de Beauvoir, échange Viverols en 1665 avec François d’Aurelle, marquis de Colombine ; il est le père de Jean d'Alègre, dont la fille Claude-Catherine d'Alègre est la seconde épouse en 1710 d'Henri, comte de Boulainvilliers.
- Gaspard II, x Marie d'Estaing (fille de Jean III et petite-fille de François vicomte d'Estaing qui céda la vicomté de Cheylane à Claude de L'Estrange de Boulogne) :
- et - Marie d'Alègre, x 1608 (sa 2e femme) Philippe de Béthune, frère cadet de Sully : Sans postérité.
- Christophe II (1565-†1640), 3e marquis d'Alègre (après Yves IV), gouverneur de Vitré, élevé dans le protestantisme. Il assassine en septembre 1592 à Vernon avec treize complices, « traîtreusement et de sang-froid » selon L'Estoile, François II de Montmorency, baron de Hallot, qui soignait là ses blessures reçues dans le camp du roi à la bataille d'Arques. Christophe II était en fait du même bord, mais atrocement jaloux de la faveur justifiée qu'Henri IV accordait à Montmorency, digne de confiance, solide, réputé pour sa modération, proche des Politiques, alors que d'Alègre était connu pour ses excès, ses cruautés, ses emportements furieux, les exactions et brigandages que, sous prétexte d'exterminer la Ligue, il exerçait sans cesse en Haute-Normandie à partir de son château de Blainville, où d'ailleurs il reçut le roi le 13 février 1592 ; Henri lui avait accordé la charge de bailli-gouverneur de Gisors mais avait dû la lui retirer, alors que Montmorency cumulait la lieutenance des bailliages de Rouen, Evreux et Gisors. Pour échapper à la justice, d'Alègre se rapprocha alors des Ligueurs, rejoignant le duc de Mayenne, le chef de la Ligue, puis fuit en Italie ; gracié par Henri IV et revenu de son exil en 1605, retiré à Allègre en 1607 — il avait retrouvé ses biens, confisqués après son crime (ou peut-être saisis dès les crises de succession du marquisat à la †d'Yves III et d'Yves IV), notamment Blainville et Allègre. Assagi, il se racheta par sa bienfaisance envers sa cité vellave, qu'il dota d'un hôtel-dieu. Monsieur Olier, abbé de Pébrac, célébra le miracle de "l'homme le plus violent, le plus vindicatif, le plus irascible, le plus intraitable, le plus dangereux", l'homme de "la finale explosion des passions violentes et tumultueuses de ces d'Alègre du XVIe siècle" (Pierre de Vaissière, Une famille : les d'Alègre, chap. VI, p. 234), enfin converti à une vie meilleure. Il meurt au château d'Allègre en mai 1640. De sa femme Marie de Flageac/Flaghac de Salzuit épousée en 1608, pieuse, bienveillante (voir Allègre > Culture & Patrimoine > Lieux & Monuments : Chapelles), il eut :
- Antoine d'Alègre, baron de Meilhaud (vers 1529-†tué par son cousin Guillaume du Prat de Vitteaux à l'été 1573 : voir plus haut), gouverneur de Boulogne, converti au protestantisme en 1560, marié à Françoise, fille de René Ier de Mailly, d'où :
- Yves IV d'Alègre, baron de Meilhaud, 2e marquis d'Alègre par legs de son oncle Yves III (désigné comme son héritier dès mai 1576 en remerciement d'accepter de le remplacer comme otage du parti huguenot de Condé, et donc mis captif à Heidelberg en 1576-81 chez Frédéric III et Jean-Casimir du Palatinat — alliés dudit prince de Condé — en garantie de la Paix de Beaulieu). Né vers 1560, Yves IV, baron de Meilhaud et 2e marquis d'Allègre, vengea son père par un duel à mort contre Guillaume du Prat, baron de Vitteaux, en août 1583 (voir plus haut). Il fut lui-même tué dans une sédition populaire dans la nuit du 8 ou 9 juin 1592 à Issoire — dont il était gouverneur depuis avril 1590 — avec sa maîtresse Françoise Babou de la Bourdaisière, la mère de Gabrielle d'Estrées ;
- Sa sœur Isabelle d'Alègre, épouse Gabriel du Quesnel, baron de Coupigny : Postérité, qui émet de vaines prétentions à la succession du marquisat d'Allègre en 1592 contre Christophe II, en s'entendant notamment avec la douairière d'Allègre, Jacqueline d'Aumont, veuve d'Yves III, et en profitant de l'empêchement de Christophe II de 1592 à 1607 (en fuite et en exil ; voir plus haut).
- François de Précy (†1512 à Ravenne), fils cadet, vicomte d'Arques et de Beaumont-le-Roger, Grand-maître des Eaux et Forêts de France ; sire de Précy (en succession de sa tante à la mode de Bretagne Claude, fille de Pierre de Tourzel ci-dessus), comte de Joigny par son mariage vers 1506 avec Charlotte de Chalon, comtesse de Joigny, dame de Vitteaux, Précy, Lormes et Grignon, fille de Charles de Chalon-Vitteaux, comte de Joigny, et de Jeanne de La Trémoïlle de Bourbon-Lancy et d'Uchon, et veuve vers 1504/1507 d'Adrian de Ste-Maure de Montgauger de Nesle. Dont :
- Bertrand de Tourzel (vers 1430-1478 ou v. 1449-1495/1499 ?), fils cadet ; x 1471 Isabelle de Lévis de Quélus/Caylus ; baron de Puysagut (Piégut à Busset), Busset et St-Priest, chambellan du Roi et capitaine de cent lances, il marie ses filles à deux personnages de la Maison de Bourbon :
Armoiries
Notes et références
- Armand Rébillon, Les États de Bretagne de 1661 à 1789, Rennes, Plihon, , 825 p., p. 184
- « La famille d'Alegre, p. 93 », sur Armorial général de Lyonnais, Forez, Beaujolais, Franc-Lyonnais et Dombes, par André Steyert, chez Auguste Brun, à Lyon, 1892
- « Les seigneurs d'Allègre (avec un Sommaire) », sur Mairie d'Allègre > Histoire interactive d'Allègre
- « Maison de Tourzel d'Alègre, p. 263-265 », sur Le Grand Dictionnaire historique, t. Ier, par Louis Moréri, chez Jean-Baptiste Coignard, à Paris, 1725
- « Les d'Alègre », sur Une famille, les d'Alègre, par Pierre de Vaissière, chez Emile-Paul Frères à Paris, 1914
- « Les Tourzel d'Allègre : Classement alphabétique », sur Les Amis d'Allègre, par Gilbert Caroff-Duflos
- « Famille du Prat ou Duprat, p. 3-4 », sur Racines & Histoire, par Etienne Pattou, 2015 et 2021
- « Les peines des secondes noces : l'édit des Secondes Noces de juillet 1560, par Bertrand Galimard Flavigny », sur Canal Académies, octobre 2010
- « L'Edit des secondes Noces, juillet 1560, à propos du second mariage d'Anne d'Alegre, laquelle étant veuve & chargée de sept enfans, avec Messire Georges de Clermont », sur ENCYCLOPÉDIE ou DICTIONNAIRE RAISONNÉ DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
- « Yves II de Tourzel d'Alègre et ses fils », sur Les Amis d’Allègre, par Gilbert Caroff-Duflos, 2004, 2012, 2013
- « Jean-Baptiste Colbert de Seignelay, p. 8 », sur Racines & Histoire, par Etienne Pattou, 2010 et 2021
- « Saint-Vincent, Lavelle (Puy-de-Dôme), et le marquisat de Tourzel, par Bernard Giraud, janvier 2021 », sur Mairie de Saint-Vincent (et Lavelle) (63) > Histoire > Tourisme, Histoire
- « Autour d'Yves V d'Alègre : collatéraux et gendres, dont le comte de Rupelmonde », sur Les Amis d'Allègre, par Gilbert Caroff-Duflos, 2014
- Johannes Baptist Rietstap, Armorial général : contenant la description des armoiries des familles nobles et patriciennes de l'Europe : précédé d'un dictionnaire des termes du blason, G.B. van Goor, , 1171 p. (lire en ligne), et ses Compléments sur www.euraldic.com
- Michel Popoff (préf. Hervé Pinoteau), Armorial de l'Ordre du Saint-Esprit : d'après l'œuvre du père Anselme et ses continuateurs, Paris, Le Léopard d'or, , 204 p. (ISBN 2-86377-140-X)
Annexes
Bibliographie et sources
- Nicolas Viton de Saint-Allais, De l'ancienne France, 1834, p. 499
- M. Pinard, Chronologie historique-militaire, tome troisième « Contenant la suite des Maréchaux de France depuis 1675. jusqu'à présent, les Grands Maîtres de l'artillerie, les Colonels généraux de l'infanterie Françoise tant delà que deçà les monts & ceux des troupes étrangères. », Paris 1761, p. 221