Chimiothérapie
La chimiothĂ©rapie est l'usage de certaines substances chimiques pour traiter une maladie. C'est une technique de traitement Ă part entiĂšre au mĂȘme titre que la chirurgie ou la radiothĂ©rapie.
De nos jours et dans le langage courant, le terme « chimiothérapie » est principalement utilisé pour désigner les traitements médicamenteux (agents chimiothérapeutiques cytostatiques et antinéoplasiques) contre le cancer. On désigne l'antibiothérapie comme chimiothérapie antibactérienne mais, dans la pratique médicale, le mot est plus habituellement utilisé dans le contexte du traitement de la tuberculose.
Une autre utilisation des agents chimiothérapeutiques est le traitement des maladies auto-immunes.
Histoire
La premiÚre utilisation connue de la chimiothérapie remonte à l'usage de l'écorce de quinquina par les Indiens du Pérou dans le traitement de fiÚvres, qui fut importée en occident sous le nom d'herbe des Jésuites au XVIIe siÚcle.
Le pÚre de la chimiothérapie moderne est Paul Ehrlich, dans le laboratoire duquel, en 1908, Sahachiro Hata a découvert l'arsphénamine, un composé de l'arsenic utilisé pour traiter la syphilis et la trypanosomiase. Plus tard vinrent la mise au point de la sulfamidochrysoïdine par Domagk, qui permit au laboratoire d'Ernest Fourneau d'ouvrir la voie de la sulfamidothérapie[1], et la découverte de la pénicilline G par Alexander Fleming en 1929.
D'abord limitée au traitement des maladies infectieuses, la chimiothérapie s'est étendue à toutes les branches de la médecine, en particulier à la cancérologie et à la psychiatrie (neuroleptiques, antidépresseurs et lithium)[2].
Chimiothérapie anticancéreuse
Le cancer est la multiplication incontrÎlée de cellules (dégénérescence cellulaire), due à des mutations génétiques (ADN endommagé) et, de façon occasionnelle, à une prédisposition héréditaire à développer certaines tumeurs.
La majoritĂ© des substances chimiothĂ©rapeutiques fonctionnent par arrĂȘt de la mitose (division du noyau des cellules), en ciblant efficacement les cellules se divisant trop rapidement. Comme ces substances peuvent endommager les cellules, elles sont dites « cytotoxiques ». Certaines de ces molĂ©cules provoquent un vĂ©ritable « suicide cellulaire » : l'apoptose.
La plupart des antinéoplasiques utilisés aujourd'hui ne sont pas des médicaments récents, ni à effet spécifique sur les cellules néoplasiques, si bien qu'ils touchent également les cellules saines. Les progrÚs thérapeutiques observés viennent en partie des modalités d'administrations des médicaments et de leurs combinaisons.
à ce jour, les chercheurs ne sont malheureusement pas capables de localiser des caractéristiques particuliÚres des cellules malignes, qui les rendraient précisément identifiables (mis à part quelques exemples récents tels le « chromosome de Philadelphie » ciblé par le mésilate d'imatinib). Cela implique que d'autres cellules à division rapide, telles les cellules responsables de la pousse des cheveux ou de la régénération de l'épithélium intestinal, ou les cellules sanguines, sont également affectées. Ceci explique les effets secondaires couramment rencontrés, comme la perte des cheveux, les infections dues a la neutropénie (manque de globules blancs), anémies (destruction des globules rouges) et les hémorragies (destruction des plaquettes). Cela nécessite parfois des moyens de lutte contre ces effets secondaires : mise en chambre stérile, transfusions sanguines, injections d'érythropoïétine (EPO) ou de facteurs de croissance (Lenograstim), etc.
Cependant, certaines molécules produisent moins d'effets secondaires que d'autres, autorisant les médecins à ajuster les régimes à l'avantage de certains patients, dans certains cas.
Ătant donnĂ© que la chimiothĂ©rapie affecte la division cellulaire, les tumeurs Ă forte croissance (cas des leucĂ©mies ou de certains lymphomes, parmi lesquels la maladie de Hodgkin) sont plus sensibles au traitement car une grande partie des cellules tumorales effectuent des divisions cellulaires en continu.
Les cellules cancĂ©reuses sont le produit de plusieurs mutations successives de cellules normales, ayant gĂ©nĂ©ralement, Ă l'origine, une diffĂ©renciation des autres cellules de par leur fonction prĂ©cise dans l'organisme. Avec le temps, les cellules tumorales accumulent plus de mutations et perdent progressivement cette diffĂ©renciation et ce fonctionnement normal. Les substances chimiques utilisĂ©es en chimiothĂ©rapie affectent plus efficacement les « jeunes » tumeurs (câest-Ă -dire les plus diffĂ©renciĂ©es) car gĂ©nĂ©ralement, Ă un plus haut niveau de diffĂ©renciation, la cellule prĂ©serve encore au moins une partie de son fonctionnement initial, dont le contrĂŽle de la multiplication. Aussi, autour du centre de certaines tumeurs solides, il n'y a plus de division cellulaire, ce qui rend ces cellules insensibles Ă la chimiothĂ©rapie. Un autre problĂšme avec les tumeurs solides est que les agents utilisĂ©s atteignent rarement le centre de la tumeur. Pour rĂ©soudre ce problĂšme, on a recours Ă la curiethĂ©rapie et, bien sĂ»r, Ă la chirurgie.
Types et posologie des médicaments
La majorité des médicaments en chimiothérapie peuvent se subdiviser en : agents alkylants, antimétabolites, alcaloïdes végétaux, inhibiteurs de la topoisomérase, et antibiotiques antitumoraux. Tous ces médicaments affectent à un certain point la mitose ou la synthÚse et la fonction de l'ADN.
Certains nouveaux agents n'agissent pas directement sur l'ADN. C'est le cas de l'inhibiteur de la tyrosine kinase autorisé en 2001, le mésylate d'imatinib, qui cible directement une anomalie moléculaire chez certains types de cancer (leucémie myéloïde chronique, tumeurs stromales gastro-intestinales, dermatofibrosarcome de Darier et Ferrand).
D'autres médicaments modifient le comportement des cellules tumorales sans pour autant attaquer directement les cellules. On utilise notamment des hormones pour ce genre de thérapie adjuvante.
Le dosage de chimiothĂ©rapie peut ĂȘtre trĂšs difficile : une dose trop faible sera inefficace contre la tumeur, tandis qu'Ă dose excessive la toxicitĂ© sera intolĂ©rable pour le patient. C'est pourquoi dans beaucoup d'hĂŽpitaux ont Ă©tĂ© mis en place des « procĂ©dĂ©s de dosage » afin d'obtenir des traitements corrects.
En général, le dosage est ajusté à la « surface du corps » du patient, approximée par un calcul à partir de sa taille et de son poids. Récemment, des scientifiques ont identifié de petites pompes à la surface des cellules cancéreuses qui expulsent la chimiothérapie de l'intérieur de la cellule. Des recherches s'activent sur la glycoprotéine P et d'autres micropompes effluentes. Des inhibiteurs de la fonction de la glycoprotéine P sont en cours depuis juin 2007 pour augmenter l'efficacité des chimiothérapies.
Agents alkylants
Les agents alkylants sont ainsi nommĂ©s grĂące Ă leur capacitĂ© Ă ajouter un groupe alkyle Ă un grand nombre de groupes Ă©lectronĂ©gatifs dans certaines conditions (prĂ©sentes dans les cellules cancĂ©reuses). Ils arrĂȘtent la croissance de la tumeur en liant ensemble les nuclĂ©otides guanines dans la double hĂ©lice d'ADN, attaquant ainsi directement l'ADN. Les deux brins ne peuvent ainsi pas se dĂ©rouler ni se sĂ©parer, entraĂźnant pour la cellule une incapacitĂ© Ă rĂ©pliquer son ADN : la cellule ne peut alors plus se diviser. Ces agents n'agissent gĂ©nĂ©ralement pas spĂ©cifiquement, certains nĂ©cessitent une conversion in vivo en substances actives (par exemple le cyclophosphamide).
Exemples : cisplatine, carboplatine (ou paraplatine), ifosfamide, chlorambucil, busulfan, thiotépa.
Antimétabolites
Les antimĂ©tabolites prennent la place des purines ou des pyrimidines qui sont les composants Ă©lĂ©mentaires de l'ADN, les nuclĂ©otides. Ces Ă©lĂ©ments ne peuvent alors pas s'incorporer Ă l'ADN lors de la phase S du cycle cellulaire, arrĂȘtant ainsi le dĂ©veloppement et la division cellulaire.
Les antimétabolites se répartissent en trois groupes selon le type de cible qu'ils atteignent :
- les antipyrimidines. Par exemple le 5-fluorouracile (5-FU) qui inhibe la thymidylate synthase ;
- les antipurines. La fludarabine inhibe l'ADN polymérase, l'ADN primase et l'ADN ligase I et est exclusivement active lors de la phase S (étant donné que ces enzymes sont trÚs actives lors de la réplication cellulaire) ;
- les antifolates. Le méthotrexate (antagoniste du folate) inhibe la dihydrofolate réductase, enzyme essentielle à la synthÚse des purines et des pyrimidines.
L'hydroxyurĂ©e peut Ă©galement ĂȘtre classĂ©e parmi les antimĂ©tabolites.
Alcaloïdes végétaux
Ces alcaloĂŻdes sont des dĂ©rivĂ©s de vĂ©gĂ©taux et bloquent la division cellulaire en empĂȘchant la synthĂšse des microtubules et la formation du fuseau mitotique. Ce fuseau est vital pour la division cellulaire, qui ne peut alors plus s'effectuer.
Exemples :
- les vinca-alcaloïdes, comme la vincristine, la vinblastine ou la vinorelbine qui se lient à des sites spécifiques de la tubuline, inhibent l'assemblage des tubulines en microtubules ;
- le nouveau groupe de taxanes (paclitaxel [de Taxus brevifolia] avec son dérivé synthétique docétaxel) inhibe la division en stimulant la polymérisation des tubulines, améliorant la formation et la stabilité des microtubules. Ceux-ci ne peuvent alors pas se dégrader, et les chromosomes ne peuvent plus migrer vers les pÎles du noyau ;
- les Ă©pothilones, produits d'une myxobactĂ©rie, ont le mĂȘme mĂ©canisme d'action que les taxanes, et semblent avoir une activitĂ© anticancĂ©reuse similaire.
Inhibiteurs de la topoisomérase
Les topoisomérases sont des enzymes essentielles qui maintiennent la topologie de l'ADN. L'inhibition de la topoisomérase de type I ou de type II gÚnent à la fois la transcription et la réplication de l'ADN en dérangeant le superenroulement de l'ADN.
Exemples d'inhibiteurs du type I : dérivés de la camptothécine.
Exemples d'inhibiteurs du type II : amsacrine, anthracyclines, dérivés de l'épipodophyllotoxine.
Antibiotiques anti-tumoraux
Il existe beaucoup d'antibiotiques antitumoraux diffĂ©rents, mais en gĂ©nĂ©ral ils empĂȘchent la division cellulaire par plusieurs moyens :
- liaison Ă l'ADN en s'intercalant entre deux bases de nuclĂ©otides adjacents et en les empĂȘchant de se sĂ©parer ;
- inhibition de l'ARN empĂȘchant la synthĂšse d'enzymes ;
- gĂȘne de la rĂ©plication cellulaire.
Ils sont produits par diverses souches de la bactérie Streptomyces. Exemples :
- anthracyclines : doxorubicine et daunorubicine (qui inhibent aussi la topoisomérase II) ;
- actinomycine D ; mitomycine C ; plicamycine ; bléomycine. Ce dernier agit de maniÚre unique en oxydant le complexe ADN-bléomycine-Fe(II) formant ainsi des radicaux libres, qui induisent des dommages et des aberrations chromosomiques.
Hormonothérapie
Plusieurs types de tumeurs peuvent ĂȘtre traitĂ©s Ă l'aide d'hormones. Des cancers formĂ©s dans des tissus tels que les glandes mammaires et la prostate peuvent ĂȘtre inhibĂ©s ou stimulĂ©s par des changements appropriĂ©s dans la rĂ©gulation des hormones.
- Les stĂ©roĂŻdes (souvent le dexamĂ©thasone) peuvent inhiber la croissance de la tumeur ou de l'ĆdĂšme associĂ© (tissu enflĂ©) et ainsi causer la rĂ©gression de la tumeur du ganglion lymphatique.
- Le cancer de la prostate est assez sensible à la finastéride, un agent qui bloque la conversion périphérique de la testostérone en 5-hydroxytestostérone ; en d'autre termes, la 5-hydroxytestostérone qui est censée stimuler la prostate n'est plus fabriquée, résultant en une inhibition de la croissance cellulaire du cancer de la prostate.
- Les cellules du cancer du sein expriment souvent de maniĂšre importante les rĂ©cepteurs aux ĆstrogĂšnes et/ou Ă la progestĂ©rone. L'inhibition de la production (avec des inhibiteurs d'aromatases) ou de l'action (avec le tamoxifĂšne) de ces hormones peuvent souvent ĂȘtre utilisĂ©s en association avec la thĂ©rapie. Les cellules mammaires ne sont en effet plus stimulĂ©es par les hormones sexuelles, celles-ci ne pouvant pas stimuler les cellules du fait de l'absence des rĂ©cepteurs.
- Des agonistes de la GnRH (Gonadotropin-releasing hormone ou gonadolibérine) comme la goséréline possÚdent un effet de rétrocontrÎle négatif paradoxal suivi de l'inhibition de la libération de FSH et de LH s'ils sont donnés en continu. Ces hormones ne stimulent alors plus la croissance de leurs cellules cibles, comprenant les cellules de la tumeur visée.
D'autres tumeurs sont aussi sensibles aux hormones, bien que leur mécanisme spécifique reste encore flou.
Procédures de traitement
Il y a un certain nombre de stratĂ©gies d'administration des substances chimiothĂ©rapeutiques utilisĂ©es aujourd'hui. La chimiothĂ©rapie peut ĂȘtre donnĂ©e dans l'intention de guĂ©rir ou bien elle peut viser Ă prolonger la vie ou pallier certains symptĂŽmes.
- On peut combiner la chimiothérapie avec d'autres traitements comme la chirurgie ou la radiothérapie. Beaucoup de cancers sont traités de cette maniÚre actuellement.
- La chimiothérapie combinée est une pratique similaire qui désigne un traitement du patient avec plusieurs médicaments différents et simultanément. Ces substances diffÚrent dans leur mécanisme et leurs effets secondaires. L'avantage le plus important que cela apporte est la minimisation des chances de résistance pouvant se développer à l'encontre d'un des agents utilisés.
- Lors d'une chimiothérapie néo-adjuvante (ou traitement pré-opératoire), la chimiothérapie vise à réduire la tumeur, rendant ainsi une thérapie locale (comme la chirurgie ou la radiothérapie) moins destructive et plus efficace.
- à l'opposé, une chimiothérapie adjuvante (ou post-opératoire) est utilisée quand la présence de la tumeur est peu visible, mais il y a alors des risques de récurrence : cela peut en effet réduire les chances de résistance développée dans le cas du développement de la tumeur. C'est par ailleurs utile pour tuer les cellules cancéreuses qui auraient migré vers d'autres parties de l'organisme. Cette thérapie se révÚle trÚs efficace dans le cas de nouvelles tumeurs qui croissent et dont les cellules se divisent rapidement, et qui sont donc trÚs sensibles au traitement.
Beaucoup de chimiothérapies nécessitent que le patient puisse supporter le traitement. L'échelle de performance est souvent utilisée comme mesure pour déterminer si un patient peut recevoir une chimiothérapie ou si l'on doit réduire la dose administrée.
Le National Cancer Institute (NCI) et le National Institutes of Health (NIH) ont développé un logiciel accessible en ligne (CellMiner) permettant d'apparier les gÚnes de cancers avec les composés pharmacologiques potentiellement actifs sur ces cancers[3].
Modes d'administration
La plupart du temps la chimiothĂ©rapie est administrĂ©e par intraveineuse. Selon le patient, le cancer, le stade d'avancement, le type de chimiothĂ©rapie et le dosage, le traitement par intraveineuse sera appliquĂ© soit Ă des patients restant hors de l'hĂŽpital et n'y venant que pour le traitement, soit Ă des patients devant ĂȘtre admis pendant plusieurs jours voire plusieurs mois dans l'hĂŽpital. Quelques agents sont administrĂ©s par voie orale comme c'est le cas pour la prednisone, le melphalan, la gemcitabine, le sorafenib, le mĂ©silate d'imatinib⊠Pour une administration par intraveineuse continue, frĂ©quente ou prolongĂ©e, plusieurs systĂšmes peuvent ĂȘtre installĂ©s chirurgicalement dans le systĂšme vasculaire afin d'y maintenir un accĂšs. Les systĂšmes frĂ©quemment utilisĂ©s sont :
- le cathéter de Hickman (ou cathéter tunnellisé) ;
- le Port-a-Cath (ou chambre à cathéter) ;
- la ligne de PICC (pour l'anglais : peripherally inserted central catheter, cathéter central inséré en périphérie).
Ceux-ci ont un trĂšs petit risque d'infection, et ont moins de risques de provoquer une thrombose veineuse profonde (phlĂ©bite) ou une extravasation (fuite du produit en dehors du vaisseau oĂč il doit ĂȘtre introduit) ; les produits utilisĂ©s sont souvent des agents cytotoxiques ou caustiques qui sont diluĂ©s dans le sang. Dans le cas d'une extravasation, ces produits peuvent endommager voire tuer les tissus environnants, d'oĂč l'intĂ©rĂȘt de ces techniques. Elles abolissent en effet la nĂ©cessitĂ© d'insertions rĂ©pĂ©tĂ©es de canules pĂ©riphĂ©riques.
Il existe aussi une forme d'administration dans les artĂšres. Cela peut ĂȘtre fait en combinaison avec l'ouverture osmotique de la barriĂšre hĂ©mato-encĂ©phalique.
Effets secondaires
Le traitement peut ĂȘtre Ă©puisant pour le patient. Les techniques chimiothĂ©rapeutiques courantes actuelles ont un certain nombre d'effets secondaires touchant en gĂ©nĂ©ral les cellules corporelles Ă division rapide. Effets secondaires importants les plus rencontrĂ©s (en fonction de l'agent) :
- mucites, c'est-Ă -dire une inflammation des muqueuses, notamment buccale. Elle apparaĂźt environ 1 Ă 2 semaines aprĂšs le dĂ©but du traitement et peut empĂȘcher de boire ou de manger lorsqu'elle est sĂ©vĂšre. Sa prĂ©vention repose sur les soins bucco-dentaires prĂ©alables, l'hygiĂšne bucco-dentaire et sur l'action de sucer des glaçons (activitĂ© dĂ©montrĂ©e)[4] ;
- alopécie (perte des cheveux) ;
- nausées et vomissements (on parle du risque émétogÚne des anticancéreux) ;
- diarrhée ou constipation ;
- toxicité hématologique qui concerne :
- les globules rouges. Cette toxicité peut entraßner une anémie. En prévention, il est préconisé l'utilisation d'érythropoïétine (EPO) selon le type de chimiothérapie et le taux d'hémoglobine à la prescription (inférieur à 10 g),
- les globules blancs. Cette toxicitĂ© peut entraĂźner une dĂ©pression du systĂšme immunitaire d'oĂč des infections (potentiellement mortelles) et des Ă©tats septiques. En prĂ©vention il est prĂ©conisĂ© d'utiliser des facteurs de croissance granulocytaires (GCSF) selon le type de chimiothĂ©rapie,
- les plaquettes. Cette toxicité peut entraßner des hémorragies ;
- cardiotoxicité ;
- hépatotoxicité ;
- néphrotoxicité ;
- toxicitĂ© unguĂ©ale, c'est-Ă -dire des lĂ©sions des ongles (mains et pieds) qui peuvent ĂȘtre douloureuses et inesthĂ©tiques. Sa prĂ©vention repose sur des soins locaux (vernis opaques durcisseurs) et des soins de froid (compresses congelĂ©es mises autour des poignets et des chevilles) 15 minutes avant, pendant et 15 minutes aprĂšs la chimiothĂ©rapie (TaxotĂšre) ;
- asthénie ;
- neurotoxicité ;
- neuropathie périphérique sensitive qui est une affection évolutive, persistante et parfois irréversible caractérisée par une douleur, un engourdissement et une sensibilité au froid des mains et des pieds marquée par des picotements au niveau des doigts mais aussi du nez, des joues et des arcades sourciliÚres[5] ;
- des perturbations cognitives post-chimiothĂ©rapie sont parfois dĂ©celĂ©es chez les patients traitĂ©s pour les cancers du sein, les cancers de lâovaire, les cancers de la prostate, dâautres cancers hormono-dĂ©pendants[6] ou des cancers nĂ©cessitant une chimiothĂ©rapie agressive[7] - [8] ;
- une recherche de 2011, publiée dans Nature Medicine[9] a découvert un nouveau mécanisme de résistance induit par la chimiothérapie. Les cellules saines dans l'environnement de la tumeur « subissent des altérations de leur ADN et produisent une protéine dénommée WNT16B qui permet aux cellules cancéreuses de se développer et envahir les tissus environnants en résistant aux traitements[10]. » Cette découverte incite les chercheurs à trouver un moyen de bloquer cet effet secondaire du traitement dans le « micro environnement de la tumeur », comme « un anticorps à la protéine WNT16B » ;
- chez l'adolescent mùle une chimiothérapie peut avoir un effet épigénétique (transmis donc à la descendance) sur via une modification qualitative du sperme (anomalies de l'ADN)[11]. La chimiothérapie reprogramme en quelque sorte l'épigénome des cellules souches spermatogÚnes ; on parle d'épimutations de la lignée germinale (cellules du sperme)[11].
Photobiomodulation pour réduire certains effets secondaires
La photobiomodulation est une une thĂ©rapie par laser/Led de faible Ă©nergie, qui peut permettre de rĂ©duire certains effets secondaires de la chimiothĂ©rapie. Elle peut aider Ă cicatriser les tissus endommagĂ©s. Elle pourrait aussi ĂȘtre utilisĂ©e dans la prise en charge dâautres effets secondaires, tel que neuropathies pĂ©riphĂ©riques induites par certaines chimiothĂ©rapies, avec des fourmillements, des picotements ou une perte de sensibilitĂ©; les lymphĆdĂšmes, qui sont un gonflement des tissus ; la sĂšcheresse buccale ; le trismus, une contraction constante et involontaire des muscles de la mĂąchoire[12] - [13].
Au sujet des résultats obtenus
En leur temps, plusieurs cancérologues français et américains reconnus ont exprimé leurs doutes quant à l'utilité de la chimiothérapie pour guérir le cancer :
- en 1956, Hardin B. Jones, alors professeur de physique mĂ©dicale et de physiologie Ă Berkeley, publie les rĂ©sultats d'une Ă©tude sur le cancer qu'il a menĂ©e : « Les patients qui ont refusĂ© tout traitement ont vĂ©cu en moyenne douze ans et demi. Ceux qui se sont soumis Ă lâintervention chirurgicale et aux autres traitements traditionnels ont vĂ©cu en moyenne trois ans seulement »[14].
Ces avis datent d'une Ă©poque oĂč la chimiothĂ©rapie n'Ă©tait encore qu'une discipline embryonnaire qui a bĂ©nĂ©ficiĂ© depuis de nombreux progrĂšs.
Une Ă©tude publiĂ©e en 2012, portant sur la pĂ©riode 1985-2004, met en Ă©vidence une augmentation du taux de survie des femmes atteintes d'un cancer du sein avec mĂ©tastases[15]. La majoritĂ© de cette amĂ©lioration est attribuable aux cancers Ă rĂ©cepteurs hormonaux positifs, c'est-Ă -dire ceux pouvant ĂȘtre traitĂ©s Ă l'aide d'hormonothĂ©rapies. En revanche, d'aprĂšs cette Ă©tude, la contribution des agents chimiothĂ©rapeutiques cytotoxiques classiques est minimale[15]. Elle met Ă©galement en Ă©vidence une absence de diffĂ©rence entre le taux de survie avec les anciens agents cytotoxiques et celui avec ceux introduits depuis 1994[15].
En termes de financement et d'orientation des recherches
La part des chimiothĂ©rapies dans l'amĂ©lioration de la survie Ă 5 ans Ă©tant estimĂ©e infĂ©rieure Ă 3 % parmi les adultes traitĂ©s en Australie et aux Ătats-Unis en 1998 et les effets secondaires Ă©tant importants, certains cancĂ©rologues australiens ont rediscutĂ© en 2004 l'orientation des fonds de la recherche thĂ©rapeutique investis dans la chimiothĂ©rapie anticancĂ©reuse des cancers solides[16].
Risque professionnel
Le 20 juillet 2021, l'ANSES recommande dâinclure « 18 principes actifs de mĂ©dicaments anticancĂ©reux Ă lâarrĂȘtĂ© français fixant la liste des substances, mĂ©langes ou procĂ©dĂ©s cancĂ©rogĂšnes au sens du code du travail »[17] afin de mieux protĂ©ger les personnels exposĂ©s Ă ces substances[18].
Prospective
La recherche porte sur d'éventuels moyens de mieux cibler les cellules cancéreuses en utilisant moins de substances actives, de maniÚre à diminuer le coût des traitements et leurs effets secondaires.
Parmi les pistes actuellement explorées (sur le modÚle animal dans un premier temps) figurent :
- l'intégration du médicament dans un polymÚre biodégradable qui se désintÚgrera peu à peu aprÚs implantation dans ou à cÎté d'une tumeur ; ceci exige de traiter avant la production de nombreuses métastases et cette procédure ne s'est pas montrée efficace pour certains cancers (cancer du pancréas par exemple, lors duquel la tumeur accumule des fluides dont la pression tend à chasser le médicament hors du tissu cancéreux ;
- de nombreux mĂ©dicaments (dont le Cisplatine ou la gemcitabine sont "polaires" ; ils tendent Ă circuler dans un champ Ă©lectrique de l'anode vers l'Ă©lectrode[19]. Ainsi, de petits champs Ă©lectriques gĂ©nĂ©rĂ©s par des courants faibles (indolores) peuvent aussi guider et concentrer des toxines chimiques mĂ©dicamenteuses vers des tumeurs trĂšs localisĂ©es et souvent difficiles Ă traiter (ex : dans l'Ćil ou la vessie, voire dans des tumeurs solides) en affectant le moins possible les cellules saines voisines. Ceci pourrait ĂȘtre fait Ă partir d'un petit rĂ©servoir de chimiothĂ©rapie liquide implantĂ© et qui contiendrait aussi l'une des Ă©lectrodes produisant le champ Ă©lectrique permettant de guider le mĂ©dicament vers le tissu tumoral proche, l'autre Ă©lectrode Ă©tant implantĂ©e de l'autre cĂŽtĂ© d'une tumeur profonde, alors que des tumeurs situĂ©es juste sous la peau pourraient ĂȘtre traitĂ©es par un rĂ©servoir dont l'Ă©lectrode serait placĂ©e sur la peau au-dessus de la tumeur alors que l'autre Ă©lectrode est placĂ©e de l'autre cĂŽtĂ© de la tumeur ou du corps (de la souris dans le cas des premiĂšres expĂ©rimentations, qui selon un article paru dĂ©but 2015 dans Science Translational Medicine semblent porteuses d'espoir, dont pour des cancers hormonaux tels que le cancer du sein ou du pancrĂ©as[19]. Selon cet article, ce dispositif a permis chez le chien de produire une concentration sept fois plus importante du mĂ©dicament dans le tissu pancrĂ©atique, tout en rĂ©duisant de 25 fois sa prĂ©sence dans le sang (comparativement Ă des animaux ayant reçu le mĂ©dicament par injection). MĂȘme quand la tumeur n'est que rĂ©duite, elle devient plus facile Ă extraire chirurgicalement[19]. En 2015, l'adaptation des dispositifs Ă l'ĂȘtre humain (implantation de rĂ©servoir de chimiothĂ©rapie liquide) n'est pas encore prĂȘte[19].
Notes et références
- Voir Marcel DelĂ©pine, Notice sur la vie et les travaux de Ernest Fourneau (1872-1949) (extrait du Bull. Soc. chim. Fr.), Paris, Masson et Cie, s.d. (1950 ?), 90 p., p. 65 : « On est vĂ©ritablement stupĂ©fait que tous les bĂ©nĂ©fices moraux et matĂ©riels dâune telle dĂ©couverte aient Ă©tĂ© concentrĂ©s sur Domagk seul, par lâattribution du prix Nobel, alors que les applications et les bienfaits innombrables de la thĂ©rapeutique sulfamidĂ©e dĂ©rivent uniquement de la dĂ©couverte faite Ă lâInstitut Pasteur. »
- Psychopharmacologie : Chimiothérapies psychiatriques Pierre DENIKER - EncyclopÊdia Universalis [en ligne], consulté le 14 octobre 2014.
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Voir aussi
Bibliographie
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Articles connexes
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ressources relatives à la santé :
- (en + es) MedlinePlus
- (en) PatientLikeMe
- (no + nn + nb) Store medisinske leksikon
- (en) Sofia Artemi Artemi, Management and Sanitation of the Workers in ChemotherapeuticDepartmentsName: Sophia A. ArtemiYear: 2011, sur academia.edu. Consulté le 17 décembre 2012.