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Guanine

La guanine /ɥwa.nin/ est une base nucléique, et plus exactement une base purique (voir aussi ADN et ARN). On la trouve sous forme de nucléotide : dans l'ADN c'est la dGMP pour désoxyguanosine monophosphate ou désoxyguanylate, et dans l'ARN la GMP pour guanosine monophosphate ou guanylate. La guanine s'apparie avec la cytosine dans l'ADN comme dans l'ARN et existe sous 6 formes tautomÚres dont 4 stéréoisomÚres (1,9H, 1,7H, 3,9H et 3,7H) et 2 tautomÚres avec un groupe fonctionnel différent (7,11H et 9,11H : oxo- en hydroxy-).

Guanine
Image illustrative de l’article Guanine
Image illustrative de l’article Guanine
Structure de la 1,9H-guanine
Identification
Nom UICPA 2-amino-1,9-dihydro-6H-purin-6-one
Synonymes

1,9H-guanine 1,9-dihydro-2-amino-6-oxopurine 1,9-dihydro-2-aminopurin-6-one

No CAS 73-40-5 (1,7H-Guanine)
No ECHA 100.000.727
No CE 200-799-8 (7,11H-Guanine)
PubChem 764 (3,7H-Guanine)
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C5H5N5O [IsomĂšres]
Masse molaire[1] 151,126 1 ± 0,005 7 g/mol
C 39,74 %, H 3,33 %, N 46,34 %, O 10,59 %,

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Généralités

Comme l'adĂ©nine et la cytosine, la guanine est prĂ©sente Ă  la fois dans l'ARN et dans l'ADN. Elle s'apparie Ă  la cytosine par 3 liaisons hydrogĂšne. Le groupe aminĂ© de la cytosine agit comme donneur pour la crĂ©ation des liaisons hydrogĂšne, tandis que les groupes carbonyle C-2 et amine N-3 agissent comme rĂ©cepteurs. À l'inverse, le groupe carbonyle C-6 de la guanine agit comme receveur tandis que les groupes N-1 et C-2 agissent comme donneurs.

Ponts hydrogĂšne entre une guanine et une cytosine

La guanine a Ă©tĂ© isolĂ©e pour la premiĂšre fois en 1844 Ă  partir d'excrĂ©ments d'oiseaux[2] qui Ă©taient utilisĂ©s comme fertilisants. Entre 1882 et 1906, Fischer en dĂ©termina la structure et dĂ©montra que l'acide urique pouvait ĂȘtre converti en guanine[3].

La guanine peut ĂȘtre hydrolysĂ©e en glycine, ammoniac, dioxyde de carbone et monoxyde de carbone Ă  l'aide d'acides forts. La guanine est tout d'abord dĂ©saminĂ©e en xanthine[4].

La guanine s'oxyde plus facilement que l'adĂ©nine, qui est l'autre base purique de l'ADN. Son point de fusion Ă©levĂ© (plus de 350 °C) reflĂšte les ponts hydrogĂšne entre les groupes oxo et amino entre les molĂ©cules. À cause de ces liaisons intermolĂ©culaires, la guanine est relativement insoluble dans l'eau, mais soluble dans les acides diluĂ©s et les bases.

SynthĂšses

Des traces de guanine se forment par polymĂ©risation de cyanure d'ammonium (NH4CN). Deux expĂ©riences conduites par Levy et al. ont montrĂ© que chauffer 10 mol·L−1 de NH4CN Ă  80 Â°C pendant 24 heures donnait un rendement de 0,0007 %, tandis qu'utiliser 0.1 mol·L−1 de NH4CN congelĂ© Ă  −20 °C depuis 25 ans donnait un rendement de 0,0035 %. Ces rĂ©sultats indiquent que la guanine pourrait venir des rĂ©gions de la Terre primitive. En 1984, Yuasa a rapportĂ© une proportion de 0,00017 % de guanine aprĂšs la dĂ©charge Ă©lectrique de NH3, CH4, C2H6, et 50 mL d'eau, suivie d'une hydrolyse acide. Cependant, il est possible que la prĂ©sence de guanine soit le fruit d'une contamination de la rĂ©action[5].

10NH3 + 2CH4 + 4C2H6 + 2H2O → 2C5H8N5O (guanine) + 25H2

Une synthĂšse selon le procĂ©dĂ© de Fischer-Tropsch peut aussi ĂȘtre utilisĂ©e pour former de la guanine, simultanĂ©ment Ă  de l'adĂ©nine, de l'uracile et de la thymine. Le chauffage d'un mĂ©lange Ă©quimolaire gazeux de CO, H2 et NH3 Ă  700 °C pendant 15 Ă  24 minutes, suivi d'un refroidissement rapide puis Ă  nouveau d'un chauffage Ă  100-200 °C pendant 16 Ă  44 heures avec de l'alumine pour catalyseur a donnĂ© de la guanine et de l'uracile :

10CO + H2 + 10NH3 → 2C5H8N5O (guanine) + 8H2O

Une autre mĂ©thode a Ă©tĂ© testĂ©e, consistant Ă  porter un mĂ©lange gazeux (90%N2–10%CO–H2O) Ă  trĂšs haute tempĂ©rature[6].

SynthĂšse de purine de Traube

La synthĂšse de purine de Traube consiste Ă  chauffer du 2,4,5-triamino-1,6-dihydro-6-oxypyrimidine sous forme de sulfate avec de l'acide formique pendant plusieurs heures.

Autres utilisations

Le mot guanine vient de l'espagnol guano (excrĂ©ments d'oiseaux marins et des chauves-souris), lui-mĂȘme originaire du mot quechua huanu ou wanu, signifiant « fumier, excrĂ©ment ». Selon le Dictionnaire de l'AcadĂ©mie Française, la guanine est « ainsi nommĂ©e parce qu'on la trouve dans le guano »[7].

En 1656, François Jaquin extrait d'Ă©cailles de poisson ladite molĂ©cule sous forme de complexes cristallins appelĂ©s G-quadruplexes. Dans l'industrie cosmĂ©tique, la guanine cristalline est utilisĂ©e comme additif dans de nombreux produits comme les shampooings afin de donner un effet irisĂ© nacrĂ©. Ces cristaux sont aussi utilisĂ©s dans les peintures mĂ©talliques et les perles et plastiques simulĂ©s. Ils prodiguent un Ă©clat chatoyant aux ombres Ă  paupiĂšres et aux vernis Ă  ongles. Des soins faciaux Ă  base de guano de rossignol du Japon ont Ă©tĂ© utilisĂ©s au Japon et ailleurs, la guanine des excrĂ©ments Ă©tant censĂ©e donner un ton clair et brillant[8] dĂ©sirĂ© par les consommateurs. Les cristaux de guanine sont des plaquettes de forme losange composĂ©es de plusieurs couches transparentes ayant un indice de rĂ©fraction Ă©levĂ© qui, partiellement, reflĂšte et transmet la lumiĂšre d'une couche Ă  une autre, produisant ainsi un Ă©clat nacrĂ©. Elle peut ĂȘtre appliquĂ©e par pulvĂ©risation, peinture ou trempage mais peut irriter les yeux. Ses alternatives sont notamment l'utilisation de mica, de perles de coquillage et de particules d'aluminium et de bronze.

Les araignées et les scorpions convertissent l'ammoniac - produit du métabolisme cellulaire - en guanine afin d'utiliser un minimum d'eau lors de l'excrétion.

On trouve de la guanine dans le systÚme tégumentaire de nombreux poissons comme l'esturgeon et dans les yeux des poissons d'eau profonde et chez certains reptiles comme les crocodiles[9].

Le , un rapport basĂ© sur les Ă©tudes de la NASA d'une mĂ©tĂ©orite trouvĂ©e sur Terre a suggĂ©rĂ© que les blocs constitutifs de l'ARN et de l'ADN (les nuclĂ©otides, issus des bases nuclĂ©iques, dont fait partie la guanine) pourraient s'ĂȘtre formĂ©s dans l'espace extra-terrestre[10] - [11] - [12].

Voir aussi

Notes et références

  1. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. George H. Hitchings et Elvira A. Falco, « The Identification of Guanine in Extracts of Girella Nigricans », PNAS, vol. 30, no 10,‎ , p. 294–7 (PMCID PMC1078714, DOI 10.1073/pnas.30.10.294, lire en ligne [PDF])
  3. (en) « The Nobel Prize in Chemistry 1902 », sur NobelPrize.org (consulté le ).
  4. Angstadt. Purines and pyrimidines. Retrieved 2008-03-27
  5. Matthew Levy, Stanley L. Miller et John OrĂł, « Production of Guanine from NH4CN Polymerizations », Journal of Molecular Evolution, vol. 49, no 2,‎ , p. 165–8 (PMID 10441668, DOI 10.1007/PL00006539). - quotes the Yuasa paper and cites the possibility of there being a contaminant in the reaction
  6. S. Miyakawa, K. Murasawa, K. Kobayashi et A.B. Sawaoka, « Abiotic synthesis of guanine with high-temperature plasma », Orig Life Evol Biosph., vol. 30, no 6,‎ , p. 557–66 (PMID 11196576, DOI 10.1023/A:1026587607264)
  7. Dictionnaire de l'Académie Française, 9e édition, "guanine"
  8. Melissa Whitworth, « Geisha facial, the 'latest beauty secret' of Victoria Beckham, brought to the masses », Lifestyle Telegraph.uk,‎ (lire en ligne)
  9. D.L. Fox, Biochromy, natural coloration of living things, University of California Press, (ISBN 978-0-520-03699-4)
  10. M.P. Callahana, K.E. Smith, H.J. Cleaves II, J. Ruzickad, J.C. Sterna, D.P. Glavina, C.H. Houseb et J.P. Dworkin, « Carbonaceous meteorites contain a wide range of extraterrestrial nucleobases », PNAS,‎ (DOI 10.1073/pnas.1106493108, lire en ligne)
  11. Steigerwald, John (8 August 2011). "NASA Researchers: DNA Building Blocks Can Be Made in Space". NASA. Retrieved 2011-08-10.
  12. ScienceDaily Staff (9 August 2011). "DNA Building Blocks Can Be Made in Space, NASA Evidence Suggests". ScienceDaily. Retrieved 2011-08-09.

Sources

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