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Aromatisation du vin

L'aromatisation du vin remonte Ă  l'AntiquitĂ©. Elle vise Ă  amĂ©liorer un vin de qualitĂ© mĂ©diocre, ou Ă  crĂ©er une boisson apĂ©ritive ou plus additive. Entrent aussi dans cette catĂ©gorie des productions locales, artisanales ou mĂ©nagĂšres, oĂč le vin est servi aprĂšs y avoir fait macĂ©rer, plus ou moins longtemps, des agrumes ou des petits fruits rouges.

Actuellement, les vins aromatisés, parfois dénommés Vinopops titrent de 16 % à 21 % d'alcool. Ils sont obtenus à partir de substances amÚres ou aromatiques, parfois sucrées (via un sirop de fruit), selon des recettes spécifiques à chaque maison productrice.

Antiquité

Banqueteur puisant dans un cratĂšre grĂące Ă  une ƓnochoĂ© pour remplir son kylix de vin, v. 490-480 av. J.-C., musĂ©e du Louvre.

Les Grecs et les Romains aromatisaient leurs vins de multiples façons en enduisant l'intérieur des amphores de résine (tradition qui s'est perpétuée en GrÚce avec le retsina) ; en y ajoutant épices et aromates ou en les mélangeant à de l'eau de mer.

Les Grecs aromatisaient le vin avec du miel, de la cannelle ou du thym. On connaĂźt Ă©galement, Ă  l'Ă©poque romaine, un ancĂȘtre du retsina (vin additionnĂ© de rĂ©sine de pin)[1] et du vermouth[2]. Élien mentionne Ă©galement un vin mĂ©langĂ© de parfum[3] - [4]. On connaĂźt Ă©galement le vin cuit[5] et, Ă  Thasos, un vin qualifiĂ© de « doux »[3].

Les vins rĂ©servĂ©s Ă  un usage local sont stockĂ©s dans des outres de peau. Ceux destinĂ©s Ă  la vente sont versĂ©s dans des pithoi (Ï€ÎŻÎžÎżÎč / pĂ­thoi), grandes jarres en terre cuite. On les transvase ensuite dans des amphores enduites de poix, pour les vendre au dĂ©tail. Les grands crus comportent des estampilles du producteur et/ou des magistrats de la citĂ© afin de garantir leur origine.

La Rome antique crée les premiers grands crus d'Europe occidentale. Les textes d'auteurs contemporains permettent aux historiens de savoir que ces vins étaient appréciés[6]. Diodore de Sicile[7] rapporte:

« On prit l'habitude de servir des repas fastueux, accompagnés de parfums aux senteurs merveilleuses, et pour lesquels on préparait des lits couverts de coussins ... Des vins, ceux qui n'étaient qu'agréables, étaient méprisés ; on faisait, sans retenue, ses délices du falerne, du choix et de leurs rivaux[8]. »

Il était aussi utilisé un ingrédient dénommé le sapa (ou saba en italien), sirop sucré obtenu à partir de raisin. Celui-ci est riche en acétate de plomb produit lors de la fabrication du sirop dans des cuves en plomb. Il était obtenu par réduction d'un jus de raisin (moût ou vinaigre de raisin) par chauffage jusqu'à l'obtention d'un sirop épais et visqueux. La premiÚre cuisson donnait le defrutum qui était ensuite concentré en sapa. Il avait un goût sucré avec une pointe d'acidité. Son goût sucré provenait des sucres présents dans le raisin et de l'acétate de plomb, un composé au goût sucré, produit par réaction entre l'acide acétique et les récipients de cuisson en plomb. Du fait de sa teneur en plomb, le sapa était toxique et a été la cause de nombreux empoisonnements au plomb dans l'aristocratie romaine.

Moyen Âge

Vins herbés et épicés

Portrait d'Arnald[us] de villa noua, gravure sur bois de la Chronique de Nuremberg, 1493.

Constantin l'Africain contribua Ă  la rĂ©introduction de la mĂ©decine de la GrĂšce antique dans l’Europe chrĂ©tienne. Ses traductions d’Hippocrate et de Galien furent les premiĂšres Ă  donner au monde occidental une vue d’ensemble de la mĂ©decine antique[9]. Prenant exemple sur ces grands maĂźtres, Arnaud de Villeneuve, se plut Ă  constater : « Le vin est merveilleux pour les mĂ©lancoliques, les colĂ©riques et les cardiaques, pour ceux qui ont des problĂšmes au niveau du foie, de la vessie, de la circulation et particuliĂšrement des artĂšres. Le vin guĂ©rit de la dĂ©pression, il apporte la joie en ramenant l'homme Ă  la raison et calme le rythme cardiaque. Il soulage une brutale Ă©lĂ©vation de tempĂ©rature et mĂȘme une fiĂšvre prolongĂ©e. À ceux qui en font usage, il donne une attitude raisonnable de l'Ăąme et il les fait rajeunir par la volontĂ© de Dieu »[10].

À l'exemple de ThĂ©ophraste, le mĂ©decin catalan, recteur de la FacultĂ© de MĂ©decine de Montpellier, concocta toute une sĂ©rie de vins herbĂ©s et mĂ©dicinaux : vin cordial, Ă  base de bourrache, mĂ©lisse et Ă©pices[11], vin aux coings, selon la recette de Dioscoride[12], vin romarinĂ©, dont « les propriĂ©tĂ©s sont admirables »[13], vin sauvage, Ă  base de chou rouge et d'ortie pour soigner les plaies[14], vin d'extintion d'or dans lequel une feuille d'or est plongĂ©e quarante fois[15], vin rĂąpeux, dans le moĂ»t duquel a Ă©tĂ© plongĂ© du raifort et qui se prend en apĂ©ritif[16], vin d'euphraise, pour les yeux[17], vin de campanule[18], vin de sauge[19], vin hysopique[20], vin de fenouil[21], vin anisĂ©[22], vin au chiendent[23], vin dyamon, valant pour la reproduction[24], vin de chardon[25] et vin de girofle[26].

L'hypocras est une ancienne boisson Ă  base de vin sucrĂ© et aromatisĂ© connue dans toute l'Europe mĂ©diĂ©vale. Le vin est fortement sucrĂ© avec du miel, Ă  raison d'environ 200 grammes pour trois litres de vin. Puis on ajoute les Ă©pices dites royales dont la cannelle, les clous de girofle et le gingembre. Autrefois des plantes analogues au gingembre telles le galanga et le zĂ©doaire Ă©taient utilisĂ©es. La prĂ©paration est laissĂ©e Ă  reposer puis filtrĂ©e avant d'ĂȘtre mise en bouteille oĂč l'hypocras se conserve plusieurs annĂ©es. Les premiĂšres recettes de vin Ă©picĂ© apparaissent Ă  la fin du XIIIe siĂšcle (recettes de claret et de piment dans le Tractatus de Modo) ou au dĂ©but du XIVe siĂšcle (recette de piment dans le RĂ©giment de Sanitat d'Arnaud de Villeneuve). Les recettes de piment sont majoritairement originaires de pays catalans ou de langue d'Oc. À partir de 1390, les recettes de piment sont appelĂ©es Ipocras ou Ypocras, probablement en hommage Ă  Hippocrate et en reprenant l'orthographe espagnole : « Ipocras ». À partir du XVIe siĂšcle, le mot est gĂ©nĂ©ralement orthographiĂ© « Hypocras ».

Le garhiofilatum (de GiroflĂ©e[27]) est un vin oĂč ont infusĂ© de nombreuses Ă©pices et des plantes. Il a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© Ă  Montpellier, ville bĂ©nĂ©ficiant d'un contexte privilĂ©giĂ©, celui d'ĂȘtre un port clĂ© d'entrĂ©e des Ă©pices en France. Il a figurĂ© sur les plus grandes tables royales, dont celle d'Henri III d'Angleterre[28].

Vins édulcorés

Chaulage du vin au sel de plomb pour Ă©dulcorer une vendange trop acide.
Gravure anonyme du XVe siĂšcle.

Dans le Poitou, on ajoutait du plomb afin d'adoucir le goĂ»t acide du vin local. Cette adjonction pouvait provoquer une crise aiguĂ« de colica pictonum ou colique du Poitou, c’est-Ă -dire de saturnisme. Cet empoisonnement par le plomb, dont on se servait alors pour Ă©dulcorer et rendre marchand nombre de vins verts et acides, laissait de lourdes sĂ©quelles[29].

La colica pictonum fut courante dĂšs l’AntiquitĂ©, certains auteurs pensent mĂȘme qu’elle fut l’une des causes de la dĂ©cadence de l’Empire romain (canalisations en plomb, Ă©tain contenant jusqu’à 30 % de plomb, etc.). Dans La Bataille des vins (1224), Henri d'Andeli excommunia les vins de Beauvais, de ChĂąlons et d’Étampes, accusant ce dernier de donner la goutte mais sans signaler la colica[29].

Bizarrement elle ne fut caractĂ©risĂ©e qu’en 1473 par Nicolas Ellemborg, moine bĂ©nĂ©dictin d’Ottobeuren (BaviĂšre), puis parfaitement dĂ©crite, un siĂšcle plus tard, par l’historien Jacques-Auguste de Thou[29]. Il avait remarquĂ© que « DĂšs qu’un homme en est attaquĂ©, son corps devient comme paralytique ; il a le visage pĂąle, l’esprit inquiet, des maux de cƓur, des vomissemens, un hoquet continuel, une soif ardente, une difficultĂ© d’uriner, une douleur violente dans l’estomac, les intestins, les hypochondres, les reins : il y en a mĂȘme dont les piĂ©s, les jambes, & les mains, deviennent paralytiques, aprĂšs avoir Ă©tĂ© attaquĂ©s de convulsions Ă©pileptiques »[30]. Mais ce fut François Citois, originaire de Poitiers et mĂ©decin de Richelieu, qui lui donna son nom, en 1616, dans son traitĂ© De novo et populari apud Pictones doloro colico bilioso diatriba[29].

Connue aussi sous les noms de colique du Devonshire, de Normandie ou de Madrid, c’était une neuralgie du grand sympathique due Ă  l’ingestion de vins traitĂ©s au plomb. Beaucoup de ces vins Ă©taient suffisamment toxiques pour expliquer la frĂ©quence et la sĂ©vĂ©ritĂ© de cette colica pictonum. Il n’y avait pas de prescription particuliĂšre au Moyen Âge. Seule la pratique des bains rĂ©guliers permettait au patient de se rĂ©tablir. Aujourd’hui, cet empoisonnement au plomb est connu sous le nom de saturnisme et la colica pictonum est caractĂ©risĂ©e comme colique de plomb ou colique saturnine[29].

Quand le saturnisme devenait chronique il provoquait des crises survenant de façon inconstante. La plus handicapante Ă©tait la goutte qui ne se traitait alors que par des bains. Mais d’autres symptĂŽmes caractĂ©risaient cette urĂ©mie : violents maux de tĂȘte, manque d’appĂ©tit, ƓdĂšme mĂ©ningĂ©, syncopes frĂ©quentes, secousses incontrĂŽlables, hoquet continuel, surditĂ©, perte de sensation, nausĂ©es, troubles de l’humeur, irritabilitĂ©, insomnie, lassitude, faiblesse dans les membres, constipation chronique, engourdissement, difficultĂ© de concentration, perte de mĂ©moire, troubles de la vision, confusion, douleurs subinguinales et difficultĂ© d’uriner. Pour parachever le tout chez certains sujets cela pouvait aller jusqu’à l’infertilitĂ© et l’impuissance[31].

La goutte saturnine se dĂ©clenchait aprĂšs des annĂ©es de consommation rĂ©guliĂšre de vins Ă©dulcorĂ©s au plomb. Le malade avait l’impression d’avoir son doigt de pied pris dans un piĂšge Ă  loup. La douleur Ă©tait si atroce qu’il ne pouvait plus poser le pied par terre. TrĂšs souvent cette goutte Ă©tait accompagnĂ©e d’une paralysie des membres supĂ©rieurs, celle des membres infĂ©rieurs Ă©tant beaucoup plus rare. Sans traitement, la crise de goutte ne prenait fin qu’au bout de sept Ă  dix jours. Pour se soulager, les patients devaient prendre des bains rĂ©guliers jusqu’au cou afin d’éliminer sels et urĂ©e[31].

Hugh Johnson, dans Une histoire mondiale du vin (1990), signale que tous les vins du Poitou Ă©taient traitĂ©s au plomb pour adoucir et masquer leur aciditĂ©, ce qui les faisaient ressembler aux vins de Loire. Quant aux vins rhĂ©nans, en particulier ceux du duchĂ© de Souabe, ils Ă©taient systĂ©matiquement plombĂ©s et toxiques. L’auteur souligne aussi que la colica pictonum Ă©tait plus frĂ©quente aprĂšs les annĂ©es trĂšs froides dont les vendanges vertes et acides Ă©taient Ă©dulcorĂ©es par des prĂ©parations Ă  base de plomb[31].

Jusqu’au XVIIIe siĂšcle, beaucoup de cas de comportement mental anormal ont probablement Ă©tĂ© provoquĂ©s par l’intoxication au plomb. Un autre vin que celui du Poitou a joui durant tout le Moyen Âge d'une grande notoriĂ©tĂ©, c'est le Saint-Pourçain. Hugh Johnson se pose la question : « Quelle qualitĂ© particuliĂšre valut au saint-pourçain d’ĂȘtre considĂ©rĂ© au Moyen Âge comme le vin des papes et des rois ? ». Il conclut « Un aussi illustre parrainage restera toujours un mystĂšre ». Sauf si l’on considĂšre que ce vin, lui aussi a Ă©tĂ© Ă©dulcorĂ© au plomb. À cĂŽtĂ© des grandes pandĂ©mies (peste, feu de Saint-Antoine), de l’effroyable lĂšpre, la colica pictonum fit, elle aussi, pas mal de redoutables ravages[32].

Marchands de vin par Giovanni Francesco Barbieri (1591-1666).

Ce n'est qu'en 1793, qu'une mĂ©thode scientifique fut mise au point pour dĂ©celer les sels de plomb. Dans leur Cours Ă©lĂ©mentaire de matiĂšre mĂ©dicale Louis Desbois de Rochefort et Jean-Nicolas Corvisart de Marets nous apprennent que : « Les marchands de vin, qui sophistiquent le vin, & le rendent plus sucrĂ© avec la litharge, le minium, ou mĂȘme le blanc de plomb, qui est un sel acĂ©teux de saturne : aussi ceux qui sont obligĂ©s de boire de ce vin, sont sujets Ă  des indispositions, Ă  de lĂ©gĂšres coliques, Ă  des constipations, Ă  quelques lĂ©gĂšres envies de vomir, Ă  des faiblesses dans les membres. Pour s'assurer si ces symptĂŽmes sont dus au plomb, il faut essayer le vin. Pour cela, on verse dans le vin un peu de foie de soufre[33] en liqueur. Si le prĂ©cipitĂ©, que ce foie de soufre occasionne toujours, est blanc, ou n'est colorĂ© que par le vin, c'est une marque que ce vin n'est point altĂ©rĂ© par le plomb : si, au contraire, ce mĂȘme prĂ©cipitĂ© est sombre, brun ou noirĂątre, c'est une preuve qu'il en contient. On reconnoĂźt encore que le vin est altĂ©rĂ© par la litharge & autre chaux de plomb, en en faisant Ă©vaporer quelques pintes Ă  siccitĂ© ; fondant ensuite le rĂ©sidu dans un creuset, on retrouve, dans ce cas, un petit culot de plomb rĂ©duit au fond du creuset aprĂšs la fonte (pour la partie de plomb qui ne s'est pas Ă©vaporĂ©e si la tempĂ©rature Ă©tait vive) ».

L'auteur ajoute : « Dans le Poitou, oĂč les vins sont assez aigres & peu spiritueux, les marchands les dulcifient avec le plomb : aussi la colique de plomb Ă©toit-elle originairement connue sous le nom de colique du Poitou (colica pictonum) »[34]

Époque moderne et contemporaine

Bouteille et verre de Retsina.

Retsina

La retsina (en grec η ÏÎ”Ï„ÏƒÎŻÎœÎ±), ou vin rĂ©sinĂ© (ρητÎčÎœÎŻÏ„Î·Ï‚ ÎżÎŻÎœÎżÏ‚) est un vin typique de GrĂšce. C'est un vin blanc ou rosĂ© lĂ©ger Ă  base de cĂ©page savatiano dans lequel est rajoutĂ© de la rĂ©sine de pin au cours de la fermentation. La rĂ©sine stabilise le vin, lui permettant de mieux rĂ©sister Ă  la chaleur. Elle lui donne un goĂ»t particulier, plutĂŽt pharmaceutique (balsamique), qui au premier contact dĂ©soriente le consommateur non averti. Elle doit ĂȘtre bue trĂšs fraĂźche. Cette recette vient des temps antiques lorsque l'Ă©tanchĂ©itĂ© des amphores Ă  vin Ă©tait assurĂ©e par un badigeonnage interne de rĂ©sine. Le goĂ»t donnĂ© au vin aurait Ă©tĂ© ensuite reproduit par habitude gustative. Pour produire ces types de vins, il est couramment utilisĂ© des vins de deuxiĂšme catĂ©gorie et en toute bonne logique un vin rĂ©sinĂ© doit avoir un prix infĂ©rieur Ă  celui des autres vins de qualitĂ© de GrĂšce.

Vermouth

Trois verres de vermouth de couleurs différentes.

Marquisette

Ingrédients pour la marquisette.

La marquisette est une boisson alcoolisĂ©e, aromatisĂ©e aux agrumes, que l'on trouve notamment en ArdĂšche, dans la Haute-Loire et en DrĂŽme. De fabrication artisanale ou mĂ©nagĂšre, elle se consomme couramment dans les bals populaires organisĂ©s dans les villes et villages d'ArdĂšche, de la Haute-Loire et de la DrĂŽme. Il existe presque autant de recettes que de villages. Dans certains, cette boisson mĂ©lange limonade, mousseux ou champagne, vin blanc, sucre, liqueur de mandarine impĂ©riale, rhum blanc, sirop d’orange, morceaux d’oranges et de citrons jaunes.

Vin de noix

Le vin de noix est un apĂ©ritif traditionnel trĂšs populaire dans les rĂ©gions non viticoles comme le DauphinĂ©[35], les Alpes provençales[36], le PĂ©rigord[37], le Limousin[38], les Ardennes[39] et les Flandres[40]. Ce breuvage de couleur marron foncĂ© Ă  la lĂ©gĂšre amertume[38] n'est gĂ©nĂ©riquement pas un vin, car il ne fermente pas. Ce qui n'empĂȘche pas que cet apĂ©ritif obtenu par macĂ©ration de noix vertes dans du vin et de l'alcool[36] est le plus apprĂ©ciĂ© des vins d'imitation Ă  base de fruits[35].

Le vin de noix, boisson de ménage trÚs populaire, était généralement préparé dans le cadre familial[36] - [38]. Il est célÚbre depuis le XVIe siÚcle pour ses vertus thérapeutiques[35] et il fut depuis considéré comme un vin médicinal, apéritif tonique, dépuratif et digestif[36]. Actuellement il est consommé en apéritif, avec une entrée, dans les préparations culinaires ou en accompagnement des desserts[40].

Il se fait avec des noix cueillies de la fin juin (noix de la Saint-Jean) jusqu'au 22 juillet (noix de la Sainte-Madeleine)[35]. Les meilleures sont celles cueillies vertes Ă  la Saint-Jean, c'est-Ă -dire autour du 24 juin[36]. Elles sont encore vertes et laiteuses[38] avec des cerneaux trĂšs tendres[39].

Vin de pĂȘches

Vin de pĂȘches de Haute-Provence.

Le vin de pĂȘches est un apĂ©ritif Ă©laborĂ© avec du vin, rouge, rosĂ© ou blanc, de l'alcool de fruits, du sucre, additionnĂ©s de quelques poignĂ©es de feuilles de pĂȘcher[41].

Ce vin, qui devrait ĂȘtre dit de feuilles de pĂȘcher, compte tenu des ingrĂ©dients utilisĂ©s[41] est Ă©laborĂ© Ă  base de macĂ©ration de feuilles dans du vin et de l'alcool. Il semble trouver son origine dans le DauphinĂ© et les Alpes du Sud[42]. La date de la cueillette influe sur la possibilitĂ© de faire vieillir ce vin. Pour un vin bu jeune, les feuilles sont cueillies entre la fin juin et le 15 aoĂ»t. Pour une conservation de 18 mois et plus cueillette aprĂšs le 15 aoĂ»t, le plus prĂšs possible du 10/15 septembre[41].

Dans les annĂ©es 1980, ce type de vin fut proposĂ© en mousseux et connut un succĂšs aussi foudroyant qu'Ă©phĂ©mĂšre. Le vin de pĂȘches tranquille s'Ă©tait, entretemps, ouvert le marchĂ© des États-Unis. LĂ , le Rinquinquin devint, dĂšs lors, le synonyme de tout Peach Leaf Wine, boisson revigorante qui tirerait son nom du verbe occitan requinquilhar[43].

Un journaliste du Point proclamait en 1984 : « Le rinquinquin, c'est du vin de pĂȘches... mais il n'est pas souvent bon. Ce rinquinquin lĂ  n'est pas bon, il est dĂ©licieux, magnifique et il nous a enthousiasmĂ©s et enivrĂ©s superbement »[44].

Vin d'orange

Vin d'orange.

Le vin d'orange est un apĂ©ritif rĂ©alisĂ© soit par infusion d'Ă©corces d'orange dans un alcool neutre assemblĂ© ensuite Ă  du vin, soit par fermentation alcoolique du jus d'orange et de ses Ă©corces. Sur la route des Indes, les premiers colons dĂ©couvrirent que les indigĂšnes (les Indiens) traitaient l'oranger pour faire du vin, une pratique connus dĂ©jĂ  au Canada oĂč les autochtones (les « sauvages ») faisaient de mĂȘme avec l'Ă©rable. Ils entamaient la tige, recueillaient la sĂšve et la faisait fermenter[45].

Au XVIIIe siĂšcle, on considĂ©ra que « Le vin d'orange est peut-ĂȘtre la liqueur la plus agrĂ©able et la plus salubre de tous les vins de liqueurs connus[46] ». Ce fut vers les annĂ©es 1850 qu'Ă  la Martinique quelques propriĂ©taires d'orangeraies se lancĂšrent dans cette fabrication si l'on en croit les auteurs du Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle appliquĂ© aux Arts[47] et ce breuvage passa pour une sorte de malvoisie[48].

Il Ă©tait fait Ă  base de sucre terrĂ© (blanc) clarifiĂ© en sirop, de jus d'orange, de dĂ©coction de l'Ă©corce et d'un peu de fleurs d'oranger, le tout mis Ă  fermenter pendant deux mois[48]. Une autre façon de faire consistait Ă  ajouter des levures au jus des oranges, puis Ă  laisser fermenter 48 heures. Les huiles essentielles des Ă©corces Ă©taient rĂ©cupĂ©rĂ©es en les frottant sur des morceaux de sucre. La fermentation effectuĂ©e, on y ajoutait du vin blanc, et laissait reposer pendant cinq Ă  six mois. « Il en rĂ©sulte aprĂšs ce temps un vin des plus agrĂ©ables, qui n'a pas besoin d'ĂȘtre collĂ© par son Ă©tat vif et transparent. On peut le mettre en bouteilles sans lui rien faire perdre de son bouquet[45] ».

L.F. Dubief, qui avait recueilli cette mĂ©thode, en cite une autre oĂč le vin d'orange est Ă©laborĂ© par une simple infusion. Les Ă©corces coupĂ©es sont Ă©bouillantĂ©es, puis refroidies, avant d'ĂȘtre mĂȘlĂ©es au jus. La mĂȘme opĂ©ration est recommencĂ©e une seconde fois, et on ajoute Ă  l'ensemble deux litres et demi d'eau-de-vie et 250 grammes de sucre par litre. Ce vin d'orange Ă©tait consommable au bout de quelques jours[45].

L'actuel est fait à base de vin blanc ou rosé, de sucre, des peaux d'orange mise à macérer dans de l'alcool, avec ajout de cannelle, vanille et noix muscade.

Sangria

Une sangria.

La sangria est une boisson alcoolisĂ©e d'origine espagnole, Ă  base de vin rouge et de fruits (notamment d'agrumes). Elle contient Ă  peu prĂšs la mĂȘme quantitĂ© d'alcool que le vin. Le vin rouge et les oranges pressĂ©es sont obligatoires, tandis que la quantitĂ© de sucre peut ĂȘtre diffĂ©rente selon le vin utilisĂ©. Les fruits utilisĂ©s sont d'habitude une orange et un citron, mais on peut les remplacer par des fraises, des boules de pastĂšque ou de melon, ou tout simplement remplacer un agrume par un autre, comme la clĂ©mentine. Dans certaines villes du Sud on remplace parfois un agrume par une pĂȘche ou une nectarine. La liqueur ajoutĂ©e est presque toujours du porto, mais cela peut ĂȘtre aussi de la vodka ou du rhum blanc.

Il ne faut pas confondre la sangria avec d'autres boissons espagnoles au vin, comme le tinto de verano (vin Ă  l'eau gazeuse), le pitilingorri ou caliguay (vin au soda de citron ou d'orange), le Calimocho (vin au coca-cola), l'eau de Valence, l'eau de SĂ©ville, le zurracapote ou zurra (boisson de La Rioja et certaines provinces du centre de l'Espagne), etc.

Vin chaud

Un verre de vin chaud.

Le vin chaud est une boisson composĂ©e de vin gĂ©nĂ©ralement rouge (mais parfois blanc) et d'Ă©pices et consommĂ©e principalement en hiver. ParticuliĂšrement apprĂ©ciĂ©e dans les pays germaniques sous le nom de GlĂŒhwein, surtout pendant les marchĂ©s de NoĂ«l, typiques en Allemagne, en Alsace, en Autriche, en Suisse comme en Belgique et aux Pays-Bas ou mĂȘme en Pologne, au Luxembourg et en RĂ©publique tchĂšque. Le mot dĂ©rive de l'allemand glĂŒhen, recuire, et de wein, vin.

La plus vieille cruche de vin chaud est celle du comte Jean IV. de Katzenelnbogen en Allemagne. Réalisée en argent et plaquée or, elle a été datée aux environs de 1420[49].

En Italie, il existe différentes variantes dont le biso est la version romagne, préparé avec du Sangiovese et aromatisé aux épices. Dans la ville de Faenza, lors de la soirée du 5 janvier est célébrée la « Nuit du Biso », liée au Palio del Niballo.

Vin cuit

En France, le vin cuit est un vin artisanal obtenu par concentration du moût de raisin chauffé dans un chaudron et additionné d'épices[50]. Le vin cuit de Palette, en Provence, accompagnement traditionnel des treize desserts, est réputé et une demande de reconnaissance en AOC est en cours. Ce vin cuit français est parfois confondu, à tort, avec les vins mutés, (mistelles ou vins doux naturels).

Vins aromatisés, santé publique, et taxation

En 2021, un documentaire de 108 minutes de Cash Investigation rappelle que le vin est en France la boisson alcoolisée la moins taxée (comparée à la biÚre et aux spiritueux). Il montre que face à l'apparition de nouvelles boissons à base de vin (dites ready-to-drink, vinopops, alcopops à base de vin, de vin de fruits et de malt de biÚre ou prémix à base de vin, tel que par exemple le « rosé-pamplemousse »), aromatisée et rendues plus douces par des sirops sucrés risquant d'augmenter les risques d'alcoolisme, chez les jeunes et les jeunes femmes notamment, un projet de loi a été approuvé et voté par le Sénat en 2018, visant à augmenter de 170% (via une taxe) le prix de ces boissons à base de vin pour dissuader la consommation excessive[51].
Cependant, lors de la navette parlementaire, le projet a Ă©tĂ© bloquĂ©, puis portĂ© Ă  l'AssemblĂ©e par une autre Ă©lue (en 2019). Mais aprĂšs des dizaines d'amendements, l'augmentation de prix a Ă©tĂ© abaissĂ©e Ă  45 %, ne concernant en outre que la petite niche des vinopops[51]. Élise Lucet montre qu'une grande partie des dĂ©putĂ©s ayant diminuĂ© la portĂ©e et l'utilitĂ© de ce texte faisaient partie de l'un des deux groupes parlementaires les moins transparents (selon), le groupe d'Ă©tude parlementaire Vigne, vin et Ɠnologie, qui, selon le reportage, semble faire passer les intĂ©rĂȘts de l'Ă©conomie viticole avant ceux de la santĂ© publique, et qui en outre, selon , ne publie jamais ses comptes-rendus, tout en Ă©tant en liens directs et indirects avec le lobby alcoolier et des 'scientifiques' soutenus par ce dernier, alors mĂȘme que le bilan Ă©conomique annuel des dĂ©gĂąts de l'alcool dĂ©passe les 3 milliards d'euros en frais de santĂ© en France, une fois intĂ©grĂ© les apports des taxes dans les caisses de l'État[51].

Notes et références

  1. Dioscoride, Materia Medica, V, 34.
  2. Dioscoride, Materia Medica, V, 39.
  3. Élien, Histoires variĂ©es [lire en ligne], XII, 31.
  4. Dalby, p. 150.
  5. Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne), I, 31d.
  6. André Tchernia et Jean-Pierre Brun, op. cit., p. 5.
  7. Diodore de Sicile, BibliothĂšque historique, XXXVII, 3, 3.
  8. André Tchernia et Jean-Pierre Brun, op. cit., p. 14.
  9. Constantine the African consulté le 24 juin 2010
  10. Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 12.
  11. Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 13.
  12. Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 17.
  13. Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 19.
  14. Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 23.
  15. Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 25.
  16. Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 28.
  17. Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 29.
  18. Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 30.
  19. Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 31.
  20. Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 32.
  21. Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 34.
  22. Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 35.
  23. Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 40.
  24. Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 42.
  25. Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 43.
  26. Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 44.
  27. Site Hypocras
  28. Site Garhiofilatum
  29. Jean-Pierre Saltarelli, op. cit., p. 81.
  30. Histoire de mon Temps, 1572, T. VI. p. 537.
  31. Jean-Pierre Saltarelli, op. cit., p. 82.
  32. Jean-Pierre Saltarelli, op. cit., p. 90.
  33. Le foie de soufre Ă©tait la combinaison de l'alcali fixe avec le soufre
  34. Louis Desbois de Rochefort, Jean Nicolas Corvisart des Marets (baron) ; Cours élémentaire de matiÚre médicale: suivi d'un précis de l'art 
, Volume 1; 1793
  35. Vin de noix du Dauphiné
  36. Vin de noix en Haute-Provence
  37. Vin de noix du PĂ©rigord
  38. Vin de noix du Limousin
  39. Vin de noix des Ardennes
  40. Vin de noix des Flandres
  41. Vin de pĂȘches sur le site La cuisine de Marc Andrieu
  42. Vin de pĂȘches du DauphinĂ©
  43. Le vin de pĂȘches rebaptisĂ© rinquinquin aux USA
  44. Le Point, Issues 628-640, p.14, 1984
  45. Vin d'orange en 1859 par L.F. Dubief
  46. Vin d'orange en 1780 par J.E. Bertrand
  47. Vin d'orange de la Martinique en 1803
  48. Vin d'orange de la Martinique en 1794
  49. L’histoire des comtes des Katzenelnbogen et le premier riesling du monde
  50. François Rozier, Nouveau cours complet d'agriculture théorique et pratique, Deterville, (lire en ligne)
  51. « Cash Investigation Alcool, les stratégies pour nous faire boire », (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • AndrĂ© Tchernia et Jean-Pierre Brun, Le vin romain antique, Éd. GlĂ©nat, Grenoble, 1999 (ISBN 2723427609).
  • Arnaud de Villeneuve, Tractarus de Vinis, adaptĂ© par Yves LainĂ© et DaniĂšle Blanc, traduit par Catherine Lonchabon, Éd. Conseil GĂ©nĂ©ral de Vaucluse, 1999.
  • Hugh Johnson, Une histoire mondiale du vin, Éd. Hachette Pratique, Paris, 2002 (ISBN 2012367585).
  • Jean-Pierre Saltarelli, Les vins des papes d'Avignon et le colica pictunum du vicomte de Turenne, Bulletin de la SociĂ©tĂ© scientifique, historique et archĂ©ologique de la CorrĂšze, T. 127, 2007.

Articles connexes

Liens externes

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