Vignoble du Jura
Le vignoble du Jura, appelĂ© aussi vignoble jurassien, reprĂ©sente une rĂ©gion viticole situĂ©e dans le Jura en Franche-ComtĂ©, en France. Elle s'Ă©tend sur le Revermont et occupe une bande nord-sud de 70 kilomĂštres de long (de Salins-les-Bains Ă Saint-Amour) et de 6 kilomĂštres de large qui longe la fracture gĂ©ologique sĂ©parant la Bresse du massif du Jura. MarquĂ© par une personnalitĂ© typique et reprĂ©sentant environ 2 000 hectares, c'est lâun des plus petits vignobles français.
Jura | ||
Vignoble de chĂąteau-chalon (AOC) au pied du village viticole de ChĂąteau-Chalon. | ||
DĂ©signation(s) | Jura | |
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Appellation(s) principale(s) | CÎtes-du-jura, arbois, l'étoile, chùteau-chalon, macvin du Jura, crémant du Jura, Marc du Jura, franche-comté et doubs | |
Type d'appellation(s) | AOC-AOP et IGP | |
Reconnue depuis | 1935 | |
Pays | France | |
Région parente | Franche-Comté | |
Sous-région(s) | Jura | |
Saison | Hiver assez froid, parfois rude. Printemps et automne doux et lĂ©gĂšrement pluvieux. ĂtĂ© assez chaud. |
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Climat | Tempéré continental avec influence montagnarde | |
Sol | Marno-calcaire (géologie du massif du Jura) | |
Superficie plantée | 1 814 hectares en 2008[1] | |
CĂ©pages dominants | Poulsard N, trousseau N, pinot noir N, gamay N, savagnin B et chardonnay B[2] | |
Vins produits | Rouges, blancs, rosés, crémants, jaunes et de paille | |
Production | 78 000 hectolitres en 2008[1] | |
Rendement moyen Ă l'hectare | Variable selon les appellations | |
Existant depuis des siĂšcles sur des coteaux entre 250 et 400 mĂštres d'altitude, la culture de la vigne se dĂ©veloppe de nouveau aujourdâhui avec pour particularitĂ© ses petites exploitations et ses coopĂ©ratives. L'appellation gĂ©nĂ©rique du vignoble jurassien est le cĂŽtes-du-jura (20-25 000 hectolitres par an dont 80 % de vins blancs) mais il existe des appellations de terroir comme arbois, la plus vaste sur prĂšs de 850 hectares produisant plus de 40 000 hl, chĂąteau-chalon et lâĂ©toile, ainsi que l'appellation crĂ©mant du Jura, Marc du Jura et le macvin obtenu par la distillation du marc du Jura. La production s'est Ă©levĂ©e en 2010 Ă environ 100 000 hl dont 25 % de rouges et rosĂ©s, 50 % de blancs dont le vin jaune et 20 % de crĂ©mant du Jura auxquels il faut ajouter le macvin (3 %) et le liquoreux vin de paille produit avec des raisins dessĂ©chĂ©s[3].
Ces vins sont issus de diffĂ©rents cĂ©pages liĂ©s Ă la variĂ©tĂ© des sols et aux micro-climats. La production de vins blancs Ă©tant largement dominante, le cĂ©page le plus rĂ©pandu est le chardonnay qui reprĂ©sente 50 % de lâencĂ©pagement du vignoble jurassien AdaptĂ© aux sols calcaires et marneux, il donne des vins blancs secs aptes au vieillissement. Cependant le cĂ©page phare du Jura est le savagnin (prĂšs de 20 % de l'encĂ©pagement) : trĂšs ancien, adaptĂ© aux terroirs marneux, trĂšs qualitatif et d'un rendement peu Ă©levĂ©, il donne des vins blancs de garde, puissants et originaux, aux arĂŽmes de noix (pour les savagnins Ă©levĂ©s sous voile) et de pierre Ă fusil. Il entre aussi dans des assemblages avec le chardonnay, souvent appelĂ©s « Tradition ». En vendanges tardives et aprĂšs une longue vinification de six ans et trois mois, il donne le vin jaune de grande rĂ©putation qui fait la gloire de ChĂąteau-Chalon et qui est vendu dans une bouteille de 62 cl appelĂ©e « clavelin » (1 500 hl par an). Les vins rouges ou rosĂ©s du Jura, produits notamment dans le secteur Arbois-Pupillin, sont obtenus Ă partir des cĂ©pages poulsard (20 % de l'encĂ©pagement) et trousseau, de diffusion limitĂ©e et souvent proposĂ© en rosĂ©, qui reprĂ©sente environ 5 % des surfaces, principalement autour de Montigny-lĂšs-Arsures. Le pinot noir est Ă©galement prĂ©sent dans le vignoble jurassien avec 10 % de l'encĂ©pagement et est utilisĂ© principalement en assemblage.
Les vins du Jura sont peu connus au niveau national, mais leur originalitĂ© qui s'associe de façon heureuse Ă la cuisine franc-comtoise (comtĂ©, morilles...) fait leur atout, et une route touristique des vins du Jura en facilite la dĂ©couverte en matiĂšre d'Ćnotourisme (tourisme dans le dĂ©partement du Jura).
Historique
Antiquité
Le Jura franc-comtois exploite des vignes depuis lâĂšre celtique / gauloise / sĂ©quanes ancienne ou sa rĂ©putation et ses exportations par commerce fluvial / commerce maritime dĂ©passe largement les frontiĂšres de Gaule (GrĂšce antique, empire romain, bassin mĂ©diterranĂ©en...). Le vin local est dĂ©jĂ citĂ© par le sĂ©nateur romain Ă©crivain Pline le Jeune au Ier siĂšcle[4] ; il cite en ces termes un cĂ©page qui pourrait bien ĂȘtre le savagnin B : « ce raisin qui sans apprĂȘt, fournit un vin Ă saveur de poix, raisin cĂ©lĂšbre du Viennois en Autriche, dont sâest enrichie la SĂ©quanie ».
Ăpoque moderne
Lors de la guerre de Dix Ans (1634-1644), la Franche-Comté, longtemps vassale du Saint-Empire romain germanique, est envahie par les troupes françaises. Cet épisode est le prélude du rattachement définitif de cette province au royaume de France. Les ravages de guerre concernent également le vignoble et les nombreux membres de la population qui le cultive.
Il renaßt cependant de ses cendres et redevient prospÚre en quelques décennies. En 1732, la premiÚre réglementation concernant la vigne apparaßt. Le renouveau passe par un tri de cépages recommandés, ou interdits[4].
Ăpoque contemporaine
Le vignoble jurassien comptait quelque 20 000 hectares de vigne dans la rĂ©gion au XIXe siĂšcle lorsqu'en 1879 Ă Beaufort (Jura) et en 1895 Ă Arbois, le phylloxĂ©ra issu des Ătats-Unis dĂ©truit totalement le vignoble en moins de 15 ans. La crise qui en dĂ©coule ruine les vignerons et ouvre la porte Ă une fraude massive.
à la fin du XIXe siÚcle, Alexis Millardet, ampélographe jurassien, a développé l'hybridation des cépages pour obtenir des plants résistants au phylloxéra. Quelque 2 000 hectares de vigne de nouveaux cépages immunisés au phylloxéra sont alors replantés avec de nouvelles méthodes d'exploitation et de taille...
Le vin jurassien obtient quatre appellations d'origine contrĂŽlĂ©es, celles d'Arbois, de ChĂąteau-Chalon, de l'Ătoile et CĂŽtes-du-jura, en 1936 et 1937. Alors que dans les annĂ©es 1970, la surface viticole est bien en dessous de ce que peut supporter le territoire, Henri Maire, qui possĂ©dait la plus grande surface viticole Ă l'Ă©poque, insuffle une nouvelle dynamique. Il permet la replantation de nouveaux cĂ©pages AOC, incluant des contrĂŽles accrus de la qualitĂ©. Il participe Ă©galement Ă la crĂ©ation dâune formation viti-vinicole pour lâinstallation des jeunes. Pour finir, des prĂȘts bancaires pour les nouveaux viticulteurs sont accordĂ©s.
- Vignoble jurassien prĂšs d'Arbois.
- Les murgers sont les murs en pierre sĂšche qui dĂ©limitent les vignes et la propriĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral. Ils peuvent ĂȘtre creusĂ©s d'abris et de cabanes de vigne (Granges-sur-Baume).
Actuellement, le vignoble jurassien reprĂ©sente 0,2 % du vignoble français avec un petit niveau de production par rapport au marchĂ© viticole français, d'environ 60 000 hectolitres, mais avec une production de qualitĂ© et une personnalitĂ© Ćnologique de produit unique, particuliĂšrement avec son vin jaune et sa gamme de vins blancs du Jura Ă©laborĂ©s Ă base de savagnin.
Le vignoble
Situation géographique
La falaise calcaire domine le coteaux marneux.
Le vignoble jurassien est un vignoble rĂ©gional français. Ătabli sur le piĂ©mont du massif du Jura en Franche-ComtĂ©, il est Ă©tabli entre la plaine de la Bresse et le premier plateau du massif du Jura ; cette zone couvre le pays de Revermont[5]. Il est circonscrit au seul dĂ©partement du Jura.
Il est voisin du vignoble de Bourgogne de l'autre cÎté de la SaÎne, du vignoble d'Alsace, et des vignobles vaudois et de la Région des trois lacs de l'autre cÎté du Jura en Suisse.
Il couvre une zone de 80 km du nord au sud sur 5 km dans sa plus grande largeur est-ouest. La structure du vignoble est un regroupement de nombreuses enclaves viticoles sĂ©parĂ©es par des zones exclues de l'aire d'appellation ou ne portant plus de vigne (prairies et forĂȘts). La partie autour d'Arbois, au nord, est la plus dense. Plus au sud, autour de Lons-le-Saunier, le paysage viticole est plus clairsemĂ©[5].
Orographie et géologie
Ce vignoble occupe le bas du relief, sur les pentes du faisceau lĂ©donien, lieu de chevauchement entre le Jura et la Bresse. On trouve dans le paysage du vignoble une brusque sĂ©paration entre deux Ă©tages qui est due Ă la prĂ©sence de calcaire Ă gryphĂ©es du Jurassique infĂ©rieur qui rĂ©siste Ă l'Ă©rosion, contrairement aux terrains oĂč se situent les vignes[6]. Les pentes les moins fortes sont plantĂ©es de rangs de vigne dans le sens de la pente ; pour les pentes les plus fortes, jusqu'Ă 40 % dans la reculĂ©e de ChĂąteau-Chalon, oĂč les vignes sont plantĂ©es en terrasses parallĂšles aux courbes de niveau. Cette particularitĂ© a pour but de retenir la terre lors de fortes prĂ©cipitations et d'Ă©viter une trop forte Ă©rosion[5].
Le relief du Jura est caractérisé par ses reculées. Ces échancrures de la cÎte provoquent des expositions variées. Ainsi, au sud ou au sud-est, la maturité du raisin est favorisée.
Les types de cépages dépendent des sols dans lesquels ils sont plantés et qui varient selon l'altitude. De ce fait, dans la région de Pupillin, les marnes irisées (rouges et vertes) du Keuper (Trias) sont favorables pour les cépages poulsard et savagnin, tandis que les marnes grises du Lias sont plutÎt favorables au chardonnay. Cela vient de la particularité des marnes irisées, abondantes au nord de Lons-le-Saunier, de se désagréger, ce qui permet une bonne pénétration racinaire, et de constituer un excellent réservoir hydrique[7].
à Chùteau-Chalon, le savagnin trouve sa terre de prédilection dans les marnes grises du Lias. On trouve dans cette terre, à une dizaine de mÚtres de la surface, des schistes-carton du Toarcien inférieur (fin du Lias), dont la structure en fines lamines millimétriques ressemble à l'affleurement à des lames de cartons empilées. Les interstices situées entre les lamines sont pénétrées trÚs facilement par les racines des vignes, ce qui permet à ces schistes d'augmenter la surface d'absorption de la plante et de lui donner une vigueur exceptionnelle[8].
Climatologie
Le climat du département du Jura que subit le vignoble jurassien est médian, entre celui de Besançon et celui de Mùcon.
Station de Besançon
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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TempĂ©rature minimale moyenne (°C) | â0,8 | 0 | 2,5 | 4,5 | 8,7 | 11,7 | 13,9 | 13,6 | 10,6 | 7 | 2,4 | 0,3 | 6,2 |
Température maximale moyenne (°C) | 5 | 7 | 11 | 14,3 | 19 | 21,9 | 24,8 | 24,6 | 20,7 | 15,4 | 8,9 | 5,8 | 14,9 |
Record de froid (°C) date du record |
â20,7 9/01/1985 |
â20,6 10/02/1956 |
â14 1/03/2005 |
â5,2 2/04/1952 |
â2,4 3/05/1909 |
2,1 2/06/1936 |
4,5 18/07/1970 |
3,4 20/08/1885 |
â0,1 25/09/1931 |
â6,1 28/10/1887 |
â11,3 28/11/1915 |
â19,3 30/12/1939 |
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Record de chaleur (°C) date du record |
16,8 20/01/1918 |
21,7 29/02/1960 |
24,8 25/03/1955 |
29,1 27/04/1893 |
32,2 26/05/1892 |
34,6 22/06/2003 |
40,3 28/07/1921 |
38,3 12/08/2003 |
33,5 5/09/1949 |
30,1 7/10/2009 |
23 2/11/1899 |
20,8 16/12/1989 |
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Précipitations (mm) | 88,8 | 82,9 | 77,6 | 94,3 | 109,7 | 101,7 | 85,1 | 78,1 | 103,1 | 105,2 | 107,1 | 103,9 | 1 137,6 |
Nombre de jours avec précipitations | 13 | 12 | 12 | 12 | 14 | 12 | 10 | 9 | 10 | 12 | 13 | 13 | 140 |
Station de MĂącon
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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TempĂ©rature minimale moyenne (°C) | â0,6 | 0,7 | 2,5 | 5,2 | 8,9 | 12,3 | 12,4 | 13,9 | 11,1 | 7,5 | 2,9 | 0,1 | 6,6 |
Température moyenne (°C) | 2,1 | 4 | 6,8 | 10 | 13,9 | 17,5 | 20,1 | 19,4 | 16,4 | 11,7 | 6 | 2,7 | 10,9 |
Température maximale moyenne (°C) | 4,9 | 7,3 | 11,1 | 14,8 | 18,9 | 22,8 | 25,7 | 24,9 | 21,7 | 15,9 | 9,1 | 5,3 | 15,2 |
Précipitations (mm) | 66,3 | 60,9 | 58,7 | 69,4 | 85,9 | 74,7 | 58,1 | 77,1 | 75,7 | 71,7 | 72,7 | 70,4 | 841,4 |
Climat du vignoble jurassien
De tendance nettement semi-continentale, le climat du Revermont est encore accentué par l'exposition à l'ouest des pentes. Subissant un hiver trÚs froid, il bénéficie de nombreuses chaudes journées estivales. En revanche, la diversité des cépages conduit à vendanger parfois jusqu'en novembre. En cette saison, l'humidité qui remonte du sol peut nuire à la qualité du raisin. L'usage du palissage, ou hautain, s'est répandu en éloignant les grappes du sol, gage d'un meilleur état sanitaire[1].
Cependant, de nos jours, avec le réchauffement climatique, les vendanges ont lieu en général en septembre jusqu'à (environ) mi-octobre. Soit avec plus d'un mois d'avance par rapport au XIXe siÚcle.
Les précipitations sont bien réparties sur l'année, ne donnant pas d'épisode estival sec, mais les automnes à tendance pluvieuse, donnent des risques de dégradation de la vendange. Les terrains pentus contribuent à l'évacuation de l'eau excédentaire.
Il existe encore quelques rares vignes implantées en terrasses. Elles permettaient de mieux travailler les parcelles et d'éviter une certaine érosion lors des épisodes pluvieux intenses. Avec les machines actuelles, cette implantation est en voie de disparition. On plante dans le sens de la pente.
Surface
La surface actuelle ne reflÚte pas l'importance que la vigne a eu au XIXe siÚcle. En 1873, la viticulture occupait prÚs de 20 000 ha[5] dans le seul département du Jura. Il y avait autant de vignes dans les départements du Doubs et de la Haute-SaÎne. En 2008, la surface était de 1 814 ha pour une production déclarée de 78 000 hectolitres[1].
- Feuillage verdoyant exempt de maladies sur une parcelle pentue de savagnin.
- Vigne taillée en guyot en premier plan du village viticole de Saint-Lothain.
- Vendange manuelle de raisin blanc.
- Pressoir Ă vin et piĂšce de vin traditionnels.
Encépagement
Cinq cépages différents sont cultivés dans les vignobles du Jura. Chacun a ses spécificités et possÚde une adaptation aux sols, exposition, ou climat.
Parmi les cĂ©pages rouges, le poulsard N (N pour noir) ou ploussard N est le cĂ©page rouge majoritaire des vins du Jura. CĂ©page spĂ©cifique de ce vignoble, il donne des vins trĂšs fins et aromatiques, mais variables en couleur[a 1] (teinte parfois « pelure d'oignon »). Il occupe 25 % de la surface cultivĂ©e, ce qui en fait le deuxiĂšme cĂ©page le plus rĂ©pandu dans le Jura. Il reprĂ©sente 18 % de lâencĂ©pagement[5].
Le trousseau N est un cĂ©page exogĂšne[10], que l'on trouve au Portugal sous le nom de bastardo. Il est bien acclimatĂ© aux caprices de la mĂ©tĂ©orologie locale et Ă la variĂ©tĂ© des sols par plusieurs siĂšcles de culture locale. Si au Portugal il donne des vins ordinaires, ici ce sont des vins fins et corsĂ©s, riches en degrĂ©. Il reprĂ©sente environ 5 % de lâencĂ©pagement du vignoble[5].
Le pinot noir N est implantĂ© depuis aussi longtemps que dans le vignoble de Bourgogne voisin. CĂ©page trĂšs qualitatif, il donne des vins rouges trĂšs corsĂ©s et Ă la capacitĂ© de garde importante. Ils sont plus minĂ©raux que leurs cousins bourguignons. C'est un cĂ©page adaptĂ© au climat Ă tendance continentale (hiver froid et sec, Ă©tĂ© trĂšs chaud) et au sols calcaires[a 2]. Il reprĂ©sente environ 8 Ă 10 % de lâencĂ©pagement du vignoble[5].
Le savagnin B est un cĂ©page trĂšs ancien. AppelĂ© traminer dans les pays germaniques, il serait originaire du Tyrol en Autriche ou d'Italie[11]. C'est un cĂ©page bien adaptĂ© aux terroirs marneux. TrĂšs qualitatif, il donne des vins blancs de garde, puissants et corsĂ©s, avec un Ă©quilibre remarquable entre un fort degrĂ© alcoolique et une bonne aciditĂ©[a 3]. Tardif, c'est le dernier rĂ©coltĂ©, autrefois jusqu'Ă la Toussaint. Apte Ă l'Ă©levage oxydatif, il donne entre autres, le vin jaune, modĂšle de conservation Ćnologique. Il reprĂ©sente 17 % de l'encĂ©pagement et donne des rendements moyens de 35 hectolitres par hectare[5]. Il est, aujourd'hui aussi vinifiĂ© Ă l'abri de l'oxydation (vinification normale des blancs), pour donner des vins Ă la fois aromatiques et minĂ©raux, pouvant se rapprocher d'un gewurztraminer en plus charnu et minĂ©ral.
- Chardonnay
Le chardonnay B est implantĂ© depuis aussi longtemps qu'en Bourgogne. AdaptĂ© aux sols calcaires et marneux, il donne des vins de grande classe, puissants, amples, minĂ©raux, conservant une bonne aciditĂ© et aptes au vieillissement[a 4]. Il reprĂ©sente 50 % de lâencĂ©pagement du vignoble jurassien et produit environ 55 hectolitres par hectare[5].
Vinification et Ă©levage
Vinification en vin blanc
Pour l'Ă©levage du vin oxydatif sous voile, les barriques sont laissĂ©es sans ouillage (ouillage vient du mot Ćil, remplir complĂštement le fĂ»t jusqu'Ă l'Ćil). Sans ouillage, un voile de levure se forme Ă la surface du vin. Le cĂ©page savagnin se prĂȘte le plus Ă la prise de voile, certains vignerons vont le proposer avec le cepage chardonnay, qui s'y prĂȘte moins, mais dans des fĂ»ts qui ont dĂ©jĂ servis Ă l'Ă©laboration de vins jaunes. Le vin de cepage savagnin peut ĂȘtre Ă©levĂ© ouillĂ© ou bien sous voile. AprĂšs au moins six ans et trois mois d'Ă©levage de savagnin sous voile, il donne un vin trĂšs particulier, le vin jaune, conditionnĂ© en bouteille spĂ©cifique de type clavelin (62 cl).
- ChĂąteau-chalon (AOC) et ses arĂŽmes typiques.
- Vieux millésime de vin jaune.
Pour faire du vin de paille, on rĂ©colte les plus belles grappes, souvent en dĂ©but de vendanges. Elles doivent ĂȘtre bien lĂąches, aĂ©rĂ©es et indemnes de toute pourriture. Elles sont mises Ă sĂ©cher au grenier, sur de la paille, des claies ou pendues Ă des fils. Quand leur taux de sucre est optimal, ce qui n'arrive qu'aprĂšs NoĂ«l, elles subissent un long pressurage qui peut durer plus de 24 heures. Le peu de jus obtenu est longuement fermentĂ© avec soins. C'est ainsi que l'on obtient un vin naturellement sucrĂ©.
- Passerillage de raisin sur claies pour l'Ă©laboration du vin de paille.
- Crémant du Jura : issu des cépages poulsard, pinot noir, trousseau, chardonnay et savagnin.
- Chardonnay, d'une couleur jaune pĂąle, leurs arĂŽmes lorsqu'ils sont jeunes rappellent le parfum de la fleur de raisin. Vieillis en fĂ»ts de chĂȘne deux ou trois ans, ils acquiĂšrent le bouquet propre au terrain jurassien (goĂ»t de pierre Ă fusil).
- Savagnin : appellation de vin blanc à base de cépage savagnin
- Vins d'assemblage : les viticulteurs jurassiens Ă©lĂšvent un vin blanc sec de type chardonnay en y associant / mariant plus ou moins de Savagnin.
- Vin jaune et chĂąteau-chalon (AOC).
- Macvin du Jura : assemblage de moût de raisin et de marc du Jura.
- Vin de paille : vin liquoreux, élaboré par passerillage.
- Marc du Jura : eau-de-vie AOC distillée à partir de marc de vignoble du Jura.
Vinification en vin rouge
Le raisin est mis en cuve pour la fermentation alcoolique. Durant celle-ci, la couleur et les tanins de la pellicule du raisin migrent dans le moût. La durée de cuvaison varie en fonction du cépage, de la qualité de la vendange et du type de vin recherché.
Le vin peut avoir des nuances diverses, fruits de la variété des cépages. Les vins de poulsard sont pùles. Rosé foncé, ce sont pourtant réellement des vins rouges qui vieillissent bien. Les vins marqués par le pinot noir et le trousseau sont colorés, corsés et complexes.
Appellations
Le vignoble jurassien est caractĂ©risĂ© par un terroir d'exception, un savoir-faire et certaines mĂ©thodes de vinification et dâĂ©levage uniques qui se transmettent de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration depuis des siĂšcles voir des millĂ©naires. Actuellement, 90 % de la surface viticole jurassienne est sous AOC.
Ces caractĂ©ristiques ont valu au Jura la premiĂšre AOC de France pour les vins dâArbois en 1936.
Le vignoble jurassien produit six Appellation d'origine contrÎlée et une Indication géographique protégée :
- cinq appellations géographiques :
- deux appellations produits :
CÎtes-du-jura et arbois regroupent les types de vin suivants : vin rouge, rosé, vin blanc sec, vin jaune, ou encore vin de paille. La commune de Pupillin peut adjoindre son nom à celui d'Arbois. Il n'y a pas de hiérarchie qualitative entre arbois, cÎtes du Jura et l'étoile. On trouve des nuances liées aux terroirs et aux climats.
L'appellation l'Ă©toile ne concerne que les vins blancs tranquilles : sec, jaune et paille.
Un terroir homogÚne et particuliÚrement bien adapté au cépage savagnin donne l'appellation chùteau-chalon consacrée uniquement au vin jaune.
Le crémant du Jura concerne uniquement les effervescents. Le macvin du Jura est une mistelle, assemblage de marc du Jura et de moût non fermenté.
Villes et villages viticoles du nord au sud par canton
- canton de Villers-Farlay : Champagne-sur-Loue, Cramans, Port-Lesney, Grange-de-Vaivre, Mouchard ;
- canton de Salins-les-Bains : Aiglepierre, Marnoz, Salins-les-Bains ;
- canton d'Arbois : Les Arsures, Montigny-lĂšs-Arsures, Villette-lĂšs-Arbois, Vadans, Mathenay, Mesnay, Arbois, Pupillin ;
- canton de Poligny : Buvilly, Poligny, Miéry ;
- canton de SelliÚres : Monay, SelliÚres, Toulouse-le-Chùteau, Saint-Lothain, Darbonnay, Passenans, Bréry ,Mantry.
- canton de Voiteur : Frontenay, Menétru-le-Vignoble, Domblans, Saint-Germain-lÚs-Arlay, Chùteau-Chalon, Voiteur, Nevy-sur-Seille, Le Vernois, Lavigny, Montain, Baume-les-Messieurs ;
- canton de Bletterans : Arlay, Ruffey-sur-Seille, Quintigny ;
- canton de ConliÚge : PannessiÚres, Crançot, Perrigny, Montaigu, ConliÚge ;
- canton de Lons-le-Saunier-Nord : L'Ătoile, Saint-Didier, Chille, Montmorot, Lons-le-Saunier ;
- canton de Lons-le-Saunier-Sud : Chilly-le-Vignoble, Courbouzon, Macornay, Trenal, Gevingey, Cesancey, Vernantois ;
- Canton de Beaufort : Cesancey, Sainte-AgnĂšs, Vincelles, Grusse, Vercia, Rotalier, Orbagna, Beaufort, Maynal, Augea, Cousance, Gizia ;
- canton de Saint-Amour : Balanod, Saint-Amour, Saint-Jean-d'Ătreux.
Vins spécifiques du Jura
- Le vin jaune est un vin Ă©laborĂ© Ă partir du cĂ©page Savagnin et qui est le rĂ©sultat dâune mĂ©thode d'Ă©levage particuliĂšrement longue. AprĂšs fermentation, il doit ĂȘtre conservĂ© et laissĂ© tranquille dans un fĂ»t de chĂȘne pendant 6 ans et 3 mois. Cet Ă©levage long et sans soutirage ni ouillage a pour consĂ©quence un vieillissement de plusieurs annĂ©es sous un voile de levures (Mycoderma vini) qui prolifĂšre Ă la surface du vin. Ces levures protĂšgent le vin de l'oxydation. Une fois le vieillissement terminĂ©, le vin est mis en bouteille de 62 cl, le clavelin ; cette quantitĂ© est celle restant d'un litre initial aprĂšs les 6 ans et 3 mois de vieillissement.
- Le vin de paille est Ă©laborĂ© avec des raisins sĂ©chĂ©s, concentrĂ©s en sucre. Ce nâest pas comme les vendanges tardives en Alsace, oĂč on laisse le raisin bien mĂ»rir sur les ceps de vigne. Ici, on cueille les grappes au moment des vendanges et on sĂ©lectionne les plus saines que lâon fait sĂ©cher sur des claies, suspendues sur des fils ou sur de la paille (dâoĂč le nom) pendant plusieurs mois (2 Ă 5 mois), avant de les presser. Le rendement est de ce fait trĂšs faible (100 kg de raisin pour faire une vingtaine de litres de vin de paille). Câest pour cela que le vin est mis dans des bouteilles de 37,5 cl.
- Le Macvin du Jura, qui a obtenu l'AOC en 1991, est un vin de liqueur (ou mistelle) Ă©laborĂ© Ă partir dâun mĂ©lange dâeau-de-vie de marc et de moĂ»t de raisins Ă©levĂ© dans des cuves pendant 12 mois, Ă raison dâun litre de marc pour 2 litres de jus de raisin. Il est rouge ou blanc, suivant les cĂ©pages utilisĂ©s, puisquâon peut le faire avec les cinq cĂ©pages. Son Ă©laboration sâapparente au Pineau des Charentes, au floc de Gascogne, au ratafia de Bourgogne ou encore Ă la carthagĂšne du Languedoc.
Gastronomie
Les vins du Jura sont un élément important de la cuisine franc-comtoise, au sein de laquelle ils sont associés notamment au comté ou aux morilles.
Ils sont un atout important du tourisme dans le dĂ©partement du Jura et en Franche-ComtĂ© avec l'Ćnotourisme et la route touristique des vins du Jura.
Folklore autour du vin
Vins du Jura dans la culture
La chanson du XVIe siÚcle le Tourdion célÚbre entre autres le vin d'Arbois.
Bernard Clavel, l'enfant du pays, a Ă©crit de nombreux romans sur sa rĂ©gion natale. Le vin y tient une place parfois importante, comme dans La Retraite aux flambeaux oĂč le huis clos dans la cave donne aux barriques, tĂ©moins du drame, un petit rĂŽle.
Hubert-Félix Thiéfaine, auteur-compositeur natif de Dole, fait mention du vin d'arbois dans sa chanson La Cancoillotte parue sur son premier album Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s'émouvoir.
Jacques Brel fait référence à « ce vin si joli qu'on buvait en Arbois » dans sa chanson le dernier repas.
Personnalités du vignoble
- Louis Pasteur, natif de Dole en 1828, avait une maison familiale à Arbois (maison de Louis Pasteur à Arbois), et un vignoble expérimental (vigne de Louis Pasteur). Il y venait s'y ressourcer et c'est là qu'il a travaillé sur les maladies du vin et étudié les phénomÚnes de la fermentation. Ces recherches l'ont conduit a inventer la pasteurisation[1].
- Alexis Millardet, né en 1838 à Montmirey-la-Ville, a créé des hybrides entre vignes européennes et américaines, afin de reconstituer le vignoble jurassien détruit par le phylloxéra. Certaines de ses trouvailles sont encore utilisées. Par exemple le porte-greffe 101-14 MG. Il est aussi l'inventeur de la bouillie bordelaise pour lutter, entre autres, contre le mildiou.
- Henri Maire, 1917-2003 est un important viticulteur négociant, pionnier de la médiatisation du vignoble du Jura au-delà du département.
- Pierre Overnoy, né en 1937, référence locale, pionnier historique de la viticulture en France dans le domaine de l'élaboration de « vin naturel ».
- Marie-ThĂ©rĂšse Grappe, nĂ©e en 1950, prĂ©sidente fondatrice de l'Association des Ćnophiles et dĂ©gustateurs du Jura en 2004[12] et du Concours mondial du savagnin en 2014.
ConfrĂ©ries Ćnophiles et bachiques
- Commanderie des Nobles Vins du Jura et du Comté
- Association des Ćnophiles et dĂ©gustateurs du Jura, fondatrice du Concours mondial du savagnin
Patrimoine et lieux classés
FĂȘtes et Ă©vĂ©nements
- Pressée du vin de paille
- Concours mondial du savagnin
- PercĂ©e du vin jaune, plus importante fĂȘte viticole liĂ©es au vin dans ce vignoble avec un record de frĂ©quentation de plus de 60 000 visiteurs pour l'Ă©dition 2011, ce qui en fait la plus importante fĂȘte du vin en France[13].
- Le nez dans le vert, association et salon événementiel annuel, pour la promotion des viticulteurs et du vin issu de la viticulture biologique certifié par l'écolabel « Label Agriculture biologique ».
Références
- Collectif, Le guide hachette des vins 2010, p. 664-665. (ISBN 978-2-01-237514-7)
- Le code international d'écriture des cépages mentionne la couleur du raisin de la maniÚre suivante : B = blanc, N = noir, Rs = rose, G = gris.
- Certains chiffres varient selon les sources : Comité interprofessionnel des vins du Jura , DRAAF Franche-Comté et Guide des vins et des vignes de France
- Origine et histoire du vignoble jurassien sur le site des vins du Jura, consulté le 29 mai 2010.
- Sylvaine Boulanger, Le vignoble du Jura, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, , 427 p. (ISBN 2-86781-328-X, lire en ligne)
- V. Bichet & M. Campy, Montagnes du Jura, GĂ©ologie et paysages, 2008, p. 91.
- V. Bichet & M. Campy, Montagnes du Jura, GĂ©ologie et paysages, 2008, p. 81
- V. Bichet & M. Campy, Montagnes du Jura, GĂ©ologie et paysages, 2008, p. 87
- Archives climatologiques mensuelles - Mùcon (1961-1990), consulté le 8 décembre 2008.
- (es) « Tipos de uva - T », sur clubamantesdelvino.com (consulté le ).
- Klevener de Heiligenstein sur le site des vins d'Alsace, consulté le 30 mai 2010.
- « Qui sommes-nous ? Les administrateurs », Association des Ćnophiles et dĂ©gustateurs du Jura (consultĂ© le )
- « macommune.info/actualite/cuvee⊠»(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?).
Bibliographie
- Collectif, Catalogue des variĂ©tĂ©s et clones de vigne cultivĂ©s en France, Ă©dition du ministĂšre de l'Agriculture et de la pĂȘche, 1994.
- p. 218
- p. 211
- p. 235
- p. 101
- Sylvaine Boulanger, Le vignoble du Jura, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2004, 427 p.
- Michel Vernus, Vignerons, vigne le vin en Franche-Comté, éditions Cabédita, 2008.
- Emmanuel Zanni, « De collines en reculĂ©es », Le Rouge et le Blanc, no 93,â , p. 22-37 (ISSN 0759-6642).
- Ccollectif de 40 auteurs (dont Jean-Berthet-Bondet, Marie-Jeanne RouliÚre-Lambert, Claudine Charpentier, Michel Campy, Michel Vernus, JM Boursiquot, Olivier Berthaud, Patrick Etiévant, etc.), Le Chùteau-chalon, un vin, son terroirs et ses hommes, 2013.
- Michel Campy, Christian BarnĂ©oud, « Terroirs et cĂ©pages du vignoble jurassien: un mariage rĂ©ussi », Bull. Soc. Hist. Nat. Doubs, vol. 92,â , p. 31-40 (lire en ligne)
Voir aussi
Articles connexes
- Percée du vin jaune - Pressée du vin de paille
- Commanderie des Nobles Vins du Jura et du Comté
- Concours mondial du savagnin - Association des Ćnophiles et dĂ©gustateurs du Jura
- Ćnotourisme - Cuisine franc-comtoise - Route touristique des vins du Jura - Tourisme dans le dĂ©partement du Jura
- Vin jaune - Chùteau-chalon (AOC) - Vin de paille - Macvin du Jura - Arbois (AOC) - L'étoile (AOC) - Crémant du Jura
Sites internet
Videos
- La Savoie et le Jura, dans La Route des Vins sur Voyage (, 52 minutes).