Spiruline alimentaire
L'aliment communĂ©ment nommĂ© spiruline est un produit Ă base de cyanobactĂ©ries du genre Arthrospira, des bactĂ©ries photosynthĂ©tiques microscopiques bleues, gĂ©nĂ©ralement sĂ©chĂ©es et broyĂ©es. Ce n'est donc ni une plante, ni une algue, ni mĂȘme un reprĂ©sentant du genre Spirulina au sens actuel. Traditionnellement, cet aliment est consommĂ© en galettes, notamment par les Kanem du Tchad dĂšs le IXe siĂšcle, mais les AztĂšques en faisaient aussi une sorte de fromage. La spiruline a Ă©tĂ© redĂ©couverte au XXe siĂšcle en tant que complĂ©ment alimentaire, et sa commercialisation dĂ©veloppĂ©e dans les annĂ©es 1970 par les pays industrialisĂ©s, avec la mise en culture de souches de ces mĂȘmes cyanobactĂ©ries.
L'espĂšce la plus frĂ©quemment offerte sur le marchĂ© au dĂ©but du XXIe siĂšcle est Arthrospira platensis, cultivĂ©e principalement en Chine (50 % de la production mondiale de 5 000 tonnes en 2013), aux Ătats-Unis (Californie et HawaĂŻ), en France (environ 250 producteurs artisanaux), ainsi qu'en Afrique : CĂŽte d'Ivoire (AdzopĂ©), Mali (Mopti, SĂ©gouâŠ), Burkina Faso (Koudougou).
Les espĂšces
Les sections suivantes entendent par « spiruline » uniquement les spirulines alimentaires.
La spiruline correspond Ă de nombreuses espĂšces de forme spiralĂ©e (d'oĂč son nom). Il existe prĂšs de 2 000 espĂšces de cyanobactĂ©ries et seulement 36 espĂšces d'Arthrospira sont comestibles[1].
L'espÚce la plus consommée et cultivée est Arthrospira platensis (synonyme Spirulina platensis) ; Limnospira maxima (syn. Spirulina maxima et Arthrospira maxima ) est également consommée dans une moindre mesure[2].
Le nom Spirulina pacifica parfois mis en avant ne correspond pas Ă une espĂšce, mais Ă une appellation commerciale.
Histoire
Culture aztĂšque
La spiruline a Ă©tĂ© une source de nourriture pour les AztĂšques, peuple d'une civilisation prĂ©colombienne vers 1200 apr. J.-C. jusqu'Ă 1521 apr. J.-C., voire d'autres MĂ©so-AmĂ©ricains. Son importance dans le rĂ©gime alimentaire est difficilement estimable mais l'on en retrouve des tĂ©moignages abondants de la part des Conquistadors espagnols au XVIe siĂšcle, et notamment de son importance Ă©conomique[3]. Parmi les plus notables, l'on compte Francisco LĂłpez de GĂłmara, qui en parle dans son Historia general de las Indias (1552), relevant que « [les AztĂšques] en mangent comme nous mangeons du fromage, et cela a un petit goĂ»t salĂ© qui va trĂšs bien avec le chilmolli » (Comen esto como nosotros el queso, y asĂ tienen un saborcillo de sal que con chilmolli es sabroso.)[3] - [4]. L'historien Juan Bautista Pomar le qualifiait Ă la mĂȘme Ă©poque de « fromage terrestre » (queso de la tierra).
Son exploitation Ă partir du lac Texcoco et la vente de gĂąteaux sont dĂ©crites avec prĂ©cision au XVIe siĂšcle[3] mais le drainage des lacs du pourtour de l'ancienne capitale aztĂšque de Mexico-Tenochtitlan par les Espagnols aprĂšs la Conquista et le dĂ©peuplement massif de l'empire aztĂšque ont entraĂźnĂ© un dĂ©clin majeur de l'utilisation de spiruline[5]. Le prĂȘtre jĂ©suite Francisco Javier Clavijero en remarquait toutefois encore l'utilisation en 1780 [6] : « Ils ne mangeaient pas seulement des choses vivantes mais aussi une substance vaseuse qui surnageait sur le lac, qu'ils rĂ©coltaient, sĂ©chaient un peu au soleil et en faisaient des galettes qu'ils sĂ©chaient Ă nouveau et conservaient pour l'utiliser comme fromage, dont le goĂ»t s'en rapproche. » (ComĂan no solamente de las cosas vivientes, sino aun de cierta substancia limosa que sobrenadaba en el lago, la cual recogĂan, secaban un poco al sol y hacĂan de ella unas tortas que volvĂan a secar y guardaban para que les sirviese de queso, cuyo sabor remeda. Daban a esta substancia el nombre de tecluitlatl.).
Les AztĂšques appelaient ce produit tecuitlatl (en langue nahuatl classique), Ă©tymologiquement interprĂ©tĂ© comme signifiant « excrĂ©ment du rocher » (SimĂ©on, 1988:453) ou « excrescence/rĂ©sidu de pierres » (Karttunen, 1992:73). Robelo (1941:245) remarque toutefois que le mot cuitlatl habituellement traduit par l'idĂ©e d'« excrĂ©ment » pouvait en rĂ©alitĂ© prendre en nahuatl une connotation extrĂȘmement positive, comme c'est apparent dans le cas des mots pour « or » (costicleocuitla â littĂ©ralement, « excrĂ©ment jaune des dieux ») et « argent » (iztacteoclIitlak â littĂ©ralement, « excrĂ©ment blanc des dieux »). Il note par ailleurs qu'il y a un doute sur le suffixe exact utilisĂ© dans le mot tecuitlatl : il pourrait s'agir non pas de tetl (« pierre » ou « rocher »), mais plutĂŽt de teotl (« sacrĂ©, merveilleux, Ă©trange, surprenant ») â Robelo propose donc Ă©galement comme traduction, « excrĂ©ment sacrĂ© »[3].
Le lexicologue Rémi Siméon mentionnait encore l'utilisation de tecuitlatl en 1885, mais l'usage quotidien avait alors quasiment disparu bien que la spiruline, de l'espÚce Arthrospira maxima, ait été trouvée en abondance au bord du lac Texcoco dans les années 1960 et exploitée commercialement dans les années 1970.
Culture Kanem (Tchad actuel)
Il est possible que la consommation de ces cyanobactĂ©ries ait une origine encore plus ancienne, aux frontiĂšres du Tchad actuel, oĂč elle serait connue dĂšs le IXe siĂšcle sous lâEmpire du Kanem. RĂ©coltĂ©e Ă partir de petits lacs et dans des Ă©tangs autour du lac Tchad, la spiruline est mise Ă sĂ©cher sur le sable. Elle est encore consommĂ©e quotidiennement sous la forme de gĂąteaux secs appelĂ©s « DihĂ© », utilisĂ©s pour faire des bouillons pour les repas, ou bien vendue sur les marchĂ©s. Au dĂ©but des annĂ©es 2000, les Kanembou en consomment environ 40 grammes par personne et par jour, rĂ©pondant Ă une partie significative de leurs besoins nutritionnels[7].
Ă noter que la spiruline alimentaire utilisĂ©e dans le Kanem provient du mĂȘme genre que celle qui Ă©tait utilisĂ©e par les AztĂšques, mais d'une espĂšce diffĂ©rente : Arthrospira platensis, identifiĂ©e en 1967[8].
Redécouverte par les pays industrialisés
DĂšs 1959, l'ethnologue Max-Yves Brandily et son Ă©pouse ethnomusicologue Monique remarquent l'usage de la spiruline par les populations du Tchad oĂč ils mĂšnent leurs recherches et publient un article[9] - [10]. En 1967, le botaniste belge Jean LĂ©onard ramĂšne d'une expĂ©dition au Tchad ces galettes sĂšches. Elles sont constituĂ©es de cyanobactĂ©ries, identifiĂ©es Ă l'Ă©poque par son compatriote phycologue Pierre CompĂšre comme Spirulina platensis. Vendues sur les marchĂ©s et consommĂ©es par les indigĂšnes, il s'avĂšre que ces galettes sont particuliĂšrement riches en protĂ©ines et possĂšdent de ce fait une grande valeur nutritionnelle[8]. On apprendra plus tard que la consommation de ces cyanobactĂ©ries remonte Ă leurs lointains ancĂȘtres.
Au dĂ©but des annĂ©es 1970, la spiruline devient extrĂȘmement populaire dans les pays industrialisĂ©s en quĂȘte de super-aliments[11].
Composition
La composition de la spiruline peut varier considĂ©rablement selon les facteurs environnementaux, la saison et les mĂ©thodes de production[12]. La spiruline contient en moyenne 60 % de protĂ©ines (51-71 % selon le stade physiologique et la pĂ©riode de rĂ©colte) pour une digestibilitĂ© de 60 % chez l'ĂȘtre humain[13].
Elle contient Ă©galement des vitamines A, E, D, B1, B2, B3, B6, B8, K, du bĂȘta-carotĂšne, des minĂ©raux et des oligo-Ă©lĂ©ments (calcium, phosphore, magnĂ©sium, fer, zinc, cuivre, manganĂšse, chrome, sodium, potassium, sĂ©lĂ©nium).
La spiruline n'est ni une plante, ni une algue. Elle est cependant trĂšs riche en chlorophylle et en phycocyanine qui sont des pigments quâon retrouve aussi dans les vĂ©gĂ©taux. Ces derniers, par leurs propriĂ©tĂ©s, vont donner Ă la spiruline une couleur bleu-vert. La phycocyanine est une phycobiliprotĂ©ine, association par liaison covalente d'apoprotĂ©ines et de pigments de la famille des bilines et pigment accessoire de la photosynthĂšse dans la spiruline.
Elle contient Ă©galement des enzymes, dont la plus importante est la superoxyde dismutase (SOD) qui contient du fer[12].
Enfin, cette cyanobactĂ©rie contient les acides gras essentiels omĂ©ga 6 et acide gamma-linolĂ©nique. Certains aminoacides ne sont prĂ©sents quâen faible quantitĂ© : acides aminĂ©s soufrĂ©s (mĂ©thionine et cystĂ©ine) et la lysine[14].
Minéral | Pour 10 g | AJR[17] | % AJR |
---|---|---|---|
Ca | 12 mg | 800 mg | 1,5 % |
Fe | 2,85 mg | 14 mg | 20,4 % |
Mg | 19,5 mg | 375 mg | 5,2 % |
P | 11,8 mg | 700 mg | 1,7 % |
K | 136 mg | 2 000 mg | 6,8 % |
Zn | 0,2 mg | 10 mg | 2 % |
Cu | 0,61 mg | 1 mg | 61 % |
Mn | 0,19 mg | 2 mg | 9,5 % |
Na | 105 mg | 1 500 mg[18] | 7 % |
Protéines | 55 à 70 % |
Glucides | 15 Ă 25 % |
Lipides | 4 Ă 7 % |
Minéraux | 7 à 13 % |
Fibres | 2 Ă 8 % |
Acides nucléiques[12] | 5 % |
Vitamine | Pour 10 g | % AJR[17] |
---|---|---|
Pro-A (beta-carotĂšne) | 34,2 ÎŒg | 0,7 % |
E | 0,5 mg | 4,2 % |
B1 | 0,24 mg | 22 % |
B2 | 0,37 mg | 26,4 % |
B6 | 0,036 mg | 2,6 % |
B9 | 9,4 ”g | 4,7 % |
La spiruline a une trĂšs haute digestibilitĂ© de lâordre de 75 Ă 83 %, car sa paroi est composĂ©e de murĂ©ine qui est beaucoup plus digestible par rapport aux parois pectocellulosiques classiques.
Usages
Complément alimentaire
Le complément alimentaire appelé « spiruline » est produit à partir d'espÚces du genre Arthrospira. Les souches mises en culture sont principalement issues de l'espÚce Arthrospira platensis et dans une moindre mesure d'Arthrospira maxima (syn. Spirulina maxima).
Arthrospira platensis est cultivée industriellement sous le terme de spiruline en raison de sa valeur nutritionnelle[19].
SystĂšmes de support spatiaux
Le projet MELiSSA [20] (Micro-Ecological Life Support System Alternative) de l'ESA, la considÚre comme un organisme viable pour satisfaire leur objectif : recréer un écosystÚme ayant pour modÚle l'écosystÚme terrestre susceptible d'accompagner des astronautes dans l'espace lors de voyages habités de longue durée. La spiruline serait alors un aliment indispensable à la survie des hommes à bord. Elle produirait également une grande quantité d'oxygÚne.
La NASA travaille Ă©galement depuis la fin des annĂ©es 1980 sur la spiruline avec la mĂȘme optique de la culture dans le cadre de missions de longue durĂ©e [21] - [22]
Production
Milieu naturel
Les lacs saturĂ©s de matiĂšres organiques et de soude de la ceinture intertropicale sont le milieu naturel de la spiruline alimentaire (espĂšces du genre Arthrospira). Cette cyanobactĂ©rie, de couleur bleu-vert, est celle qui domine principalement dans cet environnement chimique extrĂȘmement contraignant. Elle se multiplie Ă une trĂšs grande vitesse dĂšs que la tempĂ©rature dĂ©passe les 30 degrĂ©s.
Dans la ceinture de lacs de la VallĂ©e du Grand Rift, le flamant nain s'en nourrit, fournissant indirectement par ses dĂ©jections de l'azote Ă la spiruline. Cet azote organique est cependant d'abord rendu assimilable par la spiruline par l'intervention d'autres micro-organismes puisque la spiruline Ă©tant un organisme autotrophe, elle ne se nourrit que de minĂ©raux disponibles dans le milieu aqueux dans lequel elle vit. Cette relation Ă©cosystĂ©mique entre le genre Arthrospira et les flamants nains existe notamment dans les lacs Natron de Tanzanie, Bogoria au Kenya, ou encore Abijatta et Chitu en Ăthiopie.
D'autres plans d'eau sont naturellement riches en spiruline du genre Arthrospira, mais sans cette relation symbiotique avec le flamant rose. C'est le cas de certains wadis du Tchad, ainsi que dans le lac Ye Kharr en Birmanie. Dans le passĂ©, le lac Texcoco au Mexique, lac Paracas au PĂ©rou et le lac Lonar en Inde Ă©taient Ă©galement des lacs oĂč poussaient naturellement des spirulines du genre Arthrospira, mais la spiruline y a essentiellement disparu Ă la fin du XXe siĂšcle sous l'impact d'activitĂ©s humaines.
Principes et méthodes de production en algoculture
La culture (algoculture) de la spiruline alimentaire se pratique principalement en milieu ouvert, en bassins aquatiques de quelques dĂ©cimĂštres de profondeur, couverts ou non, et exposĂ©s Ă la lumiĂšre du Soleil, dans une eau alcaline (pH proche de 10) et maintenue Ă une tempĂ©rature comprise entre 30 et 35 °C. Elle peut Ă©galement se pratiquer en photobiorĂ©acteurs, c'est-Ă -dire en systĂšmes fermĂ©s. En conditions rĂ©elles, la productivitĂ© de bassins ouverts de type raceway (en hippodrome), tourne gĂ©nĂ©ralement autour de 6 g mâ2 jâ1 (Ă©quivalent sec)[23]. AprĂšs filtration, Ă©gouttage, lavage, Ă©ventuellement extrusion, puis sĂ©chage, on obtient un produit dĂ©shydratĂ©, qui peut se prĂ©senter sous diffĂ©rentes formes et notamment une fine poudre verte (aprĂšs sĂ©chage par atomisation ou une Ă©tape supplĂ©mentaire de concassage et de broyage).
La culture est facilitĂ©e par le fait que cette espĂšce est extrĂȘmophile et qu'il est possible de trouver une fenĂȘtre de culture oĂč le milieu est suffisamment basique et salin pour que la spiruline s'y trouve seule Ă se dĂ©velopper, dĂ©bouchant sur une situation de monoculture[23]. Le risque de contamination des cultures par d'autres espĂšces d'algues ou de cyanophycĂ©es est alors considĂ©rablement rĂ©duit.
La spiruline permet de produire une grande quantité d'éléments nutritifs essentiels sur un espace trÚs réduit. Dans une ferme, le rendement annuel est en effet de 30 à 50 tonnes de protéines à l'hectare, contre 2,5 tonnes pour le soja[24].
1970 : les débuts de l'algoculture à grande échelle de la spiruline
La premiÚre exploitation industrielle de spiruline alimentaire voit le jour au Mexique en 1970, lancée par l'ingénieur Hubert Durand-Chastel sur la base de travaux de l'Institut français du pétrole. L'unité de production de spiruline lancée par la société de production de carbonate de sodium Sosa Texcoco débute avec une capacité de production de 100 kg équivalent sec par jour d'Arthrospira maxima à fins alimentaires, passant à 1 tonne par jour en 1973[25].
L'exploitation de la Sosa Texcoco est nĂ©anmoins basĂ©e sur un milieu naturel existant. Les premiĂšres cultures hors-sol Ă grande Ă©chelle Ă©mergent peu aprĂšs avec la Siam Algae Company Ă proximitĂ© de Bangkok en ThaĂŻlande en 1979, Earthrise dans le dĂ©sert de Sonora en Californie et Cyanotech Ă HawaĂŻ aux Ătats-Unis en 1983.
La crĂ©ation d'exploitations de taille modeste, souvent qualifiĂ©es par les producteurs d'« artisanales » ou de « paysannes », Ă©merge plus tardivement mais se diffuse Ă travers le monde en commençant par l'Inde, oĂč un institut privĂ©, le MCRC, promeut le lancement de microexploitations de spiruline dans le Tamil Nadu peu aprĂšs le lancement de sa premiĂšre ferme, en 1984. L'essaimage se fait graduellement et de nombreuses microexploitations sont lancĂ©es au cours des annĂ©es 1980 et 1990 sur un modĂšle d'entrepreneuriat social et solidaire avec un milieu artificiel simplifiĂ©, rĂ©unissant une base (gĂ©nĂ©ralement grĂące Ă un apport de bicarbonate de soude), une source de salinitĂ© (sel marin/chlorure de sodium), ainsi que des intrants azotĂ©s (par exemple de l'urĂ©e), phosphatĂ©s (acide phosphorique), potassiques, ou mixtes (nitrate de potassium).
Le premier pilote de production significatif (3 000 m2) est lancĂ© en Chine populaire en 1986, mais l'actuel premier producteur mondial ne connaĂźt une accĂ©lĂ©ration du dĂ©veloppement de ses exploitations qu'au courant des annĂ©es 1990[26]. La Chine, qui fournit 50 % des 5 000 tonnes de spiruline sĂšche produites dans le monde en 2013[27], lâa dĂ©clarĂ©e aliment dâintĂ©rĂȘt national[28].
DĂ©veloppement de la culture de spiruline en France
Malgré un nombre important de projets pilotes dans les années 1960 et 1970, la premiÚre ferme commerciale de spiruline de France n'est lancée qu'en 1998. Le concept essaime avec une divergence entre trois approches principales :
- des microexploitations low-tech revendiquant l'appellation de « spiruline paysanne » et s'inscrivant dans une logique de circuit court et de vente directe ;
- des exploitations de taille intermédiaire, souvent plus techniques et capables de vendre sur des circuits de distribution traditionnels ;
- des start-ups mettant en avant des modes de production ou de consommation plus ou moins novateurs : culture en photobioréacteurs, culture en milieu urbain, etc.
Microexploitations / spiruline paysanne
En 1998, une premiĂšre exploitation de spiruline de 100 m2 est lancĂ©e Ă La Capitelle, dans le LodĂ©vois, par Philippe et Estella Calamand, Ă une Ă©poque oĂč le statut d'agriculteur n'est pas reconnu aux cultivateurs de spiruline. C'est la premiĂšre d'une longue sĂ©rie de petites fermes d'une capacitĂ© de production ne dĂ©passant gĂ©nĂ©ralement pas 1 t par an de spiruline sĂšche, des productions « paysannes » qui sont caractĂ©risĂ©es par une plus grande proportion de spiruline vendue sous des formats alimentaires (brindilles/paillettes), une moindre importance relative des formes galĂ©niques (comprimĂ©s, gĂ©lules) et des ventes rĂ©alisĂ©es essentiellement en vente directe.
En 2001, sous l'initiative de l'association humanitaire Technap, le Centre de formation professionnelle et de promotion agricole de HyĂšres, centre dĂ©partemental du ministĂšre de l'Agriculture et de la PĂȘche, commence Ă travailler Ă la mise en place d'une formation Ă la culture de la spiruline[29]. En 2003, un certificat professionnel de « Production artisanale de spiruline Ă vocation humanitaire » se matĂ©rialise. Si l'objectif initial Ă©tait de crĂ©er une filiĂšre solidaire internationale de production de la spiruline[30], cette formation sert d'accĂ©lĂ©rateur Ă la formation de spiruliniers en France et la crĂ©ation de petites fermes s'accĂ©lĂšre dans le pays.
En 2009, la filiÚre des petits producteurs français se dote d'une fédération, la Fédération des spiruliniers de France. Celle-ci compte initialement 30 membres, puis 150 adhérents en 2016 et 180 en 2019 (producteurs ou porteurs de projet). La fédération représente une partie des producteurs français dans une logique de filiÚre paysanne, à l'exclusion donc de producteurs dont l'activité de commerce serait trop importante ou produisant à plus grande échelle ou avec une logique plus industrielle, ou tout simplement ne souhaitant pas y adhérer. Ainsi, en 2017 la fédération comptait 161 adhérents sur 216 recensés en France, dont 85 producteurs[31].
En 2014, la Fédération nationale des paniers de la mer lance un programme collaboratif (ADRIA, Valorial, Algosource Technologie), soutenus par des fondations mécÚnes, en vue de développer sa culture dans des structures d'insertion par l'activité économique et sa distribution dans les réseaux nationaux d'aide alimentaire.
Ă partir de 2016, la FĂ©dĂ©ration des Spiruliniers de France porte un projet « Spiruline paysanne française » et dĂ©pose en un projet de guide de bonnes pratiques et dâhygiĂšne pour la production de spiruline paysanne Ă la Direction gĂ©nĂ©rale de lâAlimentation, service du ministĂšre de lâAgriculture. L'objectif est de participer au renforcement de la filiĂšre nationale par un travail sur la qualitĂ© nutritionnelle et sanitaire de la production, ainsi que son impact environnemental, dans un contexte oĂč 80 % de la spiruline consommĂ©e dans l'Union EuropĂ©enne est une spiruline d'importation extra-communautaire[32].
En 2019, 80 % des producteurs adhĂ©rents de la FĂ©dĂ©ration des Spiruliniers de France exploitent une surface de moins de 650 m2 et 61 % produisent moins de 500 kg par an (entre 20 et 500 kg) â Ă titre de comparaison, les plus grosses exploitations mondiales produisent plus de 300 t par an et la plus grande exploitation française, de l'ordre de 20 Ă 30 t par an.
Pour les exploitations de petite taille, la production de spiruline en France est généralement une activité saisonniÚre, avec un hivernage prononcé. Pour pallier cela certaines exploitations valorisent des sources alternatives de calories, par exemple issues du biogaz[33], tandis que d'autres travaillent avec des produits de contre-saison : spiruline importée de fermes équivalentes en Afrique ou produits enrichis à la spiruline.
Exploitations de taille intermédiaire
La production de la spiruline permettant d'importantes Ă©conomies d'Ă©chelle, des exploitations plus importantes (> 1 000 m2) apparaissent dĂšs 2003 ; en 2020 certaines approchent les 5 000 m2 et produisent un peu moins de 1 tonne pour 1 000 m2.
En 2015, une nouvelle échelle est atteinte avec le lancement de Cyane avec la société TAM qui exploite 2 ha de serres à Plougastel-Daoulas, dans le FinistÚre, avec une capacité de production de 30 t par an en 2019, ce qui en a fait la plus grande exploitation de spiruline d'Europe[34]. C'était une des fermes labellisée Agriculture biologique en France depuis 2018 grùce à l'adjonction de purins végétaux[35]. TAM ne produit plus[36]. Une autre ferme de petite taille est labellisée depuis 2019.
Soutiens institutionnels
Institutions internationales et associations d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral
Journalistes et promoteurs de la spiruline mettent souvent en avant diffĂ©rents soutiens institutionnels de la spiruline dans le but de crĂ©dibiliser l'utilitĂ© de la spiruline, mentionnant en particulier une dĂ©claration onusienne de 1974 qui en appellerait Ă dĂ©velopper la spiruline, qualifiĂ©e de « nourriture du futur » â affirmation courante, mais sans source tangible. DiffĂ©rents rapports commanditĂ©s Ă des prestataires extĂ©rieurs et communications internes sont parfois citĂ©es, ainsi qu'un avant-projet de rĂ©solution en date du , mais qui n'a pas Ă©tĂ© soumis devant la 60e session de l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies et ne marque donc aucunement une quelconque position officielle de l'ONU ou d'une de ses institutions spĂ©cialisĂ©es. Il n'a jamais Ă ce jour existĂ© de « stratĂ©gie spiruline » onusienne. Pour autant, certaines institutions spĂ©cialisĂ©es de l'ONU, et Ă premier titre la FAO, s'y intĂ©ressent de prĂšs.
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture travaille en effet conjointement avec l'Union européenne depuis 2010 sur l'amélioration de la filiÚre traditionnelle de spiruline au Tchad[37] et expérimente la promotion de la culture de spiruline en Angola depuis 2017[38] - [39].
Le travail de la FAO sur la spiruline s'assimile à celui d'une multitude d'organisations de taille beaucoup plus modeste, et le plus souvent à une échelle uniquement locale, lesquelles promeuvent ou utilisent la spiruline dans un cadre humanitaire, que ce soit par un recours direct à la spiruline ou en participant à des unités de productions de spiruline dans le cadre de thématiques d'intervention ayant trait à la nutrition. C'est notamment le cas de La chaßne de l'espoir (Inde, Togo) ou encore du Groupe de recherche et d'échange technologique (GRET). Du fait de ce foisonnement d'initiatives, on compte en 2019 plusieurs dizaines de microfermes à Madagascar ou au Burkina Faso par exemple[40].
Ă noter par contre que l'IIMSAM (Institut intergouvernemental pour lâutilisation des microalgues spiruline contre la malnutrition), fondĂ© en 2003 et souvent prĂ©sentĂ© comme une institution Ă©manant de l'ONU est en rĂ©alitĂ© un organisme indĂ©pendant aux activitĂ©s opaques qui s'est dans le passĂ© abusivement revendiquĂ©e comme Ă©tant une institution onusienne officielle et qui a notamment Ă©tĂ© impliquĂ©e dans un scandale de faux laissez-passer onusiens en 2013[41] - [42].
Soutien public à des filiÚres de production nationales ou régionales
Des initiatives de promotion de filiĂšres industrielles existent en rĂ©publique populaire de Chine[43] : au niveau de la province du Yunnan avec le 18 Bio-Project de soutien aux filiĂšres susceptibles de rapporter plus de 10 milliards de yuan (soit 1,3 milliard d'euros) de recettes fiscales par an ; de Hainan, oĂč la spiruline a Ă©tĂ© identifiĂ©e comme « secteur industriel clĂ© » par le gouvernement provincial ; et en Mongolie-IntĂ©rieure.
On retrouve Ă©galement Ă une Ă©chelle plus modeste, une implication de l'Ătat sur la filiĂšre spiruline alimentaire en France, tant via des pĂŽles de compĂ©titivitĂ© (Trimatec, PĂŽle Mer Bretagne Atlantique...) que via le soutien financier accordĂ© par le ministĂšre de l'Agriculture et de l'Alimentation pour favoriser l'Ă©mergence d'une filiĂšre agricole « paysanne » portĂ©e par la FĂ©dĂ©ration des Spiruliniers de France[44].
Utilisation
Mode d'administration
La spiruline est commercialisée sous plusieurs formes :
- méthodes industrielles : comprimés, poudre, gélules et liquide ;
- méthodes artisanales : brindilles, paillettes et microaiguillettes (version non transformée donc alimentaire) ;
- et parfois sous forme de produits alimentaires dérivés, dont des pùtes artisanales.
Précautions d'emploi
Les études cliniques ou en cultures cellulaires[45] sur les effets de la spiruline sont trop peu nombreuses pour prouver des effets positifs ou négatifs chez l'Homme.
Selon les National Institutes of Health (NIH), en juin 2011, il n'y avait pas assez de preuves scientifiques pour recommander une supplémentation en spiruline pour l'Homme et les Instituts demandaient des recherches supplémentaires pour clarifier le rapport bénéfices/risques[46].
Les éventuels et rares effets indésirables qui ont été décrits sont des nausées et des réactions allergiques[47].
« Par mesure de précaution, la spiruline est déconseillée chez les femmes enceintes ou qui allaitent. » Elle l'est également chez les personnes sujettes à la goutte, aux calculs rénaux ou ayant un taux sanguin élevé d'acide urique.
En outre, l'Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail s'inquiĂšte de l'importante concentration en bĂȘta-carotĂšne pouvant conduire Ă un dĂ©passement de la limite d'apport quotidienne.
Risques sanitaires
Cette cyanobactĂ©rie, lorsqu'elle est cultivĂ©e dans des lacs naturels ou artificiels susceptibles d'ĂȘtre polluĂ©s, accumule les mĂ©taux lourds comme le plomb ou le mercure[48], des toxines et des bactĂ©ries pouvant provoquer des ĆdĂšmes de Quincke, troubles digestifs sĂ©vĂšres, affection du tissu musculaire, insuffisance rĂ©nale[49]. « Il est donc important de se renseigner sur son origine et sa qualitĂ© »[50].
Ă la suite de la dĂ©claration de 49 cas d'effets indĂ©sirables susceptibles d'ĂȘtre liĂ©s Ă la consommation de complĂ©ments alimentaires contenant de la spiruline, l'ANSES publie un avis en [51]. Elle souligne que les produits contenant de la spiruline peuvent ĂȘtre contaminĂ©s par des cyanotoxines, par des bactĂ©ries ou par des Ă©lĂ©ments traces mĂ©talliques.
NĂ©anmoins, elle souligne qu'en dehors du risque de contamination, la spiruline ne semble pas prĂ©senter de risque sanitaire Ă de faibles doses (entre 3 et 5 grammes par jour chez lâadulte).
Ătudes sur les effets de la spiruline
Les propriétés anti-inflammatoires, antioxydantes et immunomodulatrices de la spiruline ont été largement étudiées jusqu'à présent et des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer leurs implications cliniques, en particulier à long terme[52].
RÎle hypolipémiant ou hypocholestérolémiant
Les effets hypolipémiants d'extraits de spiruline ont été démontrés sur différents modÚles animaux dont le rat, la souris, le hamster et le lapin. Il a été montré qu'un traitement par la spiruline permet de minimiser la stéatose hépatique (accumulation de triglycérides dans les cellules hépatiques) et de normaliser les taux de HDL, LDL et VLDL cholestérol. De plus, il a été observé qu'en réponse à un régime comprenant de la spiruline, le niveau d'apolipoprotéine B diminuait significativement. Il se trouve que l'apolipoprotéine B est nécessaire à la formation de LDL cholestérol[53].
Dans des études sur des rats, les effets du glycolipide H-b2 isolé de l'extrait de spiruline ont été observés. Une action dose dépendante sur l'activité de la lipase pancréatique et une réduction du niveau de triacylglycérols postprandiaux ont été trouvés. La phycocyanine aurait aussi un effet inhibiteur sur la lipase pancréatique[54].
L'ingestion de phycocyanine extraite à partir de spiruline résulte en une diminution significative de cholestérol et de l'index athérogÚne tandis que les quantités de HDL cholestérol sont augmentées. Il semblerait donc que la phycocyanine soit le composé actif principal de la spiruline responsable de l'activité hypolipémiante[53].
D'aprÚs une revue systématique, la supplémentation en spiruline peut réduire la concentration plasmatique du taux de cholestérol total, du LDL-C, des triglycérides et élever ceux de HDL-C[55] - [56].
RĂŽle anti-inflammatoire
Diverses Ă©tudes ont dĂ©montrĂ© les effets anti-inflammatoires de la spiruline et notamment de la phycocyanine. La phycocyanine inhibe la formation de cytokines proinflammatoires telles que TNF-α, supprimant l'expression de la cyclooxygĂ©nase 2 (COX-2), mĂ©diateur principal de l'inflammation, et diminuant la production de prostaglandine E[53]. De plus, la phycocyanine supprimerait l'activation du facteur de transcription NF-ÎșB en empĂȘchant la dĂ©gradation du facteur cytosolique IÎșB-α et modulant l'activation des protĂ©ines kinases (MAPK) incluant p. 38, c-Jun N-terminal kinase (JNK) et la voie extracellulaire des kinases ERK1/2[53].
Un autre pigment prĂ©sent dans la spiruline serait Ă l'origine de l'activitĂ© anti-inflammatoire, le ÎČ-carotĂšne. Il aurait pour impact l'inhibition de l'expression de COX-2 ainsi que de TNF-α et IL-1 ÎČ et la production de prostaglandine E[53]. Son action s'Ă©tend aussi au facteur de transcription NF-ÎșB en bloquant la translocation nuclĂ©aire de sa sous-unitĂ© p. 65 qui possĂšde un domaine de transactivation. Mais le ÎČ-carotĂšne supprime Ă©galement la transcription de cytokines inflammatoires dont IL- ÎČ, IL-6, et IL-12 des macrophages[53].
La phycocyanine induirait l'expression de l'hémooxygénase-1 par l'intermédiaire de la phycocyanobiline qu'elle contient, et jouerait diverses activités anti-inflammatoires[57].
Action immuno-modulatoire
Il y aurait une corrĂ©lation entre les concentrations de ÎČ-carotĂšnes et d'acide ascorbique et la quantitĂ© de lymphocytes NK (Natural Killer). Cela a Ă©tĂ© montrĂ© dans une Ă©tude in vitro visant Ă comparer les effets de la spiruline cultivĂ©e en eau de surface ou en eau profonde. En effet, on observe une augmentation significative du nombre de lymphocytes NK en prĂ©sence de spiruline cultivĂ©e en eau profonde par rapport Ă la spiruline cultivĂ©e en eau de surface. Une analyse HPLC a permis de constater que les concentrations de ÎČ-carotĂšnes et d'acide ascorbique sont significativement augmentĂ©es chez la spiruline cultivĂ©e en eau profonde[58].
Les effets sur les cytokines et sur la prolifération des lymphocytes sont contrastés selon les différences d'ùge, de sexe et de poids corporel[59].
Action antibactérienne
La spiruline possÚde des mécanismes de défense pour lutter contre les bactéries pathogÚnes. En effet, des études in vitro d'extraits de spiruline sur les bactéries E. coli et S. aureus ont permis d'observer un potentiel antimicrobien[60]. Au contraire, un effet inhibiteur faible ou nul a été observé contre d'autres bactéries (Pseudomonas aeruginosa, Salmonella typhirium et Klebsiella pneumoniae)[59].
Les résultats de différents extraits de spiruline sur diverses bactéries ne permettent pas de définir une substance antibactérienne particuliÚre mais un spectre d'action antibactérienne qui serait un support pour démontrer le potentiel en termes d'activité antimicrobienne de la cyanobactérie[61].
Propriétés antivirales
La spiruline prĂ©sente des propriĂ©tĂ©s antivirales. Ă de faibles concentrations, elle est capable de rĂ©duire la rĂ©plication virale et de la bloquer Ă de plus fortes concentrations, sans toutefois ĂȘtre toxique pour les cellules humaines[62].
LâactivitĂ© antivirale de la spiruline serait en fait due Ă un polysaccharide sulfatĂ©, appelĂ© « Spirulane-calcium » ou Ca-Sp, qui a montrĂ© des effets inhibiteurs de la rĂ©plication de nombreux virus enveloppĂ©s par inhibition de la pĂ©nĂ©tration virale dans les cellules cibles, sans toxicitĂ© pour lâhĂŽte. Ă lâheure actuelle, le Spirulane-calcium prĂ©sente une activitĂ© contre le cytomĂ©galovirus humain, les virus de la rougeole, des oreillons, de la grippe A, du HIV-1 et du HSV-1. GrĂące Ă sa faible activitĂ© anticoagulante, sa demi-vie dans le sang et sa bioactivitĂ© dose-dĂ©pendante, le Spirulane-calcium est un candidat pour le traitement du HIV-1 et dâautre virus[63].
La spiruline pourrait ĂȘtre bĂ©nĂ©fique pour amĂ©liorer la santĂ© des personnes vivant avec le VIH en ajout de leur traitement habituel[64].
Propriétés antioxydantes
Des Ă©tudes in vivo et in vitro ont montrĂ© les effets antioxydants de la spiruline procurĂ©s par diverses molĂ©cules telles que la C-phycocyanine, les ÎČ-carotĂšnes,les tocophĂ©rol, lâacide C-linolĂ©nique et les composĂ©s phĂ©noliques[65]. Ces composĂ©s antioxydants produits par la cyanobactĂ©rie peuvent prĂ©venir ou retarder le dommage oxydatif en rĂ©duisant lâaccumulation de ROS[66] Ă travers lâactivation des systĂšmes dâenzymes antioxydantes de la catalase (CAT), superoxyde dismutase(SOD) et gluthation peroxydase (GPx)[67].
Au niveau des biomasses de spiruline, des activitĂ©s antioxydantes des phycobiliprotĂ©ines, phycocyanine et allophycocianine, ont Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©es. La C-phycocyanine possĂšde la capacitĂ© dâĂ©liminer les radicaux libres, de diminuer la production de nitrites, de supprimer lâexpression de lâoxyde nitrique synthase inductible (iNOS) et dâinhiber la peroxydation lipidique microsomale du foie[63]. Le ÎČ-carotĂšne de la spiruline possĂšde Ă©galement une activitĂ© antioxydante : il protĂšge contre lâoxygĂšne singlet mĂ©diĂ© par la peroxydation lipidique[53].
De plus, la spiruline exerce un effet protecteur contre le stress oxydatif causĂ© par lâacĂ©tate produit dans le foie et le rein chez les rats[68].
D'aprÚs une revue systématique, la consommation de spiruline peut exercer des effets bénéfiques marginal sur l'amélioration du systÚme antioxydant[69].
Propriétés anticancéreuses
LâĂ©tude de Mathew et al. (1995[70]), menĂ©e chez des chiqueurs de tabac atteints de leukoplakia orale en Inde, a montrĂ© quâune discontinuation de la supplĂ©mentation en spiruline entrainait des lĂ©sions rĂ©currentes chez plus de la moitiĂ© des sujets. Une Ă©tude animale a montrĂ© que lâingestion dâextrait de spiruline et de Dunaliella inhibait chimiquement la carcinogĂ©nĂšse dans la cavitĂ© buccale[63].
Les effets anticancĂ©reux de la spiruline ne sont pas encore bien connus et pourraient ĂȘtre dus aux ÎČ-carotĂšnes (notamment dans la prĂ©vention du cancer de la peau) et au Spirulane-calcium[71]. En effet, l'injection sur des souris de ce dernier est responsable d'une diminution de lâinvasion tumorale et des mĂ©tastases[72]. Chez S. platensis, lâextrait polysaccharidique prĂ©sente des capacitĂ©s chĂ©mo- et radioprotectrices, dâoĂč une potentielle utilisation dans les thĂ©rapies cancĂ©reuses[73].
D'aprĂšs une revue systĂ©matique publiĂ© en 2021 : « En gĂ©nĂ©ral, les composĂ©s d'Arthrospira spp. agissent comme des agents anticancĂ©reux en inhibant la prolifĂ©ration des cellules tumorales, en dĂ©clenchant l'arrĂȘt du cycle cellulaire et en induisant l'apoptose via diffĂ©rentes voies de signalisation. De plus, ces composĂ©s ont Ă©galement prĂ©sentĂ© des activitĂ©s antioxydantes, antiangiogĂ©niques et antimĂ©tastatiques. La phycocyanine a dĂ©montrĂ© une meilleure efficacitĂ© contre plusieurs types de cancer via diffĂ©rentes activitĂ©s et cibles thĂ©rapeutiques. De plus, c'Ă©tait la seule molĂ©cule qui fonctionnait en synergie avec d'autres mĂ©dicaments dĂ©jĂ bien Ă©tablis pour le traitement du cancer »[74].
Hypertension
La supplémentation en spiruline entraßne une baisse significative de la pression artérielle systolique d'environ 4 mmHg et une baisse significative de la pression artérielle diastolique d'environ 7 mmHg, en particulier chez les hypertendus[75].
Empoisonnement chronique Ă lâarsenic
Des millions de personnes au Bangladesh, en Inde, Ă TaĂŻwan et en Chine sont Ă risque dâempoisonnement chronique Ă lâarsenic via lâingestion dâeau Ă forte concentration dâarsenic. Une Ă©tude a Ă©tĂ© menĂ©e par Misbahuddin et al. (2006) sur des patients atteints durant 16 semaines, afin dâobserver lâefficacitĂ© de lâingestion quotidienne de spiruline couplĂ©e au zinc dans le traitement de cet empoisonnement chronique Ă lâarsenic. Il en rĂ©sulte que des extraits de spiruline additionnĂ©s de zinc consommĂ©s quotidiennement pourraient ĂȘtre utiles pour le traitement de lâempoisonnement chronique Ă lâarsenic avec des mĂ©lanoses et kĂ©ratoses[76] - .
La spiruline dans la culture populaire
Une avenue de la Spiruline (/Spirulinalaan) existe Ă Woluwe-Saint-Lambert, l'une des 19 communes de la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale. Elle a Ă©tĂ© inaugurĂ©e en pour rendre hommage au botaniste belge Jean LĂ©onard, professeur Ă©mĂ©rite de l'ULB et ancien Ă©chevin de la commune, qui a jouĂ© un rĂŽle important dans la rĂ©vĂ©lation des propriĂ©tĂ©s nutritionnelles de la spiruline et de son intĂ©rĂȘt pour la lutte contre la malnutrition dans les pays tropicaux dans les annĂ©es 1960[77] - [78].
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Notes et références
Notes
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