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Armée saxonne

L'armée saxonne est celle du duché de Saxe, devenu en 1356 l'Électorat de Saxe, dans le cadre du Saint-Empire. Du XVIe au début du XIXe siècle, elle prend part aux guerres de princes allemands contre les tentatives hégémoniques de la monarchie de Habsbourg, de la France, de la Suède et de la Prusse. Elle participe aux guerres de la Révolution et de l'Empire. En 1806, lors de la dissolution du Saint-Empire, l'Électorat devient le royaume de Saxe, membre de la confédération du Rhin puis, en 1815, de la confédération germanique. L'armée saxonne prend part à la guerre austro-prussienne de 1866 puis à la guerre franco-allemande de 1870-1871 après laquelle elle est intégrée à l'armée impériale allemande tout en conservant des institutions militaires distinctes.

L'armée saxonne dans le Saint-Empire (jusqu'en 1806)

De l'armée féodale à l'armée de métier

Bataille de Liegnitz en 1634.
Hans Georg von Arnim, général de la Suède, de la Pologne, de la Saxe et du Saint-Empire.
L'armée espagnole du duc de Feria marchant contre Brisach défendue par Bernard de Saxe-Weimar en 1638. Toile de Jusepe Leonardo (es) (1601–1652).
Heino Heinrich von Flemming, chef du contingent saxon Ă  la bataille de Vienne.
L’Électorat de Saxe en 1708.

L'armée saxonne est une des plus importantes armées princières du Saint-Empire romain germanique. En 1456, elle constitue la force principale de la croisade contre les Hussites de Bohême mais subit une lourde défaite à la bataille d'Ústí nad Labem (Aussig sur l'Elbe). C'est alors une armée féodale formée de vassaux servant à leurs frais et peu professionnalisée. Albert III de Saxe, duc de 1464 à 1500, est le premier à entretenir des troupes soldées.

En 1512, l'empereur Maximilien rattache la Saxe au Cercle de Haute-Saxe qui comprend aussi le Brandebourg et la Poméranie, un des 10 Cercles impériaux, circonscriptions destinées au financement et au recrutement de l'armée du Saint-Empire.

Au XVIe siècle, l'électeur Frédéric de Saxe se convertit au luthéranisme et prend la tête de la ligue de Smalkalde contre l'empereur Charles Quint, champion du catholicisme. Les princes protestants sont battus à la bataille de Muehlberg (1547) : Frédéric est alors dépouillé de son titre d'électeur qui est attribué à son cousin Maurice de Saxe, lequel combattait du côté des Impériaux. Maurice ne tarde pas à rompre avec l’empereur et à se mettre à la tête des protestants. Il renforce les défenses de ses grandes villes, Dresde, Leipzig et Pirna, et y établit des garnisons permanentes. Maurice de Saxe tente d'imposer son autorité au margrave Albert de Brandebourg, l'autre chef des protestants : il remporte sur les Brandebourgeois la bataille de Sievershausen (1553) mais, mortellement blessé, meurt deux jours plus tard. Après sa mort, la Saxe et les autres États protestants obtiennent un compromis favorable lors de la Paix d'Augsbourg (1555).

En 1566, une guerre oppose l'électeur Auguste de Saxe, fils de Maurice, soutenu par l'empereur et la Diète, à Jean-Frédéric II de Saxe, fils de Frédéric, qui tente de lui reprendre l'électorat. Jean-Frédéric, vaincu, finit sa vie en captivité.

Pendant la guerre de Trente Ans, les troupes du Cercle de Haute-Saxe, commandĂ©es par Wolfgang von Mansfeld (de), servent dans l'armĂ©e impĂ©riale et participent au siège de Bautzen (1620). L'Ă©lecteur Jean-Georges de Saxe, d'abord alliĂ© de l'empereur, se retourne contre lui après l'Ă©dit de Restitution de 1629 et l'irruption de l'armĂ©e suĂ©doise de Gustave II Adolphe en 1631. L'armĂ©e saxonne, commandĂ©e par Hans Georg von Arnim, est alors une des plus puissantes d’Allemagne. Elle compte 52 229 hommes dont 19 756 cuirassiers, 1 808 dragons, 30 416 fantassins et 250 artilleurs. Gustave-Adolphe bat les troupes impĂ©riales de Tilly Ă  la bataille de Breitenfeld (1631) et les oblige Ă  abandonner la Saxe bien que les troupes saxonnes aient Ă©tĂ© mises en dĂ©route par les ImpĂ©riaux pendant cette bataille. Gustave-Adolphe est tuĂ© Ă  la bataille de LĂĽtzen (1632) et c'est un gĂ©nĂ©ral saxon, Bernard de Saxe-Weimar, qui prend le commandement de l'armĂ©e suĂ©do-allemande. Mais il est battu par les ImpĂ©riaux Ă  la bataille de Nördlingen (1634) et se brouille avec les SuĂ©dois.

Bernard de Weimar passe alors au service du cardinal de Richelieu qui l'envoie ravager la Franche-Comté puis l'Alsace. Weimar tente de se tailler une principauté personnelle en Alsace mais meurt en 1639. Une partie de sa cavalerie passe au service de la France et devient le 1er régiment de cuirassiers.

Les Saxons, commandés par Hans Georg von Arnim, remportent sur les Impériaux la bataille de Liegnitz (1634) (de) (Legnica). L'électeur de Saxe passe alors de nouveau dans le camp de l’empereur : les troupes saxonnes et impériales sont battues par les Suédois à la seconde bataille de Breitenfeld (ou bataille de Leipzig, 1642).

Les traitĂ©s de Westphalie sont favorables Ă  la Saxe qui y gagne la Lusace et obtient, comme les autres principautĂ©s allemandes, le droit de lever des troupes sans le consentement de l'empereur ou de la Diète d'Empire. Mais, ruinĂ©e par le conflit, elle n'en profite guère : en 1651, les troupes soldĂ©es par le prince Ă©lecteur se rĂ©duisent Ă  121 cavaliers, 1 452 fantassins et 143 artilleurs. L'Ă©lecteur Jean-Georges II de Saxe, en 1660, forme une compagnie de cavalerie croate (de) et une de Garde suisse.

La Saxe est de nouveau alliĂ©e de l'empereur lors de la guerre de Hollande (1673-1678), puis pendant la grande guerre turque (1683-1699) oĂą elle envoie un contingent de 11 000 hommes, commandĂ©s par Heino Heinrich von Flemming, lors de la bataille de Vienne, et enfin pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1687-1697). Elle fournit plusieurs rĂ©giments mercenaires Ă  la solde de l'empereur, de la rĂ©publique de Venise, qui les engage contre les Ottomans dans la guerre de MorĂ©e, et des Provinces-Unies.

Cavalerie de la Garde du corps saxonne en 1699.
Auguste II, électeur de Saxe et roi de Pologne, par Nicolas de Largillière, v. 1714-1715.

Guerres du XVIIIe siècle

Jean-Georges, chevalier de Saxe par Louis de Silvestre, 1731
Woldemar de Lowendal par Johann Georg Wille
Retraite de l'armée saxonne après la bataille de Daugava pendant la grande guerre du Nord, 1701
Siège de Dantzig par les troupes russes et saxonnes pendant la guerre de Succession de Pologne, 1734
Infanterie saxonne en 1785
Officier du régiment de chevau-légers Herzog von Kurland, 1791
Artillerie saxonne en 1806

De 1697 à 1763, de façon discontinue, l'électeur de Saxe est en même temps le souverain élu de la République des Deux Nations (Pologne-Lituanie) et se trouve engagé dans une série de conflits : grande guerre du Nord (1700-1721) contre la Suède, guerre de Succession de Pologne (1733-1738) contre la France et les partisans de Stanislas Ier. Auguste II crée un corps de cadets que son fils et successeur, Auguste III, transforme en 1723 en une Ritterakademie (académie chevaleresque). En 1736, Auguste III crée l'ordre militaire de Saint-Henri.

Pendant la première guerre de Silésie (1740-1742), la Saxe est alliée de la France et de la Prusse contre les Habsbourg-Lorraine et contribue à la prise de Prague mais, ensuite, ne joue plus qu'un rôle réduit. Dans la deuxième guerre de Silésie (1744-1745), la Saxe, alliée cette fois de l'Autriche, envoie un contingent commandé par Jean-Adolphe II de Saxe-Weissenfels mais les forces autrichiennes et saxonnes réunies sont battues par Frédéric II de Prusse à la bataille de Kesselsdorf () qui laisse les Prussiens maîtres de la Silésie.

De 1756 Ă  1763, la Saxe est engagĂ©e dans la guerre de Sept Ans contre FrĂ©dĂ©ric II. L'armĂ©e prussienne occupe la Saxe sans rencontrer beaucoup de rĂ©sistance et capture 18 177 soldats saxons qui, pour une grande partie, sont enrĂ´lĂ©s de force dans les rangs prussiens. L'armĂ©e saxonne commandĂ©e par Xavier de Saxe, comte de Lusace, se reconstitue Ă  Bratislava sous tutelle autrichienne et atteint 7 731 hommes en . Elle obtient un financement français grâce au soutien de Marie-Josèphe de Saxe, Ă©pouse du dauphin de France, et son effectif monte Ă  10 000 hommes grâce aux dĂ©serteurs saxons venus de l'armĂ©e prussienne. Elle combat aux cĂ´tĂ©s des Français en Allemagne centrale.

Au cours de cette guerre, l'armée saxonne participe aux batailles suivantes :

Après la paix de Hubertsbourg (), qui met fin Ă  l'occupation prussienne, et la mort d'Auguste III puis de son fils et successeur FrĂ©dĂ©ric IV de Saxe, Xavier de Saxe, devenu rĂ©gent, renonce aux prĂ©tentions familiales sur le trĂ´ne de Pologne et se consacre Ă  la reconstruction du duchĂ©. L'effectif de l'armĂ©e est limitĂ© : lors de la revue de 1763, elle compte 9 842 fantassins, dont 651 officiers, 4 180 cavaliers (avec seulement 2 434 chevaux) et 1 158 artilleurs. 477 hommes sont affectĂ©s en permanence Ă  la garde des forteresses. Les rĂ©giments d'infanterie se succèdent par roulement pour assurer la garnison de Dresde et la garde des biens familiaux de la maison Ă©lectorale.

Au cours du XVIIIe siècle, plusieurs officiers quittent le service de la Saxe pour celui d'autres puissances : Maurice de Saxe (1696-1750) pour l'armée française, Woldemar de Lowendal (1700-1755) pour l'armée russe puis française, Gottlob Curt Heinrich von Tottleben (1715-1773) pour l'armée russe.

L'armée saxonne fournit un contingent symbolique à la Prusse lors de la guerre de Succession de Bavière (1778-1779). Un corps de chasseurs à pied (Feldjägerkorps) est créé pour la première fois pendant cette guerre mais dissous peu après. Un régiment de hussards est créé en 1790.

En 1792, la Saxe se joint Ă  la Première Coalition contre la RĂ©volution française. Elle fournit 5 bataillons d'infanterie, 10 escadrons de cavalerie et une batterie de mortiers, en tout environ 6 000 hommes et 3 000 chevaux. Le corps saxon participe Ă  la bataille de Kaiserslautern (28-), aux cĂ´tĂ©s des Prussiens, sous le commandement du duc de Brunswick. En 1795, ce corps est portĂ© Ă  9 000 hommes. En , un armistice est conclu entre la Saxe et la France et le corps saxon quitte le front du Rhin.

En 1800, chaque compagnie d'infanterie est dotée d'un détachement séparé de 8 soldats et un caporal servant comme tireurs d'élite (tirailleurs).

RĂ©giments

La rĂ©forme militaire de 1717 porte l'armĂ©e permanente Ă  30 000 hommes et rapproche le commandement de la troupe : le chef nominal du rĂ©giment est en mĂŞme temps son chef opĂ©rationnel. Les soldats sont recrutĂ©s presque uniquement sur les terres de l’Électorat, Ă  la diffĂ©rence de ce que pratiquent la plupart des principautĂ©s allemandes. L'organisation des unitĂ©s est la suivante :

  • Cavalerie de la Garde : 2 rĂ©giments (Chevaliers-Garde et Garde du Corps)
  • Cuirassiers : 4 rĂ©giments (Königlicher Prinz, Prinz Alexander, Pflugk et Criegern)
  • Dragons : 6 rĂ©giments (Baudissin, Unruh, Bielke, Birkholz, Klingenber et ?)
  • Hussards : un rĂ©giment
  • Infanterie : 9 rĂ©giments (1er de la Garde, 2e de la Garde, Königlicher Prinz, WeiĂźenfels, Diemar, Fietzner, Pflugk, DroĂźky, Marschall)
  • Artillerie (artillerie de forteresse, artillerie de campagne, un bataillon d'artillerie)
  • GĂ©nie : une compagnie de pontonniers et une de sapeurs

En 1730, l'armĂ©e saxonne compte 7 047 cavaliers et 19 415 fantassins.

En 1732, les garnisons sont réparties de la façon suivante :

Cavalerie de la Garde
Cuirassiers
Grenadiers Ă  cheval
Dragons
Infanterie de la Garde
  • 1er de la Garde Ă  Naumburg
  • 2e de la Garde Ă  Guben
  • Leibgrenadiergarde (grenadiers de la garde du corps) Ă  Dresde
Infanterie

En 1798, l'armĂ©e saxonne compte 31 644 hommes : 3 rĂ©giments de la Garde (dont un corps de 140 Suisses, seule unitĂ© Ă©trangère), 11 rĂ©giments d'infanterie, 8 de cavalerie (carabiniers Ă  cheval 1, hussards 1, chevau-lĂ©gers 4, cuirassiers 2) une artillerie Ă  pied (1 848 hommes), une artillerie Ă  cheval (242 hommes), une compagnie de pontonniers, un bataillon du train, 46 spĂ©cialistes du gĂ©nie, 608 hommes de garnison et invalides, 130 cadets.

  • Troupes du gĂ©nie saxon, XVIIIe-XIXe siècles
  • Pontonnier, sapeur et officier, 1702-1720
    Pontonnier, sapeur et officier, 1702-1720
  • Officier du gĂ©nie, conducteur et pontonnier, 1745
    Officier du génie, conducteur et pontonnier, 1745
  • Pontonnier et sapeurs, 1765-1790
    Pontonnier et sapeurs, 1765-1790
  • Soldats du gĂ©nie, 1810-1832
    Soldats du génie, 1810-1832
Victoire du maréchal Lannes sur les troupes prussiennes et saxonnes à Saalfeld. Toile d'Auguste-François Desmoulins, 1837

L'armée du royaume de Saxe (1806-1871)

Guerres napoléoniennes

Armée saxonne en 1810 : officier d'artillerie, officier du train, sergent de l'artillerie à cheval
Infanterie saxonne en 1810 : soldats et officier des grenadiers de la Garde, officier d'infanterie, mousquetaire, grenadier d'infanterie
Cuirassiers de la Garde du Corps en 1810
Hussards saxons en 1810
Bataille de Gross Beeren, 23 août 1813 : l'infanterie saxonne (à g.) défend le cimetière contre l'attaque prusienne (à dr.)
Infanterie saxonne en 1810 : soldats du rgt König et du rgt von Rechten, officier du rgt Low
Bénédiction des drapeaux de la Landwehr saxonne, 14 décembre 1813
Mutinerie des grenadiers saxons à Liège contre le commandement prussien, avril 1815

En 1806, FrĂ©dĂ©ric-Auguste de Saxe qui se joint Ă  la Quatrième Coalition contre la France. L'armĂ©e saxonne, forte de 22 000 hommes au , est commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Hans Gottlob von Zezschwitz (de). Au dĂ©but d'octobre, l'armĂ©e de NapolĂ©on, forte de 170 000 hommes, franchit la frontière occidentale de la Saxe. Les armĂ©es saxonne et prussienne, 120 000 hommes au total, sont Ă©crasĂ©es lors des batailles d'Erfurt et IĂ©na : les deux ensemble perdent 33 000 tuĂ©s, blessĂ©s et prisonniers, contre 15 000 pour les Français.

Le , la Saxe signe une paix sĂ©parĂ©e : par le traitĂ© de PoznaĹ„, elle s'engage Ă  fournir un contingent de 20 000 hommes Ă  la ConfĂ©dĂ©ration du Rhin. Le , FrĂ©dĂ©ric-Auguste de Saxe, passĂ© sous tutelle française, est proclamĂ© roi de Saxe. Les Saxons participent, aux cĂ´tĂ©s des Français et d'autres alliĂ©s allemands, au Siège de Dantzig (1807) : la forteresse se rend le . Le , NapolĂ©on passe en revue le Xe corps et fait l'Ă©loge des grenadiers saxons. La Prusse, soutenue par la Russie, rĂ©siste jusqu'en juin 1807 mais doit accepter les traitĂ©s de Tilsit (7 et ). Le roi de Prusse renonce aux territoires acquis lors des partages de la Pologne : ceux-ci constituent un duchĂ© de Varsovie dont FrĂ©dĂ©ric-Auguste devient le souverain nominal.

L'armée saxonne procède à une série de réformes. Le corps des officiers est rajeuni, le service de médecine militaire développé, la justice militaire réformée avec l'abandon des châtiments corporels. La formation de l'artillerie est améliorée. Les fantassins sont entraînés au combat en colonne et en tirailleurs, le pas de marche de l'infanterie est porté de 75 à 90 pas par minute et deux régiments d'infanterie légère sont créés en 1809.

En 1810, l'armĂ©e saxonne compte 6 577 cavaliers et 24 937 fantassins et artilleurs, soit 31 780 hommes rĂ©partis comme suit :

Cavalerie
  • RĂ©giment de Garde du Corps
  • Cuirassiers de la Garde
  • Cuirassiers von Zastrow
  • Hussards
  • Chevau-lĂ©gers Prinz Clemens
  • Chevau-lĂ©gers Polenz (vacant)
  • Chevau-lĂ©gers Prinz Johann
  • Chevau-lĂ©gers Prinz Albrecht
Infanterie
  • Grenadiers de la Garde
  • 1er rĂ©giment d'infanterie de ligne König
  • 2e rĂ©giment d'infanterie de ligne Niesemeuschel (vacant)
  • 3e rĂ©giment d'infanterie de ligne Prinz Anton
  • 4e rĂ©giment d'infanterie de ligne Low (vacant)
  • 5e rĂ©giment d'infanterie de ligne Prinz Maximilian
  • 6e rĂ©giment d'infanterie de ligne Rechten (vacant)
  • 7e rĂ©giment d'infanterie de ligne Prinz Friedrich August
  • 8e rĂ©giment d'infanterie de ligne Prinz Clemens
  • 1er rĂ©giment d'infanterie lĂ©gère
  • 2e rĂ©giment d'infanterie lĂ©gère
  • Jäger

Pendant la campagne de Russie de 1812, l'armĂ©e saxonne est intĂ©grĂ©e Ă  la Grande ArmĂ©e napolĂ©onienne. La plus grande partie constitue le 7e corps sous le commandement du gĂ©nĂ©ral français Reynier Au total, les Saxons alignent 21 200 fantassins, 7 000 cavaliers et 56 canons de 4 et 6 livres. Pendant la bataille de la Moskova (), les cuirassiers saxons perdent la moitiĂ© de leur effectif. Après la prise de Moscou le , la retraite vers l'Allemagne, sous les ordres du marĂ©chal français Victor, est dĂ©sastreuse : seuls 1 436 hommes reviennent vivants. Le corps saxon subit encore une dĂ©faite Ă  la bataille de Kalisz , le 13 fĂ©vrier 1813, contre l'avant-garde russe.

Après la dĂ©faite de NapolĂ©on en Russie, les États allemands soumis par NapolĂ©on se retournent contre lui l'un après l'autre et se joignent Ă  la Sixième Coalition autour de la Russie. La Prusse dĂ©clare la guerre Ă  la France le , l'Autriche le , la Bavière le . L'armĂ©e saxonne combat encore du cĂ´tĂ© français Ă  la bataille de Gross Beeren (), de nouveau sous les ordres de Reynier, contre une armĂ©e russo-suĂ©do-prussienne commandĂ©e par Bernadotte et BĂĽlow. Les Franco-Saxons, battus, doivent Ă©vacuer le Brandebourg et 1 500 soldats saxons capturĂ©s passent au service de la Prusse. La bataille de Dennewitz () est une nouvelle dĂ©faite pour les Franco-Saxons commandĂ©s par le marĂ©chal Ney. Pendant la bataille de Leipzig (16-), une division saxonne commandĂ©e par Gustav Xaver Reinhold von Ryssel, change de camp et retourne ses canons contre les Français. NapolĂ©on Ă©vacue la Saxe en laissant le roi FrĂ©dĂ©ric-Auguste Ă  Leipzig.

Ce qui reste de l'armée saxonne rejoint les rangs de la coalition et, sous le commandement de von Ryssel, participe au siège de Torgau (du 2 au ) avant d'être envoyé pour réorganisation à Mersebourg. Le , elle se met en marche sous le commandement du prince Charles-Auguste de Saxe-Weimar-Eisenach et des généraux von Thielmann et von Le Coq, pour se joindre au IIIe corps allemand et prendre part à la campagne de France (1814). L'armée saxonne participe au siège de Maubeuge puis à celui d'Anvers. Après l'abdication de Napoléon, le IIIe corps reste en Belgique comme troupe d'occupation.

Le traitĂ© de Vienne laisse sa couronne Ă  FrĂ©dĂ©ric-Auguste mais cède une grande partie du territoire saxon Ă  la Prusse. Les soldats saxons originaires de ce territoire reçoivent l'ordre de rejoindre l'armĂ©e prussienne. En , Ă  Liège, les grenadiers saxons se mutinent contre le commandement prussien de BlĂĽcher. Le , l'armĂ©e saxonne est divisĂ©e en deux corps : 6 807 Saxons du nord, avec les frères von Ryssel, rejoignent l'armĂ©e prussienne, tandis que 7 968 Saxons du sud, avec von Le Coq, restent sous le drapeau saxon.

Lors du retour de Napoléon en 1815 et de la guerre de la Septième Coalition, des unités saxonnes participent à l'encerclement de Sélestat et de Neuf-Brisach. Elles sont ensuite envoyées comme troupes d'occupation dans le département du Nord où elles restent jusqu'en .

Vers l'unité allemande

Infanterie de la Garde saxonne en 1835

Après les pertes humaines et territoriales des guerres napolĂ©oniennes, la Saxe n'est plus en Ă©tat d'entretenir une armĂ©e nombreuse malgrĂ© l'indemnitĂ© de 6,8 millions de francs qui lui est versĂ©e par la France. Elle participe Ă  la fondation de la ConfĂ©dĂ©ration germanique, le , alliance des États allemands sous la double tutelle de l'Autriche et de la Prusse. Elle met ses forces armĂ©es Ă  la disposition de l'armĂ©e confĂ©dĂ©rale oĂą elle constitue le IXe corps. En 1835, ces forces s'Ă©lèvent Ă  31 679 hommes dont 23 369 fantassins, 1 168 Jäger, 4 308 cavaliers, 2 473 artilleurs (avec 60 canons), 301 hommes du gĂ©nie. En 1848, près une longue pĂ©riode de paix, l'effectif est descendu Ă  12 949 hommes dont 370 grenadiers de la Garde, 6 984 hommes d'infanterie de ligne, 2 177 hommes d'infanterie lĂ©gère, 660 cavaliers de la Garde, 1 320 hommes de cavalerie lĂ©gère, 157 hommes d'artillerie Ă  cheval, 191 hommes du train, 146 ingĂ©nieurs, sapeurs et pontonniers, 131 divers.

Cavalerie saxonne en 1859
Armée saxonne, 1850-1867 : le casque à pointe prussien est adopté en 1867

Pendant la révolution allemande de 1848-1849, le IXe corps saxon participe à la première guerre de Schleswig contre le Danemark. Lors de la bataille de Dybbøl (da) (), il combat aux côtés de l'armée bavaroise. Les Danois battent en retraite, l'armée saxonne ayant perdu 3 officiers tués et 9 blessés, 111 soldats tués et blessés. Parallèlement, les troupes saxonnes, appuyées par celles de la Prusse, sont chargées de réprimer le soulèvement de mai 1849 à Dresde. Les combats font 31 tués et 94 blessés parmi les militaires prussiens et saxons, et environ 250 tués et 400 à 500 blessés parmi les insurgés.

En 1850, l'armée est réorganisée en quatre brigades d'infanterie de ligne, une d'infanterie légère et une de cavalerie. En 1852, chaque brigade est dotée d'une compagnie sanitaire. En 1860, l'infanterie est dotée de nouveaux fusils produits par les armureries de Liège. La Saxe mobilise de nouveau ses troupes en 1850 pour faire face à la crise austro-prussienne du Schlesvig et en 1859 pour soutenir l'Autriche dans la guerre d'Italie contre les Français. Aucune troupe saxonne n'est finalement engagée.

Bataille de Sadowa, 1866, tableau de Christian Sell (1831–1883)
Le fusil Dreyse Ă  chargement par la culasse

En 1866, la Saxe se range aux cĂ´tĂ©s de l'Autriche et des États de l'Allemagne du Sud dans la guerre austro-prussienne alors que les princes parents de Saxe-Altenbourg, Saxe-Cobourg et Gotha et Saxe-Lauenbourg se rangent aux cĂ´tĂ©s de la Prusse. Le royaume de Saxe mobilise 32 000 hommes sous le commandement du prince hĂ©ritier Albert de Saxe. Le , l'armĂ©e prussienne, forte de 50 000 hommes, franchit la frontière de la Saxe. L'armĂ©e saxonne se replie en BohĂŞme pour se joindre aux forces autrichiennes du gĂ©nĂ©ral Benedek. Les forces austro-saxonnes ne peuvent empĂŞcher les Prussiens de franchir les monts des GĂ©ants et sont battues Ă  la bataille de MĂĽnchengrätz (). La bataille de Sadowa (ou de Königgrätz, ), oĂą 195 000 Autrichiens et 22 000 Saxons s'opposent Ă  221 000 Prussiens, se conclut par une victoire Ă©crasante de ces derniers.

Bataille de Villiers, 29 novembre-3 décembre 1870

La Saxe, qui a perdu 89 officiers et 2 132 soldats dans cette guerre, doit intĂ©grer la ConfĂ©dĂ©ration de l'Allemagne du Nord sous la tutelle de la Prusse. L'armĂ©e saxonne, rĂ©organisĂ©e sur le modèle prussien, adopte le fusil Dreyse Ă  chargement par la culasse, le casque Ă  pointe et l'uniforme prussien, veste bleu sombre et pantalon gris.

Pendant la guerre franco-allemande de 1870-1871, l'armĂ©e saxonne, toujours commandĂ©e par le prince Albert, forme le XIIe corps de la coalition des États allemands sous commandement prussien. Elle combat aux batailles de Mars-la-Tour, Gravelotte, Villiers. Au total, pendant cette guerre, l'armĂ©e saxonne compte 104 officiers et cadets tuĂ©s, 190 blessĂ©s et 5 disparus, et parmi les soldats et sous-officiers, 1 331 tuĂ©s, 4 203 blessĂ©s et 1 009 disparus.

L'armée saxonne dans l’Empire allemand (1871-1918)

Passage de l'Elbe sur un pont de bateaux du 12e bataillon du génie royal saxon, 1910
1er régiment royal saxon d'uhlans (17e régiment d'uhlans Kaiser Karl von Österreich, König von Ungarn) à l'exercice, 1912
Caserne du 1er régiment d'artillerie de campagne saxonne (12e RA allemand) à Dresde, 1901
Bataillon de jäger saxons à l'exercice à Freiberg, 1906
Forge du 1er régiment royal saxon d'artillerie de campagne (12e RA allemand) à Dresde, 1913

Dans l'Empire allemand, la Saxe est une des trois principautés, avec la Bavière et le Wurtemberg, à maintenir des institutions militaires distinctes avec son propre ministère de la Guerre.

L'armée saxonne en temps de paix compte deux corps d'armée, le Ier, créé en 1867, et le IIe, créé en 1899. Les 4 divisions d'infanterie sont basées à Dresde (1re DI) et Bautzen (3e DI) pour le Ier corps, Leipzig (2e DI) et Chemnitz (4e DI) pour le IIe corps qui comprend aussi l'inspection générale de la Landwehr saxonne à Chemnitz.

XIIe corps (Ier corps d'armée royal saxon)

Deux divisions saxonnes sont regroupées dans le Ier corps d'armée royal saxon qui devient en 1914 le XIIe corps d'armée. Ses commandants sont tous saxons :

Il comprend deux divisions :

XIXe corps (IIe corps d'armée royal saxon)

Deux autres divisions saxonnes sont regroupées dans le IIe corps d'armée royal saxon, créé en 1899, qui devient en 1914 le 19e corps d'armée (de).

Commandants :

  • Heinrich Leo von Treitschke (de) du au
  • Alexander Vitzthum von Eckstädt du au
  • Hans von Kirchbach du au
  • Maximilian von Laffert du au
  • Adolph von Carlowitz du au
  • Karl Lucius du au
  • Max Leuthold du au

Il comprend les unités suivantes :

Pendant la Première Guerre mondiale, deux corps d'armée de réserve saxons, les 12e (de) et 27e corps de réserve (de), sont créés, ainsi que d'autres unités.

XIIe corps de réserve (saxon)

Commandants :

  • Hans von Kirchbach du au
  • Horst Edler von der Planitz du au
  • Max Leuthold du au

Il comprend les unités suivantes :

XXVIIe corps de réserve (saxon-wurtembergeois)

Commandants :

  • Adolph von Carlowitz du 1er septembre au
  • Richard von Schubert (de) du au
  • Oskar von Ehrenthal du au
  • Hans Krug von Nidda du au
  • Bernhard von Watzdorf du au

Il comprend les unités suivantes :

Autres unités
Caserne des grenadiers Ă  Dresde, 1917

Au début de la Première Guerre mondiale, les deux corps d'infanterie saxons ainsi que le XIIe corps de réserve sont regroupés dans la 3e armée commandée par le général Max von Hausen, ancien ministre de la Guerre de Saxe. Le XXVIIe corps de réserve y sera ajouté plus tard. La 3e armée participe à l'invasion de la Belgique en 1914 pendant laquelle le général Karl Ludwig d'Elsa, chef du XIIe corps, est accusé du massacre de civils belges pendant la bataille de Dinant (1914).

Au total, l'armĂ©e saxonne perd 142 000 tuĂ©s pendant le conflit.

Dissolution

Pendant la révolution de Novembre 1918, des conseils de soldats se forment dans l'armée saxonne : ils élisent comme président le social-démocrate Gustav Neuring (de) qui est nommé ministre des Affaires militaires de l'État libre de Saxe, proclamé après l'abdication du roi Frédéric-Auguste III de Saxe. Le , Neuring est noyé dans l'Elbe par des mutilés de guerre à qui il venait d'annoncer la réduction de leurs pensions. Bruno Kirchhof (de), successeur de Neuring, fait proclamer l'état de siège. Le ministère des Affaires militaires est transformé en Bureau de la Reichswehr le et finalement dissous le , ce qui met fin aux institutions militaires saxonnes.

Le traitĂ© de Versailles () n'autorise plus Ă  l'Allemagne qu'une petite armĂ©e de 100 000 hommes sans capacitĂ©s offensives, la Reichswehr. L'armĂ©e saxonne est rĂ©duite Ă  2 rĂ©giments d'infanterie, le 10e (saxon), basĂ© Ă  Dresde, et le 11e (saxon), basĂ© Ă  Leipzig ; un rĂ©giment de cavalerie, le 12e (saxon), basĂ© Ă  Dresde, et une partie du 4e rĂ©giment d'artillerie prusso-saxon. Ces unitĂ©s conservent symboliquement la tradition des rĂ©giments dissous.

Notes et références

    (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Sächsische Armee » (voir la liste des auteurs).

    Annexes

    Articles connexes

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