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Gardes du corps saxons

Le rĂ©giment des gardes du corps saxons est une unitĂ© de cavalerie lourde de l'armĂ©e du royaume de Saxe. EngagĂ©s en 1812 dans la campagne de Russie, les gardes se comportent avec distinction lors de la bataille de la Moskova en s'emparant de la « Grande Redoute Â» russe. De l'avis de l'historien Oleg Sokolov, « pour les rĂ©giments saxons de la grosse cavalerie […], la bataille de la Moskowa fut le summum de la gloire ». Le corps est anĂ©anti Ă  l'issue de la campagne.

Gardes du corps saxons
Image illustrative de l’article Gardes du corps saxons
Officier des gardes du corps saxons en 1810, par Alexander Sauerweid.

Création 1806
Dissolution 1812
Pays Drapeau du Royaume de Saxe Royaume de Saxe
Allégeance Drapeau de l'Empire français Empire français
Type RĂ©giment
RĂ´le Cavalerie lourde
Guerres Guerres napoléoniennes
Batailles Wagram
La Moskova
La Bérézina
Commandant Von Leyser (1812)

Historique

Wagram, 5 et 6 juillet 1809

Lors de la bataille de Wagram, les 5 et 6 juillet 1809, le régiment des gardes du corps saxons fait partie de la division de cavalerie du 9e corps, brigade von Gutschmidt. Son effectif est de 298 hommes répartis en deux escadrons sous le commandement du major von Hartmann[1]. Le premier jour de la bataille, la cavalerie saxonne se couvre de gloire en protégeant la retraite des fantassins de Bernadotte[2], charges au cours desquelles les gardes du corps perdent tout de même 3 officiers et 116 cavaliers tués ou blessés[1].

Les gardes du corps saxons en Russie

En 1812, Napoléon, alors maître du continent européen, lance la campagne de Russie. Le régiment saxon des gardes du corps, commandé par le colonel von Leyser, est intégré à la brigade Thielmann du 4e corps de cavalerie du général Latour-Maubourg. La brigade, outre les gardes, comprend le régiment de cuirassiers saxons de Zastrow et le 14e régiment de cuirassiers polonais[3]. Le 7 septembre 1812, après des mois de poursuite, la Grande Armée se confronte pour la première fois aux gros des forces russes lors de la bataille de la Moskova.

La Moskova

Charge des gardes du corps saxons contre les cuirassiers de la Garde russe à la Moskova. Détail du Panorama de Borodino par Franz Roubaud. Au cours des combats, le régiment des gardes du corps perd 18 officiers et 214 cavaliers, soit plus de la moitié de son effectif.

« Pour les régiments saxons de la grosse cavalerie […], la bataille de la Moskowa fut le summum de la gloire. »

— Oleg Sokolov, L'Armée de Napoléon, Commios, 2003, p. 402[3].

La brigade Thielmann est engagée face à la « Grande Redoute » de Raïevski, près du village de Semenovskoïé. Le colonel von Leyser rapporte : « les chevaux étaient à la charge, les éperons serrés, la volonté ardente, et l'honneur et la gloire nous attendaient dans la ligne des Russes ; nous arrivâmes et bousculâmes tout ». Les gardes du corps enfoncent l'infanterie russe, puis se jettent sur une batterie dont ils s'emparent au prix de lourdes pertes[3]. Le régiment tourne ensuite la position de Semenovskoïé, menaçant ainsi les arrières de l'ennemi, mais doit alors faire face à une contre-attaque de la 1re division de cuirassiers russes menée par le général Borozdine[4]. Le combat dégénère en un corps-à-corps meurtrier. Le colonel von Leyser, blessé et mis à bas de son cheval, est fait prisonnier, tandis que ses deux adjoints, les majors von Loppelholz et Hoyer, sont hors de combat[3]. Finalement, attaqués de front par les cuirassiers de Borozdine et de flanc par les hussards du régiment Akhtyrski, les Saxons reculent[4].

La Grande Redoute est prise quelque temps après par les cuirassiers de Caulaincourt. Voyant la dĂ©route de la division Kaptzewitch, les chevaliers-gardes russes se lancent dans la bataille. Après avoir stoppĂ© les carabiniers de Defrance, ils se heurtent une nouvelle fois aux cuirassiers et gardes du corps saxons, eux-mĂŞmes soutenus par la cavalerie polonaise qui est chargĂ©e Ă  son tour par le rĂ©giment des gardes Ă  cheval. Les Français prennent finalement le dessus aux alentours de 16 heures, mais entretemps l'infanterie russe a pu faire retraite[5]. Les pertes sont très lourdes de part et d'autre : chez les gardes du corps saxons, sur les 450 hommes prĂ©sents Ă  l'appel du matin du 7 septembre, 18 officiers et 214 cavaliers ont Ă©tĂ© tuĂ©s, blessĂ©s ou capturĂ©s, soit plus de 50 % de pertes[3].

En dépit de ce triste bilan, l'impact de la charge de la cavalerie saxonne s'avère décisif puisqu'il permet à l'infanterie française d'occuper et de tenir un moment la « Grande Redoute »[6]. La bravoure déployée ce jour-là par la grosse cavalerie saxonne a fait l'objet d'abondants commentaires. Le général Thielmann, dans son rapport au roi Frédéric-Auguste Ier de Saxe, note : « je peux assurer à Votre Majesté que la bravoure de ses régiments a attiré l'attention de toute l'armée française ». Un contemporain, le colonel von Exner, écrit que « le courage des lions et le mépris de la mort » dont ont fait preuve les cavaliers saxons ont permis la réussite d'une attaque que lui-même aurait jugée « impossible »[3].

Retraite de l'armée

Le 14 septembre 1812, une semaine après la bataille de la Moskova, la Grande Armée entre dans Moscou. L'occupation se prolonge jusqu'au mois d'octobre. À cette période, les vides sont si importants que le régiment des gardes du corps est réduit à un seul escadron, dont le commandement est confié au capitaine Pilsach[7]. Lors de la retraite, le corps s'effiloche peu à peu. Les derniers survivants — 20 officiers et 7 soldats pour l'ensemble des deux régiments saxons —, sont tous capturés par les Russes au passage de la Bérézina[8].

Uniformes

Gardes du corps saxons, 1810 : officier et trompette. Planche 60 du tome IX de la série Uniformenkunde, par Richard Knötel.
Couleurs distinctives du régiment (1806-1810)[9]
Habit Collet et parements Retroussis Boutons
1806 jaune paille bleus bleus agrafes jaunes
1810 jaune paille jaune paille bleus agrafes jaunes

La tenue des officiers comprend notamment un casque Ă  visière, surmontĂ© d'une chenille noire en crin de vache ou de cheval. La jugulaire est maintenue sur le cĂ´tĂ© par une rosace en forme de MĂ©duse, tandis que le bandeau en cuir noir recouvrant la base du casque est dĂ©corĂ© d'un feuillage de chĂŞne en cuivre dorĂ©. Le cimier, estampĂ© de face des initiales entrelacĂ©es « FA Â» — pour FrĂ©dĂ©ric-Auguste —, est rehaussĂ© de chaque cĂ´tĂ© d'un lion, symbole de force et de puissance[10]. La coiffure est en outre dotĂ©e d'un plumet blanc, fixĂ© Ă  gauche dans un Ă©tui au-dessus de la rosace. L'habit, de couleur jaune paille, est dotĂ© d'un collet Ă  large Ă©chancrure de couleur bleue Ă  galon dorĂ©. L'aiguillette dorĂ©e portĂ©e Ă  droite est accompagnĂ©e Ă  gauche par une Ă©paulette Ă  franges de mĂŞme couleur. Les retroussis sont de mĂŞmes teintes que le collet. L'ensemble est complĂ©tĂ© par une culotte blanche et par des bottes fortes en cuir noir[11].

L'équipement se compose d'une giberne à buffleterie dorée — elle-même bordée d'un mince galon bleu et ornée d'un écusson auquel est rattachée une petite chaînette —, et d'une ceinture aux particularités similaires à l'exception de la plaque en métal centrale. Quant au harnachement, la chabraque est en drap bleu à galon doré avec, à ses extrémités, le chiffre du roi de Saxe[11].

Trompette des gardes du corps saxons en 1810, par Alexander Sauerweid.

Pour les trompettes, la tenue est de même coupe quoique fortement différente par ses distinctives. D'après la planche de Liliane et Fred Funcken, la chenille et le plumet deviennent écarlates, tandis que le feuillage de chêne est remplacée par un turban en peau orné au centre d'une tête de Méduse. L'habit en drap écarlate est à collet bleu avec galons jaunes et bleus. Sur chaque épaule est placée une fine patte jaune à rayures blanches. Le cavalier est équipé, en plus de son instrument, d'une ceinture blanche à plaque dorée sur laquelle figure un aigle en argent[12]. Il est cependant à noter que le trompette des gardes du corps saxons donné par Serge Letine, dans l'ouvrage L'Armée de Napoléon d'Oleg Sokolov, diffère quelque peu du précédent : la chenille est représentée noire comme pour les officiers ; le galonnage du collet est jaune-rouge et non plus seulement jaune ; enfin, la patte à rayures fait place à une contre-épaulette dorée[11].

Chevaux

Le régiment des gardes du corps est monté sur des chevaux noirs de grande taille, les officiers disposant quant à eux de chevaux de couleur bai. À l'issue de la campagne de 1806 en Prusse, la remonte de la cavalerie française prive son homologue saxonne de la quasi-totalité de ses montures, d'autant que les rares conservées — pas plus d'une douzaine par escadron — restent aux dépôts[13]. Malgré cet état de fait, la grosse cavalerie saxonne conserve sa réputation d'être « l'une des meilleures formations de cavalerie d'Europe »[8]. Oleg Sokolov loue les « admirables qualités des chevaux et le haut professionnalisme des cavaliers »[14]. Les auteurs de l'ouvrage Poles and Saxons of the Napoleonic Wars renchérissent : « la cavalerie saxonne était excellente aussi bien au niveau de son entraînement que de ses compétences sur le terrain. L'héritage de la guerre de Sept Ans avait porté ses fruits. ». Lors de la campagne de Russie, les gardes du corps utilisent des chevaux plus petits et robustes que leurs prédécesseurs, tous noirs ou brun foncé, acquis auprès de marchands mecklenbourgeois[13].

Notes et références

  1. Mané 2010, p. 1.
  2. Sokolov 2003, p. 376.
  3. Sokolov 2003, p. 402.
  4. Gorokhoff 2014, p. 26.
  5. Gorokhoff 2014, p. 26 et 27.
  6. Riehn 2001, p. 253.
  7. Sauzey 1907, p. 169.
  8. Zabecki 2014, p. 1153.
  9. Funcken et Funcken 1969, p. 96.
  10. « La Méduse, casque d'officier de la Garde du corps saxons du Premier Empire », sur Musée de l'Armée (consulté le ).
  11. Sokolov 2003, p. 403.
  12. Funcken et Funcken 1969, p. 103.
  13. (en) « Napoleonic Miscallenous: Saxon Cavalry », sur napolun.com (consulté le ).
  14. Sokolov 2003, p. 375.

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Oleg Sokolov (ill. Serge Letine), L'armĂ©e de NapolĂ©on, Saint-Germain-en-Laye, Commios, , 592 p. (ISBN 2-9518364-1-4). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • GĂ©rard Gorokhoff, « Les cuirassiers russes Ă  l'Ă©tĂ© 1812 », Tradition Magazine, Le Livre chez Vous, no 275,‎ , p. 19 Ă  27 (ISSN 1774-8054). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jean Camille Abel Fleuri Sauzey, Les Allemands sous les aigles françaises : les Saxons dans nos rangs, R. Chapelot et cie, (lire en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Liliane Funcken et Fred Funcken, L'uniforme et les armes des soldats du Premier Empire : de la garde impĂ©riale aux troupes alliĂ©es, suĂ©doises, autrichiennes et russes, t. 2, Casterman, , 157 p. (ISBN 2-203-14306-1). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • DiĂ©go ManĂ©, « L'armĂ©e française Ă  Wagram, 5-6 juillet 1809 : le corps saxon de Bernadotte », Planète NapolĂ©on, Lyon,‎ (lire en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Richard Riehn, 1812 : Napoleon's Russian Campaign, New York, John Wiley & Sons, , 525 p. (ISBN 978-0-471-54302-2). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) David Zabecki, Germany at War : 400 Years of Military History, ABC-CLIO, , 1797 p. (ISBN 978-1-59884-981-3, lire en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
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