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Bataille de LĂĽtzen (1632)

La bataille de Lützen (Saxe-Anhalt), le (le selon le calendrier julien alors en usage), est l'une des batailles les plus marquantes de la guerre de Trente Ans, pendant laquelle les armées suédoises du roi Gustave II Adolphe de Suède, mort au combat, s'imposent face à des forces de la Ligue catholique dirigées par Albrecht von Wallenstein. Elle s'avère être une victoire à la Pyrrhus pour les Suédois, qui y perdent leur roi et près d'un tiers de leurs hommes. Cette victoire est mal exploitée par les Suédois, en grande partie à cause de la mort de Gustave Adolphe, génie stratégique de son époque : peu après, c'est la confusion dans les rangs de l’Union protestante.

Bataille de LĂĽtzen (1632)
Description de cette image, également commentée ci-après
La mort de Gustave Adolphe Ă  la bataille de LĂĽtzen
par Carl Wahlbom's.
Informations générales
Date ( selon le calendrier julien)
Lieu Proximité de Lützen
sud-ouest de Leipzig (Allemagne)
Issue Victoire pyrrhique suédoise
Forces en présence
12 800 fantassins
6 200 cavaliers
60 canons
10 000 fantassins initialement
3 000 fantassins en renfort
7 000 cavaliers initialement
2 000 cavaliers en renfort
24 canons
Pertes
3 400 morts
1 600 blessĂ©s
~ 5 000 morts ou blessĂ©s

Guerre de Trente Ans

Batailles

CoordonnĂ©es 51° 16′ 04″ nord, 12° 09′ 24″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Allemagne
(Voir situation sur carte : Allemagne)
Bataille de LĂĽtzen (1632)
GĂ©olocalisation sur la carte : Saxe-Anhalt
(Voir situation sur carte : Saxe-Anhalt)
Bataille de LĂĽtzen (1632)

Contexte

Deux jours avant la bataille (), le gĂ©nĂ©ral impĂ©rial Albrecht von Wallenstein dĂ©cide de diviser ses forces en deux, et se retire dans ses quartiers dans les environs de Leipzig. Il ne s'attend pas Ă  ce que l'armĂ©e protestante, principalement suĂ©doise et dirigĂ©e par le roi de Suède Gustave II Adolphe, s'aventure Ă  de quelconques manĹ“uvres. En effet, l'hiver approchant, la mĂ©tĂ©o devenait gĂŞnante pour tout combat, la pluie mouillait la poudre et les soldats s'embourbaient. Cependant, le roi suĂ©dois compte attaquer les quartiers impĂ©riaux, dans le but de prendre par surprise ses ennemis, piĂ©gĂ©s dans leurs quartiers et bagages. Il marche vers la dernière position connue de Wallenstein, mais un dĂ©tachement laissĂ© en avant-garde par Wallenstein ruine ses plans d'attaque par surprise. Le a lieu un accrochage entre les forces protestantes et l'avant-garde impĂ©riale près du ruisseau de Rippach, Ă  environ 5 ou 6 kilomètres au sud de LĂĽtzen. Cela retarde les forces suĂ©doises de deux Ă  trois heures, empĂŞchant ainsi toute offensive suĂ©doise, les deux armĂ©es Ă©tant encore sĂ©parĂ©es par 2 ou 3 kilomètres Ă  la tombĂ©e de la nuit.

Wallenstein est informĂ© de l'arrivĂ©e suĂ©doise dans l'après-midi du . RĂ©alisant le danger auquel il s'expose, il envoie une missive au gĂ©nĂ©ral Gottfried Heinrich von Pappenheim, lui ordonnant de retourner au plus vite avec ses forces armĂ©es. Pappenheim reçoit la missive juste après minuit, et se met immĂ©diatement en route afin de supporter son alliĂ© contre les forces suĂ©doises supĂ©rieures en nombre, 40 km plus loin.

Pendant la nuit, Wallenstein déploie son armée défensivement tout au long de l'axe Lützen-Leipzig, abritant ses soldats par des tranchées. Il ancre son flanc droit sur une colline à la pente douce, où il place sa principale batterie d'artillerie.

La bataille de LĂĽtzen

Positions avant la bataille.

La brume matinale ralentit la progression suédoise, mais vers 9 heures du matin pointent déjà les étendards azurés frappés de la croix d'or. Un complexe réseau de canaux empêche Gustave Adolphe de déployer correctement son armée, ne rendant possible l'offensive suédoise qu'à partir de 11 heures.

La mort de Pappenheim

Au dĂ©but, la bataille est clairement Ă  l'avantage des SuĂ©dois, et l'on prĂ©voit d'ores et dĂ©jĂ  une Ă©clatante victoire des forces protestantes. En effet, Gustave-Adolphe rĂ©ussit Ă  prendre de flanc l'armĂ©e de Wallenstein en contournant puis en attaquant la faible aile gauche de l'armĂ©e impĂ©riale. Pappenheim fait alors irruption sur le champ de bataille avec sa cavalerie, et notamment ses cuirassiers : il rĂ©ussit Ă  stopper l'avance suĂ©doise sur ce flanc grâce Ă  la charge de ses 2 000 Ă  3 000 cavaliers. Wallenstein s'exclame : « Je reconnais bien lĂ  mon Pappenheim! ». Cependant, en dirigeant lui-mĂŞme la charge, Pappenheim s'expose dangereusement Ă  l'artillerie ennemie qui arrose la position afin d'endiguer la contre-attaque impĂ©riale. Alors qu'il prend le commandement d'une autre charge, Pappenheim est atteint par un boulet d'artillerie suĂ©doise de petit calibre. Il est Ă©vacuĂ© hors du champ de bataille dans une calèche oĂą il meurt plus tard dans la journĂ©e. Au mĂŞme moment, un flottement se fait sentir dans les rangs impĂ©riaux qui mènent la contre-attaque, au point que cette dernière s'effondre devant les contre-attaques suĂ©doises.

Mort et disparition de Gustave-Adolphe

L’action de la cavalerie sur le flanc gauche impérial éventré par l’attaque suédoise continue, les deux camps faisant donner leurs réserves afin de tirer un avantage tactique de cet affrontement en repoussant l'ennemi. Peu après, aux environs de 13 heures, Gustave-Adolphe décide qu’une charge de cavalerie peut suffire à culbuter l’ennemi et lui permettre ainsi de remporter le combat à ce niveau. Il prend lui-même le commandement de ses escadres de cavalerie et charge ; cependant, dans les denses fumées résultant des mousqueteries et de la brume épaissie par la poudre, son cheval léger l’éloigne de ses compagnons cavaliers. Il est alors tué par plusieurs tirs.

On ignore pendant longtemps son sort mais, lorsque les fusils se taisent et que la fumée se dissipe, son cheval, un oldenbourg nommé Streiff (de)[1], est aperçu entre les deux lignes sans son cavalier ; Gustave-Adolphe ne se trouve pas aux environs de la position du cheval. Sa disparition est la cause directe de l’arrêt des opérations qui, jusque-là, tournaient à l’avantage des Suédois au niveau de l’aile gauche impériale. On recherche le corps du défunt monarque : défiguré, frappé par les balles de la mousqueterie, il n’est retrouvé qu’une à deux heures plus tard et évacué dans le plus grand secret dans un wagon de l’artillerie suédoise.

Entretemps, l’infanterie expérimentée du centre suédois est tenue de suivre les ordres relatifs aux plans de Gustave-Adolphe : enfoncer le centre impérial, lourdement défendu par des troupes solidement retranchées ; mais l’attaque est un échec retentissant. Ils sont en premier lieu décimés par les feux conjugués de l’artillerie et de l’infanterie impériale, avant d’être balayés par une charge d’infanterie qui camoufle une vague de cavalerie. Deux des plus vieux et des plus expérimentés des régiments suédois, à savoir le « vieux bleu » et le « régiment jaune » sont anéantis dans cet assaut meurtrier, une poignée de survivants se jetant dans les lignes désordonnées suédoises, la première se repliant déjà devant une telle concentration de feu de la part des Impériaux. Le pasteur royal, Jakob Fabricius, regroupe une poignée d’officiers suédois autour de lui et commence à chanter un psaume. Cet acte fait stopper plusieurs centaines de soldats suédois dans leur retraite, que le troisième commandant Dodo von Knyphausen peut rallier grâce à sa deuxième ligne encore préservée du feu de l’artillerie ennemie. La première ligne au moral encore chancelant se reforme alors.

Bernard de Saxe-Weimar

Vers 15 heures, le deuxième commandant de l'armée protestante Bernard de Saxe-Weimar, informé de la mort du roi, revient de l'aile gauche et prend le commandement intégral de l'armée protestante. Il veut gagner cette bataille afin de venger la mort de Gustave, ou trépasser en faisant un maximum de pertes, invalidant ainsi la légende populaire qui prétend que le sort du souverain est inconnu de toute l'armée (malgré le fait que circulent déjà des rumeurs plus tôt, mais ce n'est que le lendemain que Bernard réunit les officiers ayant survécu afin de leur révéler la vérité sur le sort de leur roi).

La bataille est une lutte sinistre, les deux armĂ©es laissant derrière elles des pertes terribles. Finalement, lorsque le crĂ©puscule tombe, les SuĂ©dois rĂ©ussissent Ă  capturer la principale batterie d'artillerie impĂ©riale, et donc sa position en hauteur après avoir refoulĂ© son aile droite. Les ImpĂ©riaux se retirent et se placent hors de portĂ©e des SuĂ©dois, leur abandonnant le terrain. Ă€ 18 heures arrive l'infanterie de Pappenheim forte de 4 000 hommes, qui a marchĂ© toute la journĂ©e guidĂ©e par le canon. Ils veulent repousser les SuĂ©dois, mais Wallenstein, pour qui la situation est dĂ©sespĂ©rĂ©e, leur ordonne de se replier, en couvrant la retraite du gros de l'armĂ©e vers Leipzig.

Conséquences et analyses

La chapelle votive construite en mémoire de Gustave II Adolphe.

StratĂ©giquement et tactiquement, la bataille de LĂĽtzen est une grande victoire de Wallenstein. Ayant Ă©tĂ© contraintes de lancer l'assaut sur des forces retranchĂ©es, les forces suĂ©doises perdent 6 000 hommes, incluant blessĂ©s graves et dĂ©serteurs, qui d'ailleurs ont repris du service quelques semaines plus tard. L'armĂ©e impĂ©riale, contrairement encore une fois Ă  la propagande suĂ©doise et plus gĂ©nĂ©ralement protestante, perd moins d'hommes que les SuĂ©dois, soit moins de 6 000 hommes, alors que les Protestants en perdent plus du tiers des leurs.

Une conséquence bien plus remarquable demeure la mort de Gustave Adolphe, commandant suprême des forces protestantes. Sans lui pour unifier les protestants allemands, leur effort de guerre perd en efficacité. Ainsi, les Habsbourg catholiques peuvent rétablir leur équilibre militaire et économique pour ensuite compenser les pertes engendrées par les actions suédoises de Gustave Adolphe.

En outre, la mort du roi de Suède permet à la France de prendre une place prépondérante au sein de la coalition anti-Habsbourg, avant d'en prendre le commandement. La régence en Suède est forcée d'accepter un rôle bien moindre pour les affrontements à venir, qui finalement sont interrompus par le traité de Westphalie de 1648.

À l'endroit où Gustave tomba se dresse une chapelle, construite en 1907 par un citoyen de Göteborg, Oskar Ekman.


Selon la plupart des historiens c'est bien Wallenstein qui a gagné cette bataille qui s'est déroulée sur la fin dans un tel brouillard ajouté à la fumée des mousquets que pour ne pas tirer sur leurs propres soldats les impériaux criaient Jesus Maria et les Protestants Lebe der König.

Wallenstein avait largement les forces de bousculer les Suédois, ce qu'il aurait dû faire après le sacrifice de von Pappenheim.

Mais horrifié par la cruauté de la guerre il a choisi d'y renoncer et de laisser la place à la négociation (ce qui n'était pas son rôle mais celui de l'empereur)

Galerie

  • Le roi Gustave Adolphe avant la bataille de LĂĽtzen, Nils Forsberg (1900)
    Le roi Gustave Adolphe avant la bataille de LĂĽtzen, Nils Forsberg (1900)
  • Jan Martszen le Jeune (nl) (1634)
    Jan Martszen le Jeune (nl) (1634)
  • Gustave Adolphe Ă  la bataille de LĂĽtzen, Jan Asselijn (1635)
    Gustave Adolphe Ă  la bataille de LĂĽtzen, Jan Asselijn (1635)
  • La bataille de LĂĽtzen, Jacques Courtois (vers 1655)
    La bataille de LĂĽtzen, Jacques Courtois (vers 1655)
  • Gustave II Adolphe Ă  la bataille de LĂĽtzen le 16 novembre 1632, Pieter Meulener (en)
    Gustave II Adolphe Ă  la bataille de LĂĽtzen le , Pieter Meulener (en)
  • Die Gartenlaube, Louis Braun (1894)
    Die Gartenlaube, Louis Braun (1894)

Notes et références

  1. Ce cheval, par la suite empaillé, est aujourd'hui exposé au Livrustkammaren (sv) de Stockholm. Il ne doit pas être confondu avec le Schwedenschimmel (de), ayant reçu le coup de grâce après avoir été blessé sous le roi lors du siège d'Ingolstadt, et conservé au musée de cette ville.

Voir aussi

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