Accueil🇫🇷Chercher

Bataille de Mars-la-Tour

La bataille de Mars-la-Tour (également appelée bataille de Rezonville ou bataille de Vionville) eut lieu le , au début de la guerre franco-prussienne. Elle se déroula dans les environs de Mars-la-Tour, village situé à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Metz. Il s'agit de la dernière grande bataille de cavalerie d'Europe[1].

Bataille de Mars-la-Tour
Description de cette image, également commentée ci-après
La dernière grande bataille de cavalerie d'Europe.
Informations générales
Date
Lieu Environs de Mars-la-Tour (Meurthe-et-Moselle, depuis 1871) (France)
Issue Victoire française non exploitée
Forces en présence
30 000 hommes puis 80 000 hommes après renforts127 000 hommes
Pertes
15 781 morts et blessĂ©s
1 drapeau
13 761 morts, blessĂ©s ou disparus

Guerre franco-prussienne de 1870

Batailles

CoordonnĂ©es 49° 06′ 11″ nord, 5° 52′ 21″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Bataille de Mars-la-Tour
GĂ©olocalisation sur la carte : Lorraine
(Voir situation sur carte : Lorraine)
Bataille de Mars-la-Tour
GĂ©olocalisation sur la carte : Meurthe-et-Moselle
(Voir situation sur carte : Meurthe-et-Moselle)
Bataille de Mars-la-Tour

Contexte historique

La retraite de l’armée du Rhin

Le maréchal Bazaine

Après avoir essuyé de multiples défaites en Alsace et en Moselle, notamment lors de la bataille de Forbach-Spicheren, l’armée du Rhin bat en retraite vers l'ouest en direction de Metz, considérée comme la plus importante place-forte d'Europe.

Napoléon III, malade et discuté, rejoint Châlons-sur-Marne et abandonne le commandement au maréchal Bazaine le . Il lui ordonne au préalable de s'occuper du repli de l'armée française sur Châlons. Mais Bazaine n'est pas de l'avis de Napoléon III. Il souhaite en effet livrer bataille rapidement, car il a confiance en la puissance de la place de Metz et omet l'incapacité de celle-ci à tenir un siège. Il ne met donc aucun empressement à exécuter l'ordre reçu et emprunte lentement la route de Verdun.

Dans l'après-midi du , les avant-gardes de l'armée du général allemand Steinmetz, probablement averties de la retraite française, livrent bataille dans les environs du village de Borny. Les Allemands en infériorité numérique se retirent dans la soirée craignant d'être la cible de l'artillerie des forts français. Mais malgré une défaite apparemment incontestable, les Prussiens ont rempli leur objectif. Ils ont en effet retardé le repli de l'armée du Rhin et permis au prince Frédéric-Charles, neveu du roi de Prusse Guillaume Ier et commandant de la IIe Armée, de poursuivre sa progression au sud de Metz sans être inquiété.

Frédéric-Charles franchit la Moselle le à Novéant. En fin d'après-midi, les avant-gardes de son armée atteignent Mars-la-Tour et barrent la route de Verdun. Les Français sont contraints de livrer bataille le lendemain.

Une rencontre fortuite des deux armées

Une patrouille de cavalerie, le 1er escadron du 9e rĂ©giment de dragons , sous les ordres du capitaine (Rittmeister) Oskar von Blumenthal, repère les 127 000 hommes de Bazaine en route vers Verdun. Ce renseignement conduit le prince FrĂ©dĂ©ric-Charles Ă  demander Ă  l'avant-garde du gĂ©nĂ©ral von Alvensleben de couper la route du repli français. C'est par hasard que les 30 000 hommes du 3e corps d'armĂ©e (de) prussien d'Alvensleben rencontrent l'armĂ©e française près de Vionville, Ă  l'est de Mars-la-Tour.

Carte allemande de la bataille. Les forces françaises sont en haut de celle-ci, les forces allemandes en bas.

DĂ©roulement de la bataille

Le , la bataille de Mars-la-Tour dĂ©bute. Vers 10 heures, le corps du gĂ©nĂ©ral Canrobert est attaquĂ© Ă  Vionville par le 3e corps d'armĂ©e (de) prussien commandĂ© par Von Alvensleben. Le corps du gĂ©nĂ©ral Le BĹ“uf est engagĂ© Ă  son tour vers midi. Les Français se regroupent et font face aux unitĂ©s prussiennes. La bataille tourne alors en mĂŞlĂ©e confuse. Les assauts prussiens sont contenus par l'artillerie française.

Au dĂ©but de l'après-midi, le 2e corps français est relayĂ© par le 6e corps et par des Ă©lĂ©ments de la Garde impĂ©riale du gĂ©nĂ©ral Bourbaki. Les troupes prussiennes sont Ă  bout et la bataille semble tourner Ă  l'avantage des Français. Mais des renforts allemands arrivent en fin d'après-midi. Ces derniers lancent alors le 7e rĂ©giment de cuirassiers, le 19e rĂ©giment de dragons et le 16e rĂ©giment d'uhlans (Ă©quivalent des lanciers) de la 12e brigade de cavalerie d'Adalbert von Bredow dans la bataille, dans le but de faire taire l'artillerie de Canrobert. Dans ce qui allait devenir la « chevauchĂ©e de la mort » de von Bredow, les cavaliers qui se lancent des lignes prussiennes Ă  14 heures profitent de l'Ă©tat du terrain ainsi que de la fumĂ©e pour dissimuler leur progression aux observateurs français. Apparaissant alors Ă  moins de 1 000 mètres des lignes françaises, la cavalerie prussienne perce Ă  deux reprises les lignes françaises, y causant un vent de panique dispersant les soldats de Canrobert. Le gĂ©nĂ©ral Frossard lance Ă  son tour les cuirassiers de la Garde impĂ©riale sur la partie gauche du champ de bataille. Dans la confusion, les cuirassiers français sont partiellement dispersĂ©s par l'infanterie de Canrobert qui fait feu sur tout cavalier Ă  portĂ©e de tir. Il s'agit lĂ  du dernier grand affrontement de cavalerie d'Europe marquĂ© par de cĂ©lèbres charges comme celle de la brigade du gĂ©nĂ©ral Joseph Bachelier.

La charge fantastique de von Bredow sonne nĂ©anmoins le glas d'une grande partie de l'Ă©lite de la cavalerie prussienne. Bien qu'ayant fait taire l'artillerie de l'adversaire, neutralisĂ© sa cavalerie et semĂ© un vent de panique dans son infanterie, la brigade de von Bredow, après ĂŞtre parvenue Ă  se retirer derrière ses lignes, ne compte plus que 420 cavaliers sur les 800 ayant pris part Ă  l'assaut. Herbert von Bismarck, le propre fils du chancelier prussien Otto von Bismarck, fait partie des blessĂ©s.

Dans ce cadre, les Français gardent l'avantage et gagnent du terrain. Comprenant qu'ils sont désormais sur le point d'être battus, les Allemands lancent une dernière offensive sur leur flanc droit, pour éviter l'encerclement. Piégés par le relief et par la présence de renforts français insoupçonnables derrière la crête, leurs troupes sont décimées et battent finalement en retraite désordonnée, à la merci de la chasse lancée par les Français. Ces derniers capturent alors leur premier drapeau ennemi de cette guerre.

Bilan, une victoire mal exploitée

Drapeau prussien du 2e bataillon du 16e régiment d'infanterie, pris à l'ennemi à la bataille de Rezonville[2].

À la fin de la journée, les deux armées bivouaquent à quelques centaines de mètres l'une de l'autre. L'attaque allemande a été repoussée. L'armée française reste maîtresse du champ de bataille et dispose d'un avantage numérique.

Bazaine peut alors choisir, soit de poursuivre les combats le lendemain avec l'appui de renforts venus de Metz, et avec de bonnes chances de battre l'armée du prince Frédéric-Charles ; soit de profiter de l'avantage de son camp pour rejoindre Verdun puis Châlons. Mais contre toute attente, il ordonne le repli de tous les corps sur le flanc ouest de Metz entre la Moselle et l'Orne, affluent de la Moselle, prétextant un manque de vivres et de munitions. Il laisse ainsi aux Prussiens la possibilité de continuer vers le nord-ouest et de barrer la route de Verdun.

Le , l’armée du Rhin est confrontée à une nouvelle bataille, celle de Saint-Privat, où la défaite lui coupe définitivement la route vers l'ouest, l'enfermant à Metz.

Le Panorama de la bataille

En 1882-1883, les peintres Édouard Detaille et Alphonse de Neuville immortalisent la bataille en réalisant un panorama intitulé : La Bataille de Rezonville . Huile sur toile de 120 mètres de long pour 15 de haut, elle représente une phase de la Bataille de Mars-la-Tour. En 1896, la toile est découpée en 115 morceaux qui sont vendus aux enchères. Une vingtaine de fragments sont au musée de Gravelotte en Moselle.

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. (en) Michael Howard, The Franco-Prussian War : the German invasion of France, 1870-1871, New York, Dorset Press, (1re Ă©d. 1961), 512 p. (ISBN 0-880-29432-9), p. 157
  2. Georges Gugliotta, Un officier d'état-major : le général Courtot de Cissey, réorganisateur de l'armée française (1810-1882), Montpellier, Université Montpellier-III, , 1109 p., p. 231.
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.