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Siège de Metz (1870)

Le siège de Metz est un blocus militaire qui s'est déroulé du au , lors de la guerre franco-allemande de 1870, et a contribué à la défaite sans appel de la France.

Siège de Metz
Description de cette image, également commentée ci-après
Défense de Metz par l’armée française, peinture d’Alphonse de Neuville.
Informations générales
Date -
Lieu Metz, France
Issue Victoire décisive prussienne
Forces en présence
134 000 hommes180 000 hommes
Pertes
47 000 morts et blessĂ©s38 000 morts et blessĂ©s et 142 000 prisonniers

Guerre franco-prussienne de 1870

Batailles

CoordonnĂ©es 49° 07′ 13″ nord, 6° 10′ 40″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : France
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Siège de Metz
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Siège de Metz
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Siège de Metz

Un blocus efficace

Après avoir Ă©tĂ© vaincu Ă  Saint-Privat et Gravelotte le , le marĂ©chal Bazaine bat en retraite vers Metz oĂą il espère trouver un appui dĂ©fensif important. Les fortifications de Metz ont Ă©tĂ© en effet renforcĂ©es et quatre nouveaux forts dĂ©tachĂ©s[α 1], complĂ©tĂ©s par des redoutes en terre, forment une seconde ceinture fortifiĂ©e qui semble infranchissable[1]. Les troupes du marĂ©chal Bazaine sont assiĂ©gĂ©es par la IIe armĂ©e prussienne, alors commandĂ©e par le prince FrĂ©dĂ©ric-Charles de Prusse, neveu du roi Guillaume Ier. Les Français tentent de rompre le siège une première fois Ă  Noisseville, puis une seconde fois Ă  Bellevue, mais sont repoussĂ©s par deux fois. La seconde partie de l’armĂ©e française, reformĂ©e au camp de Châlons et commandĂ©e par le marĂ©chal de Mac-Mahon, quitte sa position, le , pour tenter de renforcer l’armĂ©e de Bazaine, mais deux armĂ©es allemandes la piègent, le , dans les Ardennes, lors de la bataille de Sedan, oĂą elle sera contrainte de capituler, le , et oĂą NapolĂ©on III est fait prisonnier. Pour Ă©chapper Ă  la pression croissante de la population messine, qui aimerait le voir forcer le blocus, Bazaine s’établit au Ban-Saint-Martin[2]. En octobre, pas moins de 15 000 malades ou blessĂ©s s’entassent dans les hĂ´pitaux de la ville ou des baraquements de fortune. Les vivres et l’eau sont Ă  ce moment sĂ©vèrement rationnĂ©s et l’on mange des chevaux et mĂŞme des rats pour tromper la faim[2]. Il faut recourir Ă  des dispositifs spĂ©ciaux, comme le papillon de Metz pour faire sortir le courrier de la ville. L’efficacitĂ© du blocus allemand commence Ă  porter ses fruits.

  • Mise en place d'une mitrailleuse par l'infanterie française.
    Mise en place d'une mitrailleuse par l'infanterie française.
  • « Monseigneur, j'ai l'ordre de vous rendre la garde impĂ©riale. » (Colonel Wichmann - GĂ©nĂ©ral v. Fransecky - GĂ©nĂ©ral v. Stiehle - Prince FrĂ©dĂ©ric-Charles de Prusse - GĂ©nĂ©ral Desvaux)
    « Monseigneur, j'ai l'ordre de vous rendre la garde impériale. » (Colonel Wichmann - Général v. Fransecky - Général v. Stiehle - Prince Frédéric-Charles de Prusse - Général Desvaux)

Une capitulation inattendue

Les Adieux des soldats Ă  leurs officiers, dit Les Adieux, le , Ă  l’issue du siège de Metz, 226 000 militaires français, dont trois marĂ©chaux et cinquante gĂ©nĂ©raux, sont livrĂ©s aux Prussiens en vertu du protocole de la capitulation signĂ© la veille près de Metz, Ă  Montigny. Toile de ThĂ©odore Devilly en 1885. C’est dans cette localitĂ©, devant la chaussĂ©e surĂ©levĂ©e de la ligne de chemin de fer Paris-Metz, que l’artiste a placĂ© la scène d’adieux de quelques soldats prisonniers Ă  leurs officiers restĂ©s libres.

La privation de nourriture affecte durement le moral des habitants. Mais c’est la capitulation de l’armĂ©e du MarĂ©chal Mac Mahon Ă  la bataille de Sedan, et la chute de l’Empire, qui sonne le glas des espoirs messins. La place tient encore près de deux mois. Fin , le moral est au plus bas et la population commence Ă  soupçonner Bazaine d’avoir nĂ©gociĂ© en secret avec l’ennemi. Le , le Conseil de guerre renonce Ă  tenter une sortie, pour Ă©viter tout sacrifice inutile[2]. C'est au château de Frescaty, sur la commune de Moulins-lès-Metz, qu'est signĂ©e, le la capitulation de Metz entre le gĂ©nĂ©ral chef d'Ă©tat-major Jarras et le chef d'Ă©tat-major prussien[3]. EnfermĂ© dans la place forte de Metz, privĂ© de renfort, François Achille Bazaine choisit de se rendre, le [α 2], livrant Ă  l’ennemi près de 150 000 prisonniers et un matĂ©riel considĂ©rable. Le , vers 16 heures, les troupes germaniques entrent triomphalement dans la ville. Leur chef, le gĂ©nĂ©ral von Kammern, s’installe comme gouverneur Ă  l’hĂ´tel de la Princerie, le comte Guido Henckel von Donnersmarck prend ses fonctions de prĂ©fet de la Lorraine allemande[2]. L’opinion publique française est atterrĂ©e[4].

Des conséquences désastreuses

Après la chute de Metz, le prince Frédéric-Charles et la deuxième armée allemande peuvent rejoindre la vallée de la Loire avec pour objectif de vaincre le 15e corps d'armée français, l'armée de la Loire, créée dans l'urgence à partir de troupes rappelées d'Algérie, et portant les derniers espoirs de la France.

Le pays recherche des coupables à cette défaite incompréhensible. Le maréchal Bazaine est très vite accusé de mollesse devant l’ennemi, voire de trahison. Accablant Bazaine, Gambetta résume ainsi la situation :

« Metz a capitulé. Un général sur qui la France comptait, même après le Mexique, vient d’enlever à la patrie en danger plus de cent mille de ses défenseurs. Le maréchal Bazaine a trahi. Il s’est fait l’agent de l’homme de Sedan, le complice de l’envahisseur et, au milieu de l’armée dont il avait la garde, il a livré, sans même essayer un suprême effort, cent vingt mille combattants, vingt mille blessés, ses fusils, ses canons, ses drapeaux et la plus forte citadelle de la France, Metz, vierge, jusqu’à lui, des souillures de l’étranger[α 3]. »

L’attitude ambiguë de Bazaine, qui sera finalement condamné pour trahison et intelligence avec l’ennemi[4], et les nouvelles désastreuses du reste de la France, entretiennent, à cette époque, un climat délétère à Metz, qui atteindra son apogée avec une première "annexion de fait" qui sera légalisée par le Traité de Francfort en mai 1871 entérinant l'annexion de 1871 de l'Alsace-Lorraine.

Notes et références

Notes

  1. Le maréchal Niel avait affecté la somme considérable de douze millions de francs-or à la construction de ces forts.
  2. Ordre général de rendre les armes donné à l'armée du Rhin le 28 octobre 1870 : Texte sur Wikisource.
  3. Extrait du discours de LĂ©on Gambetta (1870) sur assemblee-nationale.fr

Références

  1. Dick de Lonlay, Français et Allemands, histoire anecdotique de la guerre de 1870-1871, Neiderbronn, Wissembourg, Frœschwiller, Chalons, Reims, Buzancy, Beaumont, Mouzon, Bazeilles, Sedan, Sarrebrück, Spickeren, La retraite sur Metz, Pont-à-Mousson, Borny, t. 2, Paris, Garnier, , 3e éd., 4 vol. (lire en ligne), p. 237.
  2. François-Yves Le Moigne, Histoire de Metz, Toulouse, Privat, , 448 p. (ISBN 978-2-70894-727-6, OCLC 477078231, lire en ligne), p. 334-338.
  3. François-Achille Bazaine, Capitulation de Metz : rapport officiel du maréchal Bazaine, Lyon, Lapierre-Brille, , 32 p., in-8° (lire en ligne sur Gallica).
  4. François Semur, L’Affaire Bazaine : un maréchal devant ses juges, Cheminements, , 384 p. (ISBN 978-2-84478-782-8, lire en ligne), p. 349 & 358.

Sources

Liens externes

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