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Papillon de Metz

Un papillon de Metz est un procédé de transport aérien du courrier en dehors de la ville de Metz employé lors du siège de la ville pendant la guerre de 1870. Ce procédé est considéré comme la naissance de la poste aérienne[1].

Plaque commémorant la création de la poste aérienne à Metz, 16 quai Paul Wiltzer.

Environ 25 ballons de taille modeste (un à deux mètres de diamètre) portant des liasses de courrier sont lâchés de Metz assiégée en septembre et . Environ la moitié des lettres ainsi expédiées sont récupérées et acheminées à bon port.

Principe

Carte commémorative de la Poste aérienne en hommage à Julien-François Jeannel.

Les papillons de Metz sont imaginés par un médecin, le Dr E. Papillon, et un pharmacien militaires, le Dr Julien-François Jeannel.

Le principe consiste Ă  attacher Ă  des ballons de petite taille gonflĂ©s au gaz d'Ă©clairage[2] ou Ă  l'hydrogène[3] des courriers au dĂ©part de la ville de Metz pour faire franchir aux lettres les lignes prussiennes assiĂ©geant la ville. Quatorze ballons sont ainsi construits, transportant environ 3 000 lettres. FabriquĂ©s en papier-calque impermĂ©abilisĂ©, leur volume n'excède pas 0,5 m3 ; ils sont surnommĂ©s « ballons des Pharmaciens »[4] - [2].

Face à la faible capacité d'emport des premiers ballons, le service du génie en construit une douzaine plus gros, appelés « ballons du Génie »[2]. Il est recommandé de se limiter à une correspondance strictement familiale, sans aucune information susceptible d'intéresser l'ennemi si les lettres tombaient entre ses mains. Le courrier bénéficie de la franchise postale. Le principe est approuvé par le maréchal Bazaine[5].

Les lettres sont Ă©crites sur du papier pelure et mesurent 5 Ă— 10 cm ; elles sont rĂ©unies par liasses accompagnĂ©es d'un bordereau indiquant la conduite Ă  tenir pour qui les retrouvera[N 1]. Une fois les ballons retombĂ©s au sol, les courriers sont rĂ©cupĂ©rĂ©s, triĂ©s, mis sous enveloppe — ils n'en comportent pas Ă  l'expĂ©dition pour ne pas alourdir le ballon — et acheminĂ©s Ă  leurs destinataires.

Le patronyme de l'un de leurs inventeurs et la petite dimension des courriers ont probablement donné aux « papillons » de Metz leur nom.

RĂ©sultats

La moitiĂ© des ballons lâchĂ©s[N 2] entre le 5 septembre (dĂ©but de l'opĂ©ration) et le est rĂ©cupĂ©rĂ©e par les Français et environ 50 000 lettres distribuĂ©es[6]. Bazaine dĂ©cide l'interruption du service le 4 octobre car, malgrĂ© les prĂ©cautions prises pour garantir le caractère anodin du texte des courriers, plusieurs ballons tombent aux mains des Prussiens qui peuvent malgrĂ© tout se rendre compte de l'effet du blocus sur le moral des assiĂ©gĂ©s[7].

L'absence de cachet au départ ou de mentions spécifiques sur les enveloppes de réexpédition, alliée à la fragilité du papier, fait que peu de papillons de Metz sont conservés ; leur nombre est estimé à une centaine[7].

Pour en savoir plus

Bibliographie

  • Camille Allaz, Histoire de la poste dans le monde, Pygmalion, , 688 p. (ISBN 978-2-7564-1154-5, lire en ligne).
  • L.-A. Chaintrier, « La poste aĂ©rostatique pendant le siège de Metz », Les Cahiers lorrains, no 1,‎ , p. 2–10.
  • Gilbert Dreyfuss, « La poste pendant la guerre et l'occupation (1870-1872) », MĂ©moires de l'AcadĂ©mie nationale de Metz, vol. 148,‎ 1966-1967, p. 15–38 (lire en ligne).
  • GĂ©rard LhĂ©ritier, Les ballons montĂ©s, boules de Moulins, pigeongrammes, papillons de Metz, Valeur philatĂ©lique, , 302 p. (ISBN 978-2-9084-4101-7).
  • Ladislas Varga et al., Catalogue spĂ©cialisĂ© des timbres de France : pĂ©riode 1849-1900, t. 1, Amiens, Yvert et Tellier, , 2e Ă©d., 352 p..

Notes et références

Notes

  1. Une récompense de 100 F est attribuée à toute personne remettant une liasse à un bureau de poste[2].
  2. Le nombre total des ballons lâchés varie selon les sources. Si le nombre de petits ballons fabriqués par Jeannel et Papillon semble bien fixé à 14, il y aurait eu entre sept et treize ballons de plus grande taille fabriqués par le génie.

Références

  1. J.M. Rouillard et P. Fauveau, Mémoires de l’Académie Nationale de Metz, 1976-1977 sur inist.fr
  2. Varga 1975, p. 130.
  3. Guy Devaux, « Air mail ou « Les papillons de Metz » », Ordre Infos Aquitaine, no 5,‎ , p. 72 (lire en ligne [PDF]).
  4. Pierre Julien, « Les pharmaciens et la poste aérienne de 1870 », Revue d'histoire de la pharmacie, vol. 47, no 160,‎ , p. 17-18 (lire en ligne).
  5. Dreyfuss 1966-1967, p. 16.
  6. Dreyfuss 1966-1967, p. 18.
  7. Pierre-Michel Dupuis, « Les papillons de Metz ou le début de la poste aérienne », La Timbrologie, no 124,‎ , p. 9 (lire en ligne [PDF]).
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