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Poste aérienne

La poste aérienne est la division d'une administration postale chargée du transport du courrier par voie aérienne, avion à partir de l'entre-deux-guerres en Europe. Plus coûteux, ce moyen d'expédition a justifié des vignettes postales et des timbres-poste spécifiques.

Enveloppe transportée par le premier vol vers l'Amérique du Sud du Graf Zeppelin en 1934.

Historique

Les origines

Plaque commémorant la création de la poste aérienne à Metz, 16 quai Paul Wiltzer

Le transport de courriers par voie des airs apparait officiellement en tant que service ouvert aux particuliers en 1870 en France durant les sièges de Metz, et surtout de Paris.

Les deux premiers ballons postaux sont lancĂ©s entre le 5 et le Ă  Metz[1]. C’est la naissance de la poste aĂ©rienne (première poste aĂ©rienne de Metz Ă©galement appelĂ©e poste des pharmaciens ou papillons de Metz) qui est l’œuvre du Pharmacien militaire Julien-François Jeannel et du Docteur Papillon[2]. Entre le 5 et le , ce sont quatorze ballons qui sont lancĂ©s depuis l’HĂ´pital militaire du Fort Moselle (principalement des courriers d’officiers)[3]. Ces ballons ont transportĂ© environ 3 000 dĂ©pĂŞches[4].

Le gĂ©nĂ©ral GrĂ©goire Coffinières de Nordeck, gouverneur de la place forte, souhaite mettre Ă  la disposition de tous (civils et militaires dans la ville de Metz assiĂ©gĂ©e) cette innovation. Il confie cette « deuxième poste aĂ©rienne de Metz » Ă  la direction du colonel Goullier, Commandant de l’École d'application de l'artillerie et du gĂ©nie[5]. « Le service postal aĂ©rostatique, complĂ©tement organisĂ©, fonctionne avec rĂ©gularitĂ©. Chaque jour, un ballon quitte notre ville (Metz) dans la matinĂ©e porteur des nombreuses communications qui sont confiĂ©es par l’armĂ©e et la population. »[6] La seconde poste aĂ©rienne de Metz aurait transportĂ©, du au , près de 150 000 dĂ©pĂŞches[7].

Le ballon Le Neptune en cours de gonflage, photographie Nadar

Le , l'Administration des Postes dans Paris assiégé publie deux décrets[8] applicables dès le lendemain (« si le temps le permet » [sic]) organisant l'acheminement de cartes-postes et de lettres ordinaires du public à destination de la France, de l'Algérie et de l'étranger par voie d'aérostats (ou ballon monté). Ce service par ballons montés constitue la première expérience mondiale de transport régulier par une administration postale de courriers par la voie des airs.

Plus de deux millions[9] de plis circuleront entre Paris assiégé et la province (et le reste du monde). Les ballons seront construits aussi à grande échelle, à la chaîne, marquant l'apparition d'une première industrie aéronautique[10].

Pendant le siège de Paris, atelier de fabrication des ballons-poste à la gare d'Orléans

Trop aléatoire quant à la direction prise par les ballons (avec ou sans conducteur), ces expériences resteront sans suite après le conflit. Mais les 67 vols réalisés entre le et le ont, pour la première fois, démontré que la voie aérienne pouvait avoir une utilité pratique, stratégique, et réalisable à grande échelle.

Notons que des expériences, durant des manifestations aéronautiques ou des liaisons par ballon, ont été réalisées antérieurement dans de nombreux pays (États-Unis d'Amérique, Angleterre, France…). Ces expériences ne correspondent pas à un « service postal » au sens moderne, mais à des événements ponctuels. Elles participent à l'histoire des précurseurs.

La poste par avion, les premières liaisons.

L’histoire de l’Aéropostale est étroitement liée à celle de l’aviation tout court. Ses pionniers qui ont pour nom Mermoz, Saint-Exupéry, Guillaumet, Noguès font aujourd’hui figure de héros. Notre mémoire a conservé d’eux des exploits tels que la traversée de l’Atlantique sud par Mermoz en 1930 mais aussi des tragédies.

Les précurseurs[11]

L’aventure de la poste par avion commence le , durant une exposition internationale agricole, d'industrie et des transports en Inde, lorsque le Français Henri PĂ©quet transporta d’Allahabad Ă  Naini Junction environ 15 kg de courrier, soit 6500 lettres[12] et 40 cartes postales signĂ©es de sa main, sur un avion biplan Sommer, parcourant les 10 kilomètres en 27 minutes. Ă€ partir du , Henri PĂ©quet et le capitaine anglais W. G. Windham assurent un service rĂ©gulier durant toute la durĂ©e de l'exposition jusqu'Ă  la gare de Naini Junction.

D’autres expériences eurent lieu en Allemagne le , puis, au Danemark le , en Angleterre le (Londres-Windsor), au Maroc le (Casablanca-Rabat, puis poursuite vers Meknès et Fès les jours suivants) et aux États-Unis entre le et le sur la côte Est. Les distances parcourues restent courtes, limitées par le rayon d'action des avions.

En France, le premier vol postal officiel fut effectuĂ© par le lieutenant Nicaud le sur un biplan Farman. Ce jour-lĂ  le pilote emporta trois sacs de dĂ©pĂŞches d’un poids de 50 kg, de Nancy Ă  LunĂ©ville sur une distance de 27 km[13].

Puis c’est au tour du lieutenant Ronin de franchir le , les 400 km qui sĂ©parent Villacoublay de Pauillac, avant-port de Bordeaux, afin de remettre le courrier au capitaine du paquebot-poste Le PĂ©rou Ă  destination des Antilles françaises[14].

Les premières lignes régulières[11]

La première ligne régulière est tracée le sur le trajet Paris-Le Mans-Saint-Nazaire[15], plus précisément : Le Bourget à Escoublac, 158 rotations seront faites jusqu'au mois de , ce qui représente un volume de courrier très important, et permettait un gain de temps de plus de 5 heures par rapport au transport ferroviaire[16].

Avion Farman, 1939, transport de passagers et de courrier

Après l'Armistice, plusieurs lignes militaires se poursuivent et des liaisons civiles se mettent en place. Paris-Lille en , Paris-Londres, Paris-Bordeaux, Nancy-Longwy, Avignon-Nice en , puis courant 1919 : Paris-Strasbourg, Paris-Valenciennes, Paris-Mulhouse, Constantinople-Bucarest. Ces lignes seront reprises par les premières compagnies aériennes créées par les constructeurs d'avions : Breguet, Farman, Lioré et Latécoère.

C’est seulement en 1935 que s’organise un véritable réseau intérieur de jour avec la création de la société Air Bleu. Les avions monomoteurs Simoun reliaient alors Paris aux principales villes de province : Bordeaux, Mont-de-Marsan, Pau, Toulouse, Perpignan, Clermont-Ferrand, Saint-Étienne, Lyon, Grenoble. À partir de 1938, Orange, Marseille et Nice sont aussi desservies. Le but était de doubler les trains partis la veille au soir et de parvenir aux terminus en même temps que ces derniers trains pour permettre une levée du courrier plus tardive.

Un service régulier de nuit est inauguré le avec des avions bimoteurs Caudron Goëland sur les lignes de Paris-Bordeaux-Pau et Paris-Lyon-Marseille. Le but était d'assurer la transmission du courrier et de sa réponse en 24 heures par la même liaison.

Le service postal aérien après 1945 en France

Après la guerre[11], le service postal aérien fut intégré à la compagnie Air France pour former un département particulier, le Centre d’Exploitation postal métropolitain dont le premier directeur fut Didier Daurat. Les appareils utilisés étaient des Junker 52 récupérés sur l’occupant. Ceux-ci sont remplacés en 1948 par des avions américains, des Douglas DC-3 de type Dakota. En 1957, la flotte postale se compose de 9 appareils DC-3 qui transportent chaque nuit près de 25 tonnes de courrier, soit près du quart de tout le trafic-lettres métropolitain. La flotte a ensuite évoluée avec des DC-4, des F 27 et deux Transalls C 160.

En 1999, la Société d'exploitation postale (SEA, créée en 1991 entre La Poste, Air France, Air Inter et TAT) achète trois biréacteurs Airbus A300-B4 en version cargo[17]. Puis en 2000, Air France cède ses parts à La Poste qui devient seul actionnaire, donnant ainsi naissance à « Europe Airpost ». La Poste continue d'acheminer le fret et le courrier avec des avions ATR, Airbus A300-Cargo et Boeing 737. Ces avions sont la propriété de La Poste mais c’est Air France qui en assure le fonctionnement. Certains avions transportent des passagers le jour et du courrier la nuit. Mais fin 2007, la filiale postale est cédée à la compagnie aérienne irlandaise Air Contractors, La Poste restant actionnaire minoritaire à hauteur de 3 %.

Les timbres de poste aérienne

Timbre français de poste aérienne de 1930

L'expédition de courrier et de petits paquets par la poste aérienne nécessitant un affranchissement plus important que l'expédition par la route, le train ou le bateau, les postes ont émis des timbres portant la mention « poste aérienne » et dont la valeur faciale était beaucoup plus forte que celle des timbres-poste habituels.

Souvent, ces timbres ont porté des figurines liées au thème de l'aviation : pilotes pionniers, appareils historiques, vues de ville depuis le ciel, etc.

Actuellement, l'évolution du transport postal fait que la plupart des expéditions par les postes vers une destination lointaine passent par la voie aérienne. Les timbres de poste aérienne sont souvent de simples timbres de fortes valeurs pour composer des affranchissements qui ne sont pas forcément liés à une expédition aérienne (exemple : affranchissement en timbres d'un colis). Cependant, la plupart des éditeurs de catalogues de timbres classent ces timbres toujours après les timbres-poste « normaux », à l'exception de l'éditeur allemand Michel qui classe les émissions dans leur stricte chronologie.

Aérophilatélie

Pour les collectionneurs, la poste aérienne est un champ de recherche très étendu :

  • collection philatĂ©lique des timbres de poste aĂ©rienne ;
  • collection et Ă©tude des plis ayant voyagĂ© pendant les premières dĂ©cennies de l'aventure aĂ©rienne postale ;
  • l'aĂ©rophilatĂ©lie est la collection des plis et marques postales liĂ©s Ă  l'aviation.

Bibliographie

  • Collectif, La Poste aĂ©rienne française, Ă©dition Revue Icare, Paris 2000 Ă  2001 : no 173, 2e trimestre 2000 ; no 177, 2e trimestre 2001 ; no 179, 4e trimestre 2001. (« 3 volumes d'environ 160 pages chacun consacrĂ©s entièrement Ă  l'histoire de la Poste aĂ©rienne, avec une iconographie de qualitĂ© et souvent inĂ©dite, entièrement en couleur »).
  • ThĂ©odore Champion, Catalogue historique et descriptif des timbres de poste aĂ©rienne, ThĂ©odore Champion Ă©d., Paris, 1922.
  • Jean Silombra, Catalogue de poste aĂ©rienne, Paris, 1958-59.
  • Frank Muller, Catalogue des aĂ©rogrammes du monde entier.

Notes et références

  1. Le Journal de Metz, sur kiosque.limedia.fr
  2. J.M. Rouillard et P. Fauveau, Mémoires de l’Académie Nationale de Metz, 1976-1977 sur inist.fr
  3. Ernst M. Cohn, « La poste aérienne des pharmaciens au siège de Metz (1870) », La Diligence d’Alsace, no 19, 1978
  4. Louis Figuier, « La poste aérostatique de Metz », L'Année scientifique et industrielle, 1870-1871
  5. L. Lutz, « Les papillons de Metz. La poste à Metz du début de la guerre de 1870 à la Capitulation. », Bulletin de la Société des Amis du Musée postal, no 22, 2e trimestre 1968
  6. Le Journal de Metz, sur kiosque.limedia.fr
  7. Jean-Marie Nicolas, « La poste aérienne est née à Metz », La revue Lorraine populaire, no 145, décembre 1998
  8. L'article 2 du premier décret créant ce service spécial précise :
    1. Le poids des lettres expédiées par les aérostats ne devra pas dépasser quatre grammes.
    2. La taxe à percevoir pour le transport de ces lettres reste fixée à vingt centimes.
    3. L'affranchissement [au moyen de timbres poste] en est obligatoire.
    Et précise en remarque que « les lettres fermées que le public entendra réserver pour être acheminées par les ballons montés devront porter sur l'adresse la mention expresse : « par ballons montés », etc. »
  9. Selon les auteurs : de 2 Ă  3 millions de plis.
  10. Jules Clarétie, Histoire de la Révolution de 1870-71, Paris, p. 389
  11. Voir bibliographie : Collectif, La Poste aérienne française, édition Revue Icare, Paris 2000 à 2001 : no 173, 2e trimestre 2000 ; no 177, 2e trimestre 2001 ; no 179, 4e trimestre 2001.
  12. Les lettres transportées durant la durée de l'exposition internationale des sciences et transport portent toutes un cachet spécial : « First Aerial Post, U.P. Exhibition Allahabad 1911 ». Il s'agit de la première marque postale officielle.
  13. Un timbre-poste commémoratif a été émis en 1992 pour le 80e anniversaire de l'événement.
  14. Un timbre-poste dans la sĂ©rie « Poste aĂ©rienne » Ă©mis en 1978 et d'une valeur de 1,50 F, commĂ©more cet Ă©vĂ©nement.
  15. Cette liaison avait pour objet de transmettre les courriers des soldats américains sur le front, et les dépêches, Saint-Nazaire étant le port de liaison avec l'Amérique, et la base arrière du matériel arrivant par mer, durant le conflit.
  16. Un timbre-poste commémoratif pour le 50e anniversaire de l'événement a été émis en 1968.
  17. ReprĂ©sentĂ© par un timbre-poste en 1999, dans la sĂ©rie « Poste AĂ©rienne », d'une valeur de 15 F, puis avec un dessin diffĂ©rent Ă  nouveau en 2002, dans la mĂŞme sĂ©rie et d'une valeur de 3 €.

Voir aussi

Liens externes

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