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Ballon monté

Un ballon monté désigne à la fois un aérostat de type ballon à gaz et un courrier ayant été envoyé par ce moyen lors du siège de Paris durant la guerre franco-prussienne de 1870.

Le ballon Neptune sur la place Saint-Pierre, photographié par Nadar.

L'histoire des ballons montés ne dure que quatre mois et demi, entre le et le , durant lesquels 67 ballons s'échappent de la capitale encerclée. Les départs se faisaient de jour comme de nuit, essuyant les tirs de barrage des troupes prussiennes. On estime le nombre de plis, de lettres, de dépêches qui ont été transportés entre 2 500 000 et 3 000 000.

Historique

Tableau de Jules Didier et Jacques Guiaud représentant le départ, le 7 octobre 1870, de l'Armand Barbès, emmenant Gambetta, et du George Sand.

Nadar constitue de son propre chef la « Compagnie des aérostiers militaires » avec des bénévoles dont Camille Legrand (dit « Dartois ») et Claude-Jules Duruof dont le but est la construction de ballons militaires pour les mettre à la disposition du gouvernement. Leur première volonté était d'utiliser des ballons captifs (attachés au sol) pour l'observation des mouvements de l'ennemi. Germain Rampont, directeur général des Postes, se range à l'idée d'organiser des communications avec l'extérieur de Paris. Ils établissent un campement sur la place Saint-Pierre, au pied de la butte Montmartre, où naît la poste aérienne du siège.

Cette première fabrication en série d'aéronefs, marque le début de l'industrie aéronautique. Les trains ne circulant plus, deux ateliers de construction de ballons sont installés dans les gares de chemin de fer réquisitionnées : les frères Godard à la gare d'Austerlitz et Camille Dartois et Gabriel Yon, associés de Nadar, à la gare du Nord. Ils fabriquent des ballons captifs permettant de surveiller l’ennemi, d’établir des relevés des positions et des ballons libres permettant d’acheminer du courrier et des passagers hors de la ville assiégée. Nadar baptise ses ballons : le George-Sand, l'Armand-Barbès, le Louis-Blanc, etc.[1]

Atelier de fabrication des ballons-poste à la gare d'Orléans, pendant le siège de Paris.

Le , Duruof décolle à bord du Neptune et franchit les lignes ennemies.

Deux décrets du 27 septembre 1870 de l'Administration des Postes du Gouvernement de la Défense Nationale autorisent officiellement l'expédition du courrier par voie d'aérostats, applicables dès le lendemain. Ces deux décrets marquent la naissance de la Poste aérienne[2]. L'administration imposait d'écrire sur du papier très mince et de plier la lettre en la cachetant de façon qu'il ne soit pas nécessaire d'utiliser d'enveloppe. Les plis ne devaient pas excéder 3 ou 4 grammes.

Canon anti-ballons.

Rapidement, faute d'aéronautes disponibles dans Paris, on recruta des marins et des gymnastes volontaires. Ceux-ci n'ayant aucune expérience, on les forma d'une manière expéditive, leur apprenant au sol les rudiments de l'aérostation. Cela ne fut pas sans conséquence quant à la qualité de la navigation et des atterrissages, avec en conséquence plusieurs blessés et des disparitions. L'installation d'un anticyclone sur le Nord-Est de l'Europe à partir de la fin novembre, poussant les ballons vers l'Ouest portés par des vents forts du Nord-Est et apportant sur Paris un temps très froid avec des records de températures négatives à l'époque, est la principale cause des pertes dans l'océan Atlantique.

Germain Rampont rationalise la fabrication des ballons postaux : ils devaient cuber 2 000 mètres, être en percaline à l'huile de lin, les nacelles en osier devaient avoir 1,30 m de large et 1,50 m de haut ; les sacs postaux, les sacs de lest et les cages de pigeons voyageurs pouvaient être suspendus à l'extérieur pour faciliter les mouvements lors des manœuvres.

Sollicité pour trouver une riposte, l'industriel allemand Krupp construisit plusieurs mousquets anti-ballons. Ce furent les premiers canons antiaériens. Ils furent peu efficaces, en raison de l'altitude prise par les ballons. Seul le ballon Daguerre fut mitraillé le 12 novembre 1870 : ses deux passagers furent faits prisonniers[3]. Les Prussiens renvoyèrent les pigeons vers Paris avec de faux messages faisant état de prétendues défaites des armées françaises, mais les dépêches étaient signées du nom d'un secrétaire du gouvernement qui était resté à Paris.

Pour éviter la détection des ballons par les observateurs prussiens, ce qui pouvait aboutir à leur capture, on décida de partir de nuit à partir du 18 novembre. Cela rendait les vols encore plus dangereux, car il était impossible de connaître la direction initiale prise par le ballon.

Les frères Albert Tissandier (1839 - 1906) et Gaston Tissandier (1843 - 1899) tentèrent de faire le voyage retour par le même moyen avec le ballon Jean Bart, et organisèrent plusieurs points de départ des villes non occupées par les troupes prussiennes avec l'aide d'aérostiers ayant fait eux aussi une sortie. Les tentatives, avant que les troupes prussiennes n'étendent leur zone d'occupation, furent des échecs.

Des expériences faites par l'armée française après la guerre indiquent qu'un ballon-poste de taille ordinaire est vulnérable aux tirs d'un fusil Chassepot jusqu'à 400 mètres d'altitude[3].

L'histoire retiendra le nom « ballon monté » à la fois pour ces ballon à gaz et pour les lettres envoyées par ce moyen lors du siège de Paris entre le et le [4].

Types de missions

Lettre sur papier pelure plié en tout petit (timbre arraché), datée du 9 novembre 1870, envoyée par ballon monté à partir de Paris assiégé pendant la commune
Janssen décolle à bord du Volta.

La plupart des vols ont eu des missions multiples.

Transport de courriers

Presque tous ont eu une mission de courrier, le plus souvent double, puisque le ballon en transportait des grosses quantités, mais il emmenait aussi des pigeons voyageurs destinés à ramener des informations en sens inverse. Ces lettres, sur papier extrêmement léger, et soigneusement pliées, ne devaient pas dépasser quelques grammes. Si quelques ballons n'ont pas été affrétés officiellement pour le transport de courriers, il semble que quasi tous les aéronautes (conducteurs et/ou passagers) ont transporté quelques « plis confiés » à déposer à leur arrivée dans le premier bureau de Poste en fonctionnement rencontré[5].

Plusieurs des missions ont aussi transporté des personnes chargées d'organiser des opérations de transport de courrier de la province vers Paris (microfilms, Boules de Moulins, scaphandres, chiens, etc.)

Missions militaires

Beaucoup de missions ont transporté des militaires de haut rang ou des estafettes, parfois de la dynamite.

Missions politiques et diplomatiques

Plusieurs hommes politiques de haut rang ont pu échapper au siège pour rejoindre la délégation en province[6].

L'information de la capitulation a aussi été transmise par cette voie.

Missions scientifiques

Le transport de l'astronome Janssen n'a eu qu'un but scientifique.

Résultats aéronautiques

On peut être étonné par la réussite des missions, compte tenu des conditions (ville assiégée, pilotes inexpérimentés, vols de nuit, transport de dynamite, etc.).

En effet, aucun des ballons lancés n'a connu de défaillance ni provoqué directement la mort des aéronautes.

Les deux disparitions en mer ont été provoquées par l'absence de moyen efficace de navigation, le pilote n'ayant pas estimé correctement la distance parcourue pour entamer sa descente.

Les accidents d'atterrissage ont été provoqués surtout par l'inexpérience des pilotes et par la présence des uhlans proches du point de chute.

Des records ont été battus (de vitesse et de distance). Certains vols ont atteint une grande altitude (peut-être 5 à 7 000 m).

Des tentatives d'améliorations techniques (direction par hélice et gouvernail) ont été faites, sans résultat.

Cette série de vols a, pour la première fois, démontré que la voie aérienne pouvait avoir une utilité stratégique, pratique et exploitable à grande échelle.

Bilan

Pendant le siège, 66[7] ballons montés transportèrent 164 passagers, 381 pigeons, 5 chiens et plus de 2 millions de lettres[8], soit environ onze tonnes de courrier[4].

Selon les vents dominants, et la nécessité de départs ne pouvant attendre des vents favorables, certains ballons arrivèrent en Norvège, en Allemagne ou tombèrent dans l'Atlantique (deux disparitions), mais la plupart atterrirent en province. Cinq des ballons seront capturés par l'ennemi.

Notons que les ballons étaient la seule manière de communiquer avec la province, toutes les autres méthodes ayant échoué (piétons, bateaux, sous-marins, scaphandres, électricité, etc.).

Le seul autre moyen qui ait fonctionné était le retour des pigeons voyageurs, qui transportaient des quantités importantes d'informations, grâce aux microfilms qu'ils emportaient. Malheureusement, beaucoup d'entre eux n'arrivèrent jamais.

Aucun des chiens supposés ramener les dépêches grâce à leur sens de l'orientation n'arriva à destination.

Accidents

Deux ballons furent perdus corps et biens pour avoir atteint la mer[9].

  • Le Jacquart, piloté par Alexandre Prince (seul passager), ayant décollé de la Gare d'Orléans le . Il portait des duplicata des ordres perdus par le Ville d'Orléans. Il a disparu au-delà du cap Lizard, dans la Mer d'Irlande.
  • Le Richard Wallace, piloté par Émile Lacaze (seul passager), disparu au large de La Rochelle ou d'Arcachon selon les auteurs, le [10]. Il portait la capitulation à la Délégation.

Anecdotes

Jules Duruof, pilote du Neptune, fut poursuivi mais acquitté par la suite par un tribunal militaire pour avoir accepté de collaborer ensuite avec la Commune[11].

Le Montgolfier se pose à Heiligenberg, en Alsace. La région est déjà occupée par les Prussiens. les 3 aérostiers bénéficieront d'un formidable élan de patriotisme des habitants qui, au péril de leur vie, les aident à rejoindre les troupes françaises. L'équipage quitte le village déguisé en bucherons et atteint les lignes françaises en traversant les Vosges. Il marche pendant près de 4 jours dans la montagne et rejoint les troupes françaises après 160 kilomètres à pied.

Devenir des ballons

Les ballons — ceux qui n'ont pas été détruits ou perdus — ont été récupérés par l'armée et restaurés en 1875[12].

Liste des ballons montés

Les ballons sortis pendant le Siège de Paris, selon Théodore et Gaston Mangin

Le tableau ci-dessous reporte les ascensions humaines selon les travaux de J. le Pileur et G. l'Héritier. Il y a quelques discordances entre les listes, particulièrement avec celle établie par Gaston Tissandier[13]. Une révision, à la suite de l'ouverture des archives de l'administration des Postes, et de celles de l'armée, a notamment modifié les dates, donc l'ordre des envois[14]. La transcription des noms des sites d'atterrissages, et des noms de familles des passagers et des pilotes, a été indiquée de manière phonétique ou approximative par certains auteurs (Gaston Tissandier notamment), les archives de la Compagnies des aérostiers, et celle de l'Armée, ont permis de rétablir l'orthographe en usage à l'époque.

Trois compagnies affrètent des ballons : la Compagnies des aérostiers militaires, la Compagnies des aéronautes et l'Administration des Postes de Paris.

Listes des expéditions
DateNomVolumeConstructeurPilotePassagersDépartArrivéeDistanceFretNotes
1Le Neptune1 300 m3Godard, enveloppe récupérée dans ParisJules DuruofsansPlace St PierreCracouville104 km125 kg de courrier, très peu de lettres de particuliers
2La Ville de Florence1 400 m3Godard, affrèté par la PosteGabriel ManginM.LutzBoulevard d'Italie (champ de « La Glacière »)Vernouillet30 km120 kg de courrier, 30 kg de tracts lâchés sur les Prussiens, 3 pigeonsPremier ballon affrété par l'administration des Postes, premiers pigeons voyageurs, utilisés à l'atterrissage pour confirmer la réussite de la mission, 1 seul reviendra à Paris.
3Les États-Unis (= Le Napoléon + l'Hirondelle)800 m3+500 m3Louis GodardJ.G. CourtinUsine à gaz de La VilletteMantes58 km83 kg de courrier, 1 paquet de journaux, des tracts écrits par V. Hugo lâchés au-dessus des lignes ennemies, 6 pigeonsBallon constitué de deux enveloppes d'anciens ballons reliées par une passerelle.
4Le Céleste750 m3GiffardGaston TissandierParc de VaugirardDreux81 km80 kg de courrier, 3 pigeons, des tracts lâchés sur les Prussiens
5Non dénommé no 1125 m3sansballon non montésansBoulevard d'ItalieVille-d'Avray15 kmenviron 2000 cartes-poste (kg)Premier essai de « ballon perdu ». Abattu par les Prussiens, atterrissage dans les lignes ennemies, une partie des cartes sera acheminée après le Siège.
sansLe National ?Tissandier FrèresAlbert BertauxsansÉchec au décollageÉchecnon connuAncien ballon dénommé « l'Impérial », l'enveloppe, trop vieille, n'a pu se gonfler suffisamment.
6L'Armand Barbès1 200 m3Cie des AérostiersAlexandre Jacques TrichetEugène Spuller, Léon GambettaPlace St PierreÉpineuse (Oise)98 km"gros volume" de courrier, 16 pigeonsLes deux ballons : l'Armand Barbès et le George Sand partent à la même heure (11 h 10 ), selon les listes, ils sont donc en 7e ou 6e position. Ces deux ballons sont les premiers sortis des chaînes de fabrication improvisées dans Paris. Ils sont donc neuf, contrairement aux précédents construits avant le siège.
7Le George Sand1 200 m3Joseph Revillod (coéquipier de Nadar)Charles May, M.Raynold, Étienne CuzonPlace St PierreCrémery120 kmpas de courrier, 18 pigeonsMM. May et Reynolds sont américains, affréteurs du ballon précédent, mais ils laissent leur place à Gambetta, E. Cuzon est le nouveau Sous-Préfet de Redon. Finalement, les deux ballons sont prêts à l'envol au même moment et quittent Paris à quelques minutes d'intervalle.
8Non dénommé no 2, ou Piper no 11 200 m3-« Racine »Piper, et son secrétaire : FriedmanUsine de La ViletteStains12 kmCartes-poste (70 kg environ) en 2 sacs, 2 pigeonsÉchec, atterrissage avant les lignes ennemies, à la suite d'une erreur de manœuvre, les sacs de courrier sont récupérés et ramenés dans Paris. « Le vol le plus court ! ».
9Le Washington2 045 m3GodardAlbert BertauxLouis Von Roosebecke, le Comte Albert Lefebvre de BéhaineGare d'OrléansCarnières204 km300 kg de courrier en 5 sacs, 25 pigeonsL. v. Roosebecke est vice-président de l'association colombophile de Paris, le Comte de Béhaine est consul-général de France à Vienne, chargé de mission diplomatique.
10Le Louis Blanc1 200 m3Cie des AérostiersEugène FarcotAuguste TracletPlace St PierreBéclers (Belgique)290 km128 kg de courrier en 4 sacs, 8 pigeonsA. Traclet est trésorier de l'Assoc. Colombophile de Paris, deux pigeons seulement arriveront à Tours, mais ils ne revinrent jamais à Paris.
11Le Godefroy Cavaignac2 045 m3GodardEdmée Godard, père (68 ans)Comte Émile de Kératry et son chef de cabinet M. Jay, et M. du Quesneau.Gare d'OrléansBrillon-en-Barrois (Meuse)257 km170 kg de courrier en 4 sacs, 6 pigeonsLa liste des passagers varie d'un auteur à l'autre.
12le Jean-Bart no 12 045 m3GodardAlbert TissandierArthur Ranc, Victor FerrandGare d'OrléansNogent-sur-Seine114 km400 kg de courrier, 5 pigeons
13Le Jules Favre no 12 045 m3GodardLouis GodardMaître Malapert-Ribot, Charles BureauGare d'OrléansFroid-Chapelle (Belgique)298 km195 kg de courrier, 6 pigeons
14le Jean Bart no 22 000 m3GodardHenri LabadieM. Daru, M.BarthélémyGare d'OrléansDinant (Belgique)328 km270 kg de courrier, 4 pigeonsReprend du courrier du « non-dénommé no 2 » (ballon no 8).
15Le Victor-Hugo1 200 m3Cie des AérostiersJean-Pierre NadalsansJardin des TuileriesBar-le-duc117 km450 kg de courrier, 6 pigeonsVictor Hugo était attendu au départ du ballon portant son nom (avec son accord), mais l'invitation arrivera deux jours après.
16La république universelle ou La Fayette2 000 m3Louis JossecHenri-Antoine Dubost, Gaston PrunièresGare d'OrléansMézières256 km450 kg de courrier, 6 pigeons, 75 kg d'imprimés jetés sur les PrussiensM. Dubost est secrétaire-général de la Préfecture de Police de Paris (à 26 ans), futur président du Sénat et G. Prunière son secrétaire.
17Le Garibaldi2 000 m3Cie des AérostiersIglesiaPaul de JouvencelTuileriesQuincy près de Meaux40 km75 kg de tracts lâchés sur les Prussiens, 300 kg de courrier, 6 pigeonsLe hasard fit atterrir P. de Jouvencel, député d'opposition en mission, à un ou deux kilomètres de sa maison près de Meaux.
18Le Montgolfier2 000 m3GodardHervé Senécolonel Delapierre et le commandant Joseph-Marie Le Bouedec[15]Gare d'OrléansHeiligenberg503 km220 kg de courrier, 2 pigeonsParvenant à s'échapper grâce à la population locale[16], les passagers et l'aéronaute rejoignent à pied le front puis Tours.
19Le Vauban1 200 m3GodardGuillaumeFrédéric Rethinger, Édouard CassiersGare d'OrléansVigneulles-lès-Hattonchâtel370 km290 kg de courrier en 5 sacs, 23 pigeonsE. Cassiers est le Président de l'Assoc. Colombophile de Paris « L'espérance », E. Rethinger est Allemand et est chargé de mission diplomatique auprès de l'Angleterre et de l'Autriche.
20La Bretagne (ou Le Normandie)2 000 m3GodardRené CuzonWœrth, Manceau, HudinLa VilletteFresnes-en-Woëvre-Hennemont200 kmpas de courrier, billets et des valeurs financières (7 millions de Francs Or), 7 pigeonsCapturé, passagers blessés. Premier transport de fonds aérien ! (pour l'achat d'armes). Le courrier et les fonds arriveront à destination, pas les passagers qui seront libérés après la guerre après un internement en Allemagne.
21Le Colonel Charras2 000 m3Cie des AérostiersFerdinand GillessansGare du NordMontigny-le-Roi (Haute-Marne)308 km460 kg de courrier, 6 pigeons, 5 paquets de journauxFret au maximum possible, la charge étant de 500 kg environ.
22Le Fulton2 000 m3GodardLe GloannecErnest CézanneGare d'OrléansAngers345 km350 kg de courrier, 6 pigeons
23Le Ferdinand Flocon2 000 m3Cie des AérostiersVidalAbel Lemercier de JauvelleGare de NordChâteaubriant392 km150 kg de courrier, 6 pigeonsTentative pour rétablir le télégraphe Paris-Province, A. Lemercier étant spécialiste des lignes télégraphiques.
24La Galilée2 000 m3GodardJean HussonÉtienne AntoninGare de NordChartres88 km420 kg de courrier, 6 pigeonsCapturé, mais un sac de courrier échappe aux Prussiens.
25La Ville de Châteaudun2 000 m3Cie des AérostiersPhilippe BoscsansGare de NordReclainville106 km455 kg de courrier, 6 pigeons
26Non-dénommé no 3 (ou Piper 2)2 000 m3-PiperFriedman, JuteauUsine de La ViletteCombs-la-Ville28 km ?Échec mais courriers et passagers échappent aux Prussiens.
27La Gironde2 045 m3GodardGallayHerbaut, Gambès, BarryGare d'OrléansGaudreville117 km60 kg de courrier2 bouteilles de Château-Giscours bues en cours de route et jetées avec un message sur les Prussiens. Surnommé « le ballon à nacelle Première Classe ».
28Le Daguerre2 000 m3GodardJubertLouis Pierron, Ernest Nobécourt et son chienGare d'OrléansFerrières-en-Brie42 km270 kg de courrier, 30 pigeons, matériel pour la fabrication de pellicules photographiques (Ernest Nobécourt est chimiste)Capturé, 1 sac de courriers sera lâché avant la capture et acheminé.
29Le Niepce2 000 m3GodardPaganoRené Dagron, Albert Fernique, Poisot, Gnochi[17]gare d'OrléansCoole (Marne)196 kmmatériel photographique pour microfilmsR. Dagron est spécialiste des microfilms.
30Le général Uhrich2 000 m3Émile Lemoine (père)Thomas + 2Gare de NordLuzarches36 km80 kg de courrier, 34 pigeonsPremier vol de nuit.
31L'Archimède2 000 m3GodardJules BuffetGaston de Saint-Valéry, Albert de JaudasGare d'OrléansCastelré (Pays-Bas)400 km290 kg de courrier, 21 pigeons9 pigeons seulement arriveront à Tours.
32L'Égalité3 000 m3Wilfried De Fonviellede Villoutray, Brunel, Rouzé, Dulud (ou Dubreuil)VaugirardLouvain (Belgique)[18]225 km12 pigeonsL'administration refuse de confier du courrier.
33La Ville d'Orléans2 030 m3Cie des AérostiersPaul RolierLéonard BéziersGare de NordLifjell (Norvège)1 246 km100 kg de courrier, 6 pigeonsRecord de distance.
34Le Jacquart2 000 m3GodardAlexandre PrincesansGare d'OrléansDisparu en Mer d'Irlande ?250 kg de courrierPremière disparition, localisée vers les Iles Scilly. Du courrier a été récupéré près du Cap Lizard.
35Le Jules Favre no 22 000 m3Cie des AérostiersAlfred MartinPaul du CourroyGare d'OrléansBelle-Île-en-Mer548 km100 kg de courrierPassagers blessés.
36La bataille de Paris2 000 m3-PoirrierJules Antoine Lissajous, Jules MauratGare du NordGrand-Champ460 kmpas de courrier, matériel pour construire un télégraphe optiqueles deux passagers sont professeurs de physique du Lycée Saint-Louis spécialistes d'optique.
37Le Volta2 045 m3GodardChapelainJules JanssenGare d'OrléansBouvron466 kmpas de courrierVoyage scientifique, pour aller observer l'éclipse à Oran.
38Le Franklin2 050 m3GodardPierre Marciad'AndrecourtGare d'OrléansSaint-Aignan-Grandlieu403 km100 kg de courrier, 6 pigeonsLe Comte d'Andrécourt est chargé de porter des documents secrets à la délégation de Bordeaux.
39L'armée de Bretagne2 000 m3Cie des AérostiersSurrelLavoineGare du NordBouillet355 kmpas de courrierSurrel gravement blessé.
40Le Denis Papin2 000 m3GodardJean Louis DomalainPierre de Montgaillard, Delort, RobertGare d'OrléansLe Mans170 km55 kg de courrier, 6 pigeonsRobert et Delort sont deux des inventeurs des Boules de Moulins.
41Le général Renault2 000 m3Cie des AérostiersJoignereyWolff, LermanjatGare du NordRouen143 km120 kg de courrier (en 2 sacs), 12 pigeons-
42La Ville de Paris2 000 m3Cie des AérostiersDelamarneMorel, BillebaultGare d'OrléansWetzlar (Rhénanie prussienne)510 km65 kg de courrier, 12 pigeonsCapturé, les plans secrets du Général Trochu destinés à Gambetta pour coordonner les actions sont pris par l'ennemi. Le courrier sera restitué en aux destinataires.
43Le Parmentier2 045 m3GodardPaulDesdouet, LepèreGare d'OrléansGourgançon150 km160 kg de courrier, 4 pigeonsDesdouet est photographe.
44Le Gutenberg2 000 m3GodardJoseph PerruchonCharles d'Almeida, Isaac-Georges Levy, LouisyGare d'OrléansMontépreux200 kmpas de courrier, 6 pigeons, matériel pour correspondre avec Paris La Science illustrée. Journal hebdomadaire...Capturé par l'armée française, passagers et pilote sont jugés comme espions par un général français ... puis libérés.
45Le Davy1 200 m3GodardChaumontPierre DeschampsGare d'OrléansFussey331 km70 kg de courrier en 2 sacsL'oriflamme du ballon, donnée par les aéronautes, est toujours dans la Mairie de Fussey.
46Le général Chanzy2 000 m3Cie des AérostiersLéopold WerreckeAlfonse de l'Épinay, Juliac, F. JouffryonGare du NordRotembery ou Rottenberg (Bavière)760 km25 kg de courrier, 4 pigeons, 1 scaphandre sous-marin conçu par Juliac & JouffryonCapturé, le scaphandre était prévu pour une tentative de retour dans Paris par la Seine.
47Le Lavoisier2 045 m3GodardCharles Sauveur LedretRaoul Le Mouton de BoisdeffreGare d'OrléansBeaufort-en-Vallée290 km175 kg de courrier, 6 pigeons-
48La Délivrance2 050 m3Cie des AérostiersÉdouard GauchetReboulGare du NordLa Boissière-des-Landes (Vendée)450 km140 kg de courrier, 4 pigeons-
49Le Rouget de l'Isle2 050 m3GodardFrançois JahnGarnier, GlachantGare d'OrléansAlençon240 kmpas de courrier, 4 pigeons
50Le Tourville2 050 m3GodardAbel MouttetMiége, S. DelaleuGare d'OrléansEymoutiers433 km160 kg de courrier, 4 pigeons-
51Le Merlin de Douai2 000 m3AéronautesL.GriseauxE.TarbéGare du NordMassay211 kmpas de courrierQuelques plis confiés.
52Le Bayard2 045 m3 ?Paul Réginence (ou Reginensi)DucouxGare d'OrléansLa Mothe-Achard377 km110 kg de courrier, 4 pigeons
53L'armée de la Loire2 000 m3Cie des AérostiersE. Lemoine (fils)sansGare d'OrléansMontbizot231 km230 kg de courrier
54Le NewtonAimé OursAmable BrousseauGare du NordDigny110 km310 kg de courrier, 4 pigeons
55Le Duquesne2 000 m3GodardCharles RichardAymand, Chemin, LallemagneGare d'OrléansBerzieux167 km150 kg de courrier, 4 pigeonsTentative de direction avec une hélice.
56Le Gambetta2 000 m3Cie des AérostiersCharles DuvivierLefébure de FourcyGare du NordClamecy200 km240 kg de courrier, 3 pigeons-
57Le Kepler2 000 m3GodardAchille Félix RouxCamille DupuyGare d'OrléansMontigné-le-Brillant283 km160 kg de courrier, 3 pigeons-
58Le Monge2 000 m3GodardRaoulGuignéGare d'OrléansArpheuilles293 kmpas de courrier
59Le général Faidherbe2 000 m3Cie des AérostiersVan SeymortierHurel, Maréchal, Nicolas, Petit-ClairGare du NordSaint-Avit-de-Soulège (Gironde)577 km60 kg de courrier, 2 pigeons, 5 chiensTransport de chiens pour les utiliser comme passeur de messages (dans leur collier) : aucun des chiens n'est revenu dans Paris.
60Le Vaucanson2 045 m3GodardAndré ClariotValade, DelenteGare d'OrléansArmentières (Belgique)240 km75 kg de courriers, 3 pigeons-
61Le Steenackers2 000 m3VibertGustave GobronGare du NordHierden, près d'Harderwijk (Pays-Bas)[19]552 kmpas de courrier, 2 caisses de dynamiteRecord de vitesse et d'altitude.
62La Poste de Paris2 000 m3Cie des AérostiersTurbiauxCleray, CavailhonGare du NordMerselo près de Venray (Pays-Bas)[20]400 km70 kg de courrier, 3 pigeons-
63Le général Bourbaki2 000 m3Cie des AérostiersThéodore ManginBoisenfreyGare du NordAuménancourt-le-Grand162 km180 kg de courrier, 3 pigeonsTombé en zone ennemie, mais non capturé.
64Le général Daumesnil2 045 m3GodardRobinsansGare de l'EstCharleroi (Belgique)277 km280 kg de courrier, 3 pigeons-
65Le Torricelli2 045 m3GodardBelysansGare de l'EstCatillon-Fumechon193 km230 kg de courrier, 3 pigeons-
66Le Richard Wallace2 000 m3Cie des AérostiersInconnuÉmile LacazeGare de l'EstDisparu dans l'Atlantique, au large d'Arcachon ?220 kg de courrier, 3 pigeonsDu courrier est retrouvé sur la plage à Saint-Gilles-Croix-de-Vie et aux Sables-d'Olonne, puis à l'Ile de Ré.
67Le général Cambronne2 045 m3GodardAuguste TristansansGare de l'EstSougé-le-Ganelon (Sarthe)253 km20 kg de courrierDernier ballon, portant haut le mot de Cambronne !

Notes et références

  1. Jules Clarétie, Histoire de la révolution de 1870-71, Paris, p. 389
  2. Première poste aérienne mondiale.
  3. Gaston Tissandier, Le Mousquet à ballons de M. Krupp in La Nature, Revue des sciences et de leur application aux arts et à l'industrie, G. Masson, Paris, n°39, 23 janvier 1876, p. 129-130.
  4. Stéphanie Guillot, « Passionné, il consacre un livre à la fabuleuse histoire des ballons montés », sur www.ledauphine.com, (consulté le ).
  5. Les plis confiés, très rares, sont connus pour tous les vols sauf exception. Mais leur absence, pour ces exceptions, ne signifie pas qu'il n'y en avait pas, mais peut-être qu'ils n'ont pas été trouvés ou conservés.
  6. voir Léon Gambetta.
  7. Le nombre retenu est 67 mais, voir tableau plus bas, le non-dénommé no 1 est en fait un ballon libre. Il est retenu par les philatélistes car son courrier récupéré (donc oblitéré et daté) est renvoyé par un des ballons-montés suivants. Il s'agit donc indirectement du premier courrier accidenté de l'Aéropostale et parvenu ensuite aux destinataires.
  8. cité dans La grande histoire de la Commune édition du centenaire - Robert Laffont 1970
  9. « Les deux aéronautes engloutis dans l'ocean », La nature, no 46, , p. 305 (lire en ligne, consulté le ).
  10. Le site est estimé d'après les courants marins qui ont ramené des courriers sur la côte.
  11. « Chroniques : Le premier aéronaute du siège de Paris », La nature, no 34, , p. 127 (lire en ligne, consulté le ).
  12. Devenir des ballons
  13. En effet, Gaston Tissandier avait quitté Paris le 30 septembre 1870, il a établi sa liste à partir de témoignages recueillis après le siège. Cette Liste initiale a été revue par les frères Mangin, reprise par Arthur Maury, revue par J. Le Pileur, puis dernièrement par Gérard l'Héritier. Cette dernière étude fait actuellement référence.
  14. Se référer aux catalogues établis par Gérard l'Héritier, dont la dernière édition en 2008.
  15. L‘exploit de Joseph Marie Le Bouédec.
  16. Atterrissage du ballon « Le Montgolfier », le 25 octobre 1870.
  17. NOTICE SUR LE VOYAGE DU BALLON LE NIEPCE.
  18. Ballon N° 32 : « L'Égalité ».
  19. Ballon monté - Philatelie, Wissen was Sache ist. Ligne 61 Le Steenackers - consulté le 27 janvier 2018.
  20. Ballon N° 62 : « La Poste-de-Paris ».

Voir aussi

Bibliographie

  • J. le Pileur, « La poste par ballons montés », 1e édition 1943, et édition revue et complétée 1953.
  • Collectif, Revue « Icare », no 56, 1971 : Guerre 1870-1871, Volume I, (208 pages) plusieurs articles sur le sujet, dont : Les ballons du sièges, par Charles Dollfus et Paul Maincent, p. 67–156. Très riche article, rédigé par un aérophilatéliste (P. Maincent) et un historien spécialiste de l'aéronautique (C. Dollfus, 1893-1981, Conservateur du Musée de l'Aéronautique) qui a rencontré les derniers aéronautes du siège.
  • Gérard Lhéritier, « Les ballons montés », édition Valeurs Philatéliques, Tome 1 : 1990, tome 2 : 1992, tome 3 : 1994, tome 4 : 2000.
  • Jean-Claude Lettre, « La fabuleuse histoire des Boules et ballons monté de la délivrance, Le siège de Paris », édition Aramis, 2006.
  • Christian Laroze, Valéry Paul Rolier - un curtinien au destin exceptionnel, Chatillon Coligny (Loiret), éd. de l’Écluse,
  • Gérard Lhéritier, « Livre des valeurs et cotations (1870-1871)», éditions Plume, 2008
  • Gaston Tissandier, Le Mousquet à ballons de M. Krupp in La Nature, Revue des sciences et de leur application aux arts et à l'industrie, G. Masson, Paris, n°39, 23 janvier 1876, p. 129-130

Articles connexes

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