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Apologie de la pédophilie

L'apologie de la pĂ©dophilie est l'ensemble des actions, Ă©crits et prises de position visant Ă  faire accepter socialement la pĂ©dophilie ou Ă  en faire l'apologie. Cette tendance est notamment le fait de personnes se prĂ©sentant parfois elles-mĂȘmes comme pĂ©dophiles, et profitant des rĂ©flexions sur le droit des jeunes Ă  entretenir des relations amoureuses et sexuelles, et des dĂ©bats relatifs Ă  la rĂ©Ă©criture des lois sur les rapports entre majeurs et mineurs. Des groupes de personnes et des individus isolĂ©s ont, dans ce contexte, notamment dans les annĂ©es 1970, cherchĂ© Ă  prĂ©senter la pĂ©dophilie comme une attirance sexuelle acceptable, ou Ă  contester les notions de majoritĂ© sexuelle ou d'abus sexuel sur mineur. La pĂ©dophilie a parallĂšlement fait l'objet Ă  l'Ă©poque de diverses formes de complaisance, mĂ©diatiques, politiques ou intellectuelles, bien qu'elle fĂ»t, dĂ©jĂ  Ă  l'Ă©poque, trĂšs largement rĂ©prouvĂ©e.

Cette mouvance n'a jamais atteint de reconnaissance durable et notable malgré, dans les années 1970, quelques soutiens médiatiques et politiques de portée limitée. Aujourd'hui, le « militantisme pédophile » a quasiment disparu, et la défense de la pédophilie est exclue du débat public : l'apologie de la pédophilie ne concerne plus que des milieux trÚs marginaux, qui s'expriment principalement par le biais d'Internet[1].

ÉlĂ©ments de contexte

Les discours pro-pédophiles sont notamment apparus aux Pays-Bas, à travers l'activité de personnes comme Edward Brongersma, docteur en droit et sénateur, et Frits Bernard, psychologue.

Edward Brongersma est condamnĂ© en 1950 Ă  dix mois de prison en vertu de l'article 248 bis du code pĂ©nal pour relations sexuelles avec un jeune homme de 16 ou 17 ans (nĂ© en 1932 ou 1933). À cette Ă©poque la majoritĂ© sexuelle des rapports homosexuels Ă©tait de 21 ans. GrĂące Ă  son expertise en tant que juriste et sĂ©nateur, il joue un rĂŽle important dans l'abolition de l'article 248 bis du code pĂ©nal, en application duquel il fut lui-mĂȘme condamnĂ© en 1950. La pĂ©nalisation des rapports homosexuels est ramenĂ©e alors de 21 Ă  16 ans, soit la mĂȘme limite d'Ăąge que celle fixĂ©e aux rapports hĂ©tĂ©rosexuels. Brongersma veut aller plus loin, en proposant encore une diminution des limites d'Ăąge et de donner aux jeunes une plus grande libertĂ© dans leurs rapports sexuels.

Edward Brongersma et Frits Bernard sont alors membres du Cultuur en Ontspanningscentrum (Centre de culture et de récréation[2], aujourd'hui COC Nederland), association de défense des droits des homosexuels, et ayant lutté pour la mise à égalité des majorités sexuelles.

Cependant, Edward Brongersma et Frits Bernard souhaitent aller plus loin. Constatant le peu de travaux consacrés à la pédophilie et souhaitant la faire accepter socialement, Brongersma et Bernard écrivent de 1959 à 1964 plusieurs articles présentant la pédophilie sous un jour positif dans Vriendschap (Amitié), la revue du COC. Ils ne parviennent cependant pas à obtenir du COC la création d'un groupe de travail interne sur le sujet.

Les positions d'Edward Brongersma et Frits Bernard sont alors marginales. En outre, l'Ă©crivain français Gabriel Matzneff mentionne dans son journal intime sa rencontre Ă  Manille — oĂč lui-mĂȘme pratiquait le tourisme sexuel — avec un Edward Brongersma Ă  la recherche de contacts avec « les jeunes personnes les plus jeunes »[3].

L'Association nĂ©erlandaise pour la rĂ©forme sexuelle (Nederlandse Vereniging voor Seksuele Hervorming, NVSH), tĂȘte de proue du mouvement pour les libertĂ©s sexuelles, a alors, de l'aveu de Frits Bernard, une attitude trĂšs critique envers les pĂ©dophiles[4]. À la mĂȘme Ă©poque, Bernard fonde Ă  La Haye l’Enclave Kring (Cercle de l'Enclave). Ce groupe se dĂ©finit comme un mouvement visant Ă  « briser les prĂ©jugĂ©s sur les consĂ©quences des contacts et relations sexuels entre mineurs et adultes, fournir des informations et conseils Ă  ce sujet et mettre en place un programme d’assistance direct ». Une maison d’édition du mĂȘme nom est fondĂ©e en 1958, afin de propager les idĂ©es du groupe. Cependant, l’audience de l’Enclave Kring reste trĂšs faible et ne dĂ©passe guĂšre les cercles d'initiĂ©s nĂ©erlandais ou allemands, bien que, selon Bernard, le groupe aurait dĂ©veloppĂ© des contacts dans diffĂ©rents pays[4].

À partir de 1969, en raison de l'Ă©volution sociĂ©tale et de la radicalisation de certains discours politiques ou intellectuels, les positions de la NVSH changent. Un groupe de travail sur la pĂ©dophilie y est formĂ©, avec pour membres Frits Bernard, Edward Brongersma, Ids Haagsma, Wijnand Sengers et Peter van Eeten[5]. Ce groupe publie en 1972 Sex met kinderen (Le sexe avec les enfants), ouvrage qui se prĂ©sente comme le bilan de dix annĂ©es de recherches sur les relations sexuelles entre adultes et enfants. L’ouvrage fait parler de lui aux Pays-Bas[4]. Les auteurs contestent le caractĂšre forcĂ©ment nocif des relations sexuelles entre enfants et adultes et souhaitent le retrait de la pĂ©dophilie des listes de troubles mentaux et l'abolition des majoritĂ©s sexuelles gĂ©nĂ©ralement fixĂ©es Ă  14 ou 15 ans. Cependant, jusqu’au milieu des annĂ©es 1970, peu de personnes s’intĂ©ressent Ă  la « dĂ©fense de la pĂ©dophilie » en dehors des Pays-Bas et de l’Allemagne de l'Ouest.

Discriminations envers les homosexuels en France et au Québec

En France, dans le contexte de la rĂ©volution sexuelle, les discriminations envers les homosexuels, parfois condamnĂ©s pour le simple fait d'avoir eu des relations avec des mineurs de moins de 21 ans ou d'Ă  peine moins de 18 ans, sont dĂ©noncĂ©es. La pĂ©dophilie n’en demeure pas moins condamnĂ©e par l’ensemble de la sociĂ©tĂ©.

En France, jusqu'en 1974, la majorité sexuelle pour les homosexuels est de 21 ans, et jusqu'en 1982, de 18 ans.

Dans un article publiĂ© dans LibĂ©ration en dĂ©cembre 1981, Guy Hocquenghem, signataire des diffĂ©rentes pĂ©titions relatives Ă  la majoritĂ© sexuelle et militant pour l'abrogation d'une part des dispositions relatives aux rapports entre majeurs et mineurs et la fin de la discrimination entre homosexuels et hĂ©tĂ©rosexuels, rappelle que « pour avoir couchĂ© avec des mineurs consentants de plus de 15 ans, cent soixante-deux personnes Ă©taient condamnĂ©es en 1978 Ă  des peines allant de six mois Ă  trois ans de prison et de 60 Ă  20 000 F d’amende. Chiffre en diminution, certes, par rapport Ă  1968 (419) mais en augmentation depuis 1977. »[6]

Comme l’explique Hocquenghem dans son livre intitulĂ© Le dĂ©sir homosexuel, cette discrimination visant les homosexuels est due Ă  la persistance de lois datant de Vichy, qui ne furent pas abrogĂ©es Ă  la LibĂ©ration :

« En France, il n’y a pas de condamnation pour homosexualitĂ© jusqu’à PĂ©tain. La premiĂšre date du 6 aoĂ»t 1942 : ‟Sera puni d’un emprisonnement de six mois Ă  trois ans et d’une amende quiconque aura pour satisfaire ses propres passions, commis un ou plusieurs actes impudiques ou contre nature avec un mineur de son sexe ĂągĂ© de moins de 21 ans.‟ (
) Ce qu’il faut bien appeler la Loi PĂ©tain-De Gaulle fut adoptĂ©e dans cette Ă©poque de libĂ©ralisation, d’espoir et de progrĂšs qu’était la LibĂ©ration, sur proposition d’un dĂ©putĂ© DĂ©mocrate-chrĂ©tien. »[6]

À propos des dĂ©clarations de Guy Hocquenghem, le thĂ©oricien queer Paul B. Preciado expliquera en octobre 2020 :

N’oublions pas (...) que l’homosexualitĂ© Ă©tait criminalisĂ©e, donc toute rencontre entre deux personnes de mĂȘme sexe Ă©tait criminelle et pathologique. (
) Hocquenghem demandait simplement le droit, en tant que gamin de 16 ans, Ă  s’exprimer sexuellement sans ĂȘtre importunĂ© par la police[7].

Au QuĂ©bec, les milieux homosexuels commencent Ă  militer en 1976 pour l'abaissement de l'Ăąge de la majoritĂ© sexuelle, qui est alors situĂ©e Ă  21 ans [8] pour les homosexuels [8] car Ă  l’approche de l’organisation des Jeux olympiques d'Ă©tĂ© de 1976 Ă  MontrĂ©al, les descentes policiĂšres se multiplient, en particulier l’arrestation de 89 personnes au Sauna Neptune, en [8], suivie de la crĂ©ation du ComitĂ© homosexuel anti-rĂ©pression (CHAR), en [8], ce qui a aussi crĂ©Ă© l'Ă©motion dans les milieux homosexuels en France[8] oĂč la loi de 1974 opĂšre aussi une discrimination de majoritĂ© sexuelle, abaissĂ©e Ă  seulement 18 ans contre 15 ans pour les hĂ©tĂ©rosexuels[2]).

Cependant, au Québec comme en France, un militantisme pédophile revendicatif et marginal, cherchera à prendre appui sur ces réflexions pour attirer l'attention des médias et faire avancer sa cause[9].

Pays-Bas

Au dĂ©but des annĂ©es 1970, c’est aux Pays-Bas que sont Ă©crits la majoritĂ© des articles Ă  propos de la pĂ©dophilie (la plupart cherchant Ă  dĂ©finir l’impact Ă  court et long terme des relations sexuelles entre enfants et adultes sur les premiers), Ă  partir de points de vue thĂ©oriques comme pratiques, par Bernard, le psychologue Theo Sandfort, l’avocat et homme politique Edward Brongersma ou le psychologue Frans Gieles. Les donnĂ©es utilisĂ©es par ces auteurs proviennent de pĂ©dophiles en analyse, et d’entretiens avec des adultes et des jeunes ayant eu des relations sexuelles avec des adultes dans leur enfance ou leur adolescence. Bernard affirme en 1988[10] qu’à cette Ă©poque, en tant que psychologue et expert appelĂ© souvent en cour de Justice, il a interrogĂ© et analysĂ© « plus d'une centaine d'adultes pĂ©dophiles et environ trois cents enfants et adolescents ayant eu des contacts sexuels avec des adultes ». Au sein de l’Association NĂ©erlandaise pour la RĂ©forme Sexuelle (NVSH), le Studiegroep Pedofilie (Groupe d'Ă©tudes sur la pĂ©dophilie) rassemble des spĂ©cialistes de l'enfance, des psychiatres, des juristes, et fournit un important travail d’information.

Le , la NVSH et d’autres organisations nĂ©erlandaises envoient au parlement du pays et au ministre de la justice une lettre et une pĂ©tition demandant la lĂ©galisation des rapports sexuels consentis entre enfants et adultes[11]. La pĂ©tition est signĂ©e notamment par l’Association hollandaise pour l'intĂ©gration des homosexuels (COC), ainsi que par des organisations politiques comme le Parti socialiste pacifiste et par diverses personnalitĂ©s. Les pĂ©dopsychiatres de la SociĂ©tĂ© psychiatrique nĂ©erlandaise s’opposent Ă  la dĂ©criminalisation des rapports sexuels enfants-adultes en arguant que cela risquerait d’affaiblir l’autoritĂ© parentale[12].

L’annĂ©e suivante, la COC dĂ©clare que la cause des pĂ©dophiles est liĂ©e Ă  celle des homosexuels et que la libĂ©ration des homosexuels ne sera jamais complĂšte sans la « libĂ©ration des enfants et des pĂ©dophiles »[13]. En 1981, la « Fondation nĂ©erlandaise protestante pour un dĂ©veloppement familial responsable » (PSVG) Ă©dite et distribue dans les Ă©coles Ă©lĂ©mentaires nĂ©erlandaises des dizaines de milliers de copies d’un livret illustrĂ© intitulĂ© Pedophilia, pour prĂ©venir les enfants de ce qu’est la pĂ©dophilie[14]. Jusqu’au dĂ©but des annĂ©es 1980, les dĂ©fenseurs de la pĂ©dophilie se disent satisfaits des progrĂšs de leur discours aux Pays-Bas ; Edward Brongersma affirme en 1984 : « Aux Pays-Bas, la pĂ©dophilie est discutĂ©e objectivement pendant les cours d’instruction des acadĂ©mies de police. LĂ , tout comme dans les universitĂ©s, on s’efforce d'en finir avec les prĂ©jugĂ©s. »[15]

France

En France, la dĂ©fense de suspects de pĂ©dophilie, mĂȘme face Ă  de supposĂ©s abus judiciaires, est alors "trĂšs minoritaire dans l'opinion publique", selon la thĂšse prĂ©sentĂ©e en 2018 par le psychiatre Romain Pages[16]. En outre, comme le remarquent les rĂ©dacteurs de la revue Lundimatin, cette dĂ©fense d'individus accusĂ©s d'attentats Ă  la pudeur n'est pas nĂ©cessairement une apologie des actes commis, mais une mise en question de l'Ăąge de la majoritĂ© sexuelle, ainsi qu'une contestation du fait que des actes ne relevant pas du viol soient considĂ©rĂ©s comme des crimes, passibles de la cour d'assise, et justifient une longue incarcĂ©ration prĂ©ventive[17].

En parallĂšle, des pĂ©dophiles tentent d'utiliser ces pĂ©titions pour lĂ©gitimer la pĂ©dophilie. L'Ă©crivain Gabriel Matzneff, l'un des signataires des pĂ©titions fait ouvertement l’apologie de la pĂ©dophilie dans ses Ɠuvres. Bien que prĂ©sent dans les mĂ©dias, son Ɠuvre reste cependant relativement confidentielle, Ă  quelques exceptions prĂšs, comme son roman Ivre du vin perdu, qui s'Ă©coule Ă  20 000 exemplaires[18].

Le 7 mai 1977, un encart publicitaire dans Libération , passé par un proche de l'un des trois accusés dans l'Affaire de Versailles, y annonce la création d'un "Front de libération des pédophiles" (FLIP)[19]. Ce dernier ne se réunira que deux ans plus tard en 1979. Cette réunion de pédophiles, tentant de rebondir sur la publication des pétitions, ne regroupe qu'une trentaine de personnes, la plupart intéressées par une aide juridique. Le FLIP disparaitra aprÚs sa premiÚre réunion.

Avant 1974

DĂšs le milieu du XXe siĂšcle, le statut particulier des intellectuels en France avait permis, Ă  une Ă©poque oĂč la majoritĂ© sexuelle Ă©tait fixĂ©e Ă  13 ans (soit avant aoĂ»t 1942 pour l'homosexualitĂ©, et avant juillet 1945 pour l'hĂ©tĂ©rosexualitĂ©), Ă  certains Ă©crivains comme Henry de Montherlant ou AndrĂ© Gide d’assumer leurs goĂ»ts sexuels pour les jeunes garçons sans ĂȘtre inquiĂ©tĂ©s ou Ă  d'autres comme Roger Peyrefitte, d’en retirer un succĂšs de scandale dans les annĂ©es 1950[20] - [21], voire de tenir des discours prĂ©sentant la pĂ©dophilie de maniĂšre positive Ă  partir des annĂ©es 1960. Tony Duvert publie son premier roman, RĂ©cidive, en 1967. Il est rĂ©guliĂšrement publiĂ© par les Ă©ditions de Minuit mais en tirages volontairement rĂ©duits, sans service de presse ni promotion en raison de la pornographie qui s'insĂšre dans certaines scĂšnes de ses romans. Comme il ne peut vivre de sa plume, les Ă©ditions de Minuit lui trouvent un emploi de salariĂ©.

En 1971, les rĂ©dacteurs et lecteurs de TĂ©lĂ©rama et TĂ©lĂ© 7 jours dĂ©plorent, "au nom de la libertĂ© d’expression", la suppression par l'ORTF d'une Ă©mission animĂ©e par Michel Polac ayant traitĂ© factuellement de l'inceste, tout en affirmant que le thĂšme y Ă©tait "avec une bien grande lĂ©gĂšretĂ©" qui "avait de quoi choquer"[22]. Pour l'historien Jean-François Sirinelli, de vifs dĂ©bats ultĂ©rieurs Ă  l'affaire Gabrielle Russier sont relancĂ©s en 1977 « avec des intentions et des arriĂšre-pensĂ©es multiples »[23]. Les protagonistes avaient en effet en tĂȘte certaines affaires polarisantes, comme celle du suicide en septembre 1969, de Gabrielle Russier[23], une professeure qui, Ă  la suite d'une liaison amoureuse avec un de ses Ă©lĂšves alors ĂągĂ© de seize ans, sera condamnĂ©e Ă  un an de prison avec sursis pour enlĂšvement et atteinte sexuelle sur mineur, et se suicidera en raison du harcĂšlement. Beaucoup de personnes sont alors marquĂ©es par la chanson de Charles Aznavour Mourir d'aimer, par celle d'Anne Sylvestre Des fleurs pour Gabrielle, et par le film homonyme avec Annie Girardot, lui aussi inspirĂ© de l'affaire Gabrielle Russier, qui fait 6 millions d'entrĂ©es.

Selon le chercheur Antoine Idier, cette affaire marque alors l'opinion, et explique en partie l'émergence de débats sur la répression des relations entre majeurs et mineurs.

Le rappel de l’affaire Gabrielle Russier (auquel Le Monde a consacrĂ© une sĂ©rie d’articles cet Ă©tĂ©), qui est alors dans tous les esprits, est particuliĂšrement Ă©clairante Ă  cet Ă©gard. Gabrielle Russier est cette enseignante d’un lycĂ©e de Marseille, nĂ©e en 1937, qui s’est suicidĂ©e en septembre 1969 Ă  la suite de sa condamnation pour une relation amoureuse sur fond de Mai 68 avec un de ses Ă©lĂšves, Christian Rossi, ĂągĂ© de 16 ans.

Christian Rossi Ă©tait consentant, il n’a cessĂ© de le rĂ©pĂ©ter et il ne cessera de dire son amour pour Gabrielle Russier, par-delĂ  sa mort. (...) Or, Christian a 16 ans. C’est-Ă -dire que le code pĂ©nal l’estime capable de donner son consentement Ă  une relation amoureuse, sentimentale et/ou sexuelle (ce qui n’aurait pas Ă©tĂ© le cas si l’enseignant Ă©tait un homme).

(...)

Toujours est-il que le procĂšs puis le suicide de la professeure entraĂźnent un vaste mouvement de soutien, qui dĂ©passe le clivage gauche/droite. Et que c’est prĂ©cisĂ©ment ce genre d’affaires que vise la lettre ouverte de 1977 [24].

Quatre livres sur l'enfance et la sexualité publiés en 1974 et 1975

C'est en 1974-1975 que quatre livres sur la sexualité infantile et sur la possibilité ou l'impossibilité des rapports entre majeurs et mineurs sont publiés. Deux de leurs auteurs seront invités dans l'émission Apostrophes lancée en février 1975 par Bernard Pivot, un ancien chef de service au Figaro, producteur à l'ORTF depuis 1973, mais seul l'un d'eux pourra s'y rendre.

Tony Duvert, qui a remportĂ© le prix MĂ©dicis en 1973, publie en 1974 Le Bon Sexe illustrĂ©, son premier essai ouvertement pĂ©dophile : Ă©crit en rĂ©action au succĂšs rencontrĂ© par L'EncyclopĂ©die de la vie sexuelle Hachette, il stigmatise les mĂ©thodes d’éducation sexuelle, et, plus globalement, d’éducation.

Le philosophe RenĂ© SchĂ©rer, spĂ©cialiste de l'enfance, professeur au Centre universitaire expĂ©rimental de Vincennes, publie Emile perverti en 1974. Chantre d'une rĂ©invention de la pĂ©dagogie et de la relation enfant-adulte, il analyse le « systĂšme de l'enfance », c'est-Ă -dire la maniĂšre dont est instituĂ©e une surveillance permanente de l’enfant. RenĂ© SchĂ©rer parle Ă  ce sujet du panoptique de l’enfance, peu avant que Michel Foucault n’étende, dans Surveiller et punir, ce concept Ă  tout le champ de la sociĂ©tĂ© disciplinaire. Selon SchĂ©rer, cette interdiction de tout acte sexuel de l'enfant vise Ă  lui faire intĂ©grer l'idĂ©e de la sexualitĂ© adulte, hĂ©tĂ©rosexuelle et gĂ©nitale comme norme Ă  atteindre. Pourtant, argumente SchĂ©rer, « Il n'y a pas deux sexualitĂ©s, celle de l'enfant et celle de l'adulte, qui sert de but et de norme, mais une seule, non celle de l'adulte, certes, mais la sexualitĂ© prise en un rĂ©seau de tensions qui, hors de l'adulte, commence Ă  projeter “l'enfant” et Ă  le constituer ». Il dĂ©nonce l'« action infantilisante » de l'Ă©cole et interroge les conclusions d'auteurs comme Françoise Dolto sur le caractĂšre nocif pour les enfants des actes sexuels et de la promiscuitĂ© avec les adultes. AccusĂ© de faire l'apologie de la pĂ©dophilie, SchĂ©rer prĂ©cisera qu'il ne s'agissait pas de l'objet de son propos, qui Ă©tait plutĂŽt de critiquer la mise Ă  distance du corps dans la pĂ©dagogie, et la surveillance permanente de l'enfant qui l'empĂȘche de rĂ©aliser ses passions[25].

Certains milieux intellectuels ou militants politiques apportent leur soutien Ă  l’idĂ©e que les enfants doivent pouvoir vivre leur sexualitĂ©, au moins entre eux et, parfois, dans le cadre de relations inter-gĂ©nĂ©rationnelles[20].À la fin de l'annĂ©e, Gabriel Matzneff publie quant Ă  lui Les Moins de seize ans, pamphlet exaltant l’amour pour les tout jeunes adolescents, allant jusqu’à Ă©voquer des amours vĂ©cues avec des garçons de douze ans[26]. La critique du livre dans Le Monde le 25 octobre 1974 estime ironiquement que Matzneff est "un vilain monsieur heureux de l'ĂȘtre"[27] qui "puise son Ă©quilibre" dans "la clandestinitĂ©, le danger, la transgression"[27] car "la cause est entendue : psychiatres, juges, mĂšres de famille, voire les homosexuels respectables, c'est-Ă -dire ceux qui ne s'attaquent pas aux chĂšres tĂȘtes blondes et qui rĂ©clament un statut honorable, le statut de Monsieur Tout-le-Monde, en conviennent"[27]. Un peu plus tard, Le Monde Ă©crira que Gabriel Matzneff "indispose ou mĂȘme irrite le milieu intellectuel, c'est un euphĂ©misme, car ses livres et ses articles entraĂźnent frĂ©quemment des rĂ©ponses hargneuses, quand ce n'est pas haineuses"[28] et observe que "lui-mĂȘme avoue ĂȘtre un outsider"[28].

Son ton provocateur Ă  Apostrophes du 12 septembre 1975, Ă©mission littĂ©raire crĂ©Ă©e quelques mois plus tĂŽt, choque « Ă  droite comme Ă  gauche et les bien-pensants ne supportĂšrent pas », affirment ses admirateurs, tandis qu'un pĂšre de famille, choquĂ©, porte plainte[29] - [30] - [31]. Dans une « Tribune libre » du 8 novembre 1976 dans Le Monde, Gabriel Matzneff dĂ©nonce le « silence des intellectuels »[32], la « discrimination »[32] la « gĂȘne, teintĂ©e de rĂ©probation »[32], qui font de lui « un homme isolĂ© »[32] malgrĂ© les attaques qu'il a subies aprĂšs son passage Ă  l'Ă©mission Apostrophes[32].

En avril 1975, Daniel Cohn-Bendit publie Le Grand Bazar dans lequel un chapitre, « Little big men », est consacrĂ© Ă  la « sexualitĂ© des enfants ». Le livre coĂŻncide avec une campagne menĂ©e par le quotidien LibĂ©ration pour qu'il soit autorisĂ© Ă  rentrer en France. Le tirage du livre est modeste, quelques dizaines de milliers d'exemplaires, mais c'est la premiĂšre fois qu'un quotidien national, mĂȘme d'audience encore confidentielle avec seulement 30 000 lecteurs, rend compte d'un tel livre. MalgrĂ© son invitation Ă  l'Ă©mission Apostrophes en 1975, Daniel Cohn-Bendit n'obtiendra le droit de rentrer en France qu'en 1978.

Ces publications sont alors soutenues par des Ă©diteurs qui s’inscrivent souvent dans une perspective se voulant provocatrice ou d'incitation Ă  la rĂ©flexion, plus que dans la justification d’un goĂ»t particulier[20].

Réflexions militantes à propos de la sexualité des enfants et adolescents

Dans un contexte oĂč les rapports homosexuels avec des mineurs de moins de 21 ans (jusqu'en 1974) et de moins de 18 ans (jusqu'en 1982) sont fĂ©rocement rĂ©primĂ©s, le Front Homosexuel d'Action RĂ©volutionnaire s'oppose Ă  l'interdiction des rapports entre majeurs et mineurs, mais en se basant sur la parole des lycĂ©ens. Comme l'Ă©crivent les chercheurs Jean BĂ©rard et Nicolas SallĂ©e :

En France, un Front de libĂ©ration de la jeunesse est crĂ©Ă© au sein du FHAR. Discutant de l’ñge de la majoritĂ© sexuelle, il adopte comme slogan de manifestation : "les mineurs ont envie de se faire baiser"[33].

Ces positions favorables au droit Ă  la sexualitĂ© des mineurs, Ă  distinguer de la dĂ©fense des abus sexuels commis par des adultes, crĂ©ent des tensions avec d'autres militants et intellectuels, et notamment avec le sexologue GĂ©rard Zwang. En 1975, des militants et sympathisants du FHAR empĂȘchent la SociĂ©tĂ© française de sexologie clinique, crĂ©Ă©e par Zwang, de siĂ©ger Ă  l'universitĂ© de Vincennes. En 1976, RenĂ© SchĂ©rer et Guy Hocquenghem, deux homosexuels d'extrĂȘme-gauche connus, dirigent un numĂ©ro de la revue confidentielle Recherches sur l’enfance et l’éducation, intitulĂ© Co-ire[34]. Ce numĂ©ro est une rĂ©flexion, Ă  partir de romans, poĂšmes et contes, sur les reprĂ©sentations autour de l'enfance. Les considĂ©rations Ă  propos des dĂ©sirs des enfants, y occupent une place importante[35]. Vingt-cinq annĂ©es plus tard, en 2001, dans le contexte d’une polĂ©mique liĂ©e Ă  la redĂ©couverte d’un livre de Daniel Cohn-Bendit, oĂč Co-ire est exhumĂ© comme un ouvrage complaisant avec la pĂ©dophilie, et dĂ©signĂ© dans LibĂ©ration comme un « livre sur la libertĂ© sexuelle de l’enfant » RenĂ© SchĂ©rer envoie un droit de rĂ©ponse intitulĂ© « Non Ă  l'amalgame »[36], dans lequel il explique sa vision du texte :

Ce que nous avons Ă©crit en 1977 concerne beaucoup moins la sexualitĂ©, qui est effectivement l’objet du discours dominant d’alors, que la situation, l’"institution" de l’enfance avec son encerclement disciplinaire de contrĂŽle permanent, son installation dans le "panoptique", comme je l’avais dĂ©jĂ  indiquĂ© en 1974 dans Émile perverti. C’est dans ce cadre d’une pĂ©dagogisation intĂ©grale que nous faisons apparaĂźtre comme un Ă©lĂ©ment d’émancipation et de libĂ©ration l’intervention du fameux "pĂ©dĂ©rastre" oĂč la modulation, l’inclassable diffĂ©rence du "r", empruntĂ©e Ă  Genet, introduit l’élĂ©ment d’humour, de distanciation, avec lequel tout ce qui concerne la "sexualitĂ©" proprement dite est Ă  comprendre »

En avril 1978, invitĂ© avec Guy Hocquenghem dans l’émission Dialogues sur France Culture, Michel Foucault dĂ©nonce le cadre juridique qui « vise Ă  protĂ©ger les enfants en les confiant au savoir psychanalytique », Ă  nier l'existence de leur dĂ©sir sexuel et Ă  postuler la sexualitĂ© avec les adultes comme dangereuse pour eux[37]. Pour Michel Foucault, postuler, dans le cadre judiciaire, qu'un enfant serait par essence non consentant amĂšne Ă  ceci : "On les croit non susceptibles de sexualitĂ© et on ne les croit pas susceptibles d'en parler". La parole de l'expert psychiatrique se substitue Ă  la sienne, alors que seule la parole de l'enfant permet "d'Ă©tablir Ă  peu prĂšs quel a Ă©tĂ© le rĂ©gime de violence ou de consentement auquel il a Ă©tĂ© soumis"[38]. Quant Ă  lui, Guy Hocquenghem dĂ©clare :

Nous ne nous considĂ©rons pas de toute maniĂšre comme des lĂ©gislateurs, mais simplement comme un mouvement d’opinion qui demande l’abrogation d’un certain nombre de textes lĂ©gislatifs. Sans en fabriquer de nouveaux, ce qui n’est pas notre rĂŽle. Quant Ă  cette question du consentement, je prĂ©fĂšre les termes qu’a employĂ©s Michel Foucault : Ă©couter ce que dit l’enfant et lui accorder un certain crĂ©dit.

En 2020, revenant sur cette Ă©mission, deux journalistes de France culture Ă©crivent sur le site de la station que Michel Foucault et Guy Hocquenghem "dĂ©fendaient la pĂ©dophilie"[39]. À l'inverse, l'historien du droit Jean BĂ©rard rappelle que

les expressions militantes des annĂ©es 1970 [...] n’ont pas manquĂ© de faire une place au questionnement sur l’articulation entre consentement et rapports de pouvoir. Eric Fassin montre que Foucault voit bien le problĂšme et exprime un « dilemme » davantage qu’une position. Les militants s’interrogent sur ce qui doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme relevant de la « libĂ©ration sexuelle »[40].

Les pétitions de 1977, 1979 et 2001

Les pĂ©titions concernant la majoritĂ© sexuelle en France, liĂ©es Ă  l'Affaire de Versailles, signĂ©es entre 1977 et 1979[41], alors qu’une rĂ©forme du Code pĂ©nal français Ă©tait en cours de discussion au Parlement, par divers intellectuels, personnalitĂ©s et mĂ©decins, ont Ă©tĂ© montrĂ©es du doigt au dĂ©but des annĂ©es 2000 lors de la polĂ©mique sur les Ă©crits de jeunesse du dĂ©putĂ© europĂ©en Daniel Cohn-Bendit, puis Ă  la suite de la publication du livre de Vanessa Springora Ă  propos de Gabriel Matzneff.

L'une d'entre elles proposait d'accĂ©lĂ©rer les procĂ©dures pĂ©nales sanctionnant les relations sexuelles avec des mineurs, en recourant Ă  des juges professionnels, et dĂ©nonçait la discrimination contre les homosexuels dont la majoritĂ© sexuelle n'avait Ă©tĂ© abaissĂ©e qu'Ă  18 ans en 1974 contre 15 ans pour les hĂ©tĂ©rosexuels[42]. Les deux autres protestaient contre la durĂ©e de la dĂ©tention prĂ©ventive subie par des suspects dans deux affaires d' « attentat Ă  la pudeur sans violence » couvertes par le secret de l'instruction, dont la presse n'aura les dĂ©tails que lors de l'audience publique au Tribunal. Il s'agissait essentiellement d'appeler Ă  accentuer la diffĂ©rence de jugement entre les viols et les "attentats Ă  la pudeur sans violence".

Ces premiĂšres pĂ©titions sont publiĂ©es lors de l'Affaire de Versailles, avec trois suspects d'attentat Ă  la pudeur, notion remplacĂ©e en 1994 dans la loi française par l'atteinte sexuelle sur mineur de 15 ans et l'agression sexuelle sur mineur de 15 ans. OubliĂ©es pendant un quart de siĂšcle, elles sont de nouveau l'objet du dĂ©bat public quand Daniel Cohn-Bendit rĂ©pond aux journaux qui ont publiĂ© en janvier 2001 des extraits jugĂ©s pĂ©dophiles de son livre de 1975, en Ă©voquant « le contexte des annĂ©es 1970 » et des pages « dont nous devons avoir honte »[43] dans Le Monde du 22 fĂ©vrier 2001.

À propos de l'une des pĂ©titions les plus polĂ©miques, rĂ©digĂ©e par Gabriel Matzneff, le 16 janvier 2020, Vanessa Springora, invitĂ©e dans l'Ă©mission « La Grande Librairie » y a soulignĂ©, tout comme le sociologue Pierre Verdrager et le magistrat Jean-Pierre Rozencsveig, en rĂ©ponse Ă  une question de l'animateur François Busnel, que les motivations Ă©taient trĂšs diffĂ©rentes d'un signataire Ă  l'autre, la plupart voulant dĂ©noncer la discrimination contre les homosexuels, sans savoir que Gabriel Matzneff, qui se dĂ©finissait comme pĂ©dophile et avait lui-mĂȘme des relations sexuelles avec des adolescents et des enfants, avait participĂ© Ă  la rĂ©daction du texte.

Les deux pétitions de 1977 dans Le Monde

Le , une « Tribune libre » de Gabriel Matzneff dĂ©nonce ces trois ans de dĂ©tention prĂ©ventive, la « discrimination » contre les homosexuels par le Code pĂ©nal, le « silence » des intellectuels et la « gĂȘne, teintĂ©e de rĂ©probation », qui font de lui « un homme isolĂ© » malgrĂ© les attaques et la plainte d'un tĂ©lĂ©spectateur, aprĂšs son premier passage Ă  la nouvelle Ă©mission de tĂ©lĂ©vision littĂ©raire de Bernard Pivot, Apostrophes, le . Matzneff dit avoir rencontrĂ© un des trois hommes arrĂȘtĂ©s Ă  l’automne 1973. Le , Le Monde signale « de nombreuses rĂ©actions de nos lecteurs pour la plupart critiques, voire hostiles et quelquefois indignĂ©es » Ă  la « Tribune libre » de Gabriel Matzneff et en publie trois[44].

Le Monde publie le , veille du procĂšs de l'Affaire de Versailles, un « communiquĂ© » estimant que « trois ans, ça suffit » pour Bernard Dejager, Jean-Claude Gallien et Jean Burckhardt, en dĂ©tention prĂ©ventive depuis trois ans et deux mois car accusĂ©s d'attentat Ă  la pudeur contre trois enfants de 13 et 14 ans. Le secret de l'instruction fait qu'aucun journal n'a parlĂ© de l'enquĂȘte. Selon le communiquĂ©, dans cette « simple affaire de “mƓurs” (
) les enfants n'ont pas Ă©tĂ© victimes de la moindre violence », et les peines encourues (5 Ă  10 ans de prison) sont « disproportionnĂ©es », alors que « la loi reconnaĂźt une capacitĂ© de discernement aux adolescents, qui peuvent ĂȘtre jugĂ©s et condamnĂ©s Ă  partir de l’ñge de 13 ans ». Le communiquĂ© ne rĂ©clame pas de changement de la loi, mais insiste sur l'absence de contrainte et de violence Ă©tablie par l'audition des mineurs, et souligne en outre que les filles de 13 ans ont le droit de se faire prescrire la pilule en France depuis la Loi Veil de 1974, ce qui confirme le fait que des adolescents peuvent avoir des rapports sexuels[45]. Parmi les nombreux signataires citons des futurs ministres, Jack Lang, Bernard Kouchner, des intellectuels comme Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Louis Aragon, AndrĂ© Glucksmann, Gilles Deleuze, Roland Barthes, Francis Ponge et Guy Hocquenghem, ainsi que quelques mĂ©decins[45] - [41].

Le lendemain, le procĂšs dĂ©bute. Le Monde fĂ©licite la Cour d'assises de supprimer le huis clos mĂȘme si les victimes sont mineures, pour que les signataires de la pĂ©tition comprennent pourquoi l'enquĂȘte a durĂ© plus de trois ans et son Ă©volution : les victimes affirmaient certes avoir donnĂ© leur consentement, mais il s'avĂšre trĂšs fragile vu leur Ăąge et l'influence des adultes, comme le rĂ©vĂšle l'audience publique. Les tĂ©moins y rĂ©vĂšlent aussi des faits plus graves que les simples caresses et baisers Ă©voquĂ©s par la pĂ©tition, signĂ©e par 69 personnes au cours des semaines prĂ©cĂ©dentes. Si la durĂ©e de la dĂ©tention provisoire Ă©tait « inadmissible », « lĂ  s'arrĂȘte l'indignation » Ă©crit le journaliste envoyĂ© par Le Monde, pour qui « ce procĂšs n'est pas » celui « d'une sociĂ©tĂ© ultra-rĂ©pressive » mais de « trois hommes qui ont repris en compte Ă  leur profit, et pour leur plaisir, des pulsions sexuelles ». Il « est naturel de ne pas aimer cette forme d'amour et d'intĂ©rĂȘt », conclut le journal[46].

Le Monde publie le , au lendemain du verdict dans l'affaire de Versailles, des extraits d'une lettre ouverte « pour la révision de certains textes législatifs régissant les rapports entre majeurs et mineurs », qui fait aussi référence à l'affaire de Versailles, en demandant que les affaires d'« attentats à la pudeur sans violence » soient considérés comme un délit et non plus un crime (le viol le restant) et donc jugées au tribunal correctionnel plutÎt qu'en cour d'assises[42].

Ce second texte, plus prudent que celui de janvier, se situant dans un dĂ©bat juridique et non dans la rĂ©action Ă  des faits prĂ©cis, met notamment l'accent sur le fait que la majoritĂ© sexuelle est Ă  18 ans pour les homosexuels contre 15 ans pour les autres, afin de demander la fin de cette discrimination (ils obtiendront gain de cause en 1982). Le texte souhaite aussi limiter Ă  5 ans de prison ferme la peine maximum encourue en cas d'attentat Ă  la pudeur, le viol restant passible de Cour d'assises[47] - [42]. Les signataires « demandent que le dispositif pĂ©nal soit allĂ©gĂ©, que de telles affaires, aujourd'hui passibles de la cour d'assises, soit jugĂ©es par un tribunal correctionnel », car « la dĂ©tention prĂ©ventive, en matiĂšre correctionnelle, ne peut excĂ©der six mois »[47].

L'appel explique que l'affaire de Versailles, « jugĂ©e en audience publique, a posĂ© le problĂšme de savoir Ă  quel Ăąge des enfants ou des adolescents peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme capables de donner librement leur consentement Ă  une relation sexuelle. C'est lĂ  un problĂšme de sociĂ©tĂ©. Il appartient Ă  la commission de rĂ©vision du code pĂ©nal d'y appporter la rĂ©ponse de notre temps », pour des textes de loi « rajeunis et actuels »[47].

La partie citĂ©e dans le court article du Monde critique en outre la dĂ©finition du « dĂ©tournement de mineur — dont le dĂ©lit peut ĂȘtre constituĂ© par le seul hĂ©bergement d'un mineur pour une nuit ».

Le texte ne propose cependant à aucun moment de dépénaliser la pédophilie[42], et plusieurs des signataires se sont en outre exprimés contre les actes sexuels commis sur des enfants. Par exemple, selon l'historien Jean Bérard, l'une des signataires, Françoise Dolto, estime que les relations sexuelles entre mineurs et adultes sont toujours source de traumatisme[48] - [49].

Enfin, les signataires affirment qu'ils « considĂšrent que l’entiĂšre libertĂ© des partenaires d’une relation sexuelle est la condition nĂ©cessaire et suffisante de la licĂ©itĂ© de cette relation ». Ils affirment Ă©galement la nĂ©cessitĂ© de tenir « compte du consentement du mineur. » Ils avancent :

Les dispositions prĂ©tendant Ă  une “protection” de l’enfance et de la jeunesse sont de plus en plus incompatibles avec l’évolution de notre sociĂ©tĂ©, et doivent ĂȘtre abrogĂ©s ou profondĂ©ment modifiĂ©s, dans le sens d’une reconnaissance du droit de l’enfant et de l’adolescent Ă  entretenir des relations avec des personnes de son choix.

Moins de deux ans aprĂšs, Le Monde reviendra sur cette affaire, pour souligner qu'entre-temps, Ă  « en juger par l'Ă©motion suscitĂ©e par l'Affaire Jacques DuguĂ© », la rĂ©vision des articles du code pĂ©nal portant sur les relations mineurs-adultes, demandĂ©e par ces personnalitĂ©s, « n'est pas prĂȘte d'ĂȘtre acceptĂ©e par l'opinion »[50]. Quand ces pĂ©titions sont de nouveau critiquĂ©es en 2020 dans le sillage de l'affaire Matzneff, la psychanalyste Elisabeth Roudinesco dĂ©plore que :

Dans une pĂ©riode oĂč les ligues de vertu s’emploient Ă  rĂ©viser les textes du passĂ©, on ne fait plus la diffĂ©rence entre des pĂ©dophiles et des penseurs qui ont signĂ© des pĂ©titions favorables Ă  la dĂ©pĂ©nalisation de l’homosexualitĂ© ou contre des lois abusives sur le dĂ©tournement de mineurs. En bref, on met dans le mĂȘme sac Dolto, Foucault, Matzneff, Deleuze, Cohn-Bendit : tous violeurs d’enfants[51].

La pétition Flip Fnac de 1979, la tribune de Jacques Dugué dans Libération et le dessin pédophile du collectif Bazooka

En 1978, Ă©merge l'Affaire Jacques DuguĂ©, qui rebondit en , malgrĂ© le secret de l'instruction : trois mois aprĂšs Minute, France-Soir, qui a perdu 40 % de ses journalistes dans la clause de cession liĂ©e au rachat par Robert Hersant, titre Ă  son tour sur « une Ă©cƓurante affaire de mƓurs » oĂč un « soi-disant Ă©ducateur aurait livrĂ© Ă  la prostitution internationale des rĂ©giments de gamins ». Minute surenchĂ©rit, affirmant que DuguĂ© est adhĂ©rent communiste. DĂ©menti de la mairie de Saint-Ouen et de L'HumanitĂ©, Ă  qui Marc Croissant, employĂ© d'une autre mairie communiste, Ă  Ivry, Ă©crit[52] pour prendre la dĂ©fense de DuguĂ©. Puisqu'il est attaquĂ© par l'extrĂȘme-droite et le PCF, LibĂ©ration propose alors Ă  Jacques DuguĂ©, qui n'a pas d'avocat, d'Ă©crire de sa prison une « tribune libre » pour donner sa version des faits. Dans les colonnes de LibĂ©ration, tout en marquant une distance avec les pratiques et les Ă©crits de Jacques DuguĂ©, le journaliste et Ă©crivain Guy Hocquenghem justifie ainsi le fait de lui donner la parole :

Il y a quinze jours, France-Soir paraissait avec en premiĂšre page un grand titre sur “une Ă©cƓurante affaire de mƓurs” oĂč un soi-disant Ă©ducateur aurait livrĂ© Ă  la prostitution internationale des rĂ©giments de gamins. L'information reprise par la presse et la TV, concernant cette affaire DuguĂ© venait d'une seule source : Minute. Pas un journal, pas un journaliste, exceptĂ© LibĂ©ration ne se donnait la peine de vĂ©rifier les inculpations contre DuguĂ© : en fait, ni prostitution ni proxĂ©nĂ©tisme, mais un simple attentat Ă  la pudeur sur mineurs sans violences. Aucun journal n'a d'ailleurs publiĂ© de rectificatif. DuguĂ©, qui nous a fait parvenir la lettre qui suit, gagnerait tous les procĂšs en diffamation s'il les intentait. Mais DuguĂ© a dĂ©cidĂ© de se dĂ©fendre seul, refusant le concours de tout avocat. Comme l'a Ă©crit Le Monde avec une lourde ironie, DuguĂ© Ă©crit en effet des “thĂšses sur la pĂ©dophilie”, comme en tĂ©moigne cette lettre. Son univers, celui des couples Ă©changistes, qui se passent des photos d'enfants, sa franchise quant Ă  la sodomie sont d'un langage diffĂ©rent de la pĂ©dĂ©rastie plus intellectuelle ou artistique. Mais cet homme, vouĂ© pendant trois jours Ă  la vindicte publique comme le monstre absolu par les plus puissants mĂ©dia sur la base d'informations parfaitement erronĂ©es, a bien gagnĂ© le droit Ă  l'expression depuis sa prison.

En rĂ©action, le directeur de L’HumanitĂ©, Roland Leroy, accuse LibĂ©ration de dĂ©fendre les pires causes, Ă  commencer par des « proxĂ©nĂštes d’enfants ». Contre ce qu'il considĂšre comme un prĂ©texte, dans LibĂ©ration du , Jean-Luc Hennig, proche de Guy Hocquenghem Ă©crit : « on n’a pas eu LibĂ©ration par la politique on l’aura par le cul »[53]. Quelques jours aprĂšs, un Ă©ditorial de Serge July se vante d'avoir subi 9 inculpations en quelques mois[53], mais pour la plupart sans lien avec la pĂ©dophilie.

Le Monde ne prend lui parti dans aucune des deux affaires. Il obtient le des informations des enquĂȘteurs, Ă©voquant les « 15 jours dans le coma » de Jacques DuguĂ©[50], qui vient de se pendre en raison de « la quasi-certitude d'ĂȘtre lourdement condamnĂ© »[50] mais aussi « les victimes (qui) seraient au nombre d'une trentaine »[50] et ne « se livraient pas seulement Ă  des jeux innocents », tandis que « l'un des parents » avait portĂ© plainte[50].

Le 23 mars 1979, dans un climat politique tendu, une lettre titrĂ©e « Flip Fnac » est publiĂ©e dans la page « Courrier des lecteurs » du journal LibĂ©ration [54], alors en grande difficultĂ©. Le texte dĂ©nonce la dĂ©tention prĂ©ventive de 18 mois, dont 9 Ă  l'hĂŽpital psychiatrique de Villejuif, imposĂ©e Ă  GĂ©rard Roussel. La pĂ©tition est signĂ©e par Simone Iff, Jean-Louis Bory, Daniel GuĂ©rin, Christiane Rochefort, Guy Hocquenghem, Georges Moustaki, Catherine Millet, etc. Presque aucun dĂ©tail n'a filtrĂ© en raison du secret de l'instruction : il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© en septembre 1977 Ă  la FNAC, oĂč il venait retirer, sous un nom d'emprunt, un film super-8, qui mettait en scĂšne une enfant de sept ans. Un employĂ© du magasin fait un signalement Ă  la police, qui perquisitionne le domicile du suspect[53] - [55], qui sera finalement condamnĂ© pour des actes Ă  caractĂšre sexuel commis sur des filles de 6 Ă  12 ans - sans violence ni pĂ©nĂ©tration. La pĂ©tition publiĂ©e avant le procĂšs est signĂ©e par Guy Hocquenghem Simone Iff, Jean-Louis Bory, Daniel GuĂ©rin, Christiane Rochefort, Georges Moustaki, Catherine Millet, etc. L'argument est le suivant :

Une fois encore, au nom de la "protection" de la jeunesse, la loi nie l'existence de l'enfant comme ĂȘtre capable d'aimer. Donner de l'amour Ă  un enfant et en recevoir de lui par une prĂ©sence, de la tendresse, des caresses, est aujourd'hui un dĂ©lit, voire un crime. On sait aussi que deux mineur(e)s qui font l'amour ensemble se dĂ©tournent l'un l'autre au terme de la loi. Le caractĂšre anachronique de cette lĂ©gislation est renforcĂ© par le fait qu'une jeune fille de moins de 15 ans peut se procurer une contraception sans autorisation de quiconque. Pour faire quoi ?

Serge July, directeur de LibĂ©ration, a recrutĂ© Ă  l'Ă©tĂ© 1977 Bazooka, groupe de graphistes inspirĂ©s par les Sex Pistols du Mouvement punk et la sortie de God Save the Queen (chanson). July lui offre « une totale libertĂ© d'expression », pour « secouer » le journal[56]. Selon lui « l’agression » graphique pratiquĂ©e par Bazooka « est aujourd’hui une maniĂšre d’exister, d’entretenir un rapport avec un monde dĂ©sespĂ©rant »[57]. Bazooka intervient au « marbre » (maquette) juste avant le dĂ©part au rotatives mais sa « dictature graphique »[57] provoque les rĂ©ticences de la rĂ©daction et la collaboration cesse. Bazooka travaille alors pour une autre publication, crĂ©Ă©e par LibĂ©ration, la revue Un Regard moderne[58], arrĂȘtĂ©e en novembre 1978, aprĂšs seulement six numĂ©ros, la rĂ©daction de LibĂ©ration accusant Bazooka de « pirater le journal au montage »[59] par la publication, dans la page d'annonce « Taules » de la revue encartĂ©e dans le numĂ©ro du 5-, consacrĂ©e aux dĂ©tenus, d'un dessin pĂ©dopornographique[53].

La pétition du dans Libération

En janvier 2001, la journaliste allemande Bettina Röhl[60], dont la mĂšre Ulrike Meinhof, cofondatrice de la Fraction armĂ©e rouge[61], s'est suicidĂ©e quand elle-mĂȘme avait 14 ans[60], diffuse Ă  plusieurs grands journaux anglais, italiens et allemands[62] un article publiĂ© par Daniel Cohn-Bendit en 1976, peu aprĂšs le suicide de sa mĂšre, dans le magazine culturel de son pĂšre, qu'elle accuse de l'avoir abandonnĂ©e[60]. Cet article reprenait un chapitre du livre Le Grand Bazar, dans lequel Daniel Cohn-Bendit Ă©voquait l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente ses activitĂ©s d’aide-Ă©ducateur Ă  Francfort en thĂ©orisant l'Ă©veil Ă  la sexualitĂ© des enfants de 1 Ă  6 ans et tĂ©moignant de rapports physiques Ă  connotation sexuelle que Daniel Cohn-Bendit a entretenus avec eux.

Daniel Cohn-Bendit évoque alors dans Le Monde du 22 février 2001 « le contexte des années 1970 » et des pages « dont nous devons avoir honte »[63]. L'écrivain Sorj Chalandon rédige le lendemain un mea culpa de Libération sur des pétitions oubliées datant des années 1970[64] et L'Express publie des entretiens avec deux de leurs anciens signataires, Philippe Sollers faisant part de ses regrets il déclare "Certains aspects de la pétition (de 1977) sont complÚtement indéfendables. Aujourd'hui, je ne la signerais pas et je pÚserais mes mots"[65]. Bernard Muldworf assure quant à lui qu'il était déjà anti-pédophile à l'époque[66].

Au journal de 20 heures de TF1, Cohn-Bendit dĂ©nonce une  "chasse Ă  l'homme" pour des Ă©crits n'ayant selon lui "suscitĂ© aucune rĂ©action" en 1975[67]. LibĂ©ration pourfend le mĂȘme jour une "haine de Mai 68 qui n'a jamais abdiquĂ©"[68] dans un numĂ©ro consacrant six articles Ă  l'affaire dont ceux de trois "ex-soixante-huitards" (Romain Goupil, Serge July et Philippe Sollers) remontĂ©s contre un "procĂšs stalinien" visant selon eux Cohn-Bendit, celui de Romain Goupil Ă©tant mĂȘme titrĂ© Â«J'ai envie de dire: oui, je suis pĂ©dophile!»[69]. Une semaine aprĂšs, plusieurs de ses amis signent une pĂ©tition titrĂ©e ""Cohn-Bendit et mai 68 : quel procĂšs ?"[70]. Ils affirment :

Écrits ou propos scandaleux, ceux de Cohn-Bendit ? Non, ceux d'une nĂ©cessaire explosion de parole (...) la rĂ©volution sexuelle a d'abord appris aux enfants, aux adolescentes, aux femmes Ă  dire « non ».

Les discours pro-pédophilie

Accusations d’apologie de la pĂ©dophilie contre des personnalitĂ©s associĂ©es Ă  l'extrĂȘme gauche

À l'extrĂȘme-gauche, les discours fĂ©tichisant les enfants, et de façon encore plus marginale, l'apologie des rapports Ă©rotiques avec des enfants, apparaissent comme une remise en cause des interdits. En 1975, Daniel Cohn-Bendit, Ă©crit dans le livre Le Grand Bazar, publiĂ© aux Ă©ditions Belfond, au sujet de son expĂ©rience d’éducateur dans un jardin d'enfants « alternatif » Ă  Francfort :

« Il m'Ă©tait arrivĂ© plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent Ă  me chatouiller. Je rĂ©agissais de maniĂšre diffĂ©rente selon les circonstances, mais leur dĂ©sir me posait un problĂšme. Je leur demandais : “Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi vous m’avez choisi, moi, et pas les autres gosses ?” Mais, s’ils insistaient, je les caressais quand mĂȘme »[71].

Il regrettera plus tard ses propos et ses écrits, parlant de provocation destinée à « choquer le bourgeois des années 1970 »[72]. Le journal L'Express estimera ensuite en 2001 que Daniel Cohn-Bendit, comme les auteurs d'autres propos analogues avaient :

un vĂ©ritable aveuglement : l'enfant, croyaient-ils, ne demandait qu’à exprimer sa sexualitĂ©, et c’était l'interdit qui constituait un abus sexuel. Cette complaisance, qui a servi d’alibi et de caution culturelle Ă  bien des pĂ©dophiles, masque aussi une autre rĂ©alitĂ©, l’infantilisme d'une mouvance [73].

D'autres militants d'extrĂȘme-gauche ont aussi Ă©tĂ© accusĂ©s d'avoir fait l'apologie de la pĂ©dophilie dans les annĂ©es 1970, pour avoir remis en cause la surveillance des enfants les empĂȘchant d'assouvir leurs dĂ©sirs, ou critiquĂ© les formes de pouvoir rĂ©primant les rapports sexuels entre majeurs et mineurs. Pour qu'ils expliquent leur dĂ©marche et leur signature de plusieurs pĂ©titions demandant l'abrogation de certaines lois relatives aux rapports entre majeurs et mineurs, le 4 avril 1978, France Culture invite Michel Foucault, Guy Hocquenghem et l'avocat Jean Danet pour un dĂ©bat dans l'Ă©mission Dialogues autour de la « Loi de la pudeur ». Cette Ă©mission sera retranscrite dans le no 37 de la revue Recherches, intitulĂ© « Fous d'enfance. Qui a peur des pĂ©dophiles ? » (avril 1979), numĂ©ro qui sera retirĂ© de la circulation. Guy Hocquenghem y plaide pour une dĂ©pĂ©nalisation des relations sexuelles dĂšs lors qu'il n'y a ni violence ni contrainte. Cependant, Guy Hocquenghem, Michel Foucault et Jean Danet insistent sur le fait que leur objet est essentiellement d'interroger les catĂ©gories du pouvoir et de la rĂ©pression, et non de dĂ©fendre tel ou tel acte ou produire de nouvelles normes.

Plus tard dans l’émission, Hocquenghem dĂ©clare que « sur le problĂšme du viol proprement dit », « les mouvements fĂ©ministes et les femmes en gĂ©nĂ©ral se sont parfaitement bien exprimĂ©s », mais qu’il y a une nĂ©cessitĂ© Ă  critiquer les paniques sĂ©curitaires poussant Ă  demander la castration chimique des violeurs, ou Ă  verser dans la surenchĂšre punitive. Il en est de mĂȘme lorsqu’il interroge le nombre de reportages anxiogĂšnes Ă  propos de la pĂ©dopornographie dans les mĂ©dias, mĂȘme si, Ă©videmment, « personne, ici, ne songe Ă  se faire le paladin de la pornographie ou de la prostitution enfantine ». En 2020, dans le contexte d'une polĂ©mique liĂ©e Ă  la redĂ©couverte des Ă©crits et dĂ©clarations de Guy Hocquenghem, FrĂ©dĂ©ric Martel le qualifie de « dĂ©fenseur idĂ©ologique de la pĂ©dophilie » dans une tribune sur France Culture oĂč il critique la dĂ©cision d'Anne Hidalgo d'avoir posĂ© une plaque d’hommage Ă  ce militant[74] - [75].

Au contraire, dans un blog hĂ©bergĂ© par le journal Mediapart, le chercheur et historien Antoine Idier, auteur d'une biographie d'Hocquenghem, qui revient sur cette polĂ©mique, dĂ©nonce une campagne menĂ©e Ă  partir de « citations tronquĂ©es » et de « textes amputĂ©s », et dĂ©plore l'absence de « faits, d’allĂ©gations prĂ©cises, d’investigation ». À propos des Ă©crits d'Hocquenghem au sujet de l'enfance et des pĂ©titions demandant une rĂ©vision des lois rĂ©gissant les rapports entre majeurs et mineurs, Antoine Idier Ă©crit :

À moins d’assumer le rĂ©visionnisme, on ne peut pas aujourd’hui voir ces textes autrement que ce qu’ils sont : la maniĂšre dont, Ă  une Ă©poque, des Ă©nergies progressistes ont tentĂ© de lever un certain nombre de rĂ©pressions, de politiser le personnel et la vie privĂ©e. [...] À aucun moment les signataires ne nient l’existence de violence, de viols, d’abus, de relations sexuelles non-consenties et consentantes. Ils rappellent qu’il existe aussi des relations consentantes et consenties, que la loi se contente de considĂ©rer comme illĂ©gales, et dont elle rĂ©prime les protagonistes[76].

Accusations d’apologie de la pĂ©dophilie contre des personnalitĂ©s associĂ©es Ă  l'extrĂȘme droite

Bien qu'elle y soit trĂšs minoritaire, l’apologie de la pĂ©dophilie a aussi Ă©tĂ© constatĂ©e chez certaines personnalitĂ©s proches de l’extrĂȘme droite, notamment en France, qui ont repris Ă  leur compte des idĂ©es pro-pĂ©dophiles et pro-pĂ©dĂ©rastes[77] - [78] - [79]. Cette rĂ©cupĂ©ration s’est notamment exprimĂ©e dans les annĂ©es 1980, dans les colonnes du magazine Gaie France, interdit de publication en 1993 pour « incitation Ă  la pĂ©dophilie »[80]. Elle s’est cristallisĂ©e autour de personnalitĂ©s comme Michel Caignet, Bernard Alapetite (producteur de documents cinĂ©matographiques homosexuels mettant en scĂšne des acteurs Ă  l’apparence juvĂ©nile, de son vrai nom Philippe Desnous) ou Jean-Manuel Vuillaume, tous trois anciens responsables ou rĂ©dacteurs de revue d’organisations nĂ©o-fascistes et/ou nĂ©o-nazies (FANE pour le premier, DĂ©fense de l'Occident pour les deux autres) qui seront plus tard impliquĂ©s dans des affaires judiciaires de pĂ©dopornographie. Parmi les intellectuels partisans de la pĂ©dĂ©rastie et/ou de la pĂ©dophilie, Roger Peyrefitte proclame dans les annĂ©es 1980 voter pour le Front national, tandis que Gabriel Matzneff est proche de la Nouvelle Droite[81] - [82] et Ă©voque son amitiĂ© avec Jean-Marie Le Pen[83], bien qu'il dĂ©clare plus tard voter Jean-Luc MĂ©lenchon, Ă  partir de 2012[84].

Des discours trĂšs minoritaires

Malgré l'activité de quelques personnalités et une tolérance pouvant exister dans des groupes politiques minoritaires, la pédophilie demeure globalement condamnée par la société à cette époque. Les adultes ayant des contacts sexuels avec des enfants ou des pré-adolescents sont réprouvés et se retrouvent trÚs souvent en prison, et, lorsque les groupes pédophiles se structurent et se font connaßtre des opinions publiques des années 1970-1980, les réactions demeurent en général trÚs négatives.

Aussi, les demandes d'abrogation de certains articles du code pĂ©nal exprimĂ©es dans des pĂ©titions ne doivent pas ĂȘtre confondues avec l'apologie de la pĂ©dophilie. De nombreuses fĂ©ministes, comme GrisĂ©lidis RĂ©al, HĂ©lĂšne Cixous, Françoise d’Eaubonne, Christiane Rochefort et Simone de Beauvoir, signent les pĂ©titions critiquant la rĂ©pression excessive des rapports entre majeurs et mineurs. Pour autant, comme la plupart des signataires de ces pĂ©titions, elles ne dĂ©fendent pas la pĂ©dophilie. Par exemple, dans Le DeuxiĂšme Sexe, Simone de Beauvoir dĂ©nonce la soumission prĂ©coce des jeunes filles Ă  un systĂšme de prĂ©dation sexuelle[85].

Au sein mĂȘme des avant-gardes « progressistes », les fĂ©ministes sont souvent perplexes[86] quant Ă  la rĂ©elle possibilitĂ© de relations librement consenties entre adultes et enfants, la pĂ©dophilie Ă©tant considĂ©rĂ©e comme un miroir de l'aliĂ©nation des faibles par le sexe masculin[87]. Le fait que la grande majoritĂ© des pĂ©dophiles ainsi que des consommateurs de pornographie et de prostitution enfantine soient des hommes vient appuyer cette thĂšse[88].

Structuration de plusieurs mouvements pédophiles à la fin des années 1970

À partir du milieu des annĂ©es 1970 apparaissent des organisations spĂ©cifiquement pĂ©dophiles, tentant de rebondir sur les discours Ă  propos du droit des adolescents Ă  exercer leur sexualitĂ©, ou sur les dĂ©bats Ă  propos de l'Ăąge auquel fixer la majoritĂ© sexuelle. Cette radicalisation et la multiplication des groupes jusqu'au milieu des annĂ©es 1980 permet aux pĂ©dophiles de se rencontrer et d'Ă©changer des idĂ©es, mĂȘme si les diffĂ©rents groupes ont Ă©tĂ© plus juxtaposĂ©s que coordonnĂ©s. Cela leur permet Ă©galement de tenter de se faire connaĂźtre par les opinions publiques.

En Europe du Nord et germanique

Aux Pays-Bas, en plus du Studiegroep Pedofilie de la NVSH, de nombreux groupes voient le jour, notamment dans le sillage de l'action prosĂ©lyte d'Edward Brongersma et Frits Bernard[89] : le Stiching Studiegroep Pedofilie (SSP) ; le Landelijke Werkgroep Jeugdemancipatie (ex-Pedofilie), groupe spĂ©cifique de l'organisation Nederlandse Vereniging Voor Seksuele Hervorming (NVSH - LWGJ) ; Spartacus, Ă©diteur d'une revue en anglais, Pan Magazine, Ă  diffusion internationale, et du guide Spartacus qui cause un scandale au milieu des annĂ©es 1990[90], et Ă  partir de 1982 MARTÄČN. Cette derniĂšre association est le seul groupe de ce type Ă  subsister en Europe. Elle a fait l'objet d'un jugement de dissolution en juin 2012 par la justice nĂ©erlandaise[91] - [92], mais ce jugement a Ă©tĂ© annulĂ© en avril 2013, la cour d'appel jugeant que, si « les travaux de l'association sont contraires Ă  l'ordre public », ils n'entraĂźnent cependant pas de « menaces de dislocation de la sociĂ©tĂ© », condition pour qu'une organisation puisse ĂȘtre interdite aux Pays-Bas[93] - [94].

C'est en Flandre belge que se forme le premier groupe pĂ©dophile hors des Pays-Bas, aprĂšs une confĂ©rence donnĂ©e Ă  Anvers en avril 1973 par le groupe d’étude sur la pĂ©dophilie de la NVSH. Le Studiegroep Pedofilie organise des rencontres hebdomadaires et collecte des informations sur la pĂ©dophilie (regroupĂ©es dans un centre de documentation basĂ© Ă  Hasselt). En 1981 s’ajoute Stiekum, plus militant (tracts, interventions en milieu institutionnel, Ă  la radio, etc.)[95]. Ces groupes, qui restent plutĂŽt informels, font Ă  partir de 1984 l’objet d'attaques de partis de droite, dont le Vlaams Blok, qui, leur reprochant « d'habituer les gens au phĂ©nomĂšne de la pĂ©dophilie », diffusent dans leurs publications et dans les journaux flamands des appels Ă  les interdire, et organisent des manifestations de protestation lorsque se tiennent en Flandre confĂ©rences et dĂ©bats sur la pĂ©dophilie[96].

En Allemagne de l'Ouest, la Deutsche Studien und Arbeitsgemeinschaft PĂ€dophilie (DSAP, SociĂ©tĂ© allemande d'Ă©tude et de travail sur la pĂ©dophilie) regroupe Ă  partir de 1979 plusieurs groupes locaux et publie Befreite Beziehung (douze numĂ©ros) puis die Zeitung. À la fin de 1981, ses deux cents membres, ne parvenant plus Ă  s’entendre, provoquent la dissolution de fait du mouvement. L'Arbeitskreis PĂ€derastie (AKP, Cercle de travail sur la pĂ©dĂ©rastie), petit groupe de rĂ©flexion formĂ© en 1979, devient alors le principal mouvement germanique, bien qu’il s’adresse presque uniquement aux pĂ©dĂ©rastes. KinderfrĂŒhling, qui reprend l’édition de la Befreite Beziehung, naĂźt de la dissolution de la DSAP[97].

Les pĂ©dophiles allemands parviennent surtout, dans les annĂ©es 1980, Ă  trouver des soutiens politiques auprĂšs du Parti vert, en arguant que les contacts sexuels entre enfants et adultes, non seulement ne sont pas nocifs pour les enfants, mais sont Ă©galement nĂ©cessaires Ă  leur Ă©volution psychosociale. Durant plusieurs annĂ©es, les pĂ©dophiles continuent de bĂ©nĂ©ficier de soutiens politiques en prĂ©sentant leur sexualitĂ© comme le dernier bastion devant « ĂȘtre pris d'assaut dans le cadre de la libĂ©ration sexuelle »[98].

Dans d’autres pays d’Europe du Nord, les petits groupes qui existent ont une influence anecdotique, que ce soit la Schweizerische Arbeitsgemeinschaft PĂ€dophilie (SAP) en Suisse, le Paedofil Gruppe au Danemark, le NAFP en NorvĂšge ou le Paedofilia Arbeitsgruppen (PAG) en SuĂšde[89]. En 1985, la Danish Pedophile Association (DPA) est crĂ©Ă©e au Danemark.

Dans les pays anglophones

À la fin des annĂ©es 1970, le militantisme pĂ©dophile se dĂ©veloppe Ă©galement au Royaume-Uni et aux États-Unis avec la formation en 1974 en Écosse du PIE (Paedophile Information Exchange, plus tard basĂ© Ă  Londres), et en 1978 Ă  Boston de la NAMBLA (North American Man/Boy Love Association). Ces deux groupes ont une certaine notoriĂ©tĂ© au dĂ©but des annĂ©es 1980 Ă  la suite du tollĂ© que suscitent les propos de certains de leurs membres, militants radicaux[99], et Ă  la diffusion de leurs revues, le Magpie et le NAMBLA Bulletin. En 1984, le PIE s'auto-dissout face Ă  la rĂ©probation publique. Les procĂšs se multiplient Ă  partir de 1981, alors que la NAMBLA existe toujours. Les rĂ©actions que suscitent le PIE et la NAMBLA Ă  leurs naissances respectives montrent le rejet des sociĂ©tĂ©s anglophones envers de tels mouvements.

Quelques « cercles de documentation et de rĂ©flexion », comme la RenĂ© Guyon Society, le Childhood Sensuality Circle (CSC, crĂ©Ă© en 1975 par Valida Davila) voient le jour mais ont une audience trĂšs limitĂ©e et n’essayent pas de se faire connaĂźtre[89].

En Australie est fondĂ© en 1983 — ou 1980 — l'Australian Paedophile Support Group, qui se dissout aprĂšs l'intrusion de policiers en son sein. Ses membres se rassemblent alors dans le groupe BLAZE (Boy Lovers And Zucchini Eaters), qui est assez vite rendu inactif par la police[100].

Les mouvements européens francophones

La premiĂšre organisation pĂ©dophile francophone naĂźt dans le cadre de l’« Affaire de Versailles ». Dans l'attente du jugement, une petite trentaine de personnes, soit le plus gros rassemblement sur le sujet, se rĂ©unit le 2 avril Ă  l'UniversitĂ© de Jussieu et un Ă©phĂ©mĂšre "Front de libĂ©ration des pĂ©dophiles" (FLIP)[19] qui ne tiendra qu'une seule rĂ©union, en 1979 est annoncĂ©.

Quelques militants parmi les plus radicaux ont entre-temps fondĂ© Ă  l'Ă©tĂ© 1977 le FRED (Front d’action et de recherche pour une enfance diffĂ©rente) et publiĂ© quelques textes en 1978[101]. Le FRED disparaĂźt dĂ©but 1979, comme le FLIP Ă  cause de dissensions entre ses membres[102].

Le premier groupe militant pĂ©dophile francophone Ă  durer, grĂące Ă  ses connexions internationales, est le GRED (Groupe de recherche pour une enfance diffĂ©rente), fondĂ© en juillet 1979, membre du CUARH (ComitĂ© d'urgence antirĂ©pression homosexuelle) et de l'IGA (International Gay Association). Le GRED dĂ©clare dans sa revue Le Petit Gredin (10 numĂ©ros de 1981 Ă  1987) vouloir « Ă©largir son public aux « professionnels » de l’enfance, aux parents eux-mĂȘmes, aux juges et aux Ă©ducateurs. Et aux enfants ! »[103] et vouloir ĂȘtre un organe de dĂ©bats plutĂŽt que de militantisme, attitude que le mouvement adopte Ă©galement lors des confĂ©rences et tables rondes auxquelles il est conviĂ©[103].

Le CRIES (Centre de recherche et d'information sur l'enfance et la sexualitĂ©) est fondĂ© en Belgique, Ă  la suite de la disparition du Groupe d'Ă©tude sur la pĂ©dophilie (GEP), par Philippe Carpentier afin de « rassembler des gens comme [lui] » indĂ©pendamment du mouvement homosexuel[103]. De dĂ©but 1982 Ă  fin 1986, le CRIES publie vingt-huit numĂ©ros de L'Espoir. Cette revue est avant tout un organe militant qui, Ă  travers rĂ©cits, illustrations et articles sur les autres mouvements, fait l’éloge des amours pĂ©dĂ©rastiques.

Dans les annĂ©es 1980, parallĂšlement Ă  ces organes de presse de mouvements militants, paraissent divers magazines[103], plus ou moins liĂ©s au militantisme pĂ©dophile, comme Palestra, dirigĂ©e par Jean-Manuel Vuillaume et François Valet, qui ambitionnait de « recenser les grandes figures culturelles de l’enfant » et propose Ă  ses lecteurs « une synthĂšse agrĂ©able et divertissante sur l’enfant dans la culture »[104], ou Gaie France (1986-1993), publiĂ©e par Michel Caignet et qui soutient pĂ©dĂ©rastes et pĂ©dophiles[105]. De nombreuses revues de photographies sont aussi publiĂ©es : Backside (1983-1985)[106], Jean's (1985)[107], Beach Boys (1985-1986), Eklat (1985) et Photokid (1986).

Ces groupes, qui se rattachent encore à l'esprit contestataire et aux mouvements homosexuels, reconnaissent un changement des mentalités, aussi bien de la part de leurs anciens alliés que de la société en général[103].

Certains des membres du milieu « pĂ©dophile militant » sont par la suite discrĂ©ditĂ©s en raison de leur implication dans des affaires de viol sur mineur ou de vente d’images pĂ©dopornographiques ; le CRIES disparaĂźt brusquement en 1987 lorsque l’on dĂ©couvre que, derriĂšre les photos « soft » de L'Espoir, Philippe Carpentier organisait un trafic d'images et de vidĂ©os pĂ©dopornographiques impliquant pas moins de 18 pays[108] ; Jean-Manuel Vuillaume est condamnĂ© en 1997 pour avoir tournĂ© en Colombie des vidĂ©os pornographiques mettant en scĂšne des adolescents mineurs[109], affaire Ă  laquelle Michel Caignet est Ă©galement mĂȘlĂ©. Ces revues et mouvements ont donc pu contribuer Ă  la formation de rĂ©seaux « pĂ©docriminels ».

Des groupes dispersés

Ces mouvements, s’ils se font des publicitĂ©s rĂ©ciproques dans leurs publications, sont cependant peu nombreux, peu influents et surtout peu coordonnĂ©s, bien que certaines tentatives de regroupement soient effectuĂ©es, souvent Ă  l’échelle nationale.

Les 5 et 6 juillet 1986, la NAMBLA, la SAP suisse, un groupe australien et des mouvements scandinaves se rencontrent Ă  Copenhague. Ils cherchent les moyens de rĂ©insĂ©rer le combat pour l'acceptation de la pĂ©dophilie dans celui pour la libertĂ© sexuelle et proposent que les homosexuels continuent Ă  combattre de front avec les pĂ©dophiles, tout en constatant affronter une trĂšs vive hostilitĂ© de la part des fĂ©ministes[110]. Cette rencontre, qui survient alors que le mouvement s'essouffle, n'a pas d’effet concret.

Depuis les années 1980 : la condamnation générale de la pédophilie

Les condamnations judiciaires dans le secteur de l'antipsychiatrie

Si les condamnations judiciaires sont nombreuses et sĂ©vĂšres lors de la dĂ©cennie prĂ©cĂ©dente, au dĂ©but des annĂ©es 1980 l'affaire du Coral a un retentissement mĂ©diatique important, en particulier parce que le secret de l'instruction ne fait plus Ă©cran, avec de nombreuses rĂ©actions politiques dĂšs 1982-1983. Le secteur de l’antipsychiatrie est ainsi accusĂ© de pĂ©dophilie en 1982 dans l'affaire du Coral pour des faits datĂ©s du dĂ©but des annĂ©es 1980. Plusieurs personnalitĂ©s publiques, dont RenĂ© SchĂ©rer ou Gabriel Matzneff, sont un temps accusĂ©es, avant d'ĂȘtre mises hors de cause et que leur accusateur soit condamnĂ© pour dĂ©nonciation calomnieuse. La plupart des accusĂ©s sont finalement innocentĂ©s. Cependant, en appel, en 1987, son animateur Claude Sigala est condamnĂ© Ă  une peine de trente mois d'emprisonnement avec sursis, bien qu'il ait toujours niĂ© les faits[111].Si SchĂ©rer et Matzneff sont alors blanchis des accusations portĂ©es contre eux, et si les condamnations de plusieurs animateurs, pour relations sexuelles consenties avec de jeunes adolescents, sont finalement lĂ©gĂšres, l'affaire connaĂźt un fort remous mĂ©diatique, qui contribue Ă  attirer l'attention sur les lieux de vie et Ă  remettre en cause l'antipsychiatrie[21]. Gabriel Matzneff est quant Ă  lui renvoyĂ© par Le Monde Ă  la suite de sa mise en cause[112].

Plus tard, LĂ©onide Kameneff, animateur de l'École en bateau, est quant Ă  lui condamnĂ© Ă  12 ans de rĂ©clusion criminelle en 2013 par la cour d'assises des mineurs de Paris, qui le reconnaĂźt coupable de viols et agressions sexuelles de cinq enfants dans les annĂ©es 1980 et 1990 [113]

Le déclin en Europe occidentale

En Europe occidentale, aprĂšs 1982, le militantisme pĂ©dophile , s'il est moins attaquĂ© que son Ă©quivalent amĂ©ricain, commence Ă  dĂ©cliner[85]. : les mouvements homosexuels ont vu leur revendication satisfaite en obtenant que la majoritĂ© sexuelle soit de 15 ans, tant pour les rapports homosexuels qu'hĂ©tĂ©rosexuels, les dĂ©bats sur la majoritĂ© sexuelle et la sexualitĂ© des adolescents se referment, les mĂ©dias n'en parlent plus, et les principaux militants se lassent (Bernard prend sa retraite de psychologue, d'expert et de membre d'organisations internationales en 1985[10]). Aux Pays-Bas, les discours en faveur de la pĂ©dophilie connaissent un reflux dans les annĂ©es 1980 quand, de l'aveu mĂȘme de Frits Bernard, la pĂ©dophilie est Ă  nouveau couramment traitĂ©e comme une maladie mentale[4].

Lorsqu'en 1985, les Verts allemands, parti en pointe lors de la RĂ©volution sexuelle, incluent dans leur programme, aprĂšs plusieurs mois de travail, des propositions visant Ă  abolir les articles de loi sur la majoritĂ© sexuelle, en insistant par exemple sur le fait que « les rapports sexuels avec des enfants sont pour les deux parties [enfants et adultes] [
] productifs », cela suscite un tollĂ©, et beaucoup d'Ă©lecteurs habituels du parti reportent leurs voix sur le SPD[114]. MĂȘme les Ă©lecteurs les plus « progressistes » n'acceptent plus l'idĂ©e de la dĂ©fense des pĂ©dophiles.

À partir de la mĂȘme annĂ©e, la police nĂ©erlandaise se met Ă  collaborer Ă©troitement (des rĂ©unions hebdomadaires au moins jusqu'en 1989[14]) avec le FBI pour apprendre Ă  « traquer les producteurs et consommateurs supposĂ©s de pĂ©dopornographie »[12], car le CongrĂšs amĂ©ricain (via le Sous-comitĂ© permanent aux investigations du ComitĂ© sur les affaires gouvernementales, dirigĂ© par le rĂ©publicain William Roth), pense que les Pays-Bas sont alors « parmi les principaux exportateurs de pĂ©dopornographie aux États-Unis » et qu'il y aurait Ă  Amsterdam des ventes aux enchĂšres d'enfants afin de les prostituer, allĂ©gations qui sont invalidĂ©es en aoĂ»t 1986 par le rapport dĂ©finitif d'un groupe de travail sur la pĂ©dopornographie dirigĂ© par le ministre de la justice Altes[12] - [14]. Cette action de la police nĂ©erlandaise montre un changement de mentalitĂ© dans ce pays oĂč le militantisme pĂ©dophile avait rencontrĂ© le plus de succĂšs.

Au sein des anciennes mouvances « progressistes » des annĂ©es 1970, des leaders sont parfois obligĂ©s de s'expliquer et de revenir, sur les propos tenus Ă  l'Ă©poque. Ce processus de marginalisation[115] se poursuit jusqu'en 1994, date Ă  laquelle l'International Lesbian and Gay Association, afin d'obtenir un statut consultatif au Conseil Ă©conomique et social des Nations unies, dĂ©cide d'exclure quatre groupes pĂ©dophiles militants : les amĂ©ricains NAMBLA et Project Truth, le nĂ©erlandais MARTÄČN et l'allemand Verein fĂŒr Sexuelle Gleichberechtigung (VSG, « Association pour l'Ă©galitĂ© sexuelle »)[116]. La RĂ©volution sexuelle, Ă  la fin des annĂ©es 1990, s'est dĂ©barrassĂ©e de son passĂ© pĂ©dophile[20].

En 2001, une polĂ©mique Ă©clate ainsi autour du passage relatif aux enfants dans le livre Le Grand Bazar, de Daniel Cohn-Bendit : attaquĂ©, celui-ci parle de « provocation intolĂ©rable », et dit son remords d'avoir Ă©crit ces lignes, par « inconscience insoutenable ». Pour lui, « Il s'agissait de transgresser des frontiĂšres et de briser les interdits. Cela n'avait rien Ă  voir avec des abus sexuels »[117] ; il affirme en outre : « prĂ©tendre que j'Ă©tais pĂ©dophile est une insanitĂ©. La pĂ©dophilie est un crime. L'abus sexuel est quelque chose contre lequel il faut se battre. Il n'y a eu de ma part aucun acte de pĂ©dophilie. »[72] Plusieurs anciens Ă©lĂšves de Daniel Cohn-Bendit, et leurs parents, prennent sa dĂ©fense dans une dĂ©claration Ă©crite, rĂ©futant les accusations d'abus sexuels ou de proximitĂ© avec des « personnes coupables d'abus sexuels sur enfants »[118]. Ses proches reprennent la thĂšse d'un « aveuglement collectif » dont ses Ă©crits n'auraient Ă©tĂ© que le reflet, selon l'expression de Jean-Claude Guillebaud[119]). Dans L'HumanitĂ©, 24 fĂ©vrier 2001, GeneviĂšve Fraisse rappelle que les milieux fĂ©ministes Ă©taient critiques de la pĂ©dophilie. Les lesbiennes avaient en particulier Ă©tĂ© les premiĂšres Ă  s'opposer aux pĂ©dophiles au sein des mouvements GLBTQ : en 1980, un « rassemblement lesbien du comitĂ© pour la Gay Pride » (« Lesbian Caucus – Lesbian & Gay Pride March Committee ») appelle Ă  boycotter la Gay Pride de New York Ă  cause d'une supposĂ©e mainmise de la NAMBLA sur son comitĂ© d'organisation[120]. En 1983, lorsque le mouvement homosexuel britannique CHE (Campaign for Homosexual Equality) soutient le PIE, en proie Ă  une campagne de presse nĂ©gative, le magazine condamne cet appui comme nuisible Ă  la cause homosexuelle[121].

Gabriel Matzneff dĂ©clare en 2002 : « Lorsque les gens parlent de « pĂ©dophilie », ils mettent dans le mĂȘme sac le salaud qui viole un enfant de huit ans et celui qui vit une belle histoire d’amour avec une adolescente ou un adolescent de quinze ans. Pour ma part, je mĂ©prise les salauds qui abusent des enfants et je suis partisan de la plus grande sĂ©vĂ©ritĂ© Ă  leur Ă©gard. »[122]

Révélations sur le tourisme sexuel chez les Danois

Au cours des années 1980, quelques petits groupes de pédophiles apparaissent, mais leur militantisme décline rapidement, jusqu'à disparaßtre presque totalement dans les années 1990, excepté la création au début des années 1990 de l'IPCE (International Pedophile and Child Emancipation), qui gÚre un site web regroupant de nombreux documents en quatre langues ; les activités de l'IPCE se limitent rapidement à sa seule présence sur internet. En 1993 apparaßt Krumme 13, organisation allemande, qui se dissout en 2003. La Danish Pedophile Association fait l'objet, en 2000, d'un reportage télévisé qui, infiltrant le groupe, révÚle que ses membres pratiquent le tourisme sexuel impliquant des enfants et l'échange de pédopornographie[123]. La justice danoise estime en 2005 que l'existence du groupe est légale en vertu des lois sur la liberté d'expression ; l'association, entretemps, annonce son auto-dissolution en 2004[92] - [124].

TrĂšs peu de pĂ©dophiles s'affichent aujourd'hui publiquement comme tels et trĂšs peu de personnes prĂ©sentent la pĂ©dophilie sous un angle favorable. Le « militantisme pĂ©dophile » se rĂ©duit pour l'essentiel Ă  l'activitĂ© de groupes de taille trĂšs modeste, dont les membres demeurent la plupart du temps anonymes, ou Ă  des initiatives de personnes isolĂ©es. Les rares personnes Ă  se revendiquer publiquement aujourd'hui comme pĂ©dophiles sont, pour la plupart, anglophones ou nĂ©erlandaises : on peut citer le britannique Tom O'Carroll (auteur de l'ouvrage Paedophilia : The radical case), le nĂ©erlandais Frans Gieles ou Lindsay Ashford, citoyen amĂ©ricain ayant tĂ©moignĂ© Ă  visage dĂ©couvert en 2004 et animĂ© un site internet oĂč il faisait l'apologie de son propre penchant sexuel pour les petites filles[125]. Le site de Lindsay Ashford a Ă©tĂ© durant plusieurs annĂ©es l'une des vitrines en ligne de la pĂ©dophilie - s'attirant mĂȘme des menaces de poursuites de la part du futur PrĂ©sident des États-Unis Barack Obama aprĂšs la mise en ligne de photos des filles de ce dernier[126] - avant que son auteur ne dĂ©cide de le fermer, arguant que la notoriĂ©tĂ© qu'il en retirait l'empĂȘchait de conserver un emploi[127].

John Robin Sharpe, un pĂ©dophile canadien, a contestĂ© certains aspects des lois sur la pornographie enfantine de son pays qui, contrairement Ă  la France, condamne Ă©galement les Ă©crits incitant Ă  la pĂ©dophilie. ArrĂȘtĂ© en 1995 pour possession et diffusion de textes et d'images Ă  caractĂšre pĂ©dophile[128], il a fait valoir que ses propres photos et Ă©crits de fiction ne pouvaient ĂȘtre illĂ©gaux du fait de leur caractĂšre « artistique » et que la possession de pornographie rĂ©pondant Ă  ses goĂ»ts sexuels relevait de sa libertĂ© d'expression. La Cour d'Appel de Colombie-Britannique lui a tout d'abord donnĂ© raison, occasionnant une polĂ©mique et un recours du gouvernement canadien : la Cour suprĂȘme du Canada a finalement annulĂ© le jugement en 2001, rĂ©affirmant la validitĂ© de la loi canadienne contre la pĂ©dopornographie, et ne reconnaissant d'exceptions que pour des textes autoproduits pour un usage strictement personnel, qui ne seraient diffusĂ©s en aucune maniĂšre par leur auteur[129] - [130]. En 2002, Sharpe est acquittĂ© pour la diffusion des textes - la justice estimant que ses Ă©crits n'incitaient pas explicitement Ă  la pĂ©dophilie, se contentant de dĂ©crire les actes - mais condamnĂ© pour la possession des photos[131]. En 2004, il est condamnĂ© Ă  deux ans de prison pour un abus sexuel commis dans les annĂ©es 1970[132].

Le 31 mai 2006 est annoncĂ©e la crĂ©ation aux Pays-Bas du Parti de la charitĂ©, de la libertĂ© et de la diversitĂ© (Partij voor Naastenliefde, Vrijheid en Diversiteit, PNVD), parti politique proposant l'abolition de toute majoritĂ© sexuelle. Les trois fondateurs - et seuls membres connus - du parti, tous militants pĂ©dophiles, comptent parmi eux Ad van den Berg, ancien prĂ©sident de MARTIJN. Le PNVD propose Ă©galement d'autres mesures jugĂ©es par beaucoup comme fantaisistes (gratuitĂ© totale des transports, lĂ©galisation de la zoophilie, etc.) sans s'attaquer aux rĂ©els problĂšmes de la sociĂ©tĂ© contemporaine nĂ©erlandaise. Il est soit moquĂ©, soit attaquĂ© (par des associations chrĂ©tiennes, le parti conservateur et la grande majoritĂ© de l'opinion publique, 80 % des NĂ©erlandais dĂ©clarant dans un sondage que des mesures devraient ĂȘtre prises)[133]. Le PNVD n'a jamais comptĂ© que ses trois fondateurs comme membres connus, n'a jamais pu participer Ă  aucun scrutin faute d'avoir recueilli le nombre de signatures de citoyens prĂ©vu par la loi nĂ©erlandaise, et a annoncĂ© sa dissolution en 2010. L'association MARTIJN est tout d'abord dissoute en juin 2012 par la justice nĂ©erlandaise mais le jugement est ensuite cassĂ© en avril 2013, la Cour d'appel jugeant que le risque de trouble Ă  l'ordre social Ă©tait insuffisant. L'interdiction de MARTIJN est finalement confirmĂ©e en avril 2014 par la Cour de cassation des Pays-Bas, qui estime qu'« il est nĂ©cessaire d’interdire et dissoudre l’association au nom de la protection de la santĂ©, des droits et des libertĂ©s des enfants »[134], l'intĂ©gritĂ© de l'enfant passant avant le principe de libertĂ© d'expression[135]. Ad van den Berg, ancien prĂ©sident de MARTIJN et ancien trĂ©sorier du PNVD, a quant Ă  lui Ă©tĂ© condamnĂ© en 2011 Ă  trois ans de prison, dont six mois avec sursis, pour possession de pĂ©dopornographie[136]. Seule la NAMBLA continue d'avoir une existence officielle.

En 2013, la remise d'un prix Ă  Daniel Cohn-Bendit suscite une nouvelle polĂ©mique en Allemagne ; le Parti vert allemand, auquel appartient Daniel Cohn-Bendit, dĂ©cide alors de se pencher sur son propre passĂ© et de commander au politologue Franz Walter une Ă©tude sur l'influence qu'ont pu avoir les militants pĂ©dophiles sur le mouvement Ă©cologiste allemand. Les travaux de Franz Walter mettent au jour d'anciennes positions pro-pĂ©dophiles des Verts allemands, poussant notamment l'ancien ministre JĂŒrgen Trittin - responsable en 1981 d'une plate-forme Ă©lectorale qui prĂŽnait la dĂ©pĂ©nalisation des actes sexuels entre enfants et adultes - Ă  s'expliquer et Ă  reconnaĂźtre ses erreurs. Un article du Frankfurter Allgemeine Zeitung accuse les Verts allemands d'avoir, dans le passĂ©, « crĂ©Ă© une idĂ©ologie qui favorisait l'abus d'enfants », Daniel Cohn-Bendit Ă©tant notamment dĂ©noncĂ© comme « le porte-drapeau le plus Ă©minent des pĂ©dophiles ». Franz Walter souligne par ailleurs que les pĂ©dophiles ont, dans le passĂ©, Ă©galement influencĂ© le Parti libĂ©ral-dĂ©mocrate[98] - [137] - [138].

Des opinions publiques de plus en plus hostiles

À la fin de 1981, on pouvait lire dans un Ă©ditorial du Petit Gredin : « La pĂ©dophilie, la pĂ©dĂ©rastie sont de plus de plus les objets de la vindicte sociale alimentĂ©e par les mass media »[139]. En effet, depuis cette Ă©poque, la pĂ©dophilie fait l'objet d'une « condamnation unanime » et « le pĂ©dophile apparaĂźt comme l'incarnation du criminel le plus abject »[20] - [140] - [141]. Si un auteur comme Matzneff continuait jusqu'en janvier 2020 et la publication du livre de Vanessa Springora Ă  ĂȘtre bien perçu par une partie des mĂ©dias[142], on n'entend plus beaucoup parler de lui Ă  partir des annĂ©es 2000 (Hugo Marsan l'a qualifiĂ© de « dandy oubliĂ© »[143]) et les artistes contemporains qui, sans ĂȘtre pĂ©dophiles, mettent en scĂšne des relations sexuelles d'adultes avec des enfants consentants[144] - [145] ou dont les Ɠuvres sont considĂ©rĂ©es comme suffisamment ambiguĂ«s pour que certains puissent les interprĂ©ter comme posant la possibilitĂ© d'un tel rapport[146] provoquent des scandales. Il y a donc eu un « changement radical »[141] d'attitude de la part des sociĂ©tĂ©s, pour diffĂ©rentes raisons.

En premier lieu, « un changement dans l'apprĂ©ciation des violences sexuelles »[20]. Si les pĂ©dophiles prĂ©textent la libertĂ© des enfants Ă  disposer de leur corps pour justifier leurs discours[4] - [147], ils ne se posent gĂ©nĂ©ralement pas la question du discernement des enfants et de la facilitĂ© Ă  les abuser, ni celle de leur perception a posteriori du contact sexuel ; Ă  partir des annĂ©es 1980, l'idĂ©e que tout contact sexuel entre un adulte et un enfant provoque des sĂ©quelles psychologiques trĂšs graves chez le second devient une « opinion commune »[148]. La rĂ©probation du viol sur mineur, qui perd son statut de tabou[149], grandit. Selon Anne-Claude Ambroise-Rendu, ce sont les annĂ©es 1990 qui marquent un vĂ©ritable changement dans la vision de la pĂ©dophilie par les mĂ©dias français. L'historienne souligne l'importance, en 1995, d'un numĂ©ro de l'Ă©mission Bas les masques, consacrĂ© au thĂšme : « pour la premiĂšre fois, on y entend et on y voit les victimes : ces enfants Ă  qui on n'ose plus demander s'ils Ă©taient consentants ou non, qui disent sans Ă©quivoque leur souffrance. Pour la premiĂšre fois, un mĂ©dia Ă©voque les effets de la pĂ©dophilie sur les enfants, laissant aux tĂ©moins le soin de dire leur mal ĂȘtre, leur incapacitĂ© Ă  oublier, Ă  se construire une vie heureuse et Ă©quilibrĂ©e »[21]. Anne-Claude Ambroise-Rendu relĂšve que « Seul Gabriel Matzneff ose encore, en 1990, sourire devant Bernard Pivot des petites filles de 12 ans qu’il met dans son lit »[150]. Fin 2019 en revanche, la parution du Consentement, roman autobiographique dans lequel Vanessa Springora[151] raconte sa relation avec l'Ă©crivain, dĂ©crivant l'emprise qu'il a exercĂ©e sur elle et les ravages produits sur sa vie, lance dĂšs avant sa publication en janvier 2020, une polĂ©mique : si quelques voix continuent Ă  soutenir l'Ă©crivain (celle de Josyane Savigneau notamment, via son compte Twitter[152] , qui Ă©voque la "rĂ©sistance" Ă  une forme d' "inquisition"), de nombreuses protestations s'Ă©lĂšvent et les images de l'Ă©mission "Apostrophes"[153] de 1990 avec Bernard Pivot et Gabriel Matzneff, rediffusĂ©es sur les rĂ©seaux sociaux, permettent de mesurer l'Ă©volution des mentalitĂ©s Ă  ce sujet : sur le plateau, seule Denise Bombardier, romanciĂšre quĂ©bĂ©coise, s'Ă©tait Ă©levĂ©e en 1990 contre les propos et les agissements de Gabriel Matzneff (prĂšs de trente ans plus tard, elle apporte d'ailleurs son soutien Ă  Vanessa Springora[154]), alors que la lecture de la presse atteste, en 2019, sinon d'une condamnation toujours trĂšs ferme, au moins d'un "malaise" croissant dans l'opinion[155].

De plus en plus d'affaires sont jugées par les tribunaux : en France, le nombre de viols sur mineurs constatés passe de 100 en 1984 à 578 en 1993[156], et celui des atteintes ou agressions sexuelles sur mineurs avec circonstances aggravantes de 355 en 1984 à 882 en 1993 et 3815 en 2004[157]. En 1996 l'affaire Dutroux, qui éclate en Belgique, a un retentissement international et contribue à marquer durablement l'opinion, suscitant une forme de hantise sociale autour de la pédophilie et conduisant à la multiplication des témoignages et des révélations d'affaires d'abus sexuels sur mineurs[158] - [159] - [160].

La prĂ©vention devient une prioritĂ© aussi bien lĂ©gislative[161] que populaire, comme en tĂ©moigne en octobre 1996 la premiĂšre Marche Blanche, qui rĂ©unit Ă  Bruxelles Ă  la suite de l'Affaire Dutroux plus de 300 000 personnes et le sujet est l'objet d'une attention renforcĂ©e de la part des mĂ©dias[162].

Enfin, avec l'accroissement de la prise de conscience des violences sexuelles envers les mineurs et le retour subit de la pédophilie dans le champ médiatique, la pédophilie n'est plus perçue que comme un viol infligé aux enfants[163]. Aux Pays-Bas, la relative tolérance ayant pu exister envers la pédophilie disparaßt progressivement : Edward Brongersma fait l'objet de harcÚlement de la part de ses voisins et d'agressions sur la voie publique, du fait de sa notoriété ; déprimé, il finit par se suicider par euthanasie en 1998[164]. L'apparition du PNVD en mai 2006 a suscité en général consternation et indignation[165] - [133].

Une propagande sur Internet

Dans les années 1990 l'arrivée d'Internet offre au militantisme pédophile de nouveaux moyens d'expression et de contact. Un certain nombre de pédophiles attirés par les garçons (Boylovers) et par les fillettes (Girl Lovers) se réclament du terme générique « Childlove ». En 1995, est mis en ligne le forum de discussions BoyChat qui mÚne en 1997 à la création du groupe Free Spirits ayant pour objectif de fournir des services Internet sécurisés aux pédophiles amateurs de garçons dans de nombreuses langues. L'équivalent francophone de BoyChat, La GarçonniÚre, est créé en 1998. Des pédophiles amateurs de filles créent des ressources équivalentes dÚs 1998. Depuis, plusieurs autres organisations se sont développées en ligne sur ce modÚle, dont des entreprises commerciales (hébergeurs web essentiellement)[166].

Plus que des espaces réellement militants, ces forums sont avant tout des lieux de discussions et contact virtuels entre pédophiles, parfois suivis de rencontres et rassemblements réels[167]. Afin d'éviter les poursuites judiciaires, ces réseaux à vitrine publique se gardent de toute activité illégale comme l'échange d'images pédopornographiques ou l'incitation au crime, par l'intermédiaire d'une modération adaptée aux législations des divers pays qui les hébergent. Toutefois, le cÎté borderline jouant avec les limites de la loi leur a réguliÚrement valu des problÚmes de la part de leurs hébergeurs ou fournisseurs Internet. Ainsi en 2006, l'hébergeur commercial Epifora, principal hébergeur du groupe Free Spirits, fut déconnecté du web par le fournisseur d'accÚs canadien Vérizon à la suite d'une campagne médiatique menée par une association antipédophile[168]. Toutefois, les sites ainsi évacués reviennent généralement en ligne trÚs rapidement, utilisant par exemple les services de fournisseurs d'accÚs ayant une conception extensive de la liberté d'expression[169].

L'activitĂ© en ligne de pĂ©dophiles continue d'attirer l'attention de certains mĂ©dias : en 2010, Fox News Channel publie un reportage accusant WikipĂ©dia de tolĂ©rer sur ses sites les activitĂ©s de propagande de certains pĂ©dophiles cherchant Ă  prĂ©senter leurs goĂ»ts sexuels sous un jour positif, ce Ă  quoi la Wikimedia Foundation rĂ©pond qu'elle demeure vigilante face Ă  ce type de dĂ©rives[170]. Le sociologue français Pierre Verdrager souligne pour sa part que les articles de WikipĂ©dia portant sur la pĂ©dophilie manquent frĂ©quemment de neutralitĂ© en la prĂ©sentant sous un jour relativement favorable : il y voit le signe d'une activitĂ© des dĂ©fenseurs de la pĂ©dophilie, qui profitent de la grande visibilitĂ© dans les moteurs de recherche des pages de l'encyclopĂ©die en ligne[171]. Le forum 4chan fait rĂ©guliĂšrement parler de lui comme d'un lieu oĂč circulent des textes pro-pĂ©dophiles ou images pĂ©dophiles, souvent dans un but provocateur[172].

L'Internet permet Ă©galement la circulation accrue de pĂ©dopornographie. En mars 2011, un vaste rĂ©seau de pĂ©dophiles a Ă©tĂ© dĂ©mantelĂ© par Europol, conduisant Ă  l'identification de 670 suspects sur quatre continents, et Ă  184 arrestations : l'enquĂȘte ayant menĂ© Ă  ces arrestations a Ă©tabli que le forum boylover.net, hĂ©bergĂ© aux Pays-Bas, avait servi Ă  l'Ă©change de photos et vidĂ©os pĂ©dopornographiques. 230 enfants abusĂ©s sexuellement par des membres du rĂ©seau ont pu ĂȘtre identifiĂ©s[173] - [174] - [175].

Terminologies et revendications des « militants pédophiles »

Les membres des groupes et mouvances pĂ©dophiles actuels se prĂ©sentent comme des militants et revendiquent notamment le retrait de la pĂ©dophilie de la liste des maladies mentales. Ils promeuvent les termes de boylover, girllover et parfois childlover, pour remplacer les termes de pĂ©dophiles ou pĂ©dĂ©rastes, qu'ils jugent trop nĂ©gativement connotĂ©s. Ces termes ont Ă©tĂ© popularisĂ©s auprĂšs des pĂ©dophiles eux-mĂȘmes Ă  travers les communautĂ©s virtuelles liĂ©es aux forums boylove et girllove sur Internet.

Les pĂ©dophiles militants s'appuient parfois sur un texte des psychologues Underwager et Wakefield qui fait la distinction entre dĂ©sir sexuel et pĂ©dophile et passage Ă  l'acte[176]. Bien qu'ils prĂŽnent la distinction entre dĂ©sir et action, ces auteurs dĂ©plorent l'utilisation faite de leur travail par le mouvement « childlove » et considĂšrent que les contacts sexuels adulte-enfant sont dommageables, qu'il existe ou non une relation d'autoritĂ© ou mĂȘme des sentiments entre l'adulte et l'enfant[177].

Enfin, au sein mĂȘme des milieux pĂ©dophiles, le terme gĂ©nĂ©ral de childlover, qui peut se traduire littĂ©ralement par amoureux de l'enfant, est parfois contestĂ©. Certains refusent ces nĂ©ologismes et prĂ©fĂšrent se qualifier de pĂ©dophiles, pĂ©dĂ©rastes, ou Ă©phĂ©bophiles, selon les cas. D'autres encore lui prĂ©fĂšrent les termes spĂ©cifiques boylover et girllover, prĂ©textant que les attirances pĂ©dophiles homosexuelle et hĂ©tĂ©rosexuelle ont peu Ă  voir entre elles.

Bien qu'un trÚs grand nombre d'opinions parfois opposées soient représentées au sein du « mouvement », une majorité de ses sympathisants s'accordent sur les objectifs suivants :

  • changer la perception du public sur la pĂ©dophilie, la pĂ©dĂ©rastie et l'Ă©phĂ©bophilie ;
  • poser une diffĂ©rence entre la pĂ©dophilie et l'abus sexuel ;
  • promouvoir la dĂ©pĂ©nalisation de certaines formes d'expression Ă©rotique impliquant des enfants ou adolescents (textes, dessins, photos, etc.) ;
  • promouvoir une abolition ou une rĂ©vision de la notion lĂ©gale de majoritĂ© sexuelle ;
  • accroĂźtre la connaissance sur les effets de l'activitĂ© sexuelle chez les enfants, en favorisant la recherche dans le domaine ;
  • soutenir les mouvements et organisations qui luttent pour les droits de l'enfant.

Certains pĂ©dophiles disent Ă©galement que le sexe n'est pas la raison d'ĂȘtre de leurs relations avec les enfants. Edward Brongersma, dans Boy-Lovers and Their Influence on Boys (Les Boy-Lovers et leur influence sur les garçons), oĂč il rapporte le rĂ©sultat d'interviews de personnes engagĂ©es dans des relations avec des enfants, Ă©crit : « Dans une relation, le sexe est gĂ©nĂ©ralement un Ă©lĂ©ment secondaire[178]. ».

Parmi leurs principaux argumentaires des mouvements pĂ©dophiles, figure une Ă©tude publiĂ©e en 1998 dans la revue Psychological Bulletin, signĂ©e des psychologues Bruce Rind, Philip Tromovitch et Robert Bauserman : A meta-analytic examination of assumed properties of childsexual abuse using college samples. (MĂ©ta-analyse des consĂ©quences de l'abus sexuel sur enfants, Ă  partir de cas non cliniques[179]) ; cette Ă©tude analyse et compare les rĂ©sultats d'un ensemble d'enquĂȘtes menĂ©es auprĂšs de lycĂ©ens ayant connu une relation sexuelle prĂ©coce avec un adulte. Les conclusions de l'Ă©tude relativisent beaucoup les effets nĂ©gatifs de telles relations. Elle est donc souvent citĂ©e en rĂ©fĂ©rence dans les milieux « Childlove ».

Toutefois, cette Ă©tude ne fait pas l'objet d'un consensus scientifique, sa publication ayant suscitĂ© une vive polĂ©mique aux États-Unis. Une rĂ©solution du CongrĂšs a condamnĂ© sa publication par une revue scientifique, rĂ©affirmant dans le mĂȘme temps la nĂ©cessitĂ© de la protection de l'enfance contre les abus sexuels[180] et une majoritĂ© de chercheurs estiment que cet article est biaisĂ© dans sa mĂ©thodologie et ses intentions. Dans Science or Propaganda? an examination of Rind, Tromovitch and Bauserman (1998) (Science ou propagande ? Une Ă©tude de Rind, Tromovitch and Bauserman (1998)), la pĂ©diatre Stephanie J. Dallam Ă©crit : « AprĂšs un examen minutieux des preuves, nous concluons que Rind et al. peut ĂȘtre dĂ©crit comme un article militant qui utilise la science de façon inappropriĂ©e pour essayer de lĂ©gitimer ses vues »[181] L'Ă©tude a Ă©tĂ© largement critiquĂ©e, tant pour sa mĂ©thodologie que pour ses conclusions, et dĂ©noncĂ©e comme un travail de propagande davantage que comme un texte scientifique[182] - [183] - [184]. DiffĂ©rents psychologues ont soulignĂ© les liens de deux des auteurs de l'article - Rind et Bauserman - avec des mouvances pro-pĂ©dophiles, leur participation Ă  des confĂ©rences de groupes militants et leur collaboration avec Paidika : the Journal of pedophilia, un journal pĂ©dophile en langue anglaise publiĂ© aux Pays-Bas. L'affaire a Ă©galement suscitĂ© des interrogations quant au travail des comitĂ©s de lecture dans les revues scientifiques amĂ©ricaines : l'article avait en effet Ă©tĂ© rejetĂ© par un premier comitĂ© de lecture du Psychological Bulletin, proposĂ© une seconde fois aprĂšs un changement de comitĂ©, et finalement publiĂ© malgrĂ© un avis dĂ©favorable d'au moins l'un des membres du nouveau comitĂ©[185] - [186].

Certains militants pĂ©dophiles arguent que l'enfant a une sexualitĂ© innĂ©e depuis sa prime enfance. Ils contestent notamment la pertinence des notions de majoritĂ© sexuelle en se rĂ©fĂ©rant aux travaux de plusieurs chercheurs, comme Alfred Kinsey, Floyd Martinson, Alayne Yates ou William Masters, qui montrent des exemples de rĂ©ponses sexuelles, masturbations et jeux sexuels avec d'autres jeunes enfants. Toutefois, Alfred Kinsey fut une personnalitĂ© controversĂ©e et beaucoup de psychologues influents de son Ă©poque, comme Abraham Maslow, Ă©taient trĂšs critiques vis-Ă -vis de sa mĂ©thodologie. L'institut Kinsey a fini par reconnaĂźtre que les Ă©lĂ©ments des rapports Kinsey dĂ©crivant la capacitĂ© sexuelle des enfants venaient tous d'une mĂȘme personne[187], et que cet homme utilisĂ© comme source par Kinsey abusait sans aucun doute sexuellement les enfants dont il prĂ©tendait dĂ©crire les rĂ©actions[188]. Les pĂ©dĂ©rastes et Ă©phĂ©bophiles de la mouvance sont dans leur ensemble opposĂ©s aux lois sur le consentement. Certains d'entre eux semblent distinguer entre les actes commis Ă  l'encontre de prĂ©-pubĂšres et ceux commis Ă  l'encontre d'individus pubĂšres mais n'ayant pas atteint l'Ăąge (lĂ©gal) de la majoritĂ© sexuelle. Ce point de vue ne tient pas compte de la question de la maturitĂ© minimale nĂ©cessaire pour mesurer pleinement les consĂ©quences de ses actions, question classique pour n'importe quel domaine concernant le consentement au regard de la maturitĂ© des mineurs (droit de vote, permis de conduire, etc.). Dans beaucoup de pays, l'Ăąge de la majoritĂ© sexuelle d'une part, et de la nubilitĂ© d'autre part (c'est-Ă -dire de l'Ăąge lĂ©gal pour se marier) est plus Ă©levĂ© que l'Ăąge de la pubertĂ© (voir cependant les cas de mariages forcĂ©s ou de mariage d'enfant). Si un adolescent entretient des relations sexuelles avec un adulte entre ces deux Ăąges, ce dernier peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un agresseur sexuel.

En 1998, Frans Gieles, membre du groupe NSVH proposait quatre « rĂšgles Ă©thiques » Ă  suivre lors d'une relation adulte-enfants. À la mĂȘme Ă©poque, des principes Ă©quivalents Ă©taient proposĂ©s par d'autres groupes ou personnalitĂ©s[189], donnant lieu plus rĂ©cemment Ă  une synthĂšse par le groupe MARTJIN sous la forme suivante[190] :

  • « consentement » de l'enfant et de l'adulte ;
  • « ouverture » envers les parents de l'enfant ;
  • « libertĂ© » pour l'enfant de cesser la relation Ă  tout moment ;
  • « harmonie » avec le dĂ©veloppement de l'enfant.

Les objections le plus souvent avancĂ©es Ă  ce « code Ă©thique » sont les suivantes : l'enfant, ou l'adolescent(e), n'est pas suffisamment mĂ»r(e) pour accorder son consentement Ă©clairĂ© (rĂšgle de base de n'importe quelle relation contractuelle), et n'a pas non plus la « libertĂ© » de faire cesser une relation abusive. En effet, il pourrait trĂšs facilement ĂȘtre contraint Ă  engager et/ou Ă  maintenir la relation contre sa volontĂ©, le pĂ©dophile pouvant user de manipulation ou de force. Par ailleurs, la quasi-totalitĂ© des psychologues de l'enfance affirment qu'une relation sexuelle entre un adulte et un enfant ne peut se faire en harmonie avec un dĂ©veloppement normal de celui-ci.

RĂ©actions dans l'opinion publique et affaires criminelles

Les membres de la mouvance contemporaine affirment qu'ils n'approuvent pas l'abus d'enfants ni les activités illégales : l'opinion publique sur ce point est sceptique. Ce scepticisme a été renforcé par des incidents rendus publics impliquant des membres et des groupes associés au mouvement dans des affaires d'abus sexuel, ainsi que par les similitudes entre le discours de la mouvance et celui des abuseurs sexuels cherchant à justifier leurs actes[191] - [192].

Les mouvances pro-pédophiles ont suscité une forte opposition et leur progression sociale et politique est restée trÚs limitée. Presque tous les gouvernements nationaux se conforment aux protocoles des Nations unies pour définir les lois sur la majorité sexuelle et sur la criminalisation de la pornographie enfantine. Cette derniÚre a fait l'objet d'un traité aux Nations unies, signé par prÚs de 130 pays entre 2000 et 2004[193]. Quant à la convention des Nations unies sur l'ùge de consentement (1962), elle fait force de loi un peu partout depuis 1990[194].

Des militants pour la prévention de l'abus sexuel, des professionnels de la loi et des journalistes notent que les proclamations de la mouvance quant à sa désapprobation de l'abus sexuel n'ont pas toujours été suivies dans les faits. Les membres de la mouvance répondent souvent que les abuseurs n'appartiennent pas au mouvement, ou que le mouvement aurait pu les aider à ne pas franchir la ligne jaune[195]. Les observateurs estiment dans leur majorité que les promoteurs d'un amour et d'une sexualité inoffensive entre adultes et enfants n'agissent pas toujours comme ils le prétendent, en citant ces arrestations comme preuves[196].

Beaucoup de ces incidents impliquent l'association NAMBLA, l'organisation la plus connue de la mouvance. Certains affirment que ces arrestations sont limitées à cette association et ne sont pas représentatives du mouvement global. Pour la plupart des observateurs, ces incidents sont révélateurs de la face réelle de la mouvance et symbolisent les problÚmes posés par ses objectifs.

Quelques exemples d'affaires rĂ©centes aux États-Unis :

  • Le rĂ©vĂ©rend P.S., un prĂȘtre accusĂ© d'avoir abusĂ© des enfants dĂšs 6 ans pendant une pĂ©riode de 30 ans, aurait participĂ© aux premiers travaux et actes militants du mouvement Ă  ses dĂ©buts, d'aprĂšs le journal Boston Globe[197].
  • C.J., Ă©galement soupçonnĂ© d'appartenir Ă  NAMBLA, fut condamnĂ© pour le viol et le meurtre d'un enfant de 10 ans. Les parents de l'enfant ont poursuivi NAMBLA et ses responsables en affirmant que C.J. aurait Ă©crit dans son journal personnel que sa participation Ă  NAMBLA et les lectures des publications de l'association l'auraient aidĂ© Ă  dĂ©passer ses inhibitions vis-Ă -vis du sexe avec les jeunes garçons[198].
  • J.D.S., un homme condamnĂ© Ă  San Francisco pour avoir agressĂ© un garçon de 11 ans lors d'un baby-sitting, a rencontrĂ© un enquĂȘteur anonyme en tant que membre de NAMBLA. D'aprĂšs l'enquĂȘteur, l'homme utilisait ses contacts auprĂšs de NAMBLA pour Ă©changer de la pornographie enfantine et avoir des relations sexuelles avec des enfants[199].
  • J.T. fut condamnĂ© pour agression sexuelle sur un enfant en 1989 puis libĂ©rĂ© sur parole en 1992 avec la condition de ne pas possĂ©der de pornographie enfantine. AprĂšs avoir dĂ©mĂ©nagĂ© sans informer les autoritĂ©s de sa nouvelle adresse, il fut retrouvĂ© Ă  la suite d'une Ă©mission tĂ©lĂ©visĂ©e amĂ©ricaine sur la recherche de criminels (America's Most Wanted). Il fut arrĂȘtĂ© et condamnĂ© pour pornographie enfantine. Lors du procĂšs, la cour a dĂ©clarĂ© que J.T. Ă©tait membre de NAMBLA, que l'association aidait un orphelinat en ThaĂŻlande oĂč des enfants Ă©taient abusĂ©s, et que J.T. et d'autres personnes y voyageaient pour rencontrer de jeunes garçons. Les preuves apportĂ©es Ă©taient des photographies fournies par les autoritĂ©s thaĂŻlandaises, montrant J.T. en compagnie de jeunes garçons thaĂŻs assis sur lui[200].
  • J.C.P., un New-Yorkais ayant affirmĂ© Ă  la police, d'aprĂšs les archives judiciaires, ĂȘtre membre de NAMBLA, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© en 2000 et condamnĂ© en 2001 pour avoir pratiquĂ© la sodomie sur un jeune garçon[201].

La publicité faite autour de ces incidents, ajoutée à la profonde opposition de l'opinion publique aux idées de la mouvance, ont mené à une grande controverse autour des activités et des membres de l'association. Beaucoup de ses membres ont pris leurs distances avec la NAMBLA et ses idées à cause de ces controverses et des crimes sus-cités.

Jugements du corps médical

La littérature médicale actuelle est trÚs documentée sur le sujet des graves et profonds dommages psychologiques qu'occasionnent aux enfants les abus sexuels dont ils font l'objet[202]. Les pédophiles militants citent quant à eux plusieurs articles scientifiques controversés pour appuyer leurs dires. Aujourd'hui, le corps médical est trÚs largement en désaccord avec les affirmations des pédophiles quant au fait que les relations sexuelles entre adultes et enfants ne seraient pas nocives pour ces derniers ; aucune étude sur des résultats allant dans le sens des idées pro-pédophiles n'a été acceptée par la communauté scientifique[203].

Le psychiatre et expert judiciaire français Michel Dubec dĂ©clare : « Tous les pĂ©dophiles revendiquent leur amour des enfants et parlent de « nouvel amour ». Mais pour eux, ça va de soi, aimer c'est baiser. (...) Ces grands « intellos » rationalisant la pĂ©dophilie prĂŽnent une recherche pour une « enfance diffĂ©rente », totalement Ă©mancipĂ©e. Mais ils ne disent pas que cette Ă©mancipation est d'abord la leur, celle qui leur permet de s'affranchir des interdits et de sĂ©duire les enfants. Ils prĂ©tendent nous faire dĂ©couvrir un vrai savoir, avec des affirmations du genre « La sexualitĂ© puĂ©rile est encore un continent interdit, aux dĂ©couvreurs du XXIe siĂšcle d'en aborder les rivages » (ainsi que l'Ă©crivait Gai Pied hebdo du 31 janvier 1991). Tant de puĂ©rilitĂ© dans le raisonnement devient dĂ©sarmante. Une chose est pour un enfant de rĂȘver en se livrant Ă  des jeux sexuels avec soi-mĂȘme ou avec ceux de son Ăąge, autre chose est d'ĂȘtre confrontĂ© au rĂ©el de la jouissance orgastique de l'adulte. Jouissance Ă  laquelle lui, l'enfant, n'est pas encore en mesure d'accĂ©der et qui peut le plonger dans des Ă©mois qu'il ne pourra gĂ©rer psychiquement »[204].

Le psychiatre français Bernard Cordier, membre dans les annĂ©es 1990 du groupe de travail interministĂ©riel santĂ©-justice sur le traitement des dĂ©linquants sexuels, distingue une catĂ©gorie spĂ©cifique de pĂ©dophiles, Ă  savoir « les prosĂ©lytes, qui invoquent des arguments pseudo-culturels et militent pour la dĂ©pĂ©nalisation de la pĂ©dophilie au nom du droit des enfants consentants au plaisir »[205]. Il prĂ©cise, concernant le cas de Gabriel Matzneff et des Ă©crits complaisants en gĂ©nĂ©ral : « Je ne dis pas que [le type d'Ă©crits comparables Ă  ceux de Gabriel Matzneff] sĂšme la pĂ©dophilie. Mais il la cautionne et facilite le passage du fantasme Ă  l'acte chez des pĂ©dophiles latents. Ces Ă©crits rassurent et encouragent ceux qui souffrent de leur prĂ©fĂ©rence sexuelle, en leur suggĂ©rant qu'ils ne sont pas les seuls de leur espĂšce. D'ailleurs, les pĂ©dophiles sont trĂšs attentifs aux rĂ©actions de la sociĂ©tĂ© française Ă  l'Ă©gard du cas Matzneff. Les intellectuels complaisants leur fournissent un alibi et des arguments : si des gens Ă©clairĂ©s dĂ©fendent cet Ă©crivain, n'est-ce pas la preuve que les adversaires des pĂ©dophiles sont des coincĂ©s, menant des combats d'arriĂšre-garde ? Ils veulent croire et prĂ©tendre que la sociĂ©tĂ© libĂ©rera un jour la pĂ©dophilie, comme elle l'a fait pour l'homosexualitĂ©, au nom de la dĂ©fense des diffĂ©rences. Rien n'est plus faux ! DĂšs qu'il y a un enfant et un adulte, il y a un abuseur et un abusĂ©. Cela n'a rien Ă  voir avec une relation entre deux ĂȘtres vĂ©ritablement consentants[206] ».

Le psychanalyste français Pierre Lassus, directeur de l'Union française pour le sauvetage de l'enfance, dĂ©clare pour sa part : « Je ne supporte pas qu'un petit cercle de mondains dĂ©fende cette pose du pĂ©dophile esthĂšte. Leur dĂ©fense est la perversion mĂȘme : selon l'inversion bien connue du discours, la victime devient le bourreau »[207].

William E. Prendergast, psychologue clinicien américain, juge « ridicules » les discours pro-pédophiles sur les bienfaits de la sexualité adultes-enfants, et considÚre que les groupes soutenant ces vues ont pour finalité de fournir des justifications aux abuseurs sexuels[208].

Symboles utilisés par les groupes pédophiles militants

Triangle spiralé de couleur bleu utilisé par les BoyLovers.

En 2007, WikiLeaks a publiĂ© un document interne du FBI indiquant les symboles de reconnaissance utilisĂ© par les diffĂ©rents groupes de militants pĂ©dophiles[209]. On y voit entre autres un triangle spiralĂ© de couleur bleu utilisĂ© par les BoyLovers (pĂ©dophiles attirĂ©s par les garçons) et nommĂ© BLogo, censĂ© reprĂ©senter la relation entre l'adulte (triangle extĂ©rieur) et l'enfant (triangle intĂ©rieur). Divers pendentifs, bijoux et mĂ©dailles ont Ă©tĂ© frappĂ©s avec ce logo. Quant aux pĂ©dophiles attirĂ©s par les filles (GirlLovers), ils utilisent un logo proche du premier, une spirale en forme de cƓur de couleur rose.

Références

  • Moser C, Kleinplatz P (2003). DSM-IV-TR and the Paraphilias: An Argument for Removal
  • Rossman P (1976) Sexual Experience Between Men and Boys: Exploring the Pederast Underground. Association Press, New York.
  • Underwager R, Wakefield H. (1997). Special Problems with Sexual Abuse Cases. Coping with psychiatric and psychological testimony, SupplĂ©ment to the Fifth Édition (Out of Print) (p. 136-147). Los Angeles, CA: Law and Psychology Press.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Essais :

  • Anne-Claude Ambroise-Rendu, Histoire de la pĂ©dophilie XIXe – XXIe siĂšcle, Paris, Fayard, 2014, (ISBN 9782213672328)
  • (de) Frits Bernard, PĂ€dophilie ohne Grenzen [« PĂ©dophilie sans frontiĂšres »], Francfort, Foerster Verlag, 1997.
  • Bertrand Boulin, La charte des enfants, Paris, Stock, 1977.
  • Claude Courouve, Vocabulaire de l'homosexualitĂ© masculine, Paris, Payot, 1985, entrĂ©e "PĂ©dophile/PĂ©dophilie".
  • Tony Duvert, Le bon sexe illustrĂ©, Paris, Minuit, 1974.
  • Tony Duvert, L'enfant au masculin, Paris, Minuit, 1980.
  • Jean-Claude Guillebaud, La Tyrannie du plaisir, Paris, Le Seuil, 1988.
  • (de) Joachim S. Hohmann, PĂ€dophilie heute, Francfort, Foerster Verlag, 1982.
  • (de) Angelo Leopardi (sous la direction de), avec des articles ou contributions d'Edward Brongersma, Volker Beck, Bruno Bendig, Peter Mangold, Volkmar Sigusch, A. Siegel, W. Vogel, Frits Bernard, Der pĂ€dosexuelle Komplex, Francfort, Foerster Verlag, 1988.
  • Gabriel Matzneff, Les Moins de seize ans, Paris, Julliard, 1974.
  • Gabriel Matzneff, Les passions schismatiques, Paris, Stock, 1977.
  • Jean-Luc Pinard-Legry et BenoĂźt Lapouge, L'enfant et le pĂ©dĂ©raste, Paris, Le Seuil, 1980.
  • Alex Raffy, La pĂ©dofolie, de l'infantilisme des grandes personnes, De Boeck UniversitĂ©, 2004. Cf. aussi http://pedofolie.info/
  • Christiane Rochefort, Les Enfants d'abord, Paris, Grasset, 1976.
  • RenĂ© SchĂ©rer, Émile perverti, Paris, Robert Laffont, 1974.
  • RenĂ© SchĂ©rer et Georges Lapassade, Le corps interdit, Paris, E.S.F., 1976, coll. « Sciences de l'Ă©ducation ».
  • RenĂ© SchĂ©rer, Une Ă©rotique puĂ©rile, Paris, GalilĂ©e, 1978.
  • RenĂ© SchĂ©rer, L'emprise des enfants entre nous, Paris, Hachette, 1979.
  • LeĂŻla Sebbar, Le pĂ©dophile et la maman, Paris, Stock, 1980.
  • Pierre Verdrager, L'enfant interdit : Comment la pĂ©dophilie est devenue scandaleuse, Paris, Armand Colin, , 344 p. (ISBN 978-2-200-28710-8, prĂ©sentation en ligne)
  • Georges Vigarello, Histoire du viol, Paris, Le Seuil, coll. "Points Histoire"

Collectifs et revues :

  • « Co-ire » (dir. RenĂ© SchĂ©rer et Guy Hocquenghem), Recherches no 22, 1977.
  • Le fou parle no 7, juillet/aoĂ»t 1978.
  • « Fous d'enfance, qui a peur des pĂ©dophiles ? », Recherches no 37, 1979.
  • « La Question pĂ©dophile », L'Infini, Gallimard, no 59, automne 1997.

Articles

Articles directement liés à l'histoire du militantisme pédophile :

Autres articles utilisés comme références :

Documents officiels

Ressources en ligne

Notes et références

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  2. Selon la traduction donnée sur le site du COC Nederland.
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], l’initiation pratique sexuelle des adolescents et des enfants par un adulte [
], en admettant mĂȘme que ce partenaire ne soit pas incestueux, encore plus si cet adulte est confirmĂ© en Ăąge et en prestance, est toujours un traumatisme psychologique profond”. Elle dĂ©fend une position sur la majoritĂ© sexuelle distincte de la loi existante et de la volontĂ© des pĂ©dophiles, en demandant “qu’on dĂ©crĂšte, les enfants ayant Ă©tĂ© instruits, l’ñge de la responsabilitĂ© sexuelle deux ans aprĂšs la pubertĂ© pour chaque citoyenne ou citoyen adolescent (rĂšgles, spermogenĂšse)”. Elle souhaite Ă©galement que “la loi [fasse] un dĂ©lit de tout acte visant au plaisir d’un individu aux dĂ©pens d’un autre qui n’est pas clairement et dĂ©libĂ©rĂ©ment d’accord” » in Jean BĂ©rard, « Chapitre 6 / MajoritĂ© sexuelle et consentement des mineurs », dans La justice en procĂšs : Les mouvements de contestation face au systĂšme pĂ©nal (1968-1983), Paris, Presses de Sciences Po, (ISBN 978-2-7246-1272-1, lire en ligne), p. 207.
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  62. Les extraits du livre sont ainsi publiés par la presse allemande (Bild), britannique (The Independent) et italienne (La Repubblica).
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  125. Pedophilia web site a concern for parents and FBI, Bay News 9
  126. Pedophile Removes Web Photo of Obama's Daughters After Legal Threat, Fox News, 5 mars 2007
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  130. Points 129, Points 241 et 242, des conclusions de la cour : « "I would uphold s. 163.1(4) on the basis that the definition of “child pornography” in s. 163.1 should be read as though it contained an exception for: (1) any written material or visual representation created by the accused alone, and held by the accused alone, exclusively for his or her own personal use; and (2) any visual recording, created by or depicting the accused, provided it does not depict unlawful sexual activity and is held by the accused exclusively for private use. »; « When children are depicted in pornographic representations, the camera captures their abuse and creates a permanent record of it. This constitutes an extreme violation of their privacy interests. By criminalizing the possession of such materials, Parliament has created an incentive to destroy those pornographic representations which already exist. In our view, this beneficial effect on the privacy interests of children is proportional to the detrimental effects on the privacy of those who possess child pornography. (...) When the effects of the provision are examined in their overall context, the benefits of the legislation far outweigh any harms to freedom of expression and the interests of privacy. The legislation hinders the self-fulfilment of a few, but this form of self-fulfilment is at a base and prurient level. Those who possess child pornography are self-fulfilled to the detriment of the rights of all children. The prohibition of the possession of such materials is thus consistent with our Charter values. It fosters and supports the dignity of children and sends the message that they are to be accorded equal respect with other members of the community. In our view, Parliament has enacted a law which is reasonable, and which is justified in a free and democratic society. » R. v. Sharpe, Supreme Court of Canada
  131. Sharpe not guilty of possessing written child pornography - CBC News, 12 mars 2002
  132. Sharpe sentenced to 2 years for indecent assault - CBC News, 20 juillet 2004
  133. Jean-Pierre Stroobants, 2006.
  134. Aux Pays-Bas, une association pédophile est interdite et dissoute, Libération, 18 avril 2014
  135. Jean-Pierre Stroobants (photogr. Marcel van Hoorn), « Droits de l'enfant ou libertĂ© d'expression, les Pays-Bas ont choisi », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
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  138. Les Verts allemands au centre d'une nouvelle polémique sur la pédophilie, Le Monde, 17 septembre 2013
  139. Gilbert, 1981.
  140. Gilesse, 1992.
  141. Roger-Pol Droit, 2001.
  142. Ses nouveaux ouvrages sont toujours chroniqués par les grands quotidiens nationaux et font parfois partie des présélections de certains prix importants (La Passion Francesca et Mamma, li turchi aux Renaudot 1998 et 2000).
  143. « Matzneff est un dandy oublié, dans une fin de siÚcle condamnée à l'uniformité des comportements. », Hugo Marsan, 1993.
  144. Comme certains des peintres et dessinateurs de l'exposition « When love turns to poison » à Berlin en 2004 ((de) Karin Schmidl et Eva Dorothée Schmid, « Kunst oder Pornografie? » [« Art ou pornographie ? »], dans la Berliner Zeitung, 8 avril 2004.
  145. En 1999, L'empereur Tomato-Ketchup, film de Shûji Terayama datant de 1970 et mettant en scÚne une contre-utopie dans laquelle les enfants prennent le pouvoir et violent des adultes a été saisi par la justice aprÚs sa projection à la CinémathÚque de Grenoble, alors qu'il avait un visa d'exploitation. Ce qui a choqué étant simplement « le fait de faire poser des enfants nus ».
  146. Une association de dĂ©fense de l'enfance a portĂ© plainte en 2000 contre le directeur du Centre d'arts plastiques contemporain (CAPC) de Bordeaux Ă  la suite de l'exposition « PrĂ©sumĂ©s innocents - L'art contemporain et l'enfance », l'accusant d'avoir aidĂ© Ă  la « diffusion de l'image d'un mineur prĂ©sentant un caractĂšre pornographique », alors que les Ɠuvres incriminĂ©es ne prĂ©sentaient manifestement aucun caractĂšre pĂ©dopornographique. Lindgaard, 2001 ; Courtois, 2006.
  147. L'essai de Tony Duvert L'Enfant au masculin, publié aux éditions de Minuit, postule ainsi, page 178, que le contact sexuel entre un enfant et un homme adulte ne représente pour l'enfant qu'un rapport homosexuel, qui peut correspondre à son orientation sexuelle et que condamner les pédophiles équivaut à persécuter les homosexuels.
  148. Georges Vigarello, 2004, p. 275. Plus généralement, sous-partie « La certitude d'un irrémédiable trauma », p. 275-281.
  149. Georges Vigarello, 2004, p. 270.
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  161. Georges Vigarello, 2004, p. 273.
  162. De 1987 à 1995, le nombre d'articles du Monde contenant les mots « pédophile(s) » ou « pédophilie » s'élevait de 5 à 24, pour la période 2000-2006, ce chiffre était de 122 à 254. Le quotidien québécois La Presse est lui passé de 4 en 1987 à 174 en 2005. Cette augmentation se vérifie pour tous les grands quotidiens francophones.
  163. Georges Vigarello, Histoire du viol, Le Seuil, Coll. « Points Histoire », 2004, p. 273. Ce glissement sémantique a été entériné par le Petit Robert 2004, qui ajoute à la définition de la pédophilie comme simple attirance sexuelle celle de la pratique effective.
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