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Amoco Cadiz

L'Amoco Cadiz est un pétrolier supertanker de classe VLCC libérien lancé en 1974 pour la société américaine de transports pétroliers et chimiques Amoco afin de transporter du pétrole depuis le golfe Persique vers l'Europe. Son naufrage en en bordure des côtes bretonnes, à Portsall (Finistère), provoque une marée noire considérée, aujourd'hui encore, comme l'une des pires catastrophes écologiques de l'histoire.

Amoco Cadiz
illustration de Amoco Cadiz
L’Amoco Cadiz durant son naufrage en 1978.

Type pétrolier
Classe VLCC
Histoire
Chantier naval Astilleros Españoles, Cadix
Lancement 1974
Statut Épave depuis le
Caractéristiques techniques
Longueur 334,02 m
Maître-bau 51,06 m
Tirant d'eau 19,80 m
Port en lourd 233 700 tpl
Tonnage 109 700 tjb
Propulsion 1 hélice, 1 moteur Diesel lent
Puissance 30 400 ch
Carrière
Propriétaire Amoco
Armateur Amoco transport
Pavillon Liberia
Port d'attache Monrovia

Construction et caractéristiques

L’Amoco Cadiz est construit par le chantier naval Astilleros Españoles SA situé à Cadix, en Espagne, et lancé en 1974. Ce navire fait partie d'une commande de quatre bateaux identiques, passée par l'Amoco International Oil Company[1].

ImmatriculĂ© au Liberia et affrĂ©tĂ© par la compagnie amĂ©ricaine Amoco Transport, il est long de 330 m pour 234 000 t de port en lourd. Il est conçu pour transporter du pĂ©trole brut entre le golfe Persique et l'Europe, ce qu'il fait Ă  plusieurs reprises jusqu'en 1978.

Dernier voyage et naufrage

Le , le supertanker charge 98 640 tonnes de pĂ©trole brut Ă  Ras Tanura, en Arabie saoudite puis complète sa cargaison avec 121 157 tonnes de pĂ©trole brut, sur l'Ă®le de Kharg, en Iran[2]. Pour son dernier voyage, l'Amoco Cadiz armĂ© d'un Ă©quipage de 44 personnes, quitte le golfe Persique le Ă  destination de Rotterdam, via la baie de Lyme en Angleterre, escale classique pour allĂ©ger les pĂ©troliers avant leur passage vers la mer du Nord[3].

Le , le navire passe le cap de Bonne-Espérance et fait une escale à Las Palmas le , pour se ravitailler en carburant. Trois jours plus tard, l'Amoco Cadiz rencontre des conditions météo difficiles ; ces conditions se maintiennent jusqu'après le , date à laquelle il entre dans la Manche, en vue de faire escale le lendemain en baie de Lyme[4]. Le super-tanker n'atteindra jamais la baie de Lyme.

Le , en panne de gouvernail depuis de nombreuses heures dans la Manche dans de mauvaises conditions mĂ©tĂ©orologiques, l’Amoco Cadiz s'Ă©choue en bordure des cĂ´tes bretonnes, sur les rĂ©cifs de Men Goulven en face du village de Portsall (faisant aujourd'hui partie de la commune de PloudalmĂ©zeau, nord-ouest du Finistère), libĂ©rant 227 000 t de pĂ©trole brut[5].

L'Ă©pave du navire est aujourd'hui situĂ©e Ă  la position 48° 35,31′ N, 4° 42,58′ O, Ă  0,7 mille ENE du phare de Corn Carhai[6].

Chronologie du naufrage

Localisation du naufrage.

(Les heures indiquées ici sont des heures UTC. Il faut rajouter une heure pour avoir l'heure locale — heure française.)

Le Ă  8 h, l'Amoco Cadiz, parti du golfe Persique pour Rotterdam, passe au large de l'Ă®le d'Ouessant. Il fait route Ă  la vitesse de 9,5 nĹ“uds.

  • 9 h 45 : alors que la mer est particulièrement agitĂ©e, avec un vent d'ouest force 8, des rafales Ă  9-10 et que la mer est formĂ©e avec des creux de m, le pĂ©trolier tombe en avarie de gouvernail Ă  7,5 miles d'Ouessant : le gouvernail qui fonctionne normalement grâce Ă  de puissantes pompes hydrauliques est hors de contrĂ´le Ă  la suite de très importantes fuites hydrauliques[note 1] que les mĂ©caniciens tentent sans succès pendant deux heures de rĂ©parer en pataugeant dans l'huile alors que le supertanker est ballottĂ© par la mer agitĂ©e. Le gouvernail est donc bloquĂ© et fait virer le pĂ©trolier sur bâbord. Un premier message radio de sĂ©curitĂ© TTT est envoyĂ© sur 500 kHz, stipulant la non-manĹ“uvrabilitĂ© du bateau et demandant aux autres bâtiments de se tenir Ă  l'Ă©cart. Mais le pĂ©trolier n'envoie pas de signal de dĂ©tresse, si bien que Radio-Conquet n'alerte pas le CROSS.
  • 11 h 5 : le capitaine Pasquale Bardari[7] de l'Amoco Cadiz prend contact avec la station Le Conquet radio et s'enquiert de la station de remorquage la plus proche. Il lui demande plusieurs communications tĂ©lĂ©phoniques avec les armateurs et les affrĂ©teurs afin que ceux-ci nĂ©gocient le contrat d’assistance. Ne pouvant contacter ses armateurs Ă  Chicago Ă  cause du dĂ©calage horaire, le capitaine essaie de prĂ©venir des reprĂ©sentants de la compagnie Amoco basĂ©s Ă  GĂŞnes et Milan.
  • 11 h 20 : le capitaine Pasquale Bardari demande l'assistance d'un remorqueur car l'avarie ne peut ĂŞtre rĂ©parĂ©e. Un appel d'urgence XXX est envoyĂ© sur 500 kHz. Le pĂ©trolier est alors Ă  10 milles au nord d'Ouessant. La compagnie maritime allemande Bugsier (de) qui a quasiment le monopole du remorquage en haute mer sur la cĂ´te finistĂ©rienne, dispose de deux remorqueurs, le Pacific et le Simson, pouvant se dĂ©router. Le premier, moins puissant[note 2], est Ă  13 milles de lĂ , Ă  proximitĂ© de Portsall, et peut intervenir rapidement, alors que le second est situĂ© au large de Cherbourg.
  • 11 h 28 : prise de contact directe entre l’Amoco Cadiz et le Pacific. Ce dernier fait demi-tour et contacte son armateur, la sociĂ©tĂ© Bugsier. L’Amoco Cadiz tente de joindre son assureur Ă  Chicago car le Pacific propose un contrat fondĂ© sur le Lloyd's open form qui est censĂ© Ă©viter les nĂ©gociations avant les opĂ©rations d'assistance[note 3]. Voir aussi ici [8]. Bugsier contacte un autre de ses remorqueurs, le Simson, plus puissant (16 000 chevaux), mais situĂ© alors au large de Cherbourg (soit Ă  près de 10 heures de navigation de l'Amoco Cadiz), pour qu'il se dĂ©route.
  • 12 h : le Pacific est Ă  6 milles du pĂ©trolier. Aucune certitude quant Ă  l'accord sur l'assurance. Le Pacific se rapproche encore car le pĂ©trolier a dĂ©jĂ  dĂ©rivĂ© de 2 milles sous l'effet du vent et est Ă  la limite sud du rail d'Ouessant.
  • 13 h 15 : première tentative de passage de la remorque alors que l’Amoco Cadiz refuse la nouvelle offre d'assistance. Le commandant du Pacific, Hartmut Weinert[note 4], fait envoyer une touline pour hisser la remorque, sur le pĂ©trolier. Cette remorque est constituĂ©e d'un gros câble d'acier et d'une chaĂ®ne. L'ensemble pèse 15 tonnes.
  • 13 h 31 : la remorque est tournĂ©e sur l’Amoco Cadiz.
  • 14 h 5 : le remorqueur commence Ă  tirer lentement.
  • 14 h 49 : le Pacific a laissĂ© filer 1 000 m de remorque et porte ses moteurs Ă  80 % de ses capacitĂ©s (250 tr/min). MalgrĂ© cela, les deux bateaux dĂ©rivent vers l'est.
  • 15 h 15 : l’Amoco Cadiz refuse une nouvelle fois la proposition de contrat sur la base du Lloyd's open form.
  • 16 h : le contrat est finalement acceptĂ© et signĂ© entre Chicago et Hambourg (siège de Bugsier). Le Simson prĂ©voit d'arriver vers 23 h.
  • 16 h 18 : la chaĂ®ne de remorque casse. Ă€ ce moment le pĂ©trolier s'est Ă©vitĂ© et se trouve orientĂ© vers le sud. Le capitaine du pĂ©trolier dĂ©cide de mettre les machines en arrière pour s'Ă©loigner de la cĂ´te, malgrĂ© son avarie de gouvernail.
  • 17 h 5 : les 980 m de remorque sont ramenĂ©s Ă  bord du Pacific. Ă€ cause de la houle, deux matelots sont blessĂ©s, mais le remorqueur se prĂ©pare Ă  repasser la remorque.
  • 18 h 20 : nouvelles tentatives de remorquage, par l'arrière du pĂ©trolier. Les deux bateaux se sont Ă©loignĂ©s l'un de l'autre.
  • 18 h 40 : le Pacific se dirige vers le pĂ©trolier.
  • 18 h 53 : les officiers des deux bateaux ne sont pas d'accord sur la manĹ“uvre : le capitaine de l’Amoco Cadiz prĂ©fĂ©rerait ĂŞtre remorquĂ© par la proue.
  • 19 h 10 : la touline est lancĂ©e, mais n'a pas pu ĂŞtre rĂ©cupĂ©rĂ©e.
  • 19 h 26 : après deux autres Ă©checs, la quatrième tentative sera fructueuse. L'Ă©quipage ramène la touline mais celle-ci casse et la remorque retombe Ă  l'eau.
  • 19 h 40 : le courant est plus fort Ă  prĂ©sent et les deux bateaux continuent Ă  dĂ©river.
  • 19 h 55 : l’Amoco Cadiz se prĂ©pare Ă  jeter l'ancre pour limiter la dĂ©rive.
  • 20 h 4 : l'ancre est mouillĂ©e.
  • 20 h 7 : le Pacific a renvoyĂ© l'amarre qui est tournĂ©e sur le treuil du pĂ©trolier.
  • 20 h 15 : le Simson est Ă  40 milles. La prise de la remorque se poursuit. Ă€ ce moment le risque d'Ă©chouement est très important et il devient urgent de remorquer le pĂ©trolier.
  • 20 h 28 : le guindeau, treuil de relevage de l'ancre, se casse et est arrachĂ©.
  • 20 h 37 : le câble de remorquage est finalement tournĂ© sur une paire de bittes d'amarrage.
  • 20 h 55 : le remorqueur laisse filer 400 m et commence Ă  tirer. Le pĂ©trolier est toujours mouillĂ© et espère pouvoir tourner.
  • 21 h 4 : le pĂ©trolier talonne (touche le fond) pour la première fois. Il roule sous les vagues et ses machines sont noyĂ©es.
  • 21 h 10 : l’Amoco Cadiz est privĂ© d'Ă©clairage et de radio.
  • 21 h 39 : le pĂ©trolier talonne une seconde fois.
  • 21 h 43 : le pĂ©trolier lance des fusĂ©es de dĂ©tresse, la marĂ©e noire commence.
  • 21 h 50 : un appel de dĂ©tresse SOS est envoyĂ© sur 500 kHz. Le capitaine Weinert du Pacific fait demander un hĂ©licoptère pour Ă©vacuer l'Ă©quipage de l’Amoco Cadiz. Il met les machines au maximum pour tenter de dĂ©sĂ©chouer le pĂ©trolier.
  • 22 h 12 : la remorque casse et est rĂ©cupĂ©rĂ©e sur le Pacific.
  • 22 h 30 : le Simson arrive sur les lieux.
  • 24 h : l'Ă©quipage de l’Amoco Cadiz est hĂ©litreuillĂ© par les Ă©quipages des hĂ©licoptères Super Frelon de la 32e flottille de la Marine nationale basĂ©e Ă  LanvĂ©oc-Poulmic. Seuls le capitaine et un officier restent Ă  bord.
  • 1 h 45 : 42 personnes sur 44 sont Ă©vacuĂ©es. Les deux derniers (le capitaine Bardari et un officier) doivent attendre jusqu'Ă  5 h avant de pouvoir quitter le navire.

Le 17 mars au matin, les habitants de la pointe bretonne sont réveillés par une odeur de mazout et croient d'alors à une panne de chaudière dans leur maison, avant de découvrir la coque brisée du pétrolier au niveau du château arrière[9].

Contexte particulier

Il s'est avĂ©rĂ© que la Marine nationale Ă©tait absente sur cet Ă©vĂ©nement, car relativement impuissante dans cette situation particulière. En effet, sur les trois remorqueurs de haute mer affectĂ©s Ă  la zone oĂą a eu lieu le naufrage, seul le Malabar Ă©tait disponible[10] mais Ă  une dizaine d'heures de route du lieu de l'accident. Le deuxième remorqueur Ă©tait en maintenance et l'autre Ă©tait en mission au large de Terre-Neuve. D'autre part, les remorqueurs de haute mer de la marine sont destinĂ©s Ă  porter assistance aux sous-marins nuclĂ©aires qui ne dĂ©placent que 9 000 t. Ils sont donc moins puissants (4 600 ch pour le Malabar).

Certains des sémaphores (tels que l'Aber-Wrac'h et Molène) n'avaient pas de radar et effectuent donc uniquement une veille optique[11] - [12]. Les mauvaises conditions météo n'ont pas joué en leur faveur. D'autre part les informations ont eu du mal à circuler entre les sémaphores du Stiff, Créac'h et Molène d'une part, et l'échelon opérationnel de la Préfecture maritime d'autre part, donnant ainsi une vision incomplète ou erronée de la situation pour les autorités à terre.

Les Affaires maritimes, dont une des missions est de surveiller le trafic maritime, ne disposaient au moment des faits que du centre de surveillance du cap Gris-Nez dépendant du CROSS Manche basé à Jobourg. Par la suite, deux autres centres de surveillance situés à Jobourg et Corsen seront mis en service.

Marée noire

Conséquences en mer

L'Amoco Cadiz face aux côtes du Finistère.

La SociĂ©tĂ© Shell-France prĂ©voit dès le Ă  0 h 33 d'envoyer des pĂ©troliers-allĂ©geurs[13]. Il s'agit de 3 navires d'une capacitĂ© de 65 000 t, 100 000 t et 18 000 t. Dans la journĂ©e du 17, les bateaux sont en place mais n'ont pas de pompe pour transfĂ©rer le pĂ©trole, Shell prĂ©voyant d'en faire venir des États-Unis[13]. La Marine nationale avait alors un projet de station de pompage qui consiste en la mise en place sur le navire d'une source d'Ă©nergie destinĂ©e Ă  alimenter des pompes immergĂ©es dans les soutes de l’Amoco Cadiz. Les moyens nĂ©cessaires Ă  la mise en place de ce projet Ă©taient disponibles et installĂ©s 10 Ă  15 jours après le naufrage. Toutefois l'installation ne pouvait se faire pendant la tempĂŞte et pendant ce temps, le bateau continuera Ă  rĂ©pandre son pĂ©trole dans la mer. Le , le navire se casse en deux. Le , le pĂ©trolier avait perdu 85 % Ă  90 % de sa cargaison et le pompage de la cargaison Ă©tait devenu inutile[14].

L'épave est bombardée par hélicoptère et dynamitée le [14] par les plongeurs démineurs de la Marine nationale pour vider le reste du pétrole directement et éviter ainsi un suintement permanent des soutes qui aurait souillé les côtes des semaines durant.

Le pompage des nappes d'hydrocarbures en mer Ă©tant rendu difficile voire impossible Ă  cause de la houle, des dispersants seront utilisĂ©s pour favoriser la dilution du pĂ©trole dans l'eau et limiter les dĂ©gâts Ă  terre. MalgrĂ© cela des associations de protection de l'environnement dĂ©noncent l'aspect toxique de ces dispersants, se rappelant le naufrage du Torrey Canyon survenu 11 ans plus tĂ´t. Leur utilisation sera pour cette raison bannie des zones oĂą la profondeur est infĂ©rieure Ă  50 m car le brassage de l'eau y est insuffisant[note 5].

Conséquences à terre

« Le symbole le plus utilisé dans les stratégies discursives et iconographiques, diffusé par les journalistes, brandi par les manifestants comme emblème d'un patrimoine collectif souillé et comme moyen d'apitoiement, est l'oiseau mazouté[15] ».
Impact de la pollution Ă  Portsall.
Nettoyage manuel d'une des plages de Plougrescant (Côtes-d'Armor) par des bénévoles (notamment des agriculteurs) équipés de ciré, de bottes et de gants, armés de pelles, de râteaux et de seaux.
Nettoyage d'une des plages de Plougrescant (CĂ´tes-d'Armor). Rabots et tonne Ă  lisier.

50 000 Ă  60 000 tonnes de pĂ©trole brut sont dĂ©versĂ©s sur près de 375 km de cĂ´tes bretonnes, entre la baie d'Audierne et Saint Brieuc (l'Ă©tat maximum de pollution est atteint fin avril 1978)[16].

Le plan Polmar est déclenché le à 23 h 45[17]. Deux heures plus tard (à 1 h 45) une première réunion a lieu à Paris sous la houlette de la Direction de la sécurité civile. Le est ponctué d'autres réunions dont les conclusions sont les suivantes :

  • acheminement de tous les barrages flottants sur les lieux du sinistre (ils sont disposĂ©s entre le 16 et le mais se rĂ©vèlent peu efficaces en raison de la houle et du personnel non formĂ© Ă  leur pose[18]) ;
  • mise en alerte de la Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas, l'Allemagne fĂ©dĂ©rale, la Suède, la Norvège et le Danemark afin d'obtenir leur aide ;
  • pas d'avis d'incendie Ă  bord ;
  • tentative d'allègement du pĂ©trolier dès la fin de la tempĂŞte.

Le , le plan Polmar est Ă©tendu aux CĂ´tes-d'Armor pour prĂ©venir l'arrivĂ©e des nappes de pĂ©trole. Entre le et le , la Marine nationale met Ă  disposition 4 500 hommes et 50 bateaux. Les Sapeurs-Pompiers viennent Ă©galement en renfort. Des unitĂ©s volontaires de l'armĂ©e de terre sont envoyĂ©es sur place ; en particulier issues du dispositif opĂ©rationnel des Forces Françaises en Allemagne (2e Corps d'armĂ©e).

Du 17 au , en moyenne, 420 hommes par jour se relaient sur 6 chantiers[19].

Du au , en moyenne, 4 595 hommes par jour se relaient sur 66 chantiers[20].

Du au , en moyenne, 7 447 hommes par jour se relaient sur 90 chantiers[20]. Ce nettoyage mobilise 14 000 personnes dont 7 000 militaires[21].

Les agriculteurs se sont mobilisĂ©s dès les premiers jours[22] utilisant des tonnes Ă  lisier, nombreuses dans cette rĂ©gion d'Ă©levage porcin. Par la suite l'ampleur des dĂ©gâts conduit les autoritĂ©s Ă  faire appel Ă  un nombre croissant de camions d'assainissement qui pompent le pĂ©trole stockĂ© dans des fosses et partent vers les gares et le port de Roscoff, d'oĂą ils sont expĂ©diĂ©s vers les unitĂ©s de dĂ©gazage existant Ă  Brest, Nantes, Saint-Nazaire et Le Havre. Du au , ce sont en moyenne 1 000 vĂ©hicules par jour qui auront participĂ© au nettoyage[23].

Des centaines de volontaires mobilisés par des associations d'écologistes sont aussi venus ramasser le goudron à la main et à la pelle. Les autorités disent avoir mis six mois pour faire pomper ou disperser le pétrole et nettoyer les côtes bretonnes. Mais en réalité les grands nettoyeurs ont été les vagues et des bactéries naturelles.

Dans l'urgence, les déchets pétrolifères ramassés ont été rassemblés, puis enfouis dans le sol sur une centaine de sites choisis, dans les Côtes-d'Armor et le Finistère[24].

Conséquences sur la faune et la flore

Zones littorales et maritimes touchées par la marée noire.

Les dĂ©gâts causĂ©s par le pĂ©trole se ressentent sur l'Ă©cosystème : 30 % de la faune aquatique et 5 % de la flore marines sont dĂ©truits sur une surface de 1 300 km2[25]. On dĂ©nombre 3 000 Ă  4 000 cadavres d'oiseaux et on estime que 10 000 au total ont pĂ©ri[26], voire plus, le facteur de mortalitĂ© Ă©tant difficile Ă  estimer (difficultĂ© Ă  estimer le rapport entre la mortalitĂ© observĂ©e et la mortalitĂ© rĂ©elle, les estimations allant de 19 000 Ă  37 000 oiseaux tuĂ©s[27]). L'arrivĂ©e des nappes Ă  une pĂ©riode de nidification des oiseaux a aggravĂ© la situation[26]. Le bilan de mortalitĂ© des oiseaux marins liĂ©e Ă  cette marĂ©e noire apparaĂ®t Ă©tonnamment faible par rapport aux hĂ©catombes produites par certains incidents de moindre envergure[note 6]

Les poissons, coquillages et crustacĂ©s ont Ă©galement Ă©tĂ© touchĂ©s. On estime que 35 espèces de poissons ont Ă©tĂ© touchĂ©es, ayant absorbĂ© des polluants, et que 22 tonnes de poissons et de crustacĂ©s ont disparu[28].

La flore a été relativement épargnée car on a observé que certaines algues ont une aptitude à dégrader le pétrole. Malgré tout, de nombreuses algues ont subi engluement ou intoxication au pétrole[29].

L'étude des successions écologiques a montré que le littoral touché par la mer noire a mis en moyenne cinq à sept ans avant de restaurer son écosystème (notion de résilience écologique). Si sur les rivages les plus brassés et les mieux oxygénés, les populations initiales ont retrouvé cet état, les taux de rétablissement des populations sont plus faibles sur des sites plus abrités et moins rapidement décontaminés[30] - [31].

Après la catastrophe

Une des deux ancres de l'Amoco Cadiz exposée à Portsall, en face du bâtiment l'Ancre an Eor[note 7]. Récupérée pour les besoins de l'enquête, elle est scellée sur le terre-plein du port. Un texte, gravé dans la pierre, rappelle l'événement[32].
Une partie des indemnisations de l'Amoco a servi Ă  la restauration partielle de l'abbaye Saint-Mathieu[33].

Après la catastrophe, en France, plusieurs organisations écologistes exercent des pressions sur la société Shell, à laquelle ce pétrole était destiné, qui vont de l'occupation du siège parisien de l'entreprise à l'appel au boycott. Prétextant que la Shell France (distribution) était une société différente de la Shell internationale, celle-ci fit un procès pour obstruction commerciale à certaines de ces associations[34] (dont Les Amis de la Terre de Brice Lalonde avec Corinne Lepage). Elle gagna ce procès et une énorme somme pour le préjudice financier théorique, mais n'a pas vraiment osé récupérer cet argent.

Côté infrastructures, la catastrophe a largement mis le doigt sur les lacunes en matière de prévention des naufrages dans la zone du rail d'Ouessant. À la suite de ce naufrage, les autorités vont équiper les sémaphores de moyens modernes tels que des radars. Ainsi en 1979, est décidé la construction de tour-radar et la mise en place du Cross Corsen, les deux étant opérationnels en 1982. La Marine ne disposant pas de remorqueurs de haute mer spécialisés dans l'assistance, le Comité interministériel de la mer décide de lui confier l'affrètement de remorqueurs d'intervention plus puissants qui doivent être disponibles en permanence sur les trois façades maritimes : la compagnie des Abeilles, spécialisée dans les remorqueurs de port, loue alors des remorqueurs de haute mer. Dès septembre 1979, l'Abeille Flandre, stationné à Brest pour intervenir rapidement dans le rail d'Ouessant, l'Abeille Languedoc, stationné à Cherbourg, et l'Abeille Provence stationné à Toulon, sont mis en place sous l'autorité du préfet maritime[35]. D'autres améliorations sont apportées au système de prise en charge de navires en détresse, telles que la création du CEDRE quatre mois après le naufrage, la mise en place des procédures à adopter en cas d'urgence, notamment en matière de communication, et une lutte plus active contre les pavillons de complaisance afin d'éviter que des navires en mauvais état et sujets aux avaries prennent la mer[36].

Le débat autour des conséquences de développement économique sur l'environnement quitte le domaine politique pour s'inviter dans le quotidien des foyers bretons. Il s'inscrit alors dans des initiatives citoyennes marquées par une démarche de mobilisation populaire et de formations de collectifs de lutte. Cela se traduit lors de manifestations dans les années 1979-1980, par le rassemblement des Bretons du Nord dénonçant les marées noires et les Bretons du Sud se mobilisant contre le projet de centrale nucléaire de Plogoff. « Le lien entre la dénonciation des marées noires et le mouvement antinucléaire se lit dans le slogan « Mazoutés aujourd'hui, radioactifs demain ». La formule sera reprise de façon systématique dans la presse militante… En janvier 1980, à propos du projet de Plogoff, Brice Lalonde, un des leaders du mouvement écologiste, évoquait devant la presse « la perspective d'un Amoco Cadiz nucléaire »[37] ».

Les retombées économiques sont directes. La région étant très dépendante des métiers de la mer, c'est une véritable crise qui touche cette année-là les pêcheurs et ostréiculteurs[38]. Les touristes vont aussi se faire plus rares cette année-là, craignant la présence de résidus de pétrole sur le littoral. Les hôteliers ont vu leur chiffre d'affaires baisser de 50 %[39].

À l'époque, le maire de Portsall (commune de Ploudalmézeau), Alphonse Arzel se fait connaître en incarnant la défense des intérêts de sa commune et de toutes celles dont les côtes ont été souillées par la marée noire, et en fondant en 1980, aux côtés de Charles Josselin (jeune député-maire et président du Conseil Général des Côtes-d’Armor, futur ministre de la mer) et Jean-Baptiste Henry (conseiller municipal de Plouguiel et ingénieur à l'INRA apportant son expertise scientifique), le Syndicat mixte de protection et de conservation du littoral nord-ouest de la Bretagne (devenu depuis Vigipol)[40].

Le procès qui s'ouvre le au siège de la cour fédérale de l'Illinois, à Chicago, débute par une surprise : cinquante-cinq élus bretons capèlent leur écharpe, bleu, blanc, rouge et descendent dans la rue de la ville américaine, décidés à attirer ainsi l'intérêt du public américain qui est déjà retombé pour une affaire qui ne l'intéresse pas directement et dont la procédure juridique complexe est appelée à durer des années[41].

En première instance, le juge Frank James McGarr (en) du tribunal de district de Chicago rend le son verdict et dĂ©clare les sociĂ©tĂ©s Amoco International, Amoco Transport, Standard Oil of Indiana et les chantiers espagnols « Astilleros » de Cadix, solidairement responsables de la catastrophe Ă©cologique. En s’ouvre la deuxième partie du procès sur les indemnitĂ©s, qui se conclut le par le jugement de McGarr qui n'octroie que 123 millions de francs au Syndicat mixte, en dĂ©dommagement de la marĂ©e noire pour les communes et 202 millions pour l'État, au titre du prĂ©judice Ă©conomique (frais de dĂ©pollution, pertes de recettes liĂ©es au tourisme, Ă  la pĂŞche, Ă  l’ostrĂ©iculture et Ă  toute activitĂ© liĂ©es Ă  celles-ci), la majoritĂ© des rĂ©parations du prĂ©judice moral (atteinte Ă  l'image de marque) et du prĂ©judice Ă©cologique Ă©tant Ă©cartĂ©es. Les membres du Syndicat sont déçus par le rejet des deux tiers des dommages par le juge : certes, les frais du procès sont couverts, mais l'ambition du Syndicat Ă©tait tout autre. Des 587 millions de francs de dĂ©dommagement qu'elles rĂ©clamaient (estimation du prĂ©judice total), les quatre-vingt-dix communes ou associations bretonnes n'en ont obtenu que 46 (soit un peu plus de 90 millions avec intĂ©rĂŞts, Ă  peine plus que le coĂ»t du procès)[42]. L'État français s'en tire un peu mieux car il rĂ©clamait 428 millions de francs correspondant aux sommes engagĂ©es pour effacer les traces du naufrage. Surtout, « les maires sont blessĂ©s par l’accusation de tricherie sur les montants, par la nĂ©gation de leur bonne foi : ils se sentent insultĂ©s et trahis[43] ». Le Syndicat mixte fait donc appel et obtient finalement 226 millions de francs le . C'est la première fois au monde qu'une compagnie pĂ©trolière est contrainte par la justice Ă  verser aux plaignants d'une pollution de ce type une somme importante, mais la dĂ©ception est immense[44].

La sociĂ©tĂ© AMOCO fait appel, dans un jugement prononcĂ© le [45], soit presque 14 ans après l'accident, la Cour d'appel des États-Unis pour le septième circuit condamne Amoco et donne raison aux communes et Ă  l'État français[46]. Le jugement accorde une compensation financière de 1 257 millions de francs aux plaignants, soit environ la moitiĂ© des prĂ©judices estimĂ©s, le juge ayant pris en compte les prĂ©judices Ă©conomiques, le travail des bĂ©nĂ©voles et la perte d'image[47]. La sociĂ©tĂ© AMOCO doit verser 226 millions au Syndicat mixte de protection et de conservation du littoral nord-ouest de la Bretagne (devenu depuis Vigipol). L'État français qui a reçu plus d'un milliard accorde au Syndicat Mixte en supplĂ©ment 100 millions sous forme de don, afin de dĂ©dommager les victimes nĂ©gligĂ©es par le dernier jugement et de rembourser les frais des communes qui s'Ă©taient jointes au combat par solidaritĂ©[48].
Les indemnisations sont versées aux collectivités sans obligation d'utilisation, ce qui suscite beaucoup de critiques lorsque ces communes choisissent de répartir ces sommes dans la construction d'écoles, de jardins publics ou la réfection des voiries[49].
Par ce procès, la condamnation du groupe pétrolier américain Amoco à compenser les dommages environnementaux (plutôt qu'une réparation du préjudice écologique) participe à l'instauration d'un régime fondé sur le principe du pollueur-payeur[50].

Épave

Le site de l'Ă©pave est devenu un spot de plongĂ©e sous-marine : elle est visitĂ©e par les plongeurs, sous rĂ©serve de conditions mĂ©tĂ©orologiques favorables[51], par courant calme lors de l’étale[52]. SituĂ©e Ă  partir d'une trentaine de mètres sous la surface de l’eau[51], des dĂ©bris sont rĂ©pandus sur une zone de 600 m de long[53] - [54].

Dans la culture populaire

Cet épisode dramatique a inspiré les artistes suivants :

  • RenĂ© Vautier a rĂ©alisĂ© un long mĂ©trage sur la catastrophe : MarĂ©e noire, colère rouge (1978), qui critique non seulement l'industrie pĂ©trolière mais aussi la dĂ©sinformation d'État au sujet du naufrage et de la pollution ;
  • Tri Yann a Ă©crit deux chansons sur la catastrophe : une chanson intitulĂ©e Le soleil est noir, sur l'album Urba (1978), reprise depuis Ă  chacun de leurs concerts, et une autre nommĂ©e Gwerz Porsal sur l'album Le PĂ©lĂ©grin (2001) ;
  • Alain Barrière a, lui aussi, Ă©crit une chanson sur cette catastrophe, titrĂ©e Amoco ;
  • Jean-Michel Caradec en a fait Ă©galement une chanson, titrĂ©e Portsall ;
  • LĂ©o FerrĂ© y fait indirectement rĂ©fĂ©rence dans sa chanson La Mer noire (album La Violence et l'Ennui, 1980) ;
  • Les Goristes ont Ă©crit une chanson sur cette catastrophe et d'autres, intitulĂ©e Bretagne is beauty fuel ;
  • La chanson Un bateau mais demain d'Anne Sylvestre en est Ă©galement inspirĂ©e[55] ;
  • Allain Leprest y fait Ă©galement allusion dans sa chanson Tout ce qui est dĂ©gueulasse porte un joli nom (interprĂ©tĂ©e par Jean-Louis Foulquier puis reprise par Olivia Ruiz dans l'album Chez Leprest) ;
  • Visant SeitĂ© a Ă©crit une Gwerz en breton sur la catastrophe intitulĂ©e « Al Lanv Du » (la marĂ©e noire) qui fut interprĂ©tĂ©e par la chanteuse lĂ©onarde Mona Bodenneg ;
  • Marie-HĂ©lène Prouteau, a Ă©crit le roman L'Enfant des vagues, Ă©ditions ApogĂ©e, 2014[56] - [57], oĂą un jeune garçon a Ă  cĹ“ur de sauver les oiseaux mazoutĂ©s ;
  • le rappeur MC Circulaire, y fait une allusion dans sa chanson BZH : « Une minute de silence pour l'Amoco Cadiz »[58] ;
  • Une marĂ©e noire : album jeunesse de Marie Lenne Fouquet et Marjorie BĂ©al aux Ă©ditions Kilowatt 2018 ;
  • La bande dessinĂ©e Bleu pĂ©trole de Morizur et Montgermont (Éditions Grand Angle, 2017) raconte le drame du naufrage tel qu'il a Ă©tĂ© vĂ©cu par le maire de Portsall et sa famille, leur lutte avec les habitants des rivages bretons pour nettoyer les plages et obtenir justice.

Notes et références

Notes

  1. Sous la pression des vagues, cinq des six goujons fixant la collerette et le tuyau d'huile au distributeur hydraulique de l'appareil à gouverner, sont cassés (rupture facilitée par un défaut d'entretien récurrent de la gouverne dont le circuit hydraulique s'est grippé, la formation de poches altérant les mécanismes de blocage des parties mobiles de cet appareil). Cette avarie provoque une perte de liquide hydraulique. Le pétrolier ne disposant que d'un seul système de gouverne, il est devenu non maître de sa manœuvre et a dérivé au vent et à la houle. Cf Jean Bulot, Le drame de l'Amoco Cadiz, éditions J. Bulot, , p. 58-59.
  2. Sa puissance est de 10 000 chevaux.
  3. Il s'agit d'un contrat d'assurance très courant dans la marine. Ce contrat comporte entre autres la clause no cure, no pay qui évite au bénéficiaire de payer pour un sauvetage qui n'aurait pas réussi. Si le sauvetage réussit, « la rémunération correspond en moyenne à 6 % de la valeur sauvée. L'équipage du remorqueur touche une partie de cette somme, environ 3,5 %, d'où une lutte acharnée entre les compagnies pour s'approprier les navires en difficulté, d'où aussi la réputation qu'on leur fait de charognards des mers » (cf François Pellennec, Jean-Charles Trédunit, Au temps de la voile dans la rade de Brest, Coop Breizh, , p. 317.
  4. Poursuivi pour l'échec des tentatives de remorquage, Hartmut Weinert est interpellé et menotté devant la presse. Il est finalement blanchi par la justice après quinze ans de procédure mais reste hanté par ce drame personnel. Décédé le 9 novembre 2013, son souhait de reposer dans la mer d'Iroise qu'il a sillonnée à la barre du Pacific, du Wotan ou de l’Heros, est réalisé par sa fille, Christina Minnemann, et son ex-compagne, Elga Gruber-Dierks : le , à bord de la vedette SNSM Notre Dame de Rocamadour, elles font disperser ses cendres du côté de la chaussée des Pierres-Noires, au large du Conquet. Cf « Amoco Cadiz. Il a tout tentépour éviter le naufrage », Le Télégramme, no 21.381,‎ , p. 10
  5. Coordination marĂ©e noire : une profondeur trop faible conduira Ă  une dispersion trop faible des hydrocarbures dans la colonne d’eau et donc Ă  des concentrations pouvant induire des effets toxiques pour les espèces pĂ©lagiques. Initialement, les dispersants Ă©taient interdits dans les zones cĂ´tières par des fonds infĂ©rieurs Ă  50 m.
  6. Ce bilan peu meurtrier pourrait tenir au caractère Ă©troitement cĂ´tier de la pollution, « au caractère massif du dĂ©versement et Ă  la nature du pĂ©trole lui-mĂŞme. On estime Ă  plus de 30 % du tonnage total la quantitĂ© de brut qui s'est Ă©vaporĂ©e… On peut imaginer que les puissantes Ă©manations pĂ©trolières au voisinage du sinistre ont pu contribuer Ă  en Ă©loigner les oiseaux de mer. L'absence anormale de migration visible au large du LĂ©on, la sur-reprĂ©sentation des espèces temporairement inaptes au vol (macareux, plongeons), la disparition plusieurs fois rapportĂ©e des espèces terrestres dans les jardins du bord de mer des zones les plus touchĂ©es et la rapide rarĂ©faction des oiseaux de rivages dans toute la rĂ©gion polluĂ©e, sont autant d'anomalies qui pourraient trouver un Ă©lĂ©ment d'explication dans une telle rĂ©action d'Ă©vitement… Le fait de constater que les dĂ©gâts n'ont pas Ă©tĂ© aussi catastrophiques qu'ils auraient pu l'ĂŞtre et que les colonies bretonnes paraissent avoir Ă©tĂ© peu touchĂ©es, n'implique pas que l'incident soit sans gravitĂ© ». Il est cependant Ă  relativiser par rapport aux « dĂ©versements permanents d'hydrocarbures particulièrement importants dans ces mers parcourues par le plus important trafic pĂ©trolier du Monde. On oublie, en effet, trop souvent que ce dernier type de pollution est responsable chaque annĂ©e de pertes bien plus considĂ©rables que celles, spectaculaires, occasionnĂ©es par les naufrages : selon CROXALL (1977), cette pollution chronique pourrait ĂŞtre responsable de la mort de 150 000 Ă  450 000 oiseaux marins par an dans les seules eaux europĂ©ennes ». Cf Jean-Yves Monnat, « MortalitĂ©s d'oiseaux Ă  la suite du naufrage du pĂ©trolier Amoco Cadiz », Penn ar Bed, no 93,‎ , p. 357-358 (lire en ligne).
  7. Musée intercommunal consacré au naufrage et inauguré le 18 mai 2000.

Références

  1. Le procès de l’Amoco-Cadiz : présent et voies du futur, p. 763.
  2. (en) Rudolph Chelminski, Amoco Cadiz. The Shipwreck that Had to Happen, W. Morrow, , p. 18
  3. Jean Bulot, Le drame de l'Amoco Cadiz, Ă©ditions J. Bulot, , p. 25
  4. Wreksite - Site répertoriant les épaves.
  5. « Brève », Sciences et Avenir, no 849,‎ , p. 74.
  6. (en) Sailing Directions, ProStar Publications, , p. 60.
  7. https://amp.ouest-france.fr/mer/amoco-cadiz/amoco-cadiz-au-lendemain-du-drame-l-enquete-demarre-brest-5618531
  8. Marine insurance#Salvage and prizes (en).
  9. Jean Rouzet, Les grandes catastrophes en France, Ixelles Editions, , p. 176.
  10. Voir Rapport de la commission d'enquĂŞte du SĂ©nat, page 71.
  11. Voir Rapport de la commission d'enquĂŞte du SĂ©nat, page 65.
  12. Historique de l'Aber Wrac'h.
  13. Voir Rapport de la commission d'enquĂŞte du SĂ©nat, page 94.
  14. Voir Rapport de la commission d'enquĂŞte du SĂ©nat, page 95.
  15. Florence Ménez, « Le spectacle de la marée noire : un regard ambigu sur la transformation du paysage », Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, vol. 135-6,‎ , p. 63.
  16. L. D'Ozouville, Serge Berne, Erich Gundlach, Miles O. Hayes, « Évolution de la pollution du littoral breton par les hydrocarbures de l'Amoco Cadiz entre mars 1978 et novembre 1979 », dans Amoco Cadiz: conséquences d'une pollution accidentelle par les hydrocarbures, Centre océanologique de Bretagne, , p. 55-79.
  17. Voir Rapport de la commission d'enquĂŞte du SĂ©nat, page 88.
  18. Voir Rapport de la commission d'enquĂŞte du SĂ©nat, page 101.
  19. Voir Rapport de la commission d'enquĂŞte du SĂ©nat, page 91.
  20. Voir Rapport de la commission d'enquĂŞte du SĂ©nat, page 92.
  21. Alain R. Bertrand, Transport maritime et pollution accidentelle par le pétrole, Editions Technip, , p. 28.
  22. André Colin, Jean-Marie Girault, La catastrophe de l'Amoco Cadiz. Rapport de la commission d'enquête du Sénat, Hachette, , p. 105.
  23. Voir Rapport de la commission d'enquĂŞte du SĂ©nat, page 103.
  24. Carte des sites de stockage des déchets issus des marées noires.
  25. Martine Valo, « L’« Amoco-Cadiz » : la pire marée noire survenue en Europe », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  26. Voir Rapport de la commission d'enquĂŞte du SĂ©nat, page 108.
  27. « Il y a quarante ans, l'Amoco Cadiz défigurait les côtes du Finistère », sur franceinter.fr, .
  28. Voir Rapport de la commission d'enquĂŞte du SĂ©nat, page 110-111.
  29. Voir Rapport de la commission d'enquĂŞte du SĂ©nat, page 112.
  30. Michel Glémarec, « Les indices biotiques en milieu sédimentaire », dans Claude Alzieu, Bioévaluation de la qualité environnementale des sédiments portuaires et des zones d'immersion, Editions Quae, , p. 29-35.
  31. (en) Estuarine and Coastal Pollution. Detection, Research and Control, Pergamon, , p. 203-210.
  32. « L'Amoco Cadiz après avoir mouillĂ© son dernier recours, chassa sous l'action du vent et du courant sur cette ancre pesant 20 tonnes et 500 kg dont les pattes se brisèrent. Il vint s'Ă©chouer le 16 mars 1978 sur Men Goulven Ă  1 100 mètres environ dans l'est nord-est du phare de Corn Carhai, provoquant la plus grande marĂ©e noire du siècle ».
  33. Pierre Bonte, Mes petites France, Fayard, , p. 14.
  34. Vincent Gay, « Écologie », dans Antoine Artous, Didier Epsztein et Patrick Silberstein (dir.), La France des années 1968, Paris, Syllepse, (lire en ligne).
  35. Jean Randier, Histoire de la marine marchande française. Des premiers vapeurs à nos jours, Éditions maritimes & d'outre-mer, , p. 357-358.
  36. Jean Bulot, Le drame de l'Amoco Cadiz, Ă©ditions J. Bulot, , p. 150
  37. Gilles Simon, Plogoff. L'apprentissage de la mobilisation sociale, Presses universitaires de Rennes, , p. 97.
  38. Voir Rapport de la commission d'enquĂŞte du SĂ©nat, pages 116-117.
  39. Voir Rapport de la commission d'enquĂŞte du SĂ©nat, page 118.
  40. Jean Bulot, Le drame de l'Amoco Cadiz, Ă©ditions J. Bulot, , p. 139
  41. « Filmés par une chaîne de télévision, ils défilent dignement dans l'avenue Michigan, escortés par un nonchalant policier juché sur une superbe moto à trois roues et sous le regard perplexe des passants qui les prennent pour des Hollandais animant dans le même temps une semaine commerciale ! » Cf Jean Bulot, Colères noires. Amoco, Tanio, Erika : trois naufrages de complaisance, Blanc silex, , p. 166.
  42. Jean Bulot, Le drame de l'Amoco Cadiz, Editions J. Bulot, , p. 135.
  43. Claire Bouteloup, Agir pour la reconnaissance du dommage écologique des marées noires : attachements, stratégies et justification. Cas de l’Amoco Cadiz et de l’Erika, AgroParisTech, 2015, p. 110
  44. Jean Bulot, Le drame de l'Amoco Cadiz, Editions J. Bulot, , p. 144.
  45. Rapport du syndicat mixte de protection et de conservation du littoral nord-ouest de la Bretagne.
  46. (en) « in the Matter of Oil Spill By the Amoco Cadiz Off the Coast of France on March 16, 1978, 954 F.2d 1279 (7th Cir. 1992) », sur vlex.com, (consulté le ).
  47. Stéphane Jézéquel, « Amoco-Cadiz. Le ciel nous tombait sur la tête », Le Télégramme, Morlaix,‎ (lire en ligne).
  48. Edouard Clunet, Journal du droit international, Marchal & Godde, 1993, p. 149.
  49. Stanislas du Guerny, « Vingt ans après l'Amoco, les risques existent toujours », sur lesechos.fr, .
  50. Yvon Loussouarn, L'internationalisation du droit, Dalloz, , p. 95.
  51. « On a plongé sur l'Amoco - France 3 Bretagne », France 3 Bretagne,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  52. « Vidéo. Quatre minutes de plongée sur l'épave de l'Amoco », Le Telegramme,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  53. « Finistère : plongée sur l'épave du pétrolier "Amoco Cadiz" », Franceinfo,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  54. Alicia Foricher, « 40 ans après, l'épave de l'Amoco Cadiz attire les plongeurs », sur francetvinfo.fr, .
  55. Anne Sylvestre ouvre la parenthèse au théâtre sur Loire.net.
  56. « Marie-Hélène Prouteau », sur http://www.editions-apogee.com
  57. « Nantes. Marie-Hélène Prouteau dédicace « L'enfant des vagues » »
  58. « MC Circulaire interview pour son groupe Facebook (page publique) », sur https://m.facebook.com.

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Pour la chronologie : Rapport de la commission d'enquĂŞte du SĂ©nat : La catastrophe de l’« Amoco Cadiz », Paris, Hachette littĂ©rature, , 313 p. (ISBN 2-01-005781-3, lire en ligne [PDF]) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Pour les donnĂ©es techniques : J.J. Achutegui, S. Mendiola, F.J. Sanchez & A. Diaz, The « Amoco Cadiz » stranding could have been avoided, Transactions of the Wessex Institute, publiĂ© dans Ecology and the Environment volume 15, 1996 (ISBN 1-85312-436-2) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Alain R. Bertrand, Transport maritime et pollution accidentelle par le pĂ©trole : faits et chiffres, 1951-1999, Ă©ditions Technip, pp. 26 et suivantes, (ISBN 2-7108-0775-0) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Claire Bouteloup, « Amoco-Cadiz » 1978-2008 MĂ©moires vives, Ă©ditions du Cèdre (ISBN 978-2-87893-088-7)
  • Colloque Amoco Cadiz, colloque international scientifique Vingt ans après l'« Amoco Cadiz ». Brest, France. 15, 16 et , Synthèse
  • Poster pĂ©dagogique proposĂ© par le Cedre
  • Archives tĂ©lĂ©visuelles sur le portail de l'INA
    • Amoco Cadiz, IT1 20H TF1 - 17/03/1978 - 00h05m29s Naufrage du navire pĂ©trolier l’Amoco Cadiz au large de Portsall dans le Finistère,
    • Amoco Cadiz, T1 20H TF1 - 17/03/1981 - 00h02m19s. Ă€ l'occasion du procès de l’Amoco Cadiz, images de la marĂ©e noire
    • Images des pĂ©troliers ; Les Dossiers de l'Ă©cran A2 - 27/06/1978 - 00 h 41 min 49 s. Montage d'archives retraçant le naufrage des pĂ©troliers Torrey Canyon (), Olympic Bravery (), Boehlen (), Amoco Cadiz () et nettoyage des plages.
  • Le Beau Combat, un documentaire France 3 qui retrace les 14 annĂ©es de procĂ©dures judiciaires contre la sociĂ©tĂ© Amoco après le naufrage de l’Amoco Cadiz de 1978, diffusĂ© le samedi .
  • Jo Potier, Du pĂ©trole mais pas d'idĂ©es, court-mĂ©trage documentaire, 1978, 13 minutes (sur le site de la Cinemathèque de Bretagne)
  • FĂ©lix et Nicole Le Garrec, MazoutĂ©s aujourd'hui, 1978
  • François Ramade, Écologie appliquĂ©e. Ediscience, 1992.
  • Tudi Kernalegenn, Luttes Ă©cologistes dans le Finistère (1967-1981). Les chemins bretons de l'Ă©cologie, Fouesnant, Yoran Embanner, 2006.
  • Claire Bouteloup, Amoco Cadiz. 1978-2008. MĂ©moires vives. Cedre Ă©diteur 2008 (ISBN 978-2-87893-088-7).
  • Alphonse Arzel, Le Procès de l'Amoco Cadiz, Éditions Ouest-France, 2004, 333 p. (ISBN 9782737349768).
  • Jean-Charles Perazzi, Reporter en Bretagne. 25 ans d'histoire contemporaine au quotidien, An Here, 2004.
  • Yvon Rochard, L'affaire Amoco. Éditions Armen, 2005.
  • Bleu pĂ©trole, scĂ©nario de GwĂ©nola Morizur, dessins et couleurs de Fanny Montgermont, Bamboo Édition, coll. Grand angle, 2017 (ISBN 978-2-8189-4096-9) (BNF 45257845)
  • Claire Bouteloup, Amoco Cadiz. 1978-2008. MĂ©moires vives. Cedre Ă©diteur, 2008 (ISBN 978-2-87893-088-7).
  • Jean Bulot (PrĂ©face Alphonse Arzel), Le drame de l'Amoco Cadiz, 1990,163 p. (ISBN 2950257011).
  • Henri GuĂ©guen, La marĂ©e noire gĂ©ante de l'Amoco Cadiz... et après ?, Éditions CMD, 1999, coll. Questions de MĂ©moire : Bretagne N°16, 72 p. (ISBN 2-84477-014-2).
  • Catastrophe de l'Amoco Cadiz - - 2018... TrĂ©beurden se souvient. livre collectif 66 p. RĂ©alisation ville de TrĂ©beurden / Ouest-France (ISBN 978-2-9565135-0-6).

Articles connexes

Liens externes

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