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René Nicoly

René Nicoly, né le à Avon (Seine-et-Marne) mort le à Paris 9e, est le président-fondateur des Jeunesses musicales de France. Il fut également directeur de la Réunion des théâtres lyriques nationaux de 1969 à 1971.

Biographie

1939-1940

Fils de Victor Nicoly (1880-1953) intendant du grand domaine de Bel-Ébat en Seine-et-Marne, René Nicoly est chef du service d'orchestre des Éditions Musicales Durand. Il est affecté au début de la guerre à la préparation militaire supérieure des élèves des grandes écoles à Rochefort-en-Yvelines. Pour ces mille jeunes, consignés un dimanche, il fait venir des artistes de Paris, établit un programme qu'il commente lui-même : du Mozart, du Schubert et du Haydn ; succès complet et d'autres séances reçoivent le même accueil. Affecté ensuite au 21e dépôt de cavalerie, toujours pendant la drôle de guerre, René Nicoly tente la même expérience sur des dragons d'origine modeste (avec de nombreux illettrés) même succès, même accueil enthousiaste. C'est de cette double expérience caractéristique que naît l'idée force des Jeunesses musicales de France : « éveiller la sensibilité musicale des jeunes de toutes conditions pour un mieux-être et un mieux penser », c'est-à-dire une culture qui enrichit l'homme.

1940-1941

Après l'armistice, René Nicoly, démobilisé, reprend son poste à Paris aux Éditions Durand. Le travail est peu absorbant et le jeune homme veut poursuivre ses expériences du temps de guerre. Débuts au collège Stanislas où il organise une séance d'initiation musicale par semaine. Puis l'action s'étend aux grands lycées de Paris : Bossuet, Louis-le-Grand, Maintenon, Jules-Ferry, Victor-Duruy, etc. Peu à peu, tous les grands artistes français participent à cette passionnante entreprise : Ginette Neveu, Pierre Bernac, Hélène Bouvier, Lucien Lavaillotte, Jean Hubeau, le Trio Pasquier, Charles et Magdeleine Panzera, la chorale Passani, Roger Bourdin, Louis Beydts, Jacques Février, Aline van Barentzen, Maria Branèze, Henri Merckel, Raymond Trouard, A. de Gontaut-Biron, Alexandre Cellier, Charlie Lilamand, Hélène Baker d'Isy, l'Orchestre de la Société des Concerts, l'Orchestre James Lang Hewitt, la Société des instruments à vent, la Société des Instruments anciens, etc. Dès l'origine, la formule J.M.F. est trouvée : « Les deux principes fondamentaux sont, d'une part, la plus intransigeante qualité des programmes et de leur exécution ; d'autre part, l'établissement d'un lien étroit entre le phénomène musical et la culture générale ». (L'information musicale, ). Dès ces premières séances dans les lycées, René Nicoly fait appel à d'éminents conférenciers : Roger Ducasse, Béatrix Dussane, Gustave Samazeuilh, José Bruyr, Adolphe Boschot, Pierre Capdevielle, Michel Florisoone. À l'automne 1941, il rencontre Marcel Cuvelier, directeur de la Société Philharmonique de Bruxelles qui, de son côté, a créé en 1940 en Belgique un mouvement appelé « Jeunesses Musicales ». Les deux hommes échangent leurs expériences, se mettent d'accord sur les grands principes de leur action et décident pour leurs mouvements respectifs le même titre : « Jeunesses Musicales ».

1942

L'action dans les lycĂ©es a pris une telle ampleur et un tel dynamisme qu'elle "Ă©clate" au grand jour au printemps 1942. Il faut maintenant utiliser les immenses salles de concert pour contenir les quelque 6 000 jeunes enthousiastes et crĂ©er une association indĂ©pendante. Les autoritĂ©s musicales et la presse saluent la naissance des J.M.F. Ă€ son tour, Jacques RouchĂ©, directeur de l'OpĂ©ra de Paris, jette dans la balance le prestige de sa grande maison. Après avoir facilitĂ© l'accès des J.M.F. aux sĂ©ances publiques, il dĂ©cide de leur offrir des salles entières : une sĂ©ance de ballets le , le Roi d'Ys le , Fidelio le . Le , le premier grand cycle Ă©ducatif des J.M.F. commence Ă  la salle Pleyel ; il est consacrĂ© aux « grands thèmes d'inspiration » : "la Nature", "l'Enfance", "le Sentiment religieux", "l'Amour", commentĂ©s par Émile Vuillermoz. Les J.M.F. comptent alors Ă  Paris 20 000 adhĂ©rents. Chaque concert est rĂ©pĂ©tĂ© trois fois. Dès ce moment, fonctionne l'organisation traditionnelle des J.M.F. : 300 dĂ©lĂ©guĂ©s d'Ă©tablissement font la promotion des concerts et se chargent de collecter les places auprès des adhĂ©rents qu'ils reprĂ©sentent devant la direction. Les Jeunesses Musicales de France sont dĂ©finitivement lancĂ©es.

1943

Les J.M.F. se propagent en province : Reims en octobre, Lille et Dijon en novembre, Angers en décembre, Troyes avec des conférences d’Émile Vuillermoz, Roland Manuel et Norbert Dufourcq. Elles continuent leur expansion à Paris : concerts de l'orchestre des élèves du Conservatoire (les futurs cadets) dirigés par Claude Delvincourt avec des commentaires de Jacques Chailley, festival Ravel avec Marguerite Long, L'Art de la fugue par Charles Münch au Palais de Chaillot, séances de « l'Initiation à la Musique ». Le symbole des J.M.F. naît avec l'affiche bleue de Paul Colin ainsi que le premier Bulletin Officiel de l'Association. La chorale J.M.F. est créée sous la direction de Louis Martini.

1944

Première tournée J.M.F. en province avec l'orchestre des cadets du Conservatoire sous la direction de Claude Delvincourt : Dijon, Rouen, Nantes. Trois cent mille places de concerts ont été distribuées aux J.M.F. dans la saison 1943-1944. Après la Libération, le 6 novembre, les Jeunesses Musicales de France déposent leurs statuts (association sous la loi du 1-7-1901). Claude Delvincourt est nommé président d'honneur.

1945

CrĂ©ation des dĂ©lĂ©gations de Limoges, de Nice et de Lyon (la dĂ©lĂ©gation d'Angers compte alors 4 212 adhĂ©rents). Ă€ Paris, l'afflux des adhĂ©rents oblige Ă  doubler les sĂ©ances du cycle de musique de chambre (prĂ©sentĂ© par Bernard Gavoty) et Ă  sextupler les sĂ©ances du cycle symphonique (prĂ©sentĂ© par Norbert Dufourcq). Un concert commĂ©morant le centenaire de Gabriel FaurĂ© est donnĂ© six fois devant 12 000 J.M.F. A Bruxelles, Marcel Cuvelier et RenĂ© Nicoly crĂ©ent la FĂ©dĂ©ration Internationale des Jeunesses Musicales dont ils confient la prĂ©sidence Ă  Claude Delvincourt.

1946

L'action J.M.F. s'Ă©tend Ă  l'Afrique du Nord : le 26 avril, quatre chanteurs, une pianiste, le confĂ©rencier Norbert Dufourcq et RenĂ© Nicoly prennent un avion militaire pour Alger, Tunis et Rabat oĂą ont lieu les premiers concerts. En province, se crĂ©ent les nouvelles dĂ©lĂ©gations de Laval, Tours, Mulhouse, Poitiers et Montpellier. Jacques Feschotte et Marc Meunier-Thouret se joignent aux confĂ©renciers J.M.F. Les 16 et , 1er Congrès de la FĂ©dĂ©ration Internationale des Jeunesses Musicales Ă  Bruxelles : six J.M.F. inaugurent les Ă©changes internationaux des jeunes. Ă€ Paris, les J.M.F. obtiennent maintenant, outre des places Ă  tarif rĂ©duit dans les concerts publics, de nombreux avantages dans les théâtres. Les J.M.F. reçoivent une subvention de l’État de 3 000 000 de francs.

1947

Les J.M.F. comptent 20 dĂ©lĂ©gations en province et 5 en Afrique du Nord. 400 500 places ont Ă©tĂ© distribuĂ©es aux J.M.F. pendant la saison 1946-1947. Le 2e Congrès de la FĂ©dĂ©ration Internationale des Jeunesses Musicales se tient Ă  Paris.

1948

Cinquante-huit concerts Ă©ducatifs sont donnĂ©s Ă  Paris (30 000 places de concert de plus que l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente) et 273 dans l'ensemble du rĂ©seau J.M.F. en 1947-1948. La subvention de l’État est portĂ©e Ă  6 250 000 francs. Les J.M.F. versent 2 500 000 francs de cachets aux artistes. CrĂ©ation du Journal des Jeunesses Musicales de France qui tire Ă  150 000 exemplaires. La chorale des J.M.F. remporte le Grand Prix du Disque avec le De Profundis de Delalande.

1949

Pour la première fois, les J.M.F. lancent sur les routes une troupe de cinq danseurs, notamment en Afrique du Nord. En octobre, grâce Ă  une systĂ©matisation rigoureuse des tournĂ©es provinciales par le dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral AndrĂ© Pineau, le nombre des dĂ©lĂ©gations atteint 70 (dont 16 pour l'Afrique du Nord). Ce chiffre a presque doublĂ© en deux ans (38 dĂ©lĂ©gations en 1947-1948). Le nombre de concerts passe de 273 Ă  476. Ă€ Paris, en 1949-1950, 64 sĂ©ances sont strictement rĂ©servĂ©es aux J.M.F. La subvention de l’État est portĂ©e Ă  9 375 000 francs.

1950

Le , première audition du Concerto pour violon de Claude Arrieu et le , première audition du Concerto de Mai pour piano de Marcel Delannoy, œuvres commandées par les J.M.F. Les J.M.F. font appel déjà à de nombreux artistes étrangers, inaugurent le système des échanges internationaux de jeunes artistes : elles engagent pour 50 concerts la troupe de jeunes chanteurs de l’École de La Scala de Milan et envoient en Italie l’Ensemble d’Instruments à vent du Conservatoire. À Paris, un cycle spécial est consacré à 50 ans de musique moderne de Debussy à Hindemith. La Chorale J.M.F. ressuscite les œuvres de Marc-Antoine Charpentier. Les J.M.F. bénéficient d'une aide généreuse de la société Pathé-Marconi et de son président, Pierre Bourgeois, aide qui ne se démentira pas.

1951

L’ambassade des États-Unis convie René Nicoly à un voyage d’études et de propagande Jeunesses Musicales en Amérique pendant près de trois mois. En septembre, le Journal des J.M.F. prend le titre de Journal Musical Français. René Nicoly est fait chevalier de la Légion d’honneur. En province, après les tournées de danse, débutent timidement des tournées d’orchestre de chambre (Ensemble Taffanel). Échanges internationaux avec le Canada (Noël Brunet), les États-Unis (Sidney Hart et Theodore Lettvin). Grâce à ces échanges, le pianiste français Pierre Sancan accomplit une tournée de 46 concerts aux États-Unis et au Canada.

1952

Le , première sĂ©ance des Analyses-Interviews de musique contemporaine oĂą les compositeurs les plus cĂ©lèbres de ce temps viennent eux-mĂŞmes prĂ©senter et analyser une de leurs Ĺ“uvres, avec le concours de Bernard Gavoty ; AndrĂ© Jolivet et son Concerto pour piano remportent un triomphe. En huit ans, 16 compositeurs français et 8 compositeurs Ă©trangers dialogueront ainsi avec 1 200 J.M.F. salle Gaveau : pour la France, Louis Aubert, Tony Aubin, Henry Barraud, Daniel Lesur, Maurice DuruflĂ©, Henri Dutilleux, Arthur Honegger, Jacques Ibert, AndrĂ© Jolivet, Raymond Loucheur, Darius Milhaud, Serge Nigg, Francis Poulenc ; pour l’étranger, Benjamin Britten, Luigi Dallapiccola, Gian Francesco Malipiero, Frank Martin, Gian-Carlo Menotti, Goffredo Petrassi, Alphonse Stallaert, Heitor Villa-Lobos. Ă€ la fin de la saison 1951-1952, les J.M.F. comptent 127 dĂ©lĂ©gations rĂ©gionales oĂą ont Ă©tĂ© donnĂ©s 841 concerts commentĂ©s (auxquels s’ajoutent les concerts donnĂ©s localement).

1953

Au titre des échanges internationaux, les J.M.F. reçoivent la pianiste américaine Lilian Kallir pour 20 concerts tandis que le jeune pianiste français Philippe Entremont donne 20 concerts aux États-Unis, avec en particulier la première audition du Concerto pour piano d'André Jolivet à Carnegie Hall ; trois jeunes artistes français sont envoyés en Italie, en échange d’un pianiste italien, Mario delli Ponti (10 concerts J.M.F.).

1954

Dans le cadre des Ă©changes internationaux, le pianiste James Wolfe (États-Unis) vient en France, la violoniste Blanche Tarjus va au Canada et aux États-Unis ; elle donne en première audition le Concerto pour violon de Jean Hubeau Ă  Carnegie Hall ; le pianiste Bernard Ringeissen fait une tournĂ©e au Danemark, tandis que le Quatuor Danois donne 17 concerts aux J.M.F. La pianiste brĂ©silienne Lucy Salles fait une tournĂ©e aux J.M.F., pour la tournĂ©e transcontinentale F.I.J.M. Ă€ la fin de la saison 1953-1954, les J.M.F.comptent 171 dĂ©lĂ©gations rĂ©gionales, soit 44 de plus que deux ans auparavant ; 1 026 concerts ont Ă©tĂ© donnĂ©s. RenĂ© Nicoly fonde le Club National du Disque, destinĂ© Ă  prolonger sur le plan disque, l’action Ă©ducatrice des J.M.F. En novembre, les J.M.F. envoient sur les routes de France quatre troupes de danseurs et deux orchestres de chambre. L’effectif total des artistes employĂ©s en province est d’environ 140 (non compris les artistes locaux et ceux utilisĂ©s par les J.M.F. de Paris).

1955

Cette année marque le début de la collaboration des J.M.F. avec les Centres Dramatiques de province. Le , Arthur Honegger vient présenter aux J.M.F. de Paris sa Danse des Morts ; c’est sa dernière apparition en public. Dans le cadre des échanges internationaux, les J.M.F. reçoivent la cantatrice Maureen Forrester et le pianiste John Newmark, alors que le quatuor de saxophones Mule est accueilli par les J.M. du Canada. En octobre, départ du premier spectacle complet d’Opéra J.M.F., l’Opéra de Poche, composé du Téléphone de Gian Carlo Menotti et du Ventriloque de Marcel Landowski, comédie lyrique et chorégraphie, écrite spécialement pour les J.M.F. : l’Opéra de Poche sera donné dans 152 villes de France et d’Afrique du Nord, ainsi que dans 60 délégations des J.M. du Canada.

1956

Le pianiste français Bernard Ringeissen donne 50 concerts aux J.M. du Canada et 20 aux J.M. d’Amérique du Sud dans le cadre de la tournée transcontinentale de la F.I.J.M. En échange, les J.M.F. reçoivent le pianiste brésilien Jacques Klein. Les J.M.F. envoient au 3e Congrès de la Fédération Internationale des Jeunesses Musicales à Madrid, 77 délégués régionaux et 96 jeunes. D’une statistique écrite sur les œuvres contemporaines (écrites après 1918) il ressort que pendant la saison 1955-1956, en province, 904 exécutions ont été données de 43 œuvres écrites par 24 compositeurs français et étrangers. En octobre, les J.M.F. inaugurent à Paris un cycle de rencontres avec les grands chorégraphes et étoiles de la danse. Elles reçoivent au Canada la cantatrice Maureen Forrester et les pianistes Victor Bouchard et Renée Morisset, et envoient en outre-Atlantique la harpiste Marie-Claire Jamet et le flûtiste Christian Lardé (pour 6 mois au Canada). À la suite d’une rencontre entre Carlo Lejeune, secrétaire général des J.M. du Congo belge et du Ruanda-Urundi, et de René Nicoly, un réseau J.M.F. est créé en Afrique noire. Les 8 artistes français et les 3 équipes belges qui se produisent au cours de ces 6 tournées effectuent également un circuit de 15 concerts au Congo belge où l’organisation française a été étudiée et appliquée. Le Circuit Afrique noire (A.O.F., A.E.F., Cameroun) comprend 9 villes (Brazzaville, Pointe-Noire, Douala, Yaoundé, Abidjan, Dakar, Bangui, Édéa et Libreville). Dans le cadre des échanges internationaux, les J.M.F. envoient Gérard Jarry aux États-Unis et au Canada et reçoivent la violoniste Joyce Flissler pour 17 concerts.

1957

Ă€ la fin de la saison 1956-1957, les J.M.F. existent dans 190 villes (soit 20 de plus qu’en 1954) oĂą sont donnĂ©s 200 concerts (soit 174 de plus) ; la subvention de l’État est de 12 000 000 de francs ; le budget de 458 094 473 francs. Les J.M.F. reçoivent pour trois mois une jeune canadienne, Gloria White, gagnante du Concours Nicoly. En octobre, aux cycles musicaux habituels des J.M.F. parisiens, s'adjoignent deux nouveaux cycles dont l’un intitulĂ© Rencontre avec les grands auteurs dramatiques (Georges Neveux, FĂ©licien Marceau, AndrĂ© Roussin, Marcel Achard). En province, un effort considĂ©rable a Ă©tĂ© accompli pour que chaque circuit puisse recevoir entre autres des programmes d’orchestre de chambre, de danse et de théâtre.

1958

Christian Dior fait dessiner par Yves Saint Laurent la cravate et le foulard des J.M.F. Ă€ Paris, un cycle spĂ©cial est organisĂ© pour les J.M.F. « Juniors » (de 10 Ă  15 ans) le jeudi après-midi, pour permettre aux enfants de la banlieue parisienne d’en profiter (ce cycle sera par la suite plusieurs fois tĂ©lĂ©visĂ©). Ă€ la fin de la saison 1957-1958, les J.M.F. ont donnĂ© 1 300 concerts dans 190 villes de France, d’Afrique du Nord et d’Afrique noire, reprĂ©sentant un rĂ©seau de 350 000 km. Cependant, l’absence d’appuis financiers oblige Ă  suspendre le circuit Afrique noire pour la saison Ă  venir. Les J.M. du Canada accueillent pendant quatre mois une J.M.F., Marie-ThĂ©rèse Lançon, la meilleure "propagandiste" de l’annĂ©e passĂ©e, qui fait de Valence Ă  Vancouver et retour 32 000 km. Deux cents J.M.F. participent au Congrès de Bruxelles. En octobre, les J.M.F. lancent un nouveau spectacle d’OpĂ©ra de Poche, comprenant deux Ĺ“uvres commandĂ©es par elles, LĂ©onidas ou la CruautĂ© Mentale de Pierre Wissmer et l’Ours d’Ivan Semenoff qui seront donnĂ©es dans 160 villes ; un autre spectacle théâtral comprend une comĂ©die-ballet de Molière et Lulli, et une pièce d'Anouilh. La tournĂ©e d’un orchestre de chambre s’effectue, initiative sans prĂ©cĂ©dent, avec un orgue portatif. Ă€ Paris, un nouveau cycle est consacrĂ© Ă  l’Art du chant avec le concours des artistes de l’OpĂ©ra. Les ComitĂ©s des Jeunes se constituent dans la plupart des villes J.M.F. ; ils ont pour but d’aider le dĂ©lĂ©guĂ© rĂ©gional et d’accroĂ®tre le rayonnement des J.M.F. par des activitĂ©s annexes. Cinquante prĂ©sidents de ces comitĂ©s se rĂ©unissent Ă  Paris en dĂ©cembre pour mettre leurs idĂ©es en commun. Le prĂ©sident des J.M. de Serbie, Slobodan Petrovic, vient faire un stage de quinze jours en France pour Ă©tudier l’organisation et les mĂ©thodes des J.M.F.

1959

Les J.M.F. de Yougoslavie accueillent le pianiste français Claude Helffer, tandis que les J.M. de France reçoivent le pianiste Dusan Trbojevic. Le 4e Congrès de la FĂ©dĂ©ration Internationale des Jeunesses Musicales a lieu Ă  Paris du 30 mars au 4 avril. Il rĂ©unit 1 000 participants. Des Ă©missions rĂ©gulières de tĂ©lĂ©vision retransmettent certaines sĂ©ances J.M.F., en particulier celles du cycle « Juniors » et des « Grands Interprètes » (Samson François, Francis Poulenc). Les J.M.F. se trouvent alors dans une situation financière angoissante due Ă  une augmentation gĂ©nĂ©ralisĂ©e du coĂ»t de la vie depuis plusieurs annĂ©es et Ă  la suppression des subventions privĂ©es. D’autre part, la subvention de l’État est restĂ©e Ă  peu près la mĂŞme depuis dix ans et on ne peut rĂ©tablir l’équilibre. C’est alors que pour sauver les J.M.F., un vĂ©ritable plĂ©biscite national est organisĂ©, une campagne de presse est lancĂ©e par Le Figaro avec des personnalitĂ©s telles que le MarĂ©chal Juin, Paul LĂ©on de l’Institut, Francis Poulenc, Samson François, Albert Schweitzer, Darius Milhaud, Henri Dutilleux, AndrĂ© Jolivet, Daniel Lesur, Bernard Gavoty, etc. Cette campagne de presse vient prĂ©parer et appuyer une initiative extraordinaire prise par le directeur d’Europe no 1, Louis Merlin. Le , l’émission Vous ĂŞtes formidables, animĂ©e par Pierre Bellemare, rĂ©ussit Ă  remplir la salle Pleyel Ă  Paris en vingt minutes, pour un gala donnĂ© gracieusement par une plĂ©iade d’artistes au profit des J.M.F. et, dans toute la France, les J.M.F. recueillent une multitude de dons. En une soirĂ©e, 15 millions ont Ă©tĂ© recueillis : les Jeunesses Musicales sont sauvĂ©es. Ă€ la suite du succès complet de la « campagne du » et grâce aux efforts des parlementaires, et en particulier de ValĂ©ry Giscard d’Estaing, secrĂ©taire d'État aux Finances, la subvention des J.M.F. est portĂ©e de 12 Ă  24 millions. Les 11, 12 et , se dĂ©roule Ă  Strasbourg et Ă  Colmar une rencontre entre les Jeunesses Musicales d’Allemagne et de France qui permet aux dirigeants des deux pays de confronter leurs objectifs et leurs mĂ©thodes de travail. Le se tient Ă  Nantes une rĂ©union des ComitĂ©s des Jeunesses de l’Ouest qui affirme leur vitalitĂ© un an après leur crĂ©ation. En octobre, trois nouveaux cycles sont inaugurĂ©s Ă  Paris : le premier consacrĂ© aux « Chefs et Chefs-d’œuvre contemporains » ; le deuxième aux « Grands Metteurs en Scène » ; le troisième consacrĂ© aux « Musiciens et Metteurs en Scène de CinĂ©ma » . D’autre part, parallèlement au cycle du T.N.P., les J.M.F. bĂ©nĂ©ficient des avant-première de la Compagnie Madeleine Renaud-Jean-Louis Barrault, au Théâtre de France. Arthur Rubinstein donne un rĂ©cital au profit des Jeunesses Musicales. Les J.M.F. disposent Ă  partir du mois d’octobre d’une Ă©mission hebdomadaire sur Europe no 1.

1960

Deux dirigeants des J.M. de Yougoslavie, Dusan Kostic et Tatjana Jeren, passent quinze jours en France pour étudier l’organisation et l’action des J.M.F. Deux jeunes musiciens japonais, M. Miyoshi et M. Uyeno font également un stage de huit jours afin de préparer la création des Jeunesses Musicales au Japon. Du 15 au 18 avril se tient à Aix-les-Bains le Congrès National des Jeunesses Musicales de France avec la participation de nombreux étrangers. Le 13 mai, René Nicoly est promu officier dans l’ordre national de la Légion d’honneur par André Malraux, ministre des Affaires culturelles.

De 1961 Ă  1971

Les J.M.F. maintiennent et diversifient leurs nombreuses activitĂ©s. Au cours de l’étĂ© 1969, RenĂ© Nicoly fonde Ă  Nice, un cours d’étĂ© de formation d’animateurs socioculturels. 80 jeunes rĂ©pondent Ă  l’appel. Ils suivent, en deux groupes, les cours rĂ©partis sur trois semaines d’éminentes personnalitĂ©s du monde de la musique et des arts. Par ailleurs, une initiative unique, timidement expĂ©rimentĂ©e Ă  Nice en 1969-1970, sera bien vite appliquĂ©e Ă  107 villes de France au cours de la saison 1970-1971 : il s’agit de concerts scolaires, organisĂ©s Ă  l’attention des Ă©lèves des Ă©coles primaires, dans le cadre du tiers-temps pĂ©dagogique. Le succès est total. 478 concerts « nouvelle formule » (en plus des 800 concerts habituels) sont ainsi organisĂ©s ; 216 000 enfants sont ainsi touchĂ©s. Cette nouvelle jeunesse des J.M.F. a pour effet immĂ©diat d’augmenter de 10 % le nombre des adhĂ©rents de Paris-rĂ©gion parisienne, lesquels par exemple, assistent trois fois plus nombreux aux concerts du cycle « Orchestre de Paris ». Un effort tout particulier est fait dans les programmes, en faveur de la musique d’aujourd’hui. Et depuis 1970, un groupe d’une soixantaine de J.M.F. assiste rĂ©gulièrement, avec intĂ©rĂŞt, au Festival de Musique Contemporaine de Royan. En province, jamais l’assistance aux concerts n’a Ă©tĂ© aussi assidue. L’œuvre de RenĂ© Nicoly peut ĂŞtre poursuivie.

René Nicoly est à partir de 1969 administrateur de la Réunion des théâtres lyriques nationaux (RTLN) comprenant le Théâtre national de l'Opéra et le Théâtre national de l'Opéra-Comique. Il meurt soudainement d'un infarctus à son bureau de l'Opéra Garnier, le dans sa soixante-quatrième année. Pierre Bourgeois, Louis Leprince-Ringuet, Jacques Duhamel, ministre des Affaires culturelles et le président de la République Georges Pompidou sont parmi les nombreuses personnalités à lui rendre hommage. René Nicoly est inhumé le 29 mai au cimetière d’Avon (Seine-et-Marne).

Autres mandats

  • Vice-prĂ©sident du ComitĂ© national de la musique Ă  l'UNESCO.
  • Fondateur puis prĂ©sident d'honneur de la FĂ©dĂ©ration internationale des jeunesses musicales.
  • PrĂ©sident de la SociĂ©tĂ© française de diffusion musicale et artistique.
  • PrĂ©sident d'honneur de l'Association artistique des Concerts Colonne.
  • Éditeur du Journal musical français.

DĂ©corations

France
Belgique
Tunisie

Bibliographie

  • Bulletins des Jeunesses Musicales de France, 1943-1971.
  • Dominique Leroy, Économie des arts du spectacle vivant, Ă©ditions L'Harmattan, 1992.
  • Gilles Lefebvre, Michel Rudel-Tessier, La musique d'une vie, Ă©ditions Fides, 1993.
  • Myriam Chimènes, Josette Alviset, La Vie musicale sous Vichy, Ă©ditions Complexe, 2001.
  • Jacques Lonchampt, Voyage Ă  travers l'OpĂ©ra: de Cavalieri Ă  Wagner, Ă©ditions L'Harmattan, 2002.
  • Sylvie Saint-Cyr, Vers une dĂ©mocratisation de L'opĂ©ra, Ă©ditions L'Harmattan, 2005.
  • Pauline Adenot, Les musiciens d'orchestre symphonique: De la vocation au dĂ©senchantement, Ă©ditions L'Harmattan, 2008.
  • GĂ©rard Regnier, Jazz et sociĂ©tĂ© sous l'Occupation, Ă©ditions L'Harmattan, 2009.
  • Erik Baeck, AndrĂ© Cluytens: itinĂ©raire d'un chef d'orchestre, Ă©ditions Mardaga, 2009.

Liens externes

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