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Benjamin Britten

Edward Benjamin Britten, né le à Lowestoft dans le Suffolk, et mort le à Aldeburgh, est un compositeur, chef d'orchestre, altiste et pianiste britannique[1].

Benjamin Britten
Description de cette image, également commentée ci-après
Benjamin Britten en 1968.
Nom de naissance Edward Benjamin Britten
Naissance
Lowestoft, Suffolk,
Drapeau du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande Royaume-Uni
DĂ©cès (Ă  63 ans)
Aldeburgh, Suffolk,
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Activité principale Compositeur, chef d'orchestre, pianiste
Style Musique moderne
Distinctions honorifiques Ordre du MĂ©rite, Ordre des compagnons d'honneur, Prix Ernst-von-Siemens
Site internet Britten-Pears Foundation

Ĺ’uvres principales

Il est souvent considéré comme le plus grand compositeur britannique depuis Henry Purcell[2] (en excluant Georg Friedrich Haendel, né allemand puis naturalisé britannique à quarante ans passés).

Biographie

Enfance

Benjamin Britten est né le [n 1]. Ses parents habitaient Lowestoft, un port de pêche d'Est-Anglie et leur maison faisait face à la mer du Nord. Mis à part un bref séjour aux États-Unis et ses différents voyages, il habitera toujours cette région anglaise qui inspirera nombre de ses œuvres.

Son père, chirurgien-dentiste, interdit chez lui la radio et le gramophone de façon à inciter les membres de sa famille à pratiquer la musique. Sa mère, chanteuse et pianiste amateur, lui apprend à en jouer. À cinq ans, il compose sa première pièce musicale. Sa maîtresse d'école lui enseigne également le piano lorsqu'il a huit ans. Les musiciens qui se produisaient dans la région venaient souvent habiter chez les Britten.

Dès 11 ans, il étudie l'alto avec Audrey Alston, future dédicataire de la Simple Symphony. À l'âge de 13 ans, Benjamin Britten est envoyé en pension à la Gresham's School de Norfolk. En 1927, il devient l’élève de Frank Bridge pour la composition, dont il avait entendu The Sea en 1924 lors du Festival de musique de Norwich, grâce à Audrey Alston. Il passe toutes ses vacances scolaires chez les Bridge.

À 15 ans, il compose Quatre chansons françaises pour soprano et orchestre sur des poèmes de Victor Hugo et de Paul Verlaine, dédiées à ses parents pour leur 27e anniversaire de mariage[3], premier cycle de mélodies dans une langue étrangère.

En 1929, à 16 ans, il étudie, en obtenant une bourse, au Royal College of Music de Londres. Son op. 1, la Sinfonietta pour dix instruments, est créée à Londres et semble, malgré son évidente originalité, influencée par Arnold Schönberg — dont il a réclamé en vain l'achat de la partition du Pierrot lunaire par son Collège. Ayant obtenu sa licence en 1932, il veut se rendre à Vienne pour étudier avec Alban Berg, mais la direction du Collège le déconseille à ses parents, en raison de l'influence prétendument néfaste de ce compositeur moderne.

Son premier ouvrage publié — la Simple Symphony — est un succès, et Phantasy, op. 2, un quatuor pour hautbois et cordes, est créé par Léon Goossens et représente en 1934 l'Angleterre au Festival de Florence organisé par la Société internationale pour la musique contemporaine[n 2].

Premiers succès et exil aux États-Unis

De 1935 à 1939, il est engagé comme compositeur et directeur musical par la Documentary Cinema Company qui dépend de la Poste britannique. En 1936, il y fait la connaissance du poète W. H. Auden qui écrit le scénario de Night Mail (1936), puis collabore avec lui notamment sur le cycle musical Our Hunting Fathers. Pendant un voyage d'Auden aux États-Unis, en 1936, il rencontre le ténor Peter Pears, le futur compagnon de sa vie et partenaire musical, qui aura une grande influence dans sa vie musicale et à qui il dédiera plusieurs œuvres tout au long de sa vie.

La création de ses Variations sur un thème de Frank Bridge, op. 10 en 1937 au Festival de Salzbourg marque son premier succès international et son entrée dans le monde musical. En 1938, il compose la musique de scène de L'Aigle à deux têtes de Jean Cocteau et un concerto pour piano.

Vitrail à la mémoire de Benjamin Britten conçu par John Piper (en) pour l'église de St Peter and St Paul, Aldeburgh.

En avril 1939, peu avant la Seconde Guerre mondiale, accompagné de Peter Pears, il s'exile aux États-Unis jusqu'en 1942. Il y compose Paul Bunyan, une opérette écrite pour les étudiants de l'université Columbia sur un scénario de W. H. Auden, mais également Les Illuminations. À New York, il se lie d'amitié avec des écrivains et des artistes tels que Carson McCullers, Paul Bowles, Jane Bowles, Kurt Weill, Golo Mann ou Salvador Dali[4]. Il y termine le concerto pour violon (1939) et compose la Sinfonia da Requiem, le concerto Diversions, les Sept sonnets de Michel-Ange ainsi que son premier quatuor (ce dernier commandé par Elizabeth Sprague Coolidge).

Serge Koussevitzky l'encourage à écrire son premier opéra qui sera Peter Grimes et qui deviendra l'opéra le plus populaire du milieu du XXe siècle (terminé seulement en février 1945 et créé en juin de la même année par le Sadler's Wells Opera).

Retour au Royaume-Uni et consécration

Après 1942, il retourne au Royaume-Uni où il bénéficie du statut d’objecteur de conscience[5]. Au cours de la traversée en bateau, il compose A Ceremony of Carols. Roger Lalande entreprend de faire découvrir Britten en France. Le Viol de Lucrèce un opéra de chambre où débute Kathleen Ferrier est créé lors du Festival de Glyndebourne en 1946.

Il crée l'English Opera Group en 1947 avec l'objectif de la renaissance de l'opéra anglais. En 1948, il crée à Aldeburgh (Suffolk), où il réside[6], un festival auquel il associe pendant les années 1960 l'English Chamber Orchestra, notamment lors de la création de plusieurs œuvres, telles Le Songe d'une nuit d'été, Owen Wingrave ou Curlew River (« La Rivière aux Courlis »). Britten y invite ses amis, Mstislav Rostropovitch, à qui Britten dédiera une sonate pour violoncelle seul en 1965[7], et Sviatoslav Richter notamment. Il devient également ami de Dmitri Chostakovitch qui lui dédiera sa 14e Symphonie. De nombreux enregistrements de concerts ont été édités par la BBC, avec Britten à la direction ou en soliste (au piano plus souvent).

En 1953, la Biennale de Venise lui commande un nouvel opéra. Prenant appui sur une nouvelle de Henry James, Le Tour d'écrou, Britten confie à la librettiste Myfanwy Piper un livret tiré de ce texte. La création du Turn of the screw par l’English Opera Group, avec un orchestre réduit à treize musiciens, a lieu le 14 septembre 1954, ne connaît pas d'emblée un grand succès et mettra plusieurs années à s'imposer[8].

De 1958 à sa mort (1976), il est membre correspondant de l'Académie des arts de la RDA, section musique[9].

Le 30 mai 1962, à l'occasion de l’inauguration de la nouvelle cathédrale de Coventry, construite à côté des ruines de l'ancienne cathédrale, dévastée par les bombardements de 1940, il compose son War Requiem, dans lequel il exprime « sa terrible angoisse face à cette sorte de génie qu’ont les hommes à s’étriper régulièrement, depuis toujours et sans doute pour toujours »[5]. Comme un complément à cette œuvre, il compose l'année suivante une cantate qu'il intitule Cantata misericordium[10] (« Cantate des miséricordieux »), une œuvre brève qui s'inspire de la parabole du Bon Samaritain, dans l’Évangile selon Luc (Lc 10,25-37).

Il est anobli par la reine en 1973 (baron) et devient Lord of Aldeburgh. Il a été décoré de l'Ordre du Mérite et de l'Ordre des compagnons d'honneur. En 1974, il reçoit le Prix Ernst-von-Siemens.

À l'automne 1975, un an avant sa mort, Benjamin Britten revient une dernière fois au quatuor à cordes, quelque trente années après avoir écrit son précédent opus pour cette formation. Ce troisième et dernier quatuor, dédié à Hans Keller, musicologue anglais d’origine autrichienne. La création publique de cette œuvre par le Quatuor Amadeus a lieu à Snape le 19 décembre 1976, tout juste quinze jours après sa mort[11].

Importance critique

Pour Dmitri Chostakovitch, le War Requiem est l'œuvre musicale la plus importante du XXe siècle[4].

André Tubeuf écrit, dans la préface à la biographie de Xavier de Gaulle, intitulée Benjamin Britten ou l'Impossible Quiétude (Actes Sud, 1996)[12] :

« Britten […] quand il est mort, n’était toujours qu’un outsider, le marginal que d’emblée il était, et qu’il a mis son courage, sa fierté à demeurer, malgré la reconnaissance publique qui lui venait. […] Un musicien qui s’exprime par la musique de chambre, par l’intimité chorale et par des opéras où la voix n’a pas à briller, mais à toucher, et où les personnages seuls comptent, pas l’affiche, comment deviendrait-il mondial ? Et simplement public ? C’était déjà beaucoup qu’au moment de sa mort Britten fût sorti du cercle de suspicion où l’avaient enfermé d’abord toutes ses indomptables indépendances : de goût, d’humeur et, par-dessus tout, de convictions. Au moins le message de Peter Grimes, de The Turn of the Screw, du War Requiem avait été perçu, fût-ce par un public lui-même avant-coureur. »

Vie privée

Pacifiste, Benjamin Britten est objecteur de conscience pendant la guerre. C'est notamment grâce aux encouragements du poète W. H. Auden[13] qu'il vit ouvertement son homosexualité ; il entretient jusqu'à la fin de sa vie une relation de couple avec le ténor Peter Pears[14], rencontré en 1937. Tous deux emménagent à Aldeburgh, un village portuaire du Suffolk dont Britten sera fait lord, en 1973, par la reine Élisabeth II[15]. Certaines de ses œuvres, notamment les pièces lyriques, laissent transparaître cette orientation avec « un minimum de déguisement »[16] (à l'époque, l'homosexualité ne s'affichait pas). C'est le cas des opéras Peter Grimes, The Turn of the Screw[17] (Le Tour d'écrou), Billy Budd[18] ou encore de l'opéra testamentaire Death in Venice (Mort à Venise), d'après la nouvelle homonyme de Thomas Mann[19].

Postérité

Peter Pears, décédé en 1986, est enterré aux côtés de Britten dans le cimetière d'Aldeburgh. Les deux hommes sont liés dans la postérité au travers de la Britten-Pears School for Advanced Musical Studies (en), du Britten-Pears Orchestra (en) et de la Britten-Pears Fondation[20]. Un astéroïde de la Ceinture d'astéroïdes - le (4079) Britten - a été nommé en hommage au compositeur en 1983[21].

Ĺ’uvres

La Coquille Saint-Jacques de Maggi Hambling sur la plage d'Aldeburgh, reprenant les paroles de Peter Grimes : « I hear those voices that will not be drowned. »[n 3].

L'œuvre de Britten est considérable avec une inspiration toute personnelle, à distance des compositeurs de musique atonale qui révolutionnèrent l’époque, préférant rendre hommage aux musiques du Moyen Âge et au bel canto, tout en introduisant de la modernité (gamelan indonésien par exemple). Ses compositions principales concernent essentiellement la musique vocale (notamment pour chorales d'enfants), et surtout l’opéra, dont il écrivit quelques pièces majeures de la seconde partie du XXe siècle, ce qui ne l'empêche pas d'avoir réalisé des œuvres instrumentales ou de la musique de chambre. Son œuvre a été principalement éditée chez Faber Music.

Parmi ses Ĺ“uvres les plus connues, on peut citer :

Opéras
Ĺ’uvres vocales
Ĺ’uvres chorales
  • Friday Afternoons (en), op. 7 pour voix d'enfants et piano (1935)
  • Hymn to St Cecilia (en), op. 27, pour chĹ“ur a cappella (1942)
  • A Ceremony of Carols, op. 28, pour chĹ“ur d'enfants et harpe (1942)
  • War Requiem, op. 66, pour solistes, chĹ“ur et orchestre (1961) - une Ĺ“uvre très diffusĂ©e, considĂ©rĂ©e comme son Ĺ“uvre majeure
  • Cantata misericordium (en) op. 69, (1963) pour le centenaire de la Croix-Rouge (effectif : tĂ©nor et baryton soli, chĹ“ur SATB, quatuor Ă  cordes, orchestre Ă  cordes, piano, harpe et timbales). Texte latin d'après la parabole Ă©vangĂ©lique du Bon Samaritain.
Ĺ’uvres orchestrales
Ĺ’uvres instrumentales
Musique de chambre

Discographie

Benjamin Britten a enregistré plusieurs disques de ses œuvres ainsi que d'autres de compositeurs classiques (exemple : Billy Budd, A Ceremony of Carols, etc.).

Britten par Britten

ainsi que tous ses opéras.

Autres compositeurs

En 1967, Benjamin Britten et Sviatoslav Richter enregistrent un disque microsillon Ă  deux pianos comprenant :

En 1968, Benjamin Britten et Mstislav Rostropovitch enregistrent un disque violoncelle-piano, considéré aujourd'hui comme majeur[24] dans lequel ils interprètent :

Hommages

Notes et références

Notes

  1. Jour de la Sainte-CĂ©cile, patronne des musiciens.
  2. C'est pendant ce festival que son père meurt de maladie (il l'apprend par télégramme lors de son voyage retour), ce qui change sa situation financière de façon dramatique.
  3. « J'entends ces voix qui ne seront jamais noyées. »

Références

  1. « Benjamin Britten, compositeur, chef d'orchestre, pianiste et altiste - 21 novembre 2013 », sur franceinter.fr, (consulté le ).
  2. Charles Pitt, Benjamin Britten, catalogue de l'exposition au théâtre national de l'Opéra de Paris, 1er trimestre 1981.
  3. (en) « Song Catalogue », sur brittensongs.org (consulté le ).
  4. « Le monde cruel et lyrique de Britten », par Éric Dahan, liberation.fr, 14 juin 2013.
  5. Cédric Manuel, « 30 mai 1962 : après la dévastation, l’appel à la lumière de Benjamin Britten », sur Profession Spectacle,
  6. Éric Dahan, « Le Monde cruel et lyrique de Britten », Libération, no 9936,‎ , p. 19 pages (ISSN 0335-1793, lire en ligne)
  7. Cédric Manuel, « 27 juin 1965 : de Benjamin Britten, pour son ami Rostropovitch », sur Profession Spectacle,
  8. Cédric Manuel, « 14 septembre 1954 : l’ambiguïté limpide selon Britten », sur Profession Spectacle,
  9. (de) « Benjamin Britten », sur adk.de (consulté le ).
  10. Cédric Manuel, « 1er septembre 1963 : Benjamin Britten donne à la Croix-Rouge », sur Profession Spectacle,
  11. Cédric Manuel, « 19 décembre 1976 : presque mort à Venise », sur Profession Spectacle,
  12. De Gaulle 1996, p. 15.
  13. Matthews 2013, p. 34.
  14. Timothée Picard, « Britten Benjamin (1913-1976) - (repères chronologiques) », dans Encyclopaedia Universalis, (lire en ligne)
  15. Gilles Macassar, « Benjamin Britten, auteur de trouble », Télérama,‎ (lire en ligne)
  16. Dominique Fernandez, Le rapt de Ganymède, Grasset, , p. 109
  17. Rupprecht 2013, p. xxii.
  18. Michel Schneider, Prima donna : Opéra et inconscient, Odile Jacob, , p. 247.
  19. Pierre-Jean Remy, Dictionnaire amoureux de l'opéra, Plon, , p. 556.
  20. (en) « The Red House, Aldeburgh », sur The Red House, Aldeburgh (consulté le ).
  21. (en) Lutz D. Schmadel, Dictionary of Minor Planet Names, vol. 2, Springer, , p. 327.
  22. Ircam
  23. Ircam
  24. Critique, Télérama no 2982, 10 mars 2007
  25. (en) « (4079) Britten », dans Dictionary of Minor Planet Names, Springer, (ISBN 978-3-540-29925-7, DOI 10.1007/978-3-540-29925-7_4057, lire en ligne), p. 348–348

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Diane McVeagh (dir.), English Masters (New Grove Composer Biography), Grove Publications, 1986 (ISBN 0-333-40241-3)
  • (en) David Herbert (dir.), The Operas of Benjamin Britten, Hamish Hamilton, Londres 1989 (ISBN 0-241-10256-1)
  • Xavier de Gaulle, Benjamin Britten : ou l'impossible quiĂ©tude – essai, Arles, Actes Sud, coll. « SĂ©rie Musique », , 575 p. (ISBN 2-7427-0895-2, OCLC 757505081, BNF 35851922)
  • (en) David Matthews, Britten, Londres, Haus Publishing, (1re Ă©d. 2003), xii-203 (ISBN 978-1-908323-38-5, OCLC 940380291)
  • (en) Philip Ernst Rupprecht (Ă©d.), Rethinking Britten, New York, Oxford University Press, , xxxi-312 (ISBN 978-0-19-979480-5, OCLC 883557757)

Liens externes

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