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Projet MK-Ultra

MK-ULTRA (ou MKULTRA) est le nom de code d'un projet de la Central Intelligence Agency (CIA) visant à développer des techniques de contrÎle et de programmation de l'esprit. Le projet est approuvé le par le directeur de l'agence Allen Dulles, et prend fin au début des années 1970.

Sceau de la CIA.
Lettre d'approbation du sous-projet 8 sur le LSD, datée du .

La parution d’une sĂ©rie d'articles du quotidien The New York Times en dĂ©cembre 1974 a permis de dĂ©voiler publiquement l’existence de programmes secrets ciblant des citoyens amĂ©ricains au cours des annĂ©es 1950 et 1960. Ces rĂ©vĂ©lations ont provoquĂ© un retentissement national qui conduisit Ă  la mise en place de plusieurs commissions d'enquĂȘte. Une partie de ces activitĂ©s clandestines ont Ă©tĂ© menĂ©es dans le but d'exercer un contrĂŽle sur l'esprit humain.

Origines

Les États-Unis travaillent sur les techniques de manipulation mentale depuis au moins les annĂ©es 1920, en parallĂšle de l'essor de la psychologie et de la publicitĂ©[1] - [2]. C'est un des sujets abordĂ©s durant le colloque Lippmann en 1938 Ă  Paris.

Les origines des recherches militaires dans ce domaine sont liĂ©es aux expĂ©rimentations menĂ©es dans certains camps de concentration nazis, en particulier celui de Dachau[3] - [4] - [5]. Des Ă©tudes sur l’hypothermie pour les pilotes de la Luftwaffe aux essais pharmacologiques, les limites physiques et psychiques de l’humain y sont poussĂ©es Ă  des extrĂȘmes aux consĂ©quences jusque-lĂ  inconnues. En testant les effets de la mescaline sur l'esprit, Kurt Plötner observe et rapporte des symptĂŽmes de schizophrĂ©nie, chez plusieurs victimes.

De 1942 à 1945 : « TD » de l'OSS

La recherche amĂ©ricaine d'un psychotrope capable d'influencer le comportement humain est initiĂ©e par l'Office of Strategic Services (OSS) durant la Seconde Guerre mondiale. En 1942, Ă  la demande du gĂ©nĂ©ral William J. Donovan, un comitĂ© est rĂ©uni avec l'objectif de dĂ©velopper un agent chimique pouvant contraindre un individu Ă  divulguer des informations sensibles[4] - [6]. Le Dr Windfred Overhulser, directeur de l'hĂŽpital Saint Elizabeths Ă  Washington, D.C., est nommĂ© prĂ©sident du comitĂ© de recherche. Parmi les autres membres figurent le Dr Edward A. Strecker, prĂ©sident de l'Association amĂ©ricaine de psychiatrie, et Harry J. Anslinger, directeur du bureau fĂ©dĂ©ral des narcotiques (FBN). De nombreuses drogues sont Ă©tudiĂ©es et rejetĂ©es, y compris l'alcool, la cafĂ©ine, la scopolamine et la mescaline. Finalement, de la marijuana est utilisĂ©e pour mettre au point un extrait de cannabis trĂšs puissant, sous forme liquide, n'ayant ni goĂ»t, ni odeur. L'efficacitĂ© de cette substance, baptisĂ©e « TD » pour « Truth Drug », est testĂ©e lors d'entretiens avec le personnel de l'OSS et de l'armĂ©e amĂ©ricaine avant d'ĂȘtre utilisĂ©e de maniĂšre opĂ©rationnelle, bien que de façon limitĂ©e[6] - [7] - [8].

De 1947 Ă  1953 : projet CHATTER

À l'automne 1947, la marine des États-Unis met en place un premier projet de recherche sur les techniques d'interrogatoire et le contrĂŽle de l'esprit par des moyens chimiques. CentrĂ©es sur la mise au point d'un « sĂ©rum de vĂ©ritĂ© », les expĂ©rimentations sont menĂ©es au Naval Medical Research Institute de Bethesda par le Dr Charles Savage[4] - [9]. Il peut s'appuyer sur les donnĂ©es obtenues par l'US Naval Technical Mission dĂ©ployĂ©e en Europe en 1945, et le rapport de Plötner sur les effets de la mescaline. À l'instar du cannabis et des autres substances dĂ©jĂ  testĂ©es par le comitĂ© de l'OSS, son utilisation est rapidement Ă©cartĂ©e en raison de rĂ©sultats jugĂ©s trop alĂ©atoires. Les sujets sont des personnes liĂ©es au domaine militaire et atteintes de troubles mentaux lĂ©gers, comme la dĂ©pression et l'anxiĂ©tĂ©.

Une nouvelle drogue, dĂ©couverte par accident en 1938, suscite la curiositĂ© des scientifiques amĂ©ricains. Dans ses conclusions, le Dr Savage indique que si l’administration de doses rĂ©guliĂšres de LSD ne permet pas l’amĂ©lioration thĂ©rapeutique du « patient », cela entraĂźne des modifications profondes du comportement[10]. Il quitte le projet en 1951, remplacĂ© par le Dr Samuel Thompson, et publie son rapport de recherche dans The American Journal of Psychiatry un an plus tard[11]. Les expĂ©rimentations se poursuivent jusqu’en 1953, date Ă  laquelle le projet se termine[4] - [9] - [12].

De 1949 Ă  1951 : projet BLUEBIRD

AprÚs la Seconde Guerre mondiale, les officiers militaires américains craignent que les Soviétiques ne soient parvenus à contrÎler la volonté de certains individus par des techniques de « lavage de cerveau ». Le procÚs du cardinal József Mindszenty à Budapest, en 1949, et la retransmission publique de ses aveux équivalant à une condamnation à perpétuité pour trahison, achÚvent de les convaincre[13] - [14] - [15].

En consĂ©quence, parallĂšlement au projet CHATTER, la CIA lance son propre programme de recherches en 1949. BLUEBIRD est focalisĂ© sur l'utilisation du LSD comme arme chimique. Son Ă©tude dans les expĂ©rimentations de l'armĂ©e est reprise dans le but de crĂ©er « une altĂ©ration exploitable de la personnalitĂ© » Ă  des fins de renseignement[16] - [17]. Des chercheurs universitaires et des experts spĂ©cialisĂ©s en cognition, psychiatrie, criminologie et hypnose sont recrutĂ©s comme consultants. Un partenariat secret avec le laboratoire Sandoz Pharmaceuticals est conclu pour l’acheminement de millions de doses de LSD vers les sites du projet[18] - [19] - [20]. Un comitĂ© de direction, Ă  la tĂȘte duquel siĂšge le colonel Sheffield Edwards, est chargĂ© d'encadrer le travail des scientifiques et des agents impliquĂ©s[15] - [21].

De 1950 à 1953 : Guerre de Corée

Durant la guerre de CorĂ©e, les inquiĂ©tudes de l'administration amĂ©ricaine sont renforcĂ©es lorsque des pilotes capturĂ©s de l'US Air Force s'expriment sur Radio PĂ©kin pour critiquer la politique extĂ©rieure des États-Unis, en des mots et des formules propres au discours communiste de l'Ă©poque. Certains d'entre eux dĂ©clarent que l'armĂ©e amĂ©ricaine avait utilisĂ© des armes chimiques en CorĂ©e[22] - [23]. En 1953, ils sont rapatriĂ©s aux États-Unis et Ă©voquent des tortures physiques et mentales, alimentant les suspicions en lien avec le contrĂŽle de l'esprit. DĂšs 1950, ces craintes se diffusent de maniĂšre exacerbĂ©e, avec la traque de potentiels agents communistes sur le territoire amĂ©ricain et en Europe de l'Ouest. C'est dans ce contexte que la CIA peut obtenir les fonds nĂ©cessaires Ă  des Ă©tudes plus approfondies[15].

De 1951 Ă  1953 : projet ARTICHOKE

Le , le projet BLUEBIRD change de nom de code pour devenir ARTICHOKE[7] - [8] - [24]. De nouvelles procĂ©dures sont Ă©laborĂ©es, dans lesquelles le recours Ă  l’hypnose et la suggestion remplacent les protocoles de questions propres Ă  un vĂ©ritable interrogatoire. Des mĂ©thodes telles que l'induction d'une dĂ©pendance puis son sevrage forcĂ©, les Ă©lectrochocs, la privation de sommeil et la lobotomie sont Ă©tudiĂ©es et envisagĂ©es. En 1952, les responsables du projet accordent une subvention de 100 000 $ Ă  un consultant privĂ© pour le dĂ©veloppement de « techniques neurochirurgicales »[7] - [15] - [16] - [25]. En plus des produits dĂ©jĂ  citĂ©s, les barbituriques, les amphĂ©tamines, la cocaĂŻne et l'hĂ©roĂŻne sont aussi testĂ©s Ă  travers des combinaisons pouvant induire des Ă©tats transitoires exploitables sur le long terme[7] - [12] - [17].

À la recherche d’une substance toujours plus puissante, la CIA envoie des agents dans diffĂ©rentes rĂ©gions du monde pour analyser et recueillir toute plante prĂ©sentant un profil intĂ©ressant. Certains champignons ayant des propriĂ©tĂ©s hallucinogĂšnes, l'amanita muscaria et le psilocybe mexicana, Ă  partir duquel Albert Hoffman synthĂ©tisera la psilocybine, intĂ©ressent fortement les chimistes de l'agence[26] - [27] - [28]. En 1953, ARTICHOKE est intĂ©grĂ© au projet MK-ULTRA en tant que sous-projet, gardant son appellation d'origine.

Généralités

Direction

Le principal instigateur de MK-ULTRA est Richard Helms, qui propose d'envisager « l'utilisation secrÚte de matériaux biologiques et chimiques » dans le cadre des opérations clandestines de la CIA[19] - [29] - [30]. Pour cela, une équipe du bureau des services techniques (TSS) est déjà mobilisée à Fort Detrick, en soutien des projets BLUEBIRD et ARTICHOKE. En 1953, Allen Dulles, ancien commandant de l'OSS en Europe, devient directeur de l'agence. Lui aussi milite pour élargir le champ des recherches déjà en cours.

Le , Dulles approuve le projet et en confie la direction au Dr Sidney Gottlieb, qu'il a recrutĂ© en 1951 pour apporter son expertise des poisons aux programmes prĂ©cĂ©dents[17] - [19] - [29] - [31]. Officiellement responsable de la section chimie du TSS, Gottlieb est Ă  l'origine d'une grande partie des expĂ©rimentations effectuĂ©es dans le cadre du projet, en plus d'ĂȘtre impliquĂ© dans plusieurs autres opĂ©rations controversĂ©es.

Objectifs

L'enjeu global de MK-ULTRA est l'élaboration de méthodes techniques et scientifiques rigoureuses permettant d'influencer et de provoquer des comportements, de manipuler la conscience pour faire agir un ou plusieurs individus de la maniÚre souhaitée.

Par des moyens chimiques

Un document de 1955 donne une indication de l'ampleur de l'effort consenti, déclinant les substances et matériels pouvant induire des effets et des états de conscience précis[32] - [33] :

  • Substances qui favorisent confusion et impulsivitĂ© au point de susciter le discrĂ©dit en public ;
  • Substances qui amĂ©liorent les capacitĂ©s mentales et de perception ;
  • Substances qui augmentent ou contrarient les effets toxiques de l'alcool ;
  • Substances et mĂ©thodes physiques qui provoquent l'amnĂ©sie ;
  • Substances qui provoquent des incapacitĂ©s physiques comme la paralysie ou l'anĂ©mie ;
  • Substances qui provoquent des hallucinations, visuelles et/ou auditives.

Liées aux recherches des premiers projets, ces finalités correspondent à la poursuite des efforts entrepris dans les années 1940. Dans la continuité des projets BLUEBIRD et ARTICHOKE, les données obtenues en utilisant des agents chimiques et l'évolution des techniques de suggestion rendent possible l'élaboration d'objectifs plus offensifs.

Redéfinition de ARTICHOKE

À la suite du lancement du projet MK-ULTRA quelques mois plus tĂŽt, les contours du dĂ©sormais sous-projet ARTICHOKE sont redĂ©finis Ă  l'occasion d'une rĂ©union qui s'est tenue le [34]. Le comitĂ© de direction, toujours prĂ©sidĂ© par le colonel Sheffield Edwards, peut dĂ©finir de nouvelles finalitĂ©s comme la confusion, l'anxiĂ©tĂ©, la paralysie ou les hallucinations. L’étude des syndromes amnĂ©siques et des troubles dissociatifs occupe une place importante dans les expĂ©rimentations du projet[12] - - [33].

Un autre document déclassifié, daté du 22 janvier 1954, fait mention de la proposition suivante[35] - [36] :

« Il a été proposé qu'un individu d'origine (censurée), ùgé d'environ 35 ans, bien éduqué, maßtrisant l'anglais et bien établi socialement et politiquement dans le gouvernement (censuré) soit amené sous ARTICHOKE à accomplir un acte, contre sa volonté, de tentative d'assassinat contre un éminent politicien (nationalité censurée) ou, si nécessaire, contre un fonctionnaire américain. »
— Extrait traduit d'une note du projet ARTICHOKE

Financement

Un montage a permis de consacrer au projet une part secrÚte du budget annuel de la recherche et du développement de la CIA, correspondant à 300 000 dollars, en dehors de tout contrÎle budgétaire[19] - [30]. Entre 1953 et 1963, les financements supplémentaires accordés au projet se sont multipliés, dépensant 25 millions de dollars[17] - [18]. Pour cacher leur origine, les fonds transitaient par des sociétés et des fondations, principalement la Society for the Investigation of Human Ecology, le Geschickter Fund for Medical Research et la Josiah Macy, Jr. Foundation[18] - [20].

Université Cornell

À la recherche d'informations sur les progrĂšs soviĂ©tiques et chinois, le directeur de l'agence, Allen Dulles, se tourne vers un mĂ©decin de renommĂ©e mondiale avec qui il entretient dĂ©jĂ  une relation personnelle. En 1953, le Dr Harold Wolff, neurologue de formation, est missionnĂ© par la CIA pour mener une Ă©tude officielle sur les techniques de « lavage de cerveau » communistes. En partenariat avec le Dr Lawrence Hinkle, collĂšgue de l'universitĂ© Cornell Ă  New York, ils se penchent sur les dossiers classifiĂ©s et rĂ©alisent des entretiens avec des prisonniers[18] - [37] - [38]. Le rapport secret remis Ă  Dulles en 1956 met en Ă©vidence les programmes massifs de rĂ©Ă©ducation politique en Chine et en URSS, affirmant que ni la drogue, ni aucune machine ou autre appareil extravagant n'Ă©taient utilisĂ©s. Au contraire, le rapport dĂ©peint les mĂ©thodes d'interrogatoire communistes comme reposant sur une application habile, quoique brutale, des mĂ©thodes policiĂšres[39] - [40].

Au fil des recherches, Wolff Ă©tendit son influence au sein de la CIA en Ă©tant rĂ©guliĂšrement membre de divers groupes consultatifs. Il insiste sur la relation entre l'individu et son environnement global, dĂ©terminante pour comprendre le comportement humain et la maniĂšre dont les gouvernements peuvent le manipuler. Sollicitant des professeurs du Cornell University Medical College, Wolff constitue un groupe d'Ă©tude par le biais duquel les services secrets peuvent financer de nouvelles expĂ©rimentations. Au cours de l'annĂ©e 1956, la direction du programme est confiĂ©e au colonel James Monroe, ancien responsable de l'Ă©tude de l'armĂ©e de l'air sur les prisonniers de la guerre de CorĂ©e. The Society for the Investigation of Human Ecology (puis Human Ecology Fund en 1961), en plus de redistribuer les fonds allouĂ©s par la CIA, mĂšne plusieurs enquĂȘtes sur la pensĂ©e communiste et les facteurs de dĂ©fection. Pour cela, environ soixante-dix rĂ©fugiĂ©s de la rĂ©volte hongroise sont interrogĂ©s dans le cadre d'un sous-projet de MK-ULTRA. En 1965, aprĂšs de nombreuses recherches dans le domaine des sciences du comportement, le groupe est dissous aprĂšs le transfert des derniers projets encore considĂ©rĂ©s comme utiles vers d'autres structures secrĂštes[14] - [38] - [41] - [42].

Activités

Le projet a connu de nombreux développements, sous-projets ou expérimentations connexes, tous réalisés sous le sceau « secret défense ». Une grande partie des expérimentations ont été menées sur des personnes non-consentantes, souvent maintenues dans l'ignorance quant à la nature des protocoles administrés. Beaucoup d'entre elles étaient des employés de la CIA, du personnel militaire et gouvernemental, des prostituées ou des patients atteints de troubles mentaux.

HĂŽpital psychiatrique de Boston

Les premiĂšres expĂ©rimentations humaines du LSD aux États-Unis ont lieu Ă  Boston, dans un Ă©tablissement de santĂ© mentale. En 1949, le Dr Max Rinkel est le premier mĂ©decin Ă  contacter le laboratoire suisse Sandoz Pharmaceuticals[19] - [20] - [43]. Cependant, c'est un autre scientifique du Boston Psychopathic Hospital, le Dr Robert Hyde, qui expĂ©rimente en premier les effets du produit. Par la suite, une centaine de volontaires ont testĂ© les effets du LSD durant une journĂ©e pour les besoins d'une Ă©tude, prĂ©sentĂ©e lors de la confĂ©rence annuelle de l'Association AmĂ©ricaine de Psychiatrie en 1950. Quelques annĂ©es plus tard, en 1953, la CIA finance plusieurs sous-projets confiĂ©s au Dr Hyde. Pour la plupart des Ă©tudiants de l'universitĂ© Harvard, les sujets sont payĂ©s environ 25 dollars pour expĂ©rimenter les effets du LSD.

Ces premiÚres recherches n'étaient pas uniquement dédiées à des applications militaires ou secrÚtes, la plupart des professionnels de la santé mentale ont travaillé dans le but de modifier le comportement à des fins thérapeutiques. Dans le cas du Boston Psychopathic Hospital, seuls le Dr Hyde et son supérieur connaissaient l'origine du financement approuvé par Gottlieb.

Institut psychiatrique de l'État de New York

Une Ă©tude sur les mĂ©dicaments, menĂ©e dans un centre psychiatrique situĂ© Ă  Manhattan, a causĂ© la mort d'un homme de 42 ans. En 1952, Harold Blauer, joueur de tennis professionnel Ă  la retraite, sollicite une aide psychiatrique aprĂšs son divorce. Entre le 5 dĂ©cembre et le 8 janvier 1953, des injections d'un dĂ©rivĂ© de la mescaline lui sont administrĂ©es Ă  cinq reprises. Des rapports successifs montrent que quelques heures aprĂšs avoir reçu sa cinquiĂšme injection, Harold Blauer est dĂ©cĂ©dĂ© d'une overdose. Il ignorait tout du caractĂšre expĂ©rimental de son traitement, et avait mĂȘme demandĂ© l'arrĂȘt des injections peu de temps avant son dĂ©cĂšs. Le scientifique chargĂ© de ce projet du U.S. Army Chemical Corps Ă©tait le Dr Paul Hoch, qui a agi dans le cadre d'un contrat classifiĂ©[30] - [44] - [45]. Le dossier mĂ©dical a Ă©tĂ© falsifiĂ© et l'armĂ©e a dissimulĂ© son implication durant prĂšs de 22 ans, concluant un accord extrajudiciaire de non-divulgation avec l'ex-femme du patient en Ă©change de 18 000 $. Lorsque le rapport de la commission Rockefeller est publiĂ© en 1975, la fille ainĂ©e de Blauer, Elizabeth Barrett, engage plusieurs procĂ©dures contre l’État de New York et l'armĂ©e[46] - [47]. En 1987, aprĂšs douze annĂ©es de procĂ©dure, une magistrate du district de New York attribue plus de 700 000 $ de dommages et intĂ©rĂȘts Ă  la famille de la victime. Le gouvernement des États-Unis est reconnu coupable d'avoir causĂ© et dissimulĂ© la mort de Blauer[48] - [49].

HÎpital fédéral de Lexington

Dans les années 1950, d'autres expérimentations ont lieu dans un établissement du National Institute of Mental Health à Lexington. Officiellement un hÎpital, son fonctionnement est davantage celui d'un centre de détention pour des marginaux souffrant de toxicomanie[18] - [29] - [50]. Dans ce cadre, des dizaines de volontaires sont recrutés pour participer à un programme sur la dépendance et la tolérance aux drogues. Des hommes ont été maintenus sous les effets du LSD pendant 77 jours, à raison de doses allant jusqu'à 140 microgrammes par jour[19] - [20]. Une équipe de chercheurs, encadrée par le Dr Harris Isbell, a constaté que l'utilisation à long terme du LSD n'est pas efficace et qu'un surdosage progressif ne produit pas les effets escomptés[51]. Plusieurs autres études ont lieu à Lexington, portant sur les effets des barbituriques, de la psilocybine et du tétrahydrocannabinol. L'utilité de chaque substance, en rapport avec ses effets, est analysée, comparée et répertoriée[52] - [53].

Isbell Ă©tait directeur de recherche pour le Centre de Recherches en Toxicomanie (ARC) et son accĂšs aux drogues a facilitĂ© la mise en place des expĂ©rimentations, ainsi que la rĂ©munĂ©ration des sujets sous la forme de doses d'hĂ©roĂŻne. En 1976, devant une sous-commission du SĂ©nat des États-Unis, il reconnait avoir Ă©tĂ© en contact avec la CIA et transmis les rĂ©sultats de ses recherches Ă  l'agence.

Extrait d'une note du sous-projet 119 datée du 17 août 1960.
Techniques bio-Ă©lectroniques Ă  distance

L'objectif du sous-projet 119 Ă©tait de rĂ©aliser une revue critique de la littĂ©rature et des dĂ©veloppements scientifiques relatifs Ă  l'interprĂ©tation des signaux bioĂ©lectriques de l'organisme humain, ainsi que la stimulation du comportement Ă  distance[54] - [55]. Un rĂ©pertoire a Ă©tĂ© constituĂ© aprĂšs des recherches bibliographiques en neurophysiologie et neuropsychiatrie, biophysique, anatomie, Ă©lectronique et ingĂ©nierie des communications. Les chercheurs ont manifestĂ© un fort intĂ©rĂȘt pour les excellentes techniques quantitatives dĂ©veloppĂ©es par les Ă©lectroniciens pour analyser et interprĂ©ter les signaux Ă©lectriques des fusĂ©es, satellites et missiles balistiques[54]. Plusieurs finalitĂ©s de ce sous-projet, comme la lecture des ondes cĂ©rĂ©brales et la modification du comportement Ă  distance, ont Ă©tĂ© reprises par le journaliste d'investigation Gordon Thomas en 2006[56].

D'autres sous-projets ont Ă©tudiĂ© la possibilitĂ© d'agir sur le comportement d'un chien, dans un espace ouvert, au moyen d'une stimulation Ă©lectrique du cerveau Ă  distance. Dans ce but, six chiens ont Ă©tĂ© employĂ©s pour une expĂ©rimentation du bureau de la recherche et du dĂ©veloppement (ORD). Certains portaient des Ă©lectrodes maintenus en place avec du ciment dentaire, et d’autres un casque fixĂ© Ă  leur harnais. GrĂące Ă  ces dispositifs, les chercheurs sont parvenus Ă  faire courir, changer de direction et s'arrĂȘter les chiens par le biais d'un courant Ă©lectrique spĂ©cifique faisant office de commande[55] - [57] - [58] - [59].

Au Canada

Une partie des expérimentations du projet MKULTRA ont été menées au Canada, à l'Institut Allan Mémorial de Montréal. Propriété de l'HÎpital Royal Victoria à partir de 1940, la direction décide d'y établir un département consacré à la psychiatrie, dépendant de l'université McGill. Financé par la fondation Rockefeller, l'Institut ouvre ses portes le [60] - [61]. La direction de l'Institut est confiée au Dr D. Ewen Cameron, un psychiatre d'origine écossaise qui fut l'un des médecins, avec le Dr Nolan D. C. Lewis, chargés d'évaluer la santé mentale de Rudolf Hess avant sa comparution au procÚs de Nuremberg en 1945[20] - [60] - [62].

BĂątiment annexe de l'Institut Allan MĂ©morial, Montreal, QC, Canada.

Lors des annĂ©es suivantes, Cameron supervise plusieurs expĂ©rimentations Ă  l'Institut et dĂ©veloppe une mĂ©thode prĂ©sentĂ©e comme un traitement pour les troubles mentaux, appelĂ©e « psychic driving », en 1953[38] - [60] - [63]. AprĂšs une pĂ©riode allant de quinze Ă  trente jours durant laquelle les patients sont droguĂ©s Ă  l'aide d'un cocktail de barbituriques, et rĂ©veillĂ©s deux Ă  trois fois par jour pour un traitement par Ă©lectrochocs utilisant des courants 20 Ă  40 fois plus puissants que la norme, un magnĂ©tophone est utilisĂ© pour rĂ©pĂ©ter le mĂȘme message en boucle pendant plusieurs jours ou semaines. Ensuite, des doses importantes de LSD sont administrĂ©es, afin de reconstruire la mĂ©moire selon la suggestion voulue. Cameron prĂ©sente sa mĂ©thode dans un article publiĂ© dans The American Journal of Psychiatry en 1956[64]. IntĂ©ressĂ©e, la CIA entreprend de financer de nouvelles expĂ©rimentations, sous la couverture du Human Ecology Fund. De cette façon, 19 000 $ par an sont accordĂ©s Ă  l'Institut entre 1957 et 1963, dans le cadre du sous-projet 68[14] - [38] - [65] - [66].

En plus des barbituriques et du LSD, l'Ă©quipe du Dr Cameron Ă©tudie les effets de la privation sensorielle Ă  l'aide de diverses substances paralysantes, parmi lesquelles le curare, et de caissons d'isolation sensorielle. Les effets destructeurs des traitements sur la santĂ© des patients se manifestant rapidement, les services secrets ont arrĂȘtĂ© de financer les recherches menĂ©es Ă  l'Institut Allan MĂ©morial au dĂ©but des annĂ©es 1960. Plusieurs centaines de personnes ont Ă©tĂ© victimes de ces expĂ©rimentations. Beaucoup ont conservĂ© des sĂ©quelles de leur passage dans le service du Dr Cameron, et de nombreuses poursuites ont Ă©tĂ© engagĂ©es. L'une des victimes, Velma Orlikow, qui souffrait de dĂ©pression post-natale lorsqu'elle est entrĂ©e Ă  l'Institut, n'a plus rĂ©ussi Ă  se concentrer pour lire ou Ă©crire aprĂšs ses sĂ©ances avec le psychiatre. Une autre femme, Mary Morrow, a dĂ» ĂȘtre hospitalisĂ©e Ă  cause d'une anoxie cĂ©rĂ©brale survenue aprĂšs une sĂ©ance d'Ă©lectrochocs et a souffert de prosopagnosie depuis. D'autres victimes ont souffert d'incontinence, d'amnĂ©sie ou de troubles du sommeil[60] - [62] - [66] - [67]. AprĂšs les rĂ©vĂ©lations liĂ©es aux expĂ©rimentations de la CIA dans les annĂ©es 1970, neuf anciens patients de l'Institut ont engagĂ© une procĂ©dure contre l'agence, obtenant gain de cause en 1988[20] - [66] - [68]. En 1992, le gouvernement canadien a accordĂ© une indemnisation de 100 000 dollars canadiens Ă  soixante-dix-sept anciens patients de l'Institut. Depuis, les dossiers sont traitĂ©s au cas par cas Ă  travers des accords contenant une clause de non-divulgation. De nombreuses autres victimes et familles n'ont pas Ă©tĂ© indemnisĂ©es, et sont dans l'attente d'une reconnaissance publique des expĂ©rimentations de MontrĂ©al[67] - [69].

En Allemagne

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une partie des installations militaires nazies sont réinvesties par l'armée américaine. Une base qui servait de centre d'interrogatoire pour l'armée de l'air allemande, prÚs de Oberursel, abrite des expérimentations menées par les équipes des projets BLUEBIRD et ARTICHOKE. Camp King présente l'avantage, par sa situation géographique, de pouvoir tester les techniques d'interrogatoire sur des prisonniers en dehors du territoire national et de la juridiction américaine[24] - [70] - [71].

La direction des expĂ©rimentations est confiĂ©e Ă  Kurt Blome, ancien directeur du programme de guerre biologique du TroisiĂšme Reich, acquittĂ© lors du procĂšs des mĂ©decins de Nuremberg par l'intervention des États-Unis. Plusieurs mĂ©dicaments sont testĂ©s sur les prisonniers, dont le mĂ©trazol, le sĂ©conal, la dexedrine et l'amytal sodium, afin de mettre au point un protocole efficace[5] - [71]. D'autres interrogatoires, qui se transforment parfois en sĂ©ances de torture, ont lieu au sous-sol d'une maison situĂ©e sur un vaste domaine, Ă  Kronberg. Des scientifiques liĂ©s au projet CHATTER de la marine comme le Dr Samuel Thompson et le Dr Richard Wendt, mais aussi le Dr Frank Olson du SOD et l'officier Morse Allen, ont tous visitĂ© ce centre de dĂ©tention secret, considĂ©rĂ© comme un des premiers du genre de la CIA[5] - [12] - [70] - [72].

En France

En , un Ă©pisode de folie collective au bilan trĂšs lourd, nommĂ© « affaire du pain maudit », affecte le village français de Pont-Saint-Esprit dans le Gard. Dans un livre paru en 2009, le journaliste indĂ©pendant Hank P. Albarelli dĂ©veloppe la thĂšse d'une expĂ©rimentation de l'armĂ©e des États-Unis et de la CIA, dans le cadre d'un test de MK-NAOMI[73]. L'auteur a enquĂȘtĂ© sur la mort du Dr Franck Olson et Ă©tudiĂ© des documents dĂ©classifiĂ©s qui selon lui accrĂ©ditent la thĂšse d'un empoisonnement au LSD de la population locale. Selon Albarelli, le produit a Ă©tĂ© vaporisĂ© par voie aĂ©rienne avant d'ĂȘtre diffusĂ© en empoisonnant le pain du boulanger. Des entretiens avec d'anciens collĂšgues du Dr Olson ont Ă©galement convaincu Albarelli[74]. L'hypothĂšse d'une crise d'ergotisme est la plus rĂ©pandue parmi les commentateurs de cette affaire, et fut entĂ©rinĂ©e par la justice française en 1965[75].

Expérimentations connexes

À la mĂȘme pĂ©riode que le projet MKUltra, les États-Unis investissent dans de nombreuses expĂ©rimentations. Ainsi l'armĂ©e semble avoir dĂ©veloppĂ© ses propres projets dont les objectifs sont proches ou similaires Ă  ceux de la CIA et visent Ă  explorer de nouvelles armes potentielles comme les effets encore peu connus d'Ă©lĂ©ments nuclĂ©aires, radiologiques, bactĂ©riologiques et chimiques.

À partir de 1945, un programme de « rĂ©-Ă©ducation » psychologique et mentale est mis en place Ă  l'Ă©chelle d'un pays entier, l'Allemagne de l'Ouest, dans le cadre de la dĂ©nazification d'aprĂšs le rĂ©alisateur Lutz Dammbeck[76].

À partir de 1946, des enfants malades mentaux sont nourris avec des cĂ©rĂ©ales radioactives dans une Ă©cole du Massachusetts[77].

En 1966, des bactéries cachées dans des ampoules électriques sont propulsées dans le métro de New York afin de calculer la vitesse de propagation en cas de guerre bactériologique[77].

L'agence veut aussi ĂȘtre capable de manipuler des dirigeants Ă©trangers et tente d'ailleurs d'utiliser certaines de ces techniques sur Fidel Castro.

Dans les années 1960 à l'université d'Harvard, le professeur Henry Murray supervise des expériences de psychologie sociale incluant les recherches de Timothy Leary sur le LSD. Ces recherches seraient liées au projet MK-Ultra selon plusieurs sources[78]. Le terroriste Theodore Kaczynski est l'un des étudiants qui a subi certaines des expériences de Murray à Harvard[79].

À partir de lĂ , il s'agit de savoir si ces techniques une fois enseignĂ©es Ă  un soldat pourraient en faire un interrogateur efficace. C'est lĂ  qu'interviennent les expĂ©riences de Stanley Milgram Ă  l'universitĂ© de Yale et de Philip Zimbardo Ă  Stanford sous la façade d'une recherche de l'US Navy.

Midnight Climax

En 1952, en quĂȘte constante de nouvelles applications pour les substances chimiques, Gottlieb contacte un agent du bureau fĂ©dĂ©ral des narcotiques, le colonel George H. White, pour lui confier la mise en place d'expĂ©rimentations du LSD dans un contexte bien particulier. Cet ancien officier de l'OSS, Ă  qui les chimistes du TSS ont donnĂ© carte blanche, utilise les fonds de l'agence pour louer un appartement Ă  Greenwich Village, dans la ville de New York[80]. Dans ce site sĂ©curisĂ© situĂ© au 81 Bedford Street, il amĂ©nage des espaces cachĂ©s et des miroirs sans tain, installe du matĂ©riel de surveillance. White prend ensuite le pseudonyme de Morgan Hall et, se faisant passer pour un artiste, se dĂ©brouille pour attirer de potentiels sujets jusqu'Ă  la planque amĂ©nagĂ©e. Une fois sur place, diffĂ©rents moyens d'administrer le LSD discrĂštement sont testĂ©s : nourriture, boissons, cigarettes, etc., pour droguer Ă  leur insu des personnes abordĂ©es dans la rue, aux profils trĂšs diffĂ©rents[81] - [82].

En 1955, White est transfĂ©rĂ© Ă  San Francisco pour y Ă©tablir deux nouvelles planques, similaires Ă  celle de New-York. C'est dans ce contexte qu'est lancĂ©e l'opĂ©ration Midnight Climax, qui consiste Ă  utiliser ces lieux comme des maisons closes, avec la complicitĂ© de prostituĂ©es recrutĂ©es pour y conduire des clients. De l'alcool contenant du LSD leur est ensuite proposĂ©, et les scĂšnes qui s'ensuivent filmĂ©es et enregistrĂ©es. En guise de paiement pour leurs services, les prostituĂ©es reçoivent 100 $ pour une nuit de travail, et White veille Ă  ce qu'elles ne soient pas inquiĂ©tĂ©es par la police locale. Ce dernier tient un journal de son travail pour la CIA[6] - [83], dans lequel sont mentionnĂ©es plusieurs visites sur les lieux de Gottlieb, Lashbrook, et d'un psychologue du TSS, le Dr John Gittinger. En plus des maisons closes, des agents sont Ă©galement dĂ©pĂȘchĂ©s dans des endroits publics pour y droguer des personnes ciblĂ©es opportunĂ©ment. Des bars, des restaurants et des plages deviennent les thĂ©Ăątres de tests Ă  ciel ouvert, et le suivi de plusieurs personnes droguĂ©es ne peut pas ĂȘtre assurĂ©. Un certain nombre d'entre elles sont hospitalisĂ©es, et chaque fois que cela se produit, le risque qu'un mĂ©decin extĂ©rieur au projet dĂ©couvre son existence est grand. Ce qui est mis en Ă©vidence par l'inspecteur gĂ©nĂ©ral de l'agence dans un rapport en 1963, qui ajoute que les consĂ©quences pour les victimes peuvent s'avĂ©rer dramatiques. Les expĂ©rimentations sont suspendues et les installations de San Francisco fermĂ©es en 1965, marquant la fin des activitĂ©s de White pour le compte de la CIA[80] - [82].

Fin du projet

Inspection générale de 1963

En 1963, l'inspecteur gĂ©nĂ©ral de la CIA dĂ©couvre par hasard l'existence de tests clandestins. John Earman reproche Ă  Richard Helms de ne pas avoir transmis suffisamment d'informations sur les activitĂ©s du projet au nouveau directeur de l'agence John McCone, Ă  qui il remet un rapport d'une vingtaine de pages, accompagnĂ© d'une lettre. Les risques inhĂ©rents aux expĂ©rimentations de l'opĂ©ration Midnight Climax y sont particuliĂšrement pointĂ©s du doigt par l'inspecteur gĂ©nĂ©ral, qui relĂšve que « les concepts impliquĂ©s dans la manipulation du comportement humain sont considĂ©rĂ©s par de nombreuses personnes au sein et en dehors de l'agence comme Ă©tant de mauvais goĂ»t et contraires Ă  l'Ă©thique »[80] - [84] - [85] - [86]. Il demande l'arrĂȘt des expĂ©rimentations sur des sujets involontaires jusqu'Ă  ce que la question soit examinĂ©e par les plus hauts dirigeants de l'agence, ce qui constitue un premier frein aux objectifs du projet. Dans le mĂȘme temps, l'importance de plusieurs sous-projets est jugĂ©e insuffisante pour justifier le contournement des procĂ©dures administratives standards[82] - [87].

En rĂ©ponse, Helms multiplie les courriers Ă  destination du directeur (DCI) pour dĂ©fendre les privilĂšges administratifs accordĂ©s au projet, plaidant que « les raisons fondamentales de la demande de dĂ©rogation aux contrĂŽles administratifs standardisĂ©s sur ces activitĂ©s sensibles sont aussi valables aujourd'hui qu'elles l'Ă©taient en avril 1953 ». Il reconnaĂźt nĂ©anmoins la nĂ©cessitĂ© d'entretenir une communication rĂ©guliĂšre avec le DCI concernant les informations clĂ©s du projet. À l'issue d'une premiĂšre rĂ©union, le , Helms obtient l'autorisation de continuer les expĂ©rimentations sous couverture et parvient Ă  garder sous son contrĂŽle le processus d'approbation des recherches et opĂ©rations. Il s'assure aussi que l'ensemble des dossiers relatifs au projet soient conservĂ©s au sein du TSS[87] - [88].

À la suite de l'inspection gĂ©nĂ©rale en 1963, beaucoup des responsabilitĂ©s de Gottlieb ont Ă©tĂ© assignĂ©es Ă  d'autres officiers de la CIA, et l'Ă©tendue des activitĂ©s du projet MK-ULTRA diminue peu Ă  peu. En 1964, son cryptonyme change pour devenir MK-SEARCH, permettant aux expĂ©rimentations de se poursuivre[85] - [88] - [89]. En 1966, Helms est nommĂ© directeur de l'agence par le prĂ©sident Lyndon B. Johnson et, l'annĂ©e suivante, Gottlieb est nommĂ© Ă  la tĂȘte de la division des services techniques. MK-SEARCH s'est poursuivi tout au long des annĂ©es 1960 et au dĂ©but des annĂ©es 1970, malgrĂ© un budget en constante diminution.

ArrĂȘt des derniĂšres activitĂ©s en 1972

Au dĂ©but de l'annĂ©e 1972, quatre sous-projets seulement sont encore actifs, et le budget annuel accordĂ© par l'agence est de 110 000 dollars. Gottlieb constate que les nouvelles gĂ©nĂ©rations d'officiers responsables des opĂ©rations clandestines dĂ©plorent fortement les nombreuses contraintes de sĂ©curitĂ© inhĂ©rentes aux mĂ©thodes du projet. Sur le plan scientifique, il apparaĂźt clairement que le matĂ©riel et les techniques utilisĂ©es sont trop imprĂ©visibles. En juin, le scandale du Watergate Ă©clate quand plusieurs individus sont arrĂȘtĂ©s en plein cambriolage. C'est le commencement d'une sĂ©rie de dĂ©couvertes qui conduira Ă  la dĂ©mission du prĂ©sident Richard Nixon en 1974. Dans ce contexte de dĂ©fiance vis-Ă -vis des activitĂ©s d'espionnage sur le territoire, Gottlieb doit couvrir l'implication du TSS. En effet, deux des cambrioleurs, Howard Hunt et G. Gordon Liddy, ont Ă©tĂ© Ă©quipĂ©s par la division des services techniques. DĂ©jĂ  envisagĂ©e, la fin du projet et de ses derniĂšres activitĂ©s est actĂ©e le [88] - [89] - [90].

Destruction des fichiers en 1973

Quelques mois plus tard, Nixon est réélu puis Helms démis de ses fonctions. Alors que la date de son départ est fixée le , Helms ordonne la destruction des archives du projet. Gottlieb se rend en personne au centre des archives de la CIA, à Warrenton en Virginie, pour y détruire tous les fichiers en lien avec la manipulation mentale et l'expérimentation de moyens chimiques. En dépit des protestations du responsable sur place, le matériel et les documents sont détruits le . Le lendemain, de retour à son bureau, Gottlieb procÚde à la destruction des archives conservées au bureau des services techniques[87] - [88] - [91] - [92]. Il est donc difficile d'avoir une compréhension complÚte et détaillée de l'étendue des activités menées dans le cadre du projet.

Conséquences

Le , le journaliste d'investigation Seymour Hersh est l'auteur d'un article dans lequel sont exposées les activités clandestines de la CIA sur le territoire américain[88] - [93] - [94]. En réponse, le gouvernement ordonne la création de trois commissions parlementaires distinctes.

Commission Rockefeller

Une premiĂšre commission prĂ©sidentielle est crĂ©Ă©e Ă  la demande de Gerald Ford le , qui en confie la supervision au vice-prĂ©sident Nelson Rockefeller[94] - [95]. L'enquĂȘte de la commission Rockefeller, menĂ©e sur une courte pĂ©riode, est centrĂ©e sur les activitĂ©s de sĂ©curitĂ© intĂ©rieure de la CIA. Elle se penche notamment sur l'ouverture du courrier de citoyens amĂ©ricains et la surveillance de plusieurs groupes jugĂ©s dissidents car liĂ©s Ă  la contre-culture de l'Ă©poque[96]. La commission est Ă  l'origine d'un rapport remis au prĂ©sident Ford et publiĂ© le . Durant l'Ă©tĂ© suivant, le contenu des audiences du CongrĂšs des États-Unis et de la commission rĂ©vĂšlent que la CIA et le dĂ©partement de la DĂ©fense ont conduit des expĂ©rimentations sur des sujets humains, avec ou sans leur consentement[97] - [98].

Commission Church

Une seconde commission d'enquĂȘte est formĂ©e le par le SĂ©nat des États-Unis et nommĂ©e commission Church, du nom du sĂ©nateur dĂ©mocrate qui la dirige. Franck Church et les autres membres de la commission auditionnent plus de huit cents tĂ©moins et analysent prĂšs de 110 000 documents en lien avec le fonctionnement et les abus des agences de renseignement amĂ©ricaines. Plusieurs rapports provisoires sont publiĂ©s en 1975 et 1976, dĂ©taillant de nombreux programmes secrets destinĂ©s au stockage d'agents chimiques, Ă  l'espionnage des citoyens amĂ©ricains et Ă  l'assassinat de chefs d’État Ă©trangers. Un rapport final constituĂ© de quatorze volumes est publiĂ© le [99].

95e Congrùs des États-Unis

En 1977, en vertu du Freedom of Information Act, un enquĂȘteur indĂ©pendant demande la dĂ©classification de tous les fichiers en lien avec le projet qui n'ont pas Ă©tĂ© dĂ©truits. Plus de mille pages de documents sont publiĂ©es et prĂ©sentĂ©es lors d'une confĂ©rence de presse par John Marks, qui les utilsera pour Ă©crire The Search for the Manchurian Candidate (1979)[85] - [86] - [100]. Une enquĂȘte supervisĂ©e par les sĂ©nateurs Edward Kennedy et Daniel Inouye conduit Ă  des audiences conjointes du 95e CongrĂšs de États-Unis. Le directeur de la CIA depuis le dĂ©but de l'annĂ©e 1977, l'amiral Standfield Turner, est notamment auditionnĂ© le . Il dĂ©crit le projet MK-ULRA comme un « un projet global dans le cadre duquel certains sous-projets sensibles ont Ă©tĂ© financĂ©s [...] dont l'un visait Ă  produire des "agents pathogĂšnes exotiques" et un autre Ă  tester "l'hypnose et les drogues en combinaison" »[101] - [102].

Le , ce sont plusieurs milliers de pages de documents qui sont retrouvées, ayant échappé à l'analyse des commissions précédentes et de l'inspecteur général en 1963[7] - [90] - [103]. Elles traitent des différents financements du projet et contiennent peu de détails sur les expérimentations, mais les informations obtenues permettent d'évaluer l'ampleur des efforts consenties par l'agence et l'armée américaine. Le rÎle de plusieurs organismes ayant servi de couverture pour les financements, et l'implication de nombreux médecins, sont également mis en évidence par les investigations.

EnquĂȘte sur la mort de Frank Olson

Frank Olson, biochimiste de l'armée et membre de la division des opérations spéciales (SOD), est décédé dans la nuit du 27 au 28 novembre 1953 aprÚs une chute de plusieurs étages. Une semaine auparavant, du LSD a été versé discrÚtement dans une bouteille partagée avec quelques collÚgues du SOD, avant que la situation ne soit expliquée aux cobayes par Gottlieb en personne. Olson, qui a trÚs mal vécu l'expérimentation, montre trÚs rapidement des symptÎmes de paranoïa et de dépression. Il demande son renvoi la semaine suivante, quelques jours avant sa mort, mais ses supérieurs décident de l'envoyer à New York pour voir le Dr Harold Abramson. En 1953, la police de New York a conclu à un suicide par défenestration et l'implication de la CIA a été dissimulée par les agents du bureau de la sécurité[29] - [104] - [105].

Le , en marge des rĂ©vĂ©lations de la commission Rockefeller, un article du Washington Post Ă©voque la mort d'un scientifique Ă  New York. Si son identitĂ© n'est pas dĂ©voilĂ©e, la famille de Frank Olson comprend qu'une partie de la vĂ©ritĂ© lui a Ă©tĂ© cachĂ©e pendant prĂšs de 22 ans[106] - [107]. Une confĂ©rence de presse est organisĂ©e un mois plus tard, au cours de laquelle la veuve et les fils du Dr Olson rĂ©clament la rĂ©ouverture de l'enquĂȘte[108] - [109]. Pour Ă©viter une procĂ©dure judiciaire, le prĂ©sident Gerald Ford prĂ©sentent des excuses officielles Ă  la famille le , au nom du gouvernement des États-Unis. Une compensation financiĂšre de 750 000 $ lui est accordĂ©e en Ă©change de l'abandon des poursuites judiciaires[106] - [107] - [110].

Eric Olson, fils aßné de Frank Olson, conteste cette version et prétend que son pÚre a été supprimé en raison de ses connaissances sur les techniques d'interrogatoire utilisées par la CIA sur des prisonniers du bloc de l'Est en Europe. En 1994, le corps d'Olson est exhumé à la demande de ses deux fils pour qu'une nouvelle autopsie soit réalisée. Une équipe médico-légale de l'université Georges Washington rapporte l'existence de multiples fractures du crùne dues à un ou plusieurs coups antérieurs à la chute. Cependant, à cause de l'indemnisation perçue dans les années 1970, il est impossible pour Eric Olson de poursuivre la CIA et le gouvernement[105] - [111] - [112].

Autres enquĂȘtes

Par ailleurs d'autres commission d'enquĂȘte ont lieu jusqu'en 1995 :

- Le , une victime de haut niveau de MK-Ultra, libĂ©rĂ©e de l'emprise mentale de la CIA, poursuivit le gouvernement durant sept ans. Les poursuites judiciaires et les preuves (accablantes pour le gouvernement amĂ©ricain) firent arrĂȘter le procĂšs pour raisons de « sĂ©curitĂ© nationale ».

- Le , la Commission consultative présidentielle au cours de laquelle sont notamment enregistrés les témoignages de personnes se présentant comme témoins et victimes du projet[113] :

  • Christine DeNicola prĂ©tend avoir Ă©tĂ© victime du docteur L. Wilson Green de 1966 Ă  1976 Ă  Tucson (Arizona), ainsi qu’à l’universitĂ© de Kansas City Ă  l’ñge de 4 ans. Les rapports du docteur Green auraient Ă©tĂ© destinĂ©s Ă  la CIA et Ă  l’armĂ©e. Elle dit avoir subi des injections de drogues, des Ă©lectrochocs, des radiations dans le but de fragmenter sa personnalitĂ© et ainsi obtenir un contrĂŽle mental sur elle ;
  • Claudia Mullen prĂ©tend avoir Ă©tĂ© victime du docteur L. Wilson Green de 1957 Ă  1984 Ă  partir de l’ñge de 7 ans. Elle met en cause le docteur Sidney Gottlieb et le docteur James Hamilton. Elle dit avoir Ă©tĂ© testĂ©e, en 1958, par des mĂ©decins de la Human Ecology Society : les docteurs John Gittinger, Cameron (Ă©lectrochocs) et Green (rayons X). Elle prĂ©tend avoir Ă©tĂ©, Ă  l'Ăąge de 9 ans, en 1959, envoyĂ©e dans le camp de Deep Creek Cabin dans le Maryland, oĂč on lui aurait appris Ă  assouvir les dĂ©sirs sexuels des hommes et les forcer Ă  parler d’eux-mĂȘmes : auraient Ă©tĂ© prĂ©sents Richard Helms, directeur adjoint de la CIA, le docteur Gotlieb, le capitaine Georges White et Morris Allan. Elle met en cause l’Office of Research Development dirigĂ© par les docteur Green, Steven Aldrich, Martin Orne et Morris Allan.
  • ValĂ©rie Wolf parle d'expĂ©rimentations impliquant l'exposition Ă  des radiations et Ă  des produits chimiques en lien avec une programmation mentale rĂ©alisĂ©e sur de jeunes enfants et pendant plusieurs annĂ©es.

En l'absence d'autres sources, ces allĂ©gations demeurent sujettes Ă  caution. NĂ©anmoins, le , face Ă  l'accumulation de rĂ©vĂ©lations, le prĂ©sident amĂ©ricain Bill Clinton est contraint de formuler des excuses publiques concernant les expĂ©riences ayant eu lieu sur le sol amĂ©ricain. À cette occasion, de nombreuses archives secrĂštes sont dĂ©voilĂ©es au public.

Bien que l'opinion générale mise en avant par les médias est qu'il n'y a pas de preuves que la CIA (ou qui que ce soit) ait réussi à contrÎler les actes d'une personne à travers les techniques de contrÎle mental testées dans le projet MK-Ultra, plusieurs livres de victimes prétendant avoir survécu à ces expériences et ayant retrouvé la mémoire ont été écrits et publiés dans les années 1990 sans qu'il soit possible de vérifier leurs allégations. Parmi ceux-ci Thanks for the Memories de Brice Taylor et Trance Formation of America de Cathy O'Brien et Mark Philipps.

L'ensemble des expérimentations menées dans et autour de MK-Ultra aurait mené à la rédaction d'un manuel de torture employé par la CIA : le "Kubark".

Postérité

Théories du complot

Le projet MK-Ultra se prĂȘte particuliĂšrement bien aux thĂ©ories du complot du fait de son statut paralĂ©gal trĂšs ambigu, de ses sujets d'expĂ©riences qui impliquent des enfants, des prostituĂ©es et des droguĂ©s, du fait que la plupart des documents officiels sur ces expĂ©riences ont Ă©tĂ© dĂ©truits par le directeur de la CIA Richard Helms en 1973, du profil controversĂ© de plusieurs personnalitĂ©s liĂ©es au projet et surtout de son but avouĂ© de manipulation mentale.

Il existe des théories du complot prétendant que le projet MK-Ultra et l'assassinat de Robert F. Kennedy seraient liés. Certains mettent en avant le fait que l'assassin Sirhan Bishara Sihran était contrÎlé mentalement, mais en général ces théories n'ont pas été retenues en raison d'un manque de preuves concrÚtes. Cependant, ces idées sont de plus en plus répandues, surtout depuis le témoignage de Sirhan Bishara Sirhan, via son avocat Lawrence Teeter, divulgué le dans un entretien[114].

Donald D. DeFreeze de l'ArmĂ©e de libĂ©ration symbionaise aurait pu ĂȘtre une victime de ce programme, expliquant ses crimes[115] ; ainsi que les membres de la « famille » de Charles Manson d'aprĂšs Adam Gorightly dans son livre The Shadow Over Santa Susana.

Une autre thĂ©orie impliquerait que Bill Clinton ait Ă©tĂ© sous manipulation mentale et ainsi contrĂŽlĂ© Ă  de multiples reprises, de mĂȘme que Barbara Bush.

Ce projet est également évoqué par des partisans de la théorie du complot au sujet de la fusillade d'Aurora[116].

Fritz Springmeier Ă©labore une sorte de macro-thĂ©orie du complot dans laquelle le projet MK-Ultra (ou plus prĂ©cisĂ©ment un de ses sous-projets, le projet Monarch) jouerait un rĂŽle central dans l'agenda du nouvel ordre mondial. Selon cette thĂ©orie, les connaissances acquises grĂące Ă  MK-Ultra seraient dĂ©sormais mises en Ɠuvre dans l'industrie mĂ©diatique et culturelle afin d'influencer les masses, la manipulation mentale Ă©tant suggĂ©rĂ©e ou communiquĂ©e symboliquement dans de nombreuses Ɠuvres en particulier au cinĂ©ma et dans les clips musicaux qui agiraient comme prĂ©paration ou acclimatation des masses Ă  la manipulation mentale au profit d'une petite Ă©lite sans scrupule.

Films inspirés de MK-ULTRA

Dans les années 1970 se développe le « Nouvel Hollywood » dont plusieurs films sont inspirés par la symbolique et les thÚmes « MK-ULTRA », ce que certains critiques appellent le « cinéma du complot » ou le « cinéma paranoïaque »[117] - [118].

Documentaires télévisés

  • Les Cobayes de la CIA de Olivier Pighetti, sorti en 2015.
  • Wormwood (2017) est une mini-sĂ©rie documentaire rĂ©alisĂ©e par Errol Morris sur les circonstances entourant la mort de Franck Olson[112] - [119].
  • Des Bourreaux aux mains propres de Auberi Edler, diffusĂ© en 2019[120].

Séries télévisées

  • Dans la sĂ©rie d'animation Lupin III: A Woman called Mine Fujiko (2012), rĂ©alisĂ©e par Sayo Yamamoto, de nombreuses expĂ©rimentations semblables Ă  celles du projet sont au cƓur de l'intrigue.
  • La mini-sĂ©rie The Sleep Room (1998) rĂ©alisĂ©e par Anne Wheeler est basĂ©e sur les expĂ©rimentations canadiennes du projet.
  • Dans l'Ă©pisode 5 de la saison 2 de la sĂ©rie Fringe de J. J. Abrams en 2009, Walter Bishop aurait eu un rĂŽle dans ce projet, affirmant qu'Ă  l'Ă©poque tout le monde pensait que le LSD et l'hypnose les mĂšneraient au but (00:19:36).
  • Dans l'Ă©pisode 11 de la sĂ©rie Alphas diffusĂ© en 2011, une taupe dans le groupe des Alphas aurait donnĂ© des copies du dossier MK-ULTRA.
  • Stranger Things (2016) lie le projet Ă  son intrigue dans ses 4 saisons. Le personnage principal de cette sĂ©rie, produite par les frĂšres Duffer et diffusĂ©e sur Netflix, est une jeune fille nommĂ©e Onze (ou Elfe) qui possĂšde de puissants pouvoirs de tĂ©lĂ©kinĂ©sie. Cette derniĂšre, ainsi que d'autres enfants possĂ©dant des habilitĂ©s similaires, sont Ă©tudiĂ©s au sein d'un laboratoire et sont le sujet d'expĂ©rimentations scientifiques.
  • L'Ă©pisode 8 de la saison 7 de la sĂ©rie d'animation Archer, diffusĂ© le sur FX, Ă©voque le projet.
  • Manhunt: Unabomber (2017), diffusĂ©e sur Netflix, est centrĂ©e sur le parcours criminel de Theodore Kaczynski, une des victimes du projet.
  • Dans l'Ă©pisode 4 de la saison 2 de la sĂ©rie Blacklist, rĂ©alisĂ©e par Jon Bokenkamp, le projet est mentionnĂ© par le directeur de l'unitĂ© spĂ©ciale du FBI, qui parle d'un sous-projet 7 en lien avec l'activation d'une prĂ©disposition gĂ©nĂ©tique au combat et Ă  la violence.

Littérature de fiction

  • Robert Ludlum (trad. Jean Rosenthal), Jason Bourne - Trilogie, Librairie gĂ©nĂ©rale française, , 1960 p. (EAN 978-2253119920)
  • Franck Thilliez, Le syndrome E, Fleuve Noir, , 430 p. (ISBN 2265087297)
  • Maxime Chattam, Le Signal, Albin Michel, , 752 p. (ISBN 2226319484)
  • Martin Michaud, Je me souviens, QuĂ©bec Loisirs, coll. « Les enquĂȘtes de Victor Lessard », , 633 p. (ISBN 978-2896661954)
  • Sandrone Dazieri (trad. Delphine Gachet), Tu tueras le pĂšre, Robert Laffont, coll. « La BĂȘte noire », , 552 p. (ISBN 2221146743)
  • Nicolas Beuglet, Le cri, XO Éditions, , 494 p. (ISBN 2845638205)
  • James Barnaby, À fleur de peau, France Loisirs, (ISBN 2298137072). Un personnage clĂ© du livre utilise des dechniques de manipulation mentale liĂ©es au projet.
  • Vincent Hauuy, Le tricycle rouge, Hugo & Cie, coll. « Hugo Thriller », , 552 p. (ISBN 2755633425)
  • Marc Dugain, Ils vont tuer Robert Kennedy, Gallimard, , 400 p. (ISBN 2072697107). Pour l'auteur de ce roman, l'assassin de Robert Kennedy aurait Ă©tĂ© l'objet de manipulations mentales dans le cadre du projet MK-ULTRA.
  • Stephen King, L'Institut, Albin Michel, , 608 p. (ISBN 2226443274). Dans ce roman, des enfants sont kidnappĂ©s et conditionnĂ©s dans une institution secrĂšte afin d'ĂȘtre rĂ©duits Ă  l'Ă©tat d'armes parapsychiques. L'assassinat de John Kennedy y est Ă©voquĂ© comme un prĂ©cĂ©dent succĂšs de l'opĂ©ration, semblable au projet.

Musique

  • MK Ultra est un groupe punk de fastcore situĂ© Ă  Chicago (1993-2000).
  • Le clip de Sunset (Bird of Prey) (2000) de Fatboy Slim reprĂ©sente un pilote d'avion de chasse sous l'emprise d'une drogue. Des images subliminales de son dossier militaire sont montrĂ©es Ă  la fin du clip avec la rĂ©fĂ©rence "MKULTRA".
  • MK Ultra (2007) est une chanson du groupe Black Rebel Motorcycle Club.
  • MK Ultra est la cinquiĂšme piste de l'album Quarantine (en) de la musicienne amĂ©ricaine Laurel Halo, sorti en 2012.
  • MK Ultra est un groupe de rock anti-communiste allemand.
  • MK Ultra est la septiĂšme piste de l’album The Resistance du trio britannique Muse, sorti en 2009.
  • MK Ultra est la deuxiĂšme piste de l'album Juggernaut: Alpha du groupe Periphery, sorti en 2015.
  • MK Ultra est un single d'Unwound paru en 1994 chez Kill Rock Stars.
  • Le projet MK Ultra est referencĂ© par VALD dans Ce monde est cruel, un des titres de son album Ă©ponyme
  • MK Ultra est une chanson sur l'album Nibiru d'Osirus Jack sorti en 2019.
  • MK Ultrap est un EP/jeu-vidĂ©o pour smartphones de Graams sorti en 2020.

Jeux vidéo

  • Dans le jeu de rĂŽles Conspiracy X (2006), MKULTRA est une des organisations que les joueurs peuvent choisir.
  • Call of Duty: Black Ops (2010) s'inspire directement de la thĂ©orie du complot selon laquelle l'assassin du prĂ©sident Kennedy serait une victime du projet MK-ULTRA.
  • The Secret World, dĂ©veloppĂ© par Funcom en 2012, fait rĂ©fĂ©rence au projet via le Dr Charles Zurn.
  • Outlast, crĂ©Ă© par Red Barrels en 2013, s'inspire du projet MK-Ultra.
  • Dans Dead by Daylight, dĂ©veloppĂ© par Behaviour Interactive en 2016, le chapitre nommĂ© "Spark of Madness" rĂ©vĂšle le personnage d'Herman "Le Docteur" Carter aurait travaillĂ© sur le projet.
  • Dans Mafia 3 (2016), le personnage de Donovan a fabriquĂ© une seringue de LSD Ă  partir d'une formule secrĂšte qui provient du projet.
  • Unheard (2019) est un jeu d'enquĂȘte et d'Ă©nigme dont le retournement de situation final repose sur un programme de lavage de cerveau semblable au projet, bien que celui-ci ne soit pas mentionnĂ©. Un des personnages explique que le terroriste Theodore Kaczynsky en aurait Ă©tĂ© un des cobayes, ce qui permet un parallĂšle avec le vĂ©rtibale projet dont Kaczynsky a Ă©tĂ© victime[79] - [121] - [122].
  • Dans Call of Duty: Black Ops Cold War (2020), les techniques du projet sont utilisĂ©es sur le personnage de Bell, afin de le lier Ă  la CIA.

Notes et références

  1. Stuart Ewen, Consciences sous influences : Publicité et génÚse de la société de consommation, Aubier, , 240 p. (ISBN 9782700703092)
  2. Edward L. Bernays (trad. Oristelle Bonis), Propaganda : Comment manipuler l'opinion en démocratie, Zones, (1re éd. 1928), 144 p. (ISBN 2355220018)
  3. Marks 1979, p. 5-8.
  4. Lee et Shlain 1985, p. 13-16.
  5. (en) Alfred W. McCoy, « Science in Dachau's shadow: Hebb, Beecher, and the development of CIA psychological torture and modern medical ethics », Journal of the History of the Behavioral Sciences, Vol. 43(4), 401–417,‎ (lire en ligne)
  6. (en) John M. Crewdson et Jo Thomas, « Files Show Tests For Truth Drug Began in O.S.S. », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  7. (en) « Rapport sur le matériel BLUEBIRD/ARTICHOKE », CIA-RDP81-00261R000300050005-3 [PDF], sur cia.gov, déclassifié le 1er mai 2002
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Annexes

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Ouvrages utilisĂ©s pour la rĂ©daction de l'article Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

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  • (en) Martin A. Lee et Bruce Shlain, Acid Dreams : The Complete Social History of LSD: The CIA, The Sixties, and Beyond, Grove Press, , 268 p. (ISBN 0-802-13062-3)
  • (en) Alfred W. McCoy, A Question of Torture : CIA Interrogation, from the Cold War to the War on Terror, Metropolitan Books, , 290 p. (ISBN 0805080414)
  • (en) Stephen Kinzer, Poisoner In Chief : Sidney Gottlieb and the CIA Search for Mind Control, Henry Holt & Company Inc, , 368 p. (ISBN 1250140439)

Ouvrages sur le mĂȘme thĂšme

  • (en) Walter Bowart, Operation Mind Control : Our Secret Governments's War Against Its Own People, Dell Publishing, (ISBN 0440167558)
  • (en) Anne Collins, In the Sleep Room : The Story of CIA Brainwashing Experiments in Canada, Lester & Orpen Dennys, , 272 p. (ISBN 978-0886191986)
  • Gordon Thomas, EnquĂȘte sur les manipulations mentales : les mĂ©thodes de la CIA et des terroristes, Albin Michel, , 428 p. (ISBN 2226037802)
  • Gordon Thomas, Les armes secrĂštes de la CIA : Tortures, manipulations et armes chimiques, Nouveau Monde, , 455 p. (ISBN 978-2847361742)
  • (en) Hank P. Albarelli, A Terrible Mistake : The Murder of Frank Olson and the CIA's Secret Cold War, Trine Day, , 912 p. (ISBN 978-0977795376)
  • Alexandre Grigoriantz, La manipulation mentale au service du renseignement, Trajectoire, , 252 p. (ISBN 2841976076)

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