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Projet MKNAOMI

MK-NAOMI (ou MKNAOMI) est le nom de code d'un programme secret de la Central Intelligence Agency (CIA) et du Corps chimique de l'armée des États-Unis, au sein duquel le bureau des services techniques de la CIA (TSS) et la division des opérations spéciales de l'armée (SOD) ont collaboré pour « étudier si et comment il était possible de modifier le comportement d'un individu par des moyens secrets ».

Origines

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses recherches en matière de guerre biologique débutent aux États-Unis. Dans un contexte de Guerre froide, la manipulation mentale est aussi un domaine qui intéresse de plus en plus le monde du renseignement. En 1943, une première équipe de scientifique est mobilisée au sein de l'U.S. Army Biological Warfare Laboratories (USBWL), pour y développer le programme d'armement biologique américain. Pour expérimenter les substances et les moyens de les utiliser, la division des opérations spéciales (SOD) est créée à Fort Detrick, et placée sous la supervision du lieutenant-colonel Vincent Ruwet et du Dr John Schwab[1] - [2].

En 1949 et 1950, la CIA met en place son premier projet sur les techniques d'interrogatoire et l'utilisation d'agents chimiques. Ne disposant pas du matériel et des systèmes opérationnels nécessaires, les équipes du projet BLUEBIRD sont soutenues par les scientifiques du SOD dès les premières expérimentations de l'agence[2] - [3] - [4]. Cette collaboration entre le SOD et le bureau des services techniques (TSS) est entérinée par un accord en 1952, permettant à l'armée des États-Unis d'apporter son expertise opérationnelle[5] - [6]. En 1953, le directeur de la CIA Allen Dulles approuve le projet MK-ULTRA, auquel est intégré le désormais sous-projet MK-NAOMI. Selon plusieurs auteurs, l'appellation du programme est une référence à la secrétaire du Dr Harold Abramson, Naomi Busner[2] - [4].

Généralités

Objectifs

Dans le cadre du programme, les scientifiques du SOD et du TSS ont pour mission principale le développement d'un arsenal de substances toxiques pouvant être utilisées lors des opérations de l'agence. Une note interne résume ainsi les objectifs en 1967[5] - [6] - [7] :

  • Fournir une base de soutien secrète pour rĂ©pondre aux besoins opĂ©rationnels clandestins.
  • Stocker des matĂ©riaux sĂ©vèrement incapacitants et lĂ©taux pour l'usage spĂ©cifique du TSS.
  • Maintenir en Ă©tat de prĂ©paration opĂ©rationnelle des Ă©quipements spĂ©ciaux et uniques pour la dissĂ©mination de matĂ©riaux biologiques et chimiques.
  • Assurer la surveillance, les essais, l'amĂ©lioration et l'Ă©valuation nĂ©cessaires des matĂ©riaux et des Ă©quipements afin de garantir l'absence de dĂ©fauts et la prĂ©visibilitĂ© complète des rĂ©sultats Ă  attendre dans des conditions opĂ©rationnelles.

Activités

D'après le livre A Terrible Mistake de H. P. Albarelli Jr, publié en 2009, l'affaire de Pont-Saint-Esprit en 1951 serait une application du projet MKNAOMI[8] - [9].

Fin du projet

À l'instar du programme d'armement biologique et chimique américain, les activités du projet sont brusquement arrêtées en 1969. Peu après son investiture, le président Richard Nixon ordonne la destruction de tous les agents biologiques détenus par les forces armées. Quelques mois plus tard, le , cette décision est étendue à l'ensemble du matériel chimique, marquant la fin de MK-NAOMI[5] - [6] - [10].

Références

  1. (en) Jeremy Kuzmarov, « There’s Something Rotten in Denmark : Frank Olson and the Macabre Fate of a CIA Whistleblower in the Early Cold War, », Class, Race and Corporate Power, vol. 8,‎ (DOI 10.25148/CRCP.7.2.008926, lire en ligne [PDF])
  2. Albarelli 2009, p. 98-110.
  3. (en) John D. Marks, The Search for the Manchurian Candidate : The CIA and Mind Control, Time Books, , 162 p. (ISBN 0-8129-0773-6), p. 41
  4. Kinzer 2019, p. 61-66.
  5. (en) « Rapport de la commission Church sur les opérations des agences gouvernementales de renseignement », sur aarclibrary.org, U.S. Government Printing Office, , p. 360-363
  6. (en) Nicholas M. Horrock, « Colby Describes C.I.A. Poison Work », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  7. Kinzer 2019, p. 38-48.
  8. Complots et Dossiers Secrets, no 1, décembre 2008, La CIA et le contrôle de l'esprit : Le programme MK-ULTRA, par Pierre Sumac, p.38 à 45
  9. http://www.dod.mil/pubs/foi/02-A-0846RELEASE.pdf
  10. Kinzer 2019, p. 199-206.

Annexes

Bibliographie

  • (en) Hank P. Albarelli, A Terrible Mistake : The Murder of Frank Olson and the CIA's Secret Cold War, Trine Day, , 912 p. (ISBN 0-9777953-7-3)
  • (en) Stephen Kinzer, Poisoner In Chief : Sidney Gottlieb and the CIA Search for Mind Control, Henry Holt & Company, , 368 p. (ISBN 1250140439)

Articles connexes

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