PĂȘche sous-marine
La pĂȘche sous-marine ou pĂȘche en plongĂ©e, aussi appelĂ©e chasse sous-marine[1] (CSM), est une forme de pĂȘche rĂ©alisĂ©e en plongĂ©e, qui consiste Ă capturer sous l'eau certains poissons et mollusques ainsi qu'Ă prĂ©lever des algues, oursins, crustacĂ©s, Ă©ponges et perles.
La pratique fait l'objet, selon les pays, de rĂ©glementations plus ou moins strictes pouvant aller jusqu'Ă l'interdiction. Rarement autorisĂ©e en scaphandre, cette pĂȘche est typiquement pratiquĂ©e en apnĂ©e (en retenant sa respiration), en bord de mer et jusqu'Ă des profondeurs de 30 mĂštres, avec une arbalĂšte Ă Ă©lastique et un Ă©quipement de plongĂ©e (masque, tuba, palmes...)[2]. Sa pratique est donc soumise aux contraintes spĂ©cifiques Ă la plongĂ©e libre et met en Ćuvre diffĂ©rentes techniques propres Ă cette derniĂšre.
Histoire
Techniques ancestrales de pĂȘche en apnĂ©e
Depuis l'AntiquitĂ© jusqu'Ă notre Ă©poque, dans diffĂ©rentes rĂ©gions du monde, des pĂȘcheurs pratiquaient l'apnĂ©e pour rĂ©colter sous l'eau des crustacĂ©s, des Ă©ponges de mer, des coquillages ou du corail. Le prĂ©lĂšvement systĂ©matique de coquillages est attestĂ© dans l'Ancien Empire Ă©gyptien (3000 ans avant notre Ăšre) ou en Chine 2000 ans avant notre Ăšre. Les pĂȘcheurs plongeaient avec une grosse pierre pour lest et remontaient en nageant ; ces techniques Ă©taient encore pratiquĂ©es dans les annĂ©es 1970 par les Ama (Japon) qui rĂ©coltaient ainsi des perles[3] ou les Haenyo (CorĂ©e) qui rĂ©coltaient des ormeaux et conques[4].
La pratique est néanmoins trÚs dangereuse et les plongeurs souffrent de traumatismes et maladies dues à la pression : notamment les problÚmes d'oreille, déjà mentionnés par Aristote. Les techniques d'équilibrage des tympans ne seront pas utilisées par les plongeurs avant le XIXe siÚcle[5].
Des pĂȘcheurs utilisaient des flĂšches (arc), des foĂ«nes ou des harpons pour attraper du poisson depuis le bord de l'eau (pĂȘche Ă pied) ou depuis des bateaux. Mais la pĂȘche Ă la nage ou sous l'eau Ă©tait certainement beaucoup plus exceptionnelle ; les pionniers ont peut-ĂȘtre Ă©tĂ© les PolynĂ©siens qui dĂ©veloppĂšrent quelques rares techniques en plongĂ©e[6].
PĂȘche en scaphandre Ă casque (1860-1950)
Durant tout le XIXe siÚcle, les inventions de la cloche de plongée puis du scaphandre à casque (1797) se perfectionnent et sont peu à peu utilisés par les militaires ou pour des travaux sous-marins (construction portuaire, récupération d'épave)[7].
Les français BenoĂźt Rouquayrol et Auguste Denayrouze amĂ©liorent des scaphandres dĂšs les annĂ©es 1860. Ils inventent l'ancĂȘtre du masque de plongĂ©e moderne, « un bonnet en caoutchouc garni de vitres » avant de prĂ©fĂ©rer le casque lourd. Ils crĂ©ent rapidement des sociĂ©tĂ©s d'exploitation sous-marine pour la rĂ©colte d'Ă©ponge de mer en GrĂšce, de corail rouge, d'huĂźtres[8]...
- « [En 1869] Paul Bert annonce 30 morts sur les 300 plongeurs que compte lâarchipel grec, soit 10 % de dĂ©cĂšs auquel il faut ajouter les trĂšs nombreuses paralysies et autres invaliditĂ©s[8]. » â Mascret Vianney
Cette pratique professionnelle se développe à travers le monde, malgré la dangerosité pour les plongeurs, qui travaillent de nombreuses heures par jour et méconnaissent les rÚgles de décompression[8] - [9]. La récolte en scaphandre à casque subsiste jusqu'aux années 1950 (par exemple en GrÚce), avant la généralisation du scaphandre autonome moderne (1943)[10].
Plongée de loisir et progrÚs techniques (1930-1960e)
La pratique de la chasse sous-marine évolue beaucoup à partir du XXe siÚcle avec les progrÚs techniques de l'équipement du plongeur (masque, palme, combinaison, scaphandre autonome...) et des armes (pointes en métal, foëne et arbalÚte à sandow, fusil pneumatique...). Elle devient aussi une activité récréative, considérée comme un loisir ou un sport nautique et son succÚs est à l'origine des autres pratiques de plongée de loisir (plongée à bouteilles, snorkeling).
Dans les années 1920, la chasse sous-marine pratiquée uniquement avec du matériel précaire de construction artisanale devient populaire sur la cÎte méditerranéenne française et italienne, en Californie et en Floride. Ils plongent sans masque et utilisent comme arme de simples pointes (par exemple, une aiguille à tricoter). Cela a conduit au développement du masque de plongée (1937-1938), des palmes (1914-1933), du tuba (1938), de la combinaison de plongée (1951), du propulseur (utilisé par des chasseurs).
Durant ces annĂ©es 1930 apparaissent les premiers clubs de « chasse-plongĂ©e » aux Ătats-Unis (1933) et en France (1935).
Les premiers modÚles d'arbalÚte destinés à la chasse sous-marine apparaissent en France dans ces années 1930 : une arbalÚte à ressort du niçois Kramarenko (1937), une autre à ressort de Maxime Forjot (1938), une flÚche à élastique du marseillais Georges Beuchat (vers 1935) puis son arbalÚte à sandows.
- « Georges Beuchat perfectionna peu Ă peu son engin ; sĂ©parant les sandows du harpon et obtenant un fusil Ă double, triple ou quadruple sandows qu'il fit breveter et mis sur le marchĂ© » â De Latil et Rivoire, 1953[11]
En 1942, Jacques-Yves Cousteau (lui-mĂȘme chasseur) rĂ©alise son premier film documentaire sous-marin : Par dix-huit mĂštres de fond, montrant des parties de chasse sous-marine en MĂ©diterranĂ©e et rĂ©vĂ©lant peut-ĂȘtre pour la premiĂšre fois le spectacle vivant sous-marin[12].
AprĂšs la Seconde guerre mondiale, vers 1945, il y a vraisemblablement un millier de pratiquants loisir de chasse Ă travers le monde[13]. Le matĂ©riel moderne est inventĂ©, produit en masse et dorĂ©navant distribuĂ© par des circuits commerciaux (boutiques de sport, de pĂȘche...).
Sport et Ă©cologie
Ă partir des annĂ©es 1960 et 1970, le loisir de la plongĂ©e en scaphandre autonome se distingue progressivement de celui de la plongĂ©e libre (apnĂ©e) et du loisir de pĂȘche sous-marine : les plongeurs en scaphandre deviennent nombreux et majoritaires, des clubs de plongĂ©e en scaphandre sont crĂ©Ă©s, la pratique en scaphandre s'institutionnalise (moniteurs, diplĂŽmes), l'encadrement se professionnalise et la plongĂ©e scaphandre devient l'enjeu d'un nouveau type de tourisme.
Ă cette Ă©poque Ă©merge Ă©galement une prise de conscience morale et politique de l'Ă©cologie, et notamment le souci de protection du milieu marin contre les activitĂ©s humaines (pĂȘche industrielle, pollution marine). Des critiques trĂšs fortes se dĂ©veloppent ainsi contre les compĂ©titions de chasse sous-marine. Peu Ă peu, ces critiques portent sur toute la pratique de loisir dans les annĂ©es 1980, accusĂ©e de dĂ©peupler les fonds marins ou de concurrencer trop fortement la pĂȘche professionnelle. La chasse de loisir est Ă©galement de moins en moins mĂ©diatisĂ©e dans la presse spĂ©cialisĂ©e[14].
La premiĂšre compĂ©tition internationale est organisĂ©e par la ConfĂ©dĂ©ration internationale de pĂȘche sportive (CIPS) en 1954. Un championnat concurrent est organisĂ© par lâUnion internationale des activitĂ©s sous-marines (UIASM) Ă partir de 1956. En 1958, le championnat de chasse sous-marine prend son autonomie par rapport aux autres disciplines de pĂȘche sportive du CIPS (pĂȘche au coup, au lancer, en mer) : en raison du dĂ©calage avec les autres pratiques de pĂȘche sportive ou bien en raison d'une identification prĂ©fĂ©rĂ©e avec toutes les autres pratiques de plongĂ©e. La ConfĂ©dĂ©ration mondiale des activitĂ©s subaquatiques (CMAS) est ainsi crĂ©Ă© en 1959. Durant les annĂ©es 1960, les tentatives de reconnaissance de la chasse sous-marine comme discipline olympique restent infructueuses[15]. Par la suite deux associations (International Underwater Spearfishing Association[16] et International Bluewater Spearfishing Records Committee[17]) ont pris en charge le recensement des records de prise par espĂšces en suivant des rĂšgles.
Ă partir des annĂ©es 1990, les Ă©tudes scientifiques ont permis d'Ă©valuer les risques et l'impact environnemental de la pĂȘche sous-marine professionnelle, puis Ă partir des annĂ©es 2000 de la pratique de loisir. La pratique en apnĂ©e est considĂ©rĂ©e globalement comme une technique ayant de faibles rĂ©percussions sur l'Ă©cosystĂšme marin, Ă l'identique d'autres techniques de pĂȘche sportive (pĂȘche Ă la ligne), mais sa pratique nĂ©cessite un suivi de la biodiversitĂ©, un encadrement et une rĂšglementation adĂ©quats.
Depuis plusieurs dĂ©cennies, ce loisir est trĂšs peu pratiquĂ© en comparaison d'autres formes de plongĂ©e ou pĂȘche, ou en comparaison d'autres activitĂ©s sportives de loisir. La pratique de loisir n'est pas institutionnalisĂ©e (ni formation, ni diplĂŽmes reconnus, peu d'interlocuteursâŠ). Sa pratique est individualiste, exigeante et relativement risquĂ©e ; de plus elle est (dans de nombreux pays) peu mĂ©diatisĂ©e et mal connue du grand public qui s'en fait souvent une mauvaise image[14].
Pratique de l'activité
Pratique professionnelle et de subsistance
Ă travers le monde, la pĂȘche sous-marine professionnelle est le principal mode de prĂ©lĂšvement de nombreuses ressources halieutiques sĂ©dentaires ou peu mobiles, tels que les algues, oursins, gastĂ©ropodes, mollusques et crustacĂ©s, dans les profondeurs infĂ©rieures Ă 20-30 mĂštres. Ă titre d'exemple, lâessentiel de la pĂȘche mondiale des grands gastĂ©ropodes est rĂ©alisĂ© en plongĂ©e (AmĂ©rique du Nord et latine, Asie, OcĂ©anie...). Ă l'inverse, ce mode de prĂ©lĂšvement professionnel a longtemps Ă©tĂ© interdit en France, malgrĂ© une importante exploitation illĂ©gale[18].
Ă l'Ă©chelle de la pĂȘche mondiale, la chasse sous-marine est trĂšs rarement utilisĂ©e pour la capture des poissons et crustacĂ©s, dans les pays peu industrialisĂ©s autant que dans les pays trĂšs industrialisĂ©s. Pour ces prises, les structures professionnelles privilĂ©gient d'autres techniques (filet, chalut, ligne, casiers...), beaucoup moins dangereuses et permettant un meilleur rendement[18]. La pĂȘche sous-marine des poissons et crustacĂ©s est ainsi pratiquĂ©e plutĂŽt comme revenu complĂ©mentaire (trĂšs belles prises vendues aux touristes et restaurateurs) ou une technique de braconnage (espĂšces interdites de pĂȘche).
De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la pĂȘche sous-marine est une mĂ©thode de pĂȘche qui nĂ©cessite peu d'investissement Ă©conomique ; elle nĂ©cessite surtout de la main d'Ćuvre (plongeurs), ce qui favorise le travail et la mise en place rapide d'Ă©quipes de pĂȘche. Elle permet aussi d'exploiter des zones inaccessibles par d'autres moyens de pĂȘche (chalutiers). Le prĂ©lĂšvement Ă la main assure une grande qualitĂ© des produits (sĂ©lection, mollusques non abimĂ©s) et ainsi une bonne valeur commerciale. Mais l'activitĂ© est dangereuse et fatigante, elle exige une formation technique et une bonne condition physique, et il est difficile d'amĂ©liorer la productivitĂ© et le rendement[18].
Pratique sportive et de loisir
Dans de nombreux pays, la pĂȘche sous-marine est pratiquĂ©e comme un loisir ou un sport, Ă l'identique d'autres formes de pĂȘches sportives ou de plongĂ©e loisir. Pour ces pratiquants, la capture des prises ne reprĂ©sente pas une nĂ©cessitĂ© ou une contrainte permettant d'assurer leur subsistance (nourriture, argent).
Cette pĂȘche est une activitĂ© de passe-temps : c'est un sport ou loisir de pleine nature permettant la dĂ©couverte de la faune et la flore marine, l'amĂ©lioration ou le maintien de la forme physique. Elle est aussi une maniĂšre complĂ©mentaire d'acquĂ©rir les produits de la mer, gĂ©nĂ©ralement destinĂ©s Ă la consommation familiale comme prĂ©paration culinaires traditionnelle ou classique[19].
Cette activitĂ© rĂ©crĂ©ative est souvent rattachĂ©e Ă des organisations de sport ou de pĂȘche loisir, Ă l'exemple des clubs et fĂ©dĂ©rations. Des compĂ©titions existent dans plusieurs pays, mais la majoritĂ© des pratiquants de pĂȘche sous-marine ne sont pas motivĂ©s par cette forme compĂ©titive et n'y participent jamais. De mĂȘme, la mĂ©diatisation de la pratique de loisir auprĂšs du grand public concerne rarement ces compĂ©titions, qui sont souvent perçues nĂ©gativement par le public.
Aspects techniques
Ăquipement
L'Ă©quipement de base pour un chasseur sous-marin est composĂ© d'un masque avec ou sans tuba et de l'arme de chasse, gĂ©nĂ©ralement une arbalĂšte. C'est souvent avec ce matĂ©riel minimum qu'opĂšrent les pĂȘcheurs autochtones des Ăźles tropicales.
Un pĂȘcheur sous-marin cherchant Ă optimiser ses plongĂ©es s'Ă©quipera en outre de palmes, d'une combinaison isotherme, d'un lest (ceinture de plombs, baudrier, plombs de cheville), d'un couteau ou une dague, et d'une bouĂ©e avec un pavillon de plongĂ©e pour signaler sa prĂ©sence. Un accroche-poisson et un moulinet pour rĂ©sister aux grosses prises viennent complĂ©ter l'Ă©quipement type d'une pratique de loisir[20].
Dans certaines conditions un Ă©quipement spĂ©cifique peut ĂȘtre employĂ©. Pour rejoindre un lieu de chasse Ă©loignĂ© du bord (et transporter plus de matĂ©riel), le pratiquant peut utiliser un bateau Ă moteur (un canot pneumatique par exemple), une embarcation Ă propulsion humaine (kayak de mer) ou une planche de chasse[20]. Une lampe torche Ă©tanche permet de pratiquer la nuit ou d'explorer plus efficacement les anfractuositĂ©s rocheuses ; son emploi est interdit dans de nombreux pays, comme la chasse sous marine de nuit en gĂ©nĂ©ral[20]. Un baliseur (bobino en italien), petit lest reliĂ© Ă un flotteur, permet de marquer un trou ou un emplacement profond[20]. On peut Ă©galement utiliser une gueuse, c'est-Ă -dire un poids que l'on tient Ă la main pour descendre et que l'on aura prĂ©alablement accrochĂ© Ă un fil reliĂ© Ă la surface, laquelle est larguĂ©e une fois la descente terminĂ©e. Une montre (avec chronomĂštre et profondimĂštre) ou un ordinateur de plongĂ©e, permet de vĂ©rifier le temps de plongĂ©e et la profondeur. Pour la chasse des grands poissons pĂ©lagiques (thon, espadon...), un leurre brillant (baron) permet d'attirer le poisson.
Selon les rÚglementations, l'usage d'un scaphandre (autonome ou à narguilé) améliore les capacités de plongée. Un propulseur de plongée facilite le repérage ou le déplacement de chasse en profondeur.
Armement et outils de prélÚvement
Pour la capture du poisson, l'armement le plus commun est une arbalÚte à cùbles élastiques (sandow), parfois nommée « fusil harpon », munie d'une poignée et d'une gùchette. Elle a une portée relativement courte, typiquement de 2 mÚtres à moins de 5 mÚtres[21].
Un autre type d'arme est le fusil pneumatique, qui propulse la flÚche avec la force de l'air comprimée par le chasseur (ou une cartouche). L'arbalÚte dite « hawaïenne », parfois utilisée en Amérique du Nord, est un simple tube muni d'un élastique (parfois d'une crosse) dans lequel glisse la flÚche. La foëne à élastique ou « lance hawaïenne » (polespear en anglais') est une longue flÚche munie d'un élastique que le chasseur enfile autour de sa main ou son poignet ; elle est notamment utilisée dans certains pays interdisant les arbalÚtes (Bahamas).
Le projectile (flĂšche) est un long tube ou fĂ»t muni d'une pointe mĂ©tallique Ă son extrĂ©mitĂ©. La pointe droite, dite « hawaĂŻenne » ou « tahitienne », gĂ©nĂ©ralement en inox ou galvanisĂ© avec un diamĂštre de 6 Ă 7 mm, est munie d'un ardillon mobile qui se relĂšve pour empĂȘcher le poisson de se dĂ©tacher. La pointe multiple (peigne) est une fourche avec trois (trident) Ă cinq dents, utilisĂ©e par exemple pour les poissons aux chairs fragiles ou pour Ă©viter d'enrager la flĂšche (la coincer entre des roches)[22]. Pour les gros poissons, la flĂšche peut ĂȘtre reliĂ©e au fil d'un moulinet (fixĂ© Ă l'arbalĂšte ou Ă la ceinture), permettant de donner du mou (pour Ă©viter la casse du fil) et de ramener le poisson depuis la surface.
Pour la chasse de trĂšs gros poissons (thon, thon Ă dents de chien, marlin...), la pointe peut ĂȘtre dĂ©tachable. De plus, la flĂšche ne sera pas reliĂ©e Ă un moulinet mais Ă une « ligne flottante » (floatline) constituĂ©e d'un cordage rĂ©sistant et reliĂ©e Ă un « cĂąble amortisseur » (bungee) et Ă une ou plusieurs bouĂ©es gonflables ou rigides (pouvant parfois supporter l'immersion jusqu'Ă 100 mĂštres). Ce type de montage permet de retenir et fatiguer les poissons pĂ©lagiques qui cherchent Ă fuir en grande profondeur[23].
Le prĂ©lĂšvement (crustacĂ©s, mollusques) est rĂ©alisĂ© le plus frĂ©quemment Ă la main. Selon les rĂšglementations et espĂšces visĂ©es, il peut aussi ĂȘtre rĂ©alisĂ© avec un crochet (crustacĂ©s, poulpe), une griffe (moules), une fourche (palourde), un couteau (oursin) ou bien parfois des engins de rĂ©colte (coupe algues, suceuse)[18].
Techniques de chasse
Les compétences techniques du chasseur comprennent la connaissance de la cartographie et géographie maritime (profondeurs, type de fond), le déplacement et l'orientation à la surface de l'eau (palmage, amer), la connaissance du biotope marin (habitude des espÚces de poisson...) pour faciliter le repérage des meilleurs lieux de chasse[20].
Le chasseur doit maitriser la technique du plongeon canard. Il doit aussi se déplacer avec discrétion (bruits, mouvements) pour ne pas inquiéter ou faire fuir les poissons[20].
Les techniques d'approches courantes pour réussir à harponner le poisson sont[20] :
- la coulée, en descendant directement de la surface vers le poisson ;
- l'agachon, qui revient à se mettre à l'affût, immobile, couché sur le fond ou caché derriÚre un relief ;
- la chasse à trou, en allant chercher le poisson réfugié dans les trous et failles des rochers ;
- la chasse Ă l'indienne, qui consiste Ă surprendre le poisson en nageant lentement prĂšs de la surface ou du fond. La chasse Ă la dĂ©rive est une variante oĂč le dĂ©placement est rĂ©alisĂ© en se laissant dĂ©river dans une zone de forts courants.
Le chasseur peut utiliser certaines tactiques, comme le blocage des sorties d'un trou, le recul ou les appels sonores pour attirer le poisson. Quand le poisson est Ă portĂ©e de tir, le chasseur doit correctement viser avant de tirer. Si le poisson n'a pas Ă©tĂ© paralysĂ© ou tuĂ© immĂ©diatement par la flĂšche, le chasseur doit gĂ©rer correctement la phase de « combat » (oĂč le poisson cherche Ă fuir ou se libĂ©rer de la flĂšche), tout en veillant Ă sa propre sĂ©curitĂ© (remonter pour respirer). Le chasseur abrĂšge le combat par la mise Ă mort du poisson, gĂ©nĂ©ralement en piquant le cerveau Ă travers les ouĂŻes, Ă l'aide d'une pointe ou d'un couteau[20].
Le chasseur peut éventuellement « vider » le poisson (retirer les viscÚres) et l'écailler, en vue de sa conservation ou sa préparation culinaire[19].
Difficultés et risques
La chasse sous-marine est une activitĂ© relativement dangereuse, qui nĂ©cessite une formation solide et des aptitudes physiques spĂ©cifiques[18]. Elle expose le pratiquant Ă diffĂ©rents risques pour sa vie et sa santĂ©, occasionnĂ©s par l'usage inadĂ©quat du matĂ©riel, les conditions extĂ©rieures, ses capacitĂ©s physiques et son comportement. En raison de ces risques, il est parfois conseillĂ© de pratiquer la chasse d'apnĂ©e en binĂŽme, pour que celui qui reste en surface surveille la plongĂ©e de son partenaire et soit prĂȘt Ă intervenir en cas de difficultĂ©[20].
Conditions extérieures
La mĂ©connaissance du pratiquant de ses capacitĂ©s physiques et des conditions de mer peuvent ĂȘtre un risque. Les vagues, le courant, la tempĂ©rature de l'eau, l'Ă©loignement du bord et la configuration des fonds peuvent amener le pratiquant Ă s'Ă©puiser, se perdre, ĂȘtre projetĂ© sur les rĂ©cifs et risquer la noyade.
La circulation des bateaux est un risque important de collision et noyade pour le chasseur, gĂ©nĂ©ralement peu visible lorsqu'il nage en surface (combinaison sombre, mer agitĂ©e). Pour prĂ©venir ce risque, le pratiquant peut rester Ă proximitĂ© d'une bouĂ©e ou d'une embarcation munie d'un pavillon de plongĂ©e. La bouĂ©e est obligatoire dans la plupart des rĂ©glementations. Les tubas de pĂȘche ont frĂ©quemment un bout trĂšs visible (orange fluo) pour faciliter le repĂ©rage du plongeur a proximitĂ© de sa bouĂ©e.
Le relief sous-marin (corail, anfractuositĂ©s, Ă©paves), les lignes et filets de pĂȘche peuvent occasionner des coupures et plaies ou bien devenir des piĂšges mortels pour le chasseur qui se trouverait immobilisĂ©. Le port d'un couteau facilement accessible est conseillĂ©, pour pouvoir dĂ©couper un filet ou une ligne qui retiendrait le pĂȘcheur. De mĂȘme certaines crĂ©atures marines peuvent occasionner des blessures (mĂ©duse, requin, murĂšne, raie...), tout comme les rĂ©actions des grands poissons flĂ©chĂ©s.
Usage du matériel
Un mauvais maniement de l'arbalĂšte est un risque pour le pratiquant (ou ses Ă©quipiers) d'ĂȘtre victime d'un tir accidentel de flĂšche. L'Ă©quipement (ceinture de leste, accroche-poisson) peut aussi se coincer dans la roche et empĂȘcher le pratiquant en apnĂ©e de remonter rapidement Ă la surface. Une combinaison inadaptĂ©e Ă la tempĂ©rature de l'eau est un risque d'hypothermie et d'Ă©puisement pouvant conduire Ă la noyade.
Pour le chasseur plongeant en scaphandre, les problÚmes techniques avec le matériel respiratoire sont un risque de noyade, d'accident toxique (narcose à l'azote, hyperoxie...), d'accidents de décompression.
Condition physique
L'apnĂ©e de chasse est souvent courte et rĂ©pĂ©tĂ©e puisque les sorties de chasse peuvent durer plus de 5 heures. Le principal risque de l'apnĂ©e est la syncope (perte de connaissance) ou la « samba[24] » (convulsions dĂ©sordonnĂ©es) liĂ©es Ă la carence d'oxygĂšne, qui en elles-mĂȘmes ne sont pas dangereuses mais qui peuvent entraĂźner la noyade quand elles apparaissent dans l'eau.
Les causes de la syncope en apnĂ©e sont gĂ©nĂ©ralement une durĂ©e d'apnĂ©e trop prolongĂ©e ou une hyperventilation prĂ©alable (grandes inspirations rĂ©pĂ©tĂ©s avant de plonger). L'hyperventilation fausse le « systĂšme d'alarme » liĂ©e Ă l'augmentation du taux de gaz carbonique dans le sang, qui n'alertera pas le plongeur du besoin pressant de respirer (hypocapnie). L'hyperventilation est ainsi une technique d'apnĂ©e vivement dĂ©conseillĂ©e. La syncope peut aussi ĂȘtre causĂ©e par une remontĂ©e rapide depuis les profondeurs provoquant une variation brutale de la pression partielle d'oxygĂšne dans les poumons (voir Rendez-vous syncopal des sept mĂštres).
La syncope peut exceptionnellement avoir d'autres causes : sollicitation du sinus carotidien (cou Ă©tirĂ©), hydrocution, hypothermie... Les autres risques (en apnĂ©e ou en scaphandre) sont les barotraumatismes (avec risques de noyade par dĂ©sorientation), le reflux gastro-Ćsophagien (causĂ© par la position « tĂȘte en bas »), les malaises hypoglycĂ©miques, les crampes musculaires (palmage), la maladie de dĂ©compression (pour les plongĂ©es rĂ©pĂ©tĂ©es en profondeur).
Compétition sportive
Les compĂ©titions sportives de chasse sous-marine sont de plusieurs types : les compĂ©titions individuelles et les compĂ©titions par Ă©quipe, avec un dĂ©placement Ă la palme (depuis le bord) ou en bateau. Les participants ont quelques jours pour repĂ©rer des zones de pĂȘche, puis ils chassent pendant un temps limitĂ© (par exemple 5 heures par jour sur 2 jours).
Les scores se calculaient en fonction du nombre et du poids des prises, mais à la suite des critiques sur l'éthique des compétitions, les rÚgles s'orientent de plus en plus vers des scores basés sur la qualité et la diversité des prises[25]. Actuellement celles-ci sont souvent limitées en nombre, pour chaque espÚce ou groupe d'espÚces, avec des rÚgles sur la taille minimale des prises souvent plus restrictives que les mailles légales.
La premiÚre compétition internationale (euro-africaine) de chasse sous-marine a lieu en 1954 à Sestri Levante (Italie)[26]. Les compétitions mondiales de chasse sous-marine sont organisées par la CMAS[27]. Des championnats du monde et d'Europe ont lieu tous les deux ans.
Les compĂ©titions amĂ©lioreraient les compĂ©tences individuelles et les techniques de chasse, en faisant Ă©merger une Ă©lite parmi les chasseurs. De mĂȘme, elles favoriseraient les progrĂšs techniques du matĂ©riel.
Les records mondiaux sur les plus grands poissons pĂȘchĂ©s sont homologuĂ©s par l'USOA et l'IBSRC. L'action de chasse, du tir jusqu'Ă la mise Ă mort du poisson, doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©es sans l'assistance d'autres plongeurs ou d'un bateau. Citons pour exemples, un thon rouge du Nord de 297 kilos pĂȘchĂ© en 1997 prĂšs de l'Ăźle Pico (Açores), un thon rouge du Pacifique de 180 kg en 1982 Ă l'Ăźle Guadalupe (Mexique), un marlin rayĂ© de 157 kg pĂȘchĂ© en 2004 en Nouvelle-ZĂ©lande, un thon Ă dents de chien de 91 kg pĂȘchĂ© en 2006 en IndonĂ©sie, un grand barracuda de 29,4 kg pĂȘchĂ© en 2005 au Japon, un mĂ©rou brun de 35 kg en 2002 au BrĂ©sil, un bar europĂ©en de 9,8 kg pĂȘchĂ© en 2012 en GrĂšce[28].
Impact environnemental
L'impact environnemental de la chasse sous-marine est trĂšs difficile Ă dĂ©terminer de maniĂšre globale : les situations sont extrĂȘmement variables selon les zones maritimes et les pays, selon les techniques employĂ©es (scaphandre, apnĂ©e, de nuit), les espĂšces visĂ©es (poisson, crustacĂ©, coquillage), les ressources halieutiques disponibles, la concurrence d'autres pratiques de pĂȘche (chalutage, pĂȘche de loisir), les diffĂ©rences de rĂšglementation, etc. De plus, les Ă©tudes scientifiques spĂ©cifiques sont rares et rĂ©centes, et la question de l'impact environnemental et des pratiques de pĂȘche est aussi un enjeu politique et Ă©conomique.
Selon une Ă©tude sur l'impact des pĂȘches en Martinique[30], la chasse sous-marine (amateur et professionnelle) peut avoir un impact nĂ©gatif sur l'Ă©cosystĂšme marin, selon les modalitĂ©s de sa pratique.
Par exemple, dans la zone Ă©tudiĂ©e, l'impact de la chasse sous-marine en apnĂ©e Ă©tait estimĂ© « modĂ©rĂ© ». En comparaison d'autres techniques de pĂȘche (filet, drague, chalut), la pĂȘche sous-marine en apnĂ©e ne cause pas de destruction de l'habitat et parce qu'elle est extrĂȘmement sĂ©lective (espĂšce et taille), elle ne cause pas la mort des individus non sĂ©lectionnĂ©s : elle engendre ainsi de « faibles perturbations[18] » de l'Ă©cosystĂšme et son impact est comparable Ă la pĂȘche Ă la ligne ou au casier[18] - [30].
Contrairement aux idĂ©es reçues, le rendement moyen de la chasse en apnĂ©e de jour (de l'ordre de 1 kg par heure) et la biomasse extraite (sur l'annĂ©e) sont sensiblement Ă©quivalents Ă d'autres techniques de pĂȘche sportive Ă la ligne (incluant les appĂąts et rejets)[31]. Et l'impact environnemental du braconnage par chasse sous-marine serait beaucoup moins prĂ©judiciable que certaines pratiques contestables (ou illĂ©gales) des marins-pĂȘcheurs (chalutage cĂŽtier interdit, pĂȘche sur frayĂšre, dragage de coquillage, dĂ©passement des quotas...).
Ă l'inverse, la chasse des poissons en scaphandre autonome est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©e comme trĂšs prĂ©judiciable aux Ă©cosystĂšmes parce qu'elle provoquerait une rapide diminution de certaines espĂšces de poissons. Cette pratique est ainsi interdite dans la majoritĂ© des rĂ©gions du monde[32]. De mĂȘme, la chasse de nuit aurait un rendement trĂšs supĂ©rieur Ă la chasse de jour[31] ; cette pratique est aussi interdite dans une majoritĂ© de pays.
Mais la chasse en apnĂ©e exerce nĂ©anmoins une forte pression sur certaines espĂšces trĂšs prisĂ©es (comme les grands prĂ©dateurs), et cette pression est d'autant plus forte que de nombreuses personnes peuvent pratiquer la chasse[30]. Comme exemples, la forte pression de la pĂȘche sous-marine sur le barracuda en Martinique (certains bancs ont Ă©tĂ© dĂ©cimĂ©s en 2 annĂ©es)[30], sur le mĂ©rou[33] et l'oursin violet en MĂ©diterranĂ©e, l'abalone chilienne[18] ou trois espĂšces de poissons des rĂ©cifs au Chili[29]. Selon les scientifiques, la pĂȘche sous-marine pourrait ainsi conduire Ă l'extinction de certaines espĂšces[30] ; ce risque est d'autant plus important que certaines zones de pĂȘche sous-marine sont inaccessibles Ă la pĂȘche industrielle et constituent ainsi des rĂ©serves de repeuplement[18].
Parmi les effets négatifs sont également mentionnés le manque de sélection rigoureuse des proies par des chasseurs amateurs (qui cherchent à tout prix à faire quelques prises), le dérangement occasionné par la présence du chasseur, la dégradation des fonds trÚs fragiles (coups de palme, agrippements)[30].
Suivi et rĂšglementation
L'impact de la chasse sous-marine de loisir, comme de toutes les autres pĂȘches de loisir, est encore trĂšs mal Ă©valuĂ©e en 2014[34]. La rĂ©glementation de la chasse de loisir s'avĂšre ainsi trĂšs difficile pour les autoritĂ©s, en raison des donnĂ©es de suivi trĂšs incomplĂštes[34]. Par exemple, les populations d'espĂšces et les quantitĂ©s pĂȘchĂ©es sont rarement chiffrĂ©es ou difficilement estimables par les scientifiques[18], l'activitĂ© de chasse sous-marine est difficile Ă contrĂŽler par les autoritĂ©s[18] - [30], les Ă©tudes publiĂ©es sur les rĂ©serves naturelles tendent Ă n'aborder que les « rĂ©ussites »[35].
Si la pratique de loisir peut avoir un impact consĂ©quent sur des espĂšces vulnĂ©rables, des Ă©tudes rĂ©centes montrent aussi que la pratique de loisir peut agir comme un « systĂšme d'alerte prĂ©coce » des changements de l'Ă©cosystĂšme marin : Ă l'exemple de l'Australie oĂč les chasseurs de loisir constatĂšrent le dĂ©clin de certaines espĂšces plus de 15 ans avant les mesures de protection[34].
De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les solutions suggĂ©rĂ©es pour rĂ©duire l'impact environnemental de la pĂȘche sous-marine sont : la limitation des zones de chasse aux seuls pratiquants ayant une bonne connaissance des espĂšces, l'encadrement de la pratique, l'autorisation des seules « pratiques ayant une empreinte Ă©cologique faible » (rĂ©gulation) et l'intĂ©gration de l'ensemble des pĂȘcheurs Ă un programme de suivi de la biodiversitĂ© marine[30].
Image et médiatisation de la pratique loisir
DĂšs ses dĂ©buts dans les annĂ©es 1920 et encore aprĂšs 1945, la plongĂ©e et la pĂȘche sous-marine de loisirs sont considĂ©rĂ©es comme des activitĂ©s masculines[36]. L'activitĂ© vĂ©hicule des valeurs de virilitĂ©, d'aventure, de conquĂȘte d'un milieu inhospitalier, d'exploit physique et de prĂ©dation. De plus, le milieu de la plongĂ©e de loisir est fortement liĂ©e Ă la plongĂ©e militaire jusqu'aux annĂ©es 1960 : les pionniers de la chasse et plongĂ©e et les personnalitĂ©s majeures des fĂ©dĂ©rations Ă©manent souvent du milieu de la marine militaire (Cousteau, Tailliez, Dumas...), les innovations sont conçues avec les militaires (scaphandre, Ă©tudes mĂ©dicales), certaines pratiques sportives inspirĂ©es des nageurs de combat (orientation, nage Ă la palme, plongĂ©e parachutĂ©e), etc.
DÚs l'apparition de la chasse de loisir, les femmes sont trÚs peu représentées. à l'exemple en France, elles représentent en 1956 moins de 5 % des licenciés FFESSM. Elles sont trÚs peu représentées dans les magazines de plongée de l'époque, qui suivent une stratégie conservatrice en présentant un modÚle masculin du sport. La premiÚre représentation d'une femme dans une revue de la FFESSM date de 1958, avec une publicité érotisante présentant une chasseuse en bikini tenant une arbalÚte[37]. Si les femmes plongeuses sont devenues de plus en plus nombreuses depuis la fin des années 1960 jusqu'à notre époque, c'est en partie parce que la plongée de loisir s'est émancipé de la chasse sous-marine[38].
DĂšs les annĂ©es 1960-1970, apparaissaient les critiques du public et des plongeurs contre les compĂ©titions de chasse, puis contre ce loisir en gĂ©nĂ©ral. De mĂȘme le nombre de pratiquants n'a pas beaucoup progressĂ© contrairement aux pratiquants d'exploration en scaphandre autonome. Le loisir de chasse sous-marine vĂ©hicule ainsi de plus en plus une image nĂ©gative et devient Ă©galement Ă partir des annĂ©es 1980 de moins en moins mĂ©diatisĂ© dans la presse spĂ©cialisĂ©e ou gĂ©nĂ©raliste[14].
- « Il faut dire que le chasseur sous-marin n'a pas aux yeux d'une partie du public une bonne image de marque. Ce public ne connaĂźt de lui que l'image du garçon inquiĂ©tant, vĂȘtu d'une combinaison de deuil et Ă©quipĂ© d'armes Ă faire pĂąlir Zorro et Tarzan rĂ©unis. Il a tout d'un assassin, il n'y a qu'Ă voir, pour s'en persuader, le sourire orgueilleux qu'il aborde lorsqu'il rentre au port aprĂšs plusieurs heures de chasse, ses trois sars accrochĂ©s Ă la ceinture comme les scalps au cou du dernier des Mohicans. » âY. Baix, 1971[39]
De plus, en raison de pratiquants peu nombreux, d'une pratique peu institutionnalisĂ©e et de son faible impact Ă©conomique (vente d'Ă©quipement, tourisme, emplois), la pĂȘche sous-marine de loisir est peu capable d'agir en groupe de pression[40]. Sa rĂ©glementation est ainsi parfois considĂ©rĂ©e comme discriminante, en comparaison de celle des groupes politiquement plus influents ou des pratiques mieux acceptĂ©es culturellement et socialement[41] ; Ă l'exemple des clubs de plongĂ©e en scaphandre, des pĂȘcheurs amateurs Ă la ligne[41] ou des marins-pĂȘcheurs professionnels[42].
Des magazines sont consacrés à la pratique de loisir ; en anglais, Deep worldwide (international), Hawaii Skin Diver (Hawaï), Spearing Magazine (Floride), Ultimate Spearfishing (Afrique du Sud, Australie), Spearfishing Downunder (Australie), International spearfishing and freediving news (Australie)[43]. En langue française est publié le magazine Apnéa (France, depuis 1986). Le thÚme de la chasse sous-marine est repris dans le jeu vidéo Depth Hunter (2012)[44]. La pratique a été présentée dans de nombreux films documentaires, depuis Par dix-huit mÚtres de fond (France, 1942) ou le reportage sur la pratique d'Apolonio Castillo au Mexique (USA, 1944)[45].
Pratiques dans le monde
La réglementation australienne n'autorise que la pratique de loisir et en apnée. Le gouvernement impose de nombreuses restrictions et gÚre des aires de protection marine, des zones interdites, des espÚces protégées et des régulations de taille de sac et d'équipement.
La NorvÚge a l'un des plus grands ratios de longueur de cÎte par habitant et a une des réglementations les plus libérales au monde. Chasser avec un scaphandre autonome est autorisé. Les seules restrictions sont sur le homard et sur les espÚces anadromes telles que le saumon, la truite de mer[46].
Au Mexique, le permis de pĂȘche autorise la pratique de la chasse sous-marine, mais l'utilisation de fusils Ă propulsion Ă©lectro-mĂ©canique et de scaphandres autonomes est interdite[47].
En France
La France possĂšde une rĂ©glementation assez stricte. La pĂȘche sous-marine professionnelle a longtemps Ă©tĂ© interdite, malgrĂ© une importante exploitation illĂ©gale des mollusques[18]. Quelques autorisations sont actuellement accordĂ©es pour le prĂ©lĂšvement (en scaphandre) de certaines espĂšces, telles que l'ormeau en Normandie ou l'oursin en MĂ©diterranĂ©e.
La pratique de loisir est autorisĂ©e seulement en apnĂ©e et durant le jour, avec des armes Ă chargement manuel pour la capture du poisson et avec un prĂ©lĂšvement Ă la main des crustacĂ©s. Outre des obligations liĂ©s Ă la sĂ©curitĂ© des pratiquants (Ăąge minimum, assurances), ou la dĂ©finition de zones interdites (baignades, ports), la rĂ©glementation de la pratique loisir a visĂ© la protection de la faune sous-marine (interdiction mĂ©rou, grande cigale...) et la concurrence avec les marins-pĂȘcheurs professionnels (interdiction de vente des captures, interdiction sur thon rouge, ormeau, marquage obligatoire...).
Bibliographie
- P. Catry et J. Attard, La chasse sous-marine, Vagnon, .
- Mascret Vianney, « Lâaventure sous-marine : Histoire de la plongĂ©e sous-marine de loisir en scaphandre autonome en France (1865-1985) », thĂšse, 2010 lire en ligne
Voir aussi
Notes et références
- Le sens de « chasse sous-marine » est plus restrictif, n'incluant pas la pĂȘche professionnelle de coquillages. D'autres termes existaient : « pĂȘche Ă la nage » (vers 1930), « pĂȘche au harpon en plongĂ©e » (vers 1941).
- A. J. Frisch · R. Baker · J-P. A. Hobbs · L. Nankervis, « A quantitative comparison of recreational spearWshing and lineWshing on the Great Barrier Reef: implications for management of multi-sector coral reef Wsheries », 2007.
- (Mascret, p. 27).
- (en) « Hardy Divers in Korea Strait, âSea Womenâ Are Dwindling », NYT, 2014.
- (Mascret, p. 30,33).
- Par exemple, les plongeurs polynĂ©siens immobilisaient sous l'eau des tortues puis les ramenaient Ă terre (PĂȘches prĂ©-europĂ©ennes et survivances en PolynĂ©sie française p. 35) ou bien chassaient avec des foĂ«nes les petits poissons dans les roches, Ă la marĂ©e basse.
- (Mascret).
- (Mascret, p. 49-54).
- Voir par exemple l'article « Informations (on lit dans le Courrier de Londres) », L'indĂ©pendant de Mascara,â , p. 2 (lire en ligne)
- Voir aussi le documentaire de Cousteau, Le Monde du silence, 1954-1955.
- Cité par Mascret p. 167.
- « Page de redirection », sur cousteau.org (consulté le ).
- Mascret p. 171.
- Mascret 325-326.
- (en) Dennis McLellan, « Ralph Davis; Pioneer in Sport Spearfishing », Los Angeles Times, (consulté le ).
- http://www.iusarecords.com/
- « freedive.net/ibsrc/index.html »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?).
- http://sih.ifremer.fr/content/download/7235/50344/file/peche-plongee-janv99.pdf.
- Des conseils de prĂ©paration (vidage, dĂ©coupe) et des recettes de cuisine sont prĂ©sentĂ©s rĂ©guliĂšrement dans les magazines spĂ©cialisĂ©s. Voir par exemple l'ouvrage N. et H. Maldent, Cuisine de PĂȘcheurs, 101 Recettes de Poissons et Fruits de Mer, 2014, (ISBN 979-1092472011).
- (Catry).
- http://davealex.free.fr/spip/IMG/jpg/portee_beuchat.jpg.
- « Tahitienne, trident, cinq-dents... », Apnéa, avril 2013, p. 30-42.
- Guide TeakSea p. 27.
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- [PDF] « Particular rules: Point calculation and valid species », XXVII Spearfishing World Championship CMAS (consulté le ).
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- Pierre Failler, Adeline Borot de Battisti, Thomas Binet et Laura Violas, « ConsĂ©quences de la crĂ©ation de lâaire marine rĂ©gionale du PrĂȘcheur (Martinique) sur la pĂȘche martiniquaise », Ătudes caribĂ©ennes, 2013, paragraphe 26,32 lire en ligne.
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- SynthÚse d'articles : (en) William Walsh Ph.D, « Background Paper on SCUBA Spearfishing », 2013 lire en ligne.
- Ătude et synthĂšse des principales donnĂ©es disponibles sur les espĂšces de « mĂ©rou »....
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- Pour les biais d'Ă©tudes, voir Halpern:2003 et .
- Mascret 264.
- Mascret 255-258.
- Mascret 270.
- Y. Baix, « La malédiction de la chasse sous-marine accusée de dépeupler les fonds », dans Océans no 12, 1971. Cité par Mascret p.326.
- Mascret.
- Coral Reefs (2008).
- Par exemple pour l'opposition entre marins-pĂȘcheurs et pĂȘcheurs sous-marins en France, voir Jean-Christophe Fichou, « PĂȘche professionnelle et pĂȘche rĂ©crĂ©ative, 1852-1979 », Annales de Bretagne et des Pays de lâOuest, 2008, lire en ligne.
- Magazines : Deep worldwide, Ultimate Spearfishing, Spearfishing Downunder, International spearfishing and freediving news.
- Depht Hunter sur jeuxvideo.com.
- Sea-Net Company (Los Angeles), The Supreme Water Sport, USA, 1944. Vidéo en ligne.
- (en) Chasse sous-marine en NorvĂšge.
- Chasse sous-marine au Mexique.