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Ama (plongeuse)

Les ama (æ”·ć„łïŒæ”·äșș) sont des pĂȘcheuses sous-marine en apnĂ©e japonaises, connues Ă  tort, car ce ne fut jamais rĂ©ellement leur activitĂ©, en tant que pĂȘcheuses de perles. Les ama vivent de la pĂȘche aux ormeaux, aux turbos et de la collecte d'algues[1].

Une ama

Description

Le mot ama signifie littĂ©ralement « femme (ć„ł) ou personne (äșș) de la mer (æ”·) ». D'aprĂšs la tradition japonaise, cette coutume existerait depuis quatre mille ans. Le recueil de poĂšmes Man'yƍshĆ«, du VIIIe siĂšcle, la mentionne explicitement[2], Ă©voquant notamment les plongeuses de la baie de Nago sur l'Ăźle d'Okinawa[3].

Traditionnellement, jusqu'aux années 1970, les ama ne plongeaient qu'avec un pagne, et sans combinaison ni bouteille, ce qui faisait d'elles des apnéistes traditionnelles. Suivant la région, elles allaient jusqu'à porter un masque, des palmes ou tout au plus une petite protection thermique.

La tradition des ama disparaissant, ce sont dĂ©sormais majoritairement de vieilles femmes qui la perpĂ©tuent en utilisant une combinaison de plongĂ©e intĂ©grale. Mais elles plongent toujours en apnĂ©e. Il arrive que certaines travaillent jusqu'Ă  plus de 80 ans. Dans les annĂ©es 1950, on dĂ©nombrait plus de 70 000 ama au Japon, alors qu'au dĂ©but des annĂ©es 2010 il y en avait Ă  peine 2 100 dans l'ensemble de l'archipel, dont prĂšs de la moitiĂ© Ă  Toba et Ă  Shima sur la pĂ©ninsule de Kii[4].

Dans l'imaginaire occidental, les ama sont souvent associĂ©es Ă  la pĂȘche Ă  la perle, en lien avec la technique de culture innovante des huĂźtres perliĂšres mise au point Ă  Toba Ă  la fin du XIXe siĂšcle par Mikimoto Kƍkichi[4]. En rĂ©alitĂ©, les ama ont toujours plongĂ© Ă  la recherche d'aliments (pour leur consommation et/ou la vente) tels que les algues, les escargots de mer, les pieuvres, les oursins, les ormeaux[2], voire les homards.

C'était un métier dangereux, mais elles ont eu moins d'accidents que d'autres catégories d'apnéistes professionnels car elles n'hyperventilent pas.

Les ama peuvent continuer Ă  plonger jusqu'Ă  un Ăąge avancĂ©. En 2003, l'Ăąge moyen des ama Ă©tait de 67 ans (la cadette avait 50 ans et l'aĂźnĂ©e 87 ans). Leur communautĂ© rĂ©trĂ©cit d'annĂ©e en annĂ©e faute de renouvellement car les filles d'aujourd'hui ne veulent plus exercer cette activitĂ© fatigante, dangereuse et dĂ©sormais peu rĂ©munĂ©ratrice car ne pouvant ĂȘtre pratiquĂ©e, dans certaines zones, que pendant quelques dizaines de jours dans l'annĂ©e - pour sauvegarder les ressources.

Les ama ont Ă©tĂ© immortalisĂ©es par des estampes (ukiyo-e) d'Utamaro et de Hokusai (la plus cĂ©lĂšbre : L'ama et le poulpe, estampe Ă©rotique (shunga) dĂ©nommĂ©e en Occident : Le RĂȘve de la femme du pĂȘcheur), sur des timbres, et par plusieurs photographes dont Yoshiyuki Iwase et l'ethnologue Fosco Maraini, qui leur a consacrĂ© le livre Hekura, The Diving Girl’s Island, ce qui a contribuĂ© Ă  leur renommĂ©e hors du Japon, mais a aussi largement faussĂ© la rĂ©alitĂ© (il les a fait poser telles des mannequins pour des photos de mode !).

Plusieurs films mettent en scÚne des personnages inspirés des ama, notamment On ne vit que deux fois avec le personnage de Kissy Suzuki.

Le roman de Yukio Mishima, Le Tumulte des flots, Ă©voque les travaux de pĂȘche de l'Ăźle de Kamishima sur la cĂŽte Pacifique du Japon, dont l'activitĂ© d'une ama. Le roman de CĂ©dric Morgan, Les sirĂšnes du Pacifique, dont l'action se passe sur lĂźle de Tƍshijima et la bande dessinĂ©e de Manguin et Becq, Ama - Le souffle des femmes, sur l'Ăźle d’Hegurajima puis dans la ville de Toba (Japon), en font tout autant.

Voir aussi

Articles connexes

Filmographie

Bibliographie

Références

  1. (ja) « æ”·ć„łæŒæ„­æ–‡ćŒ–-æ”·ć„łæŒæ„­ăźæŒŻèˆˆă€æ”·ć„łæ–‡ćŒ–ăźäżć­˜ăƒ»ç¶™æ‰ż- » [« Promoting and Preserving the Heritage of Ama Divers' Fishing Culture »], sur Toba City (consultĂ© le )
  2. (en) Francesco Paolo Campione, « The Women of the Sea », dans Francesco Paolo Campione, L’incanto delle donne del mare. Le Ama di HĂškura nell’opera di Fosco Maraini / The Enchantment of the Women of the Sea. The Amas of Hegura in the Work of Fosco Maraini, Edizioni CittĂ  di Lugano/MCL (lire en ligne), p. 79-103.
  3. Man'yƍshĆ«, XIX, 4169-70.
  4. Philippe Pons, « Au Japon, la disparition des “femmes de la mer” », Le Monde,‎ (lire en ligne).
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