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Nasse

Une nasse est un piĂšge destinĂ© Ă  ĂȘtre immergĂ©, pour capturer des animaux (le plus souvent des poissons) et surtout des animaux sous marins . Une autre technique est celle des barrages Ă  poissons (gored en langue bretonne), servant Ă  retenir les poissons pris au piĂšge en amont du cours d'eau, ou Ă  marĂ©e descendante sur le littoral.

Exemples de nasses traditionnelles (Hà Tùy) utilisées au Vietnam.
Un verveux, systÚme de piÚge à nasse, destiné à la capture des anguilles migrant le long du rivage
Grandes nasses utilisées en eaux vives par le peuple Wagenya au Congo.
Des nasses peuvent aussi ĂȘtre associĂ©es Ă  des dispositifs de grande ampleur, souvent sources de surpĂȘche, car susceptibles de prĂ©lever une grande partie des poissons migrateurs, dont les reproducteurs.
Exemple de nasse associée à un barrage (ici au Viet Nam)
Les restes d'un ancien gored sur la plage du Gored à l'Île-aux-Moines.

Traditionnellement, une nasse est composĂ©e d'osier, de lames tressĂ©es de bambou, roseaux ou bois, ou se compose d'un filet de pĂȘche et d'une armature en forme d'entonnoir, ou formant une sorte de cage, avec une petite ouverture unique en forme d'entonnoir. En mer, une partie de l'efficacitĂ© des nasses tient probablement du fait qu'elles jouent un rĂŽle de dispositif de concentration de poisson.

Histoire

On en utilise, probablement depuis la préhistoire, presque partout dans le monde.

Le musĂ©e de la prĂ©histoire d'Île-de-France de Nemours conserve une pirogue en bois de pin datĂ©e de 7 500 avant J-C (pĂ©riode du MĂ©solithique) trouvĂ©e dans un ancien bras de la Seine avec les fragments de cinq ou six nasses portatives construites en joncs de troĂšne assemblĂ©s par des liens.

Usages

De nombreuses nasses sont spécialement conçues pour cibler une espÚce (anguille, bulot, crevette...).

Des formes particuliĂšres de nasses dites « casier» sont utilisĂ©es en mer ; ils sont appĂątĂ©s pour la pĂȘche de certains crustacĂ©s, crabe-dormeur (Cancer pagurus) et homards ou araignĂ©es de mer en particulier, mais aussi pour la crevette ou les bulots.

Les nasses sont un des moyens discrets de pĂȘche, utilisĂ©s par les braconniers. PosĂ©es Ă  des endroits stratĂ©giques, elles peuvent menacer la ressource, migratrice notamment (surpĂȘche). Elles font donc l'objet d'une rĂ©glementation qui les limitent ou les interdit, ou parfois relĂšvent du droit coutumier.

Dans le cadre d'une gestion durable de la pĂȘche, des nasses peuvent aussi ĂȘtre utilisĂ©es pour des raisons scientifiques (souvent alors avec des pĂȘcheurs) pour la mise en place de techniques de type capture-recapture nĂ©cessaires pour comprendre la biologie des populations et le comportement d'espĂšces que l'on voudrait mieux connaĂźtre, dont les espĂšces d'intĂ©rĂȘt halieutique, menacĂ©e ou en rĂ©gression.

Principe de fonctionnement

Exemple de casier (que l'on dépose sur le fond marin, garni d'un appùt)

L'animal que l'on veut capturer est attiré par un appùt placé à l'intérieur de la nasse. Pour entrer, il trouve facilement l'ouverture car il y est guidé par l'entonnoir mais, une fois à l'intérieur, il lui est trÚs difficile de retrouver la sortie.
La nasse peut d'ailleurs prendre la forme d'une succession de cages, oĂč l'on pĂ©nĂštre toujours plus profondĂ©ment par l'entonnoir qui mĂšne Ă  la cage suivante. Il devient alors pratiquement impossible au poisson de retrouver la sortie.

Casiers de pĂȘche en mer

Les casiers sont des piĂšges utilisĂ©s par les pĂȘcheurs professionnels et plus rarement par des amateurs. Ils doivent ĂȘtre dĂ©clarĂ©s Ă  l'administration compĂ©tente pour la gestion et le contrĂŽle des pĂȘches.

Les casiers sont amenés, appùtés (l'appùt est appelé boette en Bretagne), posés et relevés par des navires dits « caseyeurs ». Ils sont posés sur le fond marin, en « filiÚres », en zone rocheuse ou à leurs abords.

Le nombre de casiers par filiĂšre varie (de 10 Ă  40 dans la plupart des cas) selon les capacitĂ©s du navire et de la stratĂ©gie de pĂȘche retenue.

À la suite de la rĂ©gression d'autres espĂšces, la pĂȘche au casier s'est beaucoup dĂ©veloppĂ©e des annĂ©es 1970 Ă  1980, ce qui a aussi entrainĂ© une diminution des prises prĂšs des cĂŽtes, imposant aux pĂȘcheurs de crustacĂ©s de trouver de nouvelles zones plus au large, et plus profondes. Depuis les annĂ©es 1970, la pĂȘche au casier des crabes dormeurs s'est substituĂ©e Ă  celle du homard, des langoustes et des araignĂ©es de mer (Maia squinada), largement surexploitĂ©s [1]. Elle constitue un revenu important pour une pĂȘche artisanale, dont en France pour divers ports de Manche et d'Atlantique [1].

Le crabe-dormeur (aussi appelĂ© Tourteau) est devenu, en termes de tonnage, l'un des crustacĂ©s les plus recherchĂ©s et pĂȘchĂ©s en Europe.

DĂšs les annĂ©es 1970, les plus gros caseyeurs pouvaient en Bretagne sud mouiller un total de 350 Ă  600 casiers, par filiĂšre de 40 Ă  60. Initialement fabriquĂ©s artisanalement de bois et filets, ils sont dĂ©sormais faits de plastique et de nylon. À titre d'exemple, rien qu'en Bretagne-sud, les 6 Quartiers abritaient en 1980 : 373 caseyeurs, dont 335 de moins de 8 tonneaux, un seul faisant plus de 30 tonneaux. Ces navires disposaient de 10 650 casiers pour la flotte du Guilvinec, 13 000 pour Concarneau, 8 500 pour Lorient, 14 540 pour Auray, 7 500 pour Vannes et 5 000 Ă  St-Nazaire, ce qui leur a permis de pĂȘcher 3 B95 tonnes de dormeurs cette mĂȘme annĂ©e 1980[2]. En Bretagne nord, la flotte Ă©tait surtout concentrĂ©e dans les quartiers maritimes de Paimpol, Brest et Morlaix avec respectivement 174, 160 et 128 caseyeurs[3]. Des crabes dormeurs sont aussi remontĂ©s par des chalutiers au moyen d'engins trainĂ©s (chalut de fond, qui endommagent les fonds. Ce sont aussi des prises accessoires des filets de pĂȘche Ă  la sole ou d'autres engins ; en gĂ©nĂ©ral, seules les pinces sont alors vendues. Cette pĂȘche est surtout pratiquĂ©e en Ă©tĂ© et automne, d'avril Ă  octobre en Bretagne-Sud.

MalgrĂ© une rĂ©glementation prĂ©cisant une taille marchande minimale (donnĂ©e en largeur de carapace en France) une pĂȘche annuelle quantitativement croissante jusque dans les annĂ©es 1980 (milliers de tonnes de dormeurs capturĂ©s rien qu'en mĂ©tropole), sauf certaines annĂ©es en Ă©tĂ© lors des pics de production, la demande restait supĂ©rieure Ă  l'offre (le marchĂ© Français importait Ă  lui seul environ 6 000 tonnes de chair de crabe en 1986 selon la FAO [22]). La rĂ©glementation française reprend une taille marchande proposĂ©e par les professionnels[4]. Si elles sont sous la taille rĂ©glementaire, les prises doivent ĂȘtre immĂ©diatement rejetĂ©es en mer, au moment de la remontĂ©e du casier.

Au dĂ©but des annĂ©es 1980, la Manche Ă©tait la premiĂšre zone de production de dormeur, au bĂ©nĂ©fice de flottilles bretonnes et anglaises assurant respectivement plus de 40 % du total europĂ©en des pĂȘches devant la NorvĂšge (10 %). Le nombre d'individus prĂ©levĂ©s est considĂ©rable. Selon la Marine Marchande, environ 10 000 tonnes de dormeurs avaient Ă©tĂ© dĂ©barquĂ©es et dĂ©clarĂ©es en 1980[1]. Deux ans aprĂšs, 8 700 tonnes auraient Ă©tĂ© pĂȘchĂ©es, d'une valeur de 85 millions de francs, soit environ 40 % du total europĂ©en. Presque vingt ans aprĂšs (en 1999) le total des captures dĂ©clarĂ©es dans le monde selon la FAO s'Ă©levait Ă  41 337 t (19 988 t pour le Royaume-Uni et 8 498 t pour la France, soit une diminution de tonnage pĂȘchĂ© pour la France malgrĂ© des moyens techniques amĂ©liorĂ©s)[5].
Bien que cette pĂȘche soit rĂ©cente (hors pĂȘche Ă  pied), des chutes de rendement sont observĂ©es depuis 20 Ă  30 ans dans certaines zones d'Europe. Cette rĂ©gression de l'espĂšce a causĂ© des reconversions ou au contraire une intensification de la pĂȘche (plus profonde, plus instrumentalisĂ©e, et avec Ă©loignement toujours plus au large des zones de pĂȘche) [1].

Prises possibles au casier

Avec des casiers, on peut pĂȘcher des crabes verts, des Ă©trilles, des tourteaux, des homards, des langoustes, des langoustines, et aussi des crevettes grises et roses (bouquets) .

Les nasses destinĂ©es Ă  pĂȘcher des crustacĂ©s, et des mollusques sont nommĂ©es des casiers. Leur forme et leur taille varie suivant la nature des prises :

Les casiers destinés à la capture de poissons conservent généralement le nom de nasses. Mais toutes ces dénominations peuvent varier d'une région à l'autre.

Leur taille, celle de leurs orifices, leur signalisation, les zones de pĂȘche oĂč ils sont autorisĂ©s, leur nombre varient suivant les lĂ©gislations locales ou internationales.

Les navires de pĂȘche spĂ©cialisĂ©s dans l'utilisation de ces engins de pĂȘche sont appelĂ©s des caseyeurs.

PiĂšges Ă  insectes

Certains piĂšges Ă  insectes sont bĂątis sur ce mĂȘme principe : l'appĂąt est constituĂ© d'un liquide sucrĂ© et parfois alcoolisĂ© afin d'attirer les insectes considĂ©rĂ©s comme nuisibles, tels que les guĂȘpes, les frelons ou les mouches. Ils sont souvent et facilement bricolĂ©s avec une bouteille d'eau minĂ©rale coupĂ©e.

Exemples de nasses (autres que casiers)

  • Hiroshige, piĂšge de barrage (Chikugo, Yanase, Japon).
    Hiroshige, piĂšge de barrage (Chikugo, Yanase, Japon).
  • Nasse du Zuiderzee.
    Nasse du Zuiderzee.
  • Nasse du Timor oriental.
    Nasse du Timor oriental.
  • Nasse du Tamil Nadu.
    Nasse du Tamil Nadu.
  • Exemple des Seychelles.
    Exemple des Seychelles.
  • Nasses de bois (Juniperus communis) tressĂ© et anneaux + filet (SuĂšde).
    Nasses de bois (Juniperus communis) tressé et anneaux + filet (SuÚde).
  • Nasses verticale (Asie du Sud-est, Tonkin).
    Nasses verticale (Asie du Sud-est, Tonkin).
  • Ancien dĂ©versoir de pĂȘche (Countisbury, Angleterre).
    Ancien dĂ©versoir de pĂȘche (Countisbury, Angleterre).
  • Ancien piĂšge Ă  poissons (Angleterre).
    Ancien piĂšge Ă  poissons (Angleterre).
  • Bouteille-piĂšge
    Bouteille-piĂšge

Notes et références

  1. ThĂšse de Anne Le Foll en OcĂ©anologie biologique : La pĂȘcherie du tourteau Cancer pagurus sur les cĂŽtes de Bretagne Sud : dĂ©placements, croissance, reproduction (South Brittany edible crab (Cancer pagurus) fishery : movements, growth, reproduction) [archive] ; UniversitĂ© de Bretagne occidentale, avec l'Institut Scientifique et Technique des PĂȘches Maritimes ; 1982; (sur le site d'Ifremer)
  2. Source : Affaires maritimes, citées par A Le Foll dans sa thÚse* (page 20) ;
  3. Composition de la flottille en Bretagne sud (source : statistiques du CORPECUM, 1980 Rem : le CORPECUM ne donne pas les mĂȘmes chiffres que les affaires maritimes pour les tonnages pĂȘchĂ©s). 1980
  4. ex : dĂ©cision interprofessionnelle n° 40 du CRUSCO (ComitĂ© interprofessionnel des CrustacĂ©s et Coquillages de PĂȘche) fixant 80 mm comme taille commerciale, bien que cette taille soit acquise prĂšs de 2 fois plus lentement par l'espĂšce en Mer du Nord, par rapport Ă  la Bretagne-Sud, notait A. Le Foll dĂšs 1984
  5. RAF/87/008/WP/44/89/F - Le DĂ©veloppement de la PĂȘche aux Crabes des PalĂ©tuviers et des CrustacĂ©s d'Eau Profonde Ă  Madagascar, voir paragraphe 2.1

Annexes

Articles connexes

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