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Jeremy Corbyn

Jeremy Bernard Corbyn [ˈdʒɛÉčÉȘmi kɔːbÉȘn][1], nĂ© le Ă  Chippenham (Wiltshire), est un homme politique britannique.

Jeremy Corbyn
Illustration.
Portrait officiel de Jeremy Corbyn en 2020.
Fonctions
Chef de l'opposition officielle
–
(4 ans, 6 mois et 23 jours)
Monarque Élisabeth II
Premier ministre David Cameron
Theresa May
Boris Johnson
Gouvernement Corbyn
LĂ©gislature 56e, 57e et 58e
Groupe politique Travailliste
Prédécesseur Harriet Harman
Successeur Keir Starmer
Chef du Parti travailliste
–
(4 ans, 6 mois et 23 jours)
Élection 12 septembre 2015
RĂ©Ă©lection 24 septembre 2016
Chef adjoint Tom Watson (2015–19)
Prédécesseur Harriet Harman (intérim)
Ed Miliband
Successeur Keir Starmer
Membre de la Chambre des communes
En fonction depuis le
(40 ans et 23 jours)
Élection 9 juin 1983
RĂ©Ă©lection 11 juin 1987
9 avril 1992
1er mai 1997
7 juin 2001
5 mai 2005
6 mai 2010
7 mai 2015
8 juin 2017
12 décembre 2019
Circonscription Islington North
LĂ©gislature 49e, 50e, 51e, 52e, 53e, 54e, 55e, 56e, 57e et 58e
Prédécesseur Michael O'Halloran
Biographie
Nom de naissance Jeremy Bernard Corbyn
Date de naissance
Lieu de naissance Chippenham (Royaume-Uni)
Nationalité Britannique
Parti politique Parti travailliste
DiplÎmé de Adams' Grammar School

Il est dĂ©putĂ© pour Islington North Ă  la Chambre des communes depuis 1983. Tenant de l’aile gauche du parti, opposant au New Labour de Tony Blair et Ă  son orientation centriste, il remporte l’élection de 2015 Ă  la direction du Parti travailliste et devient ainsi chef de l'opposition officielle.

Contesté par les cadres centristes de son parti au point de devoir remettre son mandat en jeu un an aprÚs son élection, il voit sa position stabilisée par sa réélection, notamment grùce à l'organisation Momentum, et mÚne son parti à un niveau qu'il n'avait plus atteint depuis les débuts du blairisme à l'occasion des élections générales de 2017.

Il est critiqué par la suite pour son ambiguïté sur la question du Brexit, pour sa gestion des cas d'antisémitisme au sein du Labour ainsi que pour des propos trÚs controversés[2].

Il essuie un revers face aux conservateurs de Boris Johnson aux Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 2019, lors desquelles le Parti travailliste atteint un plus bas historique en termes de siĂšges. AprĂšs cette dĂ©faite, il quitte la direction du parti, qui le met Ă  l’écart de ses rangs l’annĂ©e suivante.

Famille

Jeremy Corbyn naĂźt le , dans le Wiltshire[3]. Son pĂšre est ingĂ©nieur, sa mĂšre professeure de mathĂ©matiques[4]. Il grandit dans une auberge avec sept chambres restaurĂ©es par ses parents dans le Shropshire, Ă  la frontiĂšre galloise[5]. Il rejoint la capitale dans les annĂ©es 1960, avant de s’installer Ă  Islington deux dĂ©cennies plus tard.

Il entretient une relation avec la femme politique Diane Abbott Ă  la fin des annĂ©es 1970[6]. Il est mariĂ© trois fois ; son Ă©pouse actuelle est Laura Álvarez[7], une importatrice mexicaine de cafĂ© issu du « commerce Ă©quitable ». Il a divorcĂ© de sa deuxiĂšme femme chilienne, Claudia Bracchitta[8], aprĂšs deux annĂ©es de sĂ©paration faisant suite Ă  un conflit conjugal survenu lorsqu’elle a souhaitĂ© placer leurs fils dans une grammar school (Ă©cole sĂ©lective de haut niveau Ă©ducatif payante) de Londres[9].

Son frÚre Piers Corbyn (en), diplÎmé en astrophysique, est un météorologue prévisionniste. Il est également connu pour son activisme anti-vaccination qui le fait comparer le programme de vaccination britannique au camp d'extermination d'Auschwitz[10].

Formation et parcours professionnel

Il effectue sa scolaritĂ© Ă  l’Adams' Grammar School Ă  Newport dans le Shropshire[3]. AprĂšs son Ă©ducation secondaire, il travaille deux ans pour une organisation caritative de dĂ©veloppement en JamaĂŻque, puis revient en Grande-Bretagne et travaille pour des organisations syndicales[11].

Parcours politique

DĂ©buts

Alors qu'il est encore Ă  l'Ă©cole, il rejoint le mouvement des jeunes socialistes de la branche locale du Parti travailliste dans la circonscription de The Wrekin[7]. Avant de se lancer dans la politique britannique au niveau national, Corbyn est Ă©lu conseiller municipal dans le borough londonien de Haringey[3].

Membre de la Chambre des communes

Jeremy Corbyn en 2006.

Jeremy Corbyn est élu député dans la circonscription d'Islington-nord à la Chambre des Communes en 1983. Il est constamment réélu depuis[12].

RĂ©publicain[11] dĂšs les annĂ©es 1980, il est critiquĂ© pour son soutien au Sinn FĂ©in et Ă  la cause de l'unification irlandaise[13]. Dans le mĂȘme temps, il fait campagne contre l'apartheid en Afrique du Sud[11]. Il est membre de longue date et vice-prĂ©sident de la Campagne pour le dĂ©sarmement nuclĂ©aire (CND) et publie une chronique hebdomadaire dans le journal socialiste The Morning Star[3].

Membre d'Amnesty International, il fait campagne en vain en 1999 pour que l'ancien dictateur-président du Chili Augusto Pinochet soit jugé au Royaume-Uni pour le meurtre d'un citoyen britannique, et extradé vers l'Espagne qui souhaite le juger pour crimes contre l'humanité[14] - [3]. Végétarien[15] - [16], il a également pris position pour les droits des animaux et pour une meilleure prise en compte du danger que pose à l'environnement le réchauffement climatique[3]. Corbyn est aussi l'un des principaux porte-parole de la campagne pour que les Chagossiens puissent avoir le droit de retourner à l'archipel des Chagos[17]. Il s'est par ailleurs engagé contre le traité de Maastricht en 1992[18].

Sous les gouvernements travaillistes de Tony Blair (1997-2007), il dénonce publiquement ce qu'il perçoit comme les violations des droits de l'homme et des libertés publiques commises par ce gouvernement, notamment à l'encontre de candidats à l'asile politique[13]. Il est membre du comité de direction de la Stop the War Coalition, qui fait campagne contre la guerre d'Irak en 2003[3]. De 2005 à 2015, il vote à l'encontre des instructions du Whip travailliste à cent-quarante-huit reprises, « faisant de lui de loin le député socialiste le plus rebelle »[3].

Lorsque éclate en 2009 le scandale des dépenses des députés britanniques, il est l'un des députés les moins dépensiers de l'argent public[19].

À partir de 2013, il fait campagne contre le partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TAFTA)[11].

Candidature Ă  la direction du Parti travailliste

Jeremy Corbyn Ă  une manifestation en 2014.

En 2015, il est candidat à la direction du Parti travailliste, promettant une « politique anti-austérité ». Cette position le distingue des trois autres candidats (Andy Burnham, Yvette Cooper et Liz Kendall)[11]. Soutenu par les principaux syndicats (qui souhaitent « enterrer le New Labour » de Tony Blair), il crée la surprise durant la campagne en étant donné favori par les instituts de sondages[20] - [16] - [21] - [22].

Cette situation amĂšne « l’appareil du Labour, acquis au libĂ©ralisme Ă©conomique dĂ©bridĂ© et au retrait de l’État », Ă  faire campagne contre lui[23]. Mi-aoĂ»t, Liz Kendall et Yvette Cooper appellent toutes deux leurs partisans Ă  voter pour « n'importe qui sauf Corbyn »[24] ; Tony Blair affirme qu'une victoire de Corbyn mĂšnerait Ă  la « dĂ©route, peut-ĂȘtre [Ă ] l'annihilation » du parti, qui serait alors, Ă  ses yeux, trop Ă  gauche pour l'Ă©lectorat[25] et certaines personnalitĂ©s de l'aile blairiste du parti tentent de faire suspendre la primaire[9]. Outre l'appareil de son propre parti, la candidature de Corbyn rencontre l'hostilitĂ© de la presse britannique[26].

Jeremy Corbyn est Ă©lu le , dĂšs le premier tour, avec 59,5 % des voix exprimĂ©es[27]. Il obtient la majoritĂ© des voix dans les trois collĂšges d’électeurs : les membres du parti, les adhĂ©rents des syndicats et les sympathisants qui pouvaient voter aprĂšs avoir payĂ© la somme de trois livres sterling[28]. Par lĂ  mĂȘme, en tant que dirigeant du principal parti d'opposition au Parlement, il devient chef de l'Opposition officielle[29]. Son Ă©lection (saluĂ©e par les partis Podemos en Espagne et SYRIZA en GrĂšce, ainsi que par le Front de gauche en France) marque un retour aux racines socialistes du Parti travailliste, aprĂšs le tournant centriste des annĂ©es 1990[29] - [30] - [28]. Plusieurs membres du cabinet fantĂŽme travailliste indiquent toutefois qu'ils ne travailleront pas avec lui[30].

Alex Nunns, dans Le Monde diplomatique, identifie trois groupes d'Ă©lecteurs importants ayant menĂ© Ă  son Ă©lection : les jeunes, politisĂ©s par le dĂ©bat autour des frais d'universitĂ©, les participants du mouvement antiguerre et le monde syndical[31]. Le chercheur Fabien Escalona relĂšve que « c’est le mĂ©canisme de primaire ouverte, conçu par les modernisateurs comme un moyen de diluer l’influence des responsables et des activistes les plus « archaĂŻques », qui aura favorisĂ© l’ascension de l’un d’entre eux Ă  la tĂȘte du parti »[32]. Il indique que « mĂȘme si des militants d’ñge mĂ»r sont aussi mobilisĂ©s derriĂšre Corbyn, il est incontestable que sa dynamique a pris appui sur des jeunes gĂ©nĂ©rations de militants dotĂ©s d’un haut niveau d’instruction, mais en butte Ă  la prĂ©caritĂ© matĂ©rielle et rĂ©voltĂ©s contre l’absence de rĂ©elle alternative » : il s'agit selon lui d'un phĂ©nomĂšne similaire au « mouvement lancĂ© par Bernie Sanders » aux États-Unis, Ă  « l’ascension de Podemos et des candidatures citoyennes » en Espagne, Ă  « l’irruption du Mouvement 5 Ă©toiles » en Italie, au « surgissement des Pirates et la progression heurtĂ©e du mouvement « rouge-vert » » en Islande, ou encore « Ă  l’inattendu mouvement « Nuit debout » en France »[32].

Commentant son Ă©lection, le Premier ministre David Cameron dĂ©clare que « le Labour reprĂ©sente maintenant une menace pour notre sĂ©curitĂ© nationale, pour la sĂ©curitĂ© de notre Ă©conomie et celle de votre famille[33] ». Le nombre d'adhĂ©rents du Parti travailliste augmente considĂ©rablement, passant de 190 000 Ă  300 000, puis atteignant 515 000 Ă  la mi-2016, un an aprĂšs son Ă©lection[34]. Le est fondĂ© un mouvement populaire, intitulĂ© Momentum, pour soutenir sa ligne politique.

Chef du Parti travailliste et de l’opposition

Dans son cabinet fantĂŽme, tout en nommant John McDonnell, figure de la gauche du parti, au poste clĂ© de chancelier de l'Échiquier fantĂŽme, il s'efforce de rassembler les diffĂ©rents courants du parti[35] - [36].

Le Parti travailliste enregistre une progression considĂ©rable de ses effectifs militants sous sa direction : prĂšs de 570 000 en 2018, soit 300 000 de plus qu'en 2015 ; Ă  elle seule, l'organisation de jeunesse travailliste, Young Labour, compterait en 2018 davantage de membres que le Parti conservateur tous Ăąges confondus[37]. Sous sa direction, le Parti travailliste ne remporte pas les Ă©lections lĂ©gislatives anticipĂ©es de 2017 mais connaĂźt sa meilleure progression en proportion des voix depuis les Ă©lections de 1945[38]. Les adversaires de Jeremy Corbyn au sein du parti, qui prĂ©voyaient un dĂ©clin Ă©lectoral des travaillistes sous sa direction, renoncent ainsi Ă  tenter une seconde fois de le destituer[39].

Élections de 2017

En , dix mois aprĂšs le rĂ©fĂ©rendum sur l'appartenance du Royaume-Uni Ă  l'Union europĂ©enne, la PremiĂšre ministre conservatrice, Theresa May, dĂ©cide de convoquer des Ă©lections lĂ©gislatives anticipĂ©es, alors que les conservateurs sont crĂ©ditĂ©s du double des voix des travaillistes dans les enquĂȘtes d'opinion. Lors de la campagne, aprĂšs la publication d'un programme politique trĂšs Ă  gauche, Jeremy Corbyn mĂšne le Parti travailliste Ă  l'Ă©lection. En remontĂ©e constante dans les enquĂȘtes d'opinion pendant la campagne, le vote du se traduit par un gain modeste de 30 siĂšges par rapport Ă  l'Ă©chĂ©ance prĂ©cĂ©dente, mais d'un gain de 9,6 points et de plus de 3,5 millions de voix, offrant au Parti travailliste sa plus grande progression depuis les Ă©lections de 1945. Le Parti conservateur est privĂ© de majoritĂ©, mais se maintient Ă  la tĂȘte d'un gouvernement minoritaire.

DĂ©bats sur le Brexit

Jeremy Corbyn en 2016.

Il prend position en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l'Union europĂ©enne, tout en qualifiant l'accord obtenu en par David Cameron de « pur spectacle »[40]. D'aprĂšs Mediapart, il se montre cependant « extrĂȘmement rĂ©ticent Ă  se lancer dans la campagne rĂ©fĂ©rendaire »[41]. Si l'aile gauche du Parti travailliste a historiquement considĂ©rĂ© la CommunautĂ© Ă©conomique europĂ©enne puis l'Union europĂ©enne comme Ă©tant « anti-dĂ©mocratique et anti-socialiste »[42], Corbyn souhaite que le Royaume-Uni demeure membre de l'Union europĂ©enne, mais que celle-ci soit rĂ©formĂ©e avec davantage de dĂ©mocratie et de social[43]. Globalement, il apparaĂźt comme eurosceptique dans un parti aux Ă©lus largement europhiles[44]. ClĂ©ment Claret Ă©voque « une thĂ©orie est trĂšs rĂ©pandue, selon laquelle Corbyn est un eurosceptique qui aurait votĂ© pour le Brexit dans le secret de l’isoloir », mais considĂšre qu'il s'agit d'« une rumeur entretenue par ses dĂ©tracteurs » et souligne qu'« il est assez difficile de dire ce que Corbyn pense vraiment », mĂȘme s'« il n’a pas fait campagne de maniĂšre vigoureuse en 2016, pour le maintien » et que « les soupçons d’euroscepticisme, dans son entourage, sont plus encore plus Ă©levĂ©s, Ă  l’instar du conseiller Seumas Milne (en) »[45].

En , Ă  la suite du rĂ©fĂ©rendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union europĂ©enne, lors duquel plus d'un tiers des votants travaillistes s'est prononcĂ© pour le dĂ©part de l'Union europĂ©enne, il doit faire face Ă  une contestation importante au sein du Parti travailliste : il limoge de son cabinet fantĂŽme le ministre des Affaires Ă©trangĂšres, Hilary Benn, puis est confrontĂ© Ă  la dĂ©mission de la plupart des membres de son cabinet, qui l'accusent de ne pas s'ĂȘtre assez investi durant la campagne[46] - [47]. Les principaux syndicats lui renouvellent leur soutien, et quelque 10 000 personnes se rassemblent devant le Parlement pour le soutenir, alors que les dĂ©putĂ©s travaillistes se prĂ©parent Ă  voter pour ou contre une motion pour le destituer[48] - [49]. Une motion de dĂ©fiance, non contraignante, est adoptĂ©e par les dĂ©putĂ©s travaillistes le , par 172 voix contre 40[50]. Arguant qu'il a Ă©tĂ© Ă©lu par le parti dans son ensemble, et non pas par les dĂ©putĂ©s, Jeremy Corbyn ne dĂ©missionne pas. Le , la dĂ©putĂ©e Angela Eagle annonce qu'elle brigue la direction du parti ; elle devra recueillir le soutien d'au moins 20 % des dĂ©putĂ©s et dĂ©putĂ©s europĂ©ens du parti pour enclencher une Ă©lection interne[51]. Finalement, Corbyn affronte Owen Smith aprĂšs qu'Eagle lui apporte son soutien lors d'un scrutin se tenant d'aoĂ»t Ă  . Il est rĂ©Ă©lu chef du parti avec 61,8 % des voix[52].

En , Jeremy Corbyn exprime son soutien Ă  l'idĂ©e d'un second rĂ©fĂ©rendum pouvant annuler le Brexit. Si des dĂ©putĂ©s hostiles au Brexit saluent sa dĂ©cision, d'autres, favorables au Brexit, le critiquent[53] - [54]. Neuf dĂ©putĂ©s travaillistes issus de l’aile droite du Labour quittent le parti en reprochant Ă  Jeremy Corbyn son ambiguĂŻtĂ© face aux Brexit et sa responsabilitĂ© dans la montĂ©e de l'antisĂ©mitisme au sein du parti[55]. Huit de ces dĂ©putĂ©s fondent « le Groupe indĂ©pendant » avec trois dĂ©putĂ©s qui ont quittĂ© le Parti conservateur en raison de la crise interne de celui-ci autour du Brexit[56] - [57].

Jeremy Corbyn dĂ©pose le suivant une motion Ă  la Chambre des communes visant Ă  permettre Ă  cette derniĂšre d'initier une proposition de loi qui interdirait une sortie de l'Union europĂ©enne sans accord avec celle-ci. La motion, soutenue par tous les partis d'opposition et par dix dĂ©putĂ©s conservateurs (dont notamment Kenneth Clarke, Justine Greening, Dominic Grieve, Sam Gyimah et Oliver Letwin) est toutefois rejetĂ©e par 309 voix contre 298, huit travaillistes favorables au Brexit (dont Caroline Flint et John Mann) ayant notamment votĂ© contre[58] - [59].

Le , il publie une proposition pour empĂȘcher que le gouvernement conservateur de Boris Johnson ne sorte le Royaume-Uni de l'Union europĂ©enne sans accord. Il demande aux dĂ©putĂ©s hostiles Ă  une telle sortie sans accord d'approuver une motion de censure qu'il dĂ©poserait contre le gouvernement Ă  la Chambre des communes dĂ©but septembre. Il demanderait alors la confiance de la Chambre pour devenir Premier ministre par intĂ©rim, avec un mandat trĂšs court destinĂ© uniquement Ă  lui permettre d'organiser des Ă©lections lĂ©gislatives anticipĂ©es. Durant la campagne pour ces Ă©lections, le Parti travailliste sous sa direction demanderait aux citoyens un mandat pour la tenue d'un nouveau rĂ©fĂ©rendum sur le Brexit. Si les travaillistes remportaient les Ă©lections, son gouvernement organiserait un rĂ©fĂ©rendum, qui proposerait une alternative entre la possibilitĂ© d'annuler le Brexit et un nouvel accord incluant une union douaniĂšre et l’alignement des normes de protection sociale et environnementale avec l’UE — ce que l'universitaire ClĂ©ment Claret prĂ©sente comme un « soft Brexit »[60] - [45]. En , il dĂ©clare qu'il renĂ©gocierait un accord de sortie avec l’Union europĂ©enne dans les trois mois suivant son arrivĂ©e au pouvoir et qu’il resterait « neutre » pour le nouveau rĂ©fĂ©rendum qu'il souhaiterait organiser trois mois plus tard[61].

Son action pendant la crise autour du Brexit lui attire des critiques au sein de son parti, les sondages indiquant qu'une nette majoritĂ© d'Ă©lecteurs travaillistes souhaite alors sa dĂ©mission ; cependant, il parvient Ă  faire repousser par les dĂ©lĂ©guĂ©s du Labour une motion devant le conduire Ă  faire campagne pour rester dans l’Union europĂ©enne[62] - [63]. ClĂ©ment Claret estime que « de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le Labour a du mal Ă  faire entendre ses arguments dans ce dĂ©bat, parce qu’il ne propose pas une solution toute faite, comme le font ses adversaires »[45].

Politique extérieure

Jeremy Corbyn lors d'une rencontre avec le prĂ©sident des États-Unis, Barack Obama, en 2016.

Jeremy Corbyn a prĂ©sidĂ© le collectif « Stop the War », qui a organisĂ© de grandes manifestations contre les guerres en Afghanistan et en Irak, et est considĂ©rĂ© comme propalestinien[64]. Populaire au sein de la communautĂ© musulmane, il a fait campagne auprĂšs d'elle pour la primaire travailliste qu'il a remportĂ©e[64]. ImpliquĂ© auprĂšs de la mosquĂ©e de Finsbury Park qui est situĂ©e sur sa circonscription, il a, d'aprĂšs Le Monde, « Ă©tĂ© l’un des acteurs majeurs de sa dĂ©radicalisation et de sa rĂ©ouverture selon un processus suivi de prĂšs par Scotland Yard, aprĂšs qu’elle eut Ă©tĂ© fermĂ©e en 2003 et son imam Abou Hamza, proche d’Al-QaĂŻda, arrĂȘtĂ© pour terrorisme l’annĂ©e suivante »[64]. Il se montre en 2016 trĂšs critique de l'intervention militaire saoudienne au YĂ©men, touchĂ© par une guerre civile, et demande, aprĂšs qu'un tribunal des Nations unies l'a considĂ©rĂ©e contraire au droit international, qu'une enquĂȘte indĂ©pendante soit menĂ©e au sujet des ventes d'armes par le gouvernement britannique Ă  l'Arabie saoudite. Il demande Ă©galement Ă  David Cameron de s'expliquer sur la prĂ©sence de militaires britanniques cĂŽtĂ© saoudien[65]. En 2018, il est critiquĂ© pour avoir Ă©tĂ© prĂ©sent en 2014 Ă  une cĂ©rĂ©monie en hommage Ă  des terroristes palestiniens du groupe Septembre noir Ă©liminĂ©s par IsraĂ«l aprĂšs avoir assassinĂ© des athlĂštes israĂ©liens aux Jeux olympiques de Munich en 1972[66].

Il affirme « ne pas ĂȘtre un admirateur de la politique Ă©trangĂšre de Poutine » et considĂšre que la Russie a violĂ© la souverainetĂ© de l’Ukraine en annexant la CrimĂ©e[67]. Bien qu'il ne soit en effet gĂ©nĂ©ralement pas considĂ©rĂ© comme favorable au gouvernement russe, il est rĂ©guliĂšrement invitĂ© sur le plateau de la chaĂźne russe RT, qui relaye la propagande du Kremlin. Il considĂšre pour sa part que la chaĂźne est souvent plus objective que les mĂ©dias occidentaux, et appelle ses partisans Ă  la regarder[67].

Lors d’une confĂ©rence de presse tenue conjointement le Ă  Londres avec le secrĂ©taire d'État des Affaires Ă©trangĂšres et du Commonwealth, Jeremy Hunt, le SecrĂ©taire d'État amĂ©ricain, Mike Pompeo, dĂ©clare que le soutien apparent du prĂ©sident du Parti travailliste Jeremy Corbyn au prĂ©sident vĂ©nĂ©zuĂ©lien Nicolas Maduro est « dĂ©goĂ»tant ». En effet, contrairement au gouvernement britannique, le Parti travailliste a refusĂ© de condamner le gouvernement de Maduro[68].

Accusation d'antisémitisme

Jeremy Corbyn Ă  la tribune de la manifestation pro-palestinienne de Rage Against Israel Ă  Londres, en juin 2010.
Des relations critiquées

Jeremy Corbyn présente ses excuses en 2016 pour avoir qualifié les mouvements islamistes Hezbollah et le Hamas « d'amis »[69], qu'il aimerait inviter au Parlement[2] - [70].

En 2014, Jeremy Corbyn participe à plusieurs événements pro-palestiniens organisés par Paul Eisen, un militant qui nie l'existence de l'Holocauste[71] - [72].

Jeremy Corbyn est critiqué par les médias pour ses relations avec l'Iran[73] - [74].

Le 9 février 2014, il est invité dans un centre islamique pour célébrer le 35e anniversaire de la révolution islamique en Iran[75] - [76].

À la suite des rĂ©vĂ©lations par la presse, Jeremy Corbyn prĂ©sente ses excuses pour sa prĂ©sence en 2014 au dĂ©pĂŽt d'une gerbe de fleurs sur la tombe de Palestiniens accusĂ©s d’ĂȘtre liĂ©s au massacre de onze athlĂštes israĂ©liens lors des Jeux olympiques de 1972[77] - [78] - [79] - [80].

La presse lui reproche ses relations avec la Commission islamique des droits de l'homme, une association londonienne trÚs controversée. Jeremy Corbyn, a en effet déclaré que cette commission fait un travail absolument formidable[81].

En mars 2015, la Commission islamique des droits de l'homme offre son « prix de l'islamophobe de l'année » au journal Charlie Hebdo, moins de deux mois aprÚs que douze personnes ont été abattues dans ses locaux[82] - [83] - [84].

Affaires d'antisémitisme au sein du parti

Sous la direction de Jeremy Corbyn, le Parti travailliste est rĂ©guliĂšrement critiquĂ© pour des liens supposĂ©s avec « l'extrĂȘme gauche antisĂ©mite, voire nĂ©gationniste » et pour avoir tolĂ©rĂ© des membres ou des partisans accusĂ©s d'antisĂ©mitisme.

Le , Jeremy Corbyn reconnaĂźt qu’il existe un « rĂ©el problĂšme » d’antisĂ©mitisme au sein du parti et affirme que « restaurer la confiance » avec la communautĂ© juive est sa prioritĂ©. Plusieurs membres du parti sont ainsi suspendus ou forcĂ©s de dĂ©missionner Ă  la suite de dĂ©clarations controversĂ©es : c’est notamment le cas l’ancien maire de Londres Ken Livingstone. Cette mesure n’est pas suffisante pour trois journaux juifs britanniques, le Jewish Chronicle, le Jewish News et le Jewish Telegraph, qui accusent Jeremy Corbyn de poser « une menace existentielle » Ă  la communautĂ© juive[85].

En , Jeremy Corbyn prĂ©sente ses excuses pour n'avoir pas suffisamment reconnu le problĂšme, et ajoute : « Je reconnais que l'antisĂ©mitisme a fait surface dans le Parti travailliste, et a trop souvent Ă©tĂ© minimisĂ© [
]. Ceci a peinĂ© et blessĂ© les membres juifs de notre parti, et plus largement la communautĂ© juive du Royaume-Uni. Je suis sincĂšrement dĂ©solĂ© pour la douleur provoquĂ©e, et je m'engage Ă  redoubler d'efforts pour mettre fin Ă  cette anxiĂ©tĂ©. [
] Je serai toujours un opposant militant Ă  l'antisĂ©mitisme »[86] - [87] - [88]. Il s'excuse Ă©galement pour s'ĂȘtre opposĂ© dans un commentaire sur Facebook en 2012 Ă  la destruction d'une peinture murale Ă  Londres figurant des banquiers au nez crochu jouant au Monopoly, et dĂ©clare n'avoir pas vu l'image de prĂšs et n'avoir donc pas compris Ă  l'Ă©poque que la peinture jouait sur des thĂšmes antisĂ©mites[89] - [90].

En , une commission parlementaire indique n'avoir pu Ă©tablir « aucune preuve fiable et empirique attestant l’idĂ©e d’une prĂ©valence plus prononcĂ©e des comportements antisĂ©mites au sein du Parti travailliste que dans les autres formations politiques ». Une enquĂȘte commandĂ©e par l’organisme Campaign Against Anti-semitism (en) (CAA) en 2017 relĂšve que les prĂ©jugĂ©s antisĂ©mites ont diminuĂ© au sein du Parti travailliste depuis 2015 et qu'ils y sont moins prĂ©sents qu'au Parti conservateur et qu'au Parti pour l'indĂ©pendance du Royaume-Uni (UKIP)[91].

En 2018 et 2019, Jeremy Corbyn s'engage Ă  plusieurs reprises Ă  combattre les manifestations d'antisĂ©mitisme au sein du Labour[86] - [87] - [88] - [92]. Cette mise au point intervient alors que le Parti travailliste a adoptĂ© la dĂ©finition de l’antisĂ©mitisme Ă©laborĂ©e par l’Alliance internationale pour le souvenir de l’Holocauste[93], mais a reformulĂ© quatre des onze exemples associĂ©s Ă  cette dĂ©finition, afin de prĂ©ciser que critiquer les actions du gouvernement israĂ©lien n'est pas toujours un acte antisĂ©mite[94] - [95]. Cette reformulation a conduit trois journaux juifs britanniques[96] Ă  accuser de concert Jeremy Corbyn de poser « une menace existentielle » Ă  la communautĂ© juive[85]. En septembre, la direction du parti adopte l'intĂ©gralitĂ© des exemples mis en avant par l'AISH[97]. Tandis que le Jewish Labour Movement prend ses distances avec la direction du parti, l'organisation Jewish Voice for Labour (en)[98], exprime son soutien Ă  Jeremy Corbyn, soulignant ses « initiatives contre l'antisĂ©mitisme »[99].

En , la Commission pour l'Ă©galitĂ© et les droits humains (en) (EHRC) annonce qu'elle ouvre une enquĂȘte pour discrimination antisĂ©mite au sein du Parti travailliste, ayant reçu un nombre suffisant de plaintes sur le sujet. Le numĂ©ro deux du parti, Tom Watson, demande Ă  la direction de s'assurer qu'aucune preuve ne soit dĂ©truite[100].

En , la diffusion d'un documentaire sur l'antisémitisme au sein du Parti travailliste par la BBC aggrave la crise[101] : Corbyn est interpellé sur le sujet à la fois par des organisations juives, 60 lords travaillistes et des employés du parti, qui se plaignent des attaques contre les lanceurs d'alerte[102].

Plusieurs personnalités travaillistes, indignées par cette situation, quittent le parti[55].

En particulier, neuf députés travaillistes quittent le parti au début de l'année 2019 en reprochant à Jeremy Corbyn sa responsabilité dans la montée de l'antisémitisme au sein du parti, son ambiguïté face aux Brexit et ses prises de position en matiÚres de politique internationale[55].

Issus de l'aile droite du parti, ils s'Ă©taient employĂ©s Ă  contrer les initiatives de Corbyn et n'avaient pas obtenu l'investiture du Labour pour les Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 2019[55]. En , une autre dĂ©putĂ©e, Louise Ellman, dĂ©missionne du parti accusant Corbyn d'avoir laissĂ© prospĂ©rer l’antisĂ©mitisme au sein de sa formation[103]. Le gouvernement israĂ©lien fait savoir, Ă  l'occasion des Ă©lections gĂ©nĂ©rales britanniques de , qu'une arrivĂ©e au pouvoir de Jeremy Corbyn constituerait « une menace pour les relations entre les deux pays et un sujet d'inquiĂ©tude pour les Juifs britanniques »[104].

Le grand rabbin du Commonwealth, Ephraim Mirvis (en), reproche quant Ă  lui Ă  Jeremy Corbyn d'avoir laissĂ© le « poison » s’enraciner au sein du Parti travailliste[105]. En octobre 2020, le Parti travailliste britannique « suspend son ancien chef Jeremy Corbyn pour les rĂ©serves qu'il a Ă©mises au sujet d'un rapport accablant » et « dur Ă  lire » Ă©manant de la EHRC, mettant en Ă©vidence des faits d’antisĂ©mitisme sous sa direction du parti, et dĂ©cide d'ouvrir une enquĂȘte[106] - [107].

DĂ©faite historique de 2019

Lors des Ă©lections gĂ©nĂ©rales anticipĂ©es de , Jeremy Corbyn tente de mettre l’accent sur le social et la dĂ©fense du systĂšme de santĂ© publique (NHS) alors que Boris Johnson mĂšne campagne sur le Brexit, un sujet sur lequel Corbyn a une position jugĂ©e peu claire : eurosceptique historique, il fait en sorte de rallier les pro-UE, notamment les LibĂ©raux-dĂ©mocrates, en appelant Ă  un rĂ©fĂ©rendum qui proposerait un nouvel accord de sortie plus favorable aux travailleurs et, comme alternative, le maintien dans l'Union. Ayant longtemps Ă©vitĂ© d'exprimer sa prĂ©fĂ©rence entre les deux options, il dĂ©clare finalement qu'il ne prendrait pas position pendant une telle campagne[44].

Le , le Parti travailliste obtient son plus faible nombre d'Ă©lus depuis 1935 — tout en recueillant un plus grand nombre de voix qu'en 2015 et en 2010 ; son ambiguĂŻtĂ© sur le Brexit, dans un scrutin dominĂ© par cet enjeu, et son programme trĂšs orientĂ© Ă  gauche sont avancĂ©s pour expliquer ce rĂ©sultat[108] - [109] - [110]. Selon le journaliste et activiste de gauche Aaron Bastani, le parti eut Ă  affronter l'hostilitĂ© de la presque totalitĂ© des mĂ©dias britanniques[111]. Si John McDonnell, bras droit de Jeremy Corbyn et tenant d'une ligne favorable Ă  l'UE, prend sur lui la responsabilitĂ© de la dĂ©faite, en dĂ©clarant que « le dĂ©sastre est de [son] fait », Fabien Escalona de Mediapart considĂšre que « Corbyn n’était pas la marionnette de McDonnell », et souligne que « toute une fraction de la base militante qui le soutenait l’a poussĂ© dans cette orientation qui s’est rĂ©vĂ©lĂ©e si dommageable en siĂšges »[110]. Jeremy Corbyn annonce qu'il quittera ses fonctions aprĂšs une pĂ©riode de « rĂ©flexion »[112]. Son successeur, Ă©lu par les membres du parti, est Keir Starmer, qui le remplace le 4 avril 2020 ; il l'emporte notamment sur Rebecca Long Bailey, tenante d'une ligne plus proche de celle de Jeremy Corbyn[113] - [114].

Député indépendant

Le 29 octobre 2020, Jeremy Corbyn est suspendu du Parti travailliste aprĂšs la publication d’un rapport interne pointant son inaction face Ă  l'antisĂ©mitisme prĂ©sent au sein de la gauche britannique[115]. La Equality and Human Rights Commision (EHRC) rĂ©vĂšle par ailleurs que la direction du parti a tentĂ©, sous la prĂ©sidence de Jeremy Corbyn, de faire obstruction Ă  son travail alors qu'elle enquĂȘtait sur ces allĂ©gations d'antisĂ©mitisme[116].

Il est rĂ©intĂ©grĂ© au sein du parti le 17 novembre 2020, mais il n’est pas autorisĂ© Ă  siĂ©ger en tant que dĂ©putĂ© travailliste[117] - [118].

En 2022 éclate la guerre en Ukraine. Dans un entretien à la chaine de télévision libanaise Al Mayadeen, réputée proche du Hezbollah[119], il déclare que pour mettre fin au conflit, il faut cesser d'armer les Ukrainiens[120].

RĂ©sultats Ă©lectoraux

Chambre des communes

Élections locales

Date Conseil District Parti Voix Rang RĂ©sultats
1974 Haringey London Borough Council South Hornsey Travailliste 1 190 1er Élu
1978 Haringey London Borough Council Haringay Travailliste 1 729 2e Élu
1982 Haringey London Borough Council Haringay Travailliste 1 839 1er Élu

Débat politique français

Le nom de Jeremy Corbyn surgit plusieurs fois dans le débat politique et médiatique français.

Au lendemain de la dĂ©faite historique de Jeremy Corbyn aux Ă©lections[122], Jean-Luc MĂ©lenchon estime que Corbyn n'est pas antisĂ©mite. Il accuse notamment sa dĂ©faite sur le grand rabbin d’Angleterre, les rĂ©seaux du Likoud, et il s'en prend au CRIF[123]. Ces propos dĂ©clenchent une vaste polĂ©mique[124].

En juin 2022, le nom de Corbyn surgit Ă  nouveau dans l’arĂšne politique française, lorsque DaniĂšle Obono et Danielle Simonnet, candidates de la Nouvelle Alliance Populaire et Écologiste (NUPES) pour les lĂ©gislatives Ă  Paris, reçoivent la visite de Jeremy Corbyn le samedi 4 juin. La visite est condamnĂ©e par la porte parole du Parti socialiste et la Ligue contre le racisme et l'antisĂ©mitisme et entraĂźne une nouvelle polĂ©mique[125] - [126].

Orientations politiques

Propositions formulées en 2015

Jeremy Corbyn en 2007.

Ses propositions principales, lorsqu'il brigue la direction du parti en 2015 (et donc la possibilité de mener les travaillistes aux prochaines élections législatives en 2020), incluent[127] - [8] :

Économie

Jeremy Corbyn se positionne contre l'austĂ©ritĂ© et propose une stratĂ©gie Ă©conomique fondĂ©e sur l'investissement. Pour relancer l'Ă©conomie et rompre avec l'austĂ©ritĂ©, il promet en 2016 de prĂ©lever 500 milliards de livres sterling dans l'Ă©conomie[128] : renationaliser en partie les chemins de fer, les compagnies Ă©nergĂ©tiques, renflouer les caisses du National Health Service sont certaines de ses propositions. Afin de lutter contre les inĂ©galitĂ©s, il promet d'introduire un salaire minimum horaire de 10 livres[129]. Il entend aussi lutter contre la fraude fiscale en investissant un milliard de livres dans la HMRC, organisme non-ministeriel du gouvernement et responsable de la collecte des taxes et des cotisations Ă  la sĂ©curitĂ© sociale.

InterrogĂ© par Andrew Marr sur sa vision du capitalisme, il rĂ©pond qu'il ne veut pas d'une Ă©conomie socialiste ou dirigiste, mais d'une « Ă©conomie mixte », avec un État rĂ©gulateur qui investit dans certains secteurs clĂ©s de l'Ă©conomie comme la santĂ©, l'Ă©ducation ou les transports et qui permette d'attĂ©nuer les inĂ©galitĂ©s sociales[130] - [131]. Des Ă©conomistes comme Steve Keen Ă©crivent dans une lettre au journal The Guardian que, contrairement Ă  ce qui se dit chez ses opposants, les propositions anti-austĂ©ritaires de Corbyn ne sont pas d’extrĂȘme gauche[132]. Le modĂšle qu'il propose serait Ă©loignĂ© du marxisme et post-keynĂ©sianiste[133] - [134] - [135].

Politique extérieure

Lors d'un discours en , Jeremy Corbyn inclut parmi les points clefs de sa politique étrangÚre une participation britannique aux missions onusiennes de maintien de la paix, une répression des paradis fiscaux notamment pour « aider à protéger l'autonomie fiscale des pays en développement », un soutien fortement accru aux réfugiés, et un engagement plus fort dans la lutte contre le réchauffement climatique. Plus généralement, ses prises de position favorisent le respect du droit international, le multilatéralisme dans la résolution des conflits, et la nécessité de résoudre les problÚmes de pauvreté et d'inégalité dans le monde[136].

Syrie : soutien Ă  Bachar el-Assad

En 2016, pendant la guerre civile syrienne, Jeremy Corbyn rend visite Ă  Bachar el-Assad[137] - [138].

Il est accusé de soutenir ce dernier, d'appeler à des solutions politiques tout en sachant que Assad les a toutes rejetées, d'appeler à un cessez le feu sans jamais condamner spécifiquement les attaques du régime contre les civils, de mettre dos à dos les exactions du despote contre les civils et celles attribuées aux rebelles ; il refuse notamment de condamner les attaques chimiques menées par Assad et s'oppose aux frappes contre l'arsenal syrien sans par ailleurs critiquer l'intervention russe[139] - [140] - [141] - [142].

Il a suscité la polémique pour avoir invité des « apologistes » et propagandistes de Bachar El Assad à l'informer et à informer son équipe sur le dossier syrien, dont Declan Hayes et mÚre AgnÚs Mariam[143] - [144].

Propositions formulées en 2019

Le , s'adressant à la conférence annuelle du Parti travailliste, Jeremy Corbyn prévoit des élections législatives anticipées et présente quelles positions le parti s'est engagé à y défendre sous sa direction[145] :

  • empĂȘcher un Brexit sans accord, et organiser Ă  la place un second rĂ©fĂ©rendum oĂč les citoyens britanniques puissent dĂ©cider entre approuver un accord de sortie que nĂ©gocierait son gouvernement ou bien annuler le Brexit et permettre au Royaume-Uni de rester membre de l'Union europĂ©enne ;
  • renforcer le financement des services publics (Service national de SantĂ©, Ă©coles, service de police...) ;
  • permettre aux employĂ©s des grandes entreprises de bĂ©nĂ©ficier directement des profits de ces entreprises, avec un dividende pouvant aller jusqu'Ă  500 ÂŁ par an par employĂ© selon le montant de ces profits ;
  • interdire les contrats zĂ©ro heure ;
  • relever Ă  10 ÂŁ par heure le salaire minimum pour qu'il permette Ă  tout employĂ© de vivre dĂ©cemment, et l'appliquer Ă©galement aux employĂ©s nouvellement recrutĂ©s et aux jeunes employĂ©s (Ă  partir de l'Ăąge de 16 ans) ;
  • agir (sans plus de prĂ©cision) sur les inĂ©galitĂ©s de revenu qui affectent les femmes, les personnes handicapĂ©es et les personnes issues de minoritĂ©s ethniques ;
  • permettre aux employĂ©es qui le souhaitent d'avoir des horaires de travail flexibles durant leur mĂ©nopause ;
  • abroger la loi de 2016 qui restreint les modalitĂ©s d'action collective des syndicats ;
  • (re-)nationaliser les chemins de fer, le service postal (Royal Mail), les services d'eau et d'Ă©lectricitĂ© ;
  • crĂ©er une entreprise publique de fabrication de mĂ©dicaments gĂ©nĂ©riques Ă  un coĂ»t abordable pour le Service national de SantĂ© (NHS) ; n'accorder de financement public Ă  la recherche aux entreprises pharmaceutiques que si elles vendent leurs mĂ©dicaments au NHS Ă  un coĂ»t abordable ;
  • crĂ©er un Service national de l'Éducation sur le modĂšle du Service national de SantĂ© ; abroger les frais d'inscription Ă  l'universitĂ©, mettre en place des formations techniques et professionnalisantes gratuites, mettre en place un service gratuit de garde d'enfant ;
  • au moyen d'une « stratĂ©gie industrielle », investir 250 milliards de livres Ă  travers le pays dans l'amĂ©lioration des infrastructures de transport, d'Ă©nergie et d'accĂšs Ă  Internet, et investir Ă©galement 250 milliards de livres dans les entreprises et les coopĂ©ratives pour redynamiser l'Ă©conomie et l'emploi, notamment dans les rĂ©gions qui en ont le plus besoin ;
  • investir « massivement » dans les Ă©nergies renouvelables et les technologies vertes pour permettre la crĂ©ation de « centaines de milliers d'emplois hautement qualifiĂ©s et bien payĂ©s » ainsi qu'atteindre Ă  terme la neutralitĂ© carbone de l'Ă©conomie britannique ;
  • avoir une politique Ă©trangĂšre dĂ©finie par « notre engagement pour les droits de l'homme et la justice internationale » et refuser de participer Ă  des guerres Ă  l'Ă©tranger ;
  • financer en partie ces mesures en accroissant les impĂŽts uniquement pour les grandes entreprises et les 5% de contribuables les plus fortunĂ©s.

Distinction

En , le Bureau International de la paix lui décerne le Prix Sean MacBride pour son engagement contre les armes nucléaires[146].

Notes et références

Notes

    Références

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