Parti pirate (Islande)
Le Parti pirate (en islandais : Píratar) est un parti politique islandais fondé en 2012 par Birgitta Jónsdóttir (précédemment membre du parti Le Mouvement) et plusieurs activistes d'Internet, dont Smári McCarthy. Il est membre du Parti pirate européen et a été membre du Parti pirate international de 2013 à 2015.
Parti pirate (is) Píratar | |
Logotype officiel. | |
Présentation | |
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Chef | Halldóra Mogensen |
Fondation | |
Siège | Síðumúli 23, 108, Reykjavik |
Positionnement | Centre gauche |
Idéologie | Démocratie directe[1] Réforme du copyright[1] Transparence démocratique[1] Libertés sur Internet |
Affiliation européenne | Parti pirate européen |
Adhérents | 1 443 (2015)[2] |
Couleurs | Violet et noir |
Site web | piratar.is |
Représentation | |
Députés | 6 / 63 |
Idéologie
Le parti n'a pas officiellement pris de position en faveur ou contre l'adhésion de l'Islande à l'Union européenne. Le parti a cependant conclu la chose suivante dans une politique de parti de l'Union européenne :
- L'Islande ne doit jamais devenir un membre de l'Union européenne à moins que l'accord d'adhésion ne soit soumis à un référendum après avoir été présenté à la nation d'une façon impartiale.
- Si l'Islande rejoint l'Union européenne, le pays sera représenté en une seule circonscription électorale lors d'une élection au Parlement européen.
- Si l'Islande rejoint l'Union européenne, l'islandais sera une de ses langues officielles.
- Si les négociations sur l'adhésion de l'Islande à la halte de l'Union européenne, ou l'adhésion, sont rejetées par l'un ou l'autre des parties, un examen de l'accord sur l'Espace économique européen doit être effectué, pour mieux assurer l'autodétermination de l'Islande. Il est inacceptable que l'Islande soit entièrement impliquée dans les législations européennes dans des accords d'affaires, sans obtenir de représentants ou d'audience.
- Les conditions des pirates pour l'adhésion de l'Islande à l'Union européenne sont que l'Islande sera exemptée d'adopter la directive 2006/24/CE sur la conservation des données (la Cour de justice européenne la déclare invalide en ) et le règlement quant à l'exécution de réclamations incontestées (1869/2005/EC), qui défierait autrement des droits de l'Homme fondamentaux.
Le Parti pirate islandais défend un modèle scandinave de l'État-providence, souhaiterait mettre en place un revenu universel tout en préconisant la liberté du marché où chaque agent économique pourrait s'enrichir librement sans que ses prélèvements fiscaux en soient d'autant augmentés[3].
Ce parti s’attache aussi à réformer les droits de la propriété intellectuelle, comme le copyright, les brevets et la protection des œuvres. Le programme comprend aussi un soutien au renforcement des libertés sur Internet et à protéger la vie politique de l'ingérence des entreprises[4].
Le , un projet de loi a été présenté au Parlement qui, si passé, accorde immédiatement la citoyenneté islandaise à Edward Snowden[5]. L'auteur du projet de loi était Helgi Hrafn Gunnarsson (Parti pirate) et était soutenu par les autres membres du Parti pirate, Ögmundur Jónasson (Mouvement des verts et de gauche), Páll Valur Björnsson (Avenir radieux) et Helgi Hjörvar (Alliance).
Un vote a été entrepris pour déterminer si le projet de loi serait mis à l'ordre du jour parlementaire mais il n'a pas reçu assez de soutiens.
Histoire
Débuts électoraux
Dans leur première participation électorale, lors des élections législatives de 2013, le Parti pirate a gagné 5,1 % des suffrages, juste au-dessus du seuil de 5 % exigé pour gagner la représentation dans l'Althing. Les trois membres élus, Birgitta Jónsdóttir, Helgi Gunnarsson et Jón ÓLafsson, ont été les premiers pirates élus à une élection nationale dans le monde[6].
Après l'attentat contre Charlie Hebdo du , le Parti pirate a commencé une campagne pour abroger les lois de blasphème en Islande. Les lois, qui ont été présentées en 1940, ont été abrogées avec succès début . L'abrogation, présentée par le Parti pirate, dit : « la liberté d'expression est une des pierres angulaires de la démocratie. Il est fondamental pour une société libre que les gens puissent s'exprimer eux-mêmes, sans craindre de punition, de la part des autorités ou de toute autre personne. »[7]. Pendant le vote sur l'abrogation, les trois députés du parti à l'Althing se sont levés et ont déclaré « Je suis Charlie », en solidarité avec le magazine satirique français[8].
Progression dans les sondages
En 2015, le parti obtient un soutien croissant de la population pour devenir, à partir d', le parti en tête des sondages d'opinion. En , avec 34,1 % de bonnes opinions, le parti devance à lui seul les deux partis de la coalition gouvernementale combinés (respectivement 23 % et 8,9 % pour le Parti de l'indépendance et le Parti du progrès)[9]. Ce score, appliqué à une élection législative, lui permettrait d'obtenir 24 sièges sur 63 à l'Althing[10]. Trois mois plus tard, début , le parti continue de dominer les sondages et atteint un seuil historique de 36 % d'opinions favorables, là où la coalition des deux partis au pouvoir atteint 33 %[11].
En , des manifestations populaires au sujet de l'implication du Premier ministre dans les Panama Papers ont éclaté et impliquaient un pourcentage massif de la population. Elles ont été considérées comme « les plus grandes manifestations qu'on ait pu voir dans un pays au monde »[12]. À la suite de ce scandale, les sondages d' ont donné le Parti pirate à 43 % alors que le Parti de l'indépendance est à 21,6 %[13].
Percée aux élections législatives de 2016
Le Parti pirate, longtemps en tête des sondages, arrive troisième des élections législatives islandaises de 2016 avec 14 % des voix, et obtient 10 sièges à l'Althing comme le Mouvement des verts et de gauche.
Birgitta Jónsdóttir, leader du Parti pirate a annoncé être déçue du soutien du « gouvernement Panama », faisant allusion aux membres du gouvernement dont Bjarni Benediktsson, chef du Parti de l'indépendance, concernés par le scandale des Panama Papers, tout en étant heureuse de la forte progression du Parti pirate, qui gagne 10 sièges à l'Althing contre 3 aux élections de 2013[14].
Le Parti pirate échoue cependant faire aboutir les négociations avec les autres partis en vue de la formation d'une coalition gouvernementale. Nommé le et dirigé par Bjarni Benediktsson, le nouveau gouvernement est formé d'une coalition entre le Parti de l'indépendance, Viðreisn et Avenir radieux.
Lors des élections législatives de 2017, tenues à la suite de la chute du gouvernement de Bjarni Benediktsson, le parti recule en dessous de la barre des 10 % des suffrages. Toutefois, il prend part à des discussions en vue de la formation d'un gouvernement avec le Mouvement des verts et de gauche, l'Alliance et le Parti du progrès[15].
Résultats électoraux
Législatives : au niveau national
Législatives : par circonscription
Année | Nord Ouest | Nord Est | Sud | Sud Ouest | Reykjavik Sud | Reykjavik Nord | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
% | Sièges | % | Sièges | % | Sièges | % | Sièges | % | Sièges | % | Sièges | |
2013 | 3,1 | 0 / 8 |
3,0 | 0 / 10 |
4,7 | 0 / 10 |
5,0 | 1 / 13 |
6,2 | 1 / 11 |
6,9 | 1 / 11 |
2016 | 10,9 | 1 / 8 |
10,0 | 1 / 10 |
12,8 | 1 / 10 |
13,6 | 2 / 13 |
17,3 | 2 / 11 |
19,0 | 3 / 11 |
2017 | 6,8 | 0 / 8 |
5,5 | 0 / 10 |
7,1 | 1 / 10 |
8,3 | 1 / 13 |
11,4 | 2 / 11 |
13,6 | 2 / 11 |
2021 | 6,3 | 0 / 8 |
5,3 | 0 / 10 |
5,6 | 0 / 10 |
8,3 | 1 / 13 |
10,9 | 2 / 11 |
12,8 | 3 / 11 |
Popularité
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Notes et références
- (en) Wolfram Nordsieck, « Iceland », sur parties-and-elections.eu.
- (is) Samúel Karl Ólafsson, « Píratar hafa ekki undan fjölda nýskráninga », Vísir, (lire en ligne).
- Philippe Descamps, « Des Pirates à l'assaut de l'Islande », Le Monde diplomatique, (lire en ligne).
- AFP, « Le Parti pirate islandais, premier au monde à entrer dans un Parlement national », Le Monde, (lire en ligne).
- (is) « Snowden-frumvarp lagt fram á Alþingi », sur visir.is, (consulté le ).
- « Le Parti pirate islandais, premier au monde à entrer dans un Parlement national », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- (en) « Iceland repeals blasphemy ban after Pirate party campaign », sur theguardian.com, (consulté le ).
- (en) « Iceland's Pirate Party Wins Repeal Of Blasphemy Law », sur npr.org, (consulté le ).
- (is) Gallup, « Fylgi stjórnmálaflokka », Sondage Gallup, (lire en ligne).
- (en) Paul Fontaine, « Gallup: Progressives At All-Time Low For Current PM », The Reykjavík Grapevine, (lire en ligne).
- (en) Paul Fontaine, « Pirates With Most Support Five Months Running », The Reykjavík Grapevine, (lire en ligne).
- (en) « Fearing the Pirate Party, Iceland's government scrambles to avoid elections », sur boingboing.net, (consulté le ).
- (en) « Almost half of Icelandic nation now want the Pirate Party », sur icelandmonitor.mbl.is, (consulté le ).
- « En Islande, le Parti pirate ne réalise pas la percée espérée », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- « Islande : le Mouvement Gauche-Verts, deuxième aux élections, chargé de former un gouvernement », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Lionel Cordier, « L'Islande n'est pas une île », Slate, (lire en ligne).
- Lionel Cordier, « Les pirates en politique. L’ascension d’un parti islandais », La Vie des Idées, (ISSN 2105-3030, lire en ligne, consulté le ).
Liens externes
- (is) Site officiel