Euroscepticisme
Lâeuroscepticisme est une attitude critique Ă l'Ă©gard de l'intĂ©gration europĂ©enne et Ă l'Union europĂ©enne[1] - [2] basĂ©e notamment sur un doute quant Ă sa viabilitĂ© ou son utilitĂ©[3] - [4] - [5]. De maniĂšre encore plus prononcĂ©e que les pro-europĂ©ens, les eurosceptiques ne constituent pas un bloc homogĂšne mais comprennent les « mouvements dâopposition Ă la construction europĂ©enne »[6]. Selon AgnĂšs Alexandre-Collier ce terme est ambigu, allant « de la simple suspicion Ă lâopposition militante en passant par lâhostilitĂ© passive, soulignant que lâeuroscepticisme revĂȘt autant de formes quâil existe de motifs de dĂ©sapprobation »[7].
On peut parler Ă©galement dâeurophobie ou dâanti-europĂ©anisme pour dĂ©signer une opposition franche Ă l'Union europĂ©enne ou Ă l'intĂ©gration europĂ©enne, parfois marquĂ©e par la volontĂ© de remettre celle-ci en cause[N 1], par exemple dans le cadre de projets tels que le Brexit au Royaume-Uni ou le Frexit en France.
Les eurosceptiques s'opposent aux "pro-européens" (partisans du modÚle actuel, voire d'une intégration européenne plus accrue, par exemple, le fédéralisme européen) et se différencient des eurocritiques (partisans d'une construction européenne mais sur un autre modÚle, par exemple, une Europe des nations dépourvue de transferts importants de la souveraineté nationale).
DĂ©finition de la notion
Début du XXe siÚcle : la notion d'« anti-européen »
Au dĂ©but du XXe siĂšcle, le terme le plus utilisĂ© pour dĂ©signer les courants s'opposant Ă lâunification europĂ©enne Ă©tait celui d'« anti-europĂ©en ». Le terme est ainsi utilisĂ© par Richard Coudenhove-Kalergi dans son ouvrage Paneurope, qu'il oppose Ă celui de « paneuropĂ©en »[6] ; et par NikolaĂŻ Danilevski dans son ouvrage La Russie et l'Europe[8].
L'expression fut aussi reprise par le mouvement fasciste italien qui a créé, sous la direction d'Asvero Gravelli, la revue Anti-Europa[8]. Le terme dénote l'idée, en Italie fasciste, de rejet des valeurs humanistes, de la démocratie libérale et de la bourgeoisie[6].
D'aprĂšs Jean-Claude MichĂ©a, le terme « europhobie » a « Ă©tĂ© forgĂ© par la propagande hitlĂ©rienne, au cours de la Seconde Guerre mondiale, dans le but de stigmatiser la rĂ©sistance hĂ©roĂŻque des peuples anglais et serbe Ă lâavĂšnement dâune Europe nouvelle »[9].
Apparition de la notion d'euroscepticisme : distinction hard euroscepticism et soft euroscepticism
Le terme « euroscepticisme » semble issu du néologisme « euroscepticism » apparu dans la presse britannique[N 2]. Il désigne alors ceux opposés à la construction européenne au sein du Parti conservateur[6].
L'universitaire AgnĂšs Louis souligne qu'un ensemble dâauteurs, tels que Bernard Bruneteau, « rĂ©cusent le concept dâeuroscepticisme, dans la mesure oĂč celui-ci Ă©craserait la variĂ©tĂ©, culturelle et idĂ©ologique, des « rĂ©sistances » Ă lâUnion »[10]. Une typologie de l'euroscepticisme a Ă©tĂ© proposĂ©e par Aleks Szczerbiak et Paul A. Taggart afin d'identifier les courants le formant. Ils ont ainsi distinguĂ© le hard euroscepticism et le soft euroscepticism[11].
Pour eux, la notion de hard euroscepticism est dĂ©finie comme « un principe d'opposition Ă l'Union europĂ©enne et Ă l'intĂ©gration europĂ©enne et qui est, par consĂ©quent, visible dans les partis qui considĂšrent que leurs pays devraient se retirer de l'Union, ou dont les politiques envers l'UE Ă©quivalent Ă ĂȘtre opposĂ© Ă l'ensemble du projet d'intĂ©gration europĂ©enne telle que conçu actuellement »[N 3]. La notion peut se traduire par l'expression « euroscepticisme dur » et inclure des Ă©lĂ©ments tels que l'« europhobie »[6] ou la « xĂ©nophobie »[12].
La notion de soft euroscepticism est, quant Ă elle, dĂ©finie comme « un principe qui ne s'oppose pas Ă l'intĂ©gration europĂ©enne ou Ă l'adhĂ©sion Ă l'Union europĂ©enne mais dans lequel les doutes liĂ©s Ă certaines politiques conduisent Ă l'expression d'une opposition nuancĂ©e Ă l'Union, ou dans lequel l'« intĂ©rĂȘt national » est ressenti comme Ă©tant pour le moment en dĂ©saccord avec la trajectoire de l'Union »[N 4]. Cette derniĂšre notion se traduit par l'expression d'« euroscepticisme modĂ©rĂ© »[6], et peut inclure des Ă©lĂ©ments tels que la « nonâintĂ©gration », l'« eurorĂ©alisme », le « populisme », l'« ennui europĂ©en » ou la critique de l'UE[12].
L'emploi de hard euroscepticism est critiquĂ© en ce que les politologues ont constatĂ©, en France, lors des dĂ©bats sur le traitĂ© de Maastricht, que l'opposition au traitĂ© ne se matĂ©rialisait pas systĂ©matiquement par de l'« anti-europĂ©isme », mais parfois par la volontĂ© d'une autre Europe. Ainsi, les gaullistes Ă©taient « pour » l'Europe de l'Atlantique Ă l'Oural, l'extrĂȘme droite « pour » une Europe des nations et des patries, et ces courants manifestaient donc un soft euroscepticism[6] - [N 5]. La notion d'euroscepticisme peut ĂȘtre rapprochĂ©e de celle de souverainisme, apparue dans les annĂ©es 1996-1997 en France. Celle-ci fut utilisĂ©e par des associations en lutte contre les traitĂ©s de Maastricht et dâAmsterdam pour ne pas ĂȘtre qualifiĂ©es d'« anti-europĂ©ennes »[6].
Autre tentative de définition de l'euroscepticisme : un idéal-type
Petr Kopecky et Cas Mudde ont proposé, en 2002, une autre classification de l'euroscepticisme. Cette classification prend la forme d'un tableau aux paramÚtres suivant : europhile, europhobe d'une part ; et EU-optimist et EU-pessimist d'autre part[13]. Ces deux derniers paramÚtres se définissent ainsi :
- la position de EU-optimist est dĂ©finie comme Ă©tant la position de ceux soutenant l'UE telle qu'elle a Ă©tĂ© mise en Ćuvre et qu'elle est dirigĂ©e. Selon leur dĂ©finition, une attitude critique envers une certaine politique de l'Union europĂ©enne ne disqualifie pas le parti de sa position de EU-optimist. DĂšs lors que le parti accepte l'actuelle structure de l'UE dans son ensemble, il est dans cette catĂ©gorie[N 6] - [14].
- la position de EU-pessimist au contraire est la position de ceux qui ne soutiennent pas la forme actuelle de l'UE ou sont pessimistes sur ses développements. Cela ne veut pas dire, pour autant, qu'un EU-pessimist s'oppose à l'adhésion. Il peut s'agir simplement d'une opposition aux développement de l'UE, contraire à leur propre interprétation de l'idée d'intégration européenne[14].
En combinant ces quatre paramÚtres, quatre idéaux-types apparaissent :
- les euroenthusiasts : les partis ou groupes qui combinent les europhiles et EU-optimists. Ils soutiennent l'idée générale d'intégration européenne et croit que l'UE en est l'incarnation[14].
- les eurosceptics : les partis ou groupes combinant les europhiles et EU-pessimists. Ils soutiennent l'idée générale d'intégration européenne mais sont pessimistes sur les développements de l'UE par rapport à leur opinion de l'intégration[14].
- les europragmatists : ils regroupent les europhobes et les EU-optimists. Ils ne soutiennent pas l'idée d'intégration européenne à la base de l'UE (sans nécessairement s'y opposer), mais soutiennent l'UE[14].
- les eurorejects : ils sont à la fois europhobes et EU-pessimists, ne soutiennent ni l'UE ni l'intégration européenne[14].
Petr Kopecky et Cas Mudde soulignent cependant qu'il s'agit d'idéaux-types et que la notion d'« euroscepticisme » en soi est floue en ce qu'elle correspond à différentes visions de l'UE et de l'intégration européenne. Ils soutiennent cependant que l'europhilie sous-tend l'euroscepticisme[15].
Cependant, Ămit Yazmaci souligne que le concept d'euroscepticisme, dans son acception commune, n'est pas aussi restrictif que celui proposĂ© par Petr Kopecky et Cas Mudde. Il considĂšre, ainsi, que le « concept mĂȘme dâeuroscepticisme est promptement contestĂ© en tant quâinstrument conceptuel pour ne pas avoir entiĂšrement expliquĂ© tous les aspects et les formes polymorphes des oppositions Ă lâintĂ©gration europĂ©enne »[16].
Neutralités des termes employés
Pour Ingrid Riocreux, universitaire spécialiste de rhétorique et stylistique, l'usage du terme « europhobe », au rebours de ce que pense la plupart des journalistes, n'est pas du registre de l'information, mais de celui du jugement. En effet, la connotation péjorative du suffixe « -phobe » suscite une forme de répulsion. Elle montre que les mots en « -phobe » sont davantage des mots de lobbies ou de militants visant à discréditer de maniÚre commode les opposants à une cause qu'ils défendent que des mots neutres et impartiaux[17].
Positionnement
Les arguments mis en avant par les eurosceptiques reposent sur plusieurs aspects : politique, Ă©conomique ou encore culturel.
En matiÚre politique, les eurosceptiques considÚrent que l'intégration européenne se fait sans la volonté des peuples (et font, à ce titre, référence au traité de Lisbonne)[18]. à cela, s'ajoute l'abstention aux élections européennes. Par ailleurs, les eurosceptiques considÚrent qu'il y a un abandon de la souveraineté nationale dans l'intégration européenne[18].
En matiÚre économique, les eurosceptiques critiquent notamment la création de l'euro, les politiques économiques menées par la BCE ou le caractÚre libéral de l'Union.
Sur le plan culturel, l'harmonisation menée au niveau du processus législatif (notamment dans le cadre de l'adoption de rÚglements) est critiquée par les eurosceptiques car ils considÚrent que cela gomme les différences nationales[18].
Certains mouvements et responsables eurosceptiques de droite (Front national, Mouvement pour la France, Nicolas Dupont-Aignan en France, Ligue du Nord en Italie, Jobbik en Hongrie, Alliance civique démocratique en République tchÚque, Parti de la Grande Roumanie, Ligue des familles polonaises) reconvertissent les arguments antisoviétiques pour critiquer l'Union européenne, comparée à l'URSS « pour son autoritarisme et le poids de sa bureaucratie »[19].
Euroscepticisme en Union européenne
Opinion publique européenne
De 1983 Ă 2011, l'EurobaromĂštre a sondĂ© l'opinion publique afin de dĂ©terminer si celle-ci considĂ©rait que l'appartenance Ă l'UE avait Ă©tĂ© un plus pour leur Ătat membre. En avril 1990[N 7], en mars 1991[N 8] et en mai 2007[N 9], 59 % des sondĂ©s considĂ©raient que leur Ătat avait bĂ©nĂ©ficiĂ© de l'adhĂ©sion. Ă l'inverse, le pourcentage de personnes considĂ©rant que leur Ătat n'avait pas bĂ©nĂ©ficiĂ© de l'adhĂ©sion est montĂ© jusqu'Ă 39 % en 2010[N 10] - [20].
L'EurobaromÚtre indique que, à la question de savoir si les citoyens européens éprouveraient de « grands regrets », un « vif soulagement », ou de l'« indifférence » en cas d'abandon de l'Union européenne, environ 80 % d'entre eux hésitent entre le « grand regret » et l'« indifférence »[21].
Tableau des partis politiques européens eurosceptiques
Partis politiques eurosceptiques actuels au Parlement européen | |||
---|---|---|---|
Nom | Sigle | Idéologie | Reconnaissance par l'UE |
Alliance des conservateurs et réformistes européens | AECR | Conservatisme Euroscepticisme |
Reconnu |
EUDemocrats - Alliance pour une Europe des démocraties | EUD | Souverainisme Euroscepticisme |
Reconnu |
Libertas | Souverainisme Euroscepticisme |
Non reconnu | |
Mouvement pour l'Europe des libertés et de la démocratie | MELD | Conservatisme Souverainisme Euroscepticisme |
Reconnu |
Europe des Nations et des Libertés | MENL | Nationalisme Souverainisme Patriotisme Euroscepticisme |
Reconnu |
Alliance européenne des mouvements nationaux | AEMN | Ultranationalisme Souverainisme Euroscepticisme |
Reconnu[22] Association de partis |
Anciens partis politiques eurosceptiques au Parlement européen | |||
Nom | Sigle | Idéologie | Période |
Alliance pour l'Europe des nations | AEN | Nationalisme Euroscepticisme |
2002-2009 |
Alliance des démocrates indépendants en Europe | ADIE | Souverainisme Euroscepticisme |
2005-2008 |
Démocrates européens | DE | Libéral-conservatisme Euroscepticisme |
1979-1992 (groupe indépendant) 1992-2009 (parti informel associé au PPE) |
Mouvement pour la réforme européenne | MER | Libéral-conservatisme Euroscepticisme |
2006-2009 |
La France est le seul Ătat de lâUnion europĂ©enne Ă avoir toujours Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ© au sein des partis politiques europĂ©ens eurosceptiques[23].
Opinions publiques
Ă la question de savoir si lâappartenance Ă l'Union europĂ©enne est un gaspillage d'argent, 50 % des Autrichiens pensent que c'est le cas (- 4 points par rapport Ă lâautomne 2012), 40 % des SuĂ©dois partagent cet avis (- 4 points par rapport Ă lâautomne 2012) ainsi que 38 % des TchĂšques (+ 2 points par rapport Ă lâautomne 2012)[24].
L'opinion des europĂ©ens quant Ă la direction prise par l'UE varie en fonction des Ătats membres. Dans 21 Ătats, les citoyens europĂ©ens considĂšrent que la situation prise par l'UE est nĂ©gative (contre 20 pour la situation prise par un Ătat en particulier). Parmi ces Ătats, les plus fortes opinions nĂ©gatives enregistrĂ©es le sont en GrĂšce (71 %), Ă Chypre (62 %) et au Luxembourg (61 %). Ă l'inverse, les opinions nĂ©gatives sur la direction prise par lâUE sont les plus faibles en Bulgarie (13 %) en Lituanie (20 %) et Ă Malte (22 %)[25]. Sans ĂȘtre positive, les plus fortes progressions des opinions nĂ©gatives sur la direction prise par l'UE sont aux Pays-Bas (+ 8 points Ă 56 % ; tandis que les opinions positives gagnent aussi 13 points Ă 32 %) et en SlovĂ©nie (+ 6 points d'opinion nĂ©gative Ă 48 % ; tandis que les opinions positives perdent 7 points Ă 19 %)[25].
En Croatie, le dernier Ătat adhĂ©rent, l'opinion publique Ă©tait, avant lâadhĂ©sion, majoritairement en faveur avec 38 % des sondĂ©s considĂ©rant cela comme une bonne chose, 24 % comme une mauvaise chose, et 35 % ne se prononçant pas[24].
Mouvements eurosceptiques par Ătats membres
D'aprĂšs une Ă©tude de Szczerbiak et Taggart datant de 2002 (certains partis ayant depuis changĂ© de nom), ainsi que quelques ajouts ultĂ©rieurs, les partis eurosceptiques des Ătats membres sont rĂ©sumĂ©s dans ce tableau.
Au Royaume-Uni, ancien Etat-membre de l'Union européenne, la force de l'euroscepticisme au sein de l'opinion publique a évidemment été illustrée par le résultat du référendum du 23 juin 2016, aboutissant au Brexit.
En France, Etat-membre fondateur, deuxiĂšme puissance dĂ©mographique et Ă©conomique, et premiĂšre puissance militaire de l'Union europĂ©enne, l'euroscepticisme apparaĂźt profondĂ©ment ancrĂ© au sein de l'opinion publique. Ce constat est rĂ©guliĂšrement illustrĂ© tant par les enquĂȘtes d'opinion que par les rĂ©sultats d'Ă©lections. AprĂšs s'ĂȘtre prononcĂ©s Ă une courte majoritĂ© en faveur de la ratification du TraitĂ© de Maastricht, en 1992, les Ă©lecteurs français ont rejetĂ© Ă une nette majoritĂ©, en 2005, le projet de constitution europĂ©enne, portant un coup d'arrĂȘt Ă son adoption. Une enquĂȘte d'opinion conduite en 2019 a mis en Ă©vidence que s'ils Ă©taient de nouveau appelĂ©s Ă se prononcer sur ces deux traitĂ©s, les Ă©lecteurs français les rejetteraient massivement[56]. Plus rĂ©cemment, lors du premier tour de l'Ă©lection prĂ©sidentielle d'avril 2022, 60,96% des suffrages exprimĂ©s se sont portĂ©s sur des candidats considĂ©rĂ©s comme eurosceptiques.
Euroscepticisme hors Union européenne
Dans les Ătats candidats
Il y a six Ătats candidats reconnus : l'Albanie, la Bosnie-HerzĂ©govine, la MacĂ©doine du Nord, le MontĂ©nĂ©gro, la Serbie et la Turquie. Dans le cadre des diffĂ©rentes procĂ©dures d'adhĂ©sion, l'EurobaromĂštre sonde rĂ©guliĂšrement les habitants de ces Ătats candidats afin de dĂ©terminer le soutien Ă l'appartenance dans ces Ătats ainsi que le bĂ©nĂ©fice attendu de l'adhĂ©sion[57].
Opinions publiques dans les Ătats candidats
L'adhĂ©sion Ă lâUE est vue positivement dans la plupart des Ătats candidats Ă lâexception de lâIslande : 42 % des sondĂ©s considĂšrent que ce serait une mauvaise chose (- 2 points par rapport Ă lâautomne 2012), contre 24 % d'avis positifs (- 2 points par rapport Ă lâautomne 2012) et 29 % qui ne sait pas (+ 6 points% par rapport Ă lâautomne 2012)[57].
La MacĂ©doine du Nord est lâĂtat oĂč l'opposition Ă l'adhĂ©sion est la plus faible, avec seulement 16 % d'opinions nĂ©gatives (+ 2 points par rapport Ă l'automne 2012)[N 22]. Elle est suivie de prĂšs par le MontĂ©nĂ©gro, ou il n'y a que 17 % d'opinions nĂ©gatives Ă l'adhĂ©sion (+ 4 points par rapport Ă l'automne 2012)[N 23]. En Serbie et en Turquie l'opposition Ă l'adhĂ©sion diminue : respectivement 21 % et 31 % avec une baisse, dans les deux cas, de deux points par rapport Ă l'automne 2012[N 24] - [N 25].
La MacĂ©doine du Nord et le MontĂ©nĂ©gro sont les deux Ătats candidats aux opinions nĂ©gatives les plus basses avec, tous deux, 25 % d'opinions nĂ©gatives[N 26] - [N 27].
Macédoine du Nord
Les acteurs politiques macĂ©doniens sont globalement tous en faveur de l'intĂ©gration europĂ©enne et de l'adhĂ©sion Ă l'Union europĂ©enne. En revanche, leurs opinions s'opposent sur les rĂ©formes qui doivent ĂȘtre menĂ©es en premier dans le cadre du processus dâadhĂ©sion[58].
Monténégro
à l'instar des partis politiques macédoniens, les principaux partis politiques monténégrins sont en faveur de l'adhésion à l'Union européenne[59].
Serbie
Parmi les partis eurosceptiques serbes se trouvent le Parti radical, le Parti démocratique serbe[60].
Turquie
La perception de l'euroscepticisme, en Turquie, est plus nĂ©gative et pĂ©jorative qu'ailleurs. En effet, le terme y est perçu comme Ă©tant proche du mot « kızılelmacı » dĂ©signant ceux qui sont favorables Ă la coopĂ©ration entre lâextrĂȘme-droite et lâextrĂȘme-gauche ultra-nationaliste. En effet, les hommes politiques soutenant l'Europe et la modernisation ne veulent pas ĂȘtre qualifiĂ©s. Ils adoptent un terme offensif en qualifiant l'Union europĂ©enne de « turco-sceptique »[61].
L'euroscepticisme turc, tant dans l'opinion publique que politique, repose notamment sur l'opposition au processus de dĂ©mocratisation Ă l'europĂ©enne, portant atteinte au kĂ©malisme[N 28] - [62]. De mĂȘme, l'Union europĂ©enne est perçue comme soutenant le sĂ©paratisme kurde[63] - [62]. Ce sont ces positions qui sont notamment reprises par le parti d'action nationaliste dans son programme :
« La continuation des nĂ©gociations dĂ©pend des conditions de l'Union europĂ©enne, lesquelles ne doivent pas heurter l'intĂ©rĂȘt national de la Turquie sur les sujets cruciaux tel que l'unitĂ© et l'intĂ©gritĂ© nationale de la Turquie, la terreur et le sĂ©paratisme : Chypre, la GrĂšce, et l'ArmĂ©nie, et le rejet de toute approche autre que la pleine adhĂ©sion Ă l'Union, constituent la base de notre politique. »
Euroscepticisme en Islande
En Islande, Ă la suite des Ă©lections parlementaires d'avril 2013, un gouvernement formĂ© par le Parti de l'indĂ©pendance et le Parti du progrĂšs arrive au pouvoir avec Sigmundur DavĂĂ° Gunnlaugsson (PP) comme Premier ministre. Au 22 mai 2013, la coalition dĂ©cide d'arrĂȘter les nĂ©gociations d'adhĂ©sion du pays Ă l'Union europĂ©enne jusqu'Ă ce qu'un rĂ©fĂ©rendum soit organisĂ© sur la poursuite du processus d'adhĂ©sion[64]. Le , le ministre des Affaires Ă©trangĂšres islandais Gunnar Bragi Sveinsson annonce avoir suspendu pour toute la durĂ©e de la lĂ©gislature les nĂ©gociations d'adhĂ©sion Ă l'UE[65].
Outre le Parti de l'indépendance[66], les autres partis eurosceptiques sont le Mouvement des verts et de gauche[67] et le Parti libéral[68].
En matiĂšre de consĂ©quences envisagĂ©es si l'adhĂ©sion Ă©tait effective, l'Islande reste lâĂtat au pourcentage d'opinion nĂ©gative le plus Ă©levĂ© avec 57 % (inchangĂ© depuis l'automne 2012)[N 29].
Euroscepticisme en NorvĂšge
L'adhésion de la NorvÚge à l'UE a été rejetée à la suite de deux référendums : en 1972 et en 1994.
Le Parti du centre, le Parti populaire chrétien, le Parti socialiste de gauche, le parti Rouge et le Venstre étaient contre l'adhésion lors de ces deux référendums. Les partis du centre, rouge et socialiste de gauche sont toujours contre l'adhésion[69]. En revanche, le Venstre, le Parti du progrÚs et Les Verts n'ont pas pris position.
Notes
- « A principled opposition to the EU and European integration and therefore can be seen in parties who think that their countries should withdraw from membership, or whose policies toward the EU are tantamount to being opposed to the whole project of European integration as it is currently conceived. »
- Les dates diffÚrent suivant les sources, allant du 11 novembre 1985 dans le journal The Times au 26 décembre 1992 dans The Economist (Hooghe et Marks 2007, p. 2).
- « A principled opposition to the EU and European integration and therefore can be seen in parties who think that their countries should withdraw from membership, or whose policies toward the EU are tantamount to being opposed to the whole project of European integration as it is currently conceived » (Szczerbiak et Taggart 2002, p. 7).
- « Not a principled objection to European integration or EU membership but where concerns on one (or a number) of policy areas leads to the expression of qualified opposition to the EU, or where there is a sense that ânational interestâ is currently at odds with the EU trajectory » (Szczerbiak et Taggart 2002, p. 7).
- En 1997, le parti communiste français a tenté de distinguer sa position en se qualifiant d'« euroconstructif » (Le Dréau 2009).
- Par exemple, en dépit de certaines critiques de la politique agricole commune, le parti paysan polonais est EU-optimist non seulement parce qu'il considÚre l'UE comme un instrument vital de soutien des paysans, mais aussi parce qu'il soutient la forme générale et les développements des éléments politiques, institutionnels et sociaux de l'UE.
- En avril 1990, les résultats du sondage indiquaient : 59 % de « bénéficié », 24 % de « pas bénéficié » et 17 % de « ne se prononce pas » (EurobaromÚtre - Bénéfice de l'adhésion).
- En mars 1991, les résultats du sondage indiquaient : 59 % de « bénéficié », 25 % de « pas bénéficié » et 17 % de « ne se prononce pas » (EurobaromÚtre - Bénéfice de l'adhésion).
- En mai 2007, les résultats du sondage indiquaient : 59 % de « bénéficié », 30 % de « pas bénéficié » et 11 % de « ne se prononce pas » (EurobaromÚtre - Bénéfice de l'adhésion).
- En 2010, les résultats du sondage indiquaient : 50 % de « bénéficié », 39 % de « pas bénéficié » et 11 % de « ne se prononce pas » (EurobaromÚtre - Bénéfice de l'adhésion).
- Le parti a atteint 26,9 % des voix en 1999.
- Le parti a atteint 15,9 % des voix en 1999 (le parti n'ayant participé qu'aux élections en Flandres, le pourcentage concerne la population flamande).
- Le parti a atteint 2,4 % des voix en 1999 (le parti n'ayant participé qu'aux élections en Wallonie, le pourcentage concerne la population wallonne).
- Le parti ne s'est pas opposé à l'adhésion de la Bulgarie à l'Union européenne, cependant son positionnement politique en font un parti fortement eurosceptique.
- Le parti était, à l'origine, contre l'adhésion de l'Estonie à l'Union à l'instar du parti de l'indépendance.Cependant, seul ce dernier parti souhaite le retrait de l'Estonie de l'Union.
- Le parti a obtenu 9,8 % des voix en 2009, contre 0,5 % des voix en 2004 (Le Figaro - 7 juin 2009).
- Le parti « La politique peut ĂȘtre diffĂ©rente » est parfois qualifiĂ© d'eurosceptique modĂ©rĂ©.
- Bien qu'étant plus eurosceptique que ces homologues européens, le parti soutint le traité de Lisbonne.
- Le parti a obtenu 1,48 % des voix aux Ă©lections de 2001.
- Le parti a obtenu 31,71 % des voix aux Ă©lections de 2001.
- La base du parti travailliste est plus eurosceptique que l'Ă©lite du parti.
- à la question « D'une maniÚre générale, pensez vous que le fait pour la Macédoine de faire partie de l'UE serait... ? », 56 % ont répondu « une bonne chose », 16 % « une mauvaise chose » et 25 % « une chose ni bonne et ni mauvaise » (EurobaromÚtre 2013, p. 69).
- à la question « D'une maniÚre générale, pensez vous que le fait pour le Monténégro de faire partie de l'UE serait... ? », 55 % ont répondu « une bonne chose », 17 % « une mauvaise chose » et 23 % « une chose ni bonne et ni mauvaise » (EurobaromÚtre 2013, p. 69).
- à la question « D'une maniÚre générale, pensez vous que le fait pour la Serbie de faire partie de l'UE serait... ? », 39 % ont répondu « une bonne chose », 21 % « une mauvaise chose » et 31 % « une chose ni bonne et ni mauvaise » (EurobaromÚtre 2013, p. 69).
- à la question « D'une maniÚre générale, pensez vous que le fait pour la Turquie de faire partie de l'UE serait... ? », 38 % ont répondu « une bonne chose », 31 % « une mauvaise chose » et 21 % « une chose ni bonne et ni mauvaise » (EurobaromÚtre 2013, p. 70).
- à la question « Tout bien considéré, estimez-vous que la Macédoine bénéficierait ou non de son appartenance à l'UE ? », 64 % ont répondu « bénéficierait », 25 % « ne bénéficierait pas » et 11 % « ne sait pas » (EurobaromÚtre 2013, p. 70).
- à la question « Tout bien considéré, estimez-vous que le Monténégro bénéficierait ou non de son appartenance à l'UE ? », 61 % ont répondu « bénéficierait », 25 % « ne bénéficierait pas » et 14 % « ne sait pas » (EurobaromÚtre 2013, p. 70).
- Historiquement, le kĂ©malisme a soudĂ© lâĂtat turc aprĂšs la chute de l'Empire ottoman lors de la guerre contre la GrĂšce. L'Europe et la GrĂšce sont ainsi perçues comme Ă©tant contre les bases de la politique nationale.
- à la question « Tout bien considéré, estimez-vous que l'Islande bénéficierait ou non de son appartenance à l'UE ? », 57 % ont répondu « ne bénéficierait pas », 33 % « bénéficierait » et 10 % « ne sait pas » (EurobaromÚtre 2013, p. 70).
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Euroscepticism » (voir la liste des auteurs).
Références
- DĂ©finition - Oxford English Dictionary.
- DĂ©finition - Collins.
- DĂ©finition - Larousse.
- Harmsen et Spiering 2004, p. 15-17.
- Hooghe et Marks 2007, p. 2.
- Le Dréau 2009.
- Alexandre-Collier 1998, p. 16.
- (it) Asvero Gravelli, Difesa dallâEuropa e funzione antieuropea del fascismo, Rome, Nuova Europa, , 54 p.
- « Jean-Claude MichĂ©a : « On ne peut ĂȘtre politiquement orthodoxe » », Ballast,â (lire en ligne).
- AgnÚs Louis, « Les anti-européens », sur La vie des idées.fr, (consulté le ).
- Szczerbiak et Taggart 2002, p. 7.
- Euractiv - 6 septembre 2013.
- Kopecky et Mudde 2002, p. 7.
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- (en) « Eurosceptic », sur le site des dictionnaires Collins