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Euroscepticisme

L’euroscepticisme est une attitude critique Ă  l'Ă©gard de l'intĂ©gration europĂ©enne et Ă  l'Union europĂ©enne[1] - [2] basĂ©e notamment sur un doute quant Ă  sa viabilitĂ© ou son utilitĂ©[3] - [4] - [5]. De maniĂšre encore plus prononcĂ©e que les pro-europĂ©ens, les eurosceptiques ne constituent pas un bloc homogĂšne mais comprennent les « mouvements d’opposition Ă  la construction europĂ©enne »[6]. Selon AgnĂšs Alexandre-Collier ce terme est ambigu, allant « de la simple suspicion Ă  l’opposition militante en passant par l’hostilitĂ© passive, soulignant que l’euroscepticisme revĂȘt autant de formes qu’il existe de motifs de dĂ©sapprobation »[7].

« Trumna dla rybakĂłw », un « cercueil pour les pĂȘcheurs », un signe visible sur les flancs de certains bateaux de pĂȘche polonais pour protester contre l'interdiction de pĂȘcher la morue.
Affiche contre l'Union européenne à AthÚnes en 2005.
Une protestation multilingue à la Constitution européenne.
Un exemple d'action eurosceptique, un drapeau de l'UE vandalisé à Sopot en Pologne.

On peut parler Ă©galement d’europhobie ou d’anti-europĂ©anisme pour dĂ©signer une opposition franche Ă  l'Union europĂ©enne ou Ă  l'intĂ©gration europĂ©enne, parfois marquĂ©e par la volontĂ© de remettre celle-ci en cause[N 1], par exemple dans le cadre de projets tels que le Brexit au Royaume-Uni ou le Frexit en France.

Les eurosceptiques s'opposent aux "pro-européens" (partisans du modÚle actuel, voire d'une intégration européenne plus accrue, par exemple, le fédéralisme européen) et se différencient des eurocritiques (partisans d'une construction européenne mais sur un autre modÚle, par exemple, une Europe des nations dépourvue de transferts importants de la souveraineté nationale).

DĂ©finition de la notion

Début du XXe siÚcle : la notion d'« anti-européen »

Au dĂ©but du XXe siĂšcle, le terme le plus utilisĂ© pour dĂ©signer les courants s'opposant Ă  l’unification europĂ©enne Ă©tait celui d'« anti-europĂ©en ». Le terme est ainsi utilisĂ© par Richard Coudenhove-Kalergi dans son ouvrage Paneurope, qu'il oppose Ă  celui de « paneuropĂ©en »[6] ; et par NikolaĂŻ Danilevski dans son ouvrage La Russie et l'Europe[8].

L'expression fut aussi reprise par le mouvement fasciste italien qui a créé, sous la direction d'Asvero Gravelli, la revue Anti-Europa[8]. Le terme dénote l'idée, en Italie fasciste, de rejet des valeurs humanistes, de la démocratie libérale et de la bourgeoisie[6].

D'aprĂšs Jean-Claude MichĂ©a, le terme « europhobie » a « Ă©tĂ© forgĂ© par la propagande hitlĂ©rienne, au cours de la Seconde Guerre mondiale, dans le but de stigmatiser la rĂ©sistance hĂ©roĂŻque des peuples anglais et serbe Ă  l’avĂšnement d’une Europe nouvelle »[9].

Apparition de la notion d'euroscepticisme : distinction hard euroscepticism et soft euroscepticism

Le terme « euroscepticisme » semble issu du néologisme « euroscepticism » apparu dans la presse britannique[N 2]. Il désigne alors ceux opposés à la construction européenne au sein du Parti conservateur[6].

L'universitaire AgnĂšs Louis souligne qu'un ensemble d’auteurs, tels que Bernard Bruneteau, « rĂ©cusent le concept d’euroscepticisme, dans la mesure oĂč celui-ci Ă©craserait la variĂ©tĂ©, culturelle et idĂ©ologique, des « rĂ©sistances » Ă  l’Union »[10]. Une typologie de l'euroscepticisme a Ă©tĂ© proposĂ©e par Aleks Szczerbiak et Paul A. Taggart afin d'identifier les courants le formant. Ils ont ainsi distinguĂ© le hard euroscepticism et le soft euroscepticism[11].

Pour eux, la notion de hard euroscepticism est dĂ©finie comme « un principe d'opposition Ă  l'Union europĂ©enne et Ă  l'intĂ©gration europĂ©enne et qui est, par consĂ©quent, visible dans les partis qui considĂšrent que leurs pays devraient se retirer de l'Union, ou dont les politiques envers l'UE Ă©quivalent Ă  ĂȘtre opposĂ© Ă  l'ensemble du projet d'intĂ©gration europĂ©enne telle que conçu actuellement »[N 3]. La notion peut se traduire par l'expression « euroscepticisme dur » et inclure des Ă©lĂ©ments tels que l'« europhobie »[6] ou la « xĂ©nophobie »[12].

La notion de soft euroscepticism est, quant Ă  elle, dĂ©finie comme « un principe qui ne s'oppose pas Ă  l'intĂ©gration europĂ©enne ou Ă  l'adhĂ©sion Ă  l'Union europĂ©enne mais dans lequel les doutes liĂ©s Ă  certaines politiques conduisent Ă  l'expression d'une opposition nuancĂ©e Ă  l'Union, ou dans lequel l'« intĂ©rĂȘt national » est ressenti comme Ă©tant pour le moment en dĂ©saccord avec la trajectoire de l'Union »[N 4]. Cette derniĂšre notion se traduit par l'expression d'« euroscepticisme modĂ©rĂ© »[6], et peut inclure des Ă©lĂ©ments tels que la « non‑intĂ©gration », l'« eurorĂ©alisme », le « populisme », l'« ennui europĂ©en » ou la critique de l'UE[12].

L'emploi de hard euroscepticism est critiquĂ© en ce que les politologues ont constatĂ©, en France, lors des dĂ©bats sur le traitĂ© de Maastricht, que l'opposition au traitĂ© ne se matĂ©rialisait pas systĂ©matiquement par de l'« anti-europĂ©isme », mais parfois par la volontĂ© d'une autre Europe. Ainsi, les gaullistes Ă©taient « pour » l'Europe de l'Atlantique Ă  l'Oural, l'extrĂȘme droite « pour » une Europe des nations et des patries, et ces courants manifestaient donc un soft euroscepticism[6] - [N 5]. La notion d'euroscepticisme peut ĂȘtre rapprochĂ©e de celle de souverainisme, apparue dans les annĂ©es 1996-1997 en France. Celle-ci fut utilisĂ©e par des associations en lutte contre les traitĂ©s de Maastricht et d’Amsterdam pour ne pas ĂȘtre qualifiĂ©es d'« anti-europĂ©ennes »[6].

Autre tentative de définition de l'euroscepticisme : un idéal-type

Petr Kopecky et Cas Mudde ont proposé, en 2002, une autre classification de l'euroscepticisme. Cette classification prend la forme d'un tableau aux paramÚtres suivant : europhile, europhobe d'une part ; et EU-optimist et EU-pessimist d'autre part[13]. Ces deux derniers paramÚtres se définissent ainsi :

  • la position de EU-optimist est dĂ©finie comme Ă©tant la position de ceux soutenant l'UE telle qu'elle a Ă©tĂ© mise en Ɠuvre et qu'elle est dirigĂ©e. Selon leur dĂ©finition, une attitude critique envers une certaine politique de l'Union europĂ©enne ne disqualifie pas le parti de sa position de EU-optimist. DĂšs lors que le parti accepte l'actuelle structure de l'UE dans son ensemble, il est dans cette catĂ©gorie[N 6] - [14].
  • la position de EU-pessimist au contraire est la position de ceux qui ne soutiennent pas la forme actuelle de l'UE ou sont pessimistes sur ses dĂ©veloppements. Cela ne veut pas dire, pour autant, qu'un EU-pessimist s'oppose Ă  l'adhĂ©sion. Il peut s'agir simplement d'une opposition aux dĂ©veloppement de l'UE, contraire Ă  leur propre interprĂ©tation de l'idĂ©e d'intĂ©gration europĂ©enne[14].

En combinant ces quatre paramÚtres, quatre idéaux-types apparaissent :

  • les euroenthusiasts : les partis ou groupes qui combinent les europhiles et EU-optimists. Ils soutiennent l'idĂ©e gĂ©nĂ©rale d'intĂ©gration europĂ©enne et croit que l'UE en est l'incarnation[14].
  • les eurosceptics : les partis ou groupes combinant les europhiles et EU-pessimists. Ils soutiennent l'idĂ©e gĂ©nĂ©rale d'intĂ©gration europĂ©enne mais sont pessimistes sur les dĂ©veloppements de l'UE par rapport Ă  leur opinion de l'intĂ©gration[14].
  • les europragmatists : ils regroupent les europhobes et les EU-optimists. Ils ne soutiennent pas l'idĂ©e d'intĂ©gration europĂ©enne Ă  la base de l'UE (sans nĂ©cessairement s'y opposer), mais soutiennent l'UE[14].
  • les eurorejects : ils sont Ă  la fois europhobes et EU-pessimists, ne soutiennent ni l'UE ni l'intĂ©gration europĂ©enne[14].

Petr Kopecky et Cas Mudde soulignent cependant qu'il s'agit d'idéaux-types et que la notion d'« euroscepticisme » en soi est floue en ce qu'elle correspond à différentes visions de l'UE et de l'intégration européenne. Ils soutiennent cependant que l'europhilie sous-tend l'euroscepticisme[15].

Cependant, Ümit Yazmaci souligne que le concept d'euroscepticisme, dans son acception commune, n'est pas aussi restrictif que celui proposĂ© par Petr Kopecky et Cas Mudde. Il considĂšre, ainsi, que le « concept mĂȘme d’euroscepticisme est promptement contestĂ© en tant qu’instrument conceptuel pour ne pas avoir entiĂšrement expliquĂ© tous les aspects et les formes polymorphes des oppositions Ă  l’intĂ©gration europĂ©enne »[16].

Neutralités des termes employés

Pour Ingrid Riocreux, universitaire spécialiste de rhétorique et stylistique, l'usage du terme « europhobe », au rebours de ce que pense la plupart des journalistes, n'est pas du registre de l'information, mais de celui du jugement. En effet, la connotation péjorative du suffixe « -phobe » suscite une forme de répulsion. Elle montre que les mots en « -phobe » sont davantage des mots de lobbies ou de militants visant à discréditer de maniÚre commode les opposants à une cause qu'ils défendent que des mots neutres et impartiaux[17].

Positionnement

Les arguments mis en avant par les eurosceptiques reposent sur plusieurs aspects : politique, Ă©conomique ou encore culturel.

En matiĂšre politique, les eurosceptiques considĂšrent que l'intĂ©gration europĂ©enne se fait sans la volontĂ© des peuples (et font, Ă  ce titre, rĂ©fĂ©rence au traitĂ© de Lisbonne)[18]. À cela, s'ajoute l'abstention aux Ă©lections europĂ©ennes. Par ailleurs, les eurosceptiques considĂšrent qu'il y a un abandon de la souverainetĂ© nationale dans l'intĂ©gration europĂ©enne[18].

En matiÚre économique, les eurosceptiques critiquent notamment la création de l'euro, les politiques économiques menées par la BCE ou le caractÚre libéral de l'Union.

Sur le plan culturel, l'harmonisation menée au niveau du processus législatif (notamment dans le cadre de l'adoption de rÚglements) est critiquée par les eurosceptiques car ils considÚrent que cela gomme les différences nationales[18].

Certains mouvements et responsables eurosceptiques de droite (Front national, Mouvement pour la France, Nicolas Dupont-Aignan en France, Ligue du Nord en Italie, Jobbik en Hongrie, Alliance civique démocratique en République tchÚque, Parti de la Grande Roumanie, Ligue des familles polonaises) reconvertissent les arguments antisoviétiques pour critiquer l'Union européenne, comparée à l'URSS « pour son autoritarisme et le poids de sa bureaucratie »[19].

Euroscepticisme en Union européenne

Opinion publique européenne

De 1983 Ă  2011, l'EurobaromĂštre a sondĂ© l'opinion publique afin de dĂ©terminer si celle-ci considĂ©rait que l'appartenance Ă  l'UE avait Ă©tĂ© un plus pour leur État membre. En avril 1990[N 7], en mars 1991[N 8] et en mai 2007[N 9], 59 % des sondĂ©s considĂ©raient que leur État avait bĂ©nĂ©ficiĂ© de l'adhĂ©sion. À l'inverse, le pourcentage de personnes considĂ©rant que leur État n'avait pas bĂ©nĂ©ficiĂ© de l'adhĂ©sion est montĂ© jusqu'Ă  39 % en 2010[N 10] - [20].

L'EurobaromÚtre indique que, à la question de savoir si les citoyens européens éprouveraient de « grands regrets », un « vif soulagement », ou de l'« indifférence » en cas d'abandon de l'Union européenne, environ 80 % d'entre eux hésitent entre le « grand regret » et l'« indifférence »[21].

Tableau des partis politiques européens eurosceptiques

Tableau
Partis politiques eurosceptiques actuels au Parlement européen
Nom Sigle Idéologie Reconnaissance par l'UE
Alliance des conservateurs et réformistes européens AECR Conservatisme
Euroscepticisme
Reconnu
EUDemocrats - Alliance pour une Europe des démocraties EUD Souverainisme
Euroscepticisme
Reconnu
Libertas Souverainisme
Euroscepticisme
Non reconnu
Mouvement pour l'Europe des libertés et de la démocratie MELD Conservatisme
Souverainisme
Euroscepticisme
Reconnu
Europe des Nations et des Libertés MENL Nationalisme
Souverainisme
Patriotisme
Euroscepticisme
Reconnu
Alliance européenne des mouvements nationaux AEMN Ultranationalisme
Souverainisme
Euroscepticisme
Reconnu[22]
Association de partis
Anciens partis politiques eurosceptiques au Parlement européen
Nom Sigle Idéologie Période
Alliance pour l'Europe des nations AEN Nationalisme
Euroscepticisme
2002-2009
Alliance des démocrates indépendants en Europe ADIE Souverainisme
Euroscepticisme
2005-2008
Démocrates européens DE Libéral-conservatisme
Euroscepticisme
1979-1992 (groupe indépendant)
1992-2009 (parti informel associé au PPE)
Mouvement pour la réforme européenne MER Libéral-conservatisme
Euroscepticisme
2006-2009

La France est le seul État de l’Union europĂ©enne Ă  avoir toujours Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ© au sein des partis politiques europĂ©ens eurosceptiques[23].

Opinions publiques

À la question de savoir si l’appartenance Ă  l'Union europĂ©enne est un gaspillage d'argent, 50 % des Autrichiens pensent que c'est le cas (- 4 points par rapport Ă  l’automne 2012), 40 % des SuĂ©dois partagent cet avis (- 4 points par rapport Ă  l’automne 2012) ainsi que 38 % des TchĂšques (+ 2 points par rapport Ă  l’automne 2012)[24].

L'opinion des europĂ©ens quant Ă  la direction prise par l'UE varie en fonction des États membres. Dans 21 États, les citoyens europĂ©ens considĂšrent que la situation prise par l'UE est nĂ©gative (contre 20 pour la situation prise par un État en particulier). Parmi ces États, les plus fortes opinions nĂ©gatives enregistrĂ©es le sont en GrĂšce (71 %), Ă  Chypre (62 %) et au Luxembourg (61 %). À l'inverse, les opinions nĂ©gatives sur la direction prise par l’UE sont les plus faibles en Bulgarie (13 %) en Lituanie (20 %) et Ă  Malte (22 %)[25]. Sans ĂȘtre positive, les plus fortes progressions des opinions nĂ©gatives sur la direction prise par l'UE sont aux Pays-Bas (+ 8 points Ă  56 % ; tandis que les opinions positives gagnent aussi 13 points Ă  32 %) et en SlovĂ©nie (+ 6 points d'opinion nĂ©gative Ă  48 % ; tandis que les opinions positives perdent 7 points Ă  19 %)[25].

En Croatie, le dernier État adhĂ©rent, l'opinion publique Ă©tait, avant l’adhĂ©sion, majoritairement en faveur avec 38 % des sondĂ©s considĂ©rant cela comme une bonne chose, 24 % comme une mauvaise chose, et 35 % ne se prononçant pas[24].

Mouvements eurosceptiques par États membres

D'aprĂšs une Ă©tude de Szczerbiak et Taggart datant de 2002 (certains partis ayant depuis changĂ© de nom), ainsi que quelques ajouts ultĂ©rieurs, les partis eurosceptiques des États membres sont rĂ©sumĂ©s dans ce tableau.

Tableau des partis par États membres
Euroscepticisme dur Euroscepticisme modéré Autres
Allemagne Les RĂ©publicains[26]
Parti national-démocrate[26]
Alternative pour l'Allemagne[27] - [26]
Citoyens en colĂšre
Autriche Parti de la liberté[26] - [N 11]
Alliance pour l'avenir de l'Autriche[28]
Belgique Vlaams Belang[N 12] - [26]
Front national[N 13] - [26] - [29]
Nieuw-Vlaamse Alliantie[30]
Parti populaire
Parti du travail de Belgique (pour une Europe sociale)[31]
Bulgarie Union nationale Attaque[N 14]
VMRO - Mouvement national bulgare
Bulgarie sans censure
Chypre Front populaire national Mouvement solidarité
Comité pour le rassemblement de la gauche radicale
Croatie Parti croate du Droit - Ante Starčević
Parti croate du Droit
Bouclier humain[32]
Danemark Mouvement populaire contre l'Union européenne[26]
Mouvement de juin[26]
Parti populaire danois[26]
Liste de l'unité[26]
Parti du progrĂšs
Parti populaire socialiste[26]
Espagne Parti communiste des peuples d'Espagne Podemos
Vox
Candidature d'unité populaire (en Catalogne)
Estonie Parti de l'indépendance[33] Parti du centre[N 15] - [34]Parti populaire conservateur d'Estonie[35]
Finlande Parti communiste de Finlande[26] Vrais Finlandais[26] - [N 16]
Chrétiens-démocrates[26]
France Les Patriotes[36]
PĂŽle de renaissance communiste en France[37]
Union populaire républicaine[38]
Rassemblement national[26] - [39]
Lutte ouvriĂšre[26]
Mouvement pour la France[26]
Nouveau Parti anticapitaliste
Rassemblement pour la France et l'indépendance de l'Europe[26]
Debout la France[40]
Parti de gauche
Parti communiste français[26]Rassemblement National[41] - [42] - [43]
Ligue du Sud
La France insoumise[44]
GrÚce Unité populaire
Alerte populaire orthodoxe
Mouvement Je ne paie pas
Grecs indépendants
ANTARSYA
Aube dorée
Parti communiste de GrĂšce[26]
Mouvement démocratique social[26]
Printemps Politique[26]
SynaspismĂłs[26]
SYRIZA
Hongrie FideszJobbik La politique peut ĂȘtre diffĂ©rente[N 17]
Irlande Parti vert[N 18] - [26]
Parti socialiste[45]
Sinn FĂ©in[45]
Italie Ligue du Nord[45] Mouvement 5 Ă©toiles

Front Populaire Italie (it)

FrĂšres d'Italie - Alliance nationale

Forza Italia
Lettonie Pour la patrie et la liberté
Lituanie Union du centre[34]
Luxembourg Parti réformiste d'alternative démocratique[45]
La Gauche[45]
Parti politique réformé[45]
Malte EUD Malta
Parti travailliste
Pays-Bas Gauche verte[45]
Parti socialiste[45]
Parti pour la liberté
Union chrétienne
Pologne Autodéfense de la république de Pologne[34]
Ligue des familles polonaises
CongrĂšs de la Nouvelle droite
Droit et justice
Pologne solidaire
Portugal Parti communiste portugais[45] - [46]
Bloc de gauche[47]
Les Verts[45]
RĂ©publique tchĂšque Parti communiste de BohĂȘme et Moravie[34] - [48]
Association pour la République-Parti républicain tchÚque[34] - [48]
Parti démocratique civique[34] - [48]
Roumanie Parti social-démocrate[49]
Alliance pour l'unité des Roumains[50]
Royaume-Uni Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni[45] - [N 19] Parti conservateur[45] - [N 20] Parti travailliste[N 21] - [51].
Slovaquie Parti populaire « Notre Slovaquie »
Parti national slovaque[52]
Slovénie Parti national slovÚne[53]
SuĂšde Parti de gauche[54]
Parti des Verts[45]
Parti du centre[45]
Parti social-démocrate[45]
Liste de juin[55]

Au Royaume-Uni, ancien Etat-membre de l'Union européenne, la force de l'euroscepticisme au sein de l'opinion publique a évidemment été illustrée par le résultat du référendum du 23 juin 2016, aboutissant au Brexit.

En France, Etat-membre fondateur, deuxiĂšme puissance dĂ©mographique et Ă©conomique, et premiĂšre puissance militaire de l'Union europĂ©enne, l'euroscepticisme apparaĂźt profondĂ©ment ancrĂ© au sein de l'opinion publique. Ce constat est rĂ©guliĂšrement illustrĂ© tant par les enquĂȘtes d'opinion que par les rĂ©sultats d'Ă©lections. AprĂšs s'ĂȘtre prononcĂ©s Ă  une courte majoritĂ© en faveur de la ratification du TraitĂ© de Maastricht, en 1992, les Ă©lecteurs français ont rejetĂ© Ă  une nette majoritĂ©, en 2005, le projet de constitution europĂ©enne, portant un coup d'arrĂȘt Ă  son adoption. Une enquĂȘte d'opinion conduite en 2019 a mis en Ă©vidence que s'ils Ă©taient de nouveau appelĂ©s Ă  se prononcer sur ces deux traitĂ©s, les Ă©lecteurs français les rejetteraient massivement[56]. Plus rĂ©cemment, lors du premier tour de l'Ă©lection prĂ©sidentielle d'avril 2022, 60,96% des suffrages exprimĂ©s se sont portĂ©s sur des candidats considĂ©rĂ©s comme eurosceptiques.

Euroscepticisme hors Union européenne

Dans les États candidats

Il y a six États candidats reconnus : l'Albanie, la Bosnie-HerzĂ©govine, la MacĂ©doine du Nord, le MontĂ©nĂ©gro, la Serbie et la Turquie. Dans le cadre des diffĂ©rentes procĂ©dures d'adhĂ©sion, l'EurobaromĂštre sonde rĂ©guliĂšrement les habitants de ces États candidats afin de dĂ©terminer le soutien Ă  l'appartenance dans ces États ainsi que le bĂ©nĂ©fice attendu de l'adhĂ©sion[57].

Opinions publiques dans les États candidats

L'adhĂ©sion Ă  l’UE est vue positivement dans la plupart des États candidats Ă  l’exception de l’Islande : 42 % des sondĂ©s considĂšrent que ce serait une mauvaise chose (- 2 points par rapport Ă  l’automne 2012), contre 24 % d'avis positifs (- 2 points par rapport Ă  l’automne 2012) et 29 % qui ne sait pas (+ 6 points% par rapport Ă  l’automne 2012)[57].

La MacĂ©doine du Nord est l’État oĂč l'opposition Ă  l'adhĂ©sion est la plus faible, avec seulement 16 % d'opinions nĂ©gatives (+ 2 points par rapport Ă  l'automne 2012)[N 22]. Elle est suivie de prĂšs par le MontĂ©nĂ©gro, ou il n'y a que 17 % d'opinions nĂ©gatives Ă  l'adhĂ©sion (+ 4 points par rapport Ă  l'automne 2012)[N 23]. En Serbie et en Turquie l'opposition Ă  l'adhĂ©sion diminue : respectivement 21 % et 31 % avec une baisse, dans les deux cas, de deux points par rapport Ă  l'automne 2012[N 24] - [N 25].

La MacĂ©doine du Nord et le MontĂ©nĂ©gro sont les deux États candidats aux opinions nĂ©gatives les plus basses avec, tous deux, 25 % d'opinions nĂ©gatives[N 26] - [N 27].

Macédoine du Nord

Les acteurs politiques macĂ©doniens sont globalement tous en faveur de l'intĂ©gration europĂ©enne et de l'adhĂ©sion Ă  l'Union europĂ©enne. En revanche, leurs opinions s'opposent sur les rĂ©formes qui doivent ĂȘtre menĂ©es en premier dans le cadre du processus d’adhĂ©sion[58].

Monténégro

À l'instar des partis politiques macĂ©doniens, les principaux partis politiques montĂ©nĂ©grins sont en faveur de l'adhĂ©sion Ă  l'Union europĂ©enne[59].

Serbie

Parmi les partis eurosceptiques serbes se trouvent le Parti radical, le Parti démocratique serbe[60].

Turquie

La perception de l'euroscepticisme, en Turquie, est plus nĂ©gative et pĂ©jorative qu'ailleurs. En effet, le terme y est perçu comme Ă©tant proche du mot « kızılelmacı » dĂ©signant ceux qui sont favorables Ă  la coopĂ©ration entre l’extrĂȘme-droite et l’extrĂȘme-gauche ultra-nationaliste. En effet, les hommes politiques soutenant l'Europe et la modernisation ne veulent pas ĂȘtre qualifiĂ©s. Ils adoptent un terme offensif en qualifiant l'Union europĂ©enne de « turco-sceptique »[61].

L'euroscepticisme turc, tant dans l'opinion publique que politique, repose notamment sur l'opposition au processus de dĂ©mocratisation Ă  l'europĂ©enne, portant atteinte au kĂ©malisme[N 28] - [62]. De mĂȘme, l'Union europĂ©enne est perçue comme soutenant le sĂ©paratisme kurde[63] - [62]. Ce sont ces positions qui sont notamment reprises par le parti d'action nationaliste dans son programme :

« La continuation des nĂ©gociations dĂ©pend des conditions de l'Union europĂ©enne, lesquelles ne doivent pas heurter l'intĂ©rĂȘt national de la Turquie sur les sujets cruciaux tel que l'unitĂ© et l'intĂ©gritĂ© nationale de la Turquie, la terreur et le sĂ©paratisme : Chypre, la GrĂšce, et l'ArmĂ©nie, et le rejet de toute approche autre que la pleine adhĂ©sion Ă  l'Union, constituent la base de notre politique. »

— Programme du parti - « relations avec l'Union »

Euroscepticisme en Islande

En Islande, Ă  la suite des Ă©lections parlementaires d'avril 2013, un gouvernement formĂ© par le Parti de l'indĂ©pendance et le Parti du progrĂšs arrive au pouvoir avec Sigmundur DavĂ­Ă° Gunnlaugsson (PP) comme Premier ministre. Au 22 mai 2013, la coalition dĂ©cide d'arrĂȘter les nĂ©gociations d'adhĂ©sion du pays Ă  l'Union europĂ©enne jusqu'Ă  ce qu'un rĂ©fĂ©rendum soit organisĂ© sur la poursuite du processus d'adhĂ©sion[64]. Le , le ministre des Affaires Ă©trangĂšres islandais Gunnar Bragi Sveinsson annonce avoir suspendu pour toute la durĂ©e de la lĂ©gislature les nĂ©gociations d'adhĂ©sion Ă  l'UE[65].

Outre le Parti de l'indépendance[66], les autres partis eurosceptiques sont le Mouvement des verts et de gauche[67] et le Parti libéral[68].

En matiĂšre de consĂ©quences envisagĂ©es si l'adhĂ©sion Ă©tait effective, l'Islande reste l’État au pourcentage d'opinion nĂ©gative le plus Ă©levĂ© avec 57 % (inchangĂ© depuis l'automne 2012)[N 29].

Euroscepticisme en NorvĂšge

L'adhésion de la NorvÚge à l'UE a été rejetée à la suite de deux référendums : en 1972 et en 1994.

Le Parti du centre, le Parti populaire chrétien, le Parti socialiste de gauche, le parti Rouge et le Venstre étaient contre l'adhésion lors de ces deux référendums. Les partis du centre, rouge et socialiste de gauche sont toujours contre l'adhésion[69]. En revanche, le Venstre, le Parti du progrÚs et Les Verts n'ont pas pris position.

Euroscepticisme en Suisse

En Suisse, seuls les partis de gauche soutiennent l'adhésion à l'Union européenne[70]. Selon plusieurs sondages réalisés en 2011 et 2012, moins de 20 % des Suisses sont pour l'adhésion[71].

Notes

  1. « A principled opposition to the EU and European integration and therefore can be seen in parties who think that their countries should withdraw from membership, or whose policies toward the EU are tantamount to being opposed to the whole project of European integration as it is currently conceived. »
  2. Les dates diffÚrent suivant les sources, allant du 11 novembre 1985 dans le journal The Times au 26 décembre 1992 dans The Economist (Hooghe et Marks 2007, p. 2).
  3. « A principled opposition to the EU and European integration and therefore can be seen in parties who think that their countries should withdraw from membership, or whose policies toward the EU are tantamount to being opposed to the whole project of European integration as it is currently conceived » (Szczerbiak et Taggart 2002, p. 7).
  4. « Not a principled objection to European integration or EU membership but where concerns on one (or a number) of policy areas leads to the expression of qualified opposition to the EU, or where there is a sense that ‘national interest’ is currently at odds with the EU trajectory » (Szczerbiak et Taggart 2002, p. 7).
  5. En 1997, le parti communiste français a tenté de distinguer sa position en se qualifiant d'« euroconstructif » (Le Dréau 2009).
  6. Par exemple, en dépit de certaines critiques de la politique agricole commune, le parti paysan polonais est EU-optimist non seulement parce qu'il considÚre l'UE comme un instrument vital de soutien des paysans, mais aussi parce qu'il soutient la forme générale et les développements des éléments politiques, institutionnels et sociaux de l'UE.
  7. En avril 1990, les résultats du sondage indiquaient : 59 % de « bénéficié », 24 % de « pas bénéficié » et 17 % de « ne se prononce pas » (EurobaromÚtre - Bénéfice de l'adhésion).
  8. En mars 1991, les résultats du sondage indiquaient : 59 % de « bénéficié », 25 % de « pas bénéficié » et 17 % de « ne se prononce pas » (EurobaromÚtre - Bénéfice de l'adhésion).
  9. En mai 2007, les résultats du sondage indiquaient : 59 % de « bénéficié », 30 % de « pas bénéficié » et 11 % de « ne se prononce pas » (EurobaromÚtre - Bénéfice de l'adhésion).
  10. En 2010, les résultats du sondage indiquaient : 50 % de « bénéficié », 39 % de « pas bénéficié » et 11 % de « ne se prononce pas » (EurobaromÚtre - Bénéfice de l'adhésion).
  11. Le parti a atteint 26,9 % des voix en 1999.
  12. Le parti a atteint 15,9 % des voix en 1999 (le parti n'ayant participé qu'aux élections en Flandres, le pourcentage concerne la population flamande).
  13. Le parti a atteint 2,4 % des voix en 1999 (le parti n'ayant participé qu'aux élections en Wallonie, le pourcentage concerne la population wallonne).
  14. Le parti ne s'est pas opposé à l'adhésion de la Bulgarie à l'Union européenne, cependant son positionnement politique en font un parti fortement eurosceptique.
  15. Le parti était, à l'origine, contre l'adhésion de l'Estonie à l'Union à l'instar du parti de l'indépendance.Cependant, seul ce dernier parti souhaite le retrait de l'Estonie de l'Union.
  16. Le parti a obtenu 9,8 % des voix en 2009, contre 0,5 % des voix en 2004 (Le Figaro - 7 juin 2009).
  17. Le parti « La politique peut ĂȘtre diffĂ©rente » est parfois qualifiĂ© d'eurosceptique modĂ©rĂ©.
  18. Bien qu'étant plus eurosceptique que ces homologues européens, le parti soutint le traité de Lisbonne.
  19. Le parti a obtenu 1,48 % des voix aux Ă©lections de 2001.
  20. Le parti a obtenu 31,71 % des voix aux Ă©lections de 2001.
  21. La base du parti travailliste est plus eurosceptique que l'Ă©lite du parti.
  22. À la question « D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, pensez vous que le fait pour la MacĂ©doine de faire partie de l'UE serait... ? », 56 % ont rĂ©pondu « une bonne chose », 16 % « une mauvaise chose » et 25 % « une chose ni bonne et ni mauvaise » (EurobaromĂštre 2013, p. 69).
  23. À la question « D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, pensez vous que le fait pour le MontĂ©nĂ©gro de faire partie de l'UE serait... ? », 55 % ont rĂ©pondu « une bonne chose », 17 % « une mauvaise chose » et 23 % « une chose ni bonne et ni mauvaise » (EurobaromĂštre 2013, p. 69).
  24. À la question « D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, pensez vous que le fait pour la Serbie de faire partie de l'UE serait... ? », 39 % ont rĂ©pondu « une bonne chose », 21 % « une mauvaise chose » et 31 % « une chose ni bonne et ni mauvaise » (EurobaromĂštre 2013, p. 69).
  25. À la question « D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, pensez vous que le fait pour la Turquie de faire partie de l'UE serait... ? », 38 % ont rĂ©pondu « une bonne chose », 31 % « une mauvaise chose » et 21 % « une chose ni bonne et ni mauvaise » (EurobaromĂštre 2013, p. 70).
  26. À la question « Tout bien considĂ©rĂ©, estimez-vous que la MacĂ©doine bĂ©nĂ©ficierait ou non de son appartenance Ă  l'UE ? », 64 % ont rĂ©pondu « bĂ©nĂ©ficierait », 25 % « ne bĂ©nĂ©ficierait pas » et 11 % « ne sait pas » (EurobaromĂštre 2013, p. 70).
  27. À la question « Tout bien considĂ©rĂ©, estimez-vous que le MontĂ©nĂ©gro bĂ©nĂ©ficierait ou non de son appartenance Ă  l'UE ? », 61 % ont rĂ©pondu « bĂ©nĂ©ficierait », 25 % « ne bĂ©nĂ©ficierait pas » et 14 % « ne sait pas » (EurobaromĂštre 2013, p. 70).
  28. Historiquement, le kĂ©malisme a soudĂ© l’État turc aprĂšs la chute de l'Empire ottoman lors de la guerre contre la GrĂšce. L'Europe et la GrĂšce sont ainsi perçues comme Ă©tant contre les bases de la politique nationale.
  29. À la question « Tout bien considĂ©rĂ©, estimez-vous que l'Islande bĂ©nĂ©ficierait ou non de son appartenance Ă  l'UE ? », 57 % ont rĂ©pondu « ne bĂ©nĂ©ficierait pas », 33 % « bĂ©nĂ©ficierait » et 10 % « ne sait pas » (EurobaromĂštre 2013, p. 70).

Sources

Références

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Sites internet

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Articles connexes

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