Tony Blair
Tony Blair (/ËtÉÊni blÉÉ(Éč)/[alpha 1]), de son nom complet Anthony Charles Lynton Blair, est un homme d'Ătat britannique, membre du Parti travailliste, nĂ© le Ă Ădimbourg (Ăcosse). Il est Premier ministre du Royaume-Uni du au .
Tony Blair | ||
Tony Blair en 2010. | ||
Fonctions | ||
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Premier ministre du Royaume-Uni | ||
â (10 ans, 1 mois et 25 jours) |
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Monarque | Ălisabeth II | |
Vice-Premier ministre | John Prescott | |
Gouvernement | Blair I, II et III | |
LĂ©gislature | 52e, 53e et 54e | |
Prédécesseur | John Major | |
Successeur | Gordon Brown | |
Chef du Parti travailliste | ||
â (12 ans, 11 mois et 3 jours) |
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Chef adjoint | John Prescott | |
Prédécesseur | John Smith Margaret Beckett (intérim) |
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Successeur | Gordon Brown | |
Chef de l'opposition officielle | ||
â (2 ans, 9 mois et 11 jours) |
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Monarque | Ălisabeth II | |
Premier ministre | John Major | |
LĂ©gislature | 51e | |
Prédécesseur | Margaret Beckett | |
Successeur | John Major | |
SecrĂ©taire d'Ătat fantĂŽme Ă l'IntĂ©rieur | ||
â (2 ans et 3 mois) |
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Chef de l'opposition | John Smith Margaret Beckett Lui-mĂȘme |
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Prédécesseur | Roy Hattersley | |
Successeur | Jack Straw | |
SecrĂ©taire d'Ătat fantĂŽme Ă l'Emploi | ||
â (2 ans, 8 mois et 22 jours) |
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Chef de l'opposition | Neil Kinnock | |
Prédécesseur | Michael Meacher | |
Successeur | Frank Dobson | |
SecrĂ©taire d'Ătat fantĂŽme Ă l'Ănergie | ||
â (11 mois et 10 jours) |
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Prédécesseur | John Prescott | |
Successeur | Frank Dobson | |
Membre du Parlement du Royaume-Uni | ||
â (24 ans et 18 jours) |
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Ălection | 9 juin 1983 | |
RĂ©Ă©lection | 11 juin 1987 9 avril 1992 1er mai 1997 7 juin 2001 5 mai 2005 |
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Circonscription | Sedgefield | |
Prédécesseur | Circonscription créée | |
Successeur | Phil Wilson | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Anthony Charles Lynton Blair | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Ădimbourg (Ăcosse, Royaume-Uni) | |
Nationalité | Britannique | |
Parti politique | Parti travailliste (depuis 1975) | |
Conjoint | Cherie Blair | |
Entourage | Anthony Booth (beau-pĂšre) | |
DiplÎmé de | St John's College City Law School (en) |
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Profession | Avocat Homme d'affaires |
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Religion | Anglicanisme (1953-2007) Catholicisme |
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RĂ©sidence | Connaught Square, Londres | |
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Premiers ministres du Royaume-Uni | ||
Durant sa pĂ©riode Ă la tĂȘte du Parti travailliste, puis comme chef du gouvernement, Tony Blair rĂ©forme en profondeur l'idĂ©ologie et la pratique du travaillisme britannique, largement converti Ă l'Ă©conomie de marchĂ©. Le courant de pensĂ©e de Tony Blair, dĂ©fini comme une « troisiĂšme voie » entre la gauche et la droite traditionnelles, est surnommĂ© le « blairisme ». Dans l'histoire du Parti travailliste britannique, la pĂ©riode de leadership de Blair et de son entourage est surnommĂ©e le New Labour. Il a engagĂ© son pays dans cinq conflits en six ans : en Irak en 1998 ; au Kosovo en 1999 ; en Sierra Leone en 2000 ; en Afghanistan en 2001 ; et Ă nouveau en Irak en 2003.
RemplacĂ© par son ministre des Finances, Gordon Brown, il est alors nommĂ© reprĂ©sentant au Proche-Orient du Quartet (Organisation des Nations unies, Union europĂ©enne, Ătats-Unis, Russie). Par ailleurs, il se lance aussi comme consultant et confĂ©rencier. Ă cet effet, il crĂ©e en 2009 la sociĂ©tĂ© commerciale Tony Blair Associates[1].
Bien que son héritage demeure controversé jusque dans son propre parti, il continue à intervenir ponctuellement dans le débat politique britannique.
Jeunesse et famille
Anthony Charles Lynton Blair est nĂ© Ă Ădimbourg en Ăcosse, il est le second fils de Leo Blair et de sa femme Hazel (nĂ©e Corscadden).
Son pÚre a étudié le droit et est devenu avocat. Bien qu'ayant eu des sympathies communistes dans sa jeunesse, il milita ensuite pour le Parti conservateur.
De confession anglicane, Tony Blair dĂ©buta sa scolaritĂ© Ă AdĂ©laĂŻde en Australie, et la poursuivit Ă la Chorister School (en) Ă Durham, puis au Fettes College Ă Ădimbourg, un internat privĂ©. Son grand-pĂšre, riche homme d'affaires, finance ses Ă©tudes. AprĂšs le lycĂ©e il Ă©tudia le droit au St John's College Ă Oxford. Durant ses annĂ©es Ă l'universitĂ©, il jouait de la guitare et chantait dans un groupe nommĂ© les Ugly Rumours. AprĂšs son diplĂŽme, il fut engagĂ© en tant qu'avocat chez Derry Irvine, qui devint plus tard lord chancelier (Ă©quivalent de ministre de la Justice). C'est dans ce cabinet qu'il rencontra sa future femme Cherie Booth.
Il vécut quelques années en France, exerçant le métier de barman, puis travaillant aux assurances Gan, ce qui lui donne une certaine aisance avec la langue française. Devenu Premier ministre, il passe plusieurs étés à Saint-Martin-d'Oydes, en AriÚge, dans l'ancienne maison de Pierre Dumas[2].
Tony Blair et Cherie Booth se mariĂšrent le . Le couple a quatre enfants : trois fils et une fille. Anglican proche de la sensibilitĂ© anglo-catholique, pratiquant, mais pas particuliĂšrement religieux, il se convertit officiellement au catholicisme le lors d'une cĂ©rĂ©monie dirigĂ©e par le cardinal Cormac Murphy-O'Connor, primat de l'Ăglise catholique en Angleterre et au pays de Galles, ayant attendu de quitter son poste, tous les Premiers ministres britanniques ayant Ă©tĂ© anglicans[3].
DĂ©but en politique
Lâopposition
AprÚs avoir obtenu son diplÎme d'avocat en 1975, il rejoignit le Parti travailliste (Labour Party). Il échoua aux élections du Parlement en 1982 n'obtenant que 10 % des suffrages. Mais il impressionna néanmoins le chef du parti Michael Foot.
En 1983, il rĂ©ussit Ă gagner le siĂšge de la circonscription de Sedgefield, prĂšs de Durham, la ville oĂč il a grandi, dans le Nord-Est de l'Angleterre. Il faisait alors partie du courant rĂ©formateur du parti.
Une fois Ă©lu, son ascension fut rapide[4] et en 1988, il fit partie du « cabinet fantĂŽme » en tant que secrĂ©taire Ă l'Ănergie, puis Ă l'Emploi. Il se charge d'annoncer aux syndicats que le cabinet fantĂŽme n'entend pas revenir sur les rĂ©formes imposĂ©es durant l'Ăšre Thatcher.
John Smith, le chef du Parti travailliste, dĂ©cĂ©da subitement en 1994. Blair et Gordon Brown Ă©taient considĂ©rĂ©s comme des prĂ©tendants possibles. Ils auraient conclu un accord pour prendre la tĂȘte du Parti travailliste : le premier serait Premier ministre alors que le second deviendrait chancelier de l'Ăchiquier (ministre de l'Ăconomie). Leur victoire fut favorisĂ©e notamment par le nouveau mode de scrutin, que Blair avait contribuĂ© Ă Ă©laborer. Blair fut Ă©lu chef du Parti travailliste le .
Chef du Parti travailliste
Peu aprÚs son élection, Blair annonça son intention de changer la charte du parti qui datait de 1918 en enlevant les clauses typiquement socialistes comme la mise en commun des moyens de production et résuma le nouveau visage du parti par l'expression New Labour.
Il envisage un partenariat avec les libĂ©raux-dĂ©mocrates, allant jusqu'Ă suggĂ©rer lors des cĂ©lĂ©brations du centenaire du Parti travailliste, que la crĂ©ation du Labour a Ă©tĂ© une erreur dans la mesure oĂč elle a affaibli le Parti libĂ©ral, qui fut un temps dominant dans la vie politique britannique. Le rapprochement Ă©choue toutefois, le New Labour Ă©tant jugĂ© trop Ă droite par Charles Kennedy, le dirigeant des libĂ©raux-dĂ©mocrates[5].
Aidé par les difficultés du gouvernement de John Major, il remporta haut la main les élections le et prit ses fonctions le lendemain. à 43 ans, Blair devenait ainsi le plus jeune Premier ministre depuis Lord Liverpool en 1812.
Premier ministre
Premier mandat (1997-2001)
Politique Ă©conomique
Son gouvernement instaure un salaire minimum en 1999 (l'Ă©quivalent de 7,88 euros de l'heure), et crĂ©e des emplois dans le secteur public aprĂšs des annĂ©es d'appauvrissement de celui-ci. Cependant, il a poursuivi la politique de dĂ©sengagement de lâĂtat et de privatisation[6].
Il reprend Ă son compte certaines rĂ©formes entamĂ©es par les conservateurs, telles que lâinitiative pour le financement privĂ© (Private Finance Initiative, PFI) permettant de dĂ©sengager le service public au profit d'entreprises privĂ©es pour construire et gĂ©rer des hĂŽpitaux et des Ă©coles. Les entreprises concernĂ©es disposent dâune concession pouvant aller jusquâĂ cinquante ans, et rĂ©cupĂšrent leur investissement par des versements annuels du contribuable. Les sommes ainsi avancĂ©es devraient ĂȘtre remboursĂ©es Ă un niveau trĂšs supĂ©rieur Ă celui dâun investissement traditionnel. Ainsi, Ă la fin de lâannĂ©e 2005, avaient Ă©tĂ© signĂ©s des contrats dâune hauteur de prĂšs de 50 milliards de livres, engageant les contribuables Ă verser vingt annuitĂ©s de 7,5 milliards de livres, soit un total de 150 milliards de livres. La PFI sâest par la suite Ă©tendue Ă la construction de routes et de prisons, aux technologies de lâinformation ou encore Ă lâĂ©clairage public. La PFI sâest rĂ©vĂ©lĂ©e hautement impopulaire et incapable d'atteindre ses objectifs en matiĂšre d'efficacitĂ©[6].
IndĂ©pendance de la Banque dâAngleterre
AprĂšs l'Ă©lection de Tony Blair, le chancelier de lâĂchiquier Gordon Brown accorde Ă la Banque d'Angleterre son indĂ©pendance, avec la maĂźtrise du taux dâintĂ©rĂȘt[7]. Cette dĂ©cision fut populaire dans les milieux de la finance londonienne que le Labour courtisait depuis les annĂ©es 1990. De mĂȘme le gouvernement suivit durant ses deux premiĂšres annĂ©es les plans de dĂ©penses prĂ©vu par les conservateurs, rassurant ainsi ceux qui craignaient que la gouvernance du Labour entraĂźne dĂ©penses et dĂ©ficits.
Communication et médias
DĂšs le dĂ©but de son mandat, Tony Blair organisa son cabinet avec son secrĂ©taire de presse et porte-parole officiel, Alastair Campbell. ControversĂ©, il avait la permission de donner des ordres aux fonctionnaires, qui auparavant nâobĂ©issaient qu'aux ministres. Câest aussi la premiĂšre fois que ce poste nâĂ©tait pas tenu par un fonctionnaire. MalgrĂ© son rĂŽle politique, il Ă©tait payĂ© sur des fonds publics.
Tony Blair accorde à ses rapports avec les médias une grande importance. Le nombre de ses attachés de presse et conseillers en relations publiques est passé de 300 lors de sa prise de fonction comme Premier ministre à 1815 lors de son départ[6].
Processus de paix en Irlande du Nord
Lâun des grands succĂšs de Tony Blair fut la signature, le , de lâaccord de Belfast connu sous le nom de lâ« accord du Vendredi saint » (« Good Friday Agreement »). Des nĂ©gociations visant Ă favoriser la paix en Irlande du Nord, processus commencĂ© par le prĂ©dĂ©cesseur John Major, mais qui avait Ă©chouĂ© avec la fin du cessez-le-feu de lâIRA provisoire au milieu des annĂ©es 1990. Avec lâaccord de Belfast, les principaux partis dâIrlande du Nord, ainsi que les gouvernements irlandais et britannique nĂ©gociĂšrent afin de proposer un cadre exclusivement dĂ©mocratique et pacifique Ă lâIrlande du Nord, avec de nouvelles institutions politiques dans la province.
Changements constitutionnels
Le premier mandat de Blair fut aussi une pĂ©riode de changement au niveau constitutionnel. La loi sur les droits de lâhomme fut votĂ©e en 1998 (Human Rights Act), le parlement Ă©cossais ainsi que l'assemblĂ©e du pays de Galles ont Ă©tĂ© Ă©tablis. Tony Blair retira la majoritĂ© des Lords qui avaient leurs titres de maniĂšre hĂ©rĂ©ditaire de la Chambre des lords en 1999 par le House of Lords Act 1999. Ă partir de 2000, il crĂ©a le poste de maire de Londres. Il fit voter la loi de la libertĂ© dâinformation la mĂȘme annĂ©e qui se mit en place au cours de la dĂ©cennie.
Ce mandat est aussi marqué par les importants changements institutionnels engagés par la dévolution des pouvoirs aux nations constitutives.
Droits des personnes LGBT
La législation concernant les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels (LGBT) a été largement modifiée vers plus de progressisme pendant les mandats de Tony Blair.
LâĂąge de majoritĂ© sexuelle a ainsi Ă©tĂ© abaissĂ© Ă 16 ans pour les relations sexuelles entre personnes du mĂȘme sexe et les personnes ouvertement LGBT ne sont plus interdites de servir dans l'armĂ©e[8].
En 2002, lâadoption par les couples homosexuels a Ă©tĂ© autorisĂ©e, et en 2003 les discriminations de nature homophobe dans le monde du travail ont Ă©tĂ© interdites[8]. Par ailleurs, depuis 2005, une loi permet des contrats de partenariat civil pour les couples de personnes de mĂȘme sexe[8]. En 2004, les personnes transgenres obtinrent le droit de procĂ©der Ă une chirurgie de rĂ©attribution sexuelle tout en modifiant leur certificat de naissance en consĂ©quence (Gender Recognition Act)[9].
Politique Ă©trangĂšre
Doctrine Blair
Blair prononça le un discours Ă Chicago « la doctrine de la communautĂ© internationale » qui fut considĂ©rĂ© par beaucoup comme « la doctrine Blair »[10]. Celle-ci veut que la politique Ă©trangĂšre menĂ©e par le Royaume-Uni soit basĂ©e sur la dĂ©fense de valeurs et de principes. Elle est en rupture avec l'ancienne doctrine conservatrice qui veut prioriser l'intĂ©rĂȘt national avant tout.
Guerre du Kosovo
En 1999, Tony Blair organisa et prĂ©sida la dĂ©claration de la guerre du Kosovo. Alors qu'il Ă©tait dans l'opposition, Tony Blair avait critiquĂ© le manque de luciditĂ© des conservateurs lors de la guerre de Bosnie, il organisa alors la politique dure de l'OTAN contre Slobodan MiloĆĄeviÄ. Blair fut critiquĂ© par l'aile gauche pacifiste de son parti, contre le principe mĂȘme de la guerre, et les autres qui considĂ©raient la guerre menĂ©e par les Serbes comme un cas de lĂ©gitime dĂ©fense. Par la suite, les diffĂ©rentes enquĂȘtes rĂ©vĂ©lant les pratiques mafieuses d'Hashim Thaçi entraĂźnent des interrogations concernant le soutien de Tony Blair au dirigeant kosovar durant la guerre[11].
Russie
Tony Blair se rend en Russie en mars 2000 pour rencontrer le prĂ©sident par intĂ©rim Vladimir Poutine, nommĂ© deux mois auparavant par le prĂ©sident dĂ©missionnaire Boris Eltsine. Cette visite, qui intervient deux semaines avant l'Ă©lection prĂ©sidentielle russe, est perçue comme un soutien Ă Poutine, ce qui suscite certaines rĂ©serves dans la presse libĂ©rale britannique en raison de la seconde guerre de TchĂ©tchĂ©nie alors en cours. Richard Dearlove, qui dirigeait alors le MI6, reconnaitra par la suite avoir organisĂ© ce voyage afin de tĂ©moigner du soutien britannique au prĂ©sident russe pour l'Ă©lection prĂ©sidentielle. Des notes du Foreign Office divulguĂ©es ultĂ©rieurement montrent une apprĂ©ciation positive par Londres de Vladimir Poutine, les autoritĂ©s britanniques estimant que celui-ci favoriserait l'insertion de la Russie au sein d'un ordre international dirigĂ© par les pays occidentaux[12]. Les ventes dâĂ©quipements militaires britanniques Ă la Russie ont augmentĂ© de 550 % sous Tony Blair en dĂ©pit de la guerre en TchĂ©tchĂ©nie[13].
DeuxiĂšme mandat (2001-2005)
Lors de l'élection de 2001, le Parti travailliste accentue sa majorité. Depuis le , Tony Blair est devenu le Premier ministre travailliste ayant la plus grande longévité à ce poste (il battait le record d'Harold Wilson qui exerça ces fonctions entre 1964 et 1970).
Lors de lâĂ©lection de 2001, Tony Blair fit sa campagne sur les services publics, notamment sur la SĂ©curitĂ© sociale et sur le systĂšme dâĂ©ducation. Les conservateurs ayant quant Ă eux concentrĂ© leurs critiques sur le refus de lâeuro. Le Labour gagna largement les Ă©lections faisant de Tony Blair le premier travailliste Ă gagner deux Ă©lections de suite.
Services publics
AprĂšs les Ă©lections de 2001, Blair augmenta les impĂŽts afin de renforcer les services publics, notamment pour la santĂ© et lâĂ©ducation. Le gouvernement introduisit lâautonomisation du financement des hĂŽpitaux publics, cependant une controverse avec Gordon Brown se produisit sur les problĂšmes de dĂ©ficits que cela causait, limitant lâautonomie de financement des hĂŽpitaux.
Le processus de paix en Irlande du Nord
Il a dĂ» faire face Ă un certain nombre de problĂšmes. Ainsi, l'accord du Vendredi saint a Ă©tĂ© provisoirement suspendu et le dĂ©sarmement de lâIRA provisoire a pris plus de temps que prĂ©vu. De plus, le Parti unioniste dĂ©mocrate a remplacĂ© le plus modĂ©rĂ© parti unioniste d'Ulster comme parti majoritaire chez les unionistes. De mĂȘme, le SDLP a Ă©tĂ© remplacĂ© par le Sinn FĂ©in chez les rĂ©publicains.
Union européenne
En , Blair annonça sa volontĂ© de faire ratifier la constitution europĂ©enne par voie rĂ©fĂ©rendaire, cependant le non Ă la constitution europĂ©enne français et nĂ©erlandais et son abandon mit fin au dĂ©bat concernant toute possibilitĂ© de rĂ©forme. Pendant son second mandat, Blair fut lâobjet de protestations, et lors de son discours au Labour il fut interrompu plusieurs fois, ainsi que critiquĂ© par des parlementaires.
Politique Ă©trangĂšre
Suivant les attentats du 11 septembre 2001, Blair suivit de trĂšs prĂšs la diplomatie amĂ©ricaine, ce qui lui valut de la part de ses dĂ©tracteurs le surnom de « caniche de Bush »[14]. Ses rapports avec le prĂ©sident amĂ©ricain, que lui-mĂȘme dĂ©crit comme une utile « relation spĂ©ciale » crĂ©ent un certain malaise auprĂšs de la presse britannique :« Blair apparaĂźt moins comme le chef dâun gouvernement souverain, commenta The Guardian, que comme un collaborateur de Bush attendant â vainement â le feu vert de son patron[6].. »
Guerre dâAfghanistan
Lors de la guerre d'Afghanistan, il eut une politique diplomatique active se dĂ©plaçant dans de nombreux pays. Il reçut des dĂ©corations aux Ătats-Unis pour son soutien Ă ce pays.
Guerre d'Irak
Tony Blair apporta son soutien au prĂ©sident amĂ©ricain George W. Bush lors de la guerre d'Irak en 2003. Il devint le porte-parole des Ătats-Unis en Europe, s'opposant au prĂ©sident français Jacques Chirac, chef de l'opposition Ă la guerre. ConsidĂ©rĂ© comme plus persuasif que Bush, Blair donna de nombreux arguments pour renverser Saddam Hussein.
Un point important de l'argumentaire juridique permettant de déclencher la guerre d'Irak fut le refus de Saddam Hussein de se conformer aux clauses du cessez-le-feu de 1991 et aux résolutions ultérieures des Nations unies qui lui faisaient obligation de mettre fin de maniÚre vérifiable à ses programmes d'armes de destruction massive[15].
Selon certains journaux de la presse anglaise, des enquĂȘtes ultĂ©rieures auraient montrĂ© la participation active de Tony Blair dans le dĂ©clenchement de la guerre, son « souci d'induire en erreur les dĂ©putĂ©s[16] et le public »[17] - [18] durant l'annĂ©e 2002 et « ses mensonges »[19] - [20], notamment l'affirmation selon laquelle l'objectif de la Grande-Bretagne Ă©tait « le dĂ©sarmement, et non pas le changement de rĂ©gime »[21] et celle qu'il n'y avait pas eu de planification de l'action militaire. Cette mĂȘme presse parle d'une « prĂ©cipitation Ă lancer la Grande-Bretagne dans la guerre »[22], qui aurait Ă©tĂ© due Ă la nĂ©cessitĂ© d'en cacher au public les raisons rĂ©elles et qui expliquerait l'Ă©tat d'imprĂ©paration de l'armĂ©e britannique durant les premiers mois du conflit, ainsi que l'absence de rĂ©flexion concernant le futur politique de l'Irak Ă la suite de la disparition de Saddam Hussein[21].
En 2010, Tony Blair nie avec fermeté avoir menti et trompé ses concitoyens sur ses raisons d'engager son pays dans la guerre en Irak[23].
Certains de ces points ont fait l'objet d'une enquĂȘte publique britannique, par la commission Chilcot, concernant le rĂŽle du pays dans la guerre en Irak entre milieu 2001 et . La publication du rapport de la commission Ă©tait prĂ©vue pour 2014[24] - [25] - [26] mais a eu lieu en 2016.
L'administration de Tony Blair a Ă©galement jouĂ© un rĂŽle essentiel dans la prĂ©paration du discours de Colin Powell du , devant le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies, oĂč le secrĂ©taire d'Ătat amĂ©ricain prĂ©sente des preuves truquĂ©es sur l'existence d'armes de destruction massive en Irak[27]. Le dossier citĂ© par Powell avait Ă©tĂ© fourni par l'administration de Tony Blair, qui reconnaĂźt dĂšs le des « gaffes » dans sa rĂ©daction. DĂšs le , les journaux anglais identifient les vrais auteurs du rapport comme Ă©tant les services de communication de Downing Street et la pauvretĂ© des sources utilisĂ©es par ces derniers (plagiat universitaire et sources suspectesâŠ)[28].
Un mĂ©morandum entre et montra que Tony Blair croyait au soutien de la population britannique Ă la guerre en Irak. En 2003, il fit face Ă une crise avec le prĂ©sumĂ© suicide du docteur David Christopher Kelly, compromis dans des fuites d'informations sur les programmes d'armement de Saddam, et que la presse avait prĂ©sentĂ© comme un adversaire de l'intervention en Irak. Une tentative dâimpeachment fut lancĂ©e mais n'aboutit pas. Le , le gouvernement publia un dossier de la CIA censĂ© prouver l'existence d'armes de destructions massive, contenant des affirmations que les recherches ultĂ©rieures ne permirent pas de confirmer[29]. MalgrĂ© les critiques d'une partie des membres du Labour, Blair affirma que ce dossier Ă©tait vrai. Le secrĂ©taire des Nations unies, Kofi Annan, proclama en que l'invasion Ă©tait « illĂ©gale ». En , la Grande-Bretagne envoya sur demande des Ătats-Unis davantage de soldats en Irak.
En , Tony Blair prĂ©sente ses excuses « pour le fait que les informations que nous avons reçues Ă©taient fausses » et reconnaĂźt une part de responsabilitĂ© dans le dĂ©veloppement du terrorisme djihadiste ayant suivi la dĂ©faite Saddam Hussein et dans l'essor postĂ©rieur de l'Ătat islamique[30].
En , la publication du rapport Chilcot sur la guerre en Irak vaut de nombreuses critiques de la presse à l'ancien Premier ministre. Lui est notamment reproché que le Royaume-Uni a envahi l'Irak sans avoir auparavant envisagé d'options pacifiques et sans préparation adéquate, The Guardian ajoutant que Tony Blair a obéi sur ce sujet au président américain et non au peuple britannique[31]. Le rapport mentionne notamment que les services de sécurité britanniques avaient de façon répétée averti Blair qu'envahir l'Irak aurait pour résultat d'accroßtre le risque de voir se produire au Royaume-Uni des attentats comme celui qui a frappé Manchester le . Malgré ces avertissements Tony Blair justifia l'invasion vis-à -vis de l'opinion en expliquant qu'elle réduirait le risque terroriste[32].
TroisiĂšme mandat (2005-2007)
Ce fut à 4 h 30 (heure de Londres), le jour de son 52e anniversaire () que Tony Blair apprit que son parti, le Labour, gagnait l'élection de la veille contre le Parti conservateur dirigé par Michael Howard. C'était la premiÚre fois, dans l'histoire du Royaume-Uni, que le Parti travailliste obtenait la majorité absolue des siÚges à la Chambre des communes, pour la troisiÚme fois consécutive.
G8 et prĂ©sidence de lâUnion europĂ©enne
Tony Blair assume les fonctions de prĂ©sident du Conseil des chefs d'Ătat et de gouvernement de l'Union europĂ©enne (le Conseil) du 1er juillet au .
AprĂšs le refus du projet de constitution europĂ©enne par la France et les Pays-Bas, Jack Straw, ministre des Affaires Ă©trangĂšres britanniques, et Tony Blair annoncĂšrent la suspension illimitĂ©e de la ratification de la constitution. Blair dit alors : « Je crois Ă lâEurope en tant que projet politique, je crois Ă une Europe forte qui prend en compte les aspects sociaux ».
Lors de plusieurs rencontres, Chirac et Schröder firent des pressions afin que le Royaume-Uni supprime son rabais obtenu par Thatcher en 1984. AprĂšs des mois de dĂ©bats, le , lors du bouclage du budget de lâUnion europĂ©enne 2007-2013, Blair refusa de renĂ©gocier le budget tant que la PAC ne serait pas remise en cause, qui reprĂ©sente plus de 44 % du budget de lâUE. Il nây eut pas de changement de la PAC et il nây eut pas dâaccord sur le budget lors de la prĂ©sidence luxembourgeoise. Un accord eut finalement lieu qui augmenta les contributions britanniques au budget au dĂ©veloppement de lâUnion europĂ©enne.
Les Jeux olympiques de 2012 Ă Londres
Le , la 117e session du comitĂ© international olympique Ă Singapour eut lieu afin de dĂ©signer la ville qui accueillerait les JO. Paris et Londres Ă©taient les deux finalistes ; Londres gagna, sans doute aidĂ©e par la prĂ©sence de Tony Blair qui dĂ©fendit Londres Ă la session du CIO, comme lâaffirma Patrick Hickey membre irlandais du CIO[33].
Attentats de Londres en 2005
Le lendemain des rĂ©sultats donnant Ă Londres la candidature des Jeux olympiques, le , Londres fut victime dâattentats terroristes. Une sĂ©rie de quatre bombes explosĂšrent dans les transports en commun londoniens lors de lâheure de pointe. On compta 56 morts et 700 blessĂ©s. Ce fut lâattentat le plus meurtrier depuis lâattentat contre lâavion 103 de Pan Am en 1988, et le plus meurtrier Ă Londres depuis la Seconde Guerre mondiale. Blair fit alors en plein G8 une dĂ©claration demandant aux Britanniques de dĂ©montrer leur rĂ©sistance face aux actes terroristes, affirmant sa dĂ©termination Ă dĂ©fendre le mode de vie anglais face au terrorisme.
Le , une deuxiĂšme sĂ©rie dâexplosions eut lieu Ă Londres, deux semaines aprĂšs les attentats du . Beaucoup moins efficace que la premiĂšre sĂ©rie dâattaques, elle visait Ă semer la panique chez les Londoniens.
Un sondage du Guardian montre que 64 % des Britanniques considĂšrent que ces attentats Ă©taient principalement liĂ©s Ă la guerre en Irak. Cependant, lâopinion britannique fit bloc derriĂšre Tony Blair.
Ă la suite de ces Ă©vĂ©nements, Tony Blair proposa une loi beaucoup plus sĂ©vĂšre et donnant Ă la police des pouvoirs dâinterrogatoire importants, allant jusquâĂ 90 jours pour les suspects de terrorisme. Cependant, une contestation eut lieu au sein des parlementaires du Labour qui amendĂšrent le texte. Ce fut la premiĂšre fois que lâautoritĂ© de Tony Blair a Ă©tĂ© remise en cause au sein du Parlement depuis son Ă©lection en 1997, remettant en question son hĂ©gĂ©monie.
RĂ©forme de lâĂ©ducation
Le gouvernement adopte une politique assez semblable aux projets défendus par les conservateurs : renforcement des établissements scolaires dits « spécialisés » et les « académies » (impliquant un contrÎle et un financement des institutions publiques par les entreprises privées), maintien des grammar schools (lycées élitistes considérés comme les bastions des privilÚges de la classe moyenne supérieure au sein du systÚme public) et suppression de la gratuité des études supérieures[6].
DĂ©bat sur le port du voile
Le ministre de Tony Blair, Jack Straw, déclencha un débat sur le voile en , demandant aux femmes d'enlever leurs niqab (voile musulman qui cache le visage) lorsqu'elles lui parlaient. Tony Blair affirma alors qu'il pensait que le niqab était une « marque de séparation »[34]. Il a soutenu aussi le district de Kirklees qui avait suspendu une assistante éducative pour avoir refusé d'enlever son voile à l'école.
Multiculturalisme
En 2001, aprÚs les émeutes interethniques entre Blancs et musulmans à Bradford, Burnley et Oldham, le ministre de l'Intérieur David Blunkett déclare qu'il y a un impératif linguistique et la nécessité d'un minimum d'intégration culturelle, mettant ainsi fin à la politique multiculturaliste britannique. AprÚs les attentats de Londres de 2005, le Premier ministre travailliste Tony Blair reprend ces propos sur les dérives de la diversité[35].
Scandale du Cash for Honours
En , alors que les Ă©lections suivantes sont attendues en 2009 ou 2010, les spĂ©culations sur son avenir vont bon train, Ă la suite de diverses polĂ©miques sur des prĂȘts secrets accordĂ©s par des hommes dâaffaires au Parti travailliste. Tony Blair a annoncĂ© le qu'il allait quitter son poste le , aprĂšs dĂ©signation d'un nouveau chef du Parti travailliste.
Le Parti travailliste est lourdement battu Ă l'occasion des Ă©lections locales de mai, perdant au niveau national cinq cents conseillers. La dimension la plus emblĂ©matique de cette dĂ©faite est la perte du bastion travailliste traditionnel quâĂ©tait lâĂcosse, au profit du Parti national Ă©cossais[6].
DĂ©part
Le , le Premier ministre du Royaume-Uni se rend au palais de Buckingham pour prĂ©senter officiellement sa dĂ©mission Ă la reine Ălisabeth II. Son successeur, Gordon Brown, intronisĂ© chef du Labour le , est automatiquement dĂ©signĂ© Premier ministre[36]. Tony Blair a choisi de faire ses adieux politiques au Parlement oĂč il a Ă©tĂ© longuement ovationnĂ©[37].
DĂ©clarant que la religion lâa « toujours passionnĂ© plus que la politique », il rencontre le pape BenoĂźt XVI peu aprĂšs avoir quittĂ© son poste de premier ministre pour lâinformer de son souhait dâabandonner lâanglicanisme et de se convertir au catholicisme[38].
CarriĂšre aprĂšs le poste de Premier ministre
Conseil
AprĂšs avoir mis un terme Ă sa carriĂšre politique, Tony Blair met Ă profit les contacts rassemblĂ©s durant ses annĂ©es au pouvoir. Il fonde plusieurs entreprises de conseil et de sociĂ©tĂ©s Ă capitaux mixtes (Tony Blair Associates, Windrush Ventures Ltd, Firerush Ventures Ltd, etc) et conseille les sociĂ©tĂ©s JP Morgan, Zurich Financial et LVMH notamment[39] - [40]. Il est Ă©galement gestionnaire du fonds dâinvestissement Landsdowne Partners[41]. Il amasse plusieurs dizaines de millions de dollars en quelques annĂ©es[42].
Il fonde en 2016 l'Institut Tony Blair, un organisme visant Ă proposer des conseils Ă certains gouvernements, notamment africains. Il ne tire aucun revenu de cette activitĂ©, souhaitant rĂ©habiliter son image. FinancĂ© principalement par l'Usaid (une agence gouvernementale amĂ©ricaine), la Banque mondiale, des multinationales et la Fondation Bill-et-Melinda-Gates, l'Institut Tony Blair propose gratuitement ses services aux gouvernements africains. Il s'agit d'accompagner des rĂ©formes structurelles dans une perspective nĂ©olibĂ©rale, notamment en incitant les gouvernements Ă modifier les lois de façon Ă attirer les investissements Ă©trangers et Ă promouvoir les partenariats public-privĂ©. En 2021, l'Institut Tony Blair conseille une quinzaine de gouvernements africains (Rwanda, GuinĂ©e, Togo...), comprend 231 salariĂ©s et affiche un chiffre d'affaires de 46,3 millions de dollars[42]. En dehors de l'Afrique, lâinstitut conseille la monarchie saoudienne Ă partir de 2018 en Ă©change de prĂšs de 12 millions de dollars[43].
Ămissaire du Quartet au Moyen-Orient
Tony Blair a Ă©tĂ© nommĂ© Ă©missaire du Quartet pour le Moyen-Orient, cet organisme informel qui regroupe, sur le dossier israĂ©lo-palestinien, l'Union europĂ©enne, la Russie, les Ătats-Unis et l'ONU. Tony Blair va ainsi devenir un mĂ©diateur entre IsraĂ©liens et Palestiniens, relançant peut-ĂȘtre la feuille de route, plan de rĂšglement du conflit israĂ©lo-palestinien issus du Quartet[44]. Certains y voient ainsi pour Tony Blair une possibilitĂ© de relancer le dialogue entre les deux peuples, mais aussi de pouvoir changer son image considĂ©rĂ©e par beaucoup comme anti-musulmane (du fait de la guerre en Irak). Tony Blair a toujours Ă©tĂ© favorable Ă l'existence d'un Ătat palestinien. Son bilan serait cependant un Ă©chec[38].
En , un tribunal britannique a bloqué la tentative d'un ancien général irakien d'intenter des poursuites contre Tony Blair pour son implication dans la guerre en Irak[43].
Enseignement
En 2008, il occupe un poste de conférencier à l'université Yale, sur les relations entre foi et mondialisation[45].
Brexit
Opposé au Brexit, il annonce mi-2017 son intention de s'impliquer dans les négociations, sans pour autant briguer de mandat électif. Cet engagement suscite cependant un certain scepticisme, notamment au vu de son manque de popularité parmi les Britanniques, autant pour son engagement en faveur de la guerre en Irak de 2003 que pour ses engagements lucratifs post-Downing Street auprÚs de banques et de gouvernements étrangers, qui l'ont considérablement enrichi[46]. Il se prononce en pour l'organisation d'un nouveau référendum[47].
Critiques
Tony Blair a Ă©tĂ© critiquĂ© pour son alliance avec le prĂ©sident amĂ©ricain George W. Bush et sa politique au Moyen-Orient, tant pour sa conduite de la guerre d'Irak, quâen 2006 lors du conflit israĂ©lo-libanais ainsi que sa position sur le conflit IsraĂ«l-Palestine. Blair est aussi critiquĂ© pour avoir dĂ©tournĂ© des informations importantes les rendant erronĂ©es[48]. Blair a ainsi Ă©tĂ© le premier chef de gouvernement du Royaume-Uni Ă avoir Ă©tĂ© interrogĂ© par des officiers de police durant son mandat. Des critiques ont aussi Ă©tĂ© Ă©mises Ă lâencontre de Tony Blair qui aurait par ses lois anti-terroristes diminuĂ© les libertĂ©s civiles, augmentant lâautoritarisme, par le renforcement des pouvoirs de la police, les fichiers ADNâŠ[49]
Les relations étroites avec Rupert Murdoch, propriétaire de nombreux médias en Grande-Bretagne, ont été l'objet de critiques sur l'indépendance de la presse.
En 2022, le quotidien Le Monde note que l'ex-Premier ministre continue de faire l'objet d'un « profond rejet » au Royaume-Uni[50].
Bilan Ă©conomique
Le journaliste Richard Gott estime que les propos de Tony Blair au sujet de la justice sociale n'ont connu aucune traduction dans sa politique : « Les profits des cent grandes sociĂ©tĂ©s de lâindice Financial Times Stock Exchange (FTSE 100) ont explosĂ© : ils sont en 2007 sept fois supĂ©rieurs Ă ce quâils Ă©taient en 2002. Les riches sont devenus plus riches et les pauvres plus pauvres. 1 % des couches les plus aisĂ©es de la population dĂ©tiennent 25 % de la richesse nationale, et les 50 % du bas de lâĂ©chelle tout juste 6 %. Sur une population de soixante millions dâhabitants, onze millions vivent dans la pauvretĂ©. Selon le rapport du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), le Royaume-Uni arrive, quant au bien-ĂȘtre des enfants, au dernier rang des vingt et un pays membres de lâOrganisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©conomiques (OCDE) qui ont fait lâobjet de lâĂ©tude »[6].
Présidentialisme
Tony Blair est critiquĂ© pour ne pas assez faire attention aux diffĂ©rents avis des membres de son cabinet ainsi que des avis du Parlement. Il a ainsi Ă©tĂ© critiquĂ© pour son attitude de chef de gouvernement qui semble plus ĂȘtre celui d'un chef dâĂtat d'un rĂ©gime prĂ©sidentiel[51].
Relation avec les Ătats-Unis
Tony Blair a toujours Ă©tĂ© trĂšs proche des prĂ©sidents amĂ©ricains, mais c'est avec George W. Bush que les relations vont ĂȘtre trĂšs proches notamment dans les relations internationales, Nelson Mandela dĂ©crivant mĂȘme Blair comme le ministre des Affaires Ă©trangĂšres des Ătats-Unis[52]. Blair a souvent Ă©tĂ© surnommĂ© le « caniche de George Bush »[53]. De son cĂŽtĂ© George W. Bush affirma aprĂšs le que « lâAmĂ©rique nâavait pas de plus vrais amis que la Grande-Bretagne. »[54] Cette relation a sĂ©rieusement dĂ©tĂ©riorĂ© l'image de Blair chez les Britanniques qui nâĂ©taient pas favorables Ă la guerre d'Irak[55].
Relations avec le Labour
LâidĂ©ologie du New Labour est rapidement devenue impopulaire auprĂšs des militants du Parti travailliste et Tony Blair s'est alors employĂ© Ă empĂȘcher tout dĂ©bat interne. Câest ainsi quâil supprima tout dĂ©bat en conseil des ministres, et rĂ©duisit considĂ©rablement l'importance du congrĂšs annuel du parti, qui discutait traditionnellement de sa politique[6].
Le refus apparent de Blair pour fixer une date pour son départ a été critiqué par la presse et les parlementaires britanniques. Un certain nombre de personnes, dont des ministres de son gouvernement trouvaient opportun que Tony Blair quitte le pouvoir afin de remporter les élections suivantes marquées par un renforcement des conservateurs dans les sondages. Son refus d'annoncer son départ a été l'objet de critiques qui l'ont poussé à annoncer durant l'été 2006 qu'il quitterait le pouvoir avant un an.
Tony Blair fut Ă©galement critiquĂ© par l'aile gauche de son parti pour avoir Ă©tĂ© « nĂ©oconservateur », ou « nĂ©o-Thatcher ». Ainsi celui-ci fut parfois dĂ©crit comme le « fils de Thatcher » du fait de ses politiques Ă©conomiques dĂ©crites comme de « droite » par certains. Ce parallĂšle est en partie dĂ» Ă une affirmation de Tony Blair lui-mĂȘme : son admiration avouĂ©e pour Thatcher. Margaret Thatcher elle-mĂȘme, lorsquâil lui fut demandĂ© en 2002 quelle Ă©tait sa plus grande rĂ©ussite, rĂ©pondit : « Tony Blair et le New Labour. »[56].
Relation avec les nations européennes
Tony Blair a jouĂ© un rĂŽle majeur dans lâĂ©largissement de l'Union europĂ©enne des 15 Ă 27, favorisant l'ouverture de l'Europe ainsi que la volontĂ© de dĂ©velopper la libre concurrence au sein de l'Union. Enfin Blair a eu des relations trĂšs proches des hommes d'Ătats de droite comme Silvio Berlusconi, Angela Merkel, JosĂ© MarĂa Aznar, ou plus rĂ©cemment, le prĂ©sident français Nicolas Sarkozy.
Blair soutient Emmanuel Macron dans sa course Ă la prĂ©sidence de la RĂ©publique française face Ă Marine Le Pen dans les Ă©lections prĂ©sidentielles françaises de 2017, estimant que sa victoire serait « une chance », « une victoire substantielle dâune approche ouverte sur le monde » positive pour l'Europe[57].
Enrichissement différé fondé sur ses fonctions publiques, fiducie
En 2012, Tony Blair aurait accumulé depuis qu'il a quitté ses fonctions publiques, au travers de diverses sociétés comme Blair Inc. et Tony Blair Associates[1], entre 24 et 74 millions d'euros grùce aux conférences et conseils privés qu'il monnaye en se prévalant des fonctions politiques qu'il a exercées et des relations qu'il a ainsi tissées[38].
L'une de ses entreprises, Tony Blair Associates, vise à « offrir, dans une optique commerciale, un conseil stratĂ©gique sur les tendances politiques et Ă©conomiques et la rĂ©forme des Ătats. »[38] et permettrait Ă M. Blair de « monĂ©tiser ses anciens contacts. »[58] M. Blair aurait notamment gagnĂ© 1,24 million d'euros en trois heures en intercĂ©dant auprĂšs de Hamad ben Jassem Al Thani, Premier ministre du Qatar et patron de Qatar Holding, pour le compte de Ivan Glasenberg, patron de Glencore au moment de l'OPA sur Xstrata[38].
Il intervient Ă©galement auprĂšs de la banque dâaffaires amĂ©ricaine JP Morgan, de lâassureur Zurich Financial Services, des gouvernements du Kazakhstan et du KoweĂŻt, du fonds dâinvestissement Mubadala dâAbou Dhabi, ainsi que de plusieurs institutions financiĂšres internationales[38].
En , la presse révÚle que Tony Blair a utilisé une fiducie secrÚte pour gérer sa fortune de plusieurs millions de livres, afin de recevoir des paiements pour ses activités de conseil, « y compris son travail avec des régimes controversés »[59] - [60]. Elle montre notamment que Windrush Ventures Ltd, l'une des sociétés qui coordonne ses affaires commerciales, réalise un chiffre d'affaires de 19,4 millions £, et un bénéfice de 2,6 millions de £[59].
En Afrique, en , Tony Blair et son entreprise, le Tony Blair Institute for Global Change, ont Ă©tĂ© chargĂ©s par le prĂ©sident Faure GnassingbĂ©, dont la famille se maintient au pouvoir depuis 1967, en particulier par des dĂ©tournements de processus Ă©lectoraux depuis le dĂ©but des annĂ©es 90, dâaller chercher de lâargent pour le Plan national de dĂ©veloppement (PND) 2018-2022[61]. Il a Ă©tĂ© introduit au Togo par SĂ©golĂšne Royal. Il possĂšde des bureaux Ă la prĂ©sidence du Togo en 2019[62].
En octobre 2021, son nom est cité dans les Pandora Papers[63] - [64].
RĂ©sultats Ă©lectoraux
Chambre des communes
Ălection | Circonscription | Parti | Voix | % | RĂ©sultats | |
---|---|---|---|---|---|---|
Partielle de 1982 | Beaconsfield | Travailliste | 3 886 | 10,4 | Ăchec | |
GĂ©nĂ©rales de 1983 | Sedgefield | Travailliste | 21 401 | 47,6 | Ălu | |
GĂ©nĂ©rales de 1987 | Sedgefield | Travailliste | 25 965 | 56,0 | Ălu | |
GĂ©nĂ©rales de 1992 | Sedgefield | Travailliste | 28 453 | 60,5 | Ălu | |
GĂ©nĂ©rales de 1997 | Sedgefield | Travailliste | 33 526 | 71,2 | Ălu | |
GĂ©nĂ©rales de 2001 | Sedgefield | Travailliste | 26 110 | 64,9 | Ălu | |
GĂ©nĂ©rales de 2005 | Sedgefield | Travailliste | 24 421 | 58,9 | Ălu | |
Distinctions
DĂ©corations
- MĂ©daille prĂ©sidentielle de la LibertĂ© ( Ătats-Unis, 2009)[65].
- MĂ©daille de la libertĂ© de Philadelphie (en) ( Ătats-Unis, 2010)[66].
- Médaille de l'Ordre de la liberté ( Kosovo, 2009)[67].
- Chevalier de l'Ordre de la JarretiĂšre ( Royaume-Uni, 2022)[68].
Prix
- 2009 : Prix Dan David dans la catégorie Présent, en Leadership.
- 2003 : MĂ©daille d'or du CongrĂšs[69].
- 1999 : Prix international Charlemagne d'Aix-la-Chapelle.
Doctorats honoris causa
Il a obtenu plusieurs Doctorats honoris causa :
- Université hébraïque de Jérusalem ( Israël, )[70]
- Université Queen's de Belfast en Droit ( Royaume-Uni, )[71]
- Université de Liverpool Hope en Droit ( Royaume-Uni, )[72]
- Université de Pristina ( Kosovo, )[73]
- Université de Haïfa ( Israël, 2013)[74]
Publications
- (en) Tony Blair, A Journey, Random House, 2010 (ISBN 0-0919-2555-X) â (fr) MĂ©moires, Flammarion, 2010 (ISBN 978-2-226-20625-1).
- (en) Tony Blair, Iraq's Weapons of Mass Destruction: The Assessment of the British Government, Diane Publishing, 2003 (ISBN 0-7567-3102-X).
- (en) Tony Blair, The Courage of Our Convictions, Fabian Society, 2002 (ISBN 0-7163-0603-4).
- (en) Tony Blair, Superpower: Not Superstate? (Federal Trust European Essays), Federal Trust for Education & Research, 2000 (ISBN 1-903403-25-1).
- (en) Tony Blair, The Third Way: New Politics for the New Century, Fabian Society, 1998 (ISBN 0-7163-0588-7).
- (en) Tony Blair, Leading the Way: New Vision for Local Government, Institute for Public Policy Research, 1998 (ISBN 1-86030-075-8).
- (en) Tony Blair, New Britain: My Vision of a Young Country, Basic Books, 1997 (ISBN 0-8133-3338-5).
- (en) Tony Blair, Let Us Face the Future, Fabian Society, 1995 (ISBN 0-7163-0571-2).
- (en) Tony Blair, What Price Safe Society?, Fabian Society, 1994 (ISBN 0-7163-0562-3).
- (en) Tony Blair, Socialism, Fabian Society, 1994 (ISBN 0-7163-0565-8).
Dans la fiction
Tony Blair a servi de personnages à plusieurs reprises au cinéma ou à la télévision :
- Dans le téléfilm Le Deal (2003) de Stephen Frears, il est incarné par Michael Sheen.
- Dans le téléfilm DC 9/11: Time of Crisis (en) (2003) de Brian Trenchard-Smith, son rÎle, secondaire, est joué par Andrew Gillies.
- Dans le film The Queen (2006) de Stephen Frears, son rÎle est interprété par Michael Sheen.
- Dans le film W. : L'Improbable Président (2008) d'Oliver Stone, son rÎle est joué par Ioan Gruffudd.
- Dans le téléfilm The Special Relationship (2010) de Richard Loncraine, son rÎle est interprété pour la troisiÚme fois par Michael Sheen.
- Dans le film The Journey (en) (2016) de Nick Hamm, il est incarné par Toby Stephens.
- Dans l'émission Spitting Image, il y est réguliÚrement représenté par une marionnette et sa voix est imitée par Alistair McGowan (en).
- Dans les saisons 5 et 6 de The Crown (2022-2023), son rÎle est interprété par Bertie Carvel.
Il double son propre personnage dans la série animée Les Simpson en 2003.
Notes et références
Notes
- Prononciation en anglais britannique retranscrite selon la norme API.
Références
- « En trois ans, 17 millions d'euros : les lucratifs « ménages » de Blair », Rue89, 26 mai 2010.
- Le Monde diplomatique, « Lionel Jospin fait avec Tony Blair sa rentrĂ©e europĂ©enne », Journal,â (lire en ligne )
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- Philip Webster, « Blair is tipped to join Labour's front bench », The Times, 15 octobre 1988, p. 4 ; Issue 63213.
- Richard Seymour, « Le joker des europhiles britanniques », sur Le Monde diplomatique,
- Richard Gott, « Départ sans gloire pour M. Anthony Blair », sur Le Monde diplomatique,
- (en) « News - The London Institute of Banking & Finance », sur www.libf.ac.uk (consulté le )
- (en) « History of lesbian, gay and bisexual equality », Stonewall.
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- « Blair's Kosovo triumph turns sour », telegraph.co.uk, 19 décembre 2010.
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- « Au Proche-Orient, Blair espÚre laver son honneur », Challenge.
- « The proof that Campbell and Blair DID lie about the Iraq War », dailymail.co.uk, 13 mai 2011.
- (en) « Clare Short: Tony Blair lied and misled parliament in build-up to Iraq war », theguardian.com, 2 février 2010.
- (en) Richard Norton-Taylor, « Leaked documents reveal No 10 cover-up over Iraq invasion », theguardian.com, 22 novembre 2009.
- « Blair 'misled MPs on legality of war' law chief who advised ex-PM tells Iraq inquiry », dailymail.co.uk, 18 janvier 2011.
- (en) « Blair: truth and lies », theguardian.com, 29 janvier 2010.
- « At last, the damning evidence that should bury Blair for his lies over Iraq », dailymail.co.uk, 19 janvier 2011.
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- « liverpool.anglican.org/Bishop-⊠»(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?).
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- http://www.uni-haifa.de/pdf/fact_sheet_eng_brochure_2013.pdf
Annexes
Bibliographie
- « Que reste-t-il de Cool Britannia ? Le Royaume-Uni aprÚs huit ans de gouvernement Blair » ; trente universitaires britanniques, français, américains et québécois offrent une radiographie des politiques et du style Blair aprÚs deux mandats, en . Avec liens vers les textes et les vidéos.
- Jean-Marc Four, Tony Blair, lâiconoclaste. Un modĂšle Ă suivre ?, Ăditions Lignes de repĂšres, , 174 p. (ISBN 978-2915752250).
- (en) Tom Bower, Broken Vows - Tony Blair and the Tragedy of Power, 2016 (ISBN 978-0-571-31420-1).
Articles connexes
- Blairisme
- Parti travailliste (Royaume-Uni)
- New Labour
- Humphrey, le chat du 10 Downing Street sous Tony Blair
- Cool Britannia, mouvement culturel qui caractérise le Royaume-Uni de la fin des années 1990, à la suite de l'arrivée de Tony Blair et des travaillistes au pouvoir
Liens externes
- (en) Biographie synthétique sur le site de la BBC.
- « M. Blair : « des chances » de paix au Proche-Orient ». Entretien avec Alain Frachon et Virginie Malingre dans Le Monde du .
- Les trappes du modÚle social britannique (sous Tony Blair), par Florence Lefresne, Politique, revue de débats, Bruxelles, no 42, .