Armes de destruction massive en Irak
Les armes de destruction massive en Irak étaient un arsenal d'armements chimiques produit ou fourni par les Occidentaux[1] dans les années 1980 et utilisé durant puis aprÚs la guerre Iran-Irak (1980-1988)[2].
Irak Arsenal nucléaire | |
Programme | |
---|---|
Date de lancement | 1959 |
Premier essai nucléaire | aucun |
Premier essai Bombe H | N/A |
Dernier essai nucléaire | N/A |
Statistiques | |
Charge nucléaire la plus élevée | N/A |
Nombre maximal d'armes nucléaires | N/A |
Nombre total d'essais nucléaires | N/A |
Arsenal courant | aucun, programme saboté par Israël et l'Iran. Programme officiellement puis définitivement abandonné dans les années 1990 (mission de l'ONU en Irak). |
Portée maximale | Al Hussein (644 km) |
Traités internationaux | |
Traités signés | Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) |
Cet arsenal d'arme chimique devient l'argument dĂ©clencheur de l'invasion de l'Irak par les Ătats-Unis en 2003. Colin Powell prĂ©sente en effet le devant le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies un dossier mensonger sur un programme de fabrication d'arme de destruction massive. Une fois l'invasion rĂ©alisĂ©e, des inspections de l'ONU sont effectuĂ©es sur le terrain sous la direction de Hans Blix, qui indique ne pas avoir trouvĂ© d'armes de destruction massive en Irak, et ne pouvoir confirmer la poursuite effective du programme dans les annĂ©es 2000.
Entre 2003 et 2011, seulement 5 000 munitions chimiques « périmées » ont été découvertes par les forces d'occupation américaines[3] - [4] - [5]. Cependant, en 2013, Hans Blix réaffirme qu'en Irak, « certains pays ont tenté d'éradiquer des armes de destruction massive qui n'existaient pas »[6]. Dans un entretien en 2013, Colin Powell déclare, au sujet des armes de destruction massive en Irak, que « Saddam Hussein (...) n'en possédait pas un gramme »[7].
Historique du programme nucléaire irakien
Le , l'URSS et l'Irak signent un accord prĂ©voyant la construction d'une centrale nuclĂ©aire et l'Ă©tablissement d'un programme nuclĂ©aire, dans le cadre de leur rapprochement diplomatique. En 1968, les SoviĂ©tiques fournissent un rĂ©acteur de recherche aux Irakiens qui pourrait ĂȘtre utilisĂ© pour la production de radioisotopes. Ce rĂ©acteur est construit prĂšs de Bagdad sur le site de d'Al-Tuwaitha[9].
En 1975, lors d'une visite officielle à Moscou, Saddam Hussein demande aux Russes la construction d'un modÚle de centrale nucléaire de pointe. Ceux-ci acceptent en contrepartie d'une régulation par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), contraignant l'Irak à refuser. Le programme nucléaire irakien est en revanche assisté par une variété d'entreprises et de gouvernements de par le monde[10].
L'Irak ratifie le traitĂ© sur la non-prolifĂ©ration des armes nuclĂ©aires (TNP) le , pour une entrĂ©e en vigueur le [11]. Dans les annĂ©es 1970-80, l'Irak poursuivrait toutefois clandestinement un vaste programme d'armes biologiques et nuclĂ©aires, bien qu'aucune bombe atomique ne soit construite. Cette version est notamment appuyĂ©e par le scientifique irakien Khidir Hamza en 1998 qui contribua Ă ce programme avant de s'exiler aux Ătats-Unis en 1994 aprĂšs la guerre du KoweĂŻt et qui explique comment Saddam Hussein bernait l'AIEA[12].
Le , IsraĂ«l lance un raid aĂ©rien contre le rĂ©acteur nuclĂ©aire irakien Osirak (achetĂ© en 1976 Ă la France officiellement destinĂ© Ă des fins civiles et scientifiques[13]) situĂ© prĂšs de Bagdad lors de l'opĂ©ration OpĂ©ra, rĂ©sultant en sa destruction, tandis que l'Iran bombarde plusieurs fois le site durant la guerre Iran-Irak et que les Ătats-Unis feront de mĂȘme durant la guerre d'Irak de 2003.
En 1988, des ingénieurs allemands présentent des données de centrifugation qui auraient contribué au développement du programme nucléaire irakien.
Enrayé par Israël et l'Iran puis par l'ONU et l'AIEA, le programme nucléaire irakien est définitivement abandonné dans les années 1990 aprÚs la guerre du Golfe. Parmi les vecteurs qu'aurait pu probablement utiliser l'armée irakienne figurait le missile balistique Al Hussein d'une portée de 644 kilomÚtres.
En , 550 tonnes d'uranium concentrĂ© en provenance d'Irak sont transportĂ©s par avion jusqu'Ă la base militaire amĂ©ricaine de Diego Garcia, dans l'ocĂ©an Indien. Puis l'uranium est acheminĂ© secrĂštement par bateau jusqu'au port de MontrĂ©al. L'uranium, achetĂ© par la sociĂ©tĂ© canadienne Cameco, est ensuite envoyĂ© Ă la raffinerie d'uranium de Blind River puis converti Ă l'usine de Port Hope en Ontario pour ĂȘtre utilisĂ© comme combustible nuclĂ©aire dans les centrales amĂ©ricaines[14].
Armes chimiques et biologiques
Les Irakiens avaient des stocks considĂ©rables d'armes biologiques : anthrax, aflatoxine et de bactĂ©ries Clostridium perfringens pouvant causer la gangrĂšne et la ricine et des recherches furent Ă©galement effectuĂ©es sur la bactĂ©rie Salmonella et le cholĂ©ra selon une rĂ©vĂ©lation aux inspecteurs de l'ONU du docteur Rihab Taha, chef du programme d'armes biologiques irakien pendant sept ans, jusqu'en 1995[15] - [16] mais Ă©galement d'armes chimiques (gaz moutarde, sarin et tabun), et l'expĂ©rimentation par l'armĂ©e irakienne du cyclosarin qui fut le seul pays Ă l'utiliser au combat lors de sa guerre avec l'Iran[17]. 52 % des Ă©quipements de fabrication d'armes chimiques irakiens est estimĂ© ĂȘtre d'origine ouest-allemande et 21 % d'origine française[18].
Le principal des cinq sites de production d'agents toxiques dans les années 1980 est le Muthana State Establishment (en), à Samarra, qui a produit entre autres du gaz VX à partir de 1988 qui est aussi un centre de recherche et développement avec l'apport notamment de trois sociétés françaises, Protec SA, De Dietrich et Carbone lorraine[19]. Les autres étant Al-Rashad à Sadr City, qui dispose d'un autre centre de R&D, et Al-Falluja I, II, et III[20].
L'utilisation au combat de munitions chimiques est attestĂ©e Ă partir de 1983[2]. Selon Slate, des documents d'Ă©poque dĂ©classifiĂ©s de la CIA et des interviews d'anciens responsables des renseignements amĂ©ricains montrent que l'Irak, avec le soutien des Ătats-Unis, a utilisĂ© Ă plusieurs reprises des armes chimiques, notamment du sarin, pendant sa guerre contre l'Iran[21].
D'aprÚs la CIA, en 1989, le gouvernement irakien aurait par ailleurs détruit au moins 40 tonnes de sarin dégradé[22]. AprÚs la guerre du Golfe de 1990-1991, le gouvernement irakien a déclaré, entre autres, 6 120 roquettes de calibre 120 mm armés de sarin pour lance-roquettes multiples et 6 394 obus d'artillerie de calibre 155 mm[23] et .
dans le cadre des sanctions appliquĂ©es Ă l'Irak, les agents de l'ONU ont localisĂ© et dĂ©truit de grandes quantitĂ©s d'armes chimiques irakiennes et d'Ă©quipement associĂ© pour en produire tout au long des annĂ©es 1990, avec divers degrĂ©s de coopĂ©ration et d'obstruction de la part du gouvernement irakien[24], en empĂȘchant par exemple l'entrĂ©e des inspecteurs dans les quartiers-gĂ©nĂ©raux du Parti Baas Ă Bagdad[25]. En rĂ©ponse Ă la diminution de la coopĂ©ration irakienne avec la commission spĂ©ciale des Nations unies (UNSCOM), les Ătats-Unis ont appelĂ© au retrait de tous les inspecteurs de l'ONU et de l'Agence internationale de l'Ă©nergie atomique (AIEA) en 1998, rĂ©sultant en l'opĂ©ration Desert Fox, campagne de bombardements contre les ADM irakiennes.
Entre lâ'invasion de l'Irak en 2003 et 2011, plus de 5 000 munitions chimiques pour l'artillerie et lâaviation datant d'avant 1991 ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes dans le pays ainsi que plusieurs tonnes de divers produits chimiques, la moitiĂ© environ en 2006[4].
Chronologie des attaques Ă l'arme chimique
Perpétrées par l'armée irakienne durant la guerre Iran-Irak, le génocide kurde (opération Anfal) et lors de l'insurrection en Irak de 1991[26] - [2], les chiffres des victimes sont fournies par des documents de la CIA[2] hors indications :
Localisation | Arme utilisée | Date | Victimes |
---|---|---|---|
Haij Umran | gaz moutarde | moins de 100 Iraniens/Kurdes | |
Panjwin | gaz moutarde | octobre- | 3 000 Iraniens/Kurdes |
ßle de Majnoon | gaz moutarde | février- | 2 500 Iraniens |
Bassora | tabun | 50 Ă 100 Iraniens | |
Hawizah Marsh | gaz moutarde et tabun | 3 000 Iraniens | |
al-FÄw | gaz moutarde et tabun | 8 000 Ă 10 000 Iraniens | |
Um ar-Rasas | gaz moutarde | 1 000 Iraniens | |
Bassora | gaz moutarde et tabun | 5 000 Iraniens | |
Sumar/Mehran | gaz moutarde et agents innervants | 3 000 Iraniens | |
Halabja | gaz moutarde et agents innervants | Entre 3 200 et 5 000 morts voir 7 000 morts[27] et 7 000 blessés Kurdes/Iraniens | |
al-FÄw | gaz moutarde et agents innervants | 1 000 Iraniens | |
Lac poisson (étendue de désert à l'ouest de Shalamcheh) | gaz moutarde et agents innervants | 100 à 1 000 Iraniens | |
Ăźle de Majnoon | gaz moutarde et agents innervants | 100 Ă 1 000 Iraniens | |
frontiĂšre sud-centrale | gaz moutarde et agents innervants | 100 Ă 1 000 Iraniens | |
Nadjaf - Kerbala | agents innervants et cyclosarin | inconnues |
La position américaine
Mensonges, propagande et doutes
Les Ătats-Unis et le Royaume-Uni soutiennent que l'Irak de Saddam Hussein dĂ©tenait clandestinement d'importants stocks d'armes de destruction massive en 2003. La rĂ©solution 1441 du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies qui demandait Ă Saddam Hussein de « coopĂ©rer activement, immĂ©diatement et inconditionnellement » avec les inspecteurs de l'ONU et de l'AIEA de Ă et portant sur le dĂ©sarmement de l'Irak s'est vue ignorĂ©e selon le gouvernement amĂ©ricain[28], ce qui deviendra l'un des casus belli (avec les liens supposĂ©s entre le rĂ©gime de Bagdad et Oussama ben Laden) de l'opĂ©ration libertĂ© irakienne (Iraqi Freedom) en 2003 (concept de « guerre prĂ©ventive ») menĂ©e par l'administration Bush afin de justifier l'invasion.
En , Dick Cheney dĂ©clare dans un discours qu'il « nây a pas de doute que Saddam Hussein a maintenant des armes de destruction massive ». Un responsable de la CIA confie au journaliste Ron Suskind : « OĂč est-il allĂ© chercher ça ? »[29].
En , le directeur de la CIA George Tenet et le secrĂ©taire d'Ătat Colin Powell affirment devant le ComitĂ© des affaires Ă©trangĂšres du SĂ©nat des Ătats-Unis que Saddam Hussein est en train d'essayer d'acheter du yellowcake au Niger. Au mĂȘme moment, le gouvernement de Tony Blair prĂ©tend aussi que le dictateur irakien essaierait d'acheter de l'uranium dans un pays africain. En , le dĂ©partement d'Ătat des Ătats-Unis reprend cette accusation dans un rapport titrĂ© Illustrative Examples of Omissions From the Iraqi Declaration to the United Nations Security Council[30]. George W. Bush dĂ©clare, dans une allocution radiophonique que « le rĂ©gime irakien possĂšde des armes biologiques et chimiques, reconstruit des installations pour en fabriquer encore plus et selon le gouvernement britannique pourrait lancer une attaque chimique ou biologique en 45 minutes. Ce rĂ©gime cherche Ă avoir la bombe nuclĂ©aire et avec des matĂ©riaux fissiles pourrait en fabriquer un en un an »[31].
La CIA, dans son rapport dâ intitulĂ© « Iraqâs Weapons of Mass Destruction Programs » affirme que depuis la fin des inspections de 1998 et en violation des rĂ©solutions et des restrictions des Nations unies, lâIrak a maintenu ses projets dâarmes chimiques, a poursuivi le dĂ©veloppement et la production de missiles et a investi bien plus encore dans les armes biologiques. La plupart des experts estiment que lâIrak a reconstituĂ© son programme dâarmes nuclĂ©aires et la production dâagents chimiques (gaz VX, sarin, moutardeâŠ)[32].
NĂ©anmoins, ce nâest pas lâavis de tout le monde. Le vice-commandant des forces armĂ©es amĂ©ricaines en Europe, le gĂ©nĂ©ral Carlton W. Fulford, Jr., est allĂ© au Niger pour rencontrer son prĂ©sident, Mamadou Tandja, accompagnĂ© de l'ambassadeur amĂ©ricain au Niger, Barbro Owens-Kirkpatrick. Il en conclut qu'il y avait peu de chances qu'une partie de l'uranium du Niger ait Ă©tĂ© dĂ©tournĂ© des filiĂšres officielles, et envoya son rapport au secrĂ©taire du Joint Chiefs of Staff, le gĂ©nĂ©ral Richard Myers. Owens-Kirkpatrick en tira des conclusions similaires, envoyant lui aussi un rapport au dĂ©partement d'Ătat des Ătats-Unis[33]. L'Agence internationale de l'Ă©nergie atomique avait jugĂ© les documents comme Ă©tant des contrefaçons[34]. Joseph C. Wilson, ancien diplomate et chargĂ© de la question de lâIrak, sâest vu confier par la CIA, en , lâenquĂȘte sur lâuranium nigĂ©rien dont aurait pu se servir Saddam pour son programme nuclĂ©aire. AprĂšs enquĂȘte, Joseph C. Wilson n'a rien trouvĂ© confirmant cette allĂ©gation et il publie une tribune sur le New York Times oĂč il dit : « Si mes informations ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es comme inexactes, je comprends (je serais alors intĂ©ressĂ© de savoir pourquoi). Si, cependant, mes informations ont Ă©tĂ© ignorĂ©es parce qu'elles ne correspondaient pas Ă des idĂ©es prĂ©conçues sur l'Irak, alors on peut lĂ©gitimement faire valoir que nous sommes entrĂ©s en guerre sous de faux prĂ©textes »[35].
Le gĂ©nĂ©ral Norman Schwarzkopf Ă©met des doutes sur l'existence de ces prĂ©tendues armes de destruction massive qui justifient la guerre ; il sâen prend Ă Donald Rumsfeld, directeur du Pentagone, lui reprochant dans le Washington Post de se rĂ©jouir de la guerre[36].
Cependant, en , pour prouver devant les Nations unies que lâIrak relance son programme nuclĂ©aire, George W. Bush fait usage d'un rapport britannique[37] qui stipule que lâIrak tente de se fournir en uranium dans des pays africains[38].
Le , Colin Powell reçoit le discours rĂ©digĂ© par Lewis Libby, directeur du cabinet du vice-prĂ©sident Richard Cheney. En dĂ©couvrant le contenu douteux du document, Colin Powell se serait Ă©criĂ© « Je ne vais pas lire cela. Câest de la merde »[39] - [40]. Cependant, il passe quand mĂȘme devant le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies pour tenter de dĂ©voiler les preuves des activitĂ©s illicites du rĂ©gime baasiste. Il fait dĂ©filer des dessins de camions prĂ©sentĂ©s comme des prototypes de laboratoire mobile de recherche biologique (en) (sur la base de faux renseignements de « Curveball », ingĂ©nieur chimiste irakien Ă lâorigine dâune des plus grandes supercheries de lâhistoire du renseignement[41]), fait passer des photos satellites pour des usines dâarmes chimiques et des bunkers et prĂ©sente finalement un flacon de poudre blanche : de lâanthrax[42].
L'administration de Tony Blair a joué un rÎle essentiel dans la préparation du discours de Colin Powell du , devant le Conseil de sécurité des Nations unies[43]. Le dossier cité par Powell avait été fourni par l'administration de Tony Blair, qui reconnaßt dÚs le des "gaffes" dans sa rédaction. DÚs le , les journaux anglais identifient les vrais auteurs du rapport comme étant les services de communication de Downing Street et la pauvreté des sources utilisées par ces derniers (plagiat universitaire et sources suspectes...)[44] - [45].
Aveux
Durant la guerre d'Irak en , l'inspecteur de l'ONU Hans Blix indique qu'il n'y avait pas d'armes de destruction massives en Irak[46]. Les inspections américaines menées pendant la guerre s'accordent pour dire que l'Irak avait abandonné son programme nucléaire, chimique et biologique aprÚs 1991[47] - [48] bien que des résidus d'armes chimiques aient été trouvés en revanche au nord de Bagdad[49].
Le dossier cité par Colin Powell avait été fourni par l'administration de Tony Blair, qui reconnaßtra le des "gaffes" dans le dossier. DÚs le , les journaux anglais identifient les vrais auteurs du rapport comme étant les services de communication de Downing Street et la pauvreté des sources utilisées par ces derniers (plagiat universitaire et sources suspectes...)[50].
Jane Harman, Ă©lue dĂ©mocrate de Californie, souligne que la propagande des armes de destruction massive (ADM) irakiens est « la plus grande manĆuvre dâintoxication de tous les temps ». Un groupe dâanciens experts de la CIA et du dĂ©partement dâĂ©tat dĂ©nonce que les renseignements avaient « dĂ©jĂ Ă©tĂ© faussĂ©s pour des raisons politiques, mais jamais de façon aussi systĂ©matique pour tromper nos reprĂ©sentants Ă©lus afin dâautoriser une guerre ». Paul Wolfowitz, le numĂ©ro deux du dĂ©partement de la dĂ©fense, a reconnu le mensonge dâĂ©tat, en avouant que « nous nous sommes entendus sur un point, a-t-il prĂ©cisĂ©, les armes de destruction massive, parce que câĂ©tait le seul argument sur lequel tout le monde pouvait tomber dâaccord »[51].
En , le prĂ©sident Bush met en place une commission bipartisane pour enquĂȘter sur les erreurs d'estimations concernant les armes de destruction massive en Irak commises avant la guerre[52].
En 2005, lâadministration Bush reconnaĂźt que les armes de destruction massive irakiennes nâexistaient pas en mettant fin au travail de lâ«Irak survey group», composĂ© dâinspecteurs amĂ©ricains en Irak[29].
Colin Powell exprimera deux ans plus tard son « amertume » : interrogé sur ABC, il explique que cette présentation, en grande partie fausse, fait « tache » dans sa carriÚre[53]. En 2011, Colin Powell demande à la CIA et au Pentagone des explications sur les fausses informations qui lui furent communiquées en 2003[54].
En 2008, le Center for public Integrity et le Fund for independence in journalism, publie une Ă©tude intitulĂ©e « Faux prĂ©textes » qui recense 935 mensonges sur la menace que prĂ©sentait lâIrak de Saddam Hussein dans les dĂ©clarations publiques de George W. Bush, Dick Cheney, Condoleezza Rice, Colin Powell et Donald Rumsfeld[29] et les porte-parole de la Maison Blanche Ari Fleischer et Scott McClellan[55].
Le , devant la commission Chilcot, William Ehrman, haut responsable au ministÚre britannique des Affaires étrangÚres entre 2000 et 2002, déclare que Tony Blair savait que l'Irak n'avait plus d'ADM avant d'envoyer ses troupes dans le pays[56].
Les munitions chimiques retrouvées aprÚs 2003
En 2014, les mĂ©dias rĂ©vĂšlent qu'entre lâinvasion de 2003 et 2010, les forces amĂ©ricaines ont dĂ©couvert environ 5 000 munitions chimiques, essentiellement des obus de 155 mm, des roquettes de 122 mm pour BM-21 Grad et des bombes pour avions datant d'avant 1991 ainsi que plusieurs tonnes de divers produits chimiques, la moitiĂ© environ en 2006[4] - [57]. Plusieurs centaines d'autres obus ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s fin 2010 ou en 2011 par les forces gouvernementales irakiennes. Lâadministration amĂ©ricaine a tu cette dĂ©couverte pendant des annĂ©es Ă cause de son implication dans la fabrication de cet arsenal chimique car comme le dit le New York Times : « les munitions avait Ă©tĂ© conçues aux Ătats-Unis, fabriquĂ©es en Europe et remplies de produits chimiques sur les lignes de productions irakiennes, par des sociĂ©tĂ©s occidentales »[1].
Datant d'avant 1991, et pour la majoritĂ© de la guerre Iran-Irak, les « armes chimiques vĂ©tustes » comme les appelle l'article du New York Times, retrouvĂ©es en Irak, contenaient du gaz sarin, du gaz moutarde et autres agents neurotoxiques « pĂ©rimĂ©s »[58]. Certaines Ă©taient vides et la plupart n'Ă©taient plus utilisables en l'Ă©tat. Une partie de ces munitions ont Ă©tĂ© conçues par les puissances occidentales, Ătats-Unis en tĂȘte[59]. En 2014, selon le gouvernement irakien, sur les 5 000 munitions chimiques qui restent « 2 500 munitions chimiques corrodĂ©es Ă©taient toujours prĂ©sentes sur place ». Cependant, « Washington affirme que les armes abandonnĂ©es ne constituent plus une menace »[58].
à la suite de la difficulté de différencier des munitions chimiques recouvertes de « rouille et de saleté » des munitions conventionnelles, leur découverte a exposé entre une vingtaine et huit cents militaires américains et policiers irakiens à des produits toxiques. Plusieurs munitions chimiques ont servi à la confection d'engins explosifs improvisés par la guérilla irakienne[5].
En 2006, le gĂ©nĂ©ral George Sada, deuxiĂšme adjoint des forces aĂ©riennes irakiennes sous la prĂ©sidence de Saddam Hussein, a Ă©crit un livre, Saddam's secrets, dans lequel il explique qu'il a recueilli les tĂ©moignages de pilotes de Boeing 747 qui ont utilisĂ© leurs avions pour transporter des ADM en Syrie, en [60]. Une colonne de camions a fait Ă©galement le trajet, avec le matĂ©riel le moins lourd. La CIA a effectivement des images satellites montrant des colonnes de camions irakiens traversant la frontiĂšre, Ă la mĂȘme pĂ©riode[61].
Théories du complot
Diverses théories du complot furent élaborées afin d'expliquer l'échec de la mission de la Commission de contrÎle, de vérification et d'inspection des Nations unies (COCOVINU) en Irak.
Donald Rumsfeld, alors secrétaire à la Défense a déclaré qu'il serait envisageable que les Irakiens aient précipitamment détruit leurs armes de destruction massive avant l'invasion américaine[62].
Certaines affirment que les ADM auraient Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es avant la guerre, en Jordanie[63], au Liban dans la plaine de la Bekaa extrĂȘmement fortifiĂ©e[64] - [65], au Pakistan (avec l'implication du scientifique pakistanais Abdul Qadeer Khan[66]), dans l'ocĂ©an Indien Ă bord de cargos[67] ou bien en Syrie, selon les IsraĂ©liens[68] et selon le gĂ©nĂ©ral Georges Sada, deuxiĂšme adjoint des forces aĂ©riennes irakiennes sous la dictature de Saddam Hussein, troisiĂšme personnalitĂ© militaire du rĂ©gime, qui affirme que des armes de destruction massive Ă©taient bien encore dĂ©tenues par l'Irak au dĂ©but de l'annĂ©e 2003. Il explique en 2006 dans son livre Saddam's secrets, avoir recueilli les tĂ©moignages de pilotes de 747 qui ont utilisĂ© leurs avions pour transporter des ADM en Syrie, en [69] - [70].
Adhésion de l'Irak à la CIAC
L'Irak devient membre de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC) en , déclarant deux bunkers d'armes chimiques ainsi que 5 anciens établissements de fabrication d'armes chimiques datant du régime baasiste. Ces armes ne sont toutefois pas considérées comme étant utilisables[71].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Iraq and weapons of mass destruction » (voir la liste des auteurs).
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- (en) Mémorandum du Directeur national du Renseignement au Comité permanent du Renseignement de la Chambre des représentants, 21 mai 2007 [PDF]
- Irak: le Pentagone a caché la découverte d'armes chimiques L'Express du 15 octobre 2014
- Le New York Times révÚle l'existence d'armes chimiques abandonnées en Irak
- (en) Georges Hormuz Sada, Saddam's Secrets: How an Iraqi General Defied and Survived Saddam Hussein, Thomas Nelson, (ISBN 978-1-4185-6114-7, lire en ligne)
- (en) Entretien avec Ryan Mauro, analyste du renseignement, 2 mars 2006.
- Armes de destruction massive : réalité ou prétexte ? RFI de
- (en) The Shocking Story About WMD in Jordan, consulté le 10 janvier 2013
- (en) Report: U.S suspects Iraqi WMD in Lebanon's Bekaa Valley, World Tribune, 26 août 2003
- (en) New evidence: Saddam's WMD in Lebanon, WND, 20 mai 2004
- (en) A.Q. Khan Shifted Iraq's WMD To Pakistan? « Copie archivée » (version du 19 février 2019 sur Internet Archive), South Asia Analysis Group, 7 février 2004
- (en) Iraqi WMD may be at sea, JerusalemPost, 20 février 2003
- (en) Saddam's WMD Moved to Syria, An Israeli Says, The Sun, 15 décembre 2005
- (en) « Iraq's WMD Secreted in Syria, Sada Says », The Sun, New York, 26 janvier 2006
- Exclusive! Former Top Military Aide to Saddam Reveals Dictator's Secret Plans, FoxNews, 26 janvier 2006
- (en) India Completes Chemical Weapons Disposal; Iraq Declares Stockpile, Chris Schneidmiller, Global Security Newswire, 27 avril 2009
Annexes
Bibliographie
- Michel Saint-Mleux, « Le nuclĂ©aire en Irak », Politique Ă©trangĂšre, PersĂ©e, no 1,â , p. 53-65 (ISBN 2-2940-1396-4, lire en ligne).
Articles connexes
- Opération Opéra (menée par l'armée israélienne contre un réacteur irakien en 1981)
- Al Hussein (missile balistique d'une portée de 644 km dérivé du Scud soviétique)
- Concepts : Axe du Mal · Ătat voyou · Guerre prĂ©ventive
- Nigergate, dossier fictif confectionné par des agents italiens pour le compte des américains, sur l'achat présumé d'uranium par Saddam Hussein
- David Christopher Kelly, employĂ© du MinistĂšre de la DĂ©fense Britannique, il est le principal informateur de Andrew Gilligan, journaliste de la BBC, au sujet de son enquĂȘte sur la falsification d'un rapport de , par le gouvernement britannique de Tony Blair, concernant les armes de destruction massive irakiennes. RetrouvĂ© mort Ă son domicile dans de mystĂ©rieuse circonstances.
- Rafid Ahmed Alwan al-Janabi, affabulateur irakien qui a précipité la guerre en Irak avec de faux renseignements.
- Green Zone, film de Roy Miller, qui relate l'impossible mission d'un soldat américain de trouver les armes de destruction massive de Saddam Hussein.
- Commission Chilcot