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Armes de destruction massive en Irak

Les armes de destruction massive en Irak étaient un arsenal d'armements chimiques produit ou fourni par les Occidentaux[1] dans les années 1980 et utilisé durant puis aprÚs la guerre Iran-Irak (1980-1988)[2].

Irak
Arsenal nucléaire
Image illustrative de l'article Armes de destruction massive en Irak
Programme
Date de lancement 1959
Premier essai nucléaire aucun
Premier essai Bombe H N/A
Dernier essai nucléaire N/A
Statistiques
Charge nucléaire la plus élevée N/A
Nombre maximal d'armes nucléaires N/A
Nombre total d'essais nucléaires N/A
Arsenal courant aucun, programme saboté par Israël et l'Iran. Programme officiellement puis définitivement abandonné dans les années 1990 (mission de l'ONU en Irak).
Portée maximale Al Hussein (644 km)
Traités internationaux
Traités signés Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP)

Cet arsenal d'arme chimique devient l'argument dĂ©clencheur de l'invasion de l'Irak par les États-Unis en 2003. Colin Powell prĂ©sente en effet le devant le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies un dossier mensonger sur un programme de fabrication d'arme de destruction massive. Une fois l'invasion rĂ©alisĂ©e, des inspections de l'ONU sont effectuĂ©es sur le terrain sous la direction de Hans Blix, qui indique ne pas avoir trouvĂ© d'armes de destruction massive en Irak, et ne pouvoir confirmer la poursuite effective du programme dans les annĂ©es 2000.

Entre 2003 et 2011, seulement 5 000 munitions chimiques « pĂ©rimĂ©es » ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes par les forces d'occupation amĂ©ricaines[3] - [4] - [5]. Cependant, en 2013, Hans Blix rĂ©affirme qu'en Irak, « certains pays ont tentĂ© d'Ă©radiquer des armes de destruction massive qui n'existaient pas »[6]. Dans un entretien en 2013, Colin Powell dĂ©clare, au sujet des armes de destruction massive en Irak, que « Saddam Hussein (...) n'en possĂ©dait pas un gramme »[7].

Historique du programme nucléaire irakien

Le centre de recherche nucléaire d'Al-Tuwaitha à la sortie sud-est de Bagdad le aprÚs un bombardement américain. Durant la guerre du Golfe, 20 % du programme nucléaire irakien est neutralisé par les forces de la Coalition[8].

Le , l'URSS et l'Irak signent un accord prĂ©voyant la construction d'une centrale nuclĂ©aire et l'Ă©tablissement d'un programme nuclĂ©aire, dans le cadre de leur rapprochement diplomatique. En 1968, les SoviĂ©tiques fournissent un rĂ©acteur de recherche aux Irakiens qui pourrait ĂȘtre utilisĂ© pour la production de radioisotopes. Ce rĂ©acteur est construit prĂšs de Bagdad sur le site de d'Al-Tuwaitha[9].

En 1975, lors d'une visite officielle à Moscou, Saddam Hussein demande aux Russes la construction d'un modÚle de centrale nucléaire de pointe. Ceux-ci acceptent en contrepartie d'une régulation par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), contraignant l'Irak à refuser. Le programme nucléaire irakien est en revanche assisté par une variété d'entreprises et de gouvernements de par le monde[10].

L'Irak ratifie le traitĂ© sur la non-prolifĂ©ration des armes nuclĂ©aires (TNP) le , pour une entrĂ©e en vigueur le [11]. Dans les annĂ©es 1970-80, l'Irak poursuivrait toutefois clandestinement un vaste programme d'armes biologiques et nuclĂ©aires, bien qu'aucune bombe atomique ne soit construite. Cette version est notamment appuyĂ©e par le scientifique irakien Khidir Hamza en 1998 qui contribua Ă  ce programme avant de s'exiler aux États-Unis en 1994 aprĂšs la guerre du KoweĂŻt et qui explique comment Saddam Hussein bernait l'AIEA[12].

Le , IsraĂ«l lance un raid aĂ©rien contre le rĂ©acteur nuclĂ©aire irakien Osirak (achetĂ© en 1976 Ă  la France officiellement destinĂ© Ă  des fins civiles et scientifiques[13]) situĂ© prĂšs de Bagdad lors de l'opĂ©ration OpĂ©ra, rĂ©sultant en sa destruction, tandis que l'Iran bombarde plusieurs fois le site durant la guerre Iran-Irak et que les États-Unis feront de mĂȘme durant la guerre d'Irak de 2003.

En 1988, des ingénieurs allemands présentent des données de centrifugation qui auraient contribué au développement du programme nucléaire irakien.

EnrayĂ© par IsraĂ«l et l'Iran puis par l'ONU et l'AIEA, le programme nuclĂ©aire irakien est dĂ©finitivement abandonnĂ© dans les annĂ©es 1990 aprĂšs la guerre du Golfe. Parmi les vecteurs qu'aurait pu probablement utiliser l'armĂ©e irakienne figurait le missile balistique Al Hussein d'une portĂ©e de 644 kilomĂštres.

En , 550 tonnes d'uranium concentrĂ© en provenance d'Irak sont transportĂ©s par avion jusqu'Ă  la base militaire amĂ©ricaine de Diego Garcia, dans l'ocĂ©an Indien. Puis l'uranium est acheminĂ© secrĂštement par bateau jusqu'au port de MontrĂ©al. L'uranium, achetĂ© par la sociĂ©tĂ© canadienne Cameco, est ensuite envoyĂ© Ă  la raffinerie d'uranium de Blind River puis converti Ă  l'usine de Port Hope en Ontario pour ĂȘtre utilisĂ© comme combustible nuclĂ©aire dans les centrales amĂ©ricaines[14].

Armes chimiques et biologiques

Un inspecteur de l'AIEA dans une usine de machines en Irak en mars 2002.

Les Irakiens avaient des stocks considĂ©rables d'armes biologiques : anthrax, aflatoxine et de bactĂ©ries Clostridium perfringens pouvant causer la gangrĂšne et la ricine et des recherches furent Ă©galement effectuĂ©es sur la bactĂ©rie Salmonella et le cholĂ©ra selon une rĂ©vĂ©lation aux inspecteurs de l'ONU du docteur Rihab Taha, chef du programme d'armes biologiques irakien pendant sept ans, jusqu'en 1995[15] - [16] mais Ă©galement d'armes chimiques (gaz moutarde, sarin et tabun), et l'expĂ©rimentation par l'armĂ©e irakienne du cyclosarin qui fut le seul pays Ă  l'utiliser au combat lors de sa guerre avec l'Iran[17]. 52 % des Ă©quipements de fabrication d'armes chimiques irakiens est estimĂ© ĂȘtre d'origine ouest-allemande et 21 % d'origine française[18].

Le principal des cinq sites de production d'agents toxiques dans les années 1980 est le Muthana State Establishment (en), à Samarra, qui a produit entre autres du gaz VX à partir de 1988 qui est aussi un centre de recherche et développement avec l'apport notamment de trois sociétés françaises, Protec SA, De Dietrich et Carbone lorraine[19]. Les autres étant Al-Rashad à Sadr City, qui dispose d'un autre centre de R&D, et Al-Falluja I, II, et III[20].

L'utilisation au combat de munitions chimiques est attestĂ©e Ă  partir de 1983[2]. Selon Slate, des documents d'Ă©poque dĂ©classifiĂ©s de la CIA et des interviews d'anciens responsables des renseignements amĂ©ricains montrent que l'Irak, avec le soutien des États-Unis, a utilisĂ© Ă  plusieurs reprises des armes chimiques, notamment du sarin, pendant sa guerre contre l'Iran[21].

D'aprĂšs la CIA, en 1989, le gouvernement irakien aurait par ailleurs dĂ©truit au moins 40 tonnes de sarin dĂ©gradĂ©[22]. AprĂšs la guerre du Golfe de 1990-1991, le gouvernement irakien a dĂ©clarĂ©, entre autres, 6 120 roquettes de calibre 120 mm armĂ©s de sarin pour lance-roquettes multiples et 6 394 obus d'artillerie de calibre 155 mm[23] et .

dans le cadre des sanctions appliquĂ©es Ă  l'Irak, les agents de l'ONU ont localisĂ© et dĂ©truit de grandes quantitĂ©s d'armes chimiques irakiennes et d'Ă©quipement associĂ© pour en produire tout au long des annĂ©es 1990, avec divers degrĂ©s de coopĂ©ration et d'obstruction de la part du gouvernement irakien[24], en empĂȘchant par exemple l'entrĂ©e des inspecteurs dans les quartiers-gĂ©nĂ©raux du Parti Baas Ă  Bagdad[25]. En rĂ©ponse Ă  la diminution de la coopĂ©ration irakienne avec la commission spĂ©ciale des Nations unies (UNSCOM), les États-Unis ont appelĂ© au retrait de tous les inspecteurs de l'ONU et de l'Agence internationale de l'Ă©nergie atomique (AIEA) en 1998, rĂ©sultant en l'opĂ©ration Desert Fox, campagne de bombardements contre les ADM irakiennes.

Entre l’'invasion de l'Irak en 2003 et 2011, plus de 5 000 munitions chimiques pour l'artillerie et l’aviation datant d'avant 1991 ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes dans le pays ainsi que plusieurs tonnes de divers produits chimiques, la moitiĂ© environ en 2006[4].

Chronologie des attaques Ă  l'arme chimique

CimetiĂšre d'Halabja oĂč sont enterrĂ©es les victimes de l'attaque au gaz de mars 1988 menĂ©e durant l'opĂ©ration Anfal.

Perpétrées par l'armée irakienne durant la guerre Iran-Irak, le génocide kurde (opération Anfal) et lors de l'insurrection en Irak de 1991[26] - [2], les chiffres des victimes sont fournies par des documents de la CIA[2] hors indications :

LocalisationArme utiliséeDateVictimes
Haij Umrangaz moutardemoins de 100 Iraniens/Kurdes
Panjwingaz moutardeoctobre-3 000 Iraniens/Kurdes
Ăźle de Majnoongaz moutardefĂ©vrier-2 500 Iraniens
Bassoratabun50 Ă  100 Iraniens
Hawizah Marshgaz moutarde et tabun3 000 Iraniens
al-Fāwgaz moutarde et tabun8 000 Ă  10 000 Iraniens
Um ar-Rasasgaz moutarde1 000 Iraniens
Bassoragaz moutarde et tabun5 000 Iraniens
Sumar/Mehrangaz moutarde et agents innervants3 000 Iraniens
Halabjagaz moutarde et agents innervantsEntre 3 200 et 5 000 morts voir 7 000 morts[27] et 7 000 blessĂ©s Kurdes/Iraniens
al-Fāwgaz moutarde et agents innervants1 000 Iraniens
Lac poisson (Ă©tendue de dĂ©sert Ă  l'ouest de Shalamcheh)gaz moutarde et agents innervants100 Ă  1 000 Iraniens
Ăźle de Majnoongaz moutarde et agents innervants100 Ă  1 000 Iraniens
frontiĂšre sud-centralegaz moutarde et agents innervants100 Ă  1 000 Iraniens
Nadjaf - Kerbalaagents innervants et cyclosarininconnues

La position américaine

Mensonges, propagande et doutes

Colin Powell, secrĂ©taire d'État des États-Unis, tenant une capsule d'anthrax, lors d'une session du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies, prĂ©tendant que l'Irak est susceptible de possĂ©der des armes de destruction massive, 5 fĂ©vrier 2003.

Les États-Unis et le Royaume-Uni soutiennent que l'Irak de Saddam Hussein dĂ©tenait clandestinement d'importants stocks d'armes de destruction massive en 2003. La rĂ©solution 1441 du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies qui demandait Ă  Saddam Hussein de « coopĂ©rer activement, immĂ©diatement et inconditionnellement » avec les inspecteurs de l'ONU et de l'AIEA de Ă  et portant sur le dĂ©sarmement de l'Irak s'est vue ignorĂ©e selon le gouvernement amĂ©ricain[28], ce qui deviendra l'un des casus belli (avec les liens supposĂ©s entre le rĂ©gime de Bagdad et Oussama ben Laden) de l'opĂ©ration libertĂ© irakienne (Iraqi Freedom) en 2003 (concept de « guerre prĂ©ventive ») menĂ©e par l'administration Bush afin de justifier l'invasion.

En , Dick Cheney dĂ©clare dans un discours qu'il « n’y a pas de doute que Saddam Hussein a maintenant des armes de destruction massive ». Un responsable de la CIA confie au journaliste Ron Suskind : « OĂč est-il allĂ© chercher ça ? »[29].

En , le directeur de la CIA George Tenet et le secrĂ©taire d'État Colin Powell affirment devant le ComitĂ© des affaires Ă©trangĂšres du SĂ©nat des États-Unis que Saddam Hussein est en train d'essayer d'acheter du yellowcake au Niger. Au mĂȘme moment, le gouvernement de Tony Blair prĂ©tend aussi que le dictateur irakien essaierait d'acheter de l'uranium dans un pays africain. En , le dĂ©partement d'État des États-Unis reprend cette accusation dans un rapport titrĂ© Illustrative Examples of Omissions From the Iraqi Declaration to the United Nations Security Council[30]. George W. Bush dĂ©clare, dans une allocution radiophonique que « le rĂ©gime irakien possĂšde des armes biologiques et chimiques, reconstruit des installations pour en fabriquer encore plus et selon le gouvernement britannique pourrait lancer une attaque chimique ou biologique en 45 minutes. Ce rĂ©gime cherche Ă  avoir la bombe nuclĂ©aire et avec des matĂ©riaux fissiles pourrait en fabriquer un en un an »[31].

La CIA, dans son rapport d’ intitulĂ© « Iraq’s Weapons of Mass Destruction Programs » affirme que depuis la fin des inspections de 1998 et en violation des rĂ©solutions et des restrictions des Nations unies, l’Irak a maintenu ses projets d’armes chimiques, a poursuivi le dĂ©veloppement et la production de missiles et a investi bien plus encore dans les armes biologiques. La plupart des experts estiment que l’Irak a reconstituĂ© son programme d’armes nuclĂ©aires et la production d’agents chimiques (gaz VX, sarin, moutarde
)[32].

NĂ©anmoins, ce n’est pas l’avis de tout le monde. Le vice-commandant des forces armĂ©es amĂ©ricaines en Europe, le gĂ©nĂ©ral Carlton W. Fulford, Jr., est allĂ© au Niger pour rencontrer son prĂ©sident, Mamadou Tandja, accompagnĂ© de l'ambassadeur amĂ©ricain au Niger, Barbro Owens-Kirkpatrick. Il en conclut qu'il y avait peu de chances qu'une partie de l'uranium du Niger ait Ă©tĂ© dĂ©tournĂ© des filiĂšres officielles, et envoya son rapport au secrĂ©taire du Joint Chiefs of Staff, le gĂ©nĂ©ral Richard Myers. Owens-Kirkpatrick en tira des conclusions similaires, envoyant lui aussi un rapport au dĂ©partement d'État des États-Unis[33]. L'Agence internationale de l'Ă©nergie atomique avait jugĂ© les documents comme Ă©tant des contrefaçons[34]. Joseph C. Wilson, ancien diplomate et chargĂ© de la question de l’Irak, s’est vu confier par la CIA, en , l’enquĂȘte sur l’uranium nigĂ©rien dont aurait pu se servir Saddam pour son programme nuclĂ©aire. AprĂšs enquĂȘte, Joseph C. Wilson n'a rien trouvĂ© confirmant cette allĂ©gation et il publie une tribune sur le New York Times oĂč il dit : « Si mes informations ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es comme inexactes, je comprends (je serais alors intĂ©ressĂ© de savoir pourquoi). Si, cependant, mes informations ont Ă©tĂ© ignorĂ©es parce qu'elles ne correspondaient pas Ă  des idĂ©es prĂ©conçues sur l'Irak, alors on peut lĂ©gitimement faire valoir que nous sommes entrĂ©s en guerre sous de faux prĂ©textes »[35].

Le gĂ©nĂ©ral Norman Schwarzkopf Ă©met des doutes sur l'existence de ces prĂ©tendues armes de destruction massive qui justifient la guerre ; il s’en prend Ă  Donald Rumsfeld, directeur du Pentagone, lui reprochant dans le Washington Post de se rĂ©jouir de la guerre[36].

Cependant, en , pour prouver devant les Nations unies que l’Irak relance son programme nuclĂ©aire, George W. Bush fait usage d'un rapport britannique[37] qui stipule que l’Irak tente de se fournir en uranium dans des pays africains[38].

Le , Colin Powell reçoit le discours rĂ©digĂ© par Lewis Libby, directeur du cabinet du vice-prĂ©sident Richard Cheney. En dĂ©couvrant le contenu douteux du document, Colin Powell se serait Ă©criĂ© « Je ne vais pas lire cela. C’est de la merde »[39] - [40]. Cependant, il passe quand mĂȘme devant le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies pour tenter de dĂ©voiler les preuves des activitĂ©s illicites du rĂ©gime baasiste. Il fait dĂ©filer des dessins de camions prĂ©sentĂ©s comme des prototypes de laboratoire mobile de recherche biologique (en) (sur la base de faux renseignements de « Curveball », ingĂ©nieur chimiste irakien Ă  l’origine d’une des plus grandes supercheries de l’histoire du renseignement[41]), fait passer des photos satellites pour des usines d’armes chimiques et des bunkers et prĂ©sente finalement un flacon de poudre blanche : de l’anthrax[42].

L'administration de Tony Blair a joué un rÎle essentiel dans la préparation du discours de Colin Powell du , devant le Conseil de sécurité des Nations unies[43]. Le dossier cité par Powell avait été fourni par l'administration de Tony Blair, qui reconnaßt dÚs le des "gaffes" dans sa rédaction. DÚs le , les journaux anglais identifient les vrais auteurs du rapport comme étant les services de communication de Downing Street et la pauvreté des sources utilisées par ces derniers (plagiat universitaire et sources suspectes...)[44] - [45].

Aveux

Durant la guerre d'Irak en , l'inspecteur de l'ONU Hans Blix indique qu'il n'y avait pas d'armes de destruction massives en Irak[46]. Les inspections américaines menées pendant la guerre s'accordent pour dire que l'Irak avait abandonné son programme nucléaire, chimique et biologique aprÚs 1991[47] - [48] bien que des résidus d'armes chimiques aient été trouvés en revanche au nord de Bagdad[49].

Le dossier cité par Colin Powell avait été fourni par l'administration de Tony Blair, qui reconnaßtra le des "gaffes" dans le dossier. DÚs le , les journaux anglais identifient les vrais auteurs du rapport comme étant les services de communication de Downing Street et la pauvreté des sources utilisées par ces derniers (plagiat universitaire et sources suspectes...)[50].

Jane Harman, Ă©lue dĂ©mocrate de Californie, souligne que la propagande des armes de destruction massive (ADM) irakiens est « la plus grande manƓuvre d’intoxication de tous les temps ». Un groupe d’anciens experts de la CIA et du dĂ©partement d’état dĂ©nonce que les renseignements avaient « dĂ©jĂ  Ă©tĂ© faussĂ©s pour des raisons politiques, mais jamais de façon aussi systĂ©matique pour tromper nos reprĂ©sentants Ă©lus afin d’autoriser une guerre ». Paul Wolfowitz, le numĂ©ro deux du dĂ©partement de la dĂ©fense, a reconnu le mensonge d’état, en avouant que « nous nous sommes entendus sur un point, a-t-il prĂ©cisĂ©, les armes de destruction massive, parce que c’était le seul argument sur lequel tout le monde pouvait tomber d’accord »[51].

Annonce de la création d'une commission sur les armes de destruction massive en Irak par le Président Bush, co-dirigée par l'ex-sénateur Chuck Robb (à gauche) et le juge Silberman (à droite)

En , le prĂ©sident Bush met en place une commission bipartisane pour enquĂȘter sur les erreurs d'estimations concernant les armes de destruction massive en Irak commises avant la guerre[52].

En 2005, l’administration Bush reconnaĂźt que les armes de destruction massive irakiennes n’existaient pas en mettant fin au travail de l’«Irak survey group», composĂ© d’inspecteurs amĂ©ricains en Irak[29].

Colin Powell exprimera deux ans plus tard son « amertume » : interrogé sur ABC, il explique que cette présentation, en grande partie fausse, fait « tache » dans sa carriÚre[53]. En 2011, Colin Powell demande à la CIA et au Pentagone des explications sur les fausses informations qui lui furent communiquées en 2003[54].

En 2008, le Center for public Integrity et le Fund for independence in journalism, publie une Ă©tude intitulĂ©e « Faux prĂ©textes » qui recense 935 mensonges sur la menace que prĂ©sentait l’Irak de Saddam Hussein dans les dĂ©clarations publiques de George W. Bush, Dick Cheney, Condoleezza Rice, Colin Powell et Donald Rumsfeld[29] et les porte-parole de la Maison Blanche Ari Fleischer et Scott McClellan[55].

Le , devant la commission Chilcot, William Ehrman, haut responsable au ministÚre britannique des Affaires étrangÚres entre 2000 et 2002, déclare que Tony Blair savait que l'Irak n'avait plus d'ADM avant d'envoyer ses troupes dans le pays[56].

Les munitions chimiques retrouvées aprÚs 2003

En 2014, les mĂ©dias rĂ©vĂšlent qu'entre l’invasion de 2003 et 2010, les forces amĂ©ricaines ont dĂ©couvert environ 5 000 munitions chimiques, essentiellement des obus de 155 mm, des roquettes de 122 mm pour BM-21 Grad et des bombes pour avions datant d'avant 1991 ainsi que plusieurs tonnes de divers produits chimiques, la moitiĂ© environ en 2006[4] - [57]. Plusieurs centaines d'autres obus ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s fin 2010 ou en 2011 par les forces gouvernementales irakiennes. L’administration amĂ©ricaine a tu cette dĂ©couverte pendant des annĂ©es Ă  cause de son implication dans la fabrication de cet arsenal chimique car comme le dit le New York Times : « les munitions avait Ă©tĂ© conçues aux États-Unis, fabriquĂ©es en Europe et remplies de produits chimiques sur les lignes de productions irakiennes, par des sociĂ©tĂ©s occidentales »[1].

Datant d'avant 1991, et pour la majoritĂ© de la guerre Iran-Irak, les « armes chimiques vĂ©tustes » comme les appelle l'article du New York Times, retrouvĂ©es en Irak, contenaient du gaz sarin, du gaz moutarde et autres agents neurotoxiques « pĂ©rimĂ©s »[58]. Certaines Ă©taient vides et la plupart n'Ă©taient plus utilisables en l'Ă©tat. Une partie de ces munitions ont Ă©tĂ© conçues par les puissances occidentales, États-Unis en tĂȘte[59]. En 2014, selon le gouvernement irakien, sur les 5 000 munitions chimiques qui restent « 2 500 munitions chimiques corrodĂ©es Ă©taient toujours prĂ©sentes sur place ». Cependant, « Washington affirme que les armes abandonnĂ©es ne constituent plus une menace »[58].

À la suite de la difficultĂ© de diffĂ©rencier des munitions chimiques recouvertes de « rouille et de saletĂ© » des munitions conventionnelles, leur dĂ©couverte a exposĂ© entre une vingtaine et huit cents militaires amĂ©ricains et policiers irakiens Ă  des produits toxiques. Plusieurs munitions chimiques ont servi Ă  la confection d'engins explosifs improvisĂ©s par la guĂ©rilla irakienne[5].

En 2006, le gĂ©nĂ©ral George Sada, deuxiĂšme adjoint des forces aĂ©riennes irakiennes sous la prĂ©sidence de Saddam Hussein, a Ă©crit un livre, Saddam's secrets, dans lequel il explique qu'il a recueilli les tĂ©moignages de pilotes de Boeing 747 qui ont utilisĂ© leurs avions pour transporter des ADM en Syrie, en [60]. Une colonne de camions a fait Ă©galement le trajet, avec le matĂ©riel le moins lourd. La CIA a effectivement des images satellites montrant des colonnes de camions irakiens traversant la frontiĂšre, Ă  la mĂȘme pĂ©riode[61].

Théories du complot

Tir d'essai d'un missile balistique Al-Samoud 2 en 2001. D'une portĂ©e de 180 km, au-delĂ  des proscriptions des Nations Unies, il fut censĂ© ĂȘtre dĂ©truit par le rĂ©gime bassiste mais utilisĂ© durant la guerre de 2003.

Diverses théories du complot furent élaborées afin d'expliquer l'échec de la mission de la Commission de contrÎle, de vérification et d'inspection des Nations unies (COCOVINU) en Irak.

Donald Rumsfeld, alors secrétaire à la Défense a déclaré qu'il serait envisageable que les Irakiens aient précipitamment détruit leurs armes de destruction massive avant l'invasion américaine[62].

Certaines affirment que les ADM auraient Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es avant la guerre, en Jordanie[63], au Liban dans la plaine de la Bekaa extrĂȘmement fortifiĂ©e[64] - [65], au Pakistan (avec l'implication du scientifique pakistanais Abdul Qadeer Khan[66]), dans l'ocĂ©an Indien Ă  bord de cargos[67] ou bien en Syrie, selon les IsraĂ©liens[68] et selon le gĂ©nĂ©ral Georges Sada, deuxiĂšme adjoint des forces aĂ©riennes irakiennes sous la dictature de Saddam Hussein, troisiĂšme personnalitĂ© militaire du rĂ©gime, qui affirme que des armes de destruction massive Ă©taient bien encore dĂ©tenues par l'Irak au dĂ©but de l'annĂ©e 2003. Il explique en 2006 dans son livre Saddam's secrets, avoir recueilli les tĂ©moignages de pilotes de 747 qui ont utilisĂ© leurs avions pour transporter des ADM en Syrie, en [69] - [70].

Adhésion de l'Irak à la CIAC

L'Irak devient membre de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC) en , déclarant deux bunkers d'armes chimiques ainsi que 5 anciens établissements de fabrication d'armes chimiques datant du régime baasiste. Ces armes ne sont toutefois pas considérées comme étant utilisables[71].

Notes et références

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  35. « I'm not reading this. This is bullshit. »
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Annexes

Bibliographie

  • Michel Saint-Mleux, « Le nuclĂ©aire en Irak », Politique Ă©trangĂšre, PersĂ©e, no 1,‎ , p. 53-65 (ISBN 2-2940-1396-4, lire en ligne).

Articles connexes

  • OpĂ©ration OpĂ©ra (menĂ©e par l'armĂ©e israĂ©lienne contre un rĂ©acteur irakien en 1981)
  • Al Hussein (missile balistique d'une portĂ©e de 644 km dĂ©rivĂ© du Scud soviĂ©tique)
  • Concepts : Axe du Mal · État voyou · Guerre prĂ©ventive
  • Nigergate, dossier fictif confectionnĂ© par des agents italiens pour le compte des amĂ©ricains, sur l'achat prĂ©sumĂ© d'uranium par Saddam Hussein
  • David Christopher Kelly, employĂ© du MinistĂšre de la DĂ©fense Britannique, il est le principal informateur de Andrew Gilligan, journaliste de la BBC, au sujet de son enquĂȘte sur la falsification d'un rapport de , par le gouvernement britannique de Tony Blair, concernant les armes de destruction massive irakiennes. RetrouvĂ© mort Ă  son domicile dans de mystĂ©rieuse circonstances.
  • Rafid Ahmed Alwan al-Janabi, affabulateur irakien qui a prĂ©cipitĂ© la guerre en Irak avec de faux renseignements.
  • Green Zone, film de Roy Miller, qui relate l'impossible mission d'un soldat amĂ©ricain de trouver les armes de destruction massive de Saddam Hussein.
  • Commission Chilcot

Liens externes

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