Aroumain
Lâaroumain (dit aussi macĂ©do-roumain en Roumanie[2]), en aroumain limba armĂŁneascĂŁ ou armĂŁnĂŁ (aroumain), dĂ©signĂ© aussi par lâadverbe armĂŁneashte/armĂŁneshce, est une langue romane parlĂ©e dans le Sud des Balkans par les Aroumains, faisant partie du diasystĂšme roman de l'Est.
Aroumain ArmĂŁneascĂŁ, ArmĂŁneshce, ArmĂŁneashti, ArmĂŁnĂŁ. | |
Pays | Albanie, Bulgarie, GrÚce, Macédoine du Nord, Roumanie, Serbie |
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Nombre de locuteurs | environ 250 000[1] |
Classification par famille | |
Codes de langue | |
IETF | rup
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ISO 639-2 | rup
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ISO 639-3 | rup
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Ătendue | langue individuelle |
Type | langue vivante |
Linguasphere | 51-AAD-ba
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Glottolog | arom1237
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Ăchantillon | |
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme (le texte en français)
Articlu 1. |
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Lâaroumain est considĂ©rĂ© par certains linguistes[3] comme une langue Ă part, comme le daco-roumain (quâon appelle communĂ©ment le roumain), le mĂ©glĂ©no-roumain et lâistro-roumain.
Toutefois, pour dâautres linguistes[4], il sâagirait dâun dialecte du roumain. La seule certitude sur laquelle tous les linguistes et les toponymistes sâaccordent, est que ces langues, individualisĂ©es Ă partir du Xe siĂšcle, proviennent dâun tronc commun roman appelĂ© proto-roumain, Ă©voluĂ© du latin vulgaire parlĂ© dans la pĂ©ninsule des Balkans et le bassin du Bas-Danube.
Locuteurs
Sur le nombre de locuteurs de lâaroumain il nây a que des estimations. La plus fiable semble ĂȘtre celle dâun document du Conseil de l'Europe qui fait Ă©tat de 250 000 personnes sur un nombre total de 500 000[1] - [5]. La seule donnĂ©e numĂ©rique exacte se trouve dans les rĂ©sultats du recensement de la population de 2011 dâAlbanie, oĂč 3 848 personnes se dĂ©clarent de langue maternelle albanaise sur 8 266 se dĂ©clarant dâethnie aroumaine[6].
La plupart des Aroumains vivent dans les Balkans (en GrĂšce, Albanie, Serbie, Bulgarie et MacĂ©doine du Nord), et leur diaspora est relativement significative, Ă©tant rĂ©pandue en Roumanie, en Europe occidentale (France, Allemagne), aux Ătats-Unis d'AmĂ©rique, au Canada, en AmĂ©rique latine et en Australie.
Histoire externe
Lâhistoire externe de lâaroumain est dâhabitude divisĂ©e en trois pĂ©riodes[7].
La premiÚre période, prélittéraire, entre la formation de la langue et le XVIIIe siÚcle, est pratiquement inconnue et bon nombre de ses aspects sont controversés.
On sâaccorde en gĂ©nĂ©ral Ă considĂ©rer que lâaroumain sâest individualisĂ© au sud du Danube, Ă©tant le premier Ă se dĂ©tacher du proto-roumain, au Xe siĂšcle au plus tard, mais le territoire de ce processus est discutĂ©. La plupart des linguistes[8] le voient dans la partie Est de la rĂ©gion situĂ©e entre le Danube et la chaĂźne de montagnes du Grand Balkan, dâoĂč les Aroumains auraient migrĂ© vers le Sud. Dâautres linguistes[9] affirment que lâaroumain sâest formĂ© au moins en partie dans le Pinde et en Albanie du Sud aussi. La premiĂšre attestation des Aroumains appartient au chroniqueur byzantin Georgios Kedrenos qui mentionne leur existence en MacĂ©doine en se rapportant Ă lâan 976. Au XIe siĂšcle, câest lâaristocrate byzantin KĂ©kaumĂ©nos qui les mentionne, en affirmant quâils sont arrivĂ©s dans le Pinde depuis la rĂ©gion du Danube.
De cette pĂ©riode il ne reste que des mots aroumains isolĂ©s (noms de personnes, dont des surnoms) dans des textes grecs, slaves et turcs. Le plus ancien serait le nom de personne Tsintsilukis, notĂ© par un historien byzantin en 1156. DâaprĂšs Alexandru Philippide et Theodor Capidan il provient du syntagme tsintsi luchi « cinq loups ».
Au XVe siĂšcle, le chroniqueur Laonikos Chalkokondylas remarque la parentĂ© entre lâaroumain et le roumain.
La deuxiĂšme pĂ©riode, ancienne, de lâaroumain est le XVIIIe siĂšcle. Câest Ă cette Ă©poque-lĂ que lâaroumain devient la seule langue sud-danubienne Ă©crite, dâabord en alphabet grec. Les premiers textes sont brefs. Ce sont une inscription sur une icĂŽne, avec la traduction en grec, en albanais et en latin, attribuĂ©e Ă un moine et prĂȘtre, Nectarie TÄrpu, et datĂ©e 1731[10], ainsi quâune inscription non datĂ©e sur un rĂ©cipient appelĂ© « vase de Simota »[11].
Au cours de ce siĂšcle, la ville Moscopole dâAlbanie devient un centre culturel aroumain important. Des moines et des prĂȘtres y vivant crĂ©ent surtout une littĂ©rature religieuse orthodoxe, mais aussi des ouvrages lexicographiques et pĂ©dagogiques. Sont Ă mentionner :
- un livre de liturgie non daté et non localisé ;
- un glossaire grec-aroumain-albanais[12] ;
- un lexique de conversation grec-albanais-aroumain-bulgare[13] ;
- un abécédaire[14] ;
- un recueil manuscrit de traductions religieuses non daté, connu sous le nom de Codex Dimonie.
AprĂšs la destruction de Moscopole par les Turcs, en 1788, de nombreux lettrĂ©s aroumains Ă©migrent dans la Monarchie de Habsbourg, oĂč ils connaissent les idĂ©es des LumiĂšres et commencent Ă travailler sous lâinfluence de lâĂcole transylvaine, un mouvement culturel national des lettrĂ©s roumains de Transylvanie.
La troisiĂšme pĂ©riode, moderne, commence au XIXe siĂšcle. Les auteurs passent Ă lâalphabet latin et font paraĂźtre des ouvrages philologiques latinisants influencĂ©s par la langue roumaine[15]. Ă cause de cette influence, leur langage est artificiel, Ă©loignĂ© de la langue parlĂ©e.
Dans la deuxiĂšme moitiĂ© de ce siĂšcle, aprĂšs quâen MacĂ©doine on a fondĂ© des Ă©coles roumaines, il apparaĂźt une littĂ©rature aroumaine moderne, surtout de la plume dâanciens Ă©lĂšves de ces Ă©coles. Ă partir de 1864, ils cultivent une littĂ©rature artistique et des essais en aroumain, traduisant aussi des ouvrages en cette langue. Les reprĂ©sentants les plus notables de cette littĂ©rature sont Mihail Nicolescu, Tashcu Iliescu, Constantin Belimace, Nushi Tulliu, Zicu A. Araia, Nicolae Batzaria et George Murnu.
On publie aussi des contes populaires et des textes de chansons folkloriques, surtout aprÚs 1890, dans des recueils réalisés par Gustav Weigand (en)[16] et Pericle Papahagi[17].
Des Ă©coles destinĂ©es aux Aroumains soutenues par lâĂtat roumain et enseignant, il est vrai, surtout en roumain, ont existĂ© jusquâen 1945, surtout en GrĂšce. Toujours dans la deuxiĂšme moitiĂ© de ce siĂšcle, et jusquâen 1945, il y a eu aussi, dans certaines pĂ©riodes, des services religieux en aroumain.
Situation au XXIe siĂšcle
Dans tous les pays oĂč elle vit, les tendances dâassimilation de la population aroumaine et, par consĂ©quent, de perte de sa langue et de sa culture, ont Ă©tĂ© puissantes. La langue aroumaine a reculĂ©, mais subsiste, et sa situation sâest mĂȘme amĂ©liorĂ©e aprĂšs 1990.
LâAssemblĂ©e parlementaire du Conseil de l'Europe a adoptĂ© lors dâune session en 1997, la recommandation 1333 sur la culture et la langue aroumaines, en soulignant le caractĂšre menacĂ© de cette langue. Elle a appelĂ© les gouvernements des Ătats oĂč vivent des Aroumains Ă faciliter lâutilisation de leur langue dans lâenseignement, le culte et les mĂ©dias[18]. Bien que cette recommandation ne soit pas entiĂšrement suivie, on constate un certain progrĂšs dans la prĂ©servation de lâaroumain.
La MacĂ©doine du Nord est un pays oĂč les Aroumains ont le statut de minoritĂ© nationale et depuis 2001, lâaroumain est langue officielle dans la ville de KruĆĄevo[19]. En 2001, le linguiste amĂ©ricain Victor A. Friedman constatait que lâaroumain Ă©tait enseignĂ© Ă Skopje, Ć tip, Bitola, KruĆĄevo, Kumanovo, Struga et Ohrid, et quâil y avait des Ă©missions de radio et de tĂ©lĂ©vision en cette langue[20].
Dans ce pays, la vie littĂ©raire aroumaine est relativement active. Ă cĂŽtĂ© dâouvrages littĂ©raires originaux, il est intĂ©ressant de mentionner que lâĂ©crivain Dina Cuvata a traduit en aroumain le Cantique des Cantiques, lâIliade, lâOdyssĂ©e, lâĂnĂ©ide, la Chanson des Nibelungen, la Divine ComĂ©die, etc.[21], et quâil a publiĂ© un dictionnaire des Ă©crivains aroumains[22].
En Albanie aussi, les Aroumains ont reçu le statut de minoritĂ© nationale le [23]. Le chercheur Dorin Lozovanu, de la RĂ©publique de Moldavie, Ă©crivait en 2012 que dans les localitĂ©s de Korçë, Divjaka, SelenicĂ« et Vlora il y avait des Ă©coles oĂč on enseignait lâaroumain en option. Il mentionnait Ă©galement quâĂ Divjaka et Ă Vlora, les services religieux se faisaient surtout en cette langue, ainsi que lâexistence dâune presse aroumaine[24].
En Roumanie, les Aroumains nâont aucun statut juridique, mais lâintĂ©rĂȘt pour leur langue a pris un certain essor lĂ aussi. Dans lâenseignement public, les Ă©tablissements peuvent introduire dans leur cursus, Ă titre optionnel, lâenseignement de la discipline « Culture et traditions aroumaines » comprenant aussi des leçons de langue[25]. Il y a aussi des programmes approuvĂ©s par le MinistĂšre de lâĂ©ducation, qui prĂ©voient une heure de cours par semaine pour cette discipline[26]. La langue est enseignĂ©e Ă©galement dans le cadre de projets dâorganisations aroumaines[27].
Dans ce pays aussi, la vie littĂ©raire aroumaine est relativement active. DĂšs les annĂ©es 1980 ont paru quelques volumes, et depuis les annĂ©es 1990, les Ă©crivains aroumains peuvent cultiver librement leur littĂ©rature. Le genre le mieux reprĂ©sentĂ© est la poĂ©sie et les ouvrages paraissent en volume ou dans des revues, publiĂ©s par les Ă©ditions Cartea AromĂŁnĂŁ, par exemple[28], qui publie Ă©galement Rivista di litiraturÄ shi studii armĂŁni [« Revue de littĂ©rature et Ă©tudes aroumaines »]. Un autre Ă©diteur dâouvrages en aroumain est la sociĂ©tĂ© Predania[29], dans le cadre de son projet « Avdhela »[30].
Radio RomĂąnia InternaÈional Ă©met rĂ©guliĂšrement des programmes en aroumain[31].
En 2013 on a prĂ©sentĂ© le premier film artistique de long mĂ©trage en aroumain, Nu hiu faimos ama hiu ArmĂŁn (Je ne suis pas fameux mais je suis Aroumain), du rĂ©alisateur aroumain de Roumanie Toma Enache[32]. Le mĂȘme rĂ©alisateur traduit en aroumain et met en scĂšne des piĂšces roumaines et autres[33].
Lâaroumain est aussi cultivĂ© par certaines organisations aroumaines de la diaspora occidentale, par exemple lâAssociation des Français Makedon-Armouns (AFMA) â Tra Armanami[34].
Efforts de standardisation
Ă cause des conditions spĂ©cifiques de son existence, lâaroumain nâest pas standardisĂ©. Les auteurs du passĂ© ont Ă©crit chacun dans sa propre variĂ©tĂ© rĂ©gionale, et les auteurs actuels font de mĂȘme.
Câest la linguiste dâorigine aroumaine Matilda Caragiu MarioÈeanu ayant vĂ©cu en Roumanie qui a commencĂ© les activitĂ©s de standardisation. Son dictionnaire paru en 1997 propose des normes conformĂ©ment Ă plusieurs critĂšres. Selon lâun de ceux-ci, elle choisit les traits les plus rĂ©pandus sur le territoire de lâaroumain, en Ă©liminant ceux qui se limitent Ă des rĂ©gions relativement peu Ă©tendues. Du point de vue Ă©tymologique, elle propose des variantes qui sont le plus proches de leurs Ă©tymons. Elle prend Ă©galement pour critĂšre les spĂ©cifitĂ©s de lâaroumain, en retenant des variantes qui ne sont pas communes avec les autres langues romanes orientales. Pour ce qui est de lâadaptation des emprunts rĂ©cents, elle leur donne des terminaisons aroumaines mais sâoppose Ă la modification de leurs radicaux selon les lois phonĂ©tiques anciennes. Dans le mĂȘme temps, elle prĂ©conise de garder les graphĂšmes utilisĂ©s traditionnellement par les linguistes roumains pour transcrire lâaroumain, ce qui implique dâutiliser pour les phones communs avec le roumain les mĂȘmes graphĂšmes que lâĂ©criture du roumain[35].
Le linguiste aroumain Iancu Ballamaci dâAlbanie utilise lui aussi la notation traditionnelle dans son manuel dâaroumain[36]. Dans le mĂȘme temps, il sâefforce de sâadresser Ă tous les Aroumains, en donnant souvent plusieurs variantes dialectales des mots.
Tiberius Cunia, un intellectuel aroumain sans formation linguistique qui a vĂ©cu aux Ătats-Unis, a proposĂ© un systĂšme dâĂ©criture destinĂ© Ă ĂȘtre standardisĂ©, dont il a Ă©liminĂ© toutes les lettres roumaines Ă diacritiques. Il lâa prĂ©sentĂ© Ă un congrĂšs tenu en 1997 Ă Bitola, en MacĂ©doine, oĂč il a Ă©tĂ© adoptĂ©, bien que ce congrĂšs ne puisse pas reprĂ©senter tous les Aroumains[37]. En 2010, Cunia a fait paraĂźtre un vaste dictionnaire avec lâexplication des mots en aroumain et donnant leurs Ă©quivalents en roumain, en français et en anglais, Ă©crit avec son systĂšme graphique et dans lequel il a appliquĂ© les lois phonĂ©tiques de lâaroumain sur les radicaux aussi[38]. Il existe un cours en ligne dâinitiation Ă son systĂšme dâĂ©criture[39].
Ces efforts de standardisation nâont pas abouti, Ă cause des divergences entre leurs initiateurs.
Variétés régionales
Lâaroumain est une langue en essence unitaire, avec des parlers entre lesquels il y a intelligibilitĂ© mutuelle, mais qui sont nombreux et sâentre-pĂ©nĂštrent. Leur classification est controversĂ©e[40].
La classification de Gustav Weigand (en), partagĂ©e par les linguistes actuels Matilda Caragiu MarioÈeanu et Nicolae Saramandu, est basĂ©e sur des critĂšres phonĂ©tiques seulement. Selon eux il y a deux groupes de parlers :
- un groupe du Nord-ouest, appelé de type fãrsherot, dont font partie :
- le parler fãrsherot, dans les environs de la ville albanaise de Frashër ;
- le parler de Moscopole, dans les environs de cette localité albanaise ;
- le parler de la plaine de Myzeqe, en Albanie ;
- le parler des localités Gopeƥ et Muloviƥte, en Macédoine du Nord ;
- le parler de la localité Bjala, en Macédoine du Nord ;
- un groupe du Sud-est, appelĂ© de type non fĂŁrsherot, parlĂ© sur un territoire beaucoup plus Ă©tendu que lâautre, avec :
- le parler du Pinde, en GrĂšce ;
- le parler de la région du mont Olympe, en GrÚce ;
- le parler de la région des monts Gramos, en GrÚce.
Theodor Capidan et Tache Papahagi ont proposé une classification légÚrement différente de celle ci-dessus, fondée sur plusieurs traits phonétiques, mais aussi grammaticaux et lexicaux. Selon eux il y a un groupe de parlers du Nord, comprenant ceux appelés ci-dessus du Nord-ouest, plus le parler de Gramos, et un groupe du Sud, avec les autres parlers appelés ci-dessus du Sud-est.
Phonologie, phonétique et graphie
Le systĂšme phonologique de lâaroumain ne diffĂšre pas essentiellement de celui du roumain, surtout si lâon prend Ă©galement en compte les traits de certains parlers roumains[41].
Voyelles, semi-voyelles et phones asyllabiques
Les voyelles aroumaines ne diffĂšrent pas en gĂ©nĂ©ral de ceux du roumain standard. Seules /É/ et /Éš/ prĂ©sentent des diffĂ©rences, puisque les deux se rĂ©alisent dans certains parlers [É], dans dâautres [Éš], dans dâautres encore entre les deux[42].
Les semi-voyelles sont les mĂȘmes quâen roumain. Avec des voyelles, elles forment des diphtongues et des triphtongues. Diphtongues :
- [eÌŻa] : featĂŁ « fille » ;
- [oÌŻa] : dadoara « la deuxiĂšme fois » ;
- [j] + voyelle : iedu « chevreau » ;
- voyelle + [j] : doisprãdzatse « douze » ;
- [w] + voyelle : steaua « lâĂ©toile » ;
- voyelle + [w] : ljau « je prends ».
Triphtongues : spuneai [spu'neÌŻaj] « tu disais », ali dunjauei [ali du'ÉČawej] « du monde, des gens » (gĂ©nitif).
En aroumain il y a deux phones asyllabiques se trouvant en fin de mot aprĂšs une voyelle + une consonne. Lâun dâeux existe en roumain aussi, [ÊČ]. Lâautre, [Ê·], provient de [u]. Il sâest conservĂ© en roumain dans certains parlers seulement, et en aroumain non plus il ne se trouve pas dans tous les parlers. Il est dĂ©crit par Caragiu MarioÈeanu 1997[43], il est prĂ©sent dans Cunia 2010 en tant que terminaison alternative, mais il nâapparaĂźt pas dans Ballamaci 2010.
Consonnes
La plupart des consonnes de lâaroumain se trouvent en roumain aussi.
Trois consonnes aroumaines existent en roumain dans certains parlers, par exemple celui du MaramureÈ :
- [dͥz], prononcée comme zz dans « pizza » (exemple : dzatsi « dix ») ;
- [Ê], Ă peu prĂšs comme li dans « lierre » (oclju « Ćil ») ;
- [ÉČ], comme gn dans « agneau » (njel « agneau »).
Trois autres consonnes nâexistent pas en roumain. Deux dâentre elles ne sont pas communes Ă tous les parlers aroumains :
- [Ă°] (comme th dans le mot anglais there « lĂ -bas », dans des emprunts au grec et Ă lâalbanais, mais seulement dans certains parlers, dans les autres Ă©tant prononcĂ© [d][44] (exemple : dhascal ou dascal « chantre »).
- [Ξ] (comme th dans lâanglais theatre) provient Ă©galement du grec, Ă©tant prononcĂ©e ainsi dans certains dialectes et correspondant Ă [t] dans les autres[45] (exemple : cathi ou cati « chacun, -e »).
- [ÉŁ] qui existe en grec, oĂč il est Ă©crit Îł (gamma) se trouve dans chaque parler aroumain dans des emprunts au grec mais aussi dans des mots dâorigine latine, et se rĂ©alise comme [g] ou [v] aussi : yinyits, vinghits ou yinghits « vingt »[46].
Graphie
Les premiers textes Ă©crits en aroumain le furent avec lâalphabet grec mais actuellement lâutilisation de lâalphabet latin est presque exclusive. Cependant, lâemploi de lâalphabet grec subsiste[47].
LâĂ©criture en alphabet latin et lâorthographe de lâaroumain ne sont pas unitaires, puisque non standardisĂ©es. Il y a trois systĂšmes dâĂ©criture actuels[48]. Deux dâentre eux sont presque identiques, basĂ©s traditionnellement sur la graphie du roumain. Ils sont utilisĂ©s par Caragiu MarioÈeanu et Ballamaci, par exemple. Le troisiĂšme est le systĂšme de Cunia.
Les graphĂšmes c, ce, ci, che, chi, g, ge, gi, ghe, ghi ; e, o, i et u (les lettres pour les semi-voyelles Ă©tant les mĂȘmes que celles pour les voyelles correspondantes) ; k, q, w et y (dans des mots Ă©trangers) ont la mĂȘme valeur quâen roumain, tout comme les autres lettres sans diacritique (voir Ăcriture du roumain, section Valeurs phonĂ©miques des lettres et des groupes de lettres).
Graphie de [É] et de [Éš]
Ballamaci 2010 utilise les lettres Ä et Ăą, mais non pas la lettre Ăź (utilisĂ©e en roumain uniquement en dĂ©but et en fin de mot), puisque chez lui il nây a pas de [Éš] en dĂ©but de mot. En fin de mot, il emploie Ăą. Caragiu MarioÈeanu utilise les trois lettres, mais Ăź seulement en dĂ©but de mot, en fin de mot employant Ăą, comme Ă lâintĂ©rieur des mots. Cunia transcrit les deux voyelles par la lettre ĂŁ, en motivant cela par les rĂ©alisations diverses de ces voyelles selon les parlers. Par ailleurs, chez lui câest la seule lettre Ă diacritique[42]. Exemples :
Ballamaci | Caragiu MarioÈeanu | Cunia | Roumain |
---|---|---|---|
cĂąntÄ | cĂąntĂą | cĂŁntĂŁ | cĂąntÄ Â« il/elle chante » |
mplin | ßmplinu | mplin / ãmplin | plin « plein » |
Graphie de consonnes partiellement différente de celle du roumain
Pour ce qui est de la graphie des consonnes existant en roumain aussi, il y a des diffĂ©rences entre la traditionnelle et celle de Cunia. Ce dernier utilise sh pour [Ê] (comme ch dans « chat ») et ts pour [tÍĄs] (comme ts dans « tsigane »). Exemples :
Traditionnel | Cunia | Roumain |
---|---|---|
Èasi | shasi | Èase « six » |
Èi | tsi | ce « quoi » |
Les consonnes [Ă°], [Ξ] et [ÉŁ] absentes du roumain sont transcrites de la mĂȘme façon par les trois auteurs : dh, th et y respectivement. Quant aux autres consonnes, il y a des diffĂ©rences :
Consonne | Ballamaci | Caragiu MarioÈeanu | Cunia | Roumain |
---|---|---|---|---|
[dÍĄz] | dzĂąÈ | ážaÈi | dzatsi | zece « dix » |
[Ê] | oclâu | oclâu | oclju | ochi « Ćil » |
[ÉČ] | Ćel | Ćelu | njel | miel « agneau » |
Ăvolution des phones latin en aroumain et en roumain
Plusieurs phones ont Ă©voluĂ© diffĂ©remment du latin Ă lâaroumain, respectivement au roumain[49] :
Latin | Aroumain | Roumain |
---|---|---|
mots à consonne initiale : ROMANUS | prothÚse fréquente de [a] : ar(ã)mãn | absence de prothÚse : romùn « roumain » |
[e] tonique : FETA | diphtonguĂ©e dans toutes les formes dâun mĂȘme mot : featĂŁ, feati | diphtonguĂ©e dans certaines formes, refaite dans dâautres : fatÄ, fete « fille, filles » |
[e] suivant une consonne labiale : PECCATUM « pĂ©chĂ© » | conservĂ©e : pecatoshlji | Ă©voluĂ©e en une autre voyelle : pÄcÄtoÈii « les pĂ©cheurs » |
[e] initiale de mot : EST | sans prothĂšse de [j] : esti [esti] / easti [eÌŻasti] | prothĂšse de [j] : este [jeste] « il/elle est, il y a » |
[e] précédée de [g] ou [d] : GENUC(U)LUS | fermée à [i] : dzinuclju | conservée : genunchi « genou » |
[i] prĂ©cĂ©dĂ©e de [g] ou [d] : DICO | > [É] : dzĂŁc | conservĂ©e : zic « je dis » |
[o] atone : ARBOR | fréquemment fermée à [u] : arbure | conservée : arbore « arbre » |
[u] de terminaison prĂ©cĂ©dĂ©e de voyelle + consonne : FAGUS | > [Ê·] : fagu | tombĂ©e : fag « hĂȘtre » |
[u] de terminaison prĂ©cĂ©dĂ©e dâun groupe de consonnes : LIGNUS | conservĂ©e : lemnu | tombĂ©e : lemn « bois » (le matĂ©riau) |
voyelles atones entre consonnes : ALAPA | frĂ©quemment tombĂ©es : arpĂŁ | Ă©voluĂ©es en une autre voyelle : aripÄ Â« aile » |
le prĂ©fixe IN-/IM- : IMPARTO | plusieurs Ă©volutions : mpartu / ampartu / [Émpartu] / [Éšmpartu][50] | Ăźmpart « je distribue, je partage » |
[w] suivie dâune consonne voisĂ©e : LAUDO | > [v] : alavdu | > [wu] : laud « je vante » |
[w] suivie dâune consonne sourde : *CAUTO[51] | > [f] : caftu | > [wu] : caut « je cherche » |
[k] suivie de [e] ou [i] : CAELUM | > [tÍĄs] : tser | > [tÍĄÊ] : cer [tÍĄÊer][52] « ciel » |
[d] suivie de [e] ou [i] : DICO | > [dͥz] : dzãc | > [z] : zic « je dis » |
[g] suivie de [e] ou [i] : GELUM | > [dÍĄz] : dzer | > [dÍĄÊ] : ger [dÍĄÊer][53] « gel » (le phĂ©nomĂšne mĂ©tĂ©orologique) |
[j] suivie de [a], [o] ou [u] : JOCUS | > [dÍĄÊ] : gioc | > [Ê] : joc « jeu » |
[l] suivie de [e] ou [i] : LEPOREM | > [Ê] : ljepure | > [j] : iepure « liĂšvre » |
[kl] : INCLAGO | > [kÊ] : ncljeg | > [k] : Ăźncheg « je fais cailler » |
[gl]: GLACIUM | > [gÊ] : gljets | > [g] : gheaÈÄ Â« glace » |
[n] suivie de [e] ou [i] : CALCANEUM | > [ÉČ] : cĂŁlcĂŁnju | tombĂ©e : cÄlcĂąi « talon » |
[m] en syllabe tonique : MERCURIS | > [ÉČ]: njercuri | conservĂ©e : miercuri « mercredi » |
[p] suivie de [e] : PETRA | palatalisĂ©e Ă [k] : cheatrÄ | conservĂ©e : piatrÄ Â« pierre » |
[b] suivie de [e] : BENE | palatalisée à [g] : ghine | conservée : bine « bien » |
[f] suivie de [e] ou [i] : FIGO | > [h][54] : higu | conservĂ©e : Ăźnfig « jâenfonce » |
Grammaire
La structure grammaticale de lâaroumain diffĂšre dans une certaine mesure de celle du roumain, pour plusieurs raisons. Dâabord, Ă cause de son relatif isolement, il a un caractĂšre plus archaĂŻque, conservant certains traits de stades antĂ©rieurs du roumain. Ensuite, son Ă©volution indĂ©pendante et dans des conditions diffĂ©rentes a crĂ©Ă© la possibilitĂ© dâinnovations propres. Enfin, certaines diffĂ©rences sont dues aux influences exercĂ©es sur lâaroumain par les langues avec lesquelles il est entrĂ© en contact : le grec, lâalbanais, le serbe, le bulgare, le macĂ©donien, le turc[55].
Morphologie
Dans le systĂšme morphologique on remarque des traits tels la dĂ©clinaison plus riche quâen roumain du pronom possessif, le subjonctif Ă quatre formes temporelles par rapport Ă deux en roumain, le conditionnel prĂ©sent synthĂ©tique par rapport Ă celui analytique en roumain, ou le plus-que-parfait analytique par rapport Ă celui synthĂ©tique en roumain.
Les articles
Lâarticle dĂ©fini est placĂ© Ă la fin du mot, comme dans les autres idiomes romans de lâEst. Ses formes sont[56] :
- pour les noms masculins :
- terminĂ©s en voyelle + consonne (+ [Ê·]) â lup(u)[57] (roum. lup) « loup » :
- en deux consonnes + [u] â corbu (roum. corb) « corbeau » :
- au singulier : corbul (roum. corbul) ;
- au pluriel : corghilj (roum. corbii) ;
- en [e]/[i] â frate / frati[58] (roum. frate) « frĂšre » :
- au singulier : fratile / fratili (roum. fratele) ;
- au pluriel : fratslji (roum. fraÈii) ;
- pour les fĂ©minins â featĂŁ (roum. fatÄ), « fille », bisearicĂŁ, (roum. bisericÄ) « Ă©glise » :
- au singulier : feata (roum. fata), bisearica (roum. biserica) ;
- au pluriel : featile / featili (roum. fetele), bisearitsle / bisearitsli (roum. bisericile) ;
- pour les neutres[59] :
- en voyelle + consonne (+ [Ê·]) â foc(u) (roum. foc) « feu » :
- au singulier : foclu (roum. focul) ;
- au pluriel : focurle / focurli (roum. focurile) ;
- en deux consonnes + [u] â lucru (roum. lucru) « chose » :
- au singulier : lucrul (roum. lucrul) ;
- au pluriel : lucrurle / lucrurli (roum. lucrurile).
- en voyelle + consonne (+ [Ê·]) â foc(u) (roum. foc) « feu » :
La voyelle devant les articles -lu, -lji et -le/-li tombe au neutre pluriel, devant le dernier parfois au féminin pluriel également.
Lâarticle indĂ©fini masculin est un, comme en roumain [un bĂŁrbat(u) (roum. un bÄrbat) « un homme »], mais au fĂ©minin unĂŁ : unĂŁ featĂŁ (roum. o fatÄ) « une fille ».
Le nom
Il y a certaines diffĂ©rences entre lâaroumain et le roumains tant dans la formation du pluriel des noms, que dans leur dĂ©clinaison.
Le pluriel
La terminaison au cas nominatif singulier et pluriel diffÚre parfois entre aroumain et roumain mais certaines différences concernent seulement certains parlers[60].
Genre | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Masculin | voyelle + consonne (+ [Ê·]) : lup(u)[61] (roum. lup) « loup » | voyelle + consonne + [ÊČ] : luchi (roum. lupi) |
voyelle + consonne + consonne autre que [k] et [g] + [u] : corbu (roum. corb) « corbeau » | voyelle + consonne + consonne + [i] : corghi (roum. corbi [korbÊČ])[62] | |
voyelle + consonne + [k] + [u]: porcu (roum. porc) « porc » | voyelle + consonne + [tÍĄs] + [i] : portsi (roum. porci [portÍĄÊÊČ]) | |
voyelle + consonne + [g] + [u]: murgu (roum. murg) « (cheval) brun » | voyelle + consonne + [dÍĄz] + [i] : murdzi (roum. murgi [murdÍĄÊÊČ]) | |
voyelle + [n] + [i]/[e]: cĂŁni / cĂŁne (roum. cĂąine) « chien » | voyelle + [ÉČ] : cĂŁnj (roum. cĂąini [kÉšjnÊČ]) | |
voyelle + [t] + [i]/[e]: frati / frate (roum. frate) « frĂšre » | voyelle + [tÍĄs] : frats (roum. fraÈi [fratÍĄsÊČ]) | |
consonne + [t] + [i]/[e]: munti / munte (roum. munte) « mont » | consonne + [tÍĄsÉ] : muntsĂŁ (roum. munÈi [muĆtÍĄsÊČ]) | |
[É] atone : tatĂŁ (roum. tatÄ) « pĂšre » | [ÉÉČ] : tĂŁtĂŁnj (roum. taÈi) | |
[É] tonique (dans des mots dâorigine grecque ou turque) : amirĂŁ « empereur » | [adÍĄz] : amiradz[63] | |
FĂ©minin | voyelle + consonne + [É] : casĂŁ « maison » | voyelle + consonne + [i]/[e] : casi / case (roum. case) |
consonne + [t] + [É] : poartĂŁ « portail » | consonne + [tÍĄsÉ] : portsĂŁ (roum. porÈi) | |
consonne + [t] + [i]/[e] : carti / carte « livre » | consonne + [tÍĄsÉ] : cĂŁrtsĂŁ (roum. cÄrÈi) | |
voyelle + consonne + [i]/[e] : cali / cale « voie » | voyelle + consonne + [urÊČ] : cĂŁljuri (roum. cÄi [kÉj]) | |
voyelle + consonne + [É] (dans des mots dâorigine grecque) : yramĂŁ « lettre » (caractĂšre) | dans des mots dâorigine grecque + [ate] : yramate[63] | |
Neutre | voyelle + consonne (+ [Ê·]) : foc(u) « feu » | voyelle + consonne + [urÊČ] : focuri (roum. focuri) |
voyelle + deux consonnes + [u] : vimtu « vent » | voyelle + deux consonnes + [urÊČ] : vimturi (roum. vĂąnturi) | |
voyelle + consonne (+ [ʷ]) : os(u) « os » | voyelle + consonne + [i]/[e] : oasi / oase (roum. oase) | |
[tÍĄs] (+ [Ê·]): brats(u) « bras » | [tÍĄsÉ] : bratsĂŁ (roum. braÈe) |
Remarques :
- LĂ oĂč au pluriel les phones de fin de mot sont voyelle + la consonne nj, dz ou ts, les traits de celles-ci sont dĂ©terminĂ©s par la terminaison [ÊČ] qui ne sâentend plus.
- Les terminaisons -adz et -ate sont empruntées au grec.
- La forme de pluriel est identique à celle de singulier pour les noms féminins terminée en[64] :
- nj, lj, sh, c, ts + i/e : lupoanji / lupoanje (roum. sg. lupoaicÄ, pl. lupoaice) « louve, louves » ; unglji / unglje (roum. unghie, unghii) « ongle, ongles » ; cireashi / cireashe (roum. cireaÈÄ, cireÈe) « cerise, cerises » ; bohci / bohce (roum. boccea, boccele) « baluchon, baluchons » ; dultsi / dultse (cf. roum. dulce, dulci « douce, douces ») « baklava, baklavas » ;
- dz ou ts + ĂŁ: frĂŁndzĂŁ (roum. frunzÄ, frunze) « feuille, feuilles » ; soatsĂŁ (roum. soaÈÄ, soaÈe) « compagne, compagnes ».
DĂ©clinaison
Comme en roumain, la dĂ©clinaison des noms concerne principalement les articles. Avec lâarticle indĂ©fini, seul celui-ci est dĂ©clinĂ©, alors quâen roumain les noms fĂ©minins aussi ont une dĂ©sinence de gĂ©nitif-datif[65] :
Cas | Masculin et neutre | FĂ©minin |
---|---|---|
Nominatif-accusatif | un bãrbat(u) « un homme » | unã featã « une fille » |
GĂ©nitif-datif | a unui bĂŁrbat(u) « dâun/Ă un homme » | a unei featĂŁ « de/Ă une fille » |
La déclinaison avec article défini est la suivante[56] :
Cas | Masculin | Neutre | FĂ©minin | |||
---|---|---|---|---|---|---|
Singulier | Pluriel | Singulier | Pluriel | Singulier | Pluriel | |
N.-A. | bĂŁrbatlu « lâhomme » | bĂŁrbatslji | foclu « le feu » | focurle / focurli | feata « la fille » | featile / featili |
G.-D. | a bĂŁrbatlui « de/Ă lâhomme » | a bĂŁrbatslor(u) « des/aux hommes » | a foclui | a focurlor(u) | ali/ale featĂŁ/feate/feati ou a featĂŁljei/featiljei[66] | a featilor(u) |
Vocatif | bĂŁrbate! | bĂŁrbats! | foc(u)! | focuri! | featĂŁ! | feate! / feati! |
N.-A. | fratile / fratili « le frÚre » | fratslji | vimtul « le vent » | vimturle / vimturli | dada « la mÚre » | dadile / dãdãnjle |
G.-D. | a fratilui | a fratslor | a vimtului | a vimturlor | ali/ale dadĂŁ/dade/dadi | a dadilor / a dĂŁdĂŁnjlor |
Vocatif | frate! | frats! | vimt! | vimturi! | dado! | dade! / dĂŁdĂŁnj! |
Remarques :
- Le gĂ©nitif et le datif sont identiques, y compris le fait quâils sont pourvus de la prĂ©position a[67] : dada a ficiorlui « la mĂšre du garçon », lju dau a vitsinlui « je le donne au voisin ».
- Au fĂ©minin singulier il y a deux types de noms. Dans le cas de ceux comme dadĂŁ « mĂšre », lâarticle dĂ©fini est antĂ©posĂ© au nom, Ă©tant contractĂ© avec la prĂ©position a. Ce type comprend Ă©galement les prĂ©noms fĂ©minins (ex. ali/ale Ghene « de/Ă Ghena »). Dans le cas de lâautre type, comme featĂŁ, lâarticle peut ĂȘtre antĂ©posĂ© ou postposĂ©.
- Au génitif-datif féminin singulier, le nom a des variantes avec la désinence -e/-i et des variantes sans désinence.
- Le gĂ©nitif-datif des noms propres masculins de personnes a lâarticle al antĂ©posĂ© : al Gog(u) « de/Ă Gog(u) ».
- Les formes de vocatif sont sans article mais ils sont prĂ©sentĂ©s dâordinaire dans le mĂȘme tableau que les formes Ă article. Seuls certains noms ont une dĂ©sinence au vocatif : bĂŁrbate!, dado!
Lâadjectif qualificatif
Le pluriel et la déclinaison des adjectifs sont semblables à ceux des noms. Quant à leurs degrés de comparaison, il y a quelques différences par rapport au roumain[68].
Le comparatif de supĂ©rioritĂ© se forme avec les adverbes ma ou cama et le terme de comparaison est prĂ©cĂ©dĂ© de la conjonction di/de : El easte ma mare di mine (rom. El este mai mare decĂąt mine) « Il est plus grand que moi », cama tsinjisitu (roum. mai cinstit) « plus honnĂȘte ».
Au superlatif relatif de supĂ©rioritĂ©, lâadjectif reçoit lâarticle dĂ©fini : ma multele ori (roum. de cele mai multe ori)[69] « le plus souvent », cama marlji (roum. cei mai mari) « les plus grands ». Dans les parlers du Nord on utilise aussi une particule empruntĂ©e au macĂ©donien, nai, placĂ©e devant ma ou cama: nai ma mushatlu « le plus beau ».
Le superlatif absolu peut ĂȘtre exprimĂ© avec plusieurs adverbes : multu bun(ĂŁ) [roum. foarte bun(Ä)] « trĂšs bon(ne) », vĂŁrtos dultse (roum. foarte dulce), « trĂšs doux(ce)/sucrĂ©(e) », un om dip avut (roum. un om foarte bogat) « un homme trĂšs riche ». Un procĂ©dĂ© spĂ©cifique aux langues balkaniques employĂ© en aroumain aussi est la rĂ©pĂ©tition de lâadjectif pour exprimer le superlatif absolu : Ira linĂŁvoasĂŁ-linĂŁvoasĂŁ « elle Ă©tait trĂšs paresseuse »[70].
Le pronom personnel
Le pronom personnel a les formes suivantes en aroumain[71] :
Personne | Nominatif | Datif | Accusatif | |||
---|---|---|---|---|---|---|
Formes toniques | Formes atones | Formes toniques | Formes atones | |||
I sg. | io, mine/mini « je, moi » | anja « Ă moi » | inj, nji, -nj, nj- « me, mâ » | mine/mini « moi » | me/mi « me » | |
II sg. | tu, tine/tini « tu, toi » | atsĂŁja « Ă toi » | ĂŁts, tsĂŁ; ts, ÈÄ, s, z « te, tâ » | tine/tini « toi » | te/ti « te » | |
III sg. | masc. | el/elu, nĂŁs « il, lui » | aluj « Ă lui » | ilj, ĂŁlj, lji, li, -lj, lj- « lui » | el/elu « lui » | lu/lo, ul, -l, l- « le, lâ » |
fĂ©m. | ea/ia, nĂŁsĂŁ « elle » | aljei « Ă elle » | ilj, lji, -lj, lj- « lui » | ea « elle » | o/u « la, lâ » | |
I pl. | noi « nous » | anoauã/anauã/anao « à nous » | nã « nous » | noi « nous » | nã/ne « nous » | |
II pl. | voi « vous » | avoauã/avauã/avao « à vous » | vã, v « vous » | voi « vous » | vã/ve « vous » | |
III pl. | masc. | elj, nãsh « ils, eux » | alor « à eux » | lã « leur » | elj « eux » | ilj, -lj, lj- « les » |
fém. | eale/iale/ele, nãse « elles » | alor « à elles » | lã « leur » | eale « elles » | le/li « les » |
Remarques :
- Les formes nĂŁs, nĂŁsĂŁ, nĂŁsh, nĂŁse sont propres aux parlers du Nord.
- Les formes dâaccusatif mine/mini « moi », tine/tini « toi » sont parfois employĂ©es au nominatif, Ă la place de io et tu respectivement, lâinverse aussi Ă©tant possible : io et tu Ă lâaccusatif Ă la place de mine/mini, tine/tini[72].
- Le datif Ă©thique est plus frĂ©quent quâen roumain, pouvant ĂȘtre employĂ© mĂȘme quand dans la proposition il nây a pas de complĂ©ment dâune autre personne que celle du sujet. Exemple : va-nj putridzĂŁscu « je vais pourrir », littĂ©ralement « je vais me pourrir (Ă moi-mĂȘme) ».
Exemples Ăźn phrases :
- Io nu him surat « Je ne suis pas marié » ;
- ScoalĂŁ tini cas-shed mini (avec la forme dâaccusatif Ă la place de celle de nominatif) « LĂšve-toi, toi, pour que je mâasseye, moi »[73] ;
- TsĂŁni-ti di mini/io (avec la forme dâaccusatif ou celle de nominatif) « Accroche-toi Ă moi »[74] ;
- Tsã era doru « Tu te languissais (de qqch. ou de qn.) » ;
- Alasã-me mine « Laisse-moi » (litt. « Laisse-moi, moi ») ;
- Nu lã spusim alor « Nous ne leur dßmes pas à eux/elles » ;
- Ashi-nj-ti voi (avec le datif Ă©thique) « Câest ainsi que je veux que tu sois » (litt. « Ainsi me te veux ») ;
- NĂŁsĂŁ nu e aua « Elle nâest pas là ».
Le pronom/adjectif possessif
En aroumain, la dĂ©clinaison du pronom/adjectif possessif est plus riche quâen roumain[75] :
Posseseur(s) | Objet(s) possédé(s) | Genre | Cas | 1re personne | 2e personne | 3e personne | |||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Formes toniques | Formes atones | Formes toniques | Formes atones | Formes toniques | Formes atones | ||||
Un | Un | masc. | N.-A. | anjeu / ameu / anjãu / amel « mon, le mien » | nju / njo | atãu / atãl « ton, le tien » | tu / tsi / tsã | alui[76], aljei[77] | lj, su / so / sio |
G.-D. | anjui / anĂŁui / aneui / amilui | njui / njoi | atĂŁui | tui / toi | â | sui / soi | |||
fém. | N.-A. | amea / ameauã / ameao « ma, la mienne » | nj | ata / atauã / atao « ta, la tienne » | ta / ts | alui, aljei « sa, la sienne » | lj, sa | ||
G.-D. | anjei / amiei / amiljei | meai | atĂŁei / atĂŁiei / atĂŁljei | tai | â | sai | |||
Plusieurs | masc. | N.-A. | anjei / amei / amelj « mes, les miens » | â | atĂŁi / atei / atĂŁlj « tes, les tiens » | ts | alor / aloru « leur, les leurs » | lĂŁ | |
G.-D. | anjor / amior | â | atĂŁor / atĂŁoru | â | â | â | |||
fĂ©m. | N.-A. | ameale / ameali « mes, les miennes » | â | atale / atali « tes, les tiennes » | ts | alor / aloru « leur, les leurs » | lĂŁ | ||
G.-D. | anjor / amior | â | atĂŁor / atĂŁoru | â | â | â | |||
Plusieurs | Un | masc. | N.-A. | anostru / anostu « notre, le nĂŽtre » | â | avostru / avostu « votre, le vĂŽtre » | â | alor / aloru « leur, le leur » | â |
G.-D. | anostrui / anushtrui / anostrului | nĂŁ | avostrui / avustrui / avushtrui | vĂŁ | alor / aloru | â | |||
fĂ©m. | N.-A. | anoastrĂŁ « notre, la nĂŽtre » | nĂŁ | avoastrĂŁ / avoastĂŁ « votre, la vĂŽtre » | vĂŁ | alor / aloru « leur, la leur » | â | ||
G.-D. | anushtrei / anoastrĂŁljei | â | avustrei / avoastriljei | â | alor / aloru | â | |||
Plusieurs | masc. | N.-A. | anoshtri / anoci « nos, les nĂŽtres » | nĂŁ | avoshtri / avoci « vos, les vĂŽtres » | vĂŁ | alor / aloru « leur, les leurs » | â | |
G.-D. | anostror(u) / anustror(u) / anoshtrilor | â | avustror / avushtror | â | alor / aloru | â | |||
fĂ©m. | N.-A. | anoastre | nĂŁ | avoastre / avoaste | vĂŁ | alor / aloru | â | ||
G.-D. | anostror / anustror(u) | â | avustror / avushtror | â | alor / aloru | â |
Remarques :
- Les possessifs toniques servent de pronoms et dâadjectifs avec la mĂȘme forme.
- Les formes atones sont seulement adjectifs : tatã-nju « mon pÚre », feata-vã « votre fille », dzinir-su « son gendre ».
- En tant quâadjectifs, les possessifs se placent aprĂšs le nom dĂ©terminĂ©. Lors de lâemploi des adjectifs toniques, on dĂ©cline et le nom, et lâadjectif : a sorĂŁljei amei « de/Ă ma sĆur », alors quâavec les formes atones, le nom nâest pas dĂ©clinĂ© : a dadĂŁ-meai « de/Ă ma mĂšre », a doamnĂŁ-sai « de/Ă sa maĂźtresse ».
- Certains auteurs, par exemple Cunia 2010, écrivent a initial séparé du reste du pronom.
Exemples en phrases :
- Furlu⊠pare mastur bun tu tehni-lj « Le voleur semble ĂȘtre un bon maĂźtre dans son mĂ©tier » ;
- Casa-lã s-pare ermã « Leur maison semble vide » ;
- Iria amirã hilj-sio « Son fils était empereur »[78] ;
- Se agãrshi limba anoastrã « On a oublié notre langue » ;
- Lja-ts di measa-nã « Sers-toi de notre repas ».
Le pronom/adjectif démonstratif
Les formes du pronom/adjectif démonstratif aroumain sont[79] :
Type | Cas | Singulier | Pluriel | ||
---|---|---|---|---|---|
Masculin | FĂ©minin | Masculin | FĂ©minin | ||
de proximité | N.-A. | aestu / aistu / aist « ce, cet, celui-ci » | aestã / aistã « cette, celle-ci » | aeshti / aeshtsã / aishti « ces, ceux-ci » | aeste / aiste « ces, celles-ci » |
G.-D. | aestui / aeshtui / aistui / aishtui | aistei / aishtei / aishtĂŁljei | aestor / aistor / aishtor | aestor / aistor / aishtor / aistelor | |
dâĂ©loignement | N.-A. | atselu / atsĂŁl / atsel « ce/cet âŠ-lĂ , celui-là » | atsea / atsia « cette âŠ-lĂ , celle-là » | atselj « ces âŠ-lĂ , ceux-là » | atseale / atsele « ces âŠ-lĂ , celles-là » |
G.-D. | atselui / atsilui / atsului | atseljei / atsiljei | atseloru / atsiloru | ||
de diffĂ©renciation | N.-A. | alantu / alant / anantu / nantu « lâautre » | alantĂŁ / anantĂŁ « lâautre » | alantsĂŁ / anantsĂŁ « les autres » | alante / anante « les autres » |
G.-D. | alĂŁntui / anĂŁntui | alĂŁntei / anĂŁntei | alĂŁntor / anĂŁntor |
Remarques :
- Les formes ci-dessus sont utilisĂ©es aussi bien comme pronoms (Aist s-lo acats « Que tu attrapes celui-ci »), que comme adjectifs. Ces derniers peuvent ĂȘtre antĂ©posĂ©s ou postposĂ©s au nom quâils dĂ©terminent : tsi si-lj facĂŁ aestui om « quâil/elle fasse quoi Ă cet homme », furlu aestu « ce voleur ». Il y a aussi des formes avec la terminaison -a, rencontrĂ©e par Capidan, qui lâappelle « particule », seulement par Ă©crit : Acui sun oili atsealea tse pascu? « Ă qui sont ces moutons-lĂ qui paissent ? »
- Il y a un type de syntagme qui dĂ©nomme lâĂ©pouse Ă lâaide du pronom dâĂ©loignement atsea contractĂ© avec al : tsal Tuli « la femme de Tuli ».
- Capidan range parmi les dĂ©monstratifs les pronoms correspondant à « lâautre, les autres », considĂ©rĂ©s dans les grammaires du français comme indĂ©finis.
Autres exemples en phrases :
- Arsãri sh-aestu « Celui-ci sauta aussi » ;
- Lã aflã aistor cãte nã featã « Il/Elle trouva une fille à chacun de ceux-ci » ;
- Portul lor aundzeashte ma multu cu aistelor de ma nãpoi « Leur habillement ressemble pluÎt à celui de ces derniÚres » ;
- S-duse pi locul atsãl « Il/Elle alla à cet endroit-là » ;
- Anantsã cãnj s-loarã dupã nãs « Les autres chiens le suivirent ».
Le pronom interrogatif-relatif
En tant que pronoms interrogatifs et relatifs il y a les formes suivantes[80] :
- singulier :
- nominatif-accusatif : care / acare / cari / acari / cai « qui, que, lequel/laquelle », tse / tsi « qui, quoi, que, lequel/laquelle, ce qui, ce que » ;
- genitif-datif : acui / acuri / acure « à qui, duquel/auquel, de laquelle/à laquelle, à quoi, dont » ;
- pluriel : care / acare / cari / acari « qui, que, lesquels/lesquelles ».
En phrases :
- Cai va s-ljai? « Qui vas-tu prendre ? » ;
- Acure-i feata di pi leagãn? « à qui est la fille sur la balance ? ;
- muljare acui frate avea moartã « une femme dont le frÚre était mort » ;
- Tse-i nĂŁs nu-i vĂŁrĂŁ « Personne nâest ce quâil est, lui ».
Les numéraux
- 1 unu (masc.), unã (fém.)
- 2 doi (masc.), doauã (fém.)
- 3 trei
- 4 patru
- 5 tsints(i)
- 6 shase / shasi
- 7 shapte / shapti
- 8 optu
- 9 noauĂŁ
- 10 dzatse / dzatsi
- 11 unsprĂŁdzatse / unsprĂŁdzatsi
- 12 doisprãdzatse / doisprãdzatsi (masc.), daosprãdzatse / daosprãdzatsi (fém.)
- 20 yinghits / yinyits (roum. douÄzeci)
- 21 unsprĂŁyinghits / unsprĂŁyinyits (rom. douÄzeci Èi unu, douÄzeci Èi una)
- 30 treidzĂŁts
- 31 treidzĂŁtsiunu (masc.) treidzĂŁtsiunĂŁ (fĂ©m.) (rom. treizeci Èi unu, treizeci Èi una)
- 100 unĂŁ sutĂŁ (rom. o sutÄ)
- 1000 unĂŁ njilje
- 2000 doao njilj
- 1 000 000 un miliune / miliuni
Dans le domaine du numéral cardinal il y a quelques particularités par rapport au numéral roumain :
- Le numĂ©ral latin VIGINTI a subsistĂ© en aroumain : yinyints ou yinyits (roum. douÄzeci) « vingt ».
- On construit avec préposition les numéraux à partir de 11 (à partir de 20 en roumain) : unsprãdzatsi di dzãli (roum. unsprezece zile) « onze jours ».
- La prĂ©position spri (roum. spre) « vers » est utilisĂ©e pour construire les nombres non seulement de 11 Ă 19, comme en roumain, mais aussi de 21 Ă 29 : doispriyinyits (roum. douÄzeci Èi doi) « vingt-deux ».
- Ă partir de 31, les noms des dizaines sont liĂ©s Ă ceux des unitĂ©s par la voyelle [i] : treidzĂŁtsiunu (roum. treizeci Èi unu) « trente et un ».
- Les nombres peuvent ĂȘtre suivis de lâarticle dĂ©fini et ils se dĂ©clinent : doilji, a doilor (roum. cei doi, celor doi) « les deux, des/aux deux ».
Le numĂ©ral ordinal est formĂ© du numĂ©ral cardinal + lâarticle dĂ©fini : shasile (roum. al Èaselea) « le sixiĂšme », noaulu (roum. al nouÄlea) « le neuviĂšme ».
Les numĂ©raux collectifs se forment avec les Ă©lĂ©ments premiers amin- ou shamin- suivis du numĂ©ral cardinal. Alors quâen roumain lâĂ©lĂ©ment de la mĂȘme origine est utilisĂ© seulement avec 2, en aroumain il lâest avec 3, 4, etc. aussi : amindoi/shamindoi (roum. amĂąndoi) « (tous) les deux », (sh)amintrei (roum. toÈi trei), « (tous) les trois », (sh)aminpatru (roum. toÈi patru) « (tous) les quatre », (sh)amintsintsi (roum. toÈi cinci) « (tous) les cinq ».
Le verbe
Les verbes aroumains sont groupés en quatre classes de conjugaison, comme les verbes roumains. Dans la 1re et dans la 4e il y a deux sous-classes : verbes sans suffixe et verbes à suffixe[82].
Indicatif présent
Lâindicatif prĂ©sent est la forme de base du verbe en grammaire de lâaroumain. Celle de la 1re personne du singulier est donnĂ©e en entrĂ©e dans les dictionnaires. Exemples de conjugaison de verbes rĂ©guliers :
1re conj. | 1re conj. Ă suffixe | 2e conj. | 3e conj. | 4e conj. | 4e conj. Ă suffixe |
---|---|---|---|---|---|
cĂŁntu « je chante » | lucredzu « je travaille » | cad(u)[83] | bat(u) | dormu | grescu âgrÄiescâ |
cĂŁntsĂŁ | lucredz | cadz | bats | dornji | greshti |
cĂŁntĂŁ | lucreadzĂŁ | cadi / cade | bati / bate | doarmi / doarme | greashti / greashte |
cĂŁntĂŁm(u) | lucrĂŁm(u) | cĂŁdem(u) | batim(u) | durnjim(u) | grim(u) |
cĂŁntats | lucrats | cĂŁdets | batits | durnjits | grits |
cĂŁntĂŁ | lucreadzĂŁ | cad(u) | bat(u) | dormu | grescu |
Temps passĂ©s de lâindicatif
Ă lâindicatif imparfait, la 3e personne du pluriel est identique Ă la 3e personne du singulier.
1re conj. | 2e conj. | 3e conj. | 4e conj. |
---|---|---|---|
cãntam « je chantais » | cãdeam | bãteam | durnjam |
cĂŁntai | cĂŁdeai | bĂŁteai | durnjai |
cĂŁnta | cĂŁdea | bĂŁtea | durnja |
cĂŁntam | cĂŁdeam | bĂŁteam | durnjam |
cĂŁntats | cĂŁdeats | bĂŁteats | durnjats |
cĂŁnta (roum. cĂąntau) | cĂŁdea | bĂŁtea | durnja |
Ă la diffĂ©rence du roumain, lâindicatif passĂ© simple est utilisĂ© dans la langue parlĂ©e, mĂȘme plus souvent que le passĂ© composĂ©. On distingue verbes Ă accent sur la dĂ©sinence (ceux du tableau ci-dessous) et verbes Ă accent sur le radical.
1re conj. | 2e conj. | 3e conj. | 4e conj. |
---|---|---|---|
cãntai « je chantai » | cãdzui | bãtui | durnjii |
cĂŁntash | cĂŁdzush | bĂŁtush | durnjish |
cĂŁntĂŁ | cĂŁdzu | bĂŁtu | durnji |
cĂŁntĂŁm (roum. cĂąntarÄm) | cĂŁdzum (roum. cÄzurÄm) | bĂŁtum (roum. bÄturÄm) | durnjim (roum. dormirÄm) |
cĂŁntat (roum. cĂąntarÄÈi) | cĂŁdzut (roum. cÄzurÄÈi) | bĂŁtut (roum. bÄturÄÈi) | durnjit (roum. dormirÄÈi) |
cĂŁntarĂŁ | cĂŁdzurĂŁ | bĂŁturĂŁ | durnjirĂŁ |
Les verbes Ă accent sur le radical ont la dĂ©sinence -sh(u) Ă la 1re personne du singulier : scoshu (roum. scosei) « je sortis » (transitif direct), aprimshu (roum. aprinsei) « jâallumai », dushu (roum. dusei) « je menai ».
Ă lâindicatif passĂ© composĂ©, le verbe auxiliaire am « avoir » prend ses formes complĂštes, et il est le seul quâon utilise.
Aroumain | Roumain |
---|---|
am cĂŁntatĂŁ « jâai chantĂ© » | am cĂąntat |
ai cĂŁntatĂŁ | ai cĂąntat |
are cĂŁntatĂŁ | a cĂąntat |
avem cĂŁntatĂŁ | am cĂąntat |
avets cĂŁntatĂŁ | aÈi cĂąntat |
au cĂŁntatĂŁ | au cĂąntat |
Ă la diffĂ©rence du roumain, lâindicatif plus-que-parfait synthĂ©tique ne sâest pas conservĂ© en aroumain. Il a Ă©tĂ© remplacĂ© par un plus-que-parfait analytique, comme le français, avec lâauxiliaire am « avoir » Ă lâimparfait.
aveam cĂŁntatĂŁ (roum. cĂąntasem) « jâavais chantĂ© » |
aveai cĂŁntatĂŁ |
avea cĂŁntatĂŁ |
aveam cĂŁntatĂŁ |
aveats cĂŁntatĂŁ |
avea cĂŁntatĂŁ |
Temps futurs de lâindicatif
Il y a plusieurs formes dâindicatif futur, dont la plus rĂ©pandue se construit avec le verbe voi « vouloir » Ă la 3e personne du singulier de lâindicatif prĂ©sent (va) pour toutes les personnes du futur + le subjonctif prĂ©sent (voir ci-aprĂšs) : va s-cĂŁntu (roum. voi cĂąnta) « je chanterai ».
Lâindicatif futur antĂ©rieur se forme avec va + le subjonctif passĂ© composĂ© : va s-am cĂŁntatĂŁ (roum. voi fi cĂąntat) « jâaurai chantĂ© ».
Subjonctif
Le subjonctif a quatre formes temporelles en aroumain (deux en roumain) : présent, imparfait, passé simple et passé composé. Il est utilisé avec la conjonction sã ayant trois autres variantes : se, si et s-.
Contrairement au roumain, au subjonctif prĂ©sent, Ă la 1re conjugaison, la 3e personne ne diffĂšre pas de la mĂȘme personne de lâindicatif prĂ©sent.
1re conj. | 1re conj. Ă suffixe | 2e conj. | 3e conj. | 4e conj. | 4e conj. Ă suffixe |
---|---|---|---|---|---|
s-cãntu « que je chante » | s-lucredzu | s-cad(u) | s-bat(u) | s-dormu | s-grescu |
s-cĂŁntsĂŁ | s-lucredz | s-cadz | s-bats | s-dornji | s-greshti |
s-cĂŁntĂŁ (roum. sÄ cĂąnte) | s-lucreadzĂŁ | s-cadĂŁ | s-batĂŁ | s-doarmĂŁ | s-greascĂŁ |
s-cĂŁntĂŁm(u) | s-lucrĂŁm(u) | s-cĂŁdem(u) | s-batim(u) | s-durnjim(u) | s-grim(u) |
s-cĂŁntats | s-lucrats | s-cĂŁdets | s-batits | s-durnjits | s-grits |
s-cĂŁntĂŁ (roum. sÄ cĂąnte) | s-lucreadzĂŁ | s-cadĂŁ | s-batĂŁ | s-doarmĂŁ | s-greascĂŁ |
Subjonctif imparfait: s-cĂŁntam (s- + lâindicatif imparfait).
Subjonctif passĂ© composĂ©: s-am cĂŁntatĂŁ (s- + lâindicatif passĂ© composĂ©).
Subjonctif plus-que-parfait: s-aveam cĂŁntatĂŁ (s- + lâindicatif plus-que-parfait).
Conditionnel
Le conditionnel prĂ©sent nâest pas analytique, comme en roumain, mais synthĂ©tique, comme en français, les dĂ©sinences Ă©tant ajoutĂ©es Ă la forme de lâinfinitif.
s-cĂŁntarim (roum. aÈ cĂąnta) « je chanterais » |
s-cĂŁntari |
s-cĂŁntare/cĂŁntari |
s-cĂŁntarim |
s-cĂŁntarit |
s-cĂŁntare/cĂŁntari |
Le conditionnel passĂ© se forme le plus souvent avec lâimparfait du verbe voi « vouloir », Ă la forme unique vrea pour toutes les personnes + le conditionnel prĂ©sent : vrea s-cĂŁntarim (roum. aÈ fi cĂąntat) « jâaurais chantĂ© ».
Impératif
Ă lâimpĂ©ratif, Ă part les formes de la 2e personne semblables Ă celles du roumain (impĂ©ratif proprement dit), il y a aussi des formes pour la 1re personne, avec la conjonction as (empruntĂ©e au grec) + le subjonctif prĂ©sent et, Ă la 3e personne, outre la conjonction s(ĂŁ), on utilise aussi las + le subjonctif prĂ©sent.
1re conj. | 1re conj. Ă suffixe | 2e conj. | 3e conj. | 4e conj. | 4e conj. Ă suffixe |
---|---|---|---|---|---|
as cĂŁntu! (roum. sÄ cĂąnt!) « que je chante ! » | as lucredzu! | as cad(u)! | as bat(u)! | as dormu! | as grescu! |
cĂŁntĂŁ! | lucreadzĂŁ! | cade! | bate! | dornji! | grea! |
las cĂŁntĂŁ! (roum. sÄ cĂąnte!) « quâil/elle chante ! » | las lucreadzĂŁ! | las cadĂŁ! | las batĂŁ! | las doarmĂŁ! | las greascĂŁ! |
as cĂŁntĂŁm(u)! | as lucrĂŁm(u)! | as cĂŁdem(u)! | as batim(u)! | as durnjim(u)! | as grim! |
cĂŁntats! | lucrats! | cĂŁdets! | bĂŁtets! | durnjits! | grits! |
las cĂŁntĂŁ! | las lucreadzĂŁ! | las cadĂŁ! | las batĂŁ! | las doarmĂŁ! | las greascĂŁ! |
Lâinfinitif aroumain nâayant pas de forme brĂšve (voir ci-aprĂšs), lâimpĂ©ratif nĂ©gatif de la 2e personne du singulier a la mĂȘme forme que lâaffirmatif : nu cĂŁntĂŁ! (roum. nu cĂąnta!) « ne chante pas ! ».
Modes impersonnels
Lâinfinitif nâa quâune forme longue, hĂ©ritĂ©e du latin.
1re conj. | 2e conj. | 3e conj. | 4e conj. |
---|---|---|---|
cãntare / cãntari « chanter » | cãdeare / cãdeari | batire / batiri | durnjire / durnjiri |
Au gérondif, au suffixe hérité du latin on ajoute -a ou -alui :
1re conj. | 2e conj. | 3e conj. | 4e conj. |
---|---|---|---|
cãntãnda(lui) (roum. cùntùnd) « (en) chantant » | cãdzãnda(lui) | bãtãnda(lui) | durnjinda(lui) |
Au participe il y a une seule forme pour le masculin et le fĂ©minin singulier, la mĂȘme qui en roumain est celle du fĂ©minin singulier.
1re conj. | 2e conj. | 3e conj. | 4e conj. |
---|---|---|---|
cĂŁntatĂŁ (roum. cĂąntat, -Ä) « chantĂ©, -e » | cĂŁdzutĂŁ | bĂŁtutĂŁ | durnjitĂŁ |
Les verbes de la 3e conjugaison appelés « à accent sur le radical » ont des désinences différentes : arsu (roum. ars) « brûlé », aprimtu (roum. aprins) « allumé », coptu (roum. copt) « cuit ».
DĂ©termination par lâarticle dĂ©fini
Lâarticle dĂ©fini est employĂ© dans plus de cas quâen roumain. Par exemple dans le domaine du nom, il peut ĂȘtre utilisĂ© avec les noms propres de personnes aussi : Goglu (littĂ©ralement « le Gogu »).
Dans le domaine de lâadjectif, lâarticle dĂ©fini intervient dans la formation du superlatif relatif : cama marlji (roum. cei mai mari) « les plus grands ».
Lâarticle dĂ©fini correspond Ă lâarticle dĂ©monstratif du roumain dans le domaine du numĂ©ral aussi. La dĂ©termination dĂ©finie du numĂ©ral cardinal se fait avec lâarticle dĂ©fini : doilji sots (roum. cei doi tovarÄÈi) « les deux compagnons ». Lâheure aussi est exprimĂ©e Ă lâaide de lâarticle dĂ©fini : tu treile oare (roum. la ora trei) « Ă trois heures ». Le numĂ©ral collectif reçoit Ă©galement lâarticle dĂ©fini [shamintreilji cĂŁnj (roum. toÈi cei trei cĂąini) « les trois chiens »], et le numĂ©ral ordinal se forme Ă partir du cardinal avec lâarticle dĂ©fini : shasile (roum. al Èaselea) « le sixiĂšme », noaulu (roum. al nouÄlea) « le neuviĂšme ».
Dans le syntagme nom + adjectif dĂ©monstratif + Ă©pithĂšte, le nom reçoit toujours lâarticle dĂ©fini, et lâadjectif peut ĂȘtre utilisĂ© avec ou sans article (en roumain seul le nom reçoit lâarticle) : omlu atsel bun ou omlu atsel bunlu (roum. omul acela bun) « cet homme bon ».
ParticularitĂ©s dans lâexpression du sujet et de certains complĂ©ments
Les formes du pronom personnel des 1re et 2e personne du singulier pour exprimer le sujet dans les parlers du Nord peuvent ĂȘtre celle dâaccusatif, mine/mini et tine/tini Ă la place de io et tu respectivement. Caragiu MarioÈeanu 1997 les recommande mĂȘme en tant que norme : mini lucredzu « je travaille », tini lucredz « tu travailles »[85]. Par contre, dans les parlers du Sud on emploie parfois io en fonction de complĂ©ment d'objet indirect prĂ©positionnel : TsĂŁni-ti di mini/io « Accroche-toi Ă moi »[74].
Le complément d'objet direct exprimé par un pronom personnel est en général utilisé sans préposition (en roumain toujours avec la préposition pe) : nu ti voi tine (roum. nu te vreau pe tine) « je ne te veux pas, toi ».
Il est plus frĂ©quent quâen roumain dâanticiper le COD nom par un pronom personnel forme atone, câest-Ă -dire y compris lorsquâil sâagit dâun nom dâinanimĂ© : UnĂŁ intratĂŁ n casĂŁ, o bagĂŁ chiatra sun limbĂŁ (roum. Cum a intrat Ăźn casÄ, pune piatra sub limbÄ) « Une fois entrĂ©(e) dans la maison, il/elle met la pierre sous sa langue ».
Le complĂ©ment circonstanciel de lieu exprimĂ© par un nom de localitĂ© se construit le plus souvent sans prĂ©position [Mi duc Bitule (roum. MÄ duc la Bitolia) « Je vais Ă Bitola »], et parfois avec prĂ©position : S-dusi n SĂŁrunĂŁ (rom. Se duse la Salonic) « Il/Elle alla Ă Salonique ».
Fonctions de tse/tsi
Tse/tsi est principalement pronom interrogatif-relatif. En tant que tel, il est plus frĂ©quent que cari/care, aussi bien en fonction de sujet [ficiorlu tsi vini (roum. feciorul care vine) « le gars qui vient »], que dans dâautres fonctions syntaxiques, mais toujours sans prĂ©position : Fu dus tu odĂŁlu tse era shi feata (roum. Fu dus Ăźn odaia Ăźn care era Èi fata) « Il fut conduit dans la chambre oĂč Ă©tait la fille aussi ».
Ce mot peut ĂȘtre conjonction dans la phrase complexe : Avea trei anj tsi ira dus (roum. Erau trei ani de cĂąnd era dus) « Cela faisait trois ans quâil Ă©tait parti », El o catsĂŁ oaia di gurmadzu tsi s-nu zghiarÄ (roum. Prinde oaia de grumaz, ca sÄ nu behÄie) « Il tient le mouton par le cou, pour quâil ne bĂȘle pas ».
Fonctions de lâinfinitif
Lâinfinitif est utilisĂ© surtout avec sa valeur substantivale. Avec sa valeur verbale, il est moins employĂ©, dans les cas suivants :
- dans la construction impersonnelle avec va ou lipseashte « il faut » : Va scriare unĂŁ carte (roum. Trebuie sÄ se scrie o scrisoare) « Il faut Ă©crire une lettre », Lipseashte zburĂŁre cu un mastur (roum. Trebuie vorbit cu un meÈter) « Il faut sâadresser Ă un artisan » ;
- en tant que complĂ©ment circonstanciel de but sans prĂ©position de certains verbes de mouvement : Vru s-ducĂŁ avinare (roum. Vru sÄ se ducÄ sÄ vĂąneze) « Il voulut aller chasser » ;
- dans un syntagme Ă©quivalent dâune proposition subordonnĂ©e, avec lâadverbe unĂŁ : UnĂŁ strigare, tutsi se-adunarĂŁ (roum. ĂndatÄ ce strigÄ, toÈi se adunarÄ) « AussitĂŽt quâil/elle cria, tous se rassemblĂšrent » ;
- en tant que complĂ©ment, avec plusieurs prĂ©positions : di/ti/tĂŁ/trĂŁ/tu mĂŁcare (roum. de mĂąncat) « Ă manger », [âŠ] n-casĂŁ no-avea nitsi un lemnu ti vĂŁtĂŁmare shoaritslji « [il Ă©tait tellement pauvre, quâ]il nâavait dans sa maison mĂȘme pas un bout de bois pour tuer les souris ».
Fonctions du participe
Le participe est utilisĂ© Ă©galement avec certaines autres fonctions quâen roumain :
- à sens actif : duruta mumã (roum. mama iubitoare) « la mÚre aimante » ;
- Ă la place de lâinfinitif Ă valeur substantivale : tru ishitĂŁ din hoarĂŁ (roum. la ieÈirea din sat) « Ă la sortie du village » ;
- dans un syntagme Ă©quivalent dâune subordonnĂ©e, avec lâadverbe unĂŁ : UnĂŁ intratĂŁ n casĂŁ, o bagĂŁ chiatra sun limbĂŁ (roum. Cum a intrat Ăźn casÄ, pune piatra sub limbÄ) « Une fois entrĂ©(e) dans la maison, il/elle met la pierre sous sa langue » ;
- avec le prĂ©fixe nĂ©gatif ni-, devenant ainsi lâĂ©quivalent dâune proposition : Tini, nivinitĂŁ, vrei s-fudzi? (roum. Tu, abia ai venit Èi vrei sÄ pleci?) « Ă peine venu(e), tu veux dĂ©jĂ partir ? »
ParticularitĂ©s dans lâordre des mots
Lâune de ces particularitĂ©s est prĂ©sente dans le syntagme du nom avec article indĂ©fini et alt, -ĂŁ « un(e) autre » : altĂŁ unĂŁ bisearicĂŁ (roum. o altÄ bisericÄ) « une autre Ă©glise ».
Lâarticle dĂ©fini est en gĂ©nĂ©ral postposĂ©, mais pas toujours. Au gĂ©nitif-datif fĂ©minin singulier, certains noms peuvent avoir lâarticle dĂ©fini postposĂ© ou antĂ©posĂ© : ali featĂŁ ou a featiljei « Ă /de la fille ». Avec dâautres noms, lâarticle est seulement antĂ©posĂ©. Câest le cas de certains noms communs fĂ©minins de personne (ali dadĂŁ « Ă /de la mĂšre ») et celui des noms propres de personnes, fĂ©minins et masculins : ali Ghene « Ă /de Ghena » (fĂ©m.), al Griva « Ă /de Griva » (masc.).
Une autre particularitĂ© est lâantĂ©position du COD exprimĂ© par un pronom personnel forme atone non seulement au prĂ©sent (comme en roumain), mais aussi au passĂ© composĂ© : u am vidzutĂŁ (roum. am vÄzut-o) « je lâai vue ». Par contre, lorsque le verbe est au futur sans la conjonction sĂŁ, le pronom est placĂ© aprĂšs lâauxiliaire : va ti ved (roum. te voi vedea) « je te verrai ».
Lexique
La partie fondamentale du lexique aroumain est formĂ©e pour la plupart de mots hĂ©ritĂ©s du latin et la langue sâest enrichie au cours du temps par des emprunts aux langues voisines, ainsi que par la formation de mots sur son propre terrain, surtout par dĂ©rivation.
Mots hérités
Le lexique de base de lâaroumain est principalement hĂ©ritĂ© du latin. Il est significatif que la liste Swadesh de 207 mots de lâaroumain est composĂ©e pour 92 % de mots de cette origine.
Lâaroumain conserve des mots et des sens latins absents dans les autres langues romanes orientales : bash/bashiu (roum. sÄrut) : « jâembrasse » ; cusurin(u) (roum. vÄr) : « cousin » ; dimĂŁndari/dimĂŁndare (roum. poruncÄ) : « commandement, ordre »; uin(u) (roum. de oaie) : « ovin » (adj.) ; agiun(u) (roum. flÄmĂąnd) : « affamĂ© » (cf. français « Ă jeun ») ; fumealji/fumealje (roum. familie â mot empruntĂ© copii) : « famille, enfants » ; largu (roum. departe) : « loin » ; vatĂŁm(u) (roum. ucid) : « je tue » ; mur(u) (roum. zid) : « mur » ; cĂŁtinĂŁ (roum. lanÈ) : « chaĂźne » ; ermu (roum. pustiu) : « dĂ©sert » (adj.) ; fleamĂŁ (roum. flacÄrÄ) : « flamme » ; mes (roum. lunÄ) : « mois » ; etĂŁ (roum. vĂąrstÄ, secol) : « Ăąge, siĂšcle » (cf. albanais jetĂ«)[86] ; etc.
Emprunts
Les emprunts anciens proviennent principalement des autres langues sud-danubiennes[87]. Les plus nombreux sont grecs : pirazmo « diable », cãrãvidhã « écrevisse », yramã « lettre » (caractÚre), xen « étranger », anarga « lentement », tora « maintenant », etc.
D'autres emprunts anciens proviennent des langues suivantes :
- langues slaves : cucot « coq », gaidã « cornemuse », nimal « assez » ;
- albanais : banã « vie », gumar « ùne » ;
- turc : cãsãbã « ville », huzmichiar « domestique » (nom), zurlu « fou ».
Les emprunts actuels sont en gĂ©nĂ©ral des mots romans entrĂ©s dans dâautres langues aussi. Chez Caragiu MarioÈeanu (1997) apparaissent servescu « je sers », poezie, poetu, hotelu, pronumi interogativu, pronunÈari « prononciation », controversĂą, vocalĂą « voyelle », consoanĂą, neologismi[88]. Ballamaci introduit dans son manuel des mots romans entrĂ©s en albanais aussi : vizitari « visiter », agensiÄ Â« agence », tur / giro « tour » (terme de tourisme), interesant, turistic, dacord (cf. roum. de acord, français « dâaccord »)[89].
DĂ©rivation
Certains affixes de l'aroumain existent en roumain, dâautres sont empruntĂ©s Ă d'autres langues[90].
Suffixes spécifiques :
- -ame : bĂŁrbatame (roum. mulÈi bÄrbaÈi) « beaucoup dâhommes », urĂŁtsame (roum. urĂąÈenie) « laideur » ;
- -ic, -icĂŁ : frĂŁtic (roum. frÄÈior) « petit frĂšre, frĂ©rot », fiticĂŁ (roum. fetiÈÄ) « fillette » ;
- -ice : gurice (roum. guriÈÄ) « petite bouche » ;
- -inĂŁ : fucurinĂŁ roum. (loc unde s-a fÄcut foc) « endroit oĂč lâon a fait du feu » ;
- -ĂŁriu : vĂŁcĂŁriu (roum. mulÈime de vaci) « multitude de vaches » ;
- -ish : muntish (roum. de munte) « de montagne » ;
- -iu : limniu (roum. grÄmadÄ de lemne) « tas de bois » ;
- -ut : plãngut (roum. plùnset) « sanglots ».
Préfixes spécifiques :
- xenu- (du grec) : xenulucredzu (roum. lucrez lucru strÄin) « je fais un travail qui nâest pas le mien », xenuzburĂŁscu (roum. vorbesc aiurea) « je parle nâimporte comment, mal » ;
- para- (du grec) : parafac (roum. fac prea mult) « je fais trop », paralucredz (roum. lucrez prea mult), « je travaille trop » ;
- sum- : sumarĂŁd (roum. rĂąd reÈinut) « je ris avec retenue »
Composition
En aroumain il y a des mots composés communs avec le roumain mais aussi des compositions propres : njadzã-iarnã « mi-hiver », tsiripãne (de tseare « il/elle demande + pãne « pain ») « mendiant », ayru-cucot « coq de bruyÚre », tindugumar (de tindu « je tends » + gumar « ùne ») « paresseux »[91].
Il y a aussi des mots composĂ©s dâun Ă©lĂ©ment existant et dâun autre dĂ©pourvu de sens ayant le mĂȘme nombre de syllabes que le premier, et qui rime avec celui-ci : AstĂŁdz mi dush s-acumpĂŁr zahĂŁre-mahĂŁre, sare-mare, carne-marne, fĂŁrinĂŁ-mĂŁrinã⊠« Aujourdâhui jâallai acheter du sucre, du sel, de la viande, de la farine⊠»[92].
Notes et références
- (en) Aromanians. Report, rapport prĂ©sentĂ© Ă lâAssemblĂ©e parlementaire du Conseil de lâEurope, document 7728, 17 janvier 1997 (consultĂ© le 6 juin 2017).
- « MacĂ©do-roumain » est une appellation impropre (puisquâil y a des Aroumains non seulement en MacĂ©doine historique, mais aussi dans dâautres rĂ©gions de la GrĂšce, en Albanie, en Bulgarie, etc.
- Par exemple George Giuglea, Alexandru Graur, Ion Coteanu. (cf. Sala 1989, p. 275).
- Par exemple Gustav Weigand (en), Ovid Densusianu, Sextil PuÈcariu, Alexandru Rosetti, Theodor Capidan. (cf. Sala 1989, p. 275).
- Sur le nombre dâAroumains par pays, voir lâarticle Aroumains.
- (en) Population and Housing Census 2011. Main Results (Recensement de la population de 2011. Principaux résultats), 1re partie, INSTAT. 2012, pp. 71-72 (consulté le 6 juin 2017).
- Section dâaprĂšs Sala 1989, pp. 36-37, et Caragiu MarioÈeanu 1968, pp. 4-5.
- Gustav Weigand (en), Ovid Densusianu, Sextil PuÈcariu, Alexandru Rosetti.
- Theodor Capidan, Tache Papahagi.
- TrouvĂ© en 1952 dans un monastĂšre dâAlbanie.
- TrouvĂ© par Pericle Papahagi vers 1900 chez le membre dâune famille aroumaine, les Simota.
- Dans Theodor Anastas Cavallioti, Protopeiria [« Premier enseignement »], Venise, 1770.
- Daniil Moscopoleanul, Lexikon Tetragloson [« Lexique quadrilingue »], Eisagogiki didaskalia [« Enseignement introductif »], Venise, 1794 (1re édition), 1802 (2de édition).
- Constantin Ucuta, Nea paidagogia [« Nouvelle pédagogie »], Vienne, 1794.
- Gheorghe Constantin Roja, MÄestria ghiovÄsirii romĂąneÈti cu litere latineÈti, care sĂźnt literele RomĂąnilor ceale vechi [« Lâart de lire en roumain avec des lettres latines, qui sont les lettres anciennes des Roumains »], Buda, 1809 ; Mihail G. Boiagi, Grammatiki romaniki itoi makedonovlachiki [« Grammaire romane ou macĂ©do-valaque »], Vienne, 1813.
- Die Aromunen. Ethnographisch-philologisch-historische Untersuchungen ĂŒber das Volk der sogenannten Makedo-Romanen oder Zinzaren [« Les Aroumains. Recherches ethnographiques, philologiques et historiques sur le peuple de ceux quâon appelle MacĂ©do-roumains ou Zinzares »], 2e vol., Leipzig, Johann Ambrosius Barth (Arthur Meiner), 1894.
- Par exemple Din literatura poporanÄ a aromĂąnilor [« SĂ©lection de la littĂ©rature folklorique des Aroumains »], Bucarest, Editura Academiei RomĂąne, 1900.
- Langue et culture aroumaines.
- En vertu de lâamendemant n° V. de la (en) constitution, qui stipule que les langues minoritaires sont officielles Ă cĂŽtĂ© du macĂ©donien dans les localitĂ©s oĂč la minoritĂ© en cause atteint 20 % de la population (consultĂ© le 6 juin 2017).
- Friedman 2001, p. 10.
- Bardu et GrÄdinaru 2006, pp. 22-25. o.
- (rup) Scriitori armĂŁneshtsĂŁ [« Ăcrivains aroumains »], Skopje, Unia ti CulturĂŁ-a ArmĂŁnjlor dit Machidunii. Biblioteca natsionalĂŁ armĂŁneascĂŁ (Union culturelle des Aroumains de MacĂ©doine. BibliothĂšque nationale aroumaine), 2001 (consultĂ© le 6 juin 2017).
- Cf. (sq) Loi no 96/2017 sur la protection des minoritĂ©s nationales en RĂ©publique dâAlbanie (consultĂ© le 9 mai 2018).
- Lozovanu 2012, p. 100.
- Voir (ro) Ordin privind aprobarea planurilor-cadru de ĂźnvÄÈÄmĂąnt pentru ĂźnvÄÈÄmĂąntul gimnazial (Ordre concernant lâapprobation des curricula pour les collĂšges), 2016 (consultĂ© le 6 juin 2017).
- Voir (ro) programmes pour les collÚges et programmes pour les lycées (consulté le 6 juin 2017).
- Par exemple le projet AnveatsĂŁ armĂŁneashti! [« Apprends lâaroumain ! »], de Fara ArmĂŁneascĂŁ dit RomĂŁnia (CommunautĂ© aroumaine de Roumanie) (consultĂ© le 6 juin 2017).
- Page de Cartea AromĂŁnĂŁ sur le site Tra Armanami.
- Site de la société Predania (consulté le 6 juin 2017).
- Site du projet « Avdhela » (consulté le 6 juin 2017).
- Page aroumaine de Radio RomĂąnia InternaÈional (consultĂ© le 6 juin 2017).
- Site officiel du film et sa bande-annonce.
- Voir la page Teatru armĂąnescu (ThĂ©Ăątre aroumain) du site de Radio RomĂąnia InternaÈional (consultĂ© le 6 juin 2017).
- Voir le site Tra Armanami.
- Caragiu MarioÈeanu 1997, pp. XVIIIâXXII.
- Ballamaci 2010.
- Cunia 1997.
- Cunia 2010.
- Cursu di scriari armĂŁneascĂŁ (Cours dâĂ©criture aroumaine) (consultĂ© le 6 juin 2017).
- Section dâaprĂšs Sala 1989, p. 37 et Caragiu MarioÈeanu 1997, p. XIX.
- Section dâaprĂšs Capidan 1932, pp. 199-369, sauf les informations des sources indiquĂ©es Ă part.
- Cunia 2010, p. 4.
- Caragiu MarioÈeanu 1997, p. XXXVI.
- Prise en compte par Caragiu MarioÈeanu 1997 et Ballamaci 2010, donnĂ©e comme alternative Ă [d] dans Cunia 2010.
- PrĂ©sente dans Caragiu MarioÈeanu 1997, en tant quâalternative Ă [t] dans Cunia 2010, absente dans Ballamaci 2010.
- Ballamaci 2010, p. 25 ; Cunia 2010, p. 1110.
- Voir par exemple le site Aromania Catholica (consulté le 6 juin 2017).
- Les articles de la WikipĂ©dia aroumaine peuvent ĂȘtre lus dans les trois, au choix.
- Sala 1989, p. 36 et Capidan 1932, pp. 200-369.
- Caragiu MarioÈeanu 1997 propose [Éšm] Ă©crit Ăźm- en tant que norme (p. XVII.).
- LâastĂ©risque indique une forme non attestĂ©e mais reconstituĂ©e.
- [tÍĄÊ] â comme tch dans « tchĂšque ».
- [dÍĄÊ] â comme g dans le prĂ©nom italien Gino.
- Comme h dans le mot anglais here « ici ».
- Caragiu MarioÈeanu 1968, p. 5.
- Section dâaprĂšs Capidan 1932, pp. 383-396, sauf les informations des sources indiquĂ©es Ă part.
- La mise en parenthÚse de certaines lettres signifie que les phones correspondants sont présents dans certains parlers et absents dans les autres.
- La barre oblique sĂ©pare des variantes dialectales. Caragiu MarioÈeanu 1997 recommande en tant que norme la variante avec [i] Ă lâintĂ©rieur des mots et en fin de mot, si elle provient dâune [e] latine atone (p. XV).
- Comme dans les grammaires du roumain, le nom neutre lâest au sens quâau singulier il est masculin et au pluriel â fĂ©minin.
- Section dâaprĂšs Capidan 1932, pp. 373-383, sauf les informations des sources indiquĂ©es Ă part.
- Caragiu MarioÈeanu 1997 recommande en tant que norme la variante avec [Ê·] et la transcription systĂ©matique de celle-ci avec u (pp. XVII-XVIII).
- En aroumain, [i] provoque la palatalisation de [b] et reste [i] vocalique, alors quâen roumain il ne provoque pas cette palatalisation et devient [ÊČ] (asyllabique).
- Sans correspondant roumain de la mĂȘme origine.
- Caragiu MarioÈeanu 1997, p. XLII.
- Capidan 1932, p. 404.
- Caragiu MarioÈeanu 1997 recommande les deux derniĂšres variantes (p. XVI).
- Selon Capidan 1932, câest cette prĂ©position (du latin ad) qui caractĂ©rise le gĂ©nitif-datif et non pas une forme de lâarticle possessif (qui sâaccorde en genre et en nombre), comme en roumain (p. 385).
- Section dâaprĂšs Capidan 1932, pp. 401-402.
- En roumain câest lâarticle dĂ©monstratif qui est utilisĂ©.
- Capidan 1932, p. 533.
- Section dâaprĂšs Capidan 1932, pp. 408-412.
- Cunia 2010, pp. 561, 654.
- Cunia 2010, p. 1015.
- Cunia 2010, p. 654.
- Section dâaprĂšs Capidan 1932, pp. 413-419.
- Posseseur du genre masculin.
- Posseur du genre féminin.
- Plusieurs exemples du présent article, comme celui-ci, sont tirés par Capidan 1932 de contes folkloriques.
- Section dâaprĂšs Capidan 1932, pp. 419-425.
- Section dâaprĂšs Capidan 1932, pp. 426-427.
- Section dâaprĂšs Capidan 1932, pp. 402-407.
- Section dâaprĂšs Capidan 1932, pp. 438-482, sauf les informations des sources indiquĂ©es Ă part.
- Chez Capidan 1932 (p. 438) et Ballamaci 2010 (p. 186) sans u asyllabique finale aprĂšs voyelle + consonne, chez Caragiu MarioÈeanu 1997 avec u, formes quâelle recommande en tant que norme (p. XLIV).
- Section dâaprĂšs Capidan 1932, pp. 525-553, sauf les informations des sources indiquĂ©es Ă part.
- Caragiu MarioÈeanu 1997, p. XLIV.
- Exemples de Cunia 2010.
- Exemples de Capidan 1932 (divers chapitres).
- Caragiu MarioÈeanu 1997, p. XXI.
- Ballamaci 2010, p. 60.
- Section dâaprĂšs Capidan 1932, pp. 512-520.
- Capidan 1932, pp. 520-521.
- Capidan 1932, p. 524.
Voir aussi
Bibliographie
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Articles connexes
Liens externes
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