Langues paléo-balkaniques
Les langues palĂ©o-balkaniques sont le regroupement avant tout gĂ©ographique des langues indo-europĂ©ennes parlĂ©es durant lâAntiquitĂ© dans les Balkans et les rĂ©gions limitrophes, et dont est issu lâalbanais moderne, seule langue vivante du regroupement. Initialement, le terme thraco-illyriennes dĂ©signait une branche hypothĂ©tique des langues indo-europĂ©ennes, mais le progrĂšs des recherches a menĂ© les linguistes Ă revoir leurs classements, et un certain nombre de langues considĂ©rĂ©es comme « thraco-illyriennes » auparavant ont Ă©tĂ© reclassĂ©es dans dâautres branches des langues indo-europĂ©ennes : c'est pourquoi aujourd'hui on parle au sens plus large de langues palĂ©o-balkaniques.
Classification interne
HypothĂšse de classification
Ă lâexception du messapien[1], les langues de lâensemble thraco-illyrien sont peu documentĂ©es. Depuis les travaux de Hans Krahe, il est probable quâaucune certitude ne pourra, en lâĂ©tat actuel des sources, se dĂ©gager Ă ce sujet, sauf en ce qui concerne lâappartenance du groupe messapien-illyrien ou macro-illyrien et du groupe albanais au groupe centum des langues indo-europĂ©ennes.
La dĂ©nomination de « langues thraces et illyriennes » regroupe Ă©galement (toutes disciplines confondues, quâelles soient gĂ©nĂ©alogiques, typologiques, ou purement de gĂ©ographie palĂ©o-balkanique) les langues suivantes :
- Groupe daco-thrace appartenant à la branche satem des langues indo-européennes :
- Groupe messapien-illyrien ou macro-illyrien appartenant à la branche centum des langues indo-européennes :
- Groupe albanais des langues indo-européennes comportant des traits à la fois centum et satem :
Le messapien nâest pas palĂ©o-balkanique Ă proprement parler : câest une langue du Sud-Est de la pĂ©ninsule italienne et le rapprochement avec l'illyrien se base sur quelques anthroponymes que lâon retrouve sur les stĂšles funĂ©raires, qui pourraient aussi bien tĂ©moigner dâune parentĂ© indo-europĂ©enne plus gĂ©nĂ©rale, ou encore de mouvements migratoires depuis lâIllyrie (comme il sâen est produit plus tardivement depuis lâAlbanie).
DĂ©classements et reclassements
Ont été retirées du regroupement thraco-illyrien et reclassées ailleurs par la linguistique les langues suivantes :
- l'armĂ©nien (langue dâabord reclassĂ©e comme isolat linguistique puis comme branche autonome des langues indo-europĂ©ennes avec aussi lâarmĂ©nien occidental qui ne sâest dĂ©veloppĂ© que plus tardivement comme langue distincte) ;
- le vĂ©nĂšte (langue rattachĂ©e Ă la branche italique des langues indo-europĂ©ennes, Ă©teinte par romanisation â langues italo-romanes) ;
- le phrygien et lâancien macĂ©donien (langues rattachĂ©es Ă la branche hellĂ©nique des langues indo-europĂ©ennes, Ă©teintes par hellĂ©nisation â koinĂš) ;
- le scythe, le darde et les autres langues dardiques (langues éteintes rattachées à la branche iranienne des langues indo-européennes) ;
- le mysien (on manque dâinformations linguistiques sur cette langue, peut-ĂȘtre rattachable aux langues anatoliennes, Ă©teinte par hellĂ©nisation â koinĂš ; ) ;
- le pannonien (on manque dâinformations linguistiques sur cette langue Ă©teinte par romanisation â Roman de Pannonie).
Position de lâalbanais dans lâensemble thraco-illyrien
Le rapprochement entre lâalbanais et lâillyrien a Ă©tĂ© fait dĂšs 1709 par Gottfried Wilhelm Leibniz, qui appelle lâalbanais « la langue des anciens Illyriens ». Plus tard, le linguiste Gustav Meyer (1850-1900) dĂ©clara quâ« appeler les Albanais "nouveaux Illyres" est aussi juste que dâappeler les Grecs actuels "Grecs modernes" ». La langue albanaise constituait pour lui lâĂ©tape la plus rĂ©cente de lâun des dialectes illyriens. Ă la suite de lâĂ©chec de Hans Krahe de pouvoir circonscrire dans les Balkans un substrat illyrien distinct dâun substrat indo-europĂ©en ancien commun, et de donner un sens aux traces de lâillyrien dans une perspective palĂ©olinguistique ou phylogĂ©nĂ©tique de lâindo-europĂ©en, les hypothĂšses relatives Ă un ensemble cohĂ©rent de langues thraco-illyriennes et Ă lâorigine illyrienne de lâalbanais ont Ă©tĂ© graduellement abandonnĂ©es par les linguistes et notamment les indo-europĂ©anistes modernes. Le fait que lâalbanais ne peut descendre phylogĂ©nĂ©tiquement en ligne directe de lâillyrien (disparu par romanisation â Dalmate) est admis aujourdâhui par lâensemble des linguistes spĂ©cialistes de la question[2].
Ce consensus linguistique international est cependant toujours contestĂ© par des historiens albanais et kosovars protochronistes pour lesquels lâorigine illyrienne (donc autochtone) de lâalbanais est une question dâidentitĂ© nationale[3]. Plusieurs facteurs expliquent la position « illyrienne » des historiens albanais dont les principaux arguments sont la prĂ©sence de traits centum en illyrien et en albanais, et la ressemblance entre anthroponymes albanais actuels et vocabulaire illyrien : par exemple Ă l'albanais dash « bĂ©lier », correspondrait l'illyrien Dassius ou Dassus, de mĂȘme que l'albanais bardhi « blanc » correspondrait Ă Bardus, Bardullis, Bardyllis. Quelques ethnonymes de tribus illyriennes sont Ă©galement supposĂ©s avoir leur correspondant albanais : c'est ainsi que le nom des Dalmates correspondrait Ă l'albanais delmĂ« « brebis » et le nom des Dardaniens correspondrait Ă l'albanais dardhĂ« « poire, poirier »[4].
La conjoncture politique qui a prĂ©valu dans les Balkans avant et aprĂšs lâeffondrement des empires austro-hongrois et ottoman, est celle dâune gĂ©opolitique complexe dont lâenjeu Ă©tait lâĂ©tendue territoriale de chaque Ă©tat et dont lâargument historique Ă©tait lâantĂ©rioritĂ© de chaque peuple sur cette Ă©tendue revendiquĂ©e : chaque nation moderne sâefforçait donc de minimiser ses migrations et de dĂ©montrer une autochtonie antĂ©rieure Ă celle des voisins qui, de leur cĂŽtĂ©, contestaient ces dĂ©monstrations en employant la mĂ©thode hypercritique, comme le linguiste serbe Pavle IviÄ face Ă lâhistoriographie albanaise. Kersaudy, historien et traducteur, voit dans lâalbanais moderne une langue qui « sâest formĂ©e sur un fond thraco-illyrien vers le VIe siĂšcle, et [qui] a subi un dĂ©but de latinisation encore sensible dans la langue moderne ». Le collectif Schwandner-Sievers (2002) considĂšre lâorigine illyrienne de lâalbanais comme un mythe identitaire[4].
En raison de ces enjeux, les perspectives théoriques sont divergentes :
- Les faits linguistiques de lâalbanais sâexpliqueraient mieux dans un ensemble phylogĂ©nĂ©tique daco-thrace[5].
- Les correspondances observables parmi les langues de lâensemble palĂ©o-balkanique sâexpliquent plus facilement comme phĂ©nomĂšnes dâemprunts et de convergence dans un contexte de contacts linguistiques, Ă lâimage de ce qui se passe dans les Balkans de la modernitĂ©, oĂč toutes les langues de la rĂ©gion convergent dans leurs structures vers un modĂšle typologique prĂ©dominant, lâ« union linguistique balkanique ». Dans cette perspective, les langues de lâensemble palĂ©o-balkanique appartiennent Ă des branches distinctes les unes des autres dont la divergence est trĂšs antĂ©rieure au dĂ©veloppement des caractĂ©ristiques communes, celles-ci rĂ©sultant dâun phĂ©nomĂšne ultĂ©rieur de convergence linguistique plutĂŽt que dâun hĂ©ritage ou dâun substrat ancien commun[6].
- Dans la perspective oĂč le rapprochement illyrien-messapien est hypothĂ©tique en raison de la raretĂ© des donnĂ©es sur lâillyrien et oĂč les faits du messapien sont mieux connus que ceux de lâillyrien, les faits linguistiques du messapien ne sâexpliquent dâaucune façon comme proches de lâalbanais[7].
- Le messapien appartenant indubitablement au groupe centum des langues indo-europĂ©ennes, sa parentĂ© avec lâalbanais, langue satem, doit ĂȘtre exclue[8].
En principe, les perspectives 3 et 4 font lâunanimitĂ© dans la mesure oĂč elles sont compatibles avec les perspectives 1 et 2 : les typologistes universalistes de la perspective 2 et les gĂ©nĂ©alogistes daco-traces de la perspective 1 sont confortĂ©s par lâimpossiblitĂ© de dĂ©montrer de lâhypothĂšse « macro-illyrienne » regroupant messapien, illyrien et albanais. Les uns y voient une confirmation que toute hypothĂšse de classification phylogĂ©nĂ©tique des langues palĂ©o-balkaniques est illusoire, les autres y voient la confirmation que le rattachement de lâalbanais au groupe daco-thrace des langues palĂ©o-balkaniques est plausible. Ce genre de consensus laisse en suspens une foule de dĂ©tails : notamment, en raison de la pauvretĂ© des donnĂ©es sur la langue, il nây a pas mĂȘme de consensus pour savoir si lâillyrien Ă©tait bien une langue centum (historiographie albanaise) ou bien satem (autres ouvrages).
En conclusion, sâil y a consensus (protochronistes mis Ă part), câest pour rejeter tout lien de lâalbanais avec le messapien et l'illyrien ; un courant majoritaire laisse indĂ©terminĂ©e la position de lâalbanais dans lâensemble palĂ©o-balkanique, et un courant minoritaire rattache lâalbanais au groupe daco-thrace des langues thraco-illyriennes, avec deux hypothĂšses :
- une origine thrace Ă lâest de lâantique Illyrie mais voisine de celle-ci, dans les actuels Kosovo et Serbie (impliquant donc une autochtonie balkanique) ;
- une origine dace au nord du Danube (rejetĂ©e par lâhistoriographie albanaise car elle implique une non-autochtonie) : selon ce point de vue, la toponymie et une partie du lexique albanais montreraient que les territoires actuels de lâAlbanie et du Kosovo ont Ă©tĂ© romanisĂ©s dans lâintĂ©rieur et hellĂ©nisĂ©s sur la cĂŽte avant que les ancĂȘtres des Albanais modernes nâarrivent de Dacie : ce seraient des Daces non-romanisĂ©s, les Carpes dont on sait quâils ont migrĂ© au IVe siĂšcle vers les Balkans pour fuir les invasions des Goths, des Huns et des GĂ©pides, ce qui expliquerait le lexique commun Ă lâalbanais et au roumain[9] - [10] - [11].
MĂȘme contradictoires et polĂ©miques, toutes ces hypothĂšses situent unanimement lâethnogenĂšse albanaise avant lâarrivĂ©e des Slaves mĂ©ridionaux au VIe siĂšcle.
Notes et références
- Le messapien nous est connu par un corpus d'environ 260 inscriptions remontant pour la plus ancienne Ă environ 600 av. J.-C.
- Notamment, en ordre alphabĂ©tique: Alföldy (1964), Duridanov (1976), Georgiev (1960a, 1960b, 1961, Hamp (1957, 1966), KatiÄiÄ (1964, 1976), Kortlandt (1988), Krahe (1925, 1929, 1955), Kronasser (1962, 1965), Neroznak (1978), Paliga (2002), PolomĂ© (1982), Sergent (1995), de Simone (1964), RÄdulescu (1984, 1987, 1994), Russo (1969), Untermann (1964, 2001), Watkins (1998), Wilkes (1992).
- Pollo & Buda (1969) et Pollo & Arben (1974) rapportent que ce "mythe du XIXe siÚcle" a été élevé au statut de "dogme" durant le régime communiste.
- MĂ©tais (2006:33)
- Georgiev (1960a, 1960b, 1961, Kortlandt (1988 ), Russu (1969), Sergent (1995).
- Duridanov (1976), Hamp (1957, 1966), Krahe (1925, 1929, 1955), RÄdulescu (1984, 1987, 1994), Watkins (1998), Wilkes (1992). Georgiev (1960a, 1960b, 1961, Kortlandt (1988 ) et Russu (1969) souscrivent Ă la conclusion que les diffĂ©rences entre le messapien, lâillyrien et le daco-thrace sont plus importantes que les correspondances et que ces correspondances peuvent ĂȘtre attribuables aux seules interfĂ©rences que produisent le contact des langues, mais plaident pour une parentĂ© tricotĂ©e serrĂ©e entre les langues daco-traces auxquelles ils rattachent lâalbanais.
- Hamp (1957, 1966), KatiÄiÄ (1964, 1976), Krahe (1925, 1929, 1955), Neroznak (1978), PolomĂ© (1982), de Simone (1964), Untermann (1964, 2001), Wilkes (1992).
- KatiÄiÄ (1964, 1976), Krahe (1925, 1929, 1955), de Simone (1964).
- Carlos Quiles, A Grammar of Modern Indo-European, (ISBN 8461176391), page 76, fig. 47
- Asterios Koukoudis, The Vlachs : Metropolis and Diaspora, Ă©d. Zitros, Thessaloniki 2003, (ISBN 9789607760869)
- T.J. Winnifruth, Romanized Illyrians & Thracians, ancestors of the modern Vlachs, Badlands-Borderland 2003, page 44, (ISBN 0-7156-3201-9).
Voir aussi
Bibliographie
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- RÄdulescu, Mircea-Mihai (1994). "The Indo-European position of Messapic." Journal of Indo-European Studies 22.329-344
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