Balkanisation
Le terme de balkanisation est utilisé pour décrire le processus de fragmentation et de division d’une région ou d’un État en des États et régions plus petits et souvent hostiles les uns envers les autres.
Notion politique dérivée du toponyme Balkans, elle est utilisée pour la première fois par un Allemand, Walther Rathenau, en septembre 1918, dans une interview publiée par le New York Times, sans pour autant renvoyer explicitement aux réalités du sud-est de l’Europe (c'est-à -dire des Balkans). Le mot entre finalement de façon durable dans le vocabulaire politique après l’adoption des traités consécutifs à la Première Guerre mondiale. Ce rapprochement terminologique d’un processus de fragmentation politique avec les particularités de cette région de l’Europe constitue une imprécision devenue représentation courante.
Au sens strict, il y a eu deux « balkanisations » distinctes : une durant la Première Guerre mondiale, et une après la mort de Tito. Au sens élargi, le terme a aussi servi ultérieurement à qualifier d’autres processus de morcellement d’unités politiques et géographiques en plusieurs États à la viabilité variable, en profitant des divisions et tensions dans la puissance morcelée.
SĂ©mantique
RĂ©trospectivement, le terme balkanisation est parfois employĂ© en histoire et plus souvent dans les mĂ©dias, pour dĂ©signer les luttes du XIXe siècle des divers peuples de l’Europe du Sud-Est pour s’émanciper des dominations de l’Empire ottoman (FilikĂ EterĂa, guerre d'indĂ©pendance grecque, comitadjis, Orim, yougoslavisme) et de l’Autriche-Hongrie (austroslavisme, trialisme), non sans une certaine condescendance ; en fait, cette balkanisation a surtout Ă©tĂ© voulue par le congrès de Berlin en 1878. Cette condescendance a conduit Ă prĂ©fĂ©rer le terme plus neutre d’« Europe du Sud-Est » : c’est ainsi que le journal en ligne Balkan Times s’est lui-mĂŞme renommĂ© Southeast European Times en 2003.
Retrait ottoman des Balkans
Sans être total (puisque la Turquie d'Europe existe toujours en Thrace orientale), le retrait de l’Empire ottoman des Balkans s’effectue en trois étapes :
- la première à l’issue de la guerre d’indépendance grecque concerne le sud de la Grèce ;
- la deuxième à l’issue de la guerre russo-turque de 1877-1878 concerne la moitié nord des pays slaves méridionaux;
- la troisième à l’issue des guerres balkaniques de 1912-1913 concerne l’Albanie, le Kosovo, le nord de la Grèce, la Macédoine et le sud de la Bulgarie.
Dislocation de la Yougoslavie
Le terme balkanisation a été abondamment et naturellement (vue sa position géographique) utilisé pour désigner la dislocation de la Yougoslavie en sept États indépendants à la suite de la mort de Josip Broz Tito.
Dislocation de l'URSS
Le terme balkanisation a aussi été utilisé pour désigner la dislocation de l'URSS en quinze États indépendants à la suite de l’échec de la perestroïka et de la glasnost tentées par Mikhaïl Gorbatchev.
Autres utilisations
Plus rarement, le terme balkanisation a pu être employé en géopolitique pour désigner divers autres processus d’émiettement, de dissensions internes ou d’affaiblissement (balkanisation du Caucase, balkanisation de l’Irak, balkanisation de la Syrie[1], voire balkanisation de l’Union européenne[2]…).