AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Sulfure d'hydrogĂšne

Le sulfure d'hydrogĂšne, ou hydrogĂšne sulfurĂ©, est un composĂ© chimique de formule H2S, constituĂ© de soufre et d'hydrogĂšne. C'est un gaz inflammable, incolore, Ă  l'odeur nausĂ©abonde d'Ɠuf pourri, trĂšs toxique, faiblement soluble dans l'eau en donnant un acide faible, l’acide sulfhydrique. Il rĂ©agit avec les solutions aqueuses basiques et les mĂ©taux tels que l'argent ou l'acier, mĂȘme inoxydable.

Sulfure d'hydrogĂšne

Molécule de sulfure d'hydrogÚne
Identification
Nom UICPA Sulfure d'hydrogĂšne
Synonymes

HydrogÚne sulfuré
Sulfure de dihydrogĂšne

No CAS 7783-06-4
No ECHA 100.029.070
No CE 231-977-3
FEMA 3779
Apparence gaz comprimĂ© liquĂ©fiĂ©, incolore, d'odeur caractĂ©ristique d'Ɠufs pourris[1].
Propriétés chimiques
Formule H2S [IsomĂšres]
Masse molaire[2] 34,081 ± 0,005 g/mol
H 5,91 %, S 94,09 %,
Moment dipolaire 0,978 33 D[3]
Propriétés physiques
T° fusion −85,5 °C[4]
T° Ă©bullition −60,7 °C[4]
Solubilité 5 g·L-1 (eau, 20 °C)[1]

Sol. dans le disulfure de carbone, le méthanol, l'acétone
L'H2S liquide dissout le soufre et le SO2[4]

Masse volumique 1,539 g·L-1 (0 °C)[4]
T° d'auto-inflammation 260 °C[1]
Point d’éclair Gaz Inflammable[1]
Limites d’explosivitĂ© dans l’air 4,3–46 %vol[1]
Pression de vapeur saturante 1 780 kPa
Point critique 100,4 °C ;
88,9 atm[4]
Vitesse du son 289 m·s-1 (0 °C, 1 atm)[6]
Thermochimie
S0gaz, 1 bar 205,77 J/mol·K
ΔfH0gaz -20,5 kJ/mol
ΔvapH° 18,67 kJ·mol-1 (1 atm, −59,55 °C) ;

14,08 kJ·mol-1 (1 atm, 25 °C)[7]

PCI 519,1 kJ·mol-1[8]
Propriétés électroniques
1re énergie d'ionisation 10,457 ± 0,012 eV (gaz)[9]
Propriétés optiques
Indice de rĂ©fraction 1,000 644 (1 atm)[4]
Précautions
SGH[10] - [11]
SGH02 : InflammableSGH04 : Gaz sous pressionSGH06 : ToxiqueSGH09 : Danger pour le milieu aquatique
Danger
H220, H280, H330, H400, P210, P260, P273, P304, P315, P340, P377, P381, P403 et P405
SIMDUT[12]
A : Gaz compriméB1 : Gaz inflammableD1A : MatiÚre trÚs toxique ayant des effets immédiats graves
A, B1, D1A, D2B,
NFPA 704

Symbole NFPA 704.

Transport[11]
Inhalation Dangereux, les vapeurs sont trĂšs irritantes et corrosives.
Peau Les solutions concentrées peuvent provoquer des brûlures.
Yeux Dangereux, peut causer des brûlures
Ingestion Peut causer nausées et vomissements
Écotoxicologie
Seuil de l’odorat bas : 0,001 ppm
haut : 0,13 ppm[13]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

En biologie

Le sulfure d'hydrogÚne joue un rÎle important en biologie. Il est produit par la dégradation des protéines contenant du soufre et est en grande partie responsable de l'odeur fétide des excréments et des gaz intestinaux, humains et animaux[14].

Il peut résulter de décomposition bactérienne de la matiÚre organique dans des environnements pauvres en oxygÚne (méthanisation), ou de l'action des bactéries sulfato-réductrices.

SynthĂšse

La synthÚse du sulfure d'hydrogÚne peut se réaliser en deux étapes :

  • en mĂ©langeant du soufre et de la limaille de fer, on rĂ©alise un brĂ»lĂąt dans un tĂȘt (production d'une fumerolle blanche et Ăącre), ce qui donne une sorte de caillou orangĂ© (le sulfure de fer(II) (FeS) avec des traces grises (la limaille qui n'a pas rĂ©agi) ;
  • en versant n'importe quel acide (de prĂ©fĂ©rence de l'acide sulfurique, mais c'est l'ion hydronium qu'on fait rĂ©agir) sur le sulfure de fer obtenu Ă  la premiĂšre Ă©tape, il se produit immĂ©diatement un dĂ©gagement intense de sulfure d'hydrogĂšne bien reconnaissable Ă  son odeur qualifiĂ©e dans les manuels scolaires de « nausĂ©abonde », qui est celle de l'Ɠuf pourri.

On peut également faire réagir du sulfure d'aluminium Al2S3 avec de l'eau, ce qui produit, en plus du H2S, de l'hydroxyde d'aluminium.

Utilisations et industrie

Le sulfure d'hydrogÚne est naturellement présent dans le pétrole, le gaz naturel, les gaz volcaniques et les sources chaudes. Il peut également provenir de nombreuses activités industrielles.

Les premiers gaz d'Ă©clairage s'avĂšrent ĂȘtre un mĂ©lange redoutable d'hydrogĂšne, de monoxyde de carbone et de sulfure d'hydrogĂšne. Non content de dĂ©gager une odeur dĂ©sagrĂ©able d'Ɠuf pourri, le sulfure d'hydrogĂšne ou son produit de combustion le dioxyde de soufre (SO2) attaquent les mĂ©taux et les noircissent ; les peintures contenant de la cĂ©rusite (PbCO3) sont ainsi altĂ©rĂ©es. Dans les thĂ©Ăątres oĂč le gaz de houille est utilisĂ©, il flĂ©trit toutes les peintures, et peut dans le cours d'une annĂ©e, dĂ©truire toutes les dĂ©corations et les ornements les plus coĂ»teux[15] ; dans les magasins ou bibliothĂšques, on signale des effets corrosifs sur les tissus, les reliures ainsi que sur les couleurs[16]. En 1860, le London Gaz Act fixe des taux limites de sulfure d'hydrogĂšne qu'il fallut relever, les compagnies n'arrivant pas Ă  les atteindre[17].

Le sulfure d'hydrogÚne est produit par de nombreuses industries, par exemple dans la transformation des produits alimentaires, le traitement des eaux usées, les hauts fourneaux, la papeterie, la tannerie, le raffinage du pétrole. Il est également présent dans le gaz naturel et le pétrole, desquels il est généralement retiré industriellement avant leur traitement.

En chimie organique, le sulfure d'hydrogĂšne peut ĂȘtre utilisĂ© pour produire des composĂ©s organosulfurĂ©s tels que le mĂ©thanethiol, l'Ă©thanethiol ou encore l'acide thioglycolique.

Il rĂ©agit avec les mĂ©taux alcalins pour donner des hydrosulfures et des sulfures alcalins, tels que l'hydrosulfure de sodium NaHS et le sulfure de sodium Na2S, qui sont utilisĂ©s dans la dĂ©gradation des biopolymĂšres. D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le sulfure d'hydrogĂšne rĂ©agit avec les mĂ©taux pour donner le sulfure mĂ©tallique correspondant. Cette propriĂ©tĂ© est mise Ă  profit dans le traitement de gaz ou d'eau contaminĂ©s par le sulfure d'hydrogĂšne. La purification de minerais mĂ©talliques par flottation, les poudres minĂ©rales sont souvent traitĂ©es au sulfure d'hydrogĂšne pour accroĂźtre la sĂ©paration. Les piĂšces mĂ©talliques peuvent Ă©galement ĂȘtre passivĂ©es au sulfure d'hydrogĂšne.

Les catalyseurs utilisés en hydrodésulfuration sont couramment activés par le sulfure d'hydrogÚne, et ce dernier modifie également le comportement des catalyseurs métalliques utilisés dans d'autres équipements d'une raffinerie.

En chimie analytique, il a joué un rÎle important pendant plus d'un siÚcle pour caractériser les ions métalliques en analyse qualitative non-organique. Dans ce type d'analyses, les ions de métaux lourds (et de non-métaux), tels que Pb2+, Cu2+, Hg2+, ou As3+, en solution précipitent en présence d'H2S. Les composants des précipités qui en résultent se dissolvent à nouveau sélectivement.

À l'Ă©chelle du laboratoire, le thioacĂ©tamide a supplantĂ© le sulfure d'hydrogĂšne comme source d'ions sulfure.

Le sulfure d'hydrogÚne est utilisé pour séparer l'eau lourde D2O de l'eau normale par le procédé de Girdler.

Supraconduction

Une Ă©quipe de chercheurs allemands a battu le record de tempĂ©rature la plus haute pour un matĂ©riau supraconducteur en 2015 : −70 °C[18]. Il aura Ă©tĂ© nĂ©cessaire de comprimer le sulfure d'hydrogĂšne Ă  1,5 million de bars dans une cellule Ă  enclumes de diamant.

Corrosion des métaux

Ce gaz peut s'accumuler dans les réseaux d'assainissement (gaz d'égout) et corroder les tuyaux qu'ils soient en béton ou en métal. Il peut faire suffoquer les égoutiers. Lorsqu'il est présent dans le gaz naturel, il corrode les matériels traditionnels tels que les tuyaux, les vannes, etc. Il faut alors remplacer les matériaux usuels par de l'Inconel (en milieu anhydre), ce qui n'est pas sans conséquence sur le prix des installations.

Il attaque également l'argent ; c'est la raison pour laquelle les bijoux argentés noircissent lorsqu'ils sont longuement exposés à l'atmosphÚre polluée. Le sulfure d'argent résultant de la réaction est de couleur noire.

Effets sur la santé

Le coup de plomb des vidangeurs dont on rencontre la description dans des manuels de mĂ©decine du XVIIIe siĂšcle et du XIXe siĂšcle n'est autre qu'une asphyxie au sulfure d'hydrogĂšne. Les fosses d'aisances maintenues closes sont alors le siĂšge de dĂ©compositions et de fermentations anaĂ©robies qui gĂ©nĂšrent le dangereux gaz[19] qui causait quelquefois la mort des ouvriers vidangeurs ou d'autres personnes qui approchaient de trop prĂšs des fosses[20]. En attendant qu'on en connaisse la nature, Ă  partir du XIXe siĂšcle, le gaz qui s'Ă©chappe des fosses prend les noms de « vapeur mĂ©phitique », « plomb », « mofette» (de mĂȘme racine que mĂ©phitique), « moufette » (avant les mammifĂšres rĂ©putĂ©s pour leurs sĂ©crĂ©tions) et on dĂ©signait par « fosse empoisonnĂ©e » ou « fosse plombĂ©e », les fosses qui renfermaient l'air pestilentiel pendant ou aprĂšs sa vidange. Le nom de « plomb » provenait du fait que l'asphyxie consĂ©cutive Ă  l'exposition « aux gaz mĂ©phitiques » des fosses s'accompagnait d'un sentiment d’oppression, comme un poids Ă©norme qui comprimerait la poitrine. Les pathologies associĂ©es au sulfure d'hydrogĂšne sont dĂ©crites avec beaucoup de dĂ©tails[21]. Le coup de plomb correspond Ă  une intoxication suraiguĂ« — H2S supĂ©rieur Ă  700 ppm —, perte subite de conscience, quelques convulsions et dilatation pupillaire[19]. Des prĂ©cautions sont Ă  prendre pour les Ă©goutiers qui sont aussi susceptibles d'ĂȘtre exposĂ©s au H2S[22]. Le 31 mars 2021, huit hommes sont morts intoxiquĂ©s par ce gaz dans la fosse septique d'une prison en AlgĂ©rie[23].

Le sulfure d'hydrogĂšne est considĂ©rĂ© comme un poison Ă  large spectre. Il peut donc empoisonner diffĂ©rents organes. L'inhalation prolongĂ©e de sulfure d'hydrogĂšne peut causer la dĂ©gĂ©nĂ©rescence du nerf olfactif et provoquer la mort juste aprĂšs quelques mouvements respiratoires. L'inhalation du gaz, mĂȘme en quantitĂ© relativement faible, peut entraĂźner une perte de connaissance. À partir d'un faible seuil, l'exposition Ă  l'hydrogĂšne de sulfure entraĂźne une paralysie olfactive, et il est conseillĂ© de ne pas se fier Ă  son odorat pour dĂ©celer des teneurs supĂ©rieures Ă  10 ppm[24].

L'exposition Ă  des concentrations infĂ©rieures peut avoir comme consĂ©quence des irritations des yeux, de la gorge, une toux douloureuse, un souffle court et un Ă©panchement de fluide dans les poumons. Ces symptĂŽmes disparaissent habituellement en quelques semaines. L'exposition Ă  long terme Ă  de faibles concentrations peut avoir pour consĂ©quence : fatigue, perte d'appĂ©tit, maux de tĂȘte, irritabilitĂ©, pertes de mĂ©moire et vertiges.

Dans certaines conditions, une production endogÚne de H2S est possible dans l'intestin (ainsi que d'amines, phénols, indoles, thiols, CO2, H2) par les bactéries intestinales ; ces métabolites sont tous toxiques et pourraient jouer un rÎle dans certaines maladies intestinales[25].

Les Ă©tudes sur des animaux ont prouvĂ© que les porcs ayant mangĂ© de la nourriture contenant du sulfure d'hydrogĂšne ont eu des diarrhĂ©es aprĂšs quelques jours et une perte de poids aprĂšs environ 105 jours.

En 2005, Mark Roth, biochimiste de l'UniversitĂ© de Washington Ă  Seattle, a montrĂ© que des souris inhalant durant quelques minutes une faible dose de sulfure d'hydrogĂšne (80 ppm) perdent connaissance et sont plongĂ©es dans un Ă©tat de vie suspendue[26], leur tempĂ©rature chute de 37 Ă  25 °C environ[27] et leur respiration est ralentie (de 120 Ă  moins de 10 respirations par minute). Leur mĂ©tabolisme est ralenti et leurs cellules consomment alors moins d'oxygĂšne. AprĂšs six heures, les souris ont Ă©tĂ© rĂ©exposĂ©es Ă  un air normal et se sont rĂ©veillĂ©es en bonne santĂ©. Dans ce cas, les chercheurs n'ont notĂ© aucun effet secondaire Ă©vident. Cela laisse penser « qu'il est possible de baisser le niveau mĂ©tabolique Ă  la demande » selon Roth, qui ajoute que bien que ces dĂ©couvertes puissent avoir des implications dans le domaine de l'exploration spatiale, son Ă©quipe travaille d'abord sur des dĂ©bouchĂ©s mĂ©dicaux[28].

Ce pourrait aussi ĂȘtre un moyen de limiter les effets de stress oxydant induit par les radiations lors de vols spatiaux longs[29]. Les blindages anti-rayonnement cosmique sont lourds et couteux, aussi recherche-t-on des alternatives chimiques et biologiques[29]. Des gaz mĂ©dicaux radioprotecteurs pouvant piĂ©ger les radicaux libres sont une piste (le CO, H2, NO, et le gaz H2S sont Ă©tudiĂ©s dans cet espoir, visant aussi Ă  limiter des maladies impliquant le stress oxydatif (maladies cardiovasculaires ou inflammatoire chronique, hypertension, ischĂ©mie, cancer, maladie de Parkinson, maladie d'Alzheimer, cataractes, et vieillissement)[29]. Le traitement pourrait passer par l'inhalation de mĂ©langes gazeux ou par l'ingestion d'eau avec des gaz dissous[29].

Relation odeur-santé

Le seuil de toxicitĂ© du sulfure d'hydrogĂšne est de 14 mg m−3, tandis que son seuil de perception olfactive chez l'homme est de 0,000 66 mg m−3 soit (0,000 4 ppm), c'est-Ă -dire que notre systĂšme olfactif est capable de dĂ©tecter cette substance en trĂšs faible quantitĂ©. Ceci nous permet d'ĂȘtre alertĂ© avant une absorption pouvant ĂȘtre toxique, Ă  condition que l'accroissement de la concentration de gaz ne soit pas instantanĂ©e (cas des poches de gaz dans les rĂ©seaux d'assainissement).

Cependant, Ă  partir d'un certain seuil, facile Ă  atteindre (100 Ă  150 ppm), le nerf olfactif est paralysĂ© et le sujet ne sent plus rien.

Effets du sulfure d’hydrogùne sur les humains, selon la concentration

  • 4 ppm : odeur modĂ©rĂ©e, facilement dĂ©tectable
  • 10 ppm : irritation des yeux, seuil de sĂ©curitĂ© fixĂ© pour une exposition en atelier[24]
  • 27 ppm : odeur dĂ©sagrĂ©able
  • 100 ppm : toux, irritation des yeux, perte de l’odorat au bout de 2 Ă  15 minutes
  • 200-300 ppm : inflammation des yeux et irritation de l’appareil respiratoire au bout d’une heure
  • 500-700 ppm : perte de conscience et mort Ă©ventuelle au bout de 30 Ă  60 minutes
  • 800-1 000 ppm : perte de conscience rapide, arrĂȘt de la respiration et mort
  • > 1 000 ppm : paralysie du diaphragme dĂšs la premiĂšre inhalation, asphyxie rapide[30].

Suicides au Japon

Début 2008, le sulfure d'hydrogÚne est mentionné dans beaucoup de cas de suicides au Japon.

De janvier Ă  fin , 517 personnes se sont donnĂ© la mort grĂące Ă  une recette trouvĂ©e sur internet[31], mĂ©langeant dĂ©tergents et produits pour le bain, ce qui produirait du sulfure d'hydrogĂšne en forte quantitĂ©. Plusieurs bĂątiments ont dĂ» ĂȘtre Ă©vacuĂ©s pour ne pas intoxiquer plus de monde.

Émanations dues aux Ă©chouages d'algues

Des Ă©chouages massifs d'algues (« marĂ©es vertes ») ont tendance Ă  produire du sulfure d'hydrogĂšne : l'accumulation des algues en forte Ă©paisseur cause une fermentation anaĂ©robique provoquant alors la rĂ©duction des sulfates contenus naturellement dans l'eau de mer (environ 2,7 g l−1) et la combinaison du soufre avec l'hydrogĂšne de l'eau pour former du sulfure d'hydrogĂšne.

Ainsi en , un cheval est mort des suites d'inhalation de sulfure d'hydrogĂšne sur les plages bretonnes. En effet, l'amoncellement important d'algues vertes en dĂ©composition, en partie dĂ» Ă  l'eutrophisation, a crĂ©Ă© une forte concentration d'hydrogĂšne sulfurĂ© (1 000 ppm) qui s'est rĂ©vĂ©lĂ©e mortelle pour l'animal. Le cavalier a Ă©tĂ© sauvĂ© de justesse. À la fin du mois de , ce sont 36 sangliers qui sont retrouvĂ©s morts Ă  Hillion, au niveau de l'estuaire du Gouessant. L'hydrogĂšne sulfurĂ© a Ă©tĂ© retrouvĂ© dans les poumons d'au moins cinq d'entre eux[32]. Deux Ă©tudes concluent qu'ils ont Ă©tĂ© intoxiquĂ©s par du sulfure d'hydrogĂšne liĂ© Ă  la dĂ©composition des algues vertes[33]. On considĂšre qu'un ĂȘtre humain peut survivre seulement une minute dans un air Ă  1 400 ppm d'hydrogĂšne sulfurĂ©[34]. En 2016, c'est ce mĂȘme gaz qui a provoquĂ© le dĂ©cĂšs d'un joggeur lĂ -encore dans l'estuaire du Gouessant, Ă  Hillion[35]. La Bretagne n'est pas la seule rĂ©gion touchĂ©e par la prolifĂ©ration des algues vertes : on en trouve Ă©galement en bordure de l'Ă©tang de Berre.

Dans les Caraïbes, l'échouage massif de sargasses provoque également de fortes émissions de sulfure d'hydrogÚne, agissant à la fois sur la santé humaine et sur la détérioration des appareils électroménagers.

RÎle hypothétique dans l'extinction permo-triasique

PeuplĂ©e de crĂ©atures essentiellement reptiliennes, la Terre connait un bouleversement majeur dĂ» Ă  un rĂ©chauffement climatique il y a 250 Ma. Ce rĂ©chauffement de l'atmosphĂšre provoque le ralentissement, voire l'arrĂȘt total des courants ocĂ©aniques qui sont alimentĂ©s par la descente en profondeur de l'eau froide aux pĂŽles. L'arrĂȘt des courants ocĂ©aniques a pour consĂ©quence essentielle la stagnation des ocĂ©ans. Puisque ces courants apportent de l'oxygĂšne et des nutriments nĂ©cessaires Ă  la vie marine, la plupart des crĂ©atures marines meurent et tombent au fond des ocĂ©ans. La dĂ©composition de ces animaux morts dĂ©gage d'Ă©normes quantitĂ©s de sulfure d'hydrogĂšne qui remontent Ă  la surface et viennent empoisonner l'atmosphĂšre. Les animaux terrestres sont donc affectĂ©s et sont aussi dĂ©cimĂ©s. Cette pĂ©riode de la vie terrestre est nommĂ©e extinction du Permien. MalgrĂ© tout, les causes menant Ă  l'extinction permo-triasique restent mal dĂ©finies. L'explication du sulfure d'hydrogĂšne reste une hypothĂšse Ă  corrĂ©ler Ă  d'autres.

Incident majeur

Le , Ă  Moscou, le dysfonctionnement d'un filtre dans une raffinerie de Gazprom a provoquĂ© une forte concentration de gaz dans l'atmosphĂšre, six fois supĂ©rieure Ă  la norme[36] - [37]. Un Ă©pais nuage a enveloppĂ© la ville. Les autoritĂ©s ont demandĂ© aux habitants de fermer leurs portes et leurs fenĂȘtres pour se prĂ©munir des odeurs dĂ©sagrĂ©ables.

Notes et références

  1. SULFURE D'HYDROGENE, Fiches internationales de sécurité chimique .
  2. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. (en) David R. Lide, Handbook of Chemistry and Physics, CRC, , 89e Ă©d., 2736 p. (ISBN 142006679X et 978-1420066791), p. 9-50.
  4. (en) Pradyot Patnaik, Handbook of Inorganic Chemicals, McGraw-Hill, , 1086 p. (ISBN 0-07-049439-8), p. 379.
  5. (en) Robert H. Perry et Donald W. Green, Perry's Chemical Engineers' Handbook, États-Unis, McGraw-Hill, , 7e Ă©d., 2400 p. (ISBN 0-07-049841-5), p. 2-50.
  6. (en) W. M. Haynes, Handbook of Chemistry and Physics, CRC, 2010-2011, 91e Ă©d., 2610 p. (ISBN 978-1-4398-2077-3), p. 14-40.
  7. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-4200-9084-0).
  8. Magalie Roy-Auberger, Pierre Marion, Nicolas Boudet, Gazéification du charbon, éd. Techniques de l'Ingénieur, réf. J5200, 10 décembre 2009, p. 4.
  9. (en) David R. Lide, Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC, , 89e Ă©d., 2736 p. (ISBN 978-1-4200-6679-1), p. 10-205.
  10. Numéro index 016-001-00-4 dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du rÚglement CE no 1272/2008 [PDF] (16 décembre 2008).
  11. « Sulfure d'hydrogÚne » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009.
  12. (en) « Hydrogen sulfide », sur hazmap.nlm.nih.gov (consulté le ).
  13. (en) FL Suarez, J Springfield et MD Levitt, « Identification of gases responsible for the odour of human flatus and evaluation of a device purported to reduce this odour », Gut, vol. 43, no 1,‎ , p. 100-104.
  14. Jacques-Auguste Kaufmann, V. Le Blanc et Ollivier, Adam, Architectonographie des théùtres : seconde série : théùtres construits depuis 1820. Détails et machines théùtrales. Mathias, 1840 (lire en ligne)
  15. Charles Adolphe Wurtz et Jules Bouis, Dictionnaire de chimie pure et appliquée : comprenant la chimie organique et inorganique, la chimie appliquée à l'industrie, à l'agriculture et aux arts, la chimie analytique, la chimie physique et la minéralogie, vol. 2, Hachette, 1870 (lire en ligne)
  16. Robert Hogarth Patterson (en), Gas Purification in London, including a Complete Solution of the Sulphur Question, Édimbourg, 1873, 2e Ă©d. 1874
  17. Nathalie Mayer, « Record : du sulfure d’hydrogĂšne devient supraconducteur dĂšs −70 °C », Futura-Sciences,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  18. « HydrogÚne sulfuré H2S », sur forsapre.fr.
  19. Morisot J.M., Tableaux détaillés des prix de tous les ouvrages du bùtiment, Carilian, 1814, lire en ligne
  20. Emmanuel-Cyprien-Alphonse Desplas, Essai sur les asphyxies des égouts et des fosses d'aisance ; tribut académique, etc. 1834, lire en ligne
  21. Précautions, sur u-picardie.fr
  22. https://www.elwatan.com/a-la-une/drame-au-centre-penitentiaire-de-bejaia-01-04-2021
  23. INRS, « Sulfure d'hydrogÚne - Fiche toxicologique n°32 », sur inrs.fr,
  24. (en) Macfarlane GT et Macfarlane S., Bacteria, colonic fermentation, and gastrointestinal health, J. AOAC Int., janvier-février 2012, 95(1):50-60 (résumé).
  25. « Hibernation : ceci n'est pas Walt Disney », sur Agence Science-Presse.
  26. Mark Roth, « Roth Lab ».
  27. « Des boules puantes mettent des souris en animation suspendue », sur Futura-Sciences.
  28. (en) Schoenfeld MP, Ansari RR, Nakao A et Wink D, A hypothesis on biological protection from space radiation through the use of new therapeutic gases as medical counter measures, Med. Gas Res., 4 avril 2012, 2(1):8 (résumé).
  29. MinistĂšre de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales, mai 2014 Les gaz dangereux dans les exploitations agricoles
  30. Gaz mortel au levant [PDF], Le quotidien du médecin, no 8376, 23 mai 2008.
  31. Damien Meyer / AFP, « De l'hydrogĂšne sulfurĂ© a Ă©tĂ© retrouvĂ© sur cinq des sangliers morts en Bretagne », Le Point,‎ (lire en ligne).
  32. Marielle Court, « Les algues vertes coupables de la mort des sangliers », Le Figaro,‎ (lire en ligne AccĂšs libre, consultĂ© le ).
  33. Le Figaro, Le Figaro - Sciences : Algues vertes : le risque pour l'homme est confirmé, 20 août 2009.
  34. « Algues vertes. « Le joggeur d’Hillion est dĂ©cĂ©dĂ© d’une intoxication » », sur Ouest-France.fr, (consultĂ© le )
  35. « Moscou frappée par une forte pollution au sulfure d'hydrogÚne » [vidéo], sur francetvinfo.fr
  36. « L'air de Moscou empli d'une forte concentration de sulfure d'hydrogÚne », sur rtbf.be

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • R. Molinero et R. Fagegaltier, 6. « Étude du comportement volumĂ©trique et des conditions de formation d’hydrates d’un gaz naturel contenant une forte proportion d’hydrogĂšne sulfurĂ© », 4th World Petroleum Congress, .

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.