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Pierre Dupont de l'Étang

Pierre Antoine[1], comte Dupont de l'Étang, né le à Chabanais et mort le à Paris, est un général et homme politique français de la Révolution et de l’Empire, puis ministre et parlementaire sous la Restauration. Il prend le nom de de l'Étang pour se distinguer de ses frères, le général-comte Dupont-Chaumont, et le baron Dupont de Poursat, évêque de Coutances.

Biographie

Ancien RĂ©gime

Il embrasse très jeune la carrière des armes, puisqu'à 19 ans en 1784, il sert déjà comme sous-lieutenant dans la légion française du comte de Maillebois, servant dans les Provinces-Unies pour soutenir le parti démocratique contre la Prusse. Lorsque cette légion est licenciée en 1787, il entre comme lieutenant dans un régiment d'artillerie toujours au service des Provinces-Unies de 1787 à 1790.

Guerres de la Révolution française

Il est alors rappelé en France, où un décret royal vient d'organiser l'armée française sur le pied de guerre. Il est nommé par Rochambeau, sous-lieutenant au 12e Régiment d'Infanterie le , et confirmé dans ce grade le . Le suivant, il est désigné comme aide de camp du général Theobald de Dillon, qui commande à Lille sous Dumouriez, puis est nommé capitaine au 24e régiment d'infanterie le .

Armée du Nord

Le , il se trouve à l’affaire du Pas-de-Baisieux, où la retraite ordonnée par Dumouriez est changée en déroute par la panique des soldats. Ceux-ci interprètent ce mouvement rétrograde désordonné comme une trahison orchestrée par leurs chefs, et ils se retournent contre leurs officiers. Le général Theobald de Dillon est tué d’un coup de pistolet dans la tête, tandis que Dupont de l'Étang est blessé au front en tentant de le sauver, et est laissé pour mort dans un fossé. Son frère Pierre Antoine Dupont-Chaumont est également blessé d'un coup de pistolet au bras. Il gagne Valenciennes et devient aide de camp du général Arthur de Dillon, frère de Théobald. Le , il reçoit des mains de Louis XVI la croix de chevalier de Saint-Louis pour son attitude courageuse lors de l'affaire du Pas-de-Baisieux. Il a alors 27 ans et il lui faut une dispense d'âge, rendue par l'Assemblée nationale, pour qu'il puisse recevoir cette décoration. C'est la dernière accordée des mains de Louis XVI.

Nommé provisoirement par Dumouriez adjudant-général lieutenant-colonel le , il combat vaillamment deux jours plus tard à la bataille de Valmy. Il se distingue au combat de l'Argonne et au passage des Islettes en Champagne. Il est confirmé dans son grade par le conseil provisoire exécutif le , puis nommé chef d'état-major des troupes actives de la Belgique, appelées parfois armée de Belgique.

Le , il est nommĂ© provisoirement adjudant-gĂ©nĂ©ral chef de brigade par le gĂ©nĂ©ral Dampierre, qui vient de remplacer Dumouriez. Cette nomination est confirmĂ©e le suivant par le Conseil provisoire exĂ©cutif. Il sert au camp de la Madeleine successivement comme chef d'Ă©tat-major du gĂ©nĂ©ral La Marlière le , et du gĂ©nĂ©ral BĂ©ru le suivant. Il est ensuite placĂ© sous les ordres de Houchard, qui vient de succĂ©der Ă  Custine le et nommĂ© provisoirement gĂ©nĂ©ral de brigade par les reprĂ©sentants du peuple près l'armĂ©e du Nord le . C'est d'après le conseil de Dupont que Houchard court Ă  marches forcĂ©es occuper le camp de Cassel, contrariant les projets de Frederick, duc d'York et Albany, qui mĂ©ditait de renforcer le siège de Dunkerque, et qui attendait Ă  Furnes la flottille et le train de siège embarquĂ© sur le canal. Il sert Ă  la prise de Tourcoing le , contribue puissamment Ă  la bataille d'Hondschoote qui permet la levĂ©e du siège de Dunkerque, participe Ă  la prise de Wervik, et, le , Ă  celle de Menin oĂą il fait mettre bas les armes Ă  un bataillon de grenadiers commandĂ© par le prince de Hohenlohe. Ayant Ă©tĂ© signalĂ© comme royaliste, il est suspendu de ses fonctions le , mais le 28 il y est rĂ©tabli pendant 15 jours par les reprĂ©sentants du peuple.

Il se retire alors sur ses terres, à Chabanais avec son frère, et est malgré tout confirmé général de brigade le par le Directoire exécutif. Carnot, qui ne l'a pas oublié, le rappelle au Comité de salut public, et le nomme directeur du cabinet topographique et historique militaire du Directoire. Élevé au grade de général de division le , on lui donne la direction du Dépôt de la Guerre. Le Coup d'État du 18 fructidor an V () lui fait perdre un moment ses fonctions, mais il ne tarde pas à être réintégré.

2e Campagne d'Italie

Lors du Coup d'État du 18 brumaire (), il se trouve parmi les généraux dévoués à la fortune naissante de Bonaparte qui le nomme le chef d'état-major du général Berthier à l'« armée de Réserve ».

Le premier consul destine cette armée à la conquête de l'Italie où le général Dupont se distingue : il entre le premier dans la ville de Bard et se signale à l'attaque du fort les 21 et . Après avoir pris part à la bataille de Marengo le , il est chargé le lendemain de négocier avec le général autrichien von Melas la capitulation d'Alexandrie, qui livre aux Français douze places fortes et l'Italie jusqu'au Mincio, c'est-à-dire tout ce qu'ils ont perdu depuis quinze mois à l'exception de Mantoue. Le général Dupont reçoit alors le titre de ministre extraordinaire provisoire du gouvernement français en Piémont le , et est chargé de réorganiser la République cisalpine.

Remplacé le par Jourdan, il devient lieutenant du général en chef, prend le commandement de l'aile droite de l'armée d'Italie le , et est chargé par Brune le d'envahir la Toscane. Le , il entre à Florence où il établit un gouvernement provisoire, et le il est à Livourne. Sa courte administration donne lieu à des accusations qui ont pesé sur la plupart des généraux français en Italie, mais en ce qui concerne Dupont, rien n'est prouvé. Le premier consul est retourné en France, laissant à ses lieutenants le soin d'achever et d'organiser ses conquêtes.

Le gĂ©nĂ©ral autrichien Bellegarde occupe encore la ligne du Mincio avec 70 000 hommes, appuyĂ© d'un cĂ´tĂ© au lac de Garde et de l'autre Ă  Mantoue. Le gĂ©nĂ©ral Macdonald a reçu l'ordre de franchir les Alpes avec l'armĂ©e des Grisons, tandis que le gĂ©nĂ©ral Brune doit remonter au nord se joindre Ă  Macdonald, puis se porter tous deux aux sources du Mincio et de l'Adige pour faire tomber toute la ligne dĂ©fensive des Autrichiens qui s'Ă©tendait des Alpes Ă  l'Adriatique. Dupont quitte la Toscane le pour rejoindre le gros de l'armĂ©e. Le , Macdonald passe le SplĂĽgen et arrive devant le Tyrol italien. Il reste Ă  Brune de forcer le passage du Mincio, et le , il enlève les positions autrichiennes en avant de ce fleuve. Le gĂ©nĂ©ral Delmas commande l'avant-garde, Moncey la gauche, Michaud la rĂ©serve, tandis que Dupont a le commandement de la droite. Le Mincio, grossi par les pluies, n'est pas guĂ©able, et les ponts de Borghetto et de Valeggio sont solidement retranchĂ©s. Brune rĂ©solut de tenter le passage en deux points : Ă  Pozzolo et Ă  Monzambano, ce dernier point devant ĂŞtre choisi pour l'attaque sĂ©rieuse. La grande attaque de Monzambano et la diversion de Pozzolo sont indiquĂ©es pour la nuit du 24 au .

Le 25 au matin, Dupont, chargĂ© de la diversion, couronne d'artillerie les hauteurs du moulin de la Volta, jette un pont, et, favorisĂ© par le brouillard, porte de l'autre cĂ´tĂ© du fleuve la division Watrin. Cependant, Ă  Monzambano, l'attaque a Ă©tĂ© remise et Dupont se retrouve seul sur la rive gauche contre toute l'armĂ©e autrichienne. Bellegarde dirige des masses serrĂ©es contre le corps qui a franchi le Mincio. Dupont a fait prĂ©venir Suchet qui observait, entre Pozzolo et Monzambano, le pont retranchĂ© (it) de Borghetto. Suchet accourt, quant Ă  Brune, il se contente de remplacer devant Borghetto le corps de Suchet par la division Boudet. Dupont, s'inquiĂ©tant peu d'ĂŞtre soutenu, s'est engagĂ©, a enlevĂ© Pozzolo et Ă©tabli une nouvelle division sur la rive gauche, la division Monnier. Sous la protection de ses batteries il soutient une attaque formidable, mais le nombre finit par l'emporter : Monnier est chassĂ© de Pozzolo et Dupont va ĂŞtre rejetĂ© dans le fleuve, quand Suchet prend sur lui de dĂ©tacher la brigade Clauzel et une partie de la division Gazan. Suchet appuie le passage de ces renforts par un feu d'artillerie meurtrier depuis la rive droite. Cela permet de sauver et de dĂ©sengager les troupes du gĂ©nĂ©ral Dupont. Dupont reprend l'offensive, Pozzolo est disputĂ© avec acharnement, pris et repris six fois. Le combat se prolonge tout le jour et 6 000 hommes tombent des deux cĂ´tĂ©s. Le soir venu Dupont reste maĂ®tre d'un point de la rive gauche contre un ennemi trois fois supĂ©rieur en nombre, et le lendemain, Brune se dĂ©cide Ă  passer Ă  Monzambano, mais l'honneur du passage et de la dĂ©faite des Autrichiens revient Ă  Dupont. Suchet fait avec lui 4 000 prisonniers sur le gĂ©nĂ©ral Bellegarde.

Le , il quitte l'armée d'Italie, et il commande successivement la 2e division militaire à Mézières le , la 1re division du camp de Compiègne sous Ney le , et la 1re division du camp de Montreuil le . Le , il est nommé grand officier de la Légion d'honneur.

L'hôtel de Beauvau, résidence parisienne du général Dupont de l'Étang.

Il achète, l'année suivante, le château de Rochebrune, et, en 1807, fait de l'hôtel de Beauvau, rue du Faubourg-Saint-Honoré, sa résidence parisienne.

Grande Armée

Quand la Grande ArmĂ©e est formĂ©e, Dupont obtient le commandement de la 1re division du 6e corps sous Ney, et il passe le Rhin Ă  Lauterbourg le . Le gĂ©nĂ©ral autrichien Mack a pris position Ă  Ulm, sur le haut-Danube, attendant les Français par la ForĂŞt-Noire, alors que ceux-ci passent le Danube Ă  Donauworth, tournant ainsi les Autrichiens et les sĂ©parant des Russes campĂ©s près de Vienne sous le commandement de Koutouzov. Pendant que NapolĂ©on ferme ainsi aux Autrichiens la retraite du Tyrol et se prĂ©pare Ă  livrer une grande bataille sur l'Iller, il confie Ă  Dupont la garde de la rive gauche du Danube. Cette position, apparemment sans importance, peut se rĂ©vĂ©ler dangereuse, si le gĂ©nĂ©ral Mack songe Ă  s'Ă©chapper d'Ulm de ce cĂ´tĂ©, en Ă©crasant la faible division de 6 000 hommes de Dupont. Celui-ci, en s'approchant d'Ulm, se trouve tout Ă  coup en prĂ©sence de 60 000 Autrichiens Ă©tablis sur la colline de Michealsberg et au village de Haslach. Dupont ne dispose que de trois rĂ©giments d'infanterie, deux de cavalerie et quelques pièces de canon. Le gĂ©nĂ©ral français comprend qu'une retraite risquerait de rĂ©vĂ©ler sa faiblesse aux Autrichiens, qui ne manqueraient pas alors de le culbuter et de s'Ă©chapper ainsi. Il choisit donc au contraire d'attaquer pour faire croire Ă  ses adversaires qu'il est Ă  l'avant-garde d'un corps puissant. Avec ses 6 000 hommes, Dupont engage le combat avec 25 000 Autrichiens commandĂ©s par l'archiduc Ferdinand d'Autriche. Les Français rencontrent d'abord du succès et font 1 500 prisonniers, mais l'archiduc, renonçant Ă  une attaque de front, s'emploie Ă  contourner les deux ailes de la petite armĂ©e. Sur la droite de Dupont, le petit village de Jungingen est pris et repris cinq fois. Après cinq heures d'affrontement, Dupont est contraint de se retirer sur Albeck, emmenant avec lui 4 000 prisonniers.

Cette affaire arrête les Autrichiens qui s'échappent finalement par la Bohême. Le , Napoléon, arrivant à Ulm, reconnaît la faute commise en laissant la division Dupont isolée sur la rive gauche du Danube. Par ses ordres, le maréchal Ney établit les communications entre les deux rives en remportant le la bataille d'Elchingen, victoire à laquelle Dupont contribue en empêchant le retour vers Ulm du corps de Werneck, contribuant à enfermer définitivement le corps de Mack dans Ulm.

Après la capitulation d'Ulm et l'invasion de la haute Autriche, la division Dupont, renforcĂ©e des Hollandais de Marmont, rĂ©unie aux divisions Gazan et Dumonceau, et placĂ©e sous le commandement du marĂ©chal Mortier, est chargĂ©e d'Ă©clairer, sur la rive gauche du Danube, les routes de BohĂŞme et de Moravie du au . Le , ce corps, qui n'est pas encore concentrĂ© et compte environ 5 000 hommes, rencontre le gros de l'armĂ©e russe Ă  DĂĽrnstein. Après un combat acharnĂ©, le marĂ©chal reste maĂ®tre du terrain, fait Ă  l'ennemi 1 500 prisonniers et s'avance jusqu'Ă  Stein, avant d'ĂŞtre enveloppĂ© par des forces supĂ©rieures. Dupont, apprenant la situation dangereuse du marĂ©chal, accourt sur les lieux avec ses troupes, force les dĂ©filĂ©s et dĂ©gage la division Gazan en pĂ©ril. Victorieuses mais mutilĂ©es, les deux divisions vont Ă  Vienne panser leurs blessures, et c'est ainsi que Dupont ne peut participer, ni assister Ă  la bataille d'Austerlitz.

Le , il est nommĂ© commandant la 1re division du 1er corps sous les ordres du marĂ©chal Bernadotte Ă  la Grande ArmĂ©e. Après IĂ©na, le prince Eugène de Wurtemberg s'est portĂ© sur Halle avec 18 000 hommes pour recueillir les dĂ©bris de l'armĂ©e prussienne. Dupont est chargĂ© de dĂ©truire cette dernière ressource de l'ennemi. Le , le prince de Wurtemberg s'est postĂ© derrière la ville, et on ne peut arriver jusqu'Ă  lui qu'en forçant un long pont sur la Saale dĂ©fendu par de l'artillerie. Dupont parvient cependant Ă  culbuter les troupes chargĂ©es de dĂ©fendre la tĂŞte de pont, franchit le pont et entre dans la ville avec les Prussiens qu'il refoule et qu'il chasse par l'autre extrĂ©mitĂ©. Sortant de Halle, il attaque ensuite avec 5 000 hommes un corps de 12 000 Prussiens retranchĂ©s sur les hauteurs et, secouru par la division Drouet, rejette sur l'Elbe la rĂ©serve prussienne dĂ©cimĂ©e. Deux jours après, NapolĂ©on arrive en personne sur le terrain du combat. Jugeant les difficultĂ©s de ce coup de main, il dĂ©clare : « j'eusse hĂ©sitĂ© Ă  attaquer avec 60 000 hommes. »

Le 1er novembre, il sert au combat de Nossentin, le Ă  la prise de LĂĽbeck et le Ă  la bataille de Mohrungen. Il est vainqueur au combat de Grabau le ainsi qu'Ă  celui de Braunsberg le , oĂą il met en dĂ©route un corps de 10 000 hommes, auquel il fait 2 000 prisonniers et prend seize pièces de canon. Le , jour de la bataille de Friedland, la division Dupont forme, en avant de Posthenen, la tĂŞte du corps de Bernadotte, temporairement placĂ© sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Victor. Pendant que le marĂ©chal Ney pĂ©nètre Ă  travers les masses russes pour occuper les ponts de Friedland et jeter l'ennemi dans l'Alle, Dupont aperçoit la division Bisson prise entre deux feux. Sa division se porte Ă  son secours, arrĂŞte les Russes et permet aux soldats de Ney de se reformer. Les Russes, acculĂ©s Ă  la rivière, tentent un dernier effort en fondant Ă  la baĂŻonnette sur la division Dupont, mais celle-ci parvint Ă  les rejeter dans les faubourgs de Friedland, oĂą Ney et Dupont se rejoignent.

Dupont joue ainsi un rĂ´le important dans le succès du plan de NapolĂ©on, et c'est aussi la première bataille oĂą il combat sous les yeux mĂŞmes du souverain. Ce dernier lui donne, le , le titre de grand aigle de la LĂ©gion d'honneur (correspondant Ă  la dignitĂ© actuelle de grand-croix). Il obtient une dotation de 19 261 francs de rente sur le grand-duchĂ© de Varsovie le , est nommĂ© commandant supĂ©rieur de Berlin le et obtient une dotation supplĂ©mentaire de 5 882 francs de rente annuelle sur le Grand Livre le . Après la paix de Tilsitt, il rentre en France oĂą il est nommĂ© commandant en chef du 2e corps d'observation de la Gironde, en partance pour l'Espagne.

Bailén et ses conséquences

Il arrive Ă  Vitoria le , et Ă  Valladolid le . Le , il obtient une dotation de 19 000 de rente annuelle sur le Hanovre. Il arrive Ă  Aranjuez le , Ă  Tolède le 24, et Ă  Andujar le .

À cette époque, sa renommée est grande dans l'armée. Le général Foy dit de lui dans son Histoire de la guerre dans la Péninsule : « Il n'y avait pas dans l'empire un général de division classé plus haut que Dupont. L'opinion de l'armée, d'accord avec la bienveillance du souverain, le portait au premier rang de la milice ; et quand il partit pour l'Andalousie, on ne doutait pas qu'il ne trouvât à Cadix son bâton de maréchal. » C'était sans compter sur le soulèvement général de l'Espagne. L'entrevue de Bayonne, qui a conduit à l'abdication forcée de Charles IV, puis à celle de son fils Ferdinand VII en faveur de Napoléon, a changé en haine ardente la passagère sympathie que le peuple espagnol a ressentie pour l'empereur des Français. Le , Madrid s'était soulevé, puis les Asturies, la Galice, le León et la Castille suivirent cet exemple.

Dupont marche sur Cordoue avec la division Barbou composĂ©e d'environ 12 000 hommes. Il culbute devant Cordoue (bataille du pont d'Alcolea les volontaires du gĂ©nĂ©ral espagnol Echevarri, puis s'empare de la ville ; il y est encore lorsque le gĂ©nĂ©ral Castaños, avec 40 000 hommes, menace de couper ses communications avec Madrid. Dupont rĂ©trograde jusqu'Ă  Andujar oĂą il reçoit des secours qui lui permettent de commencer la retraite. Il y apprend sa nomination de comte de l'Empire le . Il reste Ă  Andujar et perd un temps prĂ©cieux ; quand enfin il dĂ©campe de cette ville et arrive Ă  BailĂ©n, il se trouve cernĂ© par toute l'armĂ©e espagnole.

Dupont signe avec le gĂ©nĂ©ral espagnol Castaños une capitulation dĂ©plorable le . 20 000 Français doivent mettre bas les armes ; ils doivent ĂŞtre transportĂ©s en France, mais la capitulation est violĂ©e et on les envoie mourir sur les pontons de Cadix. Les rĂ©sultats de cette capitulation sont immenses.

Dupont s'embarque à Cadix sur Le Saint-Georges, quitte le port le , et arrive à Toulon le , où il est immédiatement arrêté comme ayant trahi les intérêts de l'armée.

Il est transféré à Paris le , pour être jugé devant la haute cour impériale avec les autres généraux responsables de la capitulation, mais Cambacérès empêche qu'on ne donne suite à ce projet. Ce n'est que trois ans plus tard le , qu'un conseil d'enquête, composé de quinze membres[2] se réunit pour donner son avis sur la capitulation de Baylen.

Le , à la suite de cet avis, Napoléon destitue Dupont de ses grades, décorations, titres et dotations, et ordonne son transfert dans une prison d'état. Il est enfermé au fort de Joux, puis à la citadelle de Doullens, et enfin mis en surveillance à Dreux jusqu'au retour de Louis XVIII.

Restauration française

Le gouvernement provisoire le nomme en , commissaire au département de la Guerre, poste dans lequel il est confirmé () avec rang de ministre.

Le , le roi ordonne que « le dossier de sa condamnation qui, indépendamment de son plus ou moins d'injustice, portait tous les caractères d'un acte arbitraire plutôt que d'une condamnation régulière et légale », serait révisé, et casse par une ordonnance royale le décret impérial de sa destitution. L'administration du général Dupont n'est pas heureuse : de nombreuses destitutions, le gaspillage de la Légion d'honneur, des nominations de complaisance aux grades de l'armée, provoquent des plaintes. Il sert d'autre part les passions du parti réactionnaire avec un tel excès, qu'au bout de quelques mois, le roi est obligé de lui retirer le portefeuille de la guerre () et de l'éloigner. Remplacé par Soult, on lui confie en échange le gouvernement de la 22e division militaire et la croix de commandeur de Saint-Louis.

De nouveau destitué pendant les Cent-Jours (), et enfermé à Doullens, il est libéré après la rentrée des Bourbons. Réintégré au retour de Gand, et il est nommé ministre d'État et membre du conseil privé le .

Le , le collège de département de la Charente l'élit[3] député : il siège et vote avec la minorité de la Chambre introuvable et voit renouveler son mandat jusqu'en 1830 :

Il échoue[9] à Confolens, aux élections du , contre M. Pougeard-Dulimbert, député sortant, et ne se représente plus. Durant ces diverses législatures, le général Dupont a siégé au centre gauche parmi les constitutionnels[10].

Admis à faire valoir ses droits à la retraite le , il rentre dans la vie privée. Il meurt à Paris le ; il a 74 ans. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (8e division, 1re ligne, chemin Chenier[11]).

Ĺ’uvres

Ce général cultivait la poésie dans sa retraite. On a de lui :

  • des essais poĂ©tiques, dont :
  • une traduction des Odes d'Horace, 1836 ;
  • des ouvrages politiques, historiques ou militaires :
    • Observations sur l'Histoire de France de l'abbĂ© de Montgaillard,
    • Une opinion sur le nouveau mode de recrutement (1818),
    • MĂ©moires militaires.

Duellistes

Un épisode de la vie de Pierre Dupont de l'Étang a inspiré un roman de Joseph Conrad, le duel (1908) qui a lui-même inspiré le célèbre film de Ridley Scott, les Duellistes (1977). En effet, Dupont a servi de modèle au personnage de Armand d'Hubert, interprété par Keith Carradine dans le film. Sur une période d'environ 20 ans, Dupont de l’Étang a affronté en duel à une vingtaine de reprises un autre officier, d'un tempérament particulièrement querelleur, François Fournier Sarlovèze, surnommé par les espagnols el demonio (Féraud, dans le film, interprété par Harvey Keitel).

RĂ©capitulatifs

Carrière

Titre

  • Comte Dupont et de l'Empire (dĂ©cret du et lettres patentes signĂ©e le Ă  Bayonne[12]). Il doit son surnom de l'Étang Ă  l'Ă©tang Bouchaud situĂ© Ă  la limite des paroisses de Chabanais et d'Etagnac (Ă  moins que ce ne soit l'Ă©tang des Combes, sur Etagnac, appartenant aussi aux Dupont)[13].

DĂ©corations

Grand aigle de la LĂ©gion d'honneur Commandeur de Saint-Louis

Armoiries

Figure Blasonnement
Armes de la famille Dupont de Chabanais

D'azur, à un pont d'argent, surmonté de trois étoiles d'or, rangées en chef.[16] - [13]

 Armes parlantes (pont⇔Dupont Ce lien renvoie vers une page d'homonymie.).
Ou
Écartelé : aux 1 et 4, d'azur, à un lévrier courant d'argent, acc. au canton dextre du chef d'une étoile du même, brochant sur un rameau d'olivier d'or en bande; au 2, d'azur, à un château flanqué de deux tours d'or, ouvert et ajouré de sable, ch. d'un écusson d'or, au-dessus d'or, au-dessus de la porte, surch. d'un P de sable ; au 3, contre-écartelé: a. de gueules à la fasce d'argent ; b. d'argent à une couleuvre ondoyante en pal d'azur; c. d'argent au lion de gueules; d. d'argent à une pique de sable.[16]
Armes du comte Dupont et de l'Empire

Ecartelé; au premier des comtes sortis de l'armée; au deuxième de gueules au château-fort d'or, brisé, flanqué de deux tours, crénélé, maçonné et ouvert de sable, chargé au-dessus de la porte d'un écusson aussi d'or à la filière de sable chargé lui-même d'un P de sable, au troisième écartelé, au premier de gueules à la fasce d'argent; au second d'argent à la givre d'azur; au troisième d'argent au lion rampant de gueules; au quatrième d'argent au drapeau de sable posé en pal; au quatrième d'azur à la levrette contournée et courant d'argent, accostée en chef à sénestre d'une branche de laurier d'or et d'une étoile d'argent; l'étoile brochant sur le laurier.[12]

Heraldique : Couronne de comte français
Armes du comte Dupont de l'Étang
Selon une toile[17] au-dessus de la cheminée du Château de Rochebrune
D'azur au pont ébréché d'argent de trois arches, soutenu d'une rivière du même, agitée de sinople, surmonté de trois étoiles mal ordonnées d'or.[13]
Sur le vitrail de la chapelle du château de Rochebrune
Écartelé : aux 1 et 4, d'azur, au pont ébréché d'argent de trois arches, soutenu d'une rivière du même, agitée de sinople, surmonté de trois étoiles mal ordonnées d'or ; au 2, de sinople au chêne d'argent accosté à dextre d'un chien, assis du même, et surmonté d'un œil ouvert au naturel et rayonnant d'argent ; au 3, d'or au sautoir de gueules cantonné de quatre étoiles à six rays d'azur.[13]
Selon Rietstap
Écartelé : aux 1 et 4, d'azur, au pont d'argent de trois arches, surmonté de trois étoiles d'or ; au 2, de sinople à l'olivier d'or, au pied duquel veille un chien du même, et surmonté d'un œil d'argent ; au 3, d'or au sautoir de gueules cantonné de quatre étoiles à cinq rays de sable.[16] - [13]

Famille

Pierre Dupont (dit aussi "De l'Étang") s'est marié, le , à Jeanne Joséphine Grâce Bergon, fille de Joseph-Alexandre Bergon, directeur général des Eaux et Forêts, et de Jeanne Françoise Grâce Isnard. La comtesse Dupont de l'Étang meurt au château des Ternes (Paris), le .

Il est né deux enfants de cette union :

  • Jean Pierre ThĂ©ophile Gustave comte Dupont ; nĂ©....., dĂ©cĂ©dĂ© ; mariĂ© Ă  Mlle Lidorie Beckam, dĂ©cĂ©dĂ©e , dont : Arthur comte Dupont.
  • Claire JosĂ©phine Grace AthĂ©naĂŻs Dupont ; mariĂ©e Ă  Eugène Panon Desbassayns de Richemont, comte de Richemont.

Un autre enfant, Amand dit Aimé Dupont, lui était né en 1790 à Maastricht. Il devint colonel du génie, en garnison au Havre en 1842.

Sa nièce (fille de son frère François Dupont-Savignat), Claire Dupont, est la mère du président de la République Sadi Carnot[13].

Notes et références

  1. « Cote C/0/56 », base Léonore, ministère français de la Culture
  2. Ces membres étaient : le prince archi-chancelier Cambacérès, les princes de Neuchâtel et de Bénévent, les ducs de Massa, de Feltre, d'Istrie et de Conegliano, les comtes de Cessac, de Lacépède, de Fermon, Regnaud de Saint-Jean-d'Angély, Boulay, Andréossy, Ganteaume et Muraire
  3. Par 193 voix sur 214 votants et 289 inscrits.
  4. Par 131 voix sur 208 votants et 280 inscrits.
  5. Par 228 voix sur 255 votants et 348 inscrits.
  6. Par 133 voix sur 202 votants et 249 inscrits.
  7. 51 voix.
  8. Par 111 voix sur 216 votants et 254 inscrits.
  9. Avec 92 voix contre 115 Ă  l'Ă©lu.
  10. « Amis et passionnés du Père-Lachaise », Dupont de l’Étang Pierre, général comte Chabanais (1765-1840), 8e division (1re ligne, chemin Chenier), sur www.appl-lachaise.net, (consulté le )
  11. « BB/29/966 page 58. », Titre de comte, accordé par décret du , à Pierre Dupont. Bayonne ()., sur chan.archivesnationales.culture.gouv.fr, Centre historique des Archives nationales (France) (consulté le )
  12. Jean Michel Ouvrard, « Dupont de Chabanais » (consulté le )
  13. « Dupont de l'Étang (Pierre, comte) », dans A. Lievyns, Jean Maurice Verdot, Pierre Bégat, Fastes de la Légion d'honneur, biographie de tous les décorés accompagnée de l'histoire législative et réglementaire de l'ordre, vol. III, [détail de l’édition] (BNF 37273876, lire en ligne), p. 195-198
  14. Testu, Almanach impérial pour l'année 1810 : présenté à S.M. l'Empereur et Roi par Testu, Paris, Testu, (lire en ligne)
  15. Jean-Baptiste Rietstap, Armorial général, t. 1 et 2, Gouda, G.B. van Goor zonen, 1884-1887
  16. Peinture réalisée par la comtesse Dupont, Jeanne Joséphine Grâce Bergon.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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