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Intoxication Ă  l'arsenic

L’intoxication Ă  l’arsenic est un empoisonnement provoquĂ© par l’arsenic. On le dit aigu (en cas de forte dose) ou chronique (exposition longue Ă  de faibles doses).

Intoxication à l’arsenic
Classification et ressources externes
CIM-10 T57.0
CIM-9 985.1
eMedicine 812953
MeSH D020261

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

La principale source d'intoxication chronique dans le monde semble ĂȘtre l'eau de forage qui dans plusieurs pays ou rĂ©gions est naturellement chargĂ©e en arsenic. Selon une Ă©tude publiĂ©e en 2007, plus de 137 millions de personnes, vivant dans plus de 70 pays sont probablement affectĂ©es par une intoxication chronique Ă  l'arsenic Ă  partir de l'eau de boisson[1].

Ce métalloïde est un poison qui peut conduire à la mort par inhibition allostérique des enzymes indispensables au métabolisme, induisant une défaillance multiple des organes.

Il inhibe principalement les enzymes exigeant la prĂ©sence d'acide lipoĂŻque comme cofacteur, tels que la pyruvate dĂ©shydrogĂ©nase et l'alpha-cetoglutarate dĂ©shydrogĂ©nase. Pour cette raison, les substrats produits avant l’étape de la dĂ©shydrogĂ©nase comme le pyruvate et le lactate s'accumulent. Il affecte en particulier le cerveau, provoquant des troubles neurologiques et la mort.

L’arsĂ©nicisme dĂ©signe l'intoxication chronique Ă  l'arsenic par opposition Ă  l'intoxication aiguĂ«.

SymptĂŽmes

Les symptÎmes de l'intoxication aiguë sont :

  • violentes douleurs abdominales dues Ă  des spasmes intestinaux ;
  • une sensibilitĂ© et tension de l’abdomen ;
  • nausĂ©es ;
  • salivation excessive ;
  • vomissements (les vomissures sont verdĂątres ou jaunĂątres, parfois striĂ©es de sang) ;
  • sensation de sĂ©cheresse et de constriction de la gorge, soif, raucitĂ© de la voix et des difficultĂ©s de la parole ;
  • diarrhĂ©e, tĂ©nesme et parfois excoriations de l'anus ;
  • une atteinte de l’appareil urinaire est possible avec de violentes douleurs de type brĂ»lures ;
  • convulsions et crampes ;
  • sueurs froides, lividitĂ©s des extrĂ©mitĂ©s, traits tirĂ©s, yeux rouges et brillants ;
  • puis dĂ©lire et mort.

Certains de ces symptĂŽmes peuvent ĂȘtre absents lorsque l'intoxication est la consĂ©quence d’une inhalation, sous forme de trihydrure d'arsenic.

Les symptĂŽmes de l'empoisonnement chronique par l'arsenic sont :

  • des cĂ©phalĂ©es, qui peu Ă  peu peuvent s’aggraver avec apparition d’étourdissements ;
  • une « cĂ©citĂ© nocturne » (perte de vision dans le noir), induite par une carence en vitamine A et souvent liĂ©e Ă  un risque accru de maladies cardiaques[2].

L'empoisonnement chronique par l'arsenic peut aussi provoquer une grande variété de troubles (taches sur la peau, cancer de la peau, hyperkératose des pieds...)

La présence d'arsenites inorganiques (arsenic (III)) dans l'eau potable est beaucoup plus dangereuse (toxicité aiguë) que la présence d'arsenates organiques (arsenic (V))[3]. La dose létale minimale aiguë de l'arsenic chez l'adulte est estimé à 70 à 200 mg ou 1 mg/kg/jour[4].

Diagnostic

Il est trÚs important de consulter immédiatement un médecin si un empoisonnement par l'arsenic est suspecté.

Une intoxication en cours peut ĂȘtre diagnostiquĂ©e ou confirmĂ©e par dosage de l'arsenic dans le sang ou dans l'urine (les composĂ©s organiques de l'arsenic tendent Ă  ĂȘtre Ă©liminĂ©s dans l'urine sous forme inchangĂ©e, alors que les formes inorganiques seront largement transformĂ©es en composĂ©s organiques de l'arsenic dans le corps avant l'excrĂ©tion urinaire).

Le test urinaire est le plus fiable pour mesurer l'exposition à l'arsenic les jours précédents.
Pour dĂ©crire prĂ©cisĂ©ment une contamination, l'analyse d'urine doit ĂȘtre faite dans les 24-48 heures aprĂšs l'exposition aiguĂ«.
En médecine du travail, les analyses d'urine se font en fin de poste ou aprÚs une semaine complÚte de travail.

L'enquĂȘte mĂ©dico-lĂ©gale peut le rechercher et doser dans la peau et les phanĂšres (ongles, cheveux qui conservent l'arsenic accumulĂ© lors de leur croissance si l'organisme y Ă©tait exposĂ© dans les 6 Ă  12 mois prĂ©cĂ©dents). La composition capillaire peut maintenant ĂȘtre analysĂ©e Ă  partir d'un seul cheveu (alors qu'il fallait autrefois homogĂ©nĂ©iser et dissoudre plusieurs mĂšches de cheveux).
Une biosurveillance de l'arsenic et d'autres métaux ou métalloïdes est maintenant possible via des techniques de microanalyse telles que le rayonnement synchrotron fluorescence X (SXRF) (Synchroton radiation based X ray fluorescence ou SXRF) ou encore la PIXE (spectroscopy and Microparticle induced X ray emission).

Des techniques analytiques ad hoc sont utilisées pour distinguer les formes organiques et/ou inorganiques de cet élément chimique.

L'indice biologique d'exposition actuel pour un travailleur amĂ©ricain est de 35 mg/L pour l'arsenic urinaire total, taux qui peut ĂȘtre rapidement dĂ©passĂ© par une personne en bonne santĂ© ayant consommĂ© un repas de fruits de mer[5].

Les tests permettent de mesurer un niveau par rapport à une moyenne, mais en raison de différences et susceptibilités individuelles et génétiques, sauf en cas de doses trÚs élevées, ils ne peuvent pas prédire si les niveaux d'arsenic dans le corps auront une incidence sur la santé[6].

Traitement

Des médicaments de synthÚse sont maintenant disponibles pour traiter l'empoisonnement par l'arsenic.

Le dimercaprol, le DMSA et le DMPS sont des chĂ©lateurs qui sĂ©questrent l'arsenic Ă  l’extĂ©rieur des protĂ©ines du sang et sont utilisĂ©s dans le traitement de l'intoxication aiguĂ« par l'arsenic. L’effet secondaire le plus important est l’hypertension artĂ©rielle. Le dimercaprol est considĂ©rablement plus toxique que le DMSA[7].

Le curcuma est suggéré pour une utilisation combinée avec des chélateurs d'arsenic[8].

Dans la revue alimentation et toxicologie chimique, Keya Chaudhuri et ses collĂšgues de l'Institut indien de biologie chimique Ă  Kolkata, ont rapportĂ© une expĂ©rience consistant Ă  donner Ă  des rats des doses quotidiennes d'arsenic dans l'eau de boisson, Ă  des niveaux Ă©quivalents Ă  ceux retrouvĂ©s dans les eaux souterraines du Bangladesh et de l'ouest du Bengale. Une partie des rats absorbaient Ă©galement des extraits d'ail. Ces derniers avaient 40% d'arsenic en moins dans le sang et le foie, et Ă©liminaient 45% d'arsenic en plus dans les urines. Les auteurs ont conclu que l'ail contient des substances (composĂ©s soufrĂ©es) capables de capter l'arsenic Ă  partir des tissus et du sang. L’expĂ©rimentation concluait que les personnes habitant dans les zones Ă  risque de contamination par l'arsenic des eaux de consommation devraient manger trois gousses d'ail par jour Ă  titre prĂ©ventif[9] - [10].

Toxicité

La DL50 de l’élĂ©ment arsenic est de 763 mg/kg (par ingestion) et 13 mg/kg (par injection intrapĂ©ritonĂ©ale). Pour un homme de 70 kg, cela Ă©quivaut Ă  environ 53 grammes. Toutefois, certains composĂ©s contenant de l'arsenic peuvent ĂȘtre beaucoup plus toxiques[11].

Presque toutes les intoxications par l'arsenic qui ont Ă©tĂ© rapportĂ©es ne sont pas causĂ©es par l'arsenic lui-mĂȘme, mais par les composĂ©s oxygĂ©nĂ©s de l'arsenic, en particulier le trioxyde d'arsenic, qui est environ 500 fois plus toxique que l'Ă©lĂ©ment arsenic, et par le trihydrure d'arsenic.

Intoxication accidentelle

En plus de son utilisation comme poison, l'arsenic a Ă©tĂ© utilisĂ© comme mĂ©dicament pendant des siĂšcles et a Ă©tĂ© largement employĂ© pour traiter la syphilis avant l’introduction de la pĂ©nicilline. L'arsenic a Ă©tĂ© remplacĂ© comme substance thĂ©rapeutique par les sulfamides et ensuite par les antibiotiques. L'arsenic est aussi un ingrĂ©dient contenu dans de nombreux toniques (ou "spĂ©cialitĂ© mĂ©dicale"). En outre, pendant l’époque victorienne, certaines femmes utilisaient un mĂ©lange de vinaigre, de craie et d'arsenic en application topique pour blanchir la peau. L'emploi d'arsenic Ă©tait destinĂ© Ă  prĂ©venir le vieillissement et l’altĂ©ration de la peau, mais une partie de l'arsenic Ă©tait inĂ©vitablement absorbĂ©e dans le flux sanguin.

Certains pigments, notamment le trÚs populaire arsenite de cuivre (connu également sous plusieurs autres noms), étaient fabriqués à base de composés d'arsenic. Une exposition excessive à ces pigments est une cause fréquente d'empoisonnement accidentel pour les artistes et les artisans.

L'arséniate de plomb, un insecticide largement utilisé en agriculture à partir des années 1930, fut à l'origine d'empoisonnement tant d'utilisateurs que de consommateurs des produits traités. Il est en outre aujourd'hui classé cancérogÚne.

L'arséniate de cuivre chromaté (ACC), utilisé pour le traitement du bois, ayant causé diverses intoxications, est soumis à réglementation dans plusieurs pays.

ArsĂ©nicisme: intoxication chronique Ă  l’arsenic Ă  partir de l’eau de boisson

L'empoisonnement chronique par l'arsenic est la consĂ©quence de la consommation d'eau potable contenant des niveaux Ă©levĂ©s d’arsenic pendant une longue pĂ©riode de temps. Cela peut se produire Ă  la suite de la contamination des eaux souterraines par l'arsenic[12].

Les effets rencontrĂ©s comportent des changements de la couleur de peau, l’apparition de taches pigmentĂ©es sur la peau, le cancer de la peau, le cancer du poumon, le cancer du rein et de la vessie, et dans certains cas la gangrĂšne. L’Organisation mondiale de la santĂ© recommande une valeur limite de 0,01 mg / L (10ppb) d'arsenic dans l'eau potable. Cette recommandation a Ă©tĂ© Ă©tablie sur la base des limites de dĂ©tection du matĂ©riel de laboratoire disponible au moment de la publication du guide de l'OMS sur la qualitĂ© de l'eau. Des rĂ©sultats plus rĂ©cents montrent que la consommation d'eau Ă  un niveau situĂ© aux environs 0,000 17 mg / L seulement (0.17ppb) pendant une longue durĂ©e peut conduire Ă  un arsĂ©nicisme.

Les effets chroniques non-cancĂ©rogĂšnes comprennent les lĂ©sions du foie— la jaunisse et la cirrhose— ; les maladies vasculaires pĂ©riphĂ©riques entraĂźnant une cyanose des extrĂ©mitĂ©s ; le syndrome de Raynaud ; la nĂ©crose des pieds (un type de gangrĂšne) ; l'anĂ©mie, rĂ©sultant d’une altĂ©ration de la biosynthĂšse de l'hĂšme et une hyperkĂ©ratose de la peau.

Il existe également de multiples sources de données concernant les effets cancérogÚnes de l'arsenic.

L'arsenic a Ă©tĂ© Ă  l'origine de nombreux problĂšmes dans les pays du tiers monde oĂč les eaux souterraines ont Ă©tĂ© contaminĂ©es par l'arsenic provenant de dĂ©pĂŽts fluviaux, d’origine rĂ©cente Ă  l’échelle gĂ©ologique, et contenant des arsĂ©no-pyrites. Il s'agit d'un problĂšme particuliĂšrement au Bangladesh oĂč les puits creusĂ©s depuis les annĂ©es 1970 ont Ă©tĂ© contaminĂ©s par les eaux souterraines circulant dans les sĂ©diments fluviaux. Les concentrations atteintes dans ces puits peuvent dĂ©passer 1 pour mille alors que le niveau maximal selon l'OMS est de 10 parties par milliard.

Roger Smith[13] - [14], professeur Ă©mĂ©rite de pharmacologie et de toxicologie Ă  la Dartmouth Medical School, a confirmĂ© que la contamination naturelle de l’eau potable par l’arsenic Ă©tait Ă©galement un risque pour les puits du New Hampshire. L'empoisonnement chronique par de faibles niveaux d'arsenic, ou arsĂ©nicisme, comme on le voit au Bangladesh, peut potentiellement ĂȘtre responsable d’un cancer.

Empoisonnement délibéré

Au VIIIe siĂšcle de notre Ăšre, un alchimiste arabe du nom de Geber a Ă©tĂ© le premier Ă  prĂ©parer l’anhydride arsĂ©nieux, une poudre blanche, insipide, inodore. La prĂ©paration de Geber semblait ĂȘtre le poison idĂ©al, car il ne laissait pas (Ă  l'Ă©poque) de trace dans le corps.

L'arsenic est devenu l'arme favorite des meurtriers du Moyen Âge et de la Renaissance, en particulier parmi la classe dirigeante en Italie, notamment les Borgia. Parce que les symptĂŽmes sont semblables Ă  ceux du cholĂ©ra, qui Ă©tait une maladie rĂ©pandue Ă  l'Ă©poque, l'empoisonnement par l'arsenic passait souvent inaperçu. Au XVIIe siĂšcle, le produit avait acquis le surnom de "poudre de succession", peut-ĂȘtre parce qu’on soupçonnait les hĂ©ritiers impatients de l'utiliser pour accĂ©lĂ©rer ou assurer leur hĂ©ritage. Vera Renczi est Ă©galement soupçonnĂ©e d'avoir utilisĂ© l'arsenic pour empoisonner ses amoureux afin qu'ils ne puissent jamais la quitter, probablement en raison de l’affaire de son premier mari.

Dans l'antiquitĂ© en CorĂ©e, et en particulier pendant la pĂ©riode ChosƏn, on utilisait les composĂ©s soufrĂ©s de l'arsenic comme ingrĂ©dient principal du sayak (ì‚Źì•œ, è”èŻ), qui Ă©tait un cocktail mortel utilisĂ© pour l’exĂ©cution capitale des personnalitĂ©s politiques de haut rang et des membres de la famille royale[15]. En raison du rang social et de l'importance du condamnĂ©, un grand nombre de ces Ă©vĂ©nements sont bien documentĂ©s et figurent souvent dans les Annales de la dynastie Joseon ; ils ont parfois Ă©tĂ© dĂ©crits dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es historiques en raison de leur caractĂšre dramatique[16].

Pendant la PremiÚre Guerre mondiale et la guerre sino-japonaise (1937-1945) la lewisite, un dérivé de l'arsenic fut utilisée comme arme chimique.

Le , seize membres de l’Église luthĂ©rienne Gustaf Adolf de New Sweden, dans le Maine, sont tombĂ©s malades aprĂšs avoir pris le cafĂ© Ă  l'Ă©glise ; l’un d’eux est dĂ©cĂ©dĂ© peu de temps aprĂšs. L'enquĂȘte a rĂ©vĂ©lĂ© que le cafĂ© avait Ă©tĂ© fortement chargĂ© en arsenic. À la date de la publication du livre de Christine Ellen Young (en), A Bitter Brew, en 2005, personne n'avait Ă©tĂ© formellement accusĂ© du crime. Toutefois, la chaĂźne Discovery Health a indiquĂ© que Daniel Bondeson, qui a Ă©tĂ© retrouvĂ© dans une ferme griĂšvement blessĂ© par un tir d’arme Ă  feu, avait Ă©crit une lettre oĂč il s’accusait d’ĂȘtre responsable de l'empoisonnement. Il a succombĂ© Ă  ses blessures au cours de l’intervention chirurgicale.

En fiction

Les intrigues de romans et films policiers (cf. Arsenic et vieilles dentelles) racontent souvent des empoisonnements par l'arsenic, mais ils omettent fréquemment les symptÎmes les plus désagréables.

Dans son roman Madame Bovary, Gustave Flaubert fait une longue description des symptÎmes de l'intoxication à l'arsenic, dont périra son héroïne.

Dans Le Nom de la rose, roman d'Umberto Eco, un livre empoisonné à l'arsenic provoque la mort de ses lecteurs.

Dans le roman Nous avons toujours vécu au chùteau de Shirley Jackson, l'intrigue repose sur le mystÚre de la mort par empoisonnement à l'arsenic de la famille Blackwood.

Cas notables d'empoisonnement Ă  l'arsenic

L’empoisonnement par l’arsenic, accidentel ou intentionnel a provoquĂ© la maladie et la mort d’un grand nombre de personnages importants, au cours de l’histoire.

François Ier de Médicis, Grand Duc de Toscane

Des preuves mĂ©dico-lĂ©gales rĂ©centes dĂ©couvertes par des scientifiques italiens suggĂšrent que François Ier de MĂ©dicis, grand-duc de Toscane et son Ă©pouse ont peut-ĂȘtre Ă©tĂ© empoisonnĂ©s par le frĂšre et successeur du duc, Ferdinand Ier de MĂ©dicis[17].

George III de Grande-Bretagne

Le roi d’Angleterre George III (1738 - 1820) a eu des problĂšmes de santĂ© tout au long de son long rĂšgne. Il souffrait pĂ©riodiquement d’épisodes de maladie se manifestant par des manifestations physiques ou mentales dont cinq l’ont suffisamment incapacitĂ© pour le contraindre Ă  interrompre ses fonctions royales. En 1969, les chercheurs ont affirmĂ© que les Ă©pisodes de folie et les autres symptĂŽmes physiques Ă©taient consĂ©cutifs Ă  une maladie connue sous le nom de porphyrie, qui a Ă©tĂ© Ă©galement identifiĂ©e chez plusieurs membres de sa famille proche et Ă©loignĂ©e. En outre une Ă©tude rĂ©alisĂ©e en 2004 sur des Ă©chantillons de cheveux du roi[18] a rĂ©vĂ©lĂ© des niveaux extrĂȘmement Ă©levĂ©s d’arsenic qui pourraient expliquer le dĂ©clenchement des symptĂŽmes de la maladie. Un article de 2005 de la revue mĂ©dicale The Lancet[19] a suggĂ©rĂ© que la source d'arsenic pourrait ĂȘtre l’antimoine utilisĂ© dans le traitement mĂ©dical suivi par le roi. Les deux minĂ©raux sont souvent trouvĂ©s dans les mĂȘmes terrains, et les mĂ©thodes d'extraction miniĂšre de l'Ă©poque n'Ă©taient pas assez performantes pour purifier les composĂ©s d'antimoine de leurs impuretĂ©s d'arsenic.

Napoléon Bonaparte

Il existe une thĂ©orie selon laquelle NapolĂ©on (1769 - 1821) aurait Ă©tĂ© victime d’un empoisonnement par l'arsenic qui aurait causĂ© sa mort au cours de son emprisonnement sur l'Ăźle Sainte-HĂ©lĂšne. L’analyse d’échantillons de ses cheveux a montrĂ© qu’ils prĂ©sentaient un niveau Ă©levĂ© de l'Ă©lĂ©ment toxique, 13 fois la quantitĂ© normale. Toutefois, cela n’apporte pas la preuve d'un empoisonnement dĂ©libĂ©rĂ© par des ennemis de NapolĂ©on : l’arsenite de cuivre Ă©tait utilisĂ© comme pigment dans certains papiers peints et la libĂ©ration d'arsenic dans l'environnement immĂ©diat serait possible. L'affaire est Ă©quivoque, en l'absence d’échantillons de papier peint clairement authentifiĂ©s. Comme le corps de NapolĂ©on a reposĂ© prĂšs de 20 ans dans une tombe sur l'Ăźle, avant d'ĂȘtre transfĂ©rĂ© dans sa derniĂšre demeure Ă  Paris, l'Ă©chantillon pourrait Ă©galement avoir Ă©tĂ© contaminĂ© par l'arsenic du sol. MĂȘme en l’absence de pollution provenant du papier peint ou du sol, l'usage de l'arsenic Ă©tait tellement rĂ©pandu Ă  l'Ă©poque qu’il existait de nombreuses autres voies par lesquelles NapolĂ©on pourrait avoir absorbĂ© suffisamment d'arsenic pour laisser une trace dĂ©tectable par les examens de mĂ©decine lĂ©gale.

Charles Francis Hall

L’explorateur amĂ©ricain Charles Francis Hall (1821-1871) est dĂ©cĂ©dĂ© de façon inattendue au cours de sa troisiĂšme expĂ©dition dans l’ocĂ©an Arctique : l'expĂ©dition Polaris. AprĂšs son retour Ă  bord du navire aprĂšs une expĂ©dition en traĂźneau Hall avait bu une tasse de cafĂ© et Ă©tait tombĂ© violemment malade. Il s'est effondrĂ© et a prĂ©sentĂ© ce qui a Ă©tĂ© dĂ©crit comme une attaque. Il a souffert de vomissements et d’un dĂ©lire pendant la semaine qui a suivi, puis son Ă©tat a semblĂ© s'amĂ©liorer au bout de quelques jours. Il a accusĂ© plusieurs personnes de la compagnie maritime, y compris le mĂ©decin du navire, le Dr Emil Bessels avec lesquels il avait des diffĂ©rends de longue date, de l’avoir empoisonnĂ©. Peu de temps aprĂšs, il a recommencĂ© Ă  souffrir Ă  nouveau des mĂȘmes symptĂŽmes, est mort, et a Ă©tĂ© amenĂ© Ă  terre pour y ĂȘtre enterrĂ©. AprĂšs le retour de l'expĂ©dition, une enquĂȘte de la marine des États-Unis conclut que Hall Ă©tait mort d’apoplexie.

En 1968, toutefois, le biographe de Hall, Chauncey C. Loomis (en), professeur au Dartmouth College, se rendit au Groenland afin d'exhumer le corps de Hall. En raison du permafrost, le corps de Hall, enveloppĂ© dans un drapeau, ses vĂȘtements et son cercueil ont Ă©tĂ© remarquablement bien conservĂ©s. L’analyse des Ă©chantillons de tissus osseux, des ongles et des cheveux a montrĂ© que Hall Ă©tait mort d'une intoxication par de fortes doses d’arsenic absorbĂ©es au cours des deux derniĂšres semaines de sa vie, ce qui Ă©tait compatible avec une partie des symptĂŽmes signalĂ©s par les membres de l’expĂ©dition. Il est possible que Hall se soit empoisonnĂ© lui-mĂȘme avec les mĂ©dicaments d’un charlatan contenant le poison, mais il est plus probable qu'il a Ă©tĂ© assassinĂ© par le Dr Bessels ou l'un des autres membres de l'expĂ©dition.

Huo Yuanjia

Huo Yuanjia (1868 - 1910) fut un champion d’art martial chinois. Il circula une rumeur selon laquelle il aurait Ă©tĂ© empoisonnĂ© en 1910 au cours d’un combat avec les Japonais, qui accusaient la Chine et les Chinois d'ĂȘtre l’"homme malade de l'Asie". En 1989, des scientifiques-criminologistes chinois ont autopsiĂ© le corps et ont trouvĂ© dans ses os de l'arsenic, ce qui fait de lui une victime par empoisonnement Ă  l'arsenic.

Clare Boothe Luce

Un cas plus rĂ©cent d'empoisonnement par l'arsenic est celui de Clare Boothe Luce[20], (1903 - 1987) ambassadeur des États-Unis en Italie de 1953 Ă  1956. MĂȘme si elle n'est pas dĂ©cĂ©dĂ©e des suites de son intoxication, elle a souffert d'un nombre croissant de symptĂŽmes physiques et psychologiques jusqu'au diagnostic d’un empoisonnement par l'arsenic, dont la source s’est rĂ©vĂ©lĂ© ĂȘtre la vieille peinture Ă©caillĂ©e, chargĂ©e d’arsenic recouvrant le plafond de sa chambre Ă  coucher. Une autre source explique son intoxication comme rĂ©sultant d’une consommation d’aliments contaminĂ©s par des Ă©cailles de peinture provenant du plafond de la salle Ă  manger de l’ambassade.

Peintres impressionnistes

L’arsenite de cuivre (vert Ă©meraude), un pigment frĂ©quemment utilisĂ© par les peintres impressionnistes, est fabriquĂ© Ă  base d'arsenic. Paul CĂ©zanne a dĂ©veloppĂ© un diabĂšte sĂ©vĂšre, qui est l’un des symptĂŽmes de l'empoisonnement chronique par l'arsenic. La cĂ©citĂ© de Claude Monet et les troubles neurologiques de Vincent van Gogh pourraient avoir Ă©tĂ© dus, en partie, Ă  l’utilisation du vert Ă©meraude. L’intoxication par d'autres substances couramment utilisĂ©es, y compris l'alcool et l’absinthe, les pigments Ă  base de plomb ou de mercure comme le vermillon et des solvants comme l’essence de tĂ©rĂ©benthine, pourrait aussi ĂȘtre un facteur associĂ© dans tous ces cas.

Phar Lap

75 ans aprĂšs sa mort, en 1932, les experts mĂ©dico-lĂ©gaux ont dĂ©terminĂ© qu’un cĂ©lĂšbre cheval australien, Phar Lap est mort aprĂšs l'ingestion d'une forte dose d'arsenic[21].

Affaire Marie Besnard

Marie Besnard (-), surnommĂ©e la « Bonne Dame de Loudun », soupçonnĂ©e d'ĂȘtre une tueuse en sĂ©rie reste au centre d'une des Ă©nigmes judiciaires françaises du XXe siĂšcle.

L'affaire Besnard débute à la mort de son époux Léon Besnard, le à Loudun ; son décÚs est attribué à une crise d'urémie.

Quelques jours aprĂšs l'enterrement, Mme Pintou, amie et locataire des Ă©poux Besnard, raconte Ă  un proche que LĂ©on Besnard, avant de mourir, lui avait confiĂ© : « que sa femme lui avait servi de la soupe dans une assiette oĂč se trouvait dĂ©jĂ  un liquide ». Les dĂ©tails de ce tĂ©moignage sont portĂ©s Ă  la connaissance de la gendarmerie puis Ă  un juge d'instruction qui diligente l'exhumation du corps de LĂ©on Besnard, le .

Les prĂ©lĂšvements sont expĂ©diĂ©s Ă  un mĂ©decin lĂ©giste marseillais, le docteur BĂ©roud, qui dĂ©couvre dans les viscĂšres de LĂ©on Besnard 19,45 mg d'arsenic pur.

La dĂ©fense fait valoir que des erreurs d'Ă©tiquetage dans les bocaux contenant les prĂ©lĂšvements ont Ă©tĂ© commises, certains bocaux pouvant avoir Ă©tĂ© perdus ou remplacĂ©s et une enquĂȘte au cimetiĂšre de Loudun permet de dĂ©montrer que le sulfatage des fleurs, le zinc des ornements funĂ©raires pouvaient avoir saturĂ© d'arsenic la terre du cimetiĂšre. Il s’ensuit une longue bataille d’experts se contredisant mutuellement et, aprĂšs des dĂ©bats interminables qui passionnent la France entiĂšre, Marie Besnard est acquittĂ©e au bĂ©nĂ©fice du doute.

L’histoire de Marie Besnard a fait l’objet de deux tĂ©lĂ©films : L'Affaire Marie Besnard, rĂ©alisĂ© en 1986 par Yves-AndrĂ© Hubert, et Marie Besnard, l'empoisonneuse, rĂ©alisĂ© par Christian Faure en 2006. Alice Sapritch et Muriel Robin, respectivement, y ont interprĂ©tĂ© le rĂŽle de Marie Besnard.

Références

  1. Arsenic in drinking water seen as threat USAToday.com, 2007-08-30. See page 6 of : Peter Ravenscroft, "Predicting the global distribution of arsenic pollution in groundwater." Paper presented at: "Arsenic -- The Geography of a Global Problem, "Royal Geographic Society Arsenic Conference held at: Royal Geographic Society, London, England, 2007-08-29. dans le cadre du [Cambridge Arsenic Project].
  2. Hsueh YM, Wu WL, Huang YL, Chiou HY, Tseng CH, Chen CJ, « Low serum carotene level and increased risk of ischemic heart disease related to long-term arsenic exposure », Atherosclerosis, vol. 141, no 2,‎ , p. 249–57 (PMID 9862173, DOI 10.1016/S0021-9150(98)00178-6)
  3. Kingston RL, Hall S, Sioris L, « Clinical observations and medical outcome in 149 cases of arsenate ant killer ingestion », J. Toxicol. Clin. Toxicol., vol. 31, no 4,‎ , p. 581–91 (PMID 8254700, DOI 10.3109/15563659309025763)
  4. (en) RC Dart, Medical toxicology, Philadelphie, Williams & Wilkins, , 1393–1401 p. (ISBN 0-7817-2845-2)
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Voir aussi

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