Accueil🇫🇷Chercher

Ferme de la Briche

La ferme de la Briche est une ancienne exploitation agricole implantée sur le territoire de Rillé et des communes avoisinantes, dans le Nord-Ouest du département d'Indre-et-Loire en région Centre-Val de Loire en France.

Ferme de la Briche
Vue d'artiste d'une partie du domaine vers le nord (1867).
Présentation
Destination initiale
Style
bâtiments agricoles et industriels
Architecte
Ingénieur
Jean-François Cail
Construction
Localisation
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Coordonnées
47° 25′ 37″ N, 0° 14′ 54″ E
Localisation sur la carte de l’Indre-et-Loire
voir sur la carte de l’Indre-et-Loire
Localisation sur la carte de France
voir sur la carte de France

Elle est crĂ©Ă©e en 1857 par Jean-François Cail, industriel des Ă©quipements de sucreries et de la construction de locomotives, qui souhaite appliquer Ă  l'agriculture le principe de l'intĂ©gration verticale. L'exploitation du domaine, qui compte plus de 1 600 ha d'un seul tenant Ă  son apogĂ©e, est basĂ©e sur l'Ă©levage bovin et la culture de la betterave sucrière. D'importants efforts sont consentis dans les amĂ©liorations foncières : dĂ©frichement des landes, drainage pour assainir des terres humides — le lit d'anciens Ă©tangs mal assĂ©chĂ©s —, remembrement, crĂ©ation ou redressement de routes et de chemins. Des bâtiments imposants composent sur quatre hectares une ferme centrale contrĂ´lant sept fermes satellites. Les principales productions du domaine sont le sucre extrait des betteraves et l'alcool issu de la distillation des betteraves et des grains, ainsi que les animaux de boucherie, bovins et ovins. Trois cent cinquante Ă  quatre cents personnes y sont alors employĂ©es toute l'annĂ©e, auxquelles s’ajoutent les saisonniers.

La rentabilité de l'exploitation, quoique fragile, semble établie du milieu des années 1860 à la fin du XIXe siècle et la réussite technique, sanctionnée par des récompenses (concours départemental agricole de 1864, exposition universelle de 1878), est indéniable à cette époque (sols durablement remis en culture, hausse des rendements). Pourtant, la concurrence des betteraves sucrières du Nord de la France et le renchérissement de la main d'œuvre mettent en difficulté le domaine qui est progressivement morcelé et dont la famille de son fondateur se sépare définitivement en 1981. Ne subsistent plus de la ferme centrale qu'une partie des magasins à grain et de la distillerie ainsi que quelques murs ruinés de la grange. Les fermes satellites, elles, ont mieux résisté et le réseau de drains et de fossés est toujours en place au XXIe siècle.

Jean-François Cail et l'agriculture industrielle

Photographie en noir et blanc d'un homme, de trois-quarts.
Jean-François Cail.

NĂ© en 1804 Ă  Chef-Boutonne dans les Deux-Sèvres d'un père charron, Jean-François Cail entame Ă  quinze ans son tour de France comme ouvrier chaudronnier[Th 1]. En 1836, il s'associe avec son patron Charles Derosne dans l'entreprise de mĂ©tallurgie de Chaillot qui ouvre alors plusieurs succursales dans le Nord de la France et en Belgique. Cail reprend l'affaire Ă  son compte en 1846 après le dĂ©cès de son associĂ©[Th 2]. Ă€ son apogĂ©e, l'entreprise de cet autodidacte issu d'un milieu modeste[Tb 1] emploie 5 000 ouvriers et construit des ouvrages d'art (pont d'Arcole Ă  Paris en 1854[Th 3]), locomotives (deuxième constructeur français avec 2 360 unitĂ©s produites entre 1845 et 1889) et installations de sucreries en Europe de l'Ouest, mais aussi en Russie, aux Antilles et dans l'ocĂ©an Indien (premier fabricant mondial, il a Ă©quipĂ© 200 sucreries) ; en 1870, Jean-François Cail produit Ă©galement des armes en France[Fen 1]. Ă€ sa mort, un an plus tard, sa fortune est estimĂ©e Ă  28 millions de francs-or[Tb 1].

Cail cherche à concilier son origine rurale et ses succès dans le domaine industriel ; il veut aussi profiter des facilités financières accordées par Napoléon III à ceux qui investissent dans l'agriculture ; il compte également réaliser un intéressant placement dans ce secteur d'activité qu'il veut être une vitrine pour des produits industriels[Th 4] - [Note 1] qu'il transpose, tels quels ou adaptés, à la Briche[Tb 2].

Il dĂ©cide donc d'appliquer Ă  l'agriculture les mĂ©thodes de « concentration verticale d'une filière » en expĂ©rimentant un système de production basĂ© sur la culture de betterave et la production de sucre, d'alcool et de viande bovine et en rationalisant l'organisation des tâches, intĂ©grant les nouvelles technologies, vapeur pour mĂ©caniser le travail, rail pour faciliter les transports[Fen 1]. En 1853, il tente une première expĂ©rience concluante sur la ferme des Plants, 158 ha qu'il amène Ă  308 ha en 1871, Ă  La Faye près de Ruffec en Charente[Th 5], mais il veut voir plus grand. Il trouve un site semblant lui convenir dans la rĂ©gion de RillĂ©, en Indre-et-Loire[Note 2]. L'important rĂ©seau de relations qu'il a constituĂ© (monde de l'industrie, de la finance, de l'action sociale, y compris en Touraine) lui a peut-ĂŞtre servi Ă  avoir connaissance de l'opportunitĂ© d'achat de cette propriĂ©tĂ©[Tb 3], alors qu'il cherche depuis un an Ă  acquĂ©rir un domaine de 1 000 ha sur un plateau, sans prĂ©fĂ©rence marquĂ©e, semble-t-il, pour sa localisation gĂ©ographique[B 1].

Contexte géographique et historique

Vers 1455, RillĂ© est une ville fortifiĂ©e, Ă  la limite nord-est du comtĂ© d'Anjou ; pour accroĂ®tre la sĂ©curitĂ© de ce vaste territoire, Hardouin IX de MaillĂ©, le seigneur du lieu, dĂ©cide de creuser des fossĂ©s alimentĂ©s par le Lathan et de rehausser les chaussĂ©es qui bordent un Ă©tang dont l'existence remonte au moins au XIe siècle[2]. Trois Ă©tangs d'une superficie totale variant entre 1 000 et 1 600 ha selon la saison voient le jour sur les communes d'Hommes, RillĂ©, Channay-sur-Lathan et SavignĂ©-sur-Lathan. Ces grands Ă©tangs jouent effectivement leur rĂ´le dĂ©fensif, mais ils isolent RillĂ©, noient de très grandes surfaces de terres agricoles et maintiennent l'insalubritĂ© de la contrĂ©e, confrontĂ©e Ă  un paludisme endĂ©mique[Fen 2] ; leur crĂ©ation provoque par ailleurs la submersion de l'Ă©glise paroissiale et du presbytère de RillĂ©[3]. En 1825, le fermier qui exploite les terres d'Hommes fait construire sur les bords de l'Ă©tang quelques bâtiments qu'il appelle « la Briche »[H 1]. En 2000, Vincent Brault-Jamin reprend Ă  son compte une hypothèse qui fait dĂ©river ce toponyme du nom commun « brèche », les anciens Ă©tangs communiquant entre eux sensiblement Ă  l'emplacement de la ferme oĂą se trouvait la bonde de l'Ă©tang d'Hommes[B 2].

Extrait en couleurs d'une carte ancienne.
Les étangs de Rillé sur la carte de Cassini (1760-1764).

Malgré les demandes répétées des habitants, il faut attendre 1836 pour voir les anciens étangs définitivement asséchés[4] : d'âpres luttes d'influence entre nobles et clergé retardent longtemps la mise en œuvre de cette mesure[Note 3]. Le lit de ces anciens étangs reste cependant très humide, planté de peupliers et envahi par les joncs et les bruyères. Des fossés de drainage sont mis en place, mais leur profondeur étant insuffisante, ils sont inefficaces, ils morcellent 600 ha de terre dont ils empêchent l'exploitation rationnelle[Fen 3]. Le lac de Rillé tel qu'il se présente au XXIe siècle, au nord-ouest du bourg, n'est pas un vestige de ces anciens étangs qui se situaient, eux, au sud-est ; il s'agit d'une création récente (1977)[5].

Les sols des plateaux de cette partie de la Touraine sont constitués de formations marneuses éocènes déposées au Ludien[6], il y a 34 à 37 millions d'années, sur une épaisse strate de sables glauconieux peu perméables[7]. Ils sont potentiellement assez riches, mais vite desséchés en été et fortement marqués par l'hydromorphie hivernale[8]. Dans le lit des anciens étangs, ils sont recouverts d'une couche de limons à la granulométrie très fine qui en accroît encore la battance[9]. De plus, une nappe phréatique affleure presque dans le secteur de la Briche[7].

Évoquant la nature ingrate des sols, une habitante du pays s'adresse ainsi à Jean-François Cail lors d'une de ses premières visites : « Ah ! Monsieur, la Briche ! triste pays, les cailles y meurent de faim ! » ; rien ne permet d'affirmer que ce calembour soit volontaire mais le nouveau propriétaire se plaît à le raconter[Th 6]. Soixante-huit ans plus tôt, les habitants de Savigné-près-Rillé — le nom de Savigné-sur-Lathan jusqu'en 1891[10] — se plaignaient de la pauvreté des sols et de leurs maigres récoltes dans leurs cahiers de doléances rédigés à l'occasion des États généraux de 1789[Th 7]. Antoine Pierre Hély d'Oissel, dernier propriétaire d'une partie de la Briche avant Cail, ne fait même pas exploiter ces terres qui, en friche, constituent pour lui une réserve de chasse[Tb 4]. Quant à Jean-Marie-Luminais, qui possédait l'étang de Rillé, il l'assèche mais se ruine dans cette opération[Th 8].

Historique de la Briche

Essor et réussite

La constitution d'un vaste domaine et la mise en œuvre de techniques agricoles innovantes à la Briche ne sont pas une première. En Angleterre, le principe des enclosures ouvre la voie aux remembrements qui se multiplient à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle ; l'agriculture vivrière évolue peu à peu vers une véritable économie agricole associant sur une même exploitation agriculture et élevage[11] ; la mécanisation du travail se développe dès le début du XIXe siècle[12]. En Indre-et-Loire, Cail n'est pas non plus le premier à appliquer le modèle d'une « agriculture indusrielle » : dès 1849, Jacques-Philippe Dubreuil-Chambardel hérite du domaine de Marolles à Genillé ; ce sont quatre cents hectares (auxquels s'ajouteront mille autres jusqu'en 1873) qui sont mis en culture et exploités selon des méthodes quasi-industrielles[13]. Ce qui fait la singularité de le Briche, c'est l'ampleur des surfaces concernées, dès l'origine, par ce « laboratoire »[Tb 5].

Constitution de l'exploitation et aménagements fonciers

Dessin en couleurs des plans d'un ensemble de bâtiments.
Plan des bâtiments de la ferme de la Briche en 1867 (d'après un plan géométral réalisé pour l'exposition universelle de 1867[C 1]).
  • Ă©tables
  • bergerie
  • basse-cour
  • grange
  • distillerie et annexes
  • magasin gĂ©nĂ©ral et logement des cadres
  • pavillon de Jean-François Cail

En 1857, disposant d'importants capitaux gĂ©nĂ©rĂ©s par son entreprise de mĂ©tallurgie, Jean-François Cail acquiert le domaine de la Briche, qui a connu trois propriĂ©taires successifs en 50 ans et qui est constituĂ© de 650 ha d'un seul tenant dans le lit des anciens Ă©tangs[Note 4]. Le domaine s'Ă©tend peu Ă  peu jusqu'Ă  couvrir plus de 1 000 ha en 1863 et 1 675 ha en 1875[Fen 4]. Pour ce faire, Cail se livre Ă  plus d'une centaine d'achats et d'Ă©change de parcelles, les reventes Ă©tant exceptionnelles. Le coĂ»t de toutes ces acquisitions foncières, non compris l'investissement initial de 287 500 francs, se monte Ă  environ 1,3 million de francs[Th 10] (près de 1 200 000 â‚¬[Note 5]). Si les premiers achats ont pu se nĂ©gocier Ă  des prix modestes eu Ă©gard aux mauvaises qualitĂ©s agricoles des sols (425 F/ha), les derniers agrandissements n'ont pas bĂ©nĂ©ficiĂ© des mĂŞmes conditions (1 430 F/ha en 1870[Th 10]), les vendeurs potentiels revoyant Ă  la hausse leurs exigences financières face Ă  la volontĂ© de Cail d'Ă©tendre son domaine[15]. Les achats se poursuivent, Ă  un rythme moindre, après sa mort[Tb 6]. Les terres de la Briche se trouvent principalement sur les communes de RillĂ© et d'Hommes mais aussi, dans une moindre mesure et pour certaines acquisitions plus tardives, sur le territoire de Continvoir ou d'AvrillĂ©-les-Ponceaux pour des parcelles de bois[Fen 5].

Photographie en couleurs d'un fossé séparant deux champs cultivés.
Fossé de drainage à Hommes en 2017.

Le premier travail consiste Ă  assainir dĂ©finitivement les terres, grâce Ă  l'arrachage des landes de genĂŞts et de bruyères ainsi que des 25 000 peupliers âgĂ©s d'une trentaine d'annĂ©es[Note 6] ; ce travail de surface est complĂ©tĂ© par la pose d'environ 240 km de drains en poteries en un rĂ©seau de 10 km de fossĂ©s et de canaux larges de plus de 5 m qui aboutissent dans les affluents ou sous-affluents du Lathan[H 2]. Ces travaux de drainage, qui intĂ©ressent 332 ha, sont rĂ©alisĂ©s sous la direction du service des ponts et chaussĂ©es[17]. Le dĂ©fonçage des sols et les labours en planches amĂ©liorent la structure des terrains et accĂ©lèrent leur ressuyage. Les contours des parcelles sont rectifiĂ©s — Cail a achetĂ©, en mĂŞme temps que les terres agricoles, les chemins communaux qui les desservaient pour pouvoir rĂ©organiser totalement le parcellaire —, un rĂ©seau de routes empierrĂ©es et de chemins est construit[Th 11] - [Note 7]. Il s'agit lĂ  d'un remembrement qui prĂ©figure les grandes rĂ©alisations du XXe siècle[Tb 6].

Exploitation centrale et « fermes satellites »

Carte d'un domaine séparé en plusieurs unités de couleurs différentes.
Plan du domaine ; chaque aire de couleur correspond au territoire d'une ferme ; la ligne rouge pointillée matérialise le chemin de fer de service (d'après un plan géométral réalisé pour l'exposition universelle de 1867[C 1]).
Carte postale ancienne en noir et blanc représentant des personnages dans un bâtiment agricole.
Intérieur de la grange de la Briche en 1902.

Sur la rive droite du Changeon, Ă  l'emplacement des premiers bâtiments de 1825[H 3], une ferme centrale, la Briche, est construite sur près de 4 ha (280 Ă— 180 m dans ses plus grandes dimensions) avec Ă©tables et bergerie[Note 8] pouvant accueillir 25 chevaux, 600 bovins et 3 000 moutons, ainsi qu’une grange de 5 000 m2 Ă  trois nefs. Tous les bâtiments sont reliĂ©s, comme les ateliers d'une usine, par un chemin de fer sur lequel circulent des wagonnets adaptĂ©s Ă  chaque usage. Un système complexe d'arbres de transmissions et de courroies permet de mĂ©caniser tous les outils dans la grange, Ă  partir d'une machine Ă  vapeur fabriquĂ©e par l'entreprise Cail. C'est Ă©galement cette dernière qui a conçu les Ă©quipements de la distillerie et de la sucrerie. De vastes fosses permettent de conserver la pulpe des betteraves distillĂ©e avant qu'elle ne soit transformĂ©e en aliment pour le bĂ©tail, mĂ©langĂ©e Ă  de la paille hachĂ©e[Fen 6]. L'Ă©clairage de la ferme est assurĂ© grâce au mĂ©thane issu de la fermentation du mĂ©lange paille-pulpe de betterave servant d'aliment aux animaux[Fen 6] et stockĂ© dans un gazomètre. Jean-François Cail loge dans un pavillon bâti Ă  l'entrĂ©e sud de la cour, seul bâtiment de la ferme centrale dont il ne soit pas lui-mĂŞme l'architecte ; ce pavillon n’est plus habitĂ© après la construction du château de la Briche[Note 9] dont les plans initiaux sont dus Ă  l'architecte tourangeau Jean-Charles Jacquemin, architecte de la Ville de Tours[19] et Ă©galement concepteur de nombreux Ă©difices publics ou privĂ©s dans le Val-de-Loire[20].

Photographie en couleurs de deux bâtiments à angle droit limitant une cour plantée d'arbres.
Vue partielle de la ferme satellite de Bourg Neuf.

Sept fermes satellites sont également édifiées sur Rillé et Hommes, reliées à la Briche par 15 km de chemins de fer et plus de 40 km de routes et de chemins empierrés[C 2] ; ces fermes dédiées au logement du personnel et des animaux de trait ne détiennent aucun stock : tous les approvisionnements sont assurés depuis la Briche. Les fermes satellites sont toutes construites sur le même plan : corps de bâtiments en forme de U ouvert au sud, plus tard complété de ce côté par un hangar ; cette disposition rompt avec les longères qui constituent l'habitat plus traditionnel du secteur. Chaque ferme satellite exploite entre 175 et 185 ha de terres dont elle occupe le centre, la ferme principale exploitant pour sa part près de 190 ha. Plusieurs autres fermes, qui n'appartiennent pas à la famille Cail, sont également affermées en périphérie de la Briche[Th 14]. Un atelier équipé d'une forge permet d'effectuer sur place tous les travaux nécessaires à la construction et à l'entretien du matériel agricole et des bâtiments ; un maréchal-ferrant est chargé du ferrage des chevaux, mais aussi des bœufs de labour[DB 1].

Fonctionnement de l'exploitation

Diagramme en couleurs du schéma de fonctionnement d'une entreprise.
Diagramme du système d'exploitation de la ferme de la Briche.

L'infrastructure mise en place, Cail peut alors donner corps à son projet, réplique en plus grande dimension de ce qu'il a inauguré aux Plants : l'élevage de bovins à viande nourris d'herbe mais également de paille hachée mélangée aux sous-produits de la distillation des grains (drêche) ou des opérations de raffinage ou de distillation des betteraves (pulpe)[Note 10]. Ce principe de fonctionnement est ainsi décrit par Julien Turgan dans son ouvrage Les grandes usines de France :

« [Il consiste à] convertir en produits industriels, tels que l'alcool et le sucre, les 3 ou 4 % de carbure d'hydrogène contenus dans les matières végétales, betteraves ou céréales, convertir en viande la pulpe et la drêche, résidus de ces fabrications, et enfin rendre à la terre sous forme de fumier ou de purin tout ce qui n'a pas été transformé en viande[22]. »

Tout est fait pour que l'exploitation produise elle-même les matières premières qui sont nécessaires à son fonctionnement et que les intrants soient réduits au strict minimum. Les principaux achats annuels consistent en l'acquisition du cheptel destiné à l'engraissement et en l'achat des graines de betterave, qui ne sont pas produites sur place. Le gaz d'éclairage est produit à la Briche. Les appareils de la distillerie et les machines à vapeur fonctionnent au bois de sapin provenant en priorité des bois du domaine, bien qu'il faille ponctuellement recourir à des compléments de charbon provenant du bassin de Newcatsle en Angleterre[T17 1]. Bien que d'importants efforts aient été consentis en matière d'aménagements fonciers et de pratiques culturales, Cail considère que le système d'exploitation qu'il soutient, aux Plants comme à la Briche, relève plutôt de l'agriculture extensive[Th 15].

Bien que ne résidant pas sur place, Jean-François Cail s'intéresse de près aux plus petits détails du fonctionnement de son exploitation et ne manque de signaler à son régisseur les améliorations qu'il souhaite voir introduites, ces dernières s'inspirant parfois d'observations faites par lui sur d'autres fermes industrielles qu'il a visitées, comme celle que Jules-César Houel[Note 11] a implantée à Radon dans l'Orne[T17 2].

Cultures et cheptel

Diagramme en couleurs représentant la répartition par cultures des surfaces d'un exploitation agricole.
Assolement Ă  la Briche en 1867[Note 12].

En remplacement de l'assolement biennal (céréales et jachère) traditionnellement pratiqué dans la région, Cail instaure sur la Briche un assolement triennal sans jachère (betterave sucrière, céréale, plante fourragère). Cette innovation permet de bénéficier d'une production annuelle sur chaque parcelle ; la betterave, culture sarclée à quatre reprises à l'occasion de son éclaircissage et de son désherbage prend place en tête de rotation, après la prairie, culture salissante (n'étant pas sarclée, elle laisse au sol de nombreuses graines adventices qui lèvent l'année suivante[24]) qui termine le cycle précédent. Cette plante n'est pas inconnue en Indre-et-Loire où elle est présente, mais les surfaces cultivées sont réduites[Tb 4]. Les céréales produites sont le blé, l'orge et le seigle destinés en priorité à la distillation[Note 13] ainsi que l'avoine plutôt utilisée dans l'alimentation des chevaux[Th 17]. Les plantes fourragères sont des prairies en grande majorité artificielles, issues de semis de graminées (dactyle ou ray grass), mais surtout de légumineuses (sainfoin, trèfle et vesce). D'une manière générale, ces prairies ne sont pas des pâturages mais des terres dont le foin ou le fourrage sont récoltés. Il arrive toutefois, ponctuellement, que ces prairies restent en place deux années (première année en fenaison et seconde année en pâturage) ; dans ce cas, le cycle de culture, toujours sur trois ans, n'inclut pas de betterave[Th 18].

Photographie en noir et blanc d'une troupeau de vaches dans une grande cour de ferme.
Troupeau de vaches laitières vers 1900.

Le cheptel, hormis son importance, ne présente pas de réelle innovation en termes de races par rapport aux usages locaux. Il est composé en majorité de bovins de race salers qui ont supplanté sur l'exploitation comme dans l'ensemble de la région la race parthenaise, auxquels sont adjoints des charolais qui ne participent pas aux travaux sur l'exploitation ainsi que des shorthorn et plus tard des normandes (vaches laitières). Les moutons sont des croisements des races berrichonnes et des races charmoise ou southdown. Les chevaux de trait sont de race percheronne ou bretonne[Th 19]. Réservés aux convois sur les chemins, ils ne participent pas aux travaux des champs[Tb 7]. Le domaine possède également deux ou trois juments poulinières et quelques anglo-normands[18]. Les bœufs de labour, tous de race salers, sont logés à la Briche et dans trois des fermes satellites ; lorsqu'ils participent à l'automne à l'éprouvant charroi des lourds tombereaux de betteraves, ils sont ensuite ramenés à la ferme centrale, engraissés pendant l'hiver et vendus au printemps suivant comme bovins à viande[Th 20].

Évolution du cheptel à la Briche
entre 1859 et 1871[Th 12] - [25] - [C 4] - [18].
1859-1860 vers 1867 1871
BĹ“ufs de labour 94 200 Ă  225 250
Bovins Ă  viande 300 200 Ă  300 250
Vaches laitières 25 50 à 60 60 à 80
Moutons 0 2 000 Ă  3 000 plus de 3 000
Chevaux de trait 12 20 Ă  25 25

À ce cheptel tout ou partiellement destiné à la vente ou au travail sur le domaine, il convient de rajouter les animaux de basse-cour et les porcs réservés à l'autoconsommation[Th 12].

La paille produite sur l'exploitation est prĂ©fĂ©rentiellement utilisĂ©e pour l'alimentation animale. Afin de l'Ă©conomiser, elle est partiellement remplacĂ©e dans la litière destinĂ©e au cheptel par des rameaux de bruyères ou de genĂŞt[Th 20]. En retour, le fumier de l'Ă©levage participe Ă  la fertilisation des sols (près de 3 000 m2 de fumier sont produits chaque annĂ©e). La ferme produit Ă©galement son propre compost Ă  partir des dĂ©chets de la distillerie, du purin et des boues de la ferme additionnĂ©s de chaux, les achats extĂ©rieurs de fertilisants comme le guano ou les engrais minĂ©raux devant ĂŞtre exceptionnels[Th 18]. La vinasse, rĂ©sidu liquide de la distillation des betteraves, est emmagasinĂ©e dans un rĂ©servoir surĂ©levĂ© installĂ© quelques centaines de mètres au nord de la ferme principale, d'oĂą elle s'Ă©coule par gravitation pour fertiliser les champs environnants[C 5].

Matériel et personnel

Si les labours sont essentiellement réalisés avec des bœufs, la Briche a également recours à la mécanisation comme avec les charrues à vapeur Fowler[Note 14] utilisées dès 1868 et remplacées à la fin du XIXe siècle par des tracteurs équipés de chenilles ou de roues-cages[Note 15] adaptées aux terrains humides. Le battage des céréales s'effectue en hiver dans la grange de la Briche, au fur et à mesure des besoins, ce qui permet de maintenir l'emploi des ouvriers agricoles pendant toute la mauvaise saison[Fen 7].

Dessin en noir et blanc représentant une charrue au travail, halée par deux treuils à vapeur.
Labourage Ă  vapeur avec deux locomobiles Ă  treuil et une charrue-bascule.

La distillerie, sur le bon fonctionnement de laquelle repose la marche du domaine, fait l'objet de toutes les attentions. Sa reconstruction, après un incendie en 1863, est l'occasion de l'équiper avec un nouveau matériel plus performant, fabriqué bien entendu par les usines parisiennes de Cail[T17 3].

Une comptabilitĂ© en partie double dĂ©taillĂ©e, encore peu rĂ©pandue dans le secteur agricole, est mise en place[T17 4]. Jean-François Cail lui-mĂŞme, Joseph-AmĂ©dĂ©e Pinpin, cousin issu de germain de Cail et rĂ©gisseur[Note 16], un chef de culture, un agent comptable (ancien employĂ© des usines parisiennes de Cail[B 3]) et un distillateur forment l'Ă©quipe d'encadrement, Ă©paulĂ©s par quatre chefs de bouverie — un par ferme possĂ©dant des animaux de trait. Joseph-AmĂ©dĂ©e Pinpin est en relation Ă©pistolaire très rĂ©gulière avec Cail, qui n'est pas toujours sur place[T17 5]. L'organisation du personnel, très pyramidale, fait appel Ă  de nombreux tâcherons locaux, mais ils ont du mal Ă  s'intĂ©grer dans la structure quasi-industrielle de la Briche. Cail dĂ©cide alors de complĂ©ter son personnel en recourant, de 1859 Ă  1880[H 4], Ă  des membres de la colonie pĂ©nitentiaire de Mettray[Note 17], plus d'une centaine de jeunes âgĂ©s de 12 Ă  18 ans[Fen 7], pour lesquels un petit hameau, la Cantine, ensuite remplacĂ© par la Colonie, avec logements, chapelle et Ă©cole est bâti Ă  proximitĂ© de la Briche[Note 18]. Les colons de Mettray qui travaillant Ă  la Briche (33 000 Â« journĂ©es » de colons en 1868[Tb 9]) sont soumis aux mĂŞmes conditions de discipline qu'Ă  Mettray et leur salaire, Ă©quivalent Ă  travail Ă©gal Ă  celui des autres ouvriers de la Briche, est directement versĂ© Ă  la colonie[Th 22]. Les colons participent Ă  l'ensemble des tâches agricoles manuelles dans les champs comme dans les fermes, Ă  l'entretien du rĂ©seau de chemin et, plus tard, Ă  celui du château et de son parc[T17 6]. Si les conditions de vie des colons ne sont pas plus difficiles Ă  la Briche qu'au siège de leur colonie, des critiques voilĂ©es incitent J.-F. Cail Ă  trouver une autre source de main d'Ĺ“uvre que ces employĂ©s « dociles », au nom de l'Ă©thique. Julien Turgan suggère ainsi Ă  Cail de faire appel aux ouvriers de ses usines dont la santĂ© nĂ©cessiterait un sĂ©jour Ă  la campagne[Th 23]. Ces raisons, des dissensions entre le personnel d'encadrement des colons et le rĂ©gisseur de la Briche[T17 7] ainsi que la volontĂ© de Mme Cail de transformer cette colonie (qui est une charge financière pour Mettray car elle fonctionne Ă  perte) en Ă©cole après la mort de son mari sont probablement Ă  l'origine de la fin de la collaboration entre la Briche et Mettray[Tb 9].

Entre 350 et 400 personnes sont employées à l'année, davantage encore lorsque la distillerie fonctionne[Th 17]. Il est difficile d'établir une comparaison entre les salaires versés par Jean François Cail à son personnel et ceux pratiqués dans la région, d'autres facteurs (logement, nourriture, autres avantages en nature) devant entrer en ligne de compte ; pour autant, les revenus d'un tâcheron de la Briche semblent sensiblement supérieurs à la moyenne[Note 19]. Le personnel d'encadrement, outre son salaire fixe, reçoit une prime d'intéressement ainsi que divers avantages en nature[Th 24].

Débouchés commerciaux

Points de vente de l'alcool de la Briche en 1865.
Localisation sur la carte de France.
Mayenne
Le Lude
Angers
Château-la-Vallière
Tours
Bourgueil
Loudun
Poitiers
AngoulĂŞme
Cognac
Saint-Jean-d'Angély
Mayenne
Rochefort
Bordeaux
Pau
Bayonne
Montauban
Toulouse

Après l'ouverture de la ligne de chemin de fer de Port-Boulet (en bordure de Loire, gare de transit embranchée sur la ligne Tours-Angers) à Château-la-Vallière en 1885, une locomobile automotrice tractant des chariots apporte jusqu'à la gare d'Hommes les produits de la Briche qui représentent la part la plus importante du trafic sur cette ligne[30].Celle-ci constitue l'un des tronçons du réseau du nord de l'Indre et Loire affermé par la compagnie de chemins de fer départementaux (CFD)[31].

Les produits de l'exploitation (animaux de boucherie, grains, alcool et sucre et, dans une moindre mesure, surplus de lait et de beurre) sont écoulés sur le marché local de Château-la-Vallière ou commercialisés sur Angers, Bordeaux, Nantes, Paris, Saumur ou Tours. Une carte des points de vente d'alcool montre une large distribution dans le centre-ouest et le sud-ouest de la France, grâce notamment aux grandes lignes de chemin de fer nouvellement ouvertes[32]. Des transactions (achat ou vente de bétail) ont également lieu avec d'autres grandes exploitations agricoles, l'autre ferme de J.-F. Cail aux Plants ou la ferme des Corbins à Montévrain en Seine-et-Marne[T17 2].

Une petite partie des productions (viande, produits laitiers) est destinée à l'autoconsommation du personnel travaillant sur le domaine[Th 17].

Résultats et récompenses

Grâce Ă  la mise en Ĺ“uvre de ces techniques et de cette organisation particulière, le rendement en betterave sucrière, culture alors presque inconnue dans la rĂ©gion, atteint 29 t/ha en 1863, première annĂ©e oĂą l'exploitation dĂ©gage des bĂ©nĂ©fices[Note 20] et, au milieu des annĂ©es 1860, les Ă©quipements de la distillerie/raffinerie permettent de produire jusqu'Ă  100 t de sucre par jour[B 4]. Les cĂ©rĂ©ales qui ne produisent, Ă  la fin des annĂ©es 1850, que 10 Ă  12 hâ„“/ha dans la rĂ©gion, atteignent Ă  la Briche des rendements de 25 hâ„“/ha quinze ans plus tard[Th 25]. Dès 1864, le premier prix du concours dĂ©partemental agricole est attribuĂ© Ă  la Briche pour le caractère novateur de ses amĂ©nagements et de son système d'exploitation[25]. Un ouvrier de la Briche, Ă©voquant la culture de la betterave sur l'exploitation, rĂ©sume avec fiertĂ© la marche de la ferme :

« Ici, la betterave pousse le matin, à midi on la travaille, et le soir on boit la goutte[Th 26]. »

Photographie en couleurs de la façade d'un château en briques et pierres de taille.
Château de la Briche.

Le , le prince Napoléon-Jérôme Bonaparte vient passer la journée à la Briche[Th 27]. Les plans de l'exploitation sont présentés à l'empereur Napoléon III lors de l'exposition universelle de 1867 tenue à Paris[34] et, même si l'exploitation n'y est pas primée, cet épisode renforce la notoriété de l'exploitation et du nom de son propriétaire puisque l'entreprise Cail est récompensée pour ses locomotives et ses équipements de sucrerie[Th 28]. Jean-François Cail meurt en , alors qu'il a entrepris la construction d'un château de maître de style Second Empire proche du corps de ferme, mais situé sur la commune d'Hommes, destiné à son logement mais aussi à l'accueil des nombreuses personnalités qui viennent visiter son exploitation[Th 29] - [35]. La Briche est alors au sommet de sa réussite et reçoit même, en , la visite des élèves de l'école nationale supérieure d'agronomie de Grignon[36] ; cette période faste dure un quart de siècle. L'exposition universelle de 1878 consacre la réussite de la Briche, en lui attribuant une médaille d'or dans la catégorie « Spécimens d'exploitations rurales et d'usines agricoles »[37]. La rentabilité de l'exploitation n'est cependant jamais très forte, tout au plus 1,5 % du chiffre d'affaires, compte tenu des investissements initiaux ; excédents et déficits se succèdent[Th 27]. Des doutes sont émis au sujet de la rentabilité réelle de l'entreprise sur le long terme et sur la possibilité de transposer ces techniques à des fermes de plus petite dimension dont les exploitants disposent d'un capital initial réduit[38].

Dessin en couleurs figurant la vue aérienne de vastes bâtiments agricoles entourant une cour de ferme.
Ferme de Platé (domaine de la Donnetterie).

D'autres créations de grandes exploitations agricoles, dans le département, sont probablement inspirées par l'exemple de la Briche, comme celle d'Alfred Goussard de Mayolle, qui fonde en 1865 une ferme expérimentale sur plus de 200 ha autour de son château du Haut-Brizay, à Brizay[Tb 10], ou celle d'Armand Moisant qui conçoit en 1878 le domaine de la Donnetterie à Neuillé-Pont-Pierre (615 ha à l'origine)[39] ou encore la ferme des Ricordières tout près de la Briche à Continvoir, dévolue à la culture de la vigne à l'initiative de Charles Hébert, frère du gendre de Jean-François Cail sur 460 ha[Th 30] - [Note 21] ; il en est certainement de même en Picardie ou en Normandie où Cail a vendu de nombreux équipements de sucrerie[Th 31].

Sans pour autant ĂŞtre reproduit Ă  l'identique, l'exemple de J.-F. Cail incite les agriculteurs locaux Ă  amĂ©nager leurs techniques de culture. Dans le 56e volume de son Voyage en France publiĂ© en 1910 et consacrĂ© Ă  la Touraine, Ă  l'Anjou et aux châteaux de la Loire, Victor-Eugène Ardouin-Dumazet note qu'un syndicat de 800 agriculteurs s'est crĂ©Ă© Ă  Hommes, achetant annuellement 2 500 t d'engrais et amendements[41]. Joseph-AmĂ©dĂ©e Pinpin, le rĂ©gisseur de la Briche, rĂ©alise lui-mĂŞme des expĂ©rimentations sur l'usage des engrais chimiques sur des parcelles nouvellement rattachĂ©es au domaine ; il en prĂ©sente les rĂ©sultats au public de sociĂ©tĂ©s savantes[42].

Premières difficultés

Plan représentant, par un jeu de couleurs, les ruines conservées des bâtiments d'une ferme.
Les bâtiments de la Briche en 2000.
En couleur, les structures conservées ; en grisé, les structures disparues[DB 2] (d'après un plan géométral réalisé pour l'exposition universelle de 1867[C 1]).

Dès la fin du XIXe siècle, la situation financière de l'exploitation tend à se détériorer dans un contexte économique difficile : les productions de la culture betteravière locale ne peuvent plus rivaliser avec celles des régions spécialisées du nord de la France[Note 22], les alcools de betterave et de grains ont de plus en plus de mal à trouver des débouchés[44] - [Note 23] — cette activité était celle qui, aux côtés de la vente des moutons, générait la part la plus importante et la plus régulière du revenu de l'exploitation[Tb 11] —, et la distillerie cesse son activité en 1905, alors que la famille de Jean-François Cail a cessé d'exploiter le domaine en son nom, que la Briche est dirigée par un fermier général depuis trois ans[B 5] sur un domaine dont la surface a déjà commencé à diminuer[Th 30] ; le matériel, démonté en 1937 et laissé sur place, n'est vendu qu'après la Seconde Guerre mondiale[46]. C'est tout le système d'exploitation de la Briche qui est remis en cause : il est difficile de trouver de nouvelles cultures à inclure dans l'assolement, une source de revenus remplaçant la vente des alcools et un aliment se substituant à la pulpe de betterave pour le bétail[Tb 11].

Morcellement et fin de l'activité

Photographie en couleurs d'un buste en métal sur un piédestal de pierre.
Buste de Jean-François Cail
(Chef-Boutonne).

En 1926, le bail du fermier est résilié sept ans avant son échéance, les deux parties ne trouvant plus d'intérêt à cet arrangement : Paul Hébert, alors propriétaire, y perd de l'argent alors que Moïse Morcher, le fermier, craint que la raréfaction de la main d'œuvre locale ne lui permette plus d'exploiter dans des conditions financières satisfaisantes[H 5]. La disparition de nombreux travailleurs pendant la Première Guerre mondiale est l'une des causes de cette raréfaction[Tb 12]. Les avancées sociales issues des accords Matignon de 1936 et l'exode rural contribuent à grever davantage les coûts d'exploitation, ce qui entraîne petit à petit la cession aux fermiers des baux d'exploitation des fermes satellites[Th 30]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la ferme satellite de La Guérinerie est réquisitionnée par l'armée allemande pour y loger des soldats, les officiers résidant au château de la Briche[B 6]. Les fermes deviennent définitivement indépendantes en 1947 après leur rachat par les fermiers qui les exploitent, grâce aux aides financières octroyées par le Crédit agricole.

Les 550 ha conservés en faire-valoir direct par le petit-fils de Jean-François Cail autour de la Briche sont définitivement dispersés en 1949 lors de partages familiaux [Th 32], seules restant dans le giron familial les 250 derniers hectares de "l'ancienne Briche", qui furent vendus en 1981 après la mort de François Hébert, arrière-arrière-petit-fils de Cail, qui représentait la cinquième et dernière génération d'une même famille ayant administré la Briche.

Les bâtiments sont abandonnés les uns après les autres et les magasins sont incendiés en 1970[Fen 8]. La grange et le château furent mis en vente en 1985. Si la demeure, victime d'un incendie partiel en 1989[47], est encore habitée et les terres exploitées en plusieurs lots distincts, les derniers bâtiments de la ferme tombent peu à peu en ruines; seule une petite partie des magasins est encore habitée[DB 3].

Ne subsistaient en 2017 que les pignons de la grange, une partie des magasins Ă  grains et des ateliers[Tb 13].

Un monument ceint d'une grille en fonte ouvragée ronde portant un buste de Cail, dressé vers 1875 dans la cour de la ferme (vue in situ reprod. supra et par Feneant, op.cit. p.23), fut déposé en 2003 et réinstallé sur un rond-point à Chef-Boutonne (79); chaque face de son haut piédestal carré est orné de quatre médaillons circulaires sculptés des allégories de l'Agriculture, du Commerce, de l'Industrie et des Sciences, domaines dans lesquels il a exercé son activité[Tb 14]. Les aménagements fonciers (fossés de drainage, chemins, grand parcellaire) sont par contre encore très visibles dans le paysage, ainsi que les bâtiments des fermes satellites, sauvés de la destruction par leur reprise après la Seconde Guerre mondiale[Tb 12].

Après une tentative inaboutie de cession des bâtiments au Conseil général à la fin des années 1990 afin d'y installer un écomusée[17] — un dossier d'études a été établi à cette occasion par le service du patrimoine culturel au Conseil général[Note 24] —, une association est créée à Rillé en 2012 avec pour objet la mise en valeur du site de la Briche[48].

Photographie en couleurs de bâtiments en ruine et envahis par la végétation
La ferme centrale en 2017.
À gauche, la forge et l'atelier ; à droite, les pignons ruinés de la grange.

Dates-clés de l'histoire de la ferme

Six propriétaires appartenant aux familles Cail et Hébert se sont succédé à la tête de l’exploitation depuis l'achat du domaine en 1857 jusqu’à la vente des dernières terres en 1981, compte non tenu d’une courte période d’indivision dans les années 1940.

Chronologie de la ferme de la Briche.


■ Propriétaires de la Briche - ■ Principaux évènements - ■ Principales récompenses

Pour approfondir

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Publications spécifiquement consacrées à la ferme de la Briche

  • Vincent Brault-Jamin, Histoire du domaine de la Briche (Indre-et-Loire) du Second Empire Ă  nos jours, l'auteur, , 117 p. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Jean-François Cail, MĂ©moire sur l'exploitation agricole de La Briche, pour concourir Ă  la prime d'honneur du dĂ©partement d'Indre-et-Loire en 1864, Paris, Imprimerie de Ch. Lahure, , 76 p.
  • Jean-François Cail, Terre de la Briche : propriĂ©tĂ© de M. J.-F. Cail, Paris, librairie agricole de la Maison rustique, , 33 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Anne Debal-Morche, La ferme de la Briche de RillĂ© : Indre-et-Loire : Dossier d'Ă©tudes Ă©tabli en juin 2000, Inventaire dĂ©partemental. Service du patrimoine culturel, Conseil gĂ©nĂ©ral d'Indre-et-Loire, , n. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Paul-Claude Dubost, « Excursion agricole des Ă©lèves de Grignon Ă  la Briche », Annales de la sociĂ©tĂ© d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres, t. LI,‎ , p. 25-30
  • Jacques FĂ©neant, « La ferme industrielle de La Briche », Le magazine de la Touraine, no 9,‎ , p. 15-23. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Paul HĂ©bert, La Briche et les Ricordières : Une Ĺ“uvre agricole et sociale de Jean-François Cail continuĂ©e par sa famille, , 105 p. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • JoĂ«l Thibault, « Le domaine de la Briche : la rĂ©volution industrielle dans le bassin de SavignĂ© », Bulletin de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique de Touraine, t. LXIII,‎ , p. 157-168. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Jean-Louis Thomas et al., La Briche en 1865 Ă  partir de la correspondance de l'intendant Joseph-AmĂ©dĂ©e Pinpin adressĂ©e Ă  Jean-François Cail et Ă  la Briche, de 1859 Ă  1880, exista une annexe de la colonie de Mettray, Chef-Boutonne, Association CAIL, , 46 p. (ISBN 978-2-9522070-2-7).

Publications consacrées à l'histoire, la géographie ou l'économie départementale ou nationale

  • Victor-Eugène Ardouin-Dumazet, Voyage en France, t. 56, Paris-Nancy, Berger-Levrault, , 543 p.
  • Jean-Mary Couderc (dir.), Dictionnaire des communes de Touraine, Chambray-lès-Tours, CLD, , 967 p. (ISBN 2-85443-136-7).
  • Jean-Mary Couderc, La Touraine insolite : sĂ©rie 2, Chambray-lès-Tours, CLD, , 217 p. (ISBN 2-85443-178-2).
  • Claude Croubois (dir.), L'Indre-et-Loire – La Touraine, des origines Ă  nos jours, Saint-Jean-d'Angely, Bordessoules, coll. « L'histoire par les documents », , 470 p. (ISBN 2-903504-09-1).
  • Pierre Leveel, La Touraine disparue et ses abords immĂ©diats, Chambray-lès-Tours, CLD, , 319 p. (ISBN 2-85443-253-3).
  • Jean-Louis Thomas, Jean-François Cail : un acteur majeur de la première RĂ©volution industrielle, Saint-Martin-lès-Melle, Association CAIL, , 335 p. (ISBN 978-2-9522070-0-3). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Le milieu du XIXe siècle est également une période charnière pour la spéculation : les plus fortunés, devant parfois leur réussite au développement de l'industrie, abandonnent les placements sûrs mais à revenus modeste pour des revenus plus spéculatifs, notamment dans le domaine de l'agriculture[1].
  2. Aussi bien aux Plants qu'à la Briche, Jean-François Cail semble avoir délibérément choisi des conditions agronomiques initiales difficiles, comme pour rendre plus démonstratifs les succès qu'il escompte[Th 4].
  3. À la fin des années 1620, Antoine Coëffier de Ruzé d'Effiat, propriétaire de Rillé, assèche le plus septentrional de ces étangs pour en cultiver le lit. Toutefois, très rapidement, et pour ne pas devoir payer au curé de Rillé une dîme sur les récoltes de cérérales que celui-ci réclame, il remet l'étang en eau[Fen 3].
  4. En 1857, Cail investit Ă©galement dans la constitution d'un domaine de 18 000 ha et la construction d'une sucrerie en Ukraine ; sa famille en possède près de 50 % des parts jusqu'Ă  la rĂ©volution russe[Th 9].
  5. Cette valeur, purement indicative, est basĂ©e sur une proposition de la Banque de France de Lyon de conversion du franc-or de 1879 Ă  l'euro, avec pour base de calcul un cours de 31 000 euros pour le lingot d'or de 1 kg en 2014[14].
  6. Dès 1850, le précédent propriétaire de la Briche avait dû procéder à l'arrachage d'une partie des peupleraies, dont les arbres dépérissaient[16].
  7. Cette création systématique d'un paysage d'openfield est critiquée dès les années 1870 par des observateurs qui mettent en avant des expériences malheureuses en ce domaine en Angleterre et dénoncées par Arthur Young[18].
  8. Si les écuries pour les chevaux et les étables sont parmi les premiers bâtiments construits, la bergerie n'est achevée qu'en 1863[Th 12].
  9. J.-F. Cail ne réside pas de manière permanente à Rillé, partagé entre la Briche, son domaine des Plants en Charente et son hôtel particulier dans le quartier de l'Europe, devenu ensuite la mairie du 8e arrondissement[Th 13].
  10. La culture de la betterave sucrière pour la distillation et la nourriture des animaux n'est pas alors inédite dans le département ; la ferme de la colonie pénitentiaire de Mettray, en 1856, en cultive 48,74 ha[21].
  11. Jues-César Houel a travaillé comme ingénieur dans l'entreprise de Derosne et Cail à Paris[23].
  12. Il faut ajouter à ces surfaces cultivées 12 ha de bâtiments (fermes centrale et satellites, hameau de la Colonie) et 32 ha de bois et de prairies non exploitées[C 3].
  13. Si les prix de vente du blé sont bons, de l'orge et du seigle sont achetés à l'extérieur à prix plus réduits, en complément de la production de la ferme, pour être distillés ; le blé n'est utilisé que si son prix de vente n'est pas concurrentiel[Th 16].
  14. J.-F. Cail, après avoir assisté à une démonstration de ce matériel à la Briche, décide d'en équiper la ferme et prend des dispositions pour en construire dans ses usines les machines à vapeur[26].
  15. La roue-cage, entièrement métallique, remplace la roue à pneumatique et permet d'augmenter la surface portante du véhicule dont elle est équipée.
  16. Joseph-Amédée Pinpin obtient en 1863 une procuration pour tous les achats, ventes et échanges de terrain[Th 21].
  17. Cette colonie, fondée en 1839, est administrée par une association dont Jean-François Cail fait partie dès sa fondation, donc bien avant son achat de la Briche[Tb 8].
  18. Ă€ partir de 1880, les enfants du personnel (plus de 2 700), frĂ©quentent l'Ă©cole et la Colonie sert de colonie de vacances en Ă©tĂ©. Des cours d'agriculture sont dispensĂ©s aux enfants[27].
  19. Un tâcheron de la Briche, ni logĂ© ni nourri, reçoit un salaire estimĂ© Ă  2,25 F/jour Ă  la fin des annĂ©es 1850[B 3] alors que la moyenne nationale s'Ă©tablit autour de 1,61 F/jour pour un ouvrier logĂ© et nourri[28]. Cail indique que, localement, un journalier reçoit un salaire d'environ 1,80 F/jour[29].
  20. Dans l'arrondissement de Valenciennes, secteur traditionnel pour cette production, le rendement des cultures de betteraves sucrières avait atteint 45 t/ha en 1861, mais seulement 31 t/ha deux ans plus tard[33].
  21. Si la ferme de Platé est toujours en activité au XXIe siècle[40], la ferme des Ricordières, prospère en 1920, a cessé de fonctionner avant la seconde Guerre mondiale[Fen 4].
  22. En 1891, si le rendement des betteraves cultivĂ©es en Indre-et-Loire (34 t/ha) soutient la comparaison avec celui obtenu dans le Nord (31,7 t/ha), les surfaces cultivĂ©es sont sans commune mesure avec 270 ha en Indre-et-Loire mais plus de 45 800 ha dans le Nord[43].
  23. Les alcools de grains et de betterave sont suspectés de renfermer des composants particulièrement nocifs pour la santé, et la production de sucre de betterave est en crise, rejetant une partie de la production betteravière vers la distillation, ce qui contribue à saturer le marché[45].
  24. Document cité dans la bibliographie de cet article.

Références

  • Vincent Brault-Jamin, Histoire du domaine de la Briche (Indre-et-Loire) du Second Empire Ă  nos jours, 2000 :
  • Jean-François Cail, Terre de la Briche : propriĂ©tĂ© de M. J.-F. Cail, 1867 :
  • Anne Debal-Morche, La ferme de la Briche de RillĂ© - Indre-et-Loire : Dossier d'Ă©tudes Ă©tabli en juin 2000, 2000 :
  • Jacques FĂ©neant, La ferme industrielle de la Briche, 1984 :
  • Paul HĂ©bert, La Briche et les Ricordières, 1934 :
  • JoĂ«l Thibault, Le domaine de la Briche : la rĂ©volution industrielle dans le bassin de SavignĂ©, 2017 :
  • Jean-Louis Thomas, Jean-François Cail : un acteur majeur de la première RĂ©volution industrielle, 2004 :
  1. Les origines chef-boutonnaises, p. 21-25.
  2. Décès de Derosne, Cail seul aux commandes :1846-1848, p. 25.
  3. Le Second Empire et le triomphe du chemin de fer, p. 232.
  4. Dans les années cinquante, J.-F. Cail devient agriculteur : raisons de cette activité nouvelle, p. 90.
  5. Le domaine des Plants (ou Plans), p. 259-273.
  6. Le domaine de la Briche : état de la propriété, p. 276.
  7. Le domaine de la Briche : La Briche avant l'arrivée de J.-F. Cail, p. 274.
  8. Le domaine de la Briche : La Briche avant l'arrivée de J.-F. Cail, p. 275.
  9. Dans les années cinquante, J.-F. Cail devient agriculteur : les achats de domaines, p. 92.
  10. Le domaine de la Briche : constitution du domaine depuis 1857, p. 277-278.
  11. Le domaine de la Briche : constitution du domaine depuis 1857, p. 281-282.
  12. Le domaine de la Briche : organisation au quotidien de l'exploitation, p. 298.
  13. La confirmation d'un homme important, p. 94.
  14. Le domaine de la Briche : organisation spatiale, p. 280.
  15. Le système d'exploitation, p. 255.
  16. Le domaine de la Briche : la distillation des grains, p. 296.
  17. Le domaine de la Briche : organisation au quotidien de l'exploitation, p. 300.
  18. Le domaine de la Briche : organisation au quotidien de l'exploitation, p. 283.
  19. Le domaine de la Briche : organisation au quotidien de l'exploitation, p. 297-298.
  20. Le domaine de la Briche : organisation au quotidien de l'exploitation, p. 299.
  21. Le domaine de la Briche : achats et extensions, p. 277.
  22. Le domaine de la Briche : quel personnel pour assurer le fonctionnement du domaine ?, p. 303.
  23. Le domaine de la Briche : les colons de Mettray à la Briche, une main d'œuvre complémentaire, p. 304.
  24. Le domaine de la Briche : quel personnel pour assurer le fonctionnement du domaine ?, p. 301-302.
  25. Le domaine de la Briche : organisation au quotidien de l'exploitation, p. 284.
  26. Le domaine de la Briche : bilan de l'expérience de J.-F. Cail à la Briche ou quels sont les apports d'un industriel pour l'agriculture ?, p. 310.
  27. Le domaine de la Briche : quels résultats ?, p. 308.
  28. La société Cail jusqu'à son apogée : l'exposition universelle de 1867, p. 82.
  29. La confirmation d'un homme important, p. 103.
  30. Le domaine de la Briche : la Briche après J.-F. Cail : déclin et démantèlement, p. 311.
  31. Le domaine de la Briche : bilan de l'expérience de J.-F. Cail à la Briche, p. 309.
  32. Le domaine de la Briche : la Briche après J.-F. Cail : déclin et démantèlement, p. 312.
  • Jean-Louis Thomas et al., La Briche en 1865 Ă  partir de la correspondance de l'intendant Joseph-AmĂ©dĂ©e Pinpin adressĂ©e Ă  Jean-François Cail et Ă  la Briche, de 1859 Ă  1880, exista une annexe de la colonie de Mettray, 2017 :
  • Autres rĂ©fĂ©rences :
  1. [Anonyme], « Études sur le morcellement du sol, la situation et l'avenir de la propriété territoriale en France », Annales de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres d'Indre-et-Loire,‎ , p. 45.
  2. Couderc 1987, p. 663.
  3. Jacques-Xavier Carré de Busserolle, Dictionnaire géographique, historique et biographique d'Indre-et-Loire et de l'ancienne province de Touraine, t. V, Société archéologique de Touraine, , 440 p. (lire en ligne), p. 329.
  4. Couderc 1987, p. 664.
  5. « Culture et patrimoine », sur le site de Parçay-les-Pins (consulté le ).
  6. « Carte géologique de le Briche et ses environs » sur Géoportail (consulté le 7 décembre 2015).
  7. « Carte gĂ©ologique de la France au 1/50 000 - Notice gĂ©ologique de Noyant (456) » [PDF], sur le site Ficheinfoterre du BRGM (consultĂ© le ).
  8. « Géologie et pédologie de l'Indre-et-Loire » [PDF], sur le site de la DREAL Centre-Val de Loire (consulté le ), p. 4.
  9. Couderc 1987, p. 660-661.
  10. Stéphane Gendron, L'origine des noms de l'Indre-et-Loire, Chemillé-sur-Indrois, Éditions Hugues de Chivré, , 303 p. (ISBN 978-2-916043-45-6), p. 226.
  11. Yves Carsalade, Les grandes étapes de l'histoire économique, Éditions de l'École polytechnique, , 390 p. (ISBN 978-2-7302-0837-6, lire en ligne), p. 28.
  12. Claude Auroi, La fin des outils : technologie et domination, Genève, Graduate Institute Publications, , 333 p. (ISBN 978-2-940549-95-5, lire en ligne), alinéa 5.
  13. Christophe Meunier, Genillé... au fil des temps, Chemillé-sur-Indrois, Éditions Hugues de Chivré, , 255 p. (ISBN 2-916043-10-1), p. 145-164.
  14. « Conversion des francs en euros », sur Le Guichet du Savoir (consulté le ).
  15. Dubost 1872, p. 26.
  16. Henri Bonnebault, « Excursion agronomique dans le département d'Indre-et-Loire », Annales de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres d'Indre-et-Loire,‎ , p. 159 (lire en ligne).
  17. Jean-Luc Flohic (dir.), Patrimoine des communes de France, t. 1, Paris, Flohic, , 704 p. (ISBN 2-84234-115-5), p. 357.
  18. Dubost 1872, p. 29.
  19. Ruth Fiori, « Jean-Charles Jacquemin-Belisle », sur un site du comité des travaux historiques et scientifiques, (consulté le ).
  20. Ludovic Vieira, « Une dynastie d'architectes tourangeaux : les Jacquemin (1720-1869) », bulletin de la Société archéologique de Touraine, t. XLV,‎ , p. 266, 271-273 (lire en ligne).
  21. François Minangouin, Agriculture de la colonie de Mettray : exercice 1856, Paris, librairie d'agriculture et d'horticulture, , 43 p., p. 16-17.
  22. Julien Turgan, Les grandes usines de France : Distillerie et sucrerie, exploitation agricole de la Briche (Indre-et-Loire), t. 7 (ISSN 1257-6999, BNF 32783768), p. 129 et suiv.
  23. Anne Callite, « Cail, constructeur de locomotives », Revue du Nord, no 300 « Histoire économique et sociale »,‎ , p. 344-346 (DOI 10.3406/rnord.1993.4824).
  24. « Salissant, -ante », sur le site du CNRTL (consulté le ).
  25. Édouard Lecouteux, « Extrait du rapport de la commission de la prime d'honneur du concours régional de Tours », Annales de la société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres,‎ , p. 76-82 (lire en ligne).
  26. « Le labourage à la vapeur dans le département d'Indre-et-Loire », Annales de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres d'Indre-et-Loire,‎ , p. 17-25 (lire en ligne).
  27. Casimir Chevalier, « Les populations agricoles de la Touraine », Annales de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres d'Indre-et-Loire,‎ , p. 174 (lire en ligne).
  28. « Prix et salaires en France à diverses époques », Journal de la statistique de Paris, t. V,‎ , p. 147 (lire en ligne [PDF]).
  29. Cail 1863, p. 7.
  30. Ardouin-Dumazet 1910, p. 271.
  31. Marcel Grégoire (dir.) et al., « Chemins de fer départementaux : Réseau Nord - Réseau Sud », dans Marcel Grégoire - Collectif - Conseil départemental d'Indre-et-Loire, Rapport et délibérations du Conseil Général d'Indre-et-Loire : première session ordinaire, vol. 3, Tours, Imprimerie Arrault, , 284 p. (lire en ligne), pages 45 à 65.
  32. Thomas 2017, p. 28-29.
  33. M. Dendeleux, « Chronique de la sucrerie indigène », Revue agricole, industrielle et littéraire du Nord, no 2,‎ , p. 66-67 (lire en ligne).
  34. Cail 1867 : publication citée en référence de cet article.
  35. Jacques-Marie Rougé, Vieilles demeures tourangelles, Tours, Gibert-Clarey, , 293 p., p. 51.
  36. Dubost 1872 : publication citée en référence de cet article.
  37. Catalogue officiel : liste des récompenses : Exposition universelle internationale de 1878, à Paris, Paris, Imprimerie nationale, , 561 p. (lire en ligne), p. 500.
  38. Dubost 1872, p. 30.
  39. « Armand Moisant, un industriel et une salle », La Nouvelle République du Centre-Ouest,‎ (lire en ligne).
  40. Madeleine Fargues, « Armand Moisant et la ferme de Platé », Le Magazine de la Touraine, no 71,‎ , p. 45-53.
  41. Ardouin-Dumazet 1910, p. 274.
  42. Amédée Pinpin, « Enquête sur les engrais chimiques », Annales de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres d'Indre-et-Loire,‎ , p. 128-130.
  43. « Cultures industrielles », Statistique agricole annuelle, ministère de l'Agriculture,‎ , p. 53-54 (lire en ligne).
  44. Gilles Postey-Vinay, La terre et l'argent : l'agriculture et le crédit en France du XVIIIe au début du XXe siècle, Paris, Albin Michel, , 462 p. (ISBN 2-226-09578-0, lire en ligne), p. 292-293.
  45. R. de Maillard, Le régime du contingentement des rhums coloniaux : thèse de doctorat, Faculté de droit de l'université de Bordeaux, , 394 p. (lire en ligne), p. 24-26.
  46. Couderc 1989, p. 159.
  47. Couderc 1989, p. 160.
  48. « Association brichoise », Journal officiel de la République française,‎ (lire en ligne).
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.